Nous devrons tous œuvrer pour mettre fin à la violence envers les femmes : sénatrice Dasko
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Le 32e anniversaire de la tuerie du 6 décembre à l’École polytechnique nous a rappelé, encore une fois, que la violence faite aux femmes a de graves conséquences sur notre société.
Cette année, alors que nous examinons les dommages causés par la pandémie de COVID‑19, nous ne pouvons passer sous silence la violence familiale et les nouvelles recherches qui montrent que les fémicides sont en hausse. Selon l’Observatoire canadien du fémicide pour la justice et la responsabilisation (un groupe qui s’efforce de mesurer et de comprendre les causes et les conséquences des fémicides), 92 femmes et filles ont été tuées au Canada au cours des six premiers mois de 2021, alors que l’on en comptait 78 à la même période en 2020, et 60 en 2019.
Le ministère des Femmes et de l’Égalité des genres du Canada a aussi publié des données sur l’augmentation de la violence fondée sur le sexe pendant la pandémie. Parmi ces données, l’Association des maisons d’hébergement et de transition de l’Ontario, un réseau de plus de 70 refuges, a fait état d’une augmentation de 20 % de la demande d’accueil entre mars et septembre 2020. Toujours en Ontario, la ligne d’aide aux femmes victimes d’agression a signalé une augmentation de 65 % des appels entre octobre et décembre 2020 par rapport à la même période l’année précédente.
En octobre, j’ai travaillé en collaboration avec l’Environics Institute à la préparation d’un sondage national (en anglais seulement) afin d’étudier l’opinion de la population sur les problèmes vécus par les femmes du Canada. Nous avons constaté que la violence familiale est considérée comme le problème le plus important, surpassant les questions d’ordre économique comme l’équité salariale et la pauvreté. Au total, 83 % des Canadiens (86 % des femmes et 80 % des hommes) ont dit que la violence à la maison est un problème important pour les femmes qui vivent au Canada aujourd’hui. Chez les femmes, les inquiétudes sont grandes dans tous les groupes d’âge, toutes les régions et tous les milieux.
De plus, le sondage a permis de constater que 77 % des Canadiens (82 % des femmes et 72 % des hommes) considèrent que la violence faite aux femmes dans la société en général est très importante.
Les inquiétudes des Canadiens à propos de la violence n’ont pas diminué au fil du temps. En 1992, 79 % des Canadiens considéraient que la violence familiale était un problème très important pour les femmes, et 77 % voyaient la violence sociétale du même œil. En fait, la population est de plus en plus sensibilités à ces questions.
Que peut-on faire?
Les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux ainsi que les organisations non gouvernementales, comme la Fondation canadienne des femmes et le YMCA, déploient beaucoup d’efforts dans ce domaine depuis des décennies.
Les campagnes de sensibilisation de population peuvent être lancées par n’importe quel ordre de gouvernement et s’adresser au public de façon générale ou cibler des groupes précis. Le 6 décembre constitue une journée de commémoration publique de haute visibilité qui fait partie des 16 jours d’activisme contre la violence fondée sur le sexe. Ces 16 jours commencent le 25 novembre, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, et se terminent le 10 décembre, lors de la Journée internationale des droits de la personne.
Il faut offrir des services de counseling et aider les refuges.
Les provinces financent ces services depuis de nombreuses années. Récemment, par exemple, le Québec a annoncé qu’il offrirait des services de consultation gratuits aux victimes de violence familiale et d’abus sexuels. En février 2021, l’Ontario s’est engagé à verser 550 000 $ pour des logements destinés aux femmes autochtones de Sault Ste. Marie et à leurs enfants afin d’aider les personnes qui fuient la violence familiale et qui sont sans abri ou risque de le devenir pendant la pandémie de COVID‑19.
Le gouvernement fédéral s’est quant à lui engagé à consacrer 200 millions de dollars à de nombreuses activités de lutte contre la violence fondée sur le sexe sur une période de cinq ans. L’argent servira notamment à financer des activités de prévention et de sensibilisation, à aider les survivants, particulièrement au sein des communautés autochtones, et à appuyer des initiatives en matière de justice, comme la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants en ligne. Le gouvernement fédéral est aussi déterminé à s’attaquer aux problèmes bien enracinés d’agressions sexuelles au sein des Forces canadiennes et de la GRC. Enfin, le gouvernement consacre aussi plus de 30 millions de dollars à la collecte et à l’échange de données.
Les mesures législatives sont tout aussi importantes. Prenons pour exemple la Loi sur le divorce : pendant de nombreuses années, « l’intérêt de l’enfant » constituait le principe de base pour établir les modalités de la garde des enfants. Cependant, en 2019, pour la première fois, les modifications apportées à la loi sur le divorce indiquent que la présence de violence au sein du foyer devait être prise en compte par les tribunaux pour déterminer l’intérêt supérieur de l’enfant et pour décider quel parent recevra la garde.
La lutte contre la violence faite aux femmes requiert les efforts conjugués des gouvernements, de la société civile et du public. Le fait qu’un si grand nombre de Canadiens soient sensibles à cette question suppose que chaque Canadien se mobilisera contre la violence et la dénoncera, en plus de soutenir les mesures rigoureuses qui nous permettront d’avancer dans l’ère post-COVID.
La sénatrice Donna Dasko est une ancienne spécialiste des sondages. Elle représente l’Ontario au Sénat.
Le 32e anniversaire de la tuerie du 6 décembre à l’École polytechnique nous a rappelé, encore une fois, que la violence faite aux femmes a de graves conséquences sur notre société.
Cette année, alors que nous examinons les dommages causés par la pandémie de COVID‑19, nous ne pouvons passer sous silence la violence familiale et les nouvelles recherches qui montrent que les fémicides sont en hausse. Selon l’Observatoire canadien du fémicide pour la justice et la responsabilisation (un groupe qui s’efforce de mesurer et de comprendre les causes et les conséquences des fémicides), 92 femmes et filles ont été tuées au Canada au cours des six premiers mois de 2021, alors que l’on en comptait 78 à la même période en 2020, et 60 en 2019.
Le ministère des Femmes et de l’Égalité des genres du Canada a aussi publié des données sur l’augmentation de la violence fondée sur le sexe pendant la pandémie. Parmi ces données, l’Association des maisons d’hébergement et de transition de l’Ontario, un réseau de plus de 70 refuges, a fait état d’une augmentation de 20 % de la demande d’accueil entre mars et septembre 2020. Toujours en Ontario, la ligne d’aide aux femmes victimes d’agression a signalé une augmentation de 65 % des appels entre octobre et décembre 2020 par rapport à la même période l’année précédente.
En octobre, j’ai travaillé en collaboration avec l’Environics Institute à la préparation d’un sondage national (en anglais seulement) afin d’étudier l’opinion de la population sur les problèmes vécus par les femmes du Canada. Nous avons constaté que la violence familiale est considérée comme le problème le plus important, surpassant les questions d’ordre économique comme l’équité salariale et la pauvreté. Au total, 83 % des Canadiens (86 % des femmes et 80 % des hommes) ont dit que la violence à la maison est un problème important pour les femmes qui vivent au Canada aujourd’hui. Chez les femmes, les inquiétudes sont grandes dans tous les groupes d’âge, toutes les régions et tous les milieux.
De plus, le sondage a permis de constater que 77 % des Canadiens (82 % des femmes et 72 % des hommes) considèrent que la violence faite aux femmes dans la société en général est très importante.
Les inquiétudes des Canadiens à propos de la violence n’ont pas diminué au fil du temps. En 1992, 79 % des Canadiens considéraient que la violence familiale était un problème très important pour les femmes, et 77 % voyaient la violence sociétale du même œil. En fait, la population est de plus en plus sensibilités à ces questions.
Que peut-on faire?
Les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux ainsi que les organisations non gouvernementales, comme la Fondation canadienne des femmes et le YMCA, déploient beaucoup d’efforts dans ce domaine depuis des décennies.
Les campagnes de sensibilisation de population peuvent être lancées par n’importe quel ordre de gouvernement et s’adresser au public de façon générale ou cibler des groupes précis. Le 6 décembre constitue une journée de commémoration publique de haute visibilité qui fait partie des 16 jours d’activisme contre la violence fondée sur le sexe. Ces 16 jours commencent le 25 novembre, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, et se terminent le 10 décembre, lors de la Journée internationale des droits de la personne.
Il faut offrir des services de counseling et aider les refuges.
Les provinces financent ces services depuis de nombreuses années. Récemment, par exemple, le Québec a annoncé qu’il offrirait des services de consultation gratuits aux victimes de violence familiale et d’abus sexuels. En février 2021, l’Ontario s’est engagé à verser 550 000 $ pour des logements destinés aux femmes autochtones de Sault Ste. Marie et à leurs enfants afin d’aider les personnes qui fuient la violence familiale et qui sont sans abri ou risque de le devenir pendant la pandémie de COVID‑19.
Le gouvernement fédéral s’est quant à lui engagé à consacrer 200 millions de dollars à de nombreuses activités de lutte contre la violence fondée sur le sexe sur une période de cinq ans. L’argent servira notamment à financer des activités de prévention et de sensibilisation, à aider les survivants, particulièrement au sein des communautés autochtones, et à appuyer des initiatives en matière de justice, comme la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants en ligne. Le gouvernement fédéral est aussi déterminé à s’attaquer aux problèmes bien enracinés d’agressions sexuelles au sein des Forces canadiennes et de la GRC. Enfin, le gouvernement consacre aussi plus de 30 millions de dollars à la collecte et à l’échange de données.
Les mesures législatives sont tout aussi importantes. Prenons pour exemple la Loi sur le divorce : pendant de nombreuses années, « l’intérêt de l’enfant » constituait le principe de base pour établir les modalités de la garde des enfants. Cependant, en 2019, pour la première fois, les modifications apportées à la loi sur le divorce indiquent que la présence de violence au sein du foyer devait être prise en compte par les tribunaux pour déterminer l’intérêt supérieur de l’enfant et pour décider quel parent recevra la garde.
La lutte contre la violence faite aux femmes requiert les efforts conjugués des gouvernements, de la société civile et du public. Le fait qu’un si grand nombre de Canadiens soient sensibles à cette question suppose que chaque Canadien se mobilisera contre la violence et la dénoncera, en plus de soutenir les mesures rigoureuses qui nous permettront d’avancer dans l’ère post-COVID.
La sénatrice Donna Dasko est une ancienne spécialiste des sondages. Elle représente l’Ontario au Sénat.