La Colombie-Britannique croit qu'elle peut faire barrage aux pipelines parce qu'elle sait qu'Ottawa ne s'en soucie pas : Sénateur Tkachuk
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Plus tôt ce mois, le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique a annoncé qu’il arrêterait le flot de bitume dilué qui circulerait dans les canalisations de Trans Mountain dans l’attente des résultats de ce qui se veut un examen environnemental. Or, même si ce projet a fait l’objet d’une évaluation de 29 mois de l’Office national de l’énergie, on a conclu que cet examen était dans l’intérêt du public et que l’approbation du gouvernement fédéral était recommandée. Le Bureau des évaluations environnementales de la Colombie-Britannique a déjà émis un certificat d’examen environnemental pour le projet, et l’approbation du pipeline et du transport interprovincial de ressources, comme le pétrole et le bitume, est de compétence fédérale, et non provinciale.
Il s’agit d’un enjeu important qui a des répercussions sur les économies de l’Alberta et du Canada. L’agrandissement du pipeline est à lui seul évalué à quelque 7,4 milliards de dollars. Pendant la période de construction, et au cours des 20 prochaines années, 46 milliards de dollars en revenus s’ajouteront à l’économie canadienne. Cela représente 15 000 emplois en construction et environ 37 000 emplois directs et indirects par année. Globalement, le projet pourrait permettre la création de plus de 800 000 emplois (années-personnes).
Tout cela est menacé par une décision inutile et imprudente du gouvernement de la Colombie-Britannique. En fait, on sonne le glas des processus officiels mis en place pour étudier l’impact environnemental. On a achevé les processus en près de deux ans et demi, des processus qui ont fonctionné et qui ont permis d’obtenir l’approbation des gouvernements fédéral et provinciaux pour l’agrandissement du réseau. Cette décision ne fera de bien à personne, et je dirais même qu’elle sera très préjudiciable pour de nombreuses personnes, de même que pour toute l’économie canadienne, déjà vulnérable en raison d’un déficit qui se creuse et des modifications fiscales au sud qui rendent les États-Unis plus attrayants pour les affaires et les investissements.
La population de la Colombie-Britannique ne sera pas moins touchée. Penchons-nous sur une statistique seulement. Un rapport du Conference Board du Canada (en anglais seulement) révèle que 348 navires pétroliers Aframax supplémentaires seront accueillis au port de Metro Vancouver chaque année grâce au Projet d’agrandissement du réseau de Trans Mountain. Le Conference Board a aussi estimé à 366 000 $ en moyenne les dépenses dans la région métropolitaine de Vancouver avec l’arrivée de chacun de ces pétroliers. Cela équivaut à 127 millions de dollars par année ou 2,5 milliards de dollars pour les 20 premières années d’exploitation. Ce n’est pas rien. Selon les estimations du Conference Board, les retombées de l’agrandissement seront de 678 000 emplois (années-personnes) et de 18,5 milliards de dollars en avantages fiscaux au cours des 20 premières années d’exploitation de l’oléoduc Trans Mountain.
Le Projet d’agrandissement du réseau de Trans Mountain a été proposé en réponse aux demandes de sociétés pétrolières qui visent de nouveaux marchés et voudraient que la capacité de la seule canalisation donnant accès à la côte Ouest soit accrue. Ces armateurs ont pris des engagements importants de 15 et de 20 ans qui augmentent d’à peu près 80 % la capacité du réseau agrandi de Trans Mountain. Kinder Morgan a surmonté tous les obstacles réglementaires qui lui ont été imposés.
Est-ce ainsi que nous allons faire des affaires dans ce pays? Le premier ministre a réagi aux nouvelles de la Colombie-Britannique en affirmant que « nous vivons dans une fédération », et qu’il n’était pas enclin à intervenir dans « les différends interprovinciaux ».
Récemment, son ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, a dit lors d’une entrevue à Global News que si la Colombie-Britannique veut lancer de nouvelles consultations, cela est possible, mais à condition qu’elles ne « prennent pas trop de temps » [traduction]. Aucune déclaration n’a laissé croire que le gouvernement fédéral allait agir pour dénouer la situation. Rien d’étonnant, comme il en est largement responsable.
À ce stade avancé, pourquoi la Colombie-Britannique serait-elle, dans les faits, encouragée à freiner l’agrandissement du pipeline Trans Mountain et à mettre l’industrie des sables bitumineux dans l’incertitude? Parce que le gouvernement fédéral a fait preuve d’incohérence dans ses politiques environnementales et semé la confusion partout au pays. De la confusion naît le chaos. Le gouvernement a cédé aux environnementalistes de la côte Ouest en interdisant les pétroliers sur la côte Nord-Ouest. Pas de pétrolier, pas de pipeline. Northern Gateway a été écarté. Par où les canalisations peuvent-elles donc passer? Par le Sud très peuplé, pour donner des arguments aux verts de la Colombie-Britannique qui ne s’intéressent pas aux canalisations et souhaitent la fin des sables bitumineux.
Pendant ce temps, sur la côte Est, qui manquerait d’énergie sans les pétroliers, aucune interdiction de ce type. Pourtant, le littoral est exposé aux mêmes risques environnementaux que la côte Nord-Ouest de la Colombie-Britannique. Il existait bien sûr une solution : le pipeline Énergie Est. Ce pipeline nous aurait permis de réduire notre dépendance envers le pétrole du Moyen-Orient, envers des pays à la traîne derrière le reste du monde au chapitre des droits de la personne et des droits de la femme.
Or, des personnes comme Denis Coderre, ancien maire de Montréal et ancien député libéral, ont milité égoïstement et efficacement contre Énergie Est, puis ont dansé sur sa tombe après l’annulation du projet de pipeline. Lorsque le processus se dirigeait lentement vers l’impasse, le premier ministre est resté impassible.
Cette inaction et cette attitude ont favorisé les opposants à Trans Mountain. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a ainsi eu l’impulsion et l’encouragement nécessaires pour dire « nous pouvons y mettre fin parce que le gouvernement fédéral ne fera rien ». Il n’a effectivement rien fait.
Le gouvernement fédéral serait heureux de voir ce processus s’éterniser. Comment suis-je au courant? En 2012, dans une entrevue, l’homme qui est maintenant le secrétaire principal du premier ministre, Gerald Butts, s’est fait poser la question suivante : « Pourquoi ne propose-t-on pas un autre tracé pour le pipeline Northern Gateway? » Il a répondu, et je cite : « En vérité, nous ne croyons pas que l’industrie de l’énergie fossile existera toujours au milieu du siècle. C’est notre politique au Canada, et c’est notre politique dans le monde. » Il a ajouté que « la vraie solution de rechange à Northern Gateway n’est pas un nouveau tracé. C’est une économie alternative. » [traduction]
Selon moi, ils vont atteindre leurs objectifs en recourant à la stratégie selon laquelle un projet retardé est un projet rejeté. C’est une menace pour notre pays, comme la première ministre Rachel Notley l’a si bien dit. Le secteur énergétique canadien est déjà perdant en raison des prix accrus de l’énergie, c’est pourquoi les investisseurs et les clients observent nos politiques et notre inaction d’un œil désapprobateur. Le gouvernement doit affirmer très clairement que ce domaine relève de sa compétence, et que des consultations qui ne « prennent pas trop de temps » doivent être terminées dans les délais prévus pour la réalisation du projet d’agrandissement du pipeline afin qu’il devienne opérationnel à temps.
Avis aux lecteurs : L’honorable David Tkachuk a pris sa retraite du Sénat du Canada en février 2020. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.
Cet article a été publié le 8 février 2018 dans le journal The National Post (en anglais seulement).
Le Sénat a tenu un débat d’urgence concernant l’oléoduc Trans Mountain reconnaissant ainsi qu’il s’agit d’un enjeu d’intérêt public urgent. Pour plus d’informations.
Plus tôt ce mois, le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique a annoncé qu’il arrêterait le flot de bitume dilué qui circulerait dans les canalisations de Trans Mountain dans l’attente des résultats de ce qui se veut un examen environnemental. Or, même si ce projet a fait l’objet d’une évaluation de 29 mois de l’Office national de l’énergie, on a conclu que cet examen était dans l’intérêt du public et que l’approbation du gouvernement fédéral était recommandée. Le Bureau des évaluations environnementales de la Colombie-Britannique a déjà émis un certificat d’examen environnemental pour le projet, et l’approbation du pipeline et du transport interprovincial de ressources, comme le pétrole et le bitume, est de compétence fédérale, et non provinciale.
Il s’agit d’un enjeu important qui a des répercussions sur les économies de l’Alberta et du Canada. L’agrandissement du pipeline est à lui seul évalué à quelque 7,4 milliards de dollars. Pendant la période de construction, et au cours des 20 prochaines années, 46 milliards de dollars en revenus s’ajouteront à l’économie canadienne. Cela représente 15 000 emplois en construction et environ 37 000 emplois directs et indirects par année. Globalement, le projet pourrait permettre la création de plus de 800 000 emplois (années-personnes).
Tout cela est menacé par une décision inutile et imprudente du gouvernement de la Colombie-Britannique. En fait, on sonne le glas des processus officiels mis en place pour étudier l’impact environnemental. On a achevé les processus en près de deux ans et demi, des processus qui ont fonctionné et qui ont permis d’obtenir l’approbation des gouvernements fédéral et provinciaux pour l’agrandissement du réseau. Cette décision ne fera de bien à personne, et je dirais même qu’elle sera très préjudiciable pour de nombreuses personnes, de même que pour toute l’économie canadienne, déjà vulnérable en raison d’un déficit qui se creuse et des modifications fiscales au sud qui rendent les États-Unis plus attrayants pour les affaires et les investissements.
La population de la Colombie-Britannique ne sera pas moins touchée. Penchons-nous sur une statistique seulement. Un rapport du Conference Board du Canada (en anglais seulement) révèle que 348 navires pétroliers Aframax supplémentaires seront accueillis au port de Metro Vancouver chaque année grâce au Projet d’agrandissement du réseau de Trans Mountain. Le Conference Board a aussi estimé à 366 000 $ en moyenne les dépenses dans la région métropolitaine de Vancouver avec l’arrivée de chacun de ces pétroliers. Cela équivaut à 127 millions de dollars par année ou 2,5 milliards de dollars pour les 20 premières années d’exploitation. Ce n’est pas rien. Selon les estimations du Conference Board, les retombées de l’agrandissement seront de 678 000 emplois (années-personnes) et de 18,5 milliards de dollars en avantages fiscaux au cours des 20 premières années d’exploitation de l’oléoduc Trans Mountain.
Le Projet d’agrandissement du réseau de Trans Mountain a été proposé en réponse aux demandes de sociétés pétrolières qui visent de nouveaux marchés et voudraient que la capacité de la seule canalisation donnant accès à la côte Ouest soit accrue. Ces armateurs ont pris des engagements importants de 15 et de 20 ans qui augmentent d’à peu près 80 % la capacité du réseau agrandi de Trans Mountain. Kinder Morgan a surmonté tous les obstacles réglementaires qui lui ont été imposés.
Est-ce ainsi que nous allons faire des affaires dans ce pays? Le premier ministre a réagi aux nouvelles de la Colombie-Britannique en affirmant que « nous vivons dans une fédération », et qu’il n’était pas enclin à intervenir dans « les différends interprovinciaux ».
Récemment, son ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, a dit lors d’une entrevue à Global News que si la Colombie-Britannique veut lancer de nouvelles consultations, cela est possible, mais à condition qu’elles ne « prennent pas trop de temps » [traduction]. Aucune déclaration n’a laissé croire que le gouvernement fédéral allait agir pour dénouer la situation. Rien d’étonnant, comme il en est largement responsable.
À ce stade avancé, pourquoi la Colombie-Britannique serait-elle, dans les faits, encouragée à freiner l’agrandissement du pipeline Trans Mountain et à mettre l’industrie des sables bitumineux dans l’incertitude? Parce que le gouvernement fédéral a fait preuve d’incohérence dans ses politiques environnementales et semé la confusion partout au pays. De la confusion naît le chaos. Le gouvernement a cédé aux environnementalistes de la côte Ouest en interdisant les pétroliers sur la côte Nord-Ouest. Pas de pétrolier, pas de pipeline. Northern Gateway a été écarté. Par où les canalisations peuvent-elles donc passer? Par le Sud très peuplé, pour donner des arguments aux verts de la Colombie-Britannique qui ne s’intéressent pas aux canalisations et souhaitent la fin des sables bitumineux.
Pendant ce temps, sur la côte Est, qui manquerait d’énergie sans les pétroliers, aucune interdiction de ce type. Pourtant, le littoral est exposé aux mêmes risques environnementaux que la côte Nord-Ouest de la Colombie-Britannique. Il existait bien sûr une solution : le pipeline Énergie Est. Ce pipeline nous aurait permis de réduire notre dépendance envers le pétrole du Moyen-Orient, envers des pays à la traîne derrière le reste du monde au chapitre des droits de la personne et des droits de la femme.
Or, des personnes comme Denis Coderre, ancien maire de Montréal et ancien député libéral, ont milité égoïstement et efficacement contre Énergie Est, puis ont dansé sur sa tombe après l’annulation du projet de pipeline. Lorsque le processus se dirigeait lentement vers l’impasse, le premier ministre est resté impassible.
Cette inaction et cette attitude ont favorisé les opposants à Trans Mountain. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a ainsi eu l’impulsion et l’encouragement nécessaires pour dire « nous pouvons y mettre fin parce que le gouvernement fédéral ne fera rien ». Il n’a effectivement rien fait.
Le gouvernement fédéral serait heureux de voir ce processus s’éterniser. Comment suis-je au courant? En 2012, dans une entrevue, l’homme qui est maintenant le secrétaire principal du premier ministre, Gerald Butts, s’est fait poser la question suivante : « Pourquoi ne propose-t-on pas un autre tracé pour le pipeline Northern Gateway? » Il a répondu, et je cite : « En vérité, nous ne croyons pas que l’industrie de l’énergie fossile existera toujours au milieu du siècle. C’est notre politique au Canada, et c’est notre politique dans le monde. » Il a ajouté que « la vraie solution de rechange à Northern Gateway n’est pas un nouveau tracé. C’est une économie alternative. » [traduction]
Selon moi, ils vont atteindre leurs objectifs en recourant à la stratégie selon laquelle un projet retardé est un projet rejeté. C’est une menace pour notre pays, comme la première ministre Rachel Notley l’a si bien dit. Le secteur énergétique canadien est déjà perdant en raison des prix accrus de l’énergie, c’est pourquoi les investisseurs et les clients observent nos politiques et notre inaction d’un œil désapprobateur. Le gouvernement doit affirmer très clairement que ce domaine relève de sa compétence, et que des consultations qui ne « prennent pas trop de temps » doivent être terminées dans les délais prévus pour la réalisation du projet d’agrandissement du pipeline afin qu’il devienne opérationnel à temps.
Avis aux lecteurs : L’honorable David Tkachuk a pris sa retraite du Sénat du Canada en février 2020. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.
Cet article a été publié le 8 février 2018 dans le journal The National Post (en anglais seulement).
Le Sénat a tenu un débat d’urgence concernant l’oléoduc Trans Mountain reconnaissant ainsi qu’il s’agit d’un enjeu d’intérêt public urgent. Pour plus d’informations.