Eux et nous — la différence, la diversité et un monde de différence : Sénatrice Omidvar
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Tout comme aux États-Unis, l’opinion publique et l’appui du public sont très divisés au Canada en ce qui concerne l’immigration, le multiculturalisme et la diversité.
Des études menées par Erin Tolley et Randy Besco, des professeurs de l’Université de Toronto, font état de l’existence d’une règle générale des tiers. Environ un tiers des Canadiens ont des opinions clairement négatives. Ils veulent qu’il y ait moins d’immigrants et que moins de mesures soient prises pour aider les minorités. Par contre, un autre tiers des citoyens souhaitent que le Canada accueille un plus grand nombre d’immigrants. Ils favorisent la diversité et rejettent les politiques qui ciblent des groupes particuliers, comme les musulmans. Le tiers du milieu est composé de partisans du « multiculturalisme conditionnel. » Ils désirent accueillir un plus grand nombre d’immigrants dans la mesure où ces derniers adoptent des valeurs canadiennes. Ils risquent d’appuyer l’interdiction de porter le niqab lors des cérémonies de citoyenneté, mais non dans la vie publique. Ils craignent que les musulmans constituent une menace à la sécurité publique, mais ils croient aussi qu’ils méritent d’être traités équitablement.
La façon dont cet enjeu est encadré est donc importante et la troisième catégorie d’« indécis » pourrait faire basculer l’opinion publique dans un sens ou dans l’autre.
Compte tenu de tout cela, quelle est la voie à suivre ?
Premièrement, j’estime que nous devons ouvrir les voies de la communication. Nous devons comprendre que certaines personnes ont perdu leur emploi, leurs moyens de subsistance, leur mode de vie, certains aspects de leur identité et peut-être même de leur dignité. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, les électeurs de la classe ouvrière se sont déjà attaqués à ce qu’ils perçoivent comme de l’élitisme et pourraient le faire de nouveau — parce qu’ils se sentent non seulement marginalisés sur le plan économique, mais aussi dédaignés sur le plan culturel et social par les élites d’aujourd’hui. Par conséquent, ils utilisent le seul outil dont ils disposent : leur pouvoir de voter. Toutefois, ils ne s’arrêtent pas là : ils blâment aussi les immigrants et les réfugiés, et, plus particulièrement, les musulmans.
Deuxièmement, j’estime que le message est important. Je crois fermement dans les faits et je peux citer des données scientifiques qui appuient de nombreux aspects de l’immigration et de la diversité, mais, en l’absence de message stratégique, les faits sont comme du pain sans beurre. Le message à adresser aux partisans du multiculturalisme conditionnel doit porter sur la prospérité commune. Il faut dire et répéter que le développement des droits civils, humains et économiques ne correspond pas à un gâteau d’une taille limitée dont le partage engendre des gagnants et des perdants. Nous pouvons tous imaginer un plus gros gâteau.
Troisièmement, nous devons répandre la vérité et contester les fausses nouvelles et les mensonges sans relâche. Lorsque les politiciens sèment la peur en déclarant que les immigrants font disparaître des emplois locaux et baisser les salaires, nous devons utiliser les faits pour réfuter ces faussetés et démontrer le contraire. Lorsque les gens craignent que les réfugiés imposent à la société un fardeau à long terme, nous devons utiliser les faits pour démontrer que chaque Euro investi dans les réfugiés en rapporte deux au bout de cinq ans. Lorsque les gens s’inquiètent que les immigrants saignent les fonds publics, il nous suffit de signaler que TESLA, Google et eBay, pour ne donner que quelques exemples, ont tous été inventés par des immigrants. Lorsque les gens ont peur de la diversité, il nous suffit de mentionner qu’elle apporte aussi l’innovation.
Enfin, il importe de conquérir les cœurs et les esprits. Nous devons nous souvenir que la compassion a le pouvoir de transformer les gens, en particulier lorsque nous montrons de la compassion à l’égard de ceux que nous avons rabaissés, méprisés, ignorés, craints ou déshumanisés.
Ratna Omidvar est une sénatrice de l’Ontario. Elle est membre du Comité sénatorial des droits de la personne et du Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles.
Cet article est basé sur un discours intitulé « Eux et nous : la différence, la diversité et un monde de différence » que la sénatrice Ratna Omidvar a prononcé à Berlin le 26 avril 2017, devant un auditoire de l’ambassade du Canada en Allemagne. Cette occasion de prendre la parole a été rendue possible grâce à la participation de la Laurier Institution de la Colombie-Britannique et de la CBC.
Avis aux lecteurs : L’honorable Ratna Omidvar a pris sa retraite du Sénat du Canada en novembre 2024. Apprenez-en advantage sur son travail au Parlement.
Tout comme aux États-Unis, l’opinion publique et l’appui du public sont très divisés au Canada en ce qui concerne l’immigration, le multiculturalisme et la diversité.
Des études menées par Erin Tolley et Randy Besco, des professeurs de l’Université de Toronto, font état de l’existence d’une règle générale des tiers. Environ un tiers des Canadiens ont des opinions clairement négatives. Ils veulent qu’il y ait moins d’immigrants et que moins de mesures soient prises pour aider les minorités. Par contre, un autre tiers des citoyens souhaitent que le Canada accueille un plus grand nombre d’immigrants. Ils favorisent la diversité et rejettent les politiques qui ciblent des groupes particuliers, comme les musulmans. Le tiers du milieu est composé de partisans du « multiculturalisme conditionnel. » Ils désirent accueillir un plus grand nombre d’immigrants dans la mesure où ces derniers adoptent des valeurs canadiennes. Ils risquent d’appuyer l’interdiction de porter le niqab lors des cérémonies de citoyenneté, mais non dans la vie publique. Ils craignent que les musulmans constituent une menace à la sécurité publique, mais ils croient aussi qu’ils méritent d’être traités équitablement.
La façon dont cet enjeu est encadré est donc importante et la troisième catégorie d’« indécis » pourrait faire basculer l’opinion publique dans un sens ou dans l’autre.
Compte tenu de tout cela, quelle est la voie à suivre ?
Premièrement, j’estime que nous devons ouvrir les voies de la communication. Nous devons comprendre que certaines personnes ont perdu leur emploi, leurs moyens de subsistance, leur mode de vie, certains aspects de leur identité et peut-être même de leur dignité. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, les électeurs de la classe ouvrière se sont déjà attaqués à ce qu’ils perçoivent comme de l’élitisme et pourraient le faire de nouveau — parce qu’ils se sentent non seulement marginalisés sur le plan économique, mais aussi dédaignés sur le plan culturel et social par les élites d’aujourd’hui. Par conséquent, ils utilisent le seul outil dont ils disposent : leur pouvoir de voter. Toutefois, ils ne s’arrêtent pas là : ils blâment aussi les immigrants et les réfugiés, et, plus particulièrement, les musulmans.
Deuxièmement, j’estime que le message est important. Je crois fermement dans les faits et je peux citer des données scientifiques qui appuient de nombreux aspects de l’immigration et de la diversité, mais, en l’absence de message stratégique, les faits sont comme du pain sans beurre. Le message à adresser aux partisans du multiculturalisme conditionnel doit porter sur la prospérité commune. Il faut dire et répéter que le développement des droits civils, humains et économiques ne correspond pas à un gâteau d’une taille limitée dont le partage engendre des gagnants et des perdants. Nous pouvons tous imaginer un plus gros gâteau.
Troisièmement, nous devons répandre la vérité et contester les fausses nouvelles et les mensonges sans relâche. Lorsque les politiciens sèment la peur en déclarant que les immigrants font disparaître des emplois locaux et baisser les salaires, nous devons utiliser les faits pour réfuter ces faussetés et démontrer le contraire. Lorsque les gens craignent que les réfugiés imposent à la société un fardeau à long terme, nous devons utiliser les faits pour démontrer que chaque Euro investi dans les réfugiés en rapporte deux au bout de cinq ans. Lorsque les gens s’inquiètent que les immigrants saignent les fonds publics, il nous suffit de signaler que TESLA, Google et eBay, pour ne donner que quelques exemples, ont tous été inventés par des immigrants. Lorsque les gens ont peur de la diversité, il nous suffit de mentionner qu’elle apporte aussi l’innovation.
Enfin, il importe de conquérir les cœurs et les esprits. Nous devons nous souvenir que la compassion a le pouvoir de transformer les gens, en particulier lorsque nous montrons de la compassion à l’égard de ceux que nous avons rabaissés, méprisés, ignorés, craints ou déshumanisés.
Ratna Omidvar est une sénatrice de l’Ontario. Elle est membre du Comité sénatorial des droits de la personne et du Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles.
Cet article est basé sur un discours intitulé « Eux et nous : la différence, la diversité et un monde de différence » que la sénatrice Ratna Omidvar a prononcé à Berlin le 26 avril 2017, devant un auditoire de l’ambassade du Canada en Allemagne. Cette occasion de prendre la parole a été rendue possible grâce à la participation de la Laurier Institution de la Colombie-Britannique et de la CBC.
Avis aux lecteurs : L’honorable Ratna Omidvar a pris sa retraite du Sénat du Canada en novembre 2024. Apprenez-en advantage sur son travail au Parlement.