La politique derrière la préservation des phares avec gardien : sénateur MacDonald
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J’ai lu avec intérêt la chronique du 20 novembre de John DeMont (en anglais seulement) au sujet des phares automatisés. L’auteur de ce judicieux article déplore la perte des phares dotés en personnel en Nouvelle-Écosse. Étant natif de Louisbourg, j’ai toujours compris l’importance du gardien de phare; j’ai donc été troublé de constater que leur rôle essentiel était cavalièrement écarté par des bureaucrates éloignés et un gouvernement fédéral désengagé. Là où j’ai grandi, comme dans toutes les communautés côtières, le poste de gardien de phare était une fonction importante, convoitée et respectée.
Dans son article, M. DeMont déclare qu’il s’agit d’un mouvement populaire qui a sauvé les derniers gardiens de phare au Canada. Si je partage sa déception à l’égard de la perte des phares dotés en personnel en Nouvelle-Écosse, je ne partage pas ses conclusions sur le comment et le pourquoi de la préservation des derniers phares avec gardien. L’article omet de mentionner le rôle qu’a joué le Sénat du Canada dans le maintien de ces derniers phares avec gardien, et passe sous silence le fait important que le gouvernement fédéral était non seulement disposé à écouter, mais aussi prêt à renverser les programmes bureaucratiques.
En 2009, le ministère des Pêches et des Océans publiait un plan pour l’élimination des derniers postes de gardien de phare, comme cela avait été fait en Nouvelle-Écosse dans les années 1990. La ministre des Pêches et des Océans de l’époque, Gail Shea, a demandé que le plan soit mis en suspens et que le Comité sénatorial des pêches et des océans, dont je faisais partie, entreprenne une étude sur la question et en fasse rapport. Le comité sénatorial a tenu des audiences à Ottawa, ainsi que des missions d’étude à Terre-Neuve-et-Labrador et en Colombie-Britannique. Nous avons également visité des sites en Nouvelle-Écosse pour voir comment l’automatisation des phares y avait été vécue.
L’opposition à l’automatisation était généralisée sur les deux côtes. Les intervenants nous ont indiqué que les gardiens de phare étaient « les yeux et les oreilles » des navigateurs et qu’ils jouaient un rôle important en matière de sécurité maritime. Sur la côte Ouest en particulier, des centaines d’avions légers effectuent quotidiennement des vols entre le continent et l’île de Vancouver, et ces pilotes comptent sur les communications constantes avec les phares pour obtenir des renseignements sur l’évolution rapide des conditions météorologiques. Quand des vies sont en jeu, l’équipement automatisé ne peut se comparer avec la fiabilité du gardien de phare qui constate en temps réel les conditions météorologiques et maritimes.
Dans notre rapport final, nous avons conclu que « les économies résultant de l’automatisation des phares se paieront au prix fort – éventuellement en pertes de vies ». Nous avons recommandé que le ministère des Pêches et des Océans ne mette pas ce projet en œuvre. Le gouvernement Harper a écouté et a annulé le plan.
Cependant, les réactions négatives à l’égard des phares étaient modestes comparativement aux représentations faites l’année dernière lorsque deux comités sénatoriaux (auxquels je siégeais) ont entrepris d’examiner les controversés projets de loi C-69 et C-48. Une très grande majorité des témoignages entendus de partout au pays ont indiqué que ces projets de loi seraient nuisibles à notre prospérité. En se fondant sur les témoignages recueillis, le Sénat a proposé de nombreux amendements importants. Cependant, le gouvernement les a tous rejetés, pour ne retenir — avec l’aimable concours du soi-disant groupe des sénateurs « indépendants » — que les amendements qu’il avait lui-même proposés au Sénat, dont aucun ne tenait compte des préoccupations les plus graves soulevées par les principaux intéressés. Le gouvernement Trudeau a obstinément refusé d’écouter.
Je tiens à souligner que, pour influencer les décisions d’un gouvernement, le facteur le plus important n’est pas la taille du groupe de pression, mais la volonté des responsables du gouvernement à accepter les conseils éclairés. Tout comme John DeMont, je salue la décision de maintenir les derniers phares avec gardien, prise par le gouvernement conservateur précédent. Mais c’est le travail du Sénat et la disposition de personnes comme Gail Shea, Peter MacKay et Stephen Harper à donner suite à ses recommandations qui ont été déterminants.
Le sénateur Michael MacDonald représente la Nouvelle-Écosse au Sénat.
Cet article a été publié le 28 novembre 2019 dans le journal The Chronicle Herald (en anglais seulement).
J’ai lu avec intérêt la chronique du 20 novembre de John DeMont (en anglais seulement) au sujet des phares automatisés. L’auteur de ce judicieux article déplore la perte des phares dotés en personnel en Nouvelle-Écosse. Étant natif de Louisbourg, j’ai toujours compris l’importance du gardien de phare; j’ai donc été troublé de constater que leur rôle essentiel était cavalièrement écarté par des bureaucrates éloignés et un gouvernement fédéral désengagé. Là où j’ai grandi, comme dans toutes les communautés côtières, le poste de gardien de phare était une fonction importante, convoitée et respectée.
Dans son article, M. DeMont déclare qu’il s’agit d’un mouvement populaire qui a sauvé les derniers gardiens de phare au Canada. Si je partage sa déception à l’égard de la perte des phares dotés en personnel en Nouvelle-Écosse, je ne partage pas ses conclusions sur le comment et le pourquoi de la préservation des derniers phares avec gardien. L’article omet de mentionner le rôle qu’a joué le Sénat du Canada dans le maintien de ces derniers phares avec gardien, et passe sous silence le fait important que le gouvernement fédéral était non seulement disposé à écouter, mais aussi prêt à renverser les programmes bureaucratiques.
En 2009, le ministère des Pêches et des Océans publiait un plan pour l’élimination des derniers postes de gardien de phare, comme cela avait été fait en Nouvelle-Écosse dans les années 1990. La ministre des Pêches et des Océans de l’époque, Gail Shea, a demandé que le plan soit mis en suspens et que le Comité sénatorial des pêches et des océans, dont je faisais partie, entreprenne une étude sur la question et en fasse rapport. Le comité sénatorial a tenu des audiences à Ottawa, ainsi que des missions d’étude à Terre-Neuve-et-Labrador et en Colombie-Britannique. Nous avons également visité des sites en Nouvelle-Écosse pour voir comment l’automatisation des phares y avait été vécue.
L’opposition à l’automatisation était généralisée sur les deux côtes. Les intervenants nous ont indiqué que les gardiens de phare étaient « les yeux et les oreilles » des navigateurs et qu’ils jouaient un rôle important en matière de sécurité maritime. Sur la côte Ouest en particulier, des centaines d’avions légers effectuent quotidiennement des vols entre le continent et l’île de Vancouver, et ces pilotes comptent sur les communications constantes avec les phares pour obtenir des renseignements sur l’évolution rapide des conditions météorologiques. Quand des vies sont en jeu, l’équipement automatisé ne peut se comparer avec la fiabilité du gardien de phare qui constate en temps réel les conditions météorologiques et maritimes.
Dans notre rapport final, nous avons conclu que « les économies résultant de l’automatisation des phares se paieront au prix fort – éventuellement en pertes de vies ». Nous avons recommandé que le ministère des Pêches et des Océans ne mette pas ce projet en œuvre. Le gouvernement Harper a écouté et a annulé le plan.
Cependant, les réactions négatives à l’égard des phares étaient modestes comparativement aux représentations faites l’année dernière lorsque deux comités sénatoriaux (auxquels je siégeais) ont entrepris d’examiner les controversés projets de loi C-69 et C-48. Une très grande majorité des témoignages entendus de partout au pays ont indiqué que ces projets de loi seraient nuisibles à notre prospérité. En se fondant sur les témoignages recueillis, le Sénat a proposé de nombreux amendements importants. Cependant, le gouvernement les a tous rejetés, pour ne retenir — avec l’aimable concours du soi-disant groupe des sénateurs « indépendants » — que les amendements qu’il avait lui-même proposés au Sénat, dont aucun ne tenait compte des préoccupations les plus graves soulevées par les principaux intéressés. Le gouvernement Trudeau a obstinément refusé d’écouter.
Je tiens à souligner que, pour influencer les décisions d’un gouvernement, le facteur le plus important n’est pas la taille du groupe de pression, mais la volonté des responsables du gouvernement à accepter les conseils éclairés. Tout comme John DeMont, je salue la décision de maintenir les derniers phares avec gardien, prise par le gouvernement conservateur précédent. Mais c’est le travail du Sénat et la disposition de personnes comme Gail Shea, Peter MacKay et Stephen Harper à donner suite à ses recommandations qui ont été déterminants.
Le sénateur Michael MacDonald représente la Nouvelle-Écosse au Sénat.
Cet article a été publié le 28 novembre 2019 dans le journal The Chronicle Herald (en anglais seulement).