Perspectives — Du 30 avril-2 mai 2019
La semaine dernière au Sénat : Préoccupations à l’égard des projets de loi C-48 et C-69, le Mois du patrimoine juif, promotion des dons d’organes et de tissus au Canada et lutte contre les changements climatiques.
Gouvernement
Récemment, les Canadiens ont appris qu’en moyenne, le climat se réchauffe deux fois plus vite dans leur pays que dans le reste du monde et trois fois plus vite dans le Nord du Canada que n’importe où ailleurs dans le monde.
C’est ce que révèle une nouvelle étude du gouvernement intitulée « Rapport sur le climat changeant du Canada (RCCC) » et signée par des scientifiques d’Environnement et Changement Climatique Canada, de Pêches et Océans Canada et de Ressources naturelles Canada, ainsi que par des experts universitaires de toutes les parties du pays.
Le rapport indique que, depuis 1948, la température annuelle moyenne du Canada dans les zones terrestres a augmenté de 1,7o C. Dans le Nord du Canada, cette hausse a été de 2,3o C.
Le RCCC précise que, même si le réchauffement au Canada est le résultat de l’activité humaine et des variations naturelles du climat, « le facteur humain est la cause dominante », surtout lorsqu’il s’agit des émissions de gaz à effet de serre.
Par conséquent, à mesure que la température moyenne augmentera, le Canada verra des précipitations plus fortes en hiver, des risques d’inondation plus fréquents au printemps et des pénuries d’eau en été. De plus, le réchauffement intensifiera la gravité des vagues de chaleur et accentuera les risques de sécheresse et de feux incontrôlés.
Il s’agit là d’une perspective vraiment sinistre qui nécessite l’adoption de mesures immédiates par toute la population canadienne.
Le gouvernement fédéral montre la voie à suivre en présentant un plan détaillé pour aider le Canada à atteindre ses objectifs quant à la réduction des émissions, à faire croître son économie et à renforcer la résilience aux changements climatiques. Tous ensemble, nous devons nous soucier en priorité de protéger notre environnement et chercher à renverser les effets des changements climatiques avant qu’il ne soit trop tard.
Opposition
Au cours des dernières semaines, les sénateurs ont écouté les Canadiens s’exprimer sur les incidences des projets de loi C-48 et C-69. L’inquiétude grandit dans tout le pays, c’est le moins que l’on puisse dire.
Nous avons entendu les Premières Nations de la Colombie‑Britannique dire qu’elles s’opposent au gouvernement fédéral qui entrave unilatéralement leur droit à l’autodétermination et leur capacité de développer leur économie. Jason Kenney, nouvellement élu premier ministre de l’Alberta, a déclaré cette semaine que les projets de loi C‑69 et C‑48 attisent les flammes d’une crise sur l’unité nationale.
Bien que M. Kenny et l’ancienne première ministre Rachel Notley ne s’entendent pas sur bien des sujets, ils ont tous deux adressé de vigoureux messages à la Chambre haute en déclarant que ces projets de loi devaient être complètement refondus. La ministre Eyre, de la Saskatchewan, a également fait savoir clairement que son gouvernement s’opposait au projet de loi C‑48 dans sa forme actuelle.
Des Canadiens venant aussi bien de Terre-Neuve-et-Labrador que de la Colombie‑Britannique ont pris la parole pour dénoncer ces projets de loi. Le moment est venu de les examiner à fond. Nos sénateurs conservateurs mèneront la charge au Sénat pour proposer l’apport de changements importants à ces textes de loi de manière à prendre en compte les préoccupations exprimées par la population canadienne.
Les enjeux sont élevés, et nous devons agir judicieusement.
Libéraux au Sénat
La semaine dernière, j’ai proposé qu’ait lieu la deuxième lecture du projet de loi C‑316, Loi modifiant la Loi sur l’Agence du revenu du Canada (donneurs d’organes), qui met de l’avant un moyen très simple d’accroître au Canada le bassin des donneurs d’organes et de tissus.
S’il est adopté, ce projet de loi autoriserait l’emploi de la déclaration de revenus annuelle pour demander aux Canadiennes et aux Canadiens s’ils souhaitent devenir un donneur ou une donneuse enregistré(e) d’organes et de tissus. Dans l’affirmative, les renseignements seraient transmis aux provinces pour qu’elles les versent dans leurs registres.
Comme plus de 4 500 Canadiens attendent une transplantation, le temps compte. Un donneur peut sauver jusqu’à huit vies en faisant don de ses organes et il peut enrichir la vie d’environ 75 personnes en faisant don de tissus. Cependant, bien que 90 % des Canadiens soient en faveur des dons d’organes, seulement 25 % sont inscrits dans les registres de donneurs. En fait, le Canada affiche un des taux de donneurs d’organes les plus faibles du monde industrialisé.
Nous nous rappelons tous la collision meurtrière de Humboldt qui a fait 16 morts et 13 blessés. On a alors appris qu’une des victimes du tragique accident, Logan Boulet, avait signé une carte de donneur d’organes quelques semaines avant l’accident; cela en a encouragé d’autres à l’imiter. Ce geste a permis à Logan de sauver six vies, et son histoire en sauvera d’innombrables autres.
Des progrès s’accomplissent, mais il y a encore du travail à faire. J’ai hâte que le projet de loi C‑316 soit adopté pour qu’un plus grand nombre de Canadiens puissent manifester leur volonté d’aider ceux et celles qui attendent une transplantation.
Groupe des Sénateurs Indépendants
Grâce aux efforts de la sénatrice Linda Frum, le 1er mai a marqué le début du Mois du patrimoine juif canadien; il s’agit de l’occasion de célébrer la culture juive et de réfléchir aux contributions importantes que beaucoup ont apportées et que d’autres continuent à faire. Le 1er mai est aussi le Jour commémoratif de l’Holocauste (appelé Yom ha‑Choah à l’étranger), c’est-à-dire le jour où Israël commémore la disparition d’environ six millions de juifs assassinés au cours de l’Holocauste.
Ce jour‑là, je me suis levé au Sénat pour saluer le regretté Philip Riteman, mari, père, homme d’affaires prospère et survivant de l’Holocauste.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Riteman et sa famille ont été capturés par le gouvernement nazi qui occupait la Pologne et ils ont été envoyés à Auschwitz. Seul Riteman — prisonnier numéro 98706 — a survécu. Après la guerre, des tantes de Riteman qui vivaient encore ont communiqué avec lui et l’ont encouragé à venir s’établir à Terre‑Neuve.
Terre‑Neuve ne s’était pas encore jointe à la Confédération canadienne et ne respectait donc pas la politique qui interdisait l’immigration juive chez nous. Dans son livre intitulé Millions of Souls, Riteman décrit son amour pour le peuple terre-neuvien et comment ce dernier lui a redonné foi en l’humanité en lui donnant tellement sans attendre quoi que ce soit en retour.
Quarante ans après l’Holocauste, Riteman a rompu son silence au sujet de ce dont il avait été témoin et de ce qu’il avait enduré. Se rendant dans les écoles, les universités, les églises et les bases militaires partout dans le monde, il a partagé ses douloureux souvenirs tout en professant son engagement en faveur d’une société plus juste.
Face à la récente vague d’antisémitisme, nous devons faire écho au message que Philip Riteman a fait valoir pendant toute sa vie : l’amour, et non la haine, peut conquérir le monde.