Les solutions à la pièce ne sauveront pas un système de santé fragile : sénatrice Burey
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Les fortes pressions qui s’exercent sur notre système de soins de santé ont ravivé l’intérêt pour sa revitalisation.
Bien qu’on ait besoin d’idées audacieuses, nous devons nous prémunir contre les conséquences indésirables.
Parmi les solutions proposées, il y a ce qu’on appelle le « permis d’exercice pancanadien », qui permettrait à un médecin de travailler dans toutes les provinces et tous les territoires du pays.
À l’heure actuelle, les médecins sont régis et surveillés par des ordres provinciaux et territoriaux. En tant que pédiatre de l’Ontario, je suis membre de l’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario; sauf dans de rares exceptions, pour pratiquer ailleurs au Canada, je dois être membre de l’ordre de la province ou du territoire concerné.
L’idée de permettre aux médecins de travailler partout au Canada a l’appui de l’Association médicale canadienne et d’autres éminents groupes médicaux. L’Association soutient que les patients ainsi que les médecins seraient mieux servis par un permis d’exercice pancanadien, en particulier dans les régions rurales et éloignées du pays, où les soins virtuels pourraient accroître l’offre de services de santé.
Les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) montrent sans l’ombre d’un doute que le service en zones rurales et éloignées doit être amélioré — le Canada a la plus faible densité de médecins ruraux par rapport aux pays de l’OCDE comparables (en anglais seulement).
Toutefois, est-ce qu’un permis d’exercice pancanadien est une panacée ou une boîte de Pandore?
Les études exhaustives sur les conséquences des soins virtuels sont insuffisantes et les études sur les promesses et les embûches des soins virtuels sont mitigées (en anglais seulement). Des soins épisodiques et fragmentés, sans continuité, peuvent empirer la situation et mener à des soins plus coûteux.
Dans certains cas, il peut être extrêmement pratique et productif d’avoir une consultation médicale dans le confort de son chez-soi. Mais la médecine est un art aussi bien qu’une science, et des indices subtils qui peuvent être manifestes pour un médecin lors d’un rendez-vous en personne peuvent ne pas être décelés lors d’une consultation par écran interposé.
Par ailleurs, le manque d’accès à l’Internet haute vitesse adéquat dans les zones rurales et éloignées est un sérieux problème – une connexion défaillante et de faible qualité est un obstacle pour la communication entre le patient et le médecin, et donc pour le diagnostic. De plus, les personnes qui n’ont pas les moyens de s’acheter un appareil doté d’une bonne caméra Web seront encore une fois désavantagées.
Certains défenseurs des soins de santé suggèrent que les plateformes de soins virtuels pourraient permettre de profiter d’un système de permis d’exercice pancanadien pour réaliser des gains financiers considérables tout en offrant peu au niveau des soins réels. De plus, une plus grande mobilité pourrait attirer des professionnels médicaux dans les centres urbains, plus lucratifs, laissant les secteurs mal desservis encore plus démunis.
Avant ma nomination au Sénat, j’ai été pédiatre pendant plus de 30 ans, et j’ai consacré ma carrière à améliorer la santé et le bien-être des enfants de partout en Ontario. Au fil de ces années, j’ai vu le système de santé exceller – et je l’ai vu défaillir. Je sais qu’il n’existe pas de solution magique aux malheurs de notre système de santé.
Je pense qu’un permis d’exercice pancanadien peut aider à résoudre certains problèmes dans le système de soins de santé, mais il en faudra plus pour atteindre l’objectif premier de la Loi canadienne sur la santé qui est de « protéger, favoriser et d’améliorer le bien-être physique et mental des habitants du Canada et de faciliter un accès satisfaisant aux services de santé, sans obstacles d’ordre financier ou autre ».
Il y a un risque que les politiciens et les leaders en santé qui cherchent à montrer qu’ils prennent des décisions et des mesures dans le dossier de la santé se félicitent pour leur leadership — tout en ignorant les autres problèmes systémiques.
En effet, le gouvernement de l’Ontario a récemment tenu une conférence de presse (en anglais seulement) pour annoncer avec éclat une règle « de plein droit » pour permettre aux travailleurs de la santé canadiens de travailler en Ontario sur-le-champ, peu importe où ils sont inscrits.
Le tissu du système de soins de santé du Canada est vieux et il s’effiloche rapidement. Le rapiéçage ne suffit plus. Nous devons tisser un nouveau système – le permis d’exercice canadien n’en constitue qu’un seul fil.
L’honorable Sharon Burey a été nommée au Sénat en novembre après une carrière distinguée en tant que médecin en pédiatrie comportementale. Elle représente l’Ontario au Sénat.
Cet article a été publié le 6 février 2023 dans The Hill Times (en anglais seulement).
Les fortes pressions qui s’exercent sur notre système de soins de santé ont ravivé l’intérêt pour sa revitalisation.
Bien qu’on ait besoin d’idées audacieuses, nous devons nous prémunir contre les conséquences indésirables.
Parmi les solutions proposées, il y a ce qu’on appelle le « permis d’exercice pancanadien », qui permettrait à un médecin de travailler dans toutes les provinces et tous les territoires du pays.
À l’heure actuelle, les médecins sont régis et surveillés par des ordres provinciaux et territoriaux. En tant que pédiatre de l’Ontario, je suis membre de l’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario; sauf dans de rares exceptions, pour pratiquer ailleurs au Canada, je dois être membre de l’ordre de la province ou du territoire concerné.
L’idée de permettre aux médecins de travailler partout au Canada a l’appui de l’Association médicale canadienne et d’autres éminents groupes médicaux. L’Association soutient que les patients ainsi que les médecins seraient mieux servis par un permis d’exercice pancanadien, en particulier dans les régions rurales et éloignées du pays, où les soins virtuels pourraient accroître l’offre de services de santé.
Les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) montrent sans l’ombre d’un doute que le service en zones rurales et éloignées doit être amélioré — le Canada a la plus faible densité de médecins ruraux par rapport aux pays de l’OCDE comparables (en anglais seulement).
Toutefois, est-ce qu’un permis d’exercice pancanadien est une panacée ou une boîte de Pandore?
Les études exhaustives sur les conséquences des soins virtuels sont insuffisantes et les études sur les promesses et les embûches des soins virtuels sont mitigées (en anglais seulement). Des soins épisodiques et fragmentés, sans continuité, peuvent empirer la situation et mener à des soins plus coûteux.
Dans certains cas, il peut être extrêmement pratique et productif d’avoir une consultation médicale dans le confort de son chez-soi. Mais la médecine est un art aussi bien qu’une science, et des indices subtils qui peuvent être manifestes pour un médecin lors d’un rendez-vous en personne peuvent ne pas être décelés lors d’une consultation par écran interposé.
Par ailleurs, le manque d’accès à l’Internet haute vitesse adéquat dans les zones rurales et éloignées est un sérieux problème – une connexion défaillante et de faible qualité est un obstacle pour la communication entre le patient et le médecin, et donc pour le diagnostic. De plus, les personnes qui n’ont pas les moyens de s’acheter un appareil doté d’une bonne caméra Web seront encore une fois désavantagées.
Certains défenseurs des soins de santé suggèrent que les plateformes de soins virtuels pourraient permettre de profiter d’un système de permis d’exercice pancanadien pour réaliser des gains financiers considérables tout en offrant peu au niveau des soins réels. De plus, une plus grande mobilité pourrait attirer des professionnels médicaux dans les centres urbains, plus lucratifs, laissant les secteurs mal desservis encore plus démunis.
Avant ma nomination au Sénat, j’ai été pédiatre pendant plus de 30 ans, et j’ai consacré ma carrière à améliorer la santé et le bien-être des enfants de partout en Ontario. Au fil de ces années, j’ai vu le système de santé exceller – et je l’ai vu défaillir. Je sais qu’il n’existe pas de solution magique aux malheurs de notre système de santé.
Je pense qu’un permis d’exercice pancanadien peut aider à résoudre certains problèmes dans le système de soins de santé, mais il en faudra plus pour atteindre l’objectif premier de la Loi canadienne sur la santé qui est de « protéger, favoriser et d’améliorer le bien-être physique et mental des habitants du Canada et de faciliter un accès satisfaisant aux services de santé, sans obstacles d’ordre financier ou autre ».
Il y a un risque que les politiciens et les leaders en santé qui cherchent à montrer qu’ils prennent des décisions et des mesures dans le dossier de la santé se félicitent pour leur leadership — tout en ignorant les autres problèmes systémiques.
En effet, le gouvernement de l’Ontario a récemment tenu une conférence de presse (en anglais seulement) pour annoncer avec éclat une règle « de plein droit » pour permettre aux travailleurs de la santé canadiens de travailler en Ontario sur-le-champ, peu importe où ils sont inscrits.
Le tissu du système de soins de santé du Canada est vieux et il s’effiloche rapidement. Le rapiéçage ne suffit plus. Nous devons tisser un nouveau système – le permis d’exercice canadien n’en constitue qu’un seul fil.
L’honorable Sharon Burey a été nommée au Sénat en novembre après une carrière distinguée en tant que médecin en pédiatrie comportementale. Elle représente l’Ontario au Sénat.
Cet article a été publié le 6 février 2023 dans The Hill Times (en anglais seulement).