Transformer une gare ferroviaire en Chambre du Sénat : un « défi technique » pour les architectes
Cet article fait partie d’une série sur le déménagement du Sénat du Canada à l’édifice du Sénat du Canada, auparavant connu sous le nom de Centre de conférences du gouvernement. En 2018, le Sénat a entamé son déménagement au nouvel édifice, une ancienne gare construite en 1912, alors que l’édifice du Centre du Parlement – l’emplacement permanent du Sénat – sera restauré. Le Sénat commencera à opérer à partir de l’édifice du Sénat du Canada au début de 2019.
Les économies réalisées au profit des contribuables seront d’environ 200 millions de dollars comparativement à la proposition originale qui consistait à réinstaller le Sénat sur la Colline du Parlement. Il est prévu que le Sénat occupe cet emplacement temporaire pendant au moins 10 ans.
Convertir la gare ferroviaire historique d’Ottawa en un emplacement temporaire pour le Sénat représentait un « défi technique de taille », selon les architectes responsables de la transformation.
Pour moderniser l’édifice, les architectes ont dû respecter les codes actuels en matière de construction, de prévention des incendies et de secousses sismiques, tout en restant fidèles à l’esprit initial de l’édifice et en ajoutant les améliorations requises pour une chambre du Parlement.
« Il ne s’agissait pas simplement de restaurer une gare ferroviaire. Il s’agissait de restaurer une gare ferroviaire et d’y installer la Chambre du Sénat et les salles des principaux comités », a affirmé Martin Davidson, architecte principal chez Diamond Schmitt Architects, une firme basée à Toronto.
À l’automne 2018, les sénateurs déménageront dans le Centre de conférences du gouvernement, construit en 1912 comme gare ferroviaire, alors que l’édifice du Centre du Parlement fera l’objet de sa première rénovation majeure en un siècle.
La transformation de cet imposant édifice du centre-ville est une coentreprise de Diamond Schmitt et de KWC Architects, une firme d’Ottawa.
La rénovation de cet édifice patrimonial exigeait de composer avec les techniques de construction originales, qui ne respectent pas les normes modernes. Le revêtement de sol en bois, par exemple, avait été placé sous les murs en blocs de terre cuite, ce qui va à l’encontre des règles modernes de séparation coupe-feu.
« Vous vous grattez la tête et vous vous dites que ce n’est pas comme ça qu’on le ferait aujourd’hui », a soulign. Ralph Wiesbrock, architecte principal chez KWC.
Pour respecter les normes antisismiques modernes, les architectes ont ajouté six nouvelles cages d’escaliers et quatre nouveaux ascenseurs, qui renforcent l’édifice et le protègent contre d’éventuelles activités sismiques, tout en permettant aux gens de se déplacer facilement d’un étage à l’autre.
Les systèmes mécaniques et électriques existants devaient être remplacés. De plus, il y avait des lacunes au niveau du chauffage et de la climatisation, des technologies de l’information et des communications. Le défi, pour les architectes, consistait à intégrer cet équipement, tout en le dissimulant.
« En circulant dans l’édifice, on ne voit rien de tout cela. Je crois que c’est ainsi que nous pouvons mesurer notre succès. Nous avons réussi à améliorer l’édifice pour qu’il respecte ces normes, sans toutefois nuire à la clarté et à la qualité spatiale de l’édifice original », a expliqué M. Davidson.
Le public s’est beaucoup intéressé à la rénovation de l’édifice parce qu’il représentait un repère personnel pour un bon nombre de personnes. Comme il s’agissait de la principale gare ferroviaire d’Ottawa jusqu’en 1967, c’était également le point de départ pour beaucoup de voyageurs qui souhaitaient découvrir la capitale du Canada.
« L’apparence de l’édifice sera la même qu’il y a cent ans, même s’il a été modernisé d’une manière très importante », a indiqué M. Davidson.
Des efforts « héroïques » ont été déployés pour conserver les éléments originaux de l’édifice, notamment le plafond à caissons dans le hall, les murs à arcades dans la salle d’attente et même une horloge, qui avait déjà été un élément central, selon M. Wiesbrock.
Il y a un siècle, on ne se préoccupait pas vraiment de l’accessibilité. Les rénovations ont toutefois permis de créer un chemin continu sans obstacle dans l’ensemble de l’édifice.
« Nous sommes très fiers d’avoir réussi à faire en sorte que cet édifice soit exempt de rampes. Les personnes qui entrent par la porte avant peuvent ressortir par la porte arrière, comme tout le monde », a indiqué M. Wiesbrock.
M. Davidson a rappelé qu’un des objectifs des architectes était de s’assurer que malgré tous les changements apportés au centre de conférences pour accommoder le Sénat, lorsque les sénateurs retourneront sur la Colline du Parlement, l’édifice pourra facilement être utilisé à d’autres fins.
« Il est bon pour 100 ans encore. »