Comment stimuler les investissements des entreprises au Canada : sénatrice Bellemare
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L’avenir du Canada n’est pas très prometteur.
Des données récentes, y compris des données publiées en 2023 par le Centre sur la productivité et la prospérité, révèlent que le niveau de vie des Canadiens — mesuré d’après le produit intérieur brut (PIB) par habitant — perd du terrain par rapport à celui des autres pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
En 1981, le Canada se classait sixième parmi 20 pays, mais il a fait une triste régression au 12e rang en 2021, juste en dessous de la moyenne à l’OCDE. Si cette tendance se maintient, il se retrouvera au 14e rang d’ici 2060.
La principale cause de cette situation est la faible croissance de la productivité au Canada. En effet, le PIB canadien par heure travaillée est l’un des plus faibles des pays de l’OCDE.
Ces résultats ne signifient pas que la population canadienne est plus paresseuse que d’autres, mais que nous générons moins de revenus par heure travaillée parce que nos outils (programmes informatiques, équipement ou robots) sont désuets.
Le rapport de 2023, qui repose sur des statistiques de l’OCDE, montre aussi que les investissements des entreprises par emploi au Canada sont inférieurs à ceux effectués dans la majorité des autres pays membres de l’OCDE.
Il est temps que le gouvernement fédéral s’attaque à ces problèmes en adoptant des politiques novatrices qui stimuleront les investissements du secteur privé.
Certains disent que la solution passe par le secteur des actifs incorporels, c’est-à-dire la propriété intellectuelle et les données en tant qu’actifs.
Au Canada, nous sommes des champions de l’innovation grâce à l’excellent travail de recherche accompli par nos universités et nos centres de recherche, mais nous ne commercialisons pas ce que nous créons; nous laissons d’autres pays en faire l’exploitation. Selon les partisans de ce point de vue, une stratégie canadienne sur les actifs incorporels permettrait de résoudre le problème.
Bien que cette approche ait des avantages, elle ne suffira pas à inverser le déclin anticipé de notre économie.
Le développement des compétences est souvent oublié.
Le capital humain est essentiel à l’investissement des entreprises. Sans lui, le Canada ne peut pas jouir des avantages qui découlent des investissements dans l’équipement, les ordinateurs, les robots ou l’intelligence artificielle. Les entreprises ne voudront pas investir s’il n’y a aucune personne qualifiée pour exploiter les outils de pointe.
Le Canada a un déficit de main-d’œuvre qualifiée, nécessaire pour soutenir la concurrence au 21e siècle et il n’a pas encore adopté une stratégie à cet effet, comme la plupart des pays de l’OCDE.
La population du Canada est dispersée et vieillissante. Notre pays est riche en ressources naturelles et nous avons beaucoup de jeunes diplômés universitaires, mais trop de Canadiens manquent de compétences techniques et digitales.
Les pays qui ont de l’avance sur le Canada ont investi dans le développement des compétences et ont élaboré des stratégies à long terme pour aider leur population à perfectionner ou mettre à jour ses compétences. L’Union européenne (UE) travaille de concert avec les pays membres pour promouvoir l’évaluation, la reconnaissance et le développement de compétences essentielles comme les compétences numériques, les compétences vertes et les compétences en numératie et en littératie. Les pays de l’UE adoptent aussi des mesures actives du marché du travail beaucoup plus ambitieuses que les nôtres pour perfectionner ou mettre à jour les compétences de leurs travailleurs licenciés.
Les Canadiens sont conscients des lacunes qui existent. D’après un sondage réalisé à la demande de mon bureau par la firme Nik Nanos en 2019, 56,4 % des Canadiens veulent améliorer leurs compétences pour s’adapter aux futurs changements technologiques et en tirer parti.
Pour combler notre déficit de compétences et remédier au faible taux d’investissement des entreprises, il est urgent que le gouvernement fédéral crée un Conseil économique et social composé de représentants du gouvernement fédéral, des gouvernements provinciaux et territoriaux et du secteur privé.
En 2021, le premier ministre a chargé la ministre des Finances de créer un Conseil permanent de conseillers économiques qui fournirait au gouvernement des options stratégiques indépendantes sur la croissance économique à long terme afin d’aider les Canadiens à obtenir un niveau de vie plus élevé, une meilleure qualité de vie, une croissance inclusive et une économie plus innovatrice et compétente.
Ce serait un premier pas dans la bonne direction.
Le Canada a aussi besoin de réformer et de moderniser son régime d’assurance-emploi afin qu’il fasse partie de la solution de l’enjeu du développement des compétences. Actuellement, les cotisations au régime, financé entièrement par les employeurs et les employés, s’élèvent à quelque 27 milliards de dollars par année.
Voilà le type de mesures qu’il nous faut appliquer collectivement – et urgemment – pour empêcher le sombre avenir prédit par les données de l’OCDE de se réaliser.
La sénatrice Diane Bellemare représente la région d’Alma au Québec.
Une version de cet article a été publiée le 12 juin 2023 dans la revue The Hill Times.
L’honorable Diane Bellemare a pris sa retraite du Sénat du Canada en octobre 2024. Visitez le site web Parlinfo de la bibliothèque du parlement et apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.
L’avenir du Canada n’est pas très prometteur.
Des données récentes, y compris des données publiées en 2023 par le Centre sur la productivité et la prospérité, révèlent que le niveau de vie des Canadiens — mesuré d’après le produit intérieur brut (PIB) par habitant — perd du terrain par rapport à celui des autres pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
En 1981, le Canada se classait sixième parmi 20 pays, mais il a fait une triste régression au 12e rang en 2021, juste en dessous de la moyenne à l’OCDE. Si cette tendance se maintient, il se retrouvera au 14e rang d’ici 2060.
La principale cause de cette situation est la faible croissance de la productivité au Canada. En effet, le PIB canadien par heure travaillée est l’un des plus faibles des pays de l’OCDE.
Ces résultats ne signifient pas que la population canadienne est plus paresseuse que d’autres, mais que nous générons moins de revenus par heure travaillée parce que nos outils (programmes informatiques, équipement ou robots) sont désuets.
Le rapport de 2023, qui repose sur des statistiques de l’OCDE, montre aussi que les investissements des entreprises par emploi au Canada sont inférieurs à ceux effectués dans la majorité des autres pays membres de l’OCDE.
Il est temps que le gouvernement fédéral s’attaque à ces problèmes en adoptant des politiques novatrices qui stimuleront les investissements du secteur privé.
Certains disent que la solution passe par le secteur des actifs incorporels, c’est-à-dire la propriété intellectuelle et les données en tant qu’actifs.
Au Canada, nous sommes des champions de l’innovation grâce à l’excellent travail de recherche accompli par nos universités et nos centres de recherche, mais nous ne commercialisons pas ce que nous créons; nous laissons d’autres pays en faire l’exploitation. Selon les partisans de ce point de vue, une stratégie canadienne sur les actifs incorporels permettrait de résoudre le problème.
Bien que cette approche ait des avantages, elle ne suffira pas à inverser le déclin anticipé de notre économie.
Le développement des compétences est souvent oublié.
Le capital humain est essentiel à l’investissement des entreprises. Sans lui, le Canada ne peut pas jouir des avantages qui découlent des investissements dans l’équipement, les ordinateurs, les robots ou l’intelligence artificielle. Les entreprises ne voudront pas investir s’il n’y a aucune personne qualifiée pour exploiter les outils de pointe.
Le Canada a un déficit de main-d’œuvre qualifiée, nécessaire pour soutenir la concurrence au 21e siècle et il n’a pas encore adopté une stratégie à cet effet, comme la plupart des pays de l’OCDE.
La population du Canada est dispersée et vieillissante. Notre pays est riche en ressources naturelles et nous avons beaucoup de jeunes diplômés universitaires, mais trop de Canadiens manquent de compétences techniques et digitales.
Les pays qui ont de l’avance sur le Canada ont investi dans le développement des compétences et ont élaboré des stratégies à long terme pour aider leur population à perfectionner ou mettre à jour ses compétences. L’Union européenne (UE) travaille de concert avec les pays membres pour promouvoir l’évaluation, la reconnaissance et le développement de compétences essentielles comme les compétences numériques, les compétences vertes et les compétences en numératie et en littératie. Les pays de l’UE adoptent aussi des mesures actives du marché du travail beaucoup plus ambitieuses que les nôtres pour perfectionner ou mettre à jour les compétences de leurs travailleurs licenciés.
Les Canadiens sont conscients des lacunes qui existent. D’après un sondage réalisé à la demande de mon bureau par la firme Nik Nanos en 2019, 56,4 % des Canadiens veulent améliorer leurs compétences pour s’adapter aux futurs changements technologiques et en tirer parti.
Pour combler notre déficit de compétences et remédier au faible taux d’investissement des entreprises, il est urgent que le gouvernement fédéral crée un Conseil économique et social composé de représentants du gouvernement fédéral, des gouvernements provinciaux et territoriaux et du secteur privé.
En 2021, le premier ministre a chargé la ministre des Finances de créer un Conseil permanent de conseillers économiques qui fournirait au gouvernement des options stratégiques indépendantes sur la croissance économique à long terme afin d’aider les Canadiens à obtenir un niveau de vie plus élevé, une meilleure qualité de vie, une croissance inclusive et une économie plus innovatrice et compétente.
Ce serait un premier pas dans la bonne direction.
Le Canada a aussi besoin de réformer et de moderniser son régime d’assurance-emploi afin qu’il fasse partie de la solution de l’enjeu du développement des compétences. Actuellement, les cotisations au régime, financé entièrement par les employeurs et les employés, s’élèvent à quelque 27 milliards de dollars par année.
Voilà le type de mesures qu’il nous faut appliquer collectivement – et urgemment – pour empêcher le sombre avenir prédit par les données de l’OCDE de se réaliser.
La sénatrice Diane Bellemare représente la région d’Alma au Québec.
Une version de cet article a été publiée le 12 juin 2023 dans la revue The Hill Times.
L’honorable Diane Bellemare a pris sa retraite du Sénat du Canada en octobre 2024. Visitez le site web Parlinfo de la bibliothèque du parlement et apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.