Les Canadiens méritent des mesures de prévention du suicide efficaces : Sénateur Kutcher
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J’ai discuté récemment avec des parents en deuil qui tentaient de comprendre la raison du suicide de leur enfant, un adolescent actif et en bonne santé. Malheureusement, il n’y avait pas de réponse claire. C’est souvent le cas. Et leur douleur demeure.
Tous les Canadiens ont vraisemblablement été touchés un jour, de près ou de loin, par un suicide, et nombreux sont ceux qui réagissent en voulant passer à l’action — mais pour faire quoi? Nous voulons prévenir le plus de suicides possible, mais comment faire?
Comment sait-on qu’une mesure de prévention est efficace?
Pour répondre à la question, il faut d’abord savoir ce qu’il faut mesurer pour bien évaluer l’incidence des interventions qui visent à prévenir le suicide.
La prévention du suicide exige une attention urgente, basée sur la science.
La prévention du suicide, toutefois, est devenue une occasion d’affaires lucrative pour les organismes qui vendent ou font la promotion des interventions. La plupart ont peu ou pas de preuves que les interventions réduisent vraiment les décès par suicide ou qu’elles sont sécuritaires.
Les Canadiens ont besoin de savoir que les interventions qui sont mises en place sont efficaces et sécuritaires. Et nous devons mieux comprendre la nature même du suicide.
Au cours de la dernière décennie, le taux de suicide national (en anglais seulement) a été relativement stable — environ 11 décès par 100 000 habitants annuellement. Il s’agit d’une baisse d’environ 25 % par rapport aux taux qui prévalaient au début des années 1980.
On ne sait pas exactement ce qui explique cette baisse. Il se peut que cela soit lié à une amélioration des traitements pour les personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale, soit celles les plus à risque de suicide.
Parmi les ressources (en anglais seulement) actuellement considérées comme des interventions pour prévenir le suicide, mentionnons l’éducation de la population, les programmes de sensibilisation communautaires, les lignes d’aide, les outils en ligne, la surveillance des médias sociaux et les applications sur téléphone intelligent. Chez les jeunes, les interventions en milieu scolaire (en anglais seulement) font l’objet d’une vaste promotion.
Malheureusement, nous avons peu de preuves solides de leur efficacité.
Nous avons besoin de savoir comment mesurer l’efficacité d’une intervention. Dans le dernier budget fédéral, le gouvernement a alloué des fonds à une initiative nationale de prévention du suicide. Il est indispensable de savoir si elle a l’incidence souhaitée. Elle doit faire l’objet d’une bonne évaluation.
Pour qu’une intervention soit efficace, il faut idéalement qu’elle ait donné lieu à une réduction importante du taux de suicide. Il faut aussi que la baisse se maintienne dans le temps et que l’intervention soit facile à mettre en place et peu coûteuse.
D’autres indicateurs de l’efficacité d’une intervention, comme le nombre de visites à l’urgence liées à une tentative de suicide, peuvent servir de mesure indirecte pour évaluer son incidence sur l’utilisation des services de santé.
À part les données liées à l’utilisation des services de santé, les autres mesures indirectes ne sont pas des indicateurs significatifs de prévention et peuvent être trompeuses. Certaines interventions mesurent les pensées suicidaires autodéclarées. Elles tiennent fortement compte de la perception qu’une personne a du soutien qui lui est offert. Il est peu probable que ces changements positifs se traduisent par une baisse du taux de suicide.
D’autres mesures souvent citées sont encore moins utiles pour déterminer l’efficacité d’une intervention.
On pense notamment au réconfort que disent avoir éprouvé les personnes à qui on a parlé quand elles étaient en proie à des idées suicidaires, à la satisfaction à l’égard d’un programme ou de matériel et à la recommandation d’un programme ou de matériel à une personne. Il faut éviter tout programme qui repose sur des mesures de cette nature pour justifier sa mise en œuvre.
La prévention du suicide est importante. Toutes les interventions en ce sens doivent satisfaire à des normes scientifiquement valides qui démontrent qu’elles réduisent les taux de suicide.
Mettre en place des programmes de prévention n’est pas suffisant. Il faut mettre en place des programmes que nous savons efficaces. Dans le doute, il faut bien évaluer leur incidence à l’aide de mesures valides de leur efficacité.
Pour prévenir le suicide, il ne faut pas se contenter d’agir; il faut agir de la bonne façon.
Tous les Canadiens qui ont perdu un être cher, un ami ou un voisin à la suite d’un suicide méritent qu’on mette en place des interventions qui sont efficaces.
Nous devons donc savoir que les interventions utilisées réduisent concrètement les taux de suicide.
Le sénateur Stan Kutcher représente la Nouvelle-Écosse au Sénat.
Le sénateur Kutcher remercie Sidney Kennedy, chaire Arthur Sommer Rotenberg en études sur le suicide et la dépression de l’Université de Toronto et de l’hôpital St. Michael, et James Coyne, professeur émérite, Perelman School of Medicine de l’Université de Pennsylvanie, pour leur aide et leurs conseils dans la rédaction de cet article.
Cet article a été publié le 5 avril 2019 dans The Huffington Post (en anglais seulement).
J’ai discuté récemment avec des parents en deuil qui tentaient de comprendre la raison du suicide de leur enfant, un adolescent actif et en bonne santé. Malheureusement, il n’y avait pas de réponse claire. C’est souvent le cas. Et leur douleur demeure.
Tous les Canadiens ont vraisemblablement été touchés un jour, de près ou de loin, par un suicide, et nombreux sont ceux qui réagissent en voulant passer à l’action — mais pour faire quoi? Nous voulons prévenir le plus de suicides possible, mais comment faire?
Comment sait-on qu’une mesure de prévention est efficace?
Pour répondre à la question, il faut d’abord savoir ce qu’il faut mesurer pour bien évaluer l’incidence des interventions qui visent à prévenir le suicide.
La prévention du suicide exige une attention urgente, basée sur la science.
La prévention du suicide, toutefois, est devenue une occasion d’affaires lucrative pour les organismes qui vendent ou font la promotion des interventions. La plupart ont peu ou pas de preuves que les interventions réduisent vraiment les décès par suicide ou qu’elles sont sécuritaires.
Les Canadiens ont besoin de savoir que les interventions qui sont mises en place sont efficaces et sécuritaires. Et nous devons mieux comprendre la nature même du suicide.
Au cours de la dernière décennie, le taux de suicide national (en anglais seulement) a été relativement stable — environ 11 décès par 100 000 habitants annuellement. Il s’agit d’une baisse d’environ 25 % par rapport aux taux qui prévalaient au début des années 1980.
On ne sait pas exactement ce qui explique cette baisse. Il se peut que cela soit lié à une amélioration des traitements pour les personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale, soit celles les plus à risque de suicide.
Parmi les ressources (en anglais seulement) actuellement considérées comme des interventions pour prévenir le suicide, mentionnons l’éducation de la population, les programmes de sensibilisation communautaires, les lignes d’aide, les outils en ligne, la surveillance des médias sociaux et les applications sur téléphone intelligent. Chez les jeunes, les interventions en milieu scolaire (en anglais seulement) font l’objet d’une vaste promotion.
Malheureusement, nous avons peu de preuves solides de leur efficacité.
Nous avons besoin de savoir comment mesurer l’efficacité d’une intervention. Dans le dernier budget fédéral, le gouvernement a alloué des fonds à une initiative nationale de prévention du suicide. Il est indispensable de savoir si elle a l’incidence souhaitée. Elle doit faire l’objet d’une bonne évaluation.
Pour qu’une intervention soit efficace, il faut idéalement qu’elle ait donné lieu à une réduction importante du taux de suicide. Il faut aussi que la baisse se maintienne dans le temps et que l’intervention soit facile à mettre en place et peu coûteuse.
D’autres indicateurs de l’efficacité d’une intervention, comme le nombre de visites à l’urgence liées à une tentative de suicide, peuvent servir de mesure indirecte pour évaluer son incidence sur l’utilisation des services de santé.
À part les données liées à l’utilisation des services de santé, les autres mesures indirectes ne sont pas des indicateurs significatifs de prévention et peuvent être trompeuses. Certaines interventions mesurent les pensées suicidaires autodéclarées. Elles tiennent fortement compte de la perception qu’une personne a du soutien qui lui est offert. Il est peu probable que ces changements positifs se traduisent par une baisse du taux de suicide.
D’autres mesures souvent citées sont encore moins utiles pour déterminer l’efficacité d’une intervention.
On pense notamment au réconfort que disent avoir éprouvé les personnes à qui on a parlé quand elles étaient en proie à des idées suicidaires, à la satisfaction à l’égard d’un programme ou de matériel et à la recommandation d’un programme ou de matériel à une personne. Il faut éviter tout programme qui repose sur des mesures de cette nature pour justifier sa mise en œuvre.
La prévention du suicide est importante. Toutes les interventions en ce sens doivent satisfaire à des normes scientifiquement valides qui démontrent qu’elles réduisent les taux de suicide.
Mettre en place des programmes de prévention n’est pas suffisant. Il faut mettre en place des programmes que nous savons efficaces. Dans le doute, il faut bien évaluer leur incidence à l’aide de mesures valides de leur efficacité.
Pour prévenir le suicide, il ne faut pas se contenter d’agir; il faut agir de la bonne façon.
Tous les Canadiens qui ont perdu un être cher, un ami ou un voisin à la suite d’un suicide méritent qu’on mette en place des interventions qui sont efficaces.
Nous devons donc savoir que les interventions utilisées réduisent concrètement les taux de suicide.
Le sénateur Stan Kutcher représente la Nouvelle-Écosse au Sénat.
Le sénateur Kutcher remercie Sidney Kennedy, chaire Arthur Sommer Rotenberg en études sur le suicide et la dépression de l’Université de Toronto et de l’hôpital St. Michael, et James Coyne, professeur émérite, Perelman School of Medicine de l’Université de Pennsylvanie, pour leur aide et leurs conseils dans la rédaction de cet article.
Cet article a été publié le 5 avril 2019 dans The Huffington Post (en anglais seulement).