Dans un monde instable, le Commonwealth demeure inébranlable : Sénatrice Hubley
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À tous les ans, le Jour du Commonwealth est célébré le deuxième lundi du mois de mars.
Bien des choses peuvent changer dans l’espace d’un an.
Le Royaume-Uni a voté et décidé de quitter l’Union européenne. Les États-Unis se sont dotés d’une nouvelle administration qui cherche ardemment à renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).
Toutefois, si certains liens se dissolvent, d’autres perdurent.
Inébranlable malgré le contexte international instable, le Commonwealth (en anglais seulement) demeure un solide champion — souvent sous-estimé — de la démocratie et du développement.
Nous connaissons tous l’histoire, dans ses grandes lignes. Il y avait l’Empire britannique, sur lequel le soleil ne se couchait jamais. Aujourd’hui, nous faisons partie du Commonwealth.
Mais qu’est-ce que cela signifie, exactement ?
Le Commonwealth est une association d’États, et non un empire dirigeant le sort de ses colonies. Il s’agit d’un partenariat entre des peuples et non une hiérarchie de pouvoirs.
Et le Canada en a été le premier membre.
Bien que le terme ait été employé pour la première fois par Lord Rosebury (qui devint ensuite premier ministre britannique) au cours d’une visite en Australie en 1884, le Canada, comme nous l’a raconté la reine Elizabeth II lors de sa visite à Ottawa en 1959, est devenu le « premier État indépendant au sein de l’Empire britannique » en raison de la Confédération de 1867.
Il est remarquable que le désir des Canadiens de bâtir leur propre nation ait donné fortuitement naissance au Commonwealth.
D’ailleurs, l’esprit de partenariat remonte à bien plus loin pour les Canadiens. Après la Révolution américaine, par exemple, des commerçants des provinces maritimes du Canada ont tissé des liens étroits avec nos amis des Caraïbes britanniques. Nos pommes de terre faisaient le voyage vers le sud, et leur rhum remontait vers le nord. Ces relations ont mené à de nombreuses tentatives (bien que vaines) d’unir les Antilles britanniques et le Canada.
Cette culture de coopération entre égaux s’est enrichie au fil du temps, avec la première Conférence des colonies et la rencontre des premiers ministres en 1887, les premiers Jeux du Commonwealth en 1930 et l’officialisation du Commonwealth lui-même par le Statut de Westminster de 1931 et la Déclaration de Londres de 1949.
Le Commonwealth est toutefois bien plus qu’un simple chapitre de l’histoire. C’est une famille de nations unies par la langue, l’histoire, la culture et des valeurs communes. Et maintenant que les jeunes membres du club ont atteint la maturité, la capacité d’entraide entre les États du Commonwealth est renforcée.
À titre de sénatrice de l’Île-du-Prince-Édouard, j’ai toujours porté en moi le poids de cette histoire. C’est pourquoi, dès mes premières expériences comme députée provinciale, je suis devenue membre de l’Association parlementaire du Commonwealth (APC, en anglais seulement).
En somme, l’APC est un forum de parlementaires des pays du Commonwealth qui favorise l’échange de politiques et de pratiques exemplaires efficaces et qui solidifie notre engagement commun envers la démocratie, le tout au niveau local. Nous tenons nos discussions d’un concitoyen à l’autre, et non à titre de représentants gouvernementaux. Cette approche nous donne des moyens de coopération plus étroits et localisés afin d’atteindre nos objectifs communs et nos projets respectifs.
De plus, le forum explore de nouvelles avenues prometteuses.
L’année dernière, j’ai eu la chance de me joindre à la délégation canadienne de l’APC aux Îles Turques-et-Caïques pour participer au lancement de l’Initiative de jumelage des Caraïbes. L’objectif est simple : créer des relations mutuellement avantageuses entre les entités infranationales du Commonwealth, échanger de l’information et faire la promotion de valeurs communes.
Ce fut pour moi un grand privilège et un grand honneur de participer au jumelage de mon île avec les leurs. Nous avons sauté à pieds joints sur l’occasion — en effet, je crois que nous avons ouvert la porte à une très belle amitié !
Nous avons identifié plusieurs projets prometteurs, notamment l’établissement d’un hansard (ou système de procès-verbal) afin d’enregistrer les débats parlementaires et d’améliorer la responsabilité et la mobilisation populaire dans le processus législatif. De plus, nous espérons organiser des réunions d’échange d’information et des séminaires au cours desquels les deux îles pourront présenter des renseignements sur des industries d’intérêts communs, plus particulièrement le tourisme, l’agriculture et les pêches.
Nous sommes fiers de participer au premier jumelage réussi avec une région des Caraïbes, un partenariat qui pave la voie aux autres provinces qui souhaitent appuyer et apprendre de nos voisins du sud du Commonwealth.
Tout ceci n’est qu’un mince aperçu de tout le travail accompli au sein du Commonwealth.
Malgré les grands idéaux rattachés à la notion de démocratie, c’est dans les détails que réside son essence même. La démocratie n’est pas un temple soutenu par quelques piliers, mais plutôt un tableau de contrôle avec des milliers d’indicateurs lumineux. Chaque fois que l’on ajoute un nouvel élément, une petite lumière apparaît, illuminant ainsi un tout petit peu plus la pièce. Voilà le réel potentiel du Commonwealth. Le style de coopération qu’il propose nous convient parfaitement, à nous les Canadiens.
Comme en témoigne la dernière année, les institutions internationales sont peut-être puissantes, mais elles sont également fragiles. Le Commonwealth perdure, et je suis convaincue que l’histoire de cette famille de nations n’en est qu’à ses débuts.
Elizabeth Hubley est une sénatrice qui représente l’Île-du-Prince-Édouard. Elle est vice-présidente du Comité sénatorial des pêches et des océans et siège au Comité sénatorial des droits de la personne.
Cet article a été publié le 13 mars, 2017 dans le journal the Guardian (en anglais seulement).
Avis aux lecteurs : La sénatrice Elizabeth Hubley est retraitée du Sénat depuis septembre 2017. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.
À tous les ans, le Jour du Commonwealth est célébré le deuxième lundi du mois de mars.
Bien des choses peuvent changer dans l’espace d’un an.
Le Royaume-Uni a voté et décidé de quitter l’Union européenne. Les États-Unis se sont dotés d’une nouvelle administration qui cherche ardemment à renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).
Toutefois, si certains liens se dissolvent, d’autres perdurent.
Inébranlable malgré le contexte international instable, le Commonwealth (en anglais seulement) demeure un solide champion — souvent sous-estimé — de la démocratie et du développement.
Nous connaissons tous l’histoire, dans ses grandes lignes. Il y avait l’Empire britannique, sur lequel le soleil ne se couchait jamais. Aujourd’hui, nous faisons partie du Commonwealth.
Mais qu’est-ce que cela signifie, exactement ?
Le Commonwealth est une association d’États, et non un empire dirigeant le sort de ses colonies. Il s’agit d’un partenariat entre des peuples et non une hiérarchie de pouvoirs.
Et le Canada en a été le premier membre.
Bien que le terme ait été employé pour la première fois par Lord Rosebury (qui devint ensuite premier ministre britannique) au cours d’une visite en Australie en 1884, le Canada, comme nous l’a raconté la reine Elizabeth II lors de sa visite à Ottawa en 1959, est devenu le « premier État indépendant au sein de l’Empire britannique » en raison de la Confédération de 1867.
Il est remarquable que le désir des Canadiens de bâtir leur propre nation ait donné fortuitement naissance au Commonwealth.
D’ailleurs, l’esprit de partenariat remonte à bien plus loin pour les Canadiens. Après la Révolution américaine, par exemple, des commerçants des provinces maritimes du Canada ont tissé des liens étroits avec nos amis des Caraïbes britanniques. Nos pommes de terre faisaient le voyage vers le sud, et leur rhum remontait vers le nord. Ces relations ont mené à de nombreuses tentatives (bien que vaines) d’unir les Antilles britanniques et le Canada.
Cette culture de coopération entre égaux s’est enrichie au fil du temps, avec la première Conférence des colonies et la rencontre des premiers ministres en 1887, les premiers Jeux du Commonwealth en 1930 et l’officialisation du Commonwealth lui-même par le Statut de Westminster de 1931 et la Déclaration de Londres de 1949.
Le Commonwealth est toutefois bien plus qu’un simple chapitre de l’histoire. C’est une famille de nations unies par la langue, l’histoire, la culture et des valeurs communes. Et maintenant que les jeunes membres du club ont atteint la maturité, la capacité d’entraide entre les États du Commonwealth est renforcée.
À titre de sénatrice de l’Île-du-Prince-Édouard, j’ai toujours porté en moi le poids de cette histoire. C’est pourquoi, dès mes premières expériences comme députée provinciale, je suis devenue membre de l’Association parlementaire du Commonwealth (APC, en anglais seulement).
En somme, l’APC est un forum de parlementaires des pays du Commonwealth qui favorise l’échange de politiques et de pratiques exemplaires efficaces et qui solidifie notre engagement commun envers la démocratie, le tout au niveau local. Nous tenons nos discussions d’un concitoyen à l’autre, et non à titre de représentants gouvernementaux. Cette approche nous donne des moyens de coopération plus étroits et localisés afin d’atteindre nos objectifs communs et nos projets respectifs.
De plus, le forum explore de nouvelles avenues prometteuses.
L’année dernière, j’ai eu la chance de me joindre à la délégation canadienne de l’APC aux Îles Turques-et-Caïques pour participer au lancement de l’Initiative de jumelage des Caraïbes. L’objectif est simple : créer des relations mutuellement avantageuses entre les entités infranationales du Commonwealth, échanger de l’information et faire la promotion de valeurs communes.
Ce fut pour moi un grand privilège et un grand honneur de participer au jumelage de mon île avec les leurs. Nous avons sauté à pieds joints sur l’occasion — en effet, je crois que nous avons ouvert la porte à une très belle amitié !
Nous avons identifié plusieurs projets prometteurs, notamment l’établissement d’un hansard (ou système de procès-verbal) afin d’enregistrer les débats parlementaires et d’améliorer la responsabilité et la mobilisation populaire dans le processus législatif. De plus, nous espérons organiser des réunions d’échange d’information et des séminaires au cours desquels les deux îles pourront présenter des renseignements sur des industries d’intérêts communs, plus particulièrement le tourisme, l’agriculture et les pêches.
Nous sommes fiers de participer au premier jumelage réussi avec une région des Caraïbes, un partenariat qui pave la voie aux autres provinces qui souhaitent appuyer et apprendre de nos voisins du sud du Commonwealth.
Tout ceci n’est qu’un mince aperçu de tout le travail accompli au sein du Commonwealth.
Malgré les grands idéaux rattachés à la notion de démocratie, c’est dans les détails que réside son essence même. La démocratie n’est pas un temple soutenu par quelques piliers, mais plutôt un tableau de contrôle avec des milliers d’indicateurs lumineux. Chaque fois que l’on ajoute un nouvel élément, une petite lumière apparaît, illuminant ainsi un tout petit peu plus la pièce. Voilà le réel potentiel du Commonwealth. Le style de coopération qu’il propose nous convient parfaitement, à nous les Canadiens.
Comme en témoigne la dernière année, les institutions internationales sont peut-être puissantes, mais elles sont également fragiles. Le Commonwealth perdure, et je suis convaincue que l’histoire de cette famille de nations n’en est qu’à ses débuts.
Elizabeth Hubley est une sénatrice qui représente l’Île-du-Prince-Édouard. Elle est vice-présidente du Comité sénatorial des pêches et des océans et siège au Comité sénatorial des droits de la personne.
Cet article a été publié le 13 mars, 2017 dans le journal the Guardian (en anglais seulement).
Avis aux lecteurs : La sénatrice Elizabeth Hubley est retraitée du Sénat depuis septembre 2017. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.