Honneurs familiaux : plein feu sur l’art héraldique des appartements du Président du Sénat
Les appartements du Président du Sénat sont un trésor de sculptures inspirées par l’art de la fin du Moyen-Âge et lient le Sénat à 800 ans de tradition parlementaire britannique.
Ces sculptures renforcent les liens de la Chambre haute avec le Royaume-Uni et le monarque. Un bon exemple est la corniche de plâtre qui illustre les armoiries des 12 premiers gouverneurs généraux du Canada. Cette corniche s’étend sur près de 40 mètres dans trois salles adjacentes. Vous vous demandez peut-être pourquoi tant de biens immobiliers sont consacrés aux titres du représentant du monarque au Canada.
Cela permet certainement de faire bonne impression sur les invités. Cette suite, qui compte une imposante salle à manger pouvant accueillir 24 personnes, a été construite dans les années 1920 à l’intention du Président du Sénat. Dans le cadre de son rôle de diplomate parlementaire, le président d’assemblée de la Chambre haute accueille fréquemment des dirigeants étrangers, des représentants du gouvernement et des Canadiens de partout au pays. Ces appartements sont également mis à la disposition du monarque ou du gouverneur général lorsque ceux-ci accueillent des invités sur la Colline.
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, le statut d’un diplomate se mesurait, en grande partie, par ses origines et ses ancêtres. Le gouverneur général était, sans exception, un aristocrate britannique nommé par le monarque sur la recommandation du premier ministre britannique. Les visiteurs étrangers, qui admiraient les décorations qui les entourait, ne pouvaient qu’être impressionnés par un tel étalage de prestige aristocratique.
Le premier gouverneur général du Canada, par exemple, avait des qualifications impeccables. En effet, sir Charles Stanley, quatrième vicomte Monck, appartenait à une famille vénérable descendant de Guillaume Le Moyne, un noble normand qui aurait combattu aux côtés de Guillaume le Conquérant lors de la bataille d’Hastings, en 1066. Les armoiries qui figurent ici sont utilisées par la famille Monck depuis le début des années 1500.
Certaines familles peuvent retracer l’histoire de leurs emblèmes au tout début de la tradition, au XIe siècle. À l’origine, ces blasons, peints sur les boucliers et l’armure des chevaliers, servaient à identifier ces derniers sur le champ de bataille. Avec le temps, ils sont devenus héréditaires et c’est au XIIIe siècle qu’on a accordé aux familles aristocrates le droit exclusif d’afficher des armoiries.
Afin de préserver ce privilège, les rois anglais ont autorisé des responsables, appelés hérauts, à superviser l’octroi d’armoiries. Ce rôle a survécu et est aujourd’hui occupé par le Collège des hérauts du Royaume-Uni et l'Autorité héraldique du Canada.
Les dernières armoiries figurant dans ces pièces représentent lord Byng, qui a été gouverneur général jusqu’en 1926.
L’influence des pairs britanniques s’est atténuée après la Première Guerre mondiale. Le gouvernement du Canada a contourné Westminster et s’est mis à recommander des candidats vice-royaux directement au monarque. En 1952, Vincent Massey est devenu le premier gouverneur général né au Canada. Il a été succédé, en 1959, par Georges Vanier, premier gouverneur général francophone.
« Les emblèmes dans ces appartements reflètent des siècles de tradition », a déclaré le Président du Sénat, George J. Furey. « Bien que certains puissent sembler étranges ou dépassés pour nous aujourd'hui, ces sculptures retracent l'évolution de notre pays tout en rappelant aux Canadiens nos fondements profonds dans le passé. »
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