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Il est temps pour le Canada de revoir sa stratégie pour l’Arctique : sénatrice Marty Deacon

Un podium en bois avec deux microphones, devant un mur portant le nom et le logo de l’OTAN, flanqué de quatre drapeaux de l’OTAN bleu et blanc de chaque côté.

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Récemment, je me suis rendue à Montréal, où le Canada accueillait la 70e Séance annuelle de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN. Ici, les représentants parlementaires de l’ensemble de l’OTAN se sont réunis, ont discuté et débattu des besoins pressants de l’alliance dans les années à venir. Au premier plan se trouvaient des discussions sur l’Arctique.

Les changements climatiques modifient non seulement le paysage physique dans la région, mais changent également les dynamiques de pouvoir diplomatique dont le Canada bénéficie depuis des décennies. La fonte des glaciers causée par un Arctique qui se réchauffe a un effet de plus en plus perturbateur sur le climat et les flux d’eau en Europe. L’accès potentiel aux ressources naturelles nécessaires pour alimenter le siècle à venir a suscité une présence accrue de la part des puissances traditionnelles de l’Arctique, comme la Russie, mais aussi de nouveaux acteurs comme la Chine, qui s’est autoproclamée une puissance « proche de l’Arctique ». Ces changements ont perturbé l’équilibre sur lequel le Canada s’appuie depuis des décennies et font en sorte qu’il faut revoir notre approche de l’Arctique, ce qui exigera des dépenses significatives en matière de défense dans les décennies à venir.

Jusqu’à récemment, le Canada pouvait compter sur le pouvoir discret pour établir sa souveraineté dans l’Arctique. Le Conseil de l’Arctique en était un élément central et représentait un forum où les nations arctiques pouvaient coordonner et discuter de leurs différences. Toutefois, depuis l’invasion russe de l’Ukraine, l’avenir du Conseil de l’Arctique a été remis en question. Ce symbolisme est difficile à surestimer.

Le conseil, dans sa formation, a délibérément exclu toute référence à l’armée et à la défense dans son mandat. Depuis la mise en pause il y a deux ans, la Suède et la Finlande ont rejoint l’OTAN, ce qui signifie que l’ensemble des membres du Conseil de l’Arctique, à l’exception de la Russie, est maintenant membre de ce pacte militaire.

On prépare ainsi le terrain pour un siècle plus belliqueux dans l’Arctique, où la présence militaire du Canada devra être renforcée – non seulement pour que le Canada démontre sa souveraineté, mais aussi pour qu’il soit perçu comme un allié fiable pour les alliés arctiques et l’OTAN dans son ensemble. Cela survient à un moment où les accusations se multiplient au sein de l’alliance de l’OTAN selon lesquelles le Canada ne fait pas sa part, accusations venant principalement de la future administration à Washington, qui n’a pas caché son désir de voir le Canada renforcer ses capacités de défense dans la région.

Cette nouvelle donne présente à la fois un défi et une occasion. Une présence ne se limite pas seulement aux personnes sur le terrain et aux bateaux en mer, mais aussi à l’infrastructure permanente. Les gros investissements comme le renouvellement de NORAD font les gros titres, mais trop souvent, lorsqu’il est temps de passer à l’action, l’investissement du gouvernement dans la région semble être une simple case à cocher plutôt qu’un véritable investissement dont ce pays a besoin pour les décennies à venir.

On n’a pas besoin de chercher plus loin que la ville minière abandonnée de Nanisivik pour voir cela en pratique. En 2007, le gouvernement a annoncé que le site serait converti en un port en eau profonde et une installation navale. Initialement prévu pour être utilisé en 2015, le site a pris près d’une décennie de retard et a été considérablement réduit. Un rapport de 2022 du vérificateur général du Canada a révélé que l’installation navale de Nanisivik ne sera pas équipée de réservoirs de carburant chauffés, limitant sa période de fonctionnement à quatre semaines par an. Selon le rapport, l’installation ne pourra donc pas soutenir efficacement les navires canadiens qui opèrent dans l’Arctique et, pendant presque toute l’année, le ravitaillement des navires continuera de « dépendre d’options commerciales ou de la coopération d’alliés ».

« La Marine est donc exposée au risque de ne pas pouvoir ravitailler ses navires où et quand elle en aura besoin », souligne le rapport.

Des demi-mesures comme celles que nous avons vues sur le site de Nanisivik nuisent à notre position auprès de nos alliés et contribueront à l’impression que le Canada ne peut pas sécuriser efficacement son territoire. Nous ne pouvons pas défendre notre territoire arctique – qui représente près de 40 % du territoire et 75 % du littoral – sans la coopération de nos alliés. Mais ces partenariats sont à double sens et nécessitent un engagement de notre part.

Cet engagement doit se concrétiser par des actifs tangibles dans la région, ce qui permettra au Canada de compter sur ses partenaires et d’être un allié fiable en retour.


La sénatrice Marty Deacon représente l’Ontario et est membre de l’Association parlementaire canadienne de l’OTAN. Elle siège au Comité sénatorial de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants et au Comité sénatorial des affaires étrangères.

Cet article a été publié le 2 décembre 2024 dans le Hill Times (en anglais seulement).

Récemment, je me suis rendue à Montréal, où le Canada accueillait la 70e Séance annuelle de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN. Ici, les représentants parlementaires de l’ensemble de l’OTAN se sont réunis, ont discuté et débattu des besoins pressants de l’alliance dans les années à venir. Au premier plan se trouvaient des discussions sur l’Arctique.

Les changements climatiques modifient non seulement le paysage physique dans la région, mais changent également les dynamiques de pouvoir diplomatique dont le Canada bénéficie depuis des décennies. La fonte des glaciers causée par un Arctique qui se réchauffe a un effet de plus en plus perturbateur sur le climat et les flux d’eau en Europe. L’accès potentiel aux ressources naturelles nécessaires pour alimenter le siècle à venir a suscité une présence accrue de la part des puissances traditionnelles de l’Arctique, comme la Russie, mais aussi de nouveaux acteurs comme la Chine, qui s’est autoproclamée une puissance « proche de l’Arctique ». Ces changements ont perturbé l’équilibre sur lequel le Canada s’appuie depuis des décennies et font en sorte qu’il faut revoir notre approche de l’Arctique, ce qui exigera des dépenses significatives en matière de défense dans les décennies à venir.

Jusqu’à récemment, le Canada pouvait compter sur le pouvoir discret pour établir sa souveraineté dans l’Arctique. Le Conseil de l’Arctique en était un élément central et représentait un forum où les nations arctiques pouvaient coordonner et discuter de leurs différences. Toutefois, depuis l’invasion russe de l’Ukraine, l’avenir du Conseil de l’Arctique a été remis en question. Ce symbolisme est difficile à surestimer.

Le conseil, dans sa formation, a délibérément exclu toute référence à l’armée et à la défense dans son mandat. Depuis la mise en pause il y a deux ans, la Suède et la Finlande ont rejoint l’OTAN, ce qui signifie que l’ensemble des membres du Conseil de l’Arctique, à l’exception de la Russie, est maintenant membre de ce pacte militaire.

On prépare ainsi le terrain pour un siècle plus belliqueux dans l’Arctique, où la présence militaire du Canada devra être renforcée – non seulement pour que le Canada démontre sa souveraineté, mais aussi pour qu’il soit perçu comme un allié fiable pour les alliés arctiques et l’OTAN dans son ensemble. Cela survient à un moment où les accusations se multiplient au sein de l’alliance de l’OTAN selon lesquelles le Canada ne fait pas sa part, accusations venant principalement de la future administration à Washington, qui n’a pas caché son désir de voir le Canada renforcer ses capacités de défense dans la région.

Cette nouvelle donne présente à la fois un défi et une occasion. Une présence ne se limite pas seulement aux personnes sur le terrain et aux bateaux en mer, mais aussi à l’infrastructure permanente. Les gros investissements comme le renouvellement de NORAD font les gros titres, mais trop souvent, lorsqu’il est temps de passer à l’action, l’investissement du gouvernement dans la région semble être une simple case à cocher plutôt qu’un véritable investissement dont ce pays a besoin pour les décennies à venir.

On n’a pas besoin de chercher plus loin que la ville minière abandonnée de Nanisivik pour voir cela en pratique. En 2007, le gouvernement a annoncé que le site serait converti en un port en eau profonde et une installation navale. Initialement prévu pour être utilisé en 2015, le site a pris près d’une décennie de retard et a été considérablement réduit. Un rapport de 2022 du vérificateur général du Canada a révélé que l’installation navale de Nanisivik ne sera pas équipée de réservoirs de carburant chauffés, limitant sa période de fonctionnement à quatre semaines par an. Selon le rapport, l’installation ne pourra donc pas soutenir efficacement les navires canadiens qui opèrent dans l’Arctique et, pendant presque toute l’année, le ravitaillement des navires continuera de « dépendre d’options commerciales ou de la coopération d’alliés ».

« La Marine est donc exposée au risque de ne pas pouvoir ravitailler ses navires où et quand elle en aura besoin », souligne le rapport.

Des demi-mesures comme celles que nous avons vues sur le site de Nanisivik nuisent à notre position auprès de nos alliés et contribueront à l’impression que le Canada ne peut pas sécuriser efficacement son territoire. Nous ne pouvons pas défendre notre territoire arctique – qui représente près de 40 % du territoire et 75 % du littoral – sans la coopération de nos alliés. Mais ces partenariats sont à double sens et nécessitent un engagement de notre part.

Cet engagement doit se concrétiser par des actifs tangibles dans la région, ce qui permettra au Canada de compter sur ses partenaires et d’être un allié fiable en retour.


La sénatrice Marty Deacon représente l’Ontario et est membre de l’Association parlementaire canadienne de l’OTAN. Elle siège au Comité sénatorial de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants et au Comité sénatorial des affaires étrangères.

Cet article a été publié le 2 décembre 2024 dans le Hill Times (en anglais seulement).

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