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Les compressions à l’Université Laurentienne sont catastrophiques et créent un dangereux précédent : sénatrice Forest-Niesing

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La communauté de Sudbury et de tout le Nord de l’Ontario est sous le choc depuis le 1er février dernier à la suite de l’annonce d’insolvabilité de l’Université Laurentienne et du processus de restructuration sous supervision judiciaire qu’elle a entrepris en invoquant la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

Rien de moins qu’une première canadienne pour une institution publique. Le 12 avril dernier, l’Université Laurentienne a annoncé le résultat des examens comptables froids et sans considération humaine effectués par les avocats de Toronto.

Le couperet a tombé — 28 programmes francophones ont été éliminés; plus d’une centaine d’enseignants ont perdu leur emploi (certaines étant même privées de leur congé de maternité); et plusieurs pourraient voir leur pension être fortement diminuée. Les étudiants, les enseignants, le personnel ainsi que toute la communauté du Nord de l’Ontario se voient ainsi devant une perte incommensurable.

Il est question de l’Université Laurentienne, la plus grande et la plus ancienne université du nord de la province. Sa désignation bilingue, son caractère triculturel (puisqu’elle offre des programmes anglais, français et autochtones) et sa qualité de pilier essentiel à l’économie représentent tous des éléments vitaux qui assurent la qualité de vie du nord de l’Ontario.

La communauté est forcément bouleversée par cette situation mais pourrait n’être que la première à expérimenter une telle perte face à ce dangereux précédent. Nous savons bien que l’Université Laurentienne n’est pas seule à faire face à des défis financiers. Il serait complètement dévastateur de voir d’autres institutions publiques, dans les autres régions du pays, entamer le même processus pour se protéger contre leurs créanciers. C’est du jamais vu!

Nous sommes vis-à-vis une situation d’urgence globale à laquelle la Chambre des communes a répondu rapidement et fortement. Le lendemain de l’annonce des compressions par l’Université Laurentienne, une motion appuyant la communauté franco-ontarienne et rappelant le rôle primordial de l’éducation supérieure en français pour la vitalité des communautés francophones et acadiennes a été adoptée à l’unanimité suivi d’un débat d’urgence de quatre heures dans la soirée du lendemain le 14 avril.

Le gouvernement du Québec s’est également montré solidaire en adoptant une motion unanime pour dénoncer les compressions à l’Université Laurentienne.

En tant que sénatrice du Nord de l’Ontario, il m’est apparu prioritaire de présenter une motion semblable au Sénat afin de permettre au Parlement et aux parlementaires de parler d’une seule voix. Le 20 avril, après avoir lu une déclaration sur les développements inquiétants à l’Université Laurentienne, j’ai donné préavis à la Chambre rouge que je proposerais la motion suivante lors de la prochaine séance du Sénat :  

« Que le Sénat :

  1. s’inquiète de la fermeture à l’Université Laurentienne à Sudbury, de 58 programmes de premier cycle et 11 programmes d’études avancées, dont 28 programmes en français représentant 58 % des programmes francophones, et du licenciement de 110 professeurs, dont près de la moitié sont francophones;
  2. réitère sa solidarité à l’égard de la communauté franco-ontarienne;
  3. rappelle le rôle primordial de l’éducation supérieure en français pour la vitalité des communautés franco-canadiennes et acadiennes et la responsabilité de défendre et de promouvoir les droits linguistiques, tels qu’ils sont exprimés dans la Charte canadienne des droits et libertéset la Loi sur les langues officielles
  4. exhorte le gouvernement du Canada à prendre toutes les mesures nécessaires, conformément à ses compétences, pour assurer l’épanouissement et le développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. »

Étant donné l’urgence de la situation, le consentement a été demandé afin que la motion puisse être étudiée et qu’un vote à ce sujet puisse se tenir plus tard le même jour. Malgré un appui considérable de sénateurs de tous les groupes et caucus au Sénat, des sénateurs conservateurs ont nié le consentement unanime requis. 

Dans le contexte de la pandémie à laquelle nous faisons tous face, le Sénat ne siège pas aussi fréquemment qu’à l’habitude. La prochaine séance du Sénat étant prévue pour le 4 mai prochain, effectuer l’étude de cette motion à ce moment-là ne tient pas compte de l’urgence de la situation, ni du fait que c’est maintenant qu’il faut tout faire pour influencer les paliers gouvernementaux fédéral et provincial à trouver une solution afin d’éviter une telle défaillance. 

La communauté francophone minoritaire du Nord de l’Ontario dépend de l’Université Laurentienne pour son épanouissement, son appui et son avenir. J’exhorte la population canadienne à appuyer la communauté qui se voit obligée, encore une fois, de défendre ses droits constitutionnels et quasi constitutionnels en termes de langues officielles et d’éducation postsecondaire.


Avis aux lecteurs : L’honorable Josée Forest-Niesing est décédée le 20 novembre 2021. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.

Une version de cet article a été publiée le 22 avril 2021 dans le Sudbury Star (en anglais seulement).

La communauté de Sudbury et de tout le Nord de l’Ontario est sous le choc depuis le 1er février dernier à la suite de l’annonce d’insolvabilité de l’Université Laurentienne et du processus de restructuration sous supervision judiciaire qu’elle a entrepris en invoquant la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

Rien de moins qu’une première canadienne pour une institution publique. Le 12 avril dernier, l’Université Laurentienne a annoncé le résultat des examens comptables froids et sans considération humaine effectués par les avocats de Toronto.

Le couperet a tombé — 28 programmes francophones ont été éliminés; plus d’une centaine d’enseignants ont perdu leur emploi (certaines étant même privées de leur congé de maternité); et plusieurs pourraient voir leur pension être fortement diminuée. Les étudiants, les enseignants, le personnel ainsi que toute la communauté du Nord de l’Ontario se voient ainsi devant une perte incommensurable.

Il est question de l’Université Laurentienne, la plus grande et la plus ancienne université du nord de la province. Sa désignation bilingue, son caractère triculturel (puisqu’elle offre des programmes anglais, français et autochtones) et sa qualité de pilier essentiel à l’économie représentent tous des éléments vitaux qui assurent la qualité de vie du nord de l’Ontario.

La communauté est forcément bouleversée par cette situation mais pourrait n’être que la première à expérimenter une telle perte face à ce dangereux précédent. Nous savons bien que l’Université Laurentienne n’est pas seule à faire face à des défis financiers. Il serait complètement dévastateur de voir d’autres institutions publiques, dans les autres régions du pays, entamer le même processus pour se protéger contre leurs créanciers. C’est du jamais vu!

Nous sommes vis-à-vis une situation d’urgence globale à laquelle la Chambre des communes a répondu rapidement et fortement. Le lendemain de l’annonce des compressions par l’Université Laurentienne, une motion appuyant la communauté franco-ontarienne et rappelant le rôle primordial de l’éducation supérieure en français pour la vitalité des communautés francophones et acadiennes a été adoptée à l’unanimité suivi d’un débat d’urgence de quatre heures dans la soirée du lendemain le 14 avril.

Le gouvernement du Québec s’est également montré solidaire en adoptant une motion unanime pour dénoncer les compressions à l’Université Laurentienne.

En tant que sénatrice du Nord de l’Ontario, il m’est apparu prioritaire de présenter une motion semblable au Sénat afin de permettre au Parlement et aux parlementaires de parler d’une seule voix. Le 20 avril, après avoir lu une déclaration sur les développements inquiétants à l’Université Laurentienne, j’ai donné préavis à la Chambre rouge que je proposerais la motion suivante lors de la prochaine séance du Sénat :  

« Que le Sénat :

  1. s’inquiète de la fermeture à l’Université Laurentienne à Sudbury, de 58 programmes de premier cycle et 11 programmes d’études avancées, dont 28 programmes en français représentant 58 % des programmes francophones, et du licenciement de 110 professeurs, dont près de la moitié sont francophones;
  2. réitère sa solidarité à l’égard de la communauté franco-ontarienne;
  3. rappelle le rôle primordial de l’éducation supérieure en français pour la vitalité des communautés franco-canadiennes et acadiennes et la responsabilité de défendre et de promouvoir les droits linguistiques, tels qu’ils sont exprimés dans la Charte canadienne des droits et libertéset la Loi sur les langues officielles
  4. exhorte le gouvernement du Canada à prendre toutes les mesures nécessaires, conformément à ses compétences, pour assurer l’épanouissement et le développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. »

Étant donné l’urgence de la situation, le consentement a été demandé afin que la motion puisse être étudiée et qu’un vote à ce sujet puisse se tenir plus tard le même jour. Malgré un appui considérable de sénateurs de tous les groupes et caucus au Sénat, des sénateurs conservateurs ont nié le consentement unanime requis. 

Dans le contexte de la pandémie à laquelle nous faisons tous face, le Sénat ne siège pas aussi fréquemment qu’à l’habitude. La prochaine séance du Sénat étant prévue pour le 4 mai prochain, effectuer l’étude de cette motion à ce moment-là ne tient pas compte de l’urgence de la situation, ni du fait que c’est maintenant qu’il faut tout faire pour influencer les paliers gouvernementaux fédéral et provincial à trouver une solution afin d’éviter une telle défaillance. 

La communauté francophone minoritaire du Nord de l’Ontario dépend de l’Université Laurentienne pour son épanouissement, son appui et son avenir. J’exhorte la population canadienne à appuyer la communauté qui se voit obligée, encore une fois, de défendre ses droits constitutionnels et quasi constitutionnels en termes de langues officielles et d’éducation postsecondaire.


Avis aux lecteurs : L’honorable Josée Forest-Niesing est décédée le 20 novembre 2021. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.

Une version de cet article a été publiée le 22 avril 2021 dans le Sudbury Star (en anglais seulement).

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