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La crise des opioïdes et ce qui doit changer : Sénateur White

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Nous sommes actuellement aux prises avec une crise des opioïdes dont les effets se propagent d’ouest en est à travers le Canada. La Colombie‑Britannique est au cœur de cette crise depuis plusieurs années et des milliers de décès, dont 914 en 2016 seulement, sont attribuables à une surdose accidentelle. La crise sévit maintenant aussi en Ontario, où elle coûte la vie à environ deux personnes par jour.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le gouvernement se montre lent à réagir. Nous sommes à la recherche d’une solution comme un toxicomane cherche sa prochaine dose : de façon improvisée et sans plan. Peu de progrès ont été accomplis pour accroître l’accès au traitement, et en l’absence d’une stratégie antidrogue provinciale et/ou nationale pour lutter contre les problèmes auxquels nous sommes confrontés, notre capacité d’intervention s’est révélée essentiellement embarrassante. À l’heure actuelle, dans la plupart des provinces et des territoires, les toxicomanes qui souhaitent suivre un traitement en établissement se heurtent toujours à une attente de cinq à six mois, et s’il est vrai que le traitement n’est peut-être pas la solution pour les personnes qui ne veulent pas en suivre un, nous devons augmenter les occasions d’obtenir de l’aide pour les personnes qui souhaitent se sevrer, et en ce moment, les mesures nécessaires pour cela ne sont pas prises ou sont mises en œuvre avec une extrême lenteur.

Le projet de loi C-37 a récemment été adopté, avec des amendements, par la Chambre des communes et le Sénat. Il contient plusieurs dispositions qui visent à moderniser les lois pour réduire la capacité des criminels – qu’il s’agisse de groupes ou d’individus – à offrir des produits illégaux sur le marché noir. Le projet de loi vise à renforcer la capacité des organismes d’application de la loi de s’attaquer à la chaîne d’approvisionnement leur permettant de cibler les livraisons pour éviter qu’elles n’atteignent les fabricants de drogues illégales; à donner de nouveaux pouvoirs au ministre afin de lui permettre d’intervenir plus rapidement contre le commerce illégal pour agir et réagir de manière plus efficace; à éliminer certains des obstacles connus pour permettre aux autorités locales de demander et de recevoir rapidement l’autorisation d’ouvrir un centre de consommation supervisée.

La réalité est que de nos jours, des groupes du crime organisé sont impliqués dans la fabrication d’opioïdes illégaux et extrêmement dangereux. Nous l’avons constaté dans la vague de décès qui s’est produite au Canada en raison de ces criminels qui mélangent du fentanyl à leurs produits, qu’ils vendent ensuite à bas prix, alors que rien n’est en place pour protéger les consommateurs. La vaste majorité des décès par surdose qui surviennent au Canada sont attribuables à des opioïdes fabriqués et vendus illégalement. Cela a eu un effet dévastateur sur nos communautés et provoqué la mort et le désespoir chez les consommateurs de ces opioïdes de mauvaise qualité. Les centres de consommation offrent du soutien aux toxicomanes, mais, pour être franc, une de leurs tâches est d’essayer de sauver la vie des toxicomanes en leur administrant de la naloxone afin de contrer le poison qu’ils ont consommé.

Les substances achetées par les toxicomanes sont illégales. La plupart du temps, il ne s’agit pas de produits pharmacologiques légitimes, mais de poisons fabriqués dans un sous-sol par un groupe criminel dans le seul but de faire de l’argent sur le dos des toxicomanes. Ces substances font courir à ceux qui les consomment des dangers allant bien au-delà de la simple dépendance.

Les amendements apportés au projet de loi C‑37 modifient clairement le fonctionnement des centres de consommation supervisés en indiquant que « la personne responsable de superviser directement, au site de consommation supervisée, la consommation de substances désignées est tenue d’offrir aux usagers du site des options de pharmacothérapie avant qu’ils y consomment des substances illicites obtenues d’une manière non autorisée sous le régime de la présente loi. »

Ainsi, le toxicomane pourra se rendre à une clinique, avec ou sans substance illégale, et se voir offrir une substance pharmaceutique par un médecin plutôt que par un revendeur de drogue. Le toxicomane n’aura pas à commettre de crimes pour se procurer la substance.

Le toxicomane n’aura pas à craindre de mourir par surdose pour avoir utilisé un poison acheté à un revendeur.

La population n’aura pas à craindre d’être victime d’un crime commis par un toxicomane qui veut se procurer de l’argent pour payer son fournisseur.

En Suisse, où il est déjà utilisé, ce modèle a radicalement réduit la consommation de drogues illégales ainsi que la criminalité associée à la fabrication de drogues, en plus de presque éradiquer les activités criminelles auxquelles un grand nombre de toxicomanes s’adonnaient.

Le projet de loi dans sa forme modifiée offrira des solutions aux toxicomanes pour qu’ils consomment ailleurs que dans le cadre dans lequel ils le faisaient auparavant, et nous espérons que cela aidera la société, car la toxicomanie est un problème qui devrait être géré par le toxicomane et un médecin, et non par le toxicomane, son revendeur, les victimes de ses crimes, le crime organisé et un médecin.

Le sénateur Vernon « Vern » White représente l’Ontario et est l’ancien chef du Service de police d’Ottawa.

Cet article est paru dans l’édition du 15 mai 2017 de National Newswatch (en anglais seulement).

Avis aux lecteurs : L’honorable Vernon White a pris sa retraite du Sénat du Canada en octobre 2022. Apprenez-en advantage sur son travail au Parlement.

 

Nous sommes actuellement aux prises avec une crise des opioïdes dont les effets se propagent d’ouest en est à travers le Canada. La Colombie‑Britannique est au cœur de cette crise depuis plusieurs années et des milliers de décès, dont 914 en 2016 seulement, sont attribuables à une surdose accidentelle. La crise sévit maintenant aussi en Ontario, où elle coûte la vie à environ deux personnes par jour.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le gouvernement se montre lent à réagir. Nous sommes à la recherche d’une solution comme un toxicomane cherche sa prochaine dose : de façon improvisée et sans plan. Peu de progrès ont été accomplis pour accroître l’accès au traitement, et en l’absence d’une stratégie antidrogue provinciale et/ou nationale pour lutter contre les problèmes auxquels nous sommes confrontés, notre capacité d’intervention s’est révélée essentiellement embarrassante. À l’heure actuelle, dans la plupart des provinces et des territoires, les toxicomanes qui souhaitent suivre un traitement en établissement se heurtent toujours à une attente de cinq à six mois, et s’il est vrai que le traitement n’est peut-être pas la solution pour les personnes qui ne veulent pas en suivre un, nous devons augmenter les occasions d’obtenir de l’aide pour les personnes qui souhaitent se sevrer, et en ce moment, les mesures nécessaires pour cela ne sont pas prises ou sont mises en œuvre avec une extrême lenteur.

Le projet de loi C-37 a récemment été adopté, avec des amendements, par la Chambre des communes et le Sénat. Il contient plusieurs dispositions qui visent à moderniser les lois pour réduire la capacité des criminels – qu’il s’agisse de groupes ou d’individus – à offrir des produits illégaux sur le marché noir. Le projet de loi vise à renforcer la capacité des organismes d’application de la loi de s’attaquer à la chaîne d’approvisionnement leur permettant de cibler les livraisons pour éviter qu’elles n’atteignent les fabricants de drogues illégales; à donner de nouveaux pouvoirs au ministre afin de lui permettre d’intervenir plus rapidement contre le commerce illégal pour agir et réagir de manière plus efficace; à éliminer certains des obstacles connus pour permettre aux autorités locales de demander et de recevoir rapidement l’autorisation d’ouvrir un centre de consommation supervisée.

La réalité est que de nos jours, des groupes du crime organisé sont impliqués dans la fabrication d’opioïdes illégaux et extrêmement dangereux. Nous l’avons constaté dans la vague de décès qui s’est produite au Canada en raison de ces criminels qui mélangent du fentanyl à leurs produits, qu’ils vendent ensuite à bas prix, alors que rien n’est en place pour protéger les consommateurs. La vaste majorité des décès par surdose qui surviennent au Canada sont attribuables à des opioïdes fabriqués et vendus illégalement. Cela a eu un effet dévastateur sur nos communautés et provoqué la mort et le désespoir chez les consommateurs de ces opioïdes de mauvaise qualité. Les centres de consommation offrent du soutien aux toxicomanes, mais, pour être franc, une de leurs tâches est d’essayer de sauver la vie des toxicomanes en leur administrant de la naloxone afin de contrer le poison qu’ils ont consommé.

Les substances achetées par les toxicomanes sont illégales. La plupart du temps, il ne s’agit pas de produits pharmacologiques légitimes, mais de poisons fabriqués dans un sous-sol par un groupe criminel dans le seul but de faire de l’argent sur le dos des toxicomanes. Ces substances font courir à ceux qui les consomment des dangers allant bien au-delà de la simple dépendance.

Les amendements apportés au projet de loi C‑37 modifient clairement le fonctionnement des centres de consommation supervisés en indiquant que « la personne responsable de superviser directement, au site de consommation supervisée, la consommation de substances désignées est tenue d’offrir aux usagers du site des options de pharmacothérapie avant qu’ils y consomment des substances illicites obtenues d’une manière non autorisée sous le régime de la présente loi. »

Ainsi, le toxicomane pourra se rendre à une clinique, avec ou sans substance illégale, et se voir offrir une substance pharmaceutique par un médecin plutôt que par un revendeur de drogue. Le toxicomane n’aura pas à commettre de crimes pour se procurer la substance.

Le toxicomane n’aura pas à craindre de mourir par surdose pour avoir utilisé un poison acheté à un revendeur.

La population n’aura pas à craindre d’être victime d’un crime commis par un toxicomane qui veut se procurer de l’argent pour payer son fournisseur.

En Suisse, où il est déjà utilisé, ce modèle a radicalement réduit la consommation de drogues illégales ainsi que la criminalité associée à la fabrication de drogues, en plus de presque éradiquer les activités criminelles auxquelles un grand nombre de toxicomanes s’adonnaient.

Le projet de loi dans sa forme modifiée offrira des solutions aux toxicomanes pour qu’ils consomment ailleurs que dans le cadre dans lequel ils le faisaient auparavant, et nous espérons que cela aidera la société, car la toxicomanie est un problème qui devrait être géré par le toxicomane et un médecin, et non par le toxicomane, son revendeur, les victimes de ses crimes, le crime organisé et un médecin.

Le sénateur Vernon « Vern » White représente l’Ontario et est l’ancien chef du Service de police d’Ottawa.

Cet article est paru dans l’édition du 15 mai 2017 de National Newswatch (en anglais seulement).

Avis aux lecteurs : L’honorable Vernon White a pris sa retraite du Sénat du Canada en octobre 2022. Apprenez-en advantage sur son travail au Parlement.

 

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