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Il faut plus que de l’argent pour résoudre les problèmes de soins de santé du Canada : sénatrice Osler

Absolument aucun.

En tant que médecin et nouvelle sénatrice, il m’arrive de parler aux patients de l’état actuel du régime de soins de santé du Canada.

Absolument aucun patient n’a confiance dans l’état actuel ou futur du régime de soins de santé. Après 25 ans de pratique médicale, je suis tout à fait d’accord.

Ils me disent « j’ai peur de tomber malade et d’aller à l’hôpital parce que je risque de ne pas recevoir les soins dont j’ai besoin » ou encore « le système s’effondre sous mes yeux ».

Les soins de santé sont complexes, et leur réforme a été décrite comme un « méchant problème » difficile à résoudre en raison d’exigences incomplètes et changeantes, et sans solution simple.

Pour commencer, le Canada n’a pas un système national de santé, mais plutôt 14 régimes d’assurance maladie (dix provinciaux, trois territoriaux, un fédéral), et leurs avantages et leurs approches varient. À l’exception de certaines populations couvertes par l’assurance maladie fédérale (c.-à-d. les membres des Premières Nations et des Inuits admissibles ainsi que des Forces armées canadiennes, les réfugiés réinstallés et les demandeurs d’asile, les détenus dans les pénitenciers fédéraux), le financement, l’administration et la prestation des soins de santé incombent principalement aux provinces et aux territoires.

Il est vrai qu’il faut de toute urgence plus de fonds pour les soins de santé, mais plus que d’argent, les soins de santé ont besoin d’une véritable réforme, et il faut avoir le courage politique de réfléchir au-delà des solutions à court terme. 

Quelle est la prochaine étape?

Collaborer. Redéfinir les choses. Fournir de meilleurs services.

La collaboration entre le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires, au-delà des silos juridictionnels, est nécessaire si l’on veut fournir aux Canadiens les soins de santé auxquels ils ont droit et qu’ils attendent. Pendant les jours les plus sombres de la pandémie de COVID-19, les professionnels de la santé ont travaillé de façon concertée à sauver des vies. Il est maintenant temps que nos gouvernements fassent de même pour sauver les soins de santé.

Les premiers ministres ont récemment accepté l’offre de financement du premier ministre en matière de soins de santé à l’échelle fédérale, ce qui constitue un pas encourageant vers des solutions pancanadiennes. L’accord prévoit l’obligation pour les provinces et les territoires de mesurer les résultats. Cela n’est pas surprenant, car le Canada figure parmi les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dont le gouvernement dépense le plus pour les soins de santé en général. Pourtant, le système de santé canadien a des résultats inférieurs à la moyenne des pays de l’OCDE.

La réforme des soins de santé devrait inclure une redéfinition de ce qui constitue un service de santé « médicalement nécessaire », et donc de ce qui est couvert par les régimes provinciaux et territoriaux d’assurance maladie. 

Dans la Loi canadienne sur la santé, on affirme que l’objectif premier de la politique de santé consiste « à protéger, à promouvoir et à rétablir le bien-être physique et mental des résidents du Canada ». Il existe des projets de soins dentaires et d’assurance médicaments nationaux, mais les Canadiens ne possèdent pas de protection pour d’autres services qui permettraient « de protéger, de promouvoir et de rétablir » leur santé.

Par exemple, la santé mentale est reconnue comme une composante fondamentale de la santé, mais de nombreux services de santé mentale, à moins d’être reçus à l’hôpital ou d’un psychiatre, ne sont pas assurés, et les patients ou une assurance privée doivent en assumer les frais, et, bien que des accords aient été conclus récemment pour permettre d’augmenter le financement de la santé mentale, l’absence d’un accès équitable et uniforme à des services de santé mentale reste un problème partout au pays.

Il est temps de fournir de meilleurs soins grâce à des modèles de collaboration qui visent à offrir des services complets de soins de santé de haute qualité. Le gouvernement fédéral travaille actuellement à l’élaboration d’une stratégie en matière de ressources humaines en santé (RHS), dont le besoin se fait cruellement sentir, mais se contenter d’ajouter du personnel à un système en difficulté sans modifier les modèles de prestation de soins revient à faire encore et toujours la même chose et à s’attendre à obtenir des résultats différents.

L’épuisement professionnel chez les professionnels de la santé n’a jamais été aussi élevé et contribue aux pénuries de main-d’œuvre; la fourniture d’un soutien en matière de santé mentale et de solutions aux lourdes charges de travail et d’administration devrait faire partie de la stratégie en matière de RHS. L’investissement dans les soins primaires est une caractéristique commune des systèmes de soins de santé les plus performants des pays de l’OCDE. La maison médicale du patient est un modèle de soins en équipe couronné de succès, selon lequel les médecins de famille s’associent à d’autres professionnels de la santé et s’intègrent aux services sociaux et au soutien communautaire; ce modèle est actuellement utilisé à plusieurs endroits au Canada et pourrait s’appliquer à grande échelle partout au pays.

Cette courte liste n’est en aucun cas complète ou exhaustive, mais elle vient d’une professionnelle de la santé qui a à cœur de protéger le système public de soins de santé du Canada.

Alors que les premiers ministres provinciaux continuent de négocier le financement des soins de santé avec Ottawa, nous devrions tous les regarder.

 

La sénatrice F. Gigi Osler représente le Manitoba au Sénat. Elle est une chirurgienne de renommée internationale qui défend avec ferveur la santé.

Une version de cet article a été publiée le 6 février 2023 dans le Hill Times (en anglais seulement).

Absolument aucun.

En tant que médecin et nouvelle sénatrice, il m’arrive de parler aux patients de l’état actuel du régime de soins de santé du Canada.

Absolument aucun patient n’a confiance dans l’état actuel ou futur du régime de soins de santé. Après 25 ans de pratique médicale, je suis tout à fait d’accord.

Ils me disent « j’ai peur de tomber malade et d’aller à l’hôpital parce que je risque de ne pas recevoir les soins dont j’ai besoin » ou encore « le système s’effondre sous mes yeux ».

Les soins de santé sont complexes, et leur réforme a été décrite comme un « méchant problème » difficile à résoudre en raison d’exigences incomplètes et changeantes, et sans solution simple.

Pour commencer, le Canada n’a pas un système national de santé, mais plutôt 14 régimes d’assurance maladie (dix provinciaux, trois territoriaux, un fédéral), et leurs avantages et leurs approches varient. À l’exception de certaines populations couvertes par l’assurance maladie fédérale (c.-à-d. les membres des Premières Nations et des Inuits admissibles ainsi que des Forces armées canadiennes, les réfugiés réinstallés et les demandeurs d’asile, les détenus dans les pénitenciers fédéraux), le financement, l’administration et la prestation des soins de santé incombent principalement aux provinces et aux territoires.

Il est vrai qu’il faut de toute urgence plus de fonds pour les soins de santé, mais plus que d’argent, les soins de santé ont besoin d’une véritable réforme, et il faut avoir le courage politique de réfléchir au-delà des solutions à court terme. 

Quelle est la prochaine étape?

Collaborer. Redéfinir les choses. Fournir de meilleurs services.

La collaboration entre le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires, au-delà des silos juridictionnels, est nécessaire si l’on veut fournir aux Canadiens les soins de santé auxquels ils ont droit et qu’ils attendent. Pendant les jours les plus sombres de la pandémie de COVID-19, les professionnels de la santé ont travaillé de façon concertée à sauver des vies. Il est maintenant temps que nos gouvernements fassent de même pour sauver les soins de santé.

Les premiers ministres ont récemment accepté l’offre de financement du premier ministre en matière de soins de santé à l’échelle fédérale, ce qui constitue un pas encourageant vers des solutions pancanadiennes. L’accord prévoit l’obligation pour les provinces et les territoires de mesurer les résultats. Cela n’est pas surprenant, car le Canada figure parmi les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dont le gouvernement dépense le plus pour les soins de santé en général. Pourtant, le système de santé canadien a des résultats inférieurs à la moyenne des pays de l’OCDE.

La réforme des soins de santé devrait inclure une redéfinition de ce qui constitue un service de santé « médicalement nécessaire », et donc de ce qui est couvert par les régimes provinciaux et territoriaux d’assurance maladie. 

Dans la Loi canadienne sur la santé, on affirme que l’objectif premier de la politique de santé consiste « à protéger, à promouvoir et à rétablir le bien-être physique et mental des résidents du Canada ». Il existe des projets de soins dentaires et d’assurance médicaments nationaux, mais les Canadiens ne possèdent pas de protection pour d’autres services qui permettraient « de protéger, de promouvoir et de rétablir » leur santé.

Par exemple, la santé mentale est reconnue comme une composante fondamentale de la santé, mais de nombreux services de santé mentale, à moins d’être reçus à l’hôpital ou d’un psychiatre, ne sont pas assurés, et les patients ou une assurance privée doivent en assumer les frais, et, bien que des accords aient été conclus récemment pour permettre d’augmenter le financement de la santé mentale, l’absence d’un accès équitable et uniforme à des services de santé mentale reste un problème partout au pays.

Il est temps de fournir de meilleurs soins grâce à des modèles de collaboration qui visent à offrir des services complets de soins de santé de haute qualité. Le gouvernement fédéral travaille actuellement à l’élaboration d’une stratégie en matière de ressources humaines en santé (RHS), dont le besoin se fait cruellement sentir, mais se contenter d’ajouter du personnel à un système en difficulté sans modifier les modèles de prestation de soins revient à faire encore et toujours la même chose et à s’attendre à obtenir des résultats différents.

L’épuisement professionnel chez les professionnels de la santé n’a jamais été aussi élevé et contribue aux pénuries de main-d’œuvre; la fourniture d’un soutien en matière de santé mentale et de solutions aux lourdes charges de travail et d’administration devrait faire partie de la stratégie en matière de RHS. L’investissement dans les soins primaires est une caractéristique commune des systèmes de soins de santé les plus performants des pays de l’OCDE. La maison médicale du patient est un modèle de soins en équipe couronné de succès, selon lequel les médecins de famille s’associent à d’autres professionnels de la santé et s’intègrent aux services sociaux et au soutien communautaire; ce modèle est actuellement utilisé à plusieurs endroits au Canada et pourrait s’appliquer à grande échelle partout au pays.

Cette courte liste n’est en aucun cas complète ou exhaustive, mais elle vient d’une professionnelle de la santé qui a à cœur de protéger le système public de soins de santé du Canada.

Alors que les premiers ministres provinciaux continuent de négocier le financement des soins de santé avec Ottawa, nous devrions tous les regarder.

 

La sénatrice F. Gigi Osler représente le Manitoba au Sénat. Elle est une chirurgienne de renommée internationale qui défend avec ferveur la santé.

Une version de cet article a été publiée le 6 février 2023 dans le Hill Times (en anglais seulement).

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