Des jeunes leaders autochtones sur la Colline
Le mardi 21 juin 2016, les membres du Comité sénatorial des Peuples autochtones ont invité 12 jeunes leaders autochtones des quatre coins du Canada à venir célébrer la Journée nationale des Autochtones.
Habituellement, le comité cherche à trouver des solutions aux problèmes qui affligent les communautés autochtones au Canada — des traités territoriaux à la pénurie de logements, en passant par la marginalisation économique — mais cette fois-ci, ce sont des exemples de réussite qui ont fait l’objet de la réunion.
« À un moment où le taux de suicide chez les jeunes domine les nouvelles, il est important de reconnaître que de jeunes leaders autochtones ont accompli de grandes choses qui inspirent leurs pairs partout au Canada, » a souligné le sénateur Dennis Patterson, vice-président du comité.
Écouter les jeunes leaders et leur donner les moyens d’améliorer le sort de leurs communautés est au cœur même de la réconciliation.
« Les jeunes leaders autochtones que le Comité sénatorial des Peuples autochtones a entendus ce matin participent activement à la recherche de solutions et à l’édification de communautés autochtones fortes, » a déclaré la sénatrice Lillian Eva Dyck, présidente du comité.
« Nous devons les écouter, car ils représentent l’avenir. »
Un rendez-vous avec l’avenir
Caitlin Tolley, Algonquine Anishinabe, Kitigan-Zibi, Québec
- Caitlin a été élue conseillère de bande à Kitigan-Zibi, à 21 ans, devenant ainsi la plus jeune personne à être élue chef et membre du Conseil. Elle a également représenté le Québec au Conseil national des jeunes de l’Assemblée des Premières Nations.
- Analyste politique auprès de la Direction des femmes de l’Ontario, à Toronto, elle travaille sur des dossiers qui concernent l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées au Canada.
- Titulaire d’un baccalauréat en science politique de l’Université d’Ottawa, elle est actuellement inscrite en troisième année du doctorat en droit à l’Université d’Ottawa. Elle aspire à pratiquer le droit afin de promouvoir l’égalité et obtenir justice pour les femmes autochtones canadiennes.
- Ancienne Miss Algonquin, elle a remporté la troisième place au concours Miss Indian World 2016.
« Mes ancêtres pensaient à nous au moment de négocier avec les colons; c’est pour nous qu’ils ont accepté de partager la terre que nous foulons aujourd’hui. Je suis ici pour vous dire que les Algonquins sont toujours là. Je suis ici aujourd’hui parce que mes ancêtres avaient la persévérance et la détermination de survivre, de s’adapter et d’évoluer tout au long de plus de 500 ans de colonisation.
En tant que jeune […] je trouve que la question la plus importante dans ma vie pour le moment, c’est la préservation de ma culture et de mes traditions. Si j’avais le financement nécessaire […] je ferais en sorte que la prochaine génération reçoive et puisse préserver nos enseignements traditionnels, parce que nous savons que la survie de nos langues est en péril. Nous savons que nos aînés meurent en emportant avec eux des connaissances sacrées. Nous savons que le territoire que nous occupons est en train de changer.
J’encourage les dirigeants autour de cette table à envisager la possibilité de se doter d’un conseiller algonquin, qu’il s’agisse d’un aîné ou d’un jeune; ce serait là une façon délicate de vous rappeler que vous êtes des invités. J’aimerais également mentionner que les dirigeants d’aujourd’hui doivent s’efforcer d’écouter plus et de parler moins, car il s’agit de l’humble façon de faire des Algonquins. Dans ma langue, on dit ‘Kikinendam Nongom, Niganin Wabang,’ ce qui signifie « apprendre aujourd’hui, guider demain. »
Tenille McDougall, nation Tsuu T’ina (Traité no 7), Fort Macleod, Alberta
- Coordonnatrice pour Fort Macleod dans le cadre d’une étude pilote réalisée par l’Université de Calgary appelée Welcome to Parenthood (W2P) (i.e. ‘Bienvenue dans la vie parentale’). Son travail consiste à recruter de nouvelles mères et à leur offrir du soutien sous forme d’information sur le développement de l’enfant et, en particulier, sur le développement du cerveau de l’enfant.
- Bénévole pour des causes importantes dans sa communauté comme la Coalition pour le développement des jeunes enfants et Fort Macleod Allied Arts.
- Elle planifie présentement un carnaval familial annuel qui permet de recueillir des fonds pour le Kids First Family Centre de Fort Macleod, un centre de liaison pour les parents.
- Mère de trois beaux enfants.
« J’ai eu mon premier enfant alors que j’étais seulement âgée de 20 ans. Je venais de terminer mes études, et j’ai dû retourner chez moi parce que j’avais besoin de soutien pour savoir quelle serait la prochaine étape de ma vie. Je devais sortir de ma zone de confort et rejoindre ma communauté. J’ai commencé à faire du bénévolat au sein de la coalition de la petite enfance et je suis donc devenue membre de cette communauté où nous avons animé des groupes de jeu et fourni du soutien aux parents.
Je suis ici parce que je suis une Autochtone, mais le plus gros problème pour moi, c’est que je ne sais pas vraiment qui je suis en tant qu’Autochtone. Je crois que c’est l’élément le plus important, parce que je suis toujours en quête de mon identité et de mes racines familiales. Cela va au-delà des Autochtones, puisque cette question touche l’ensemble du pays. Il s’agit d’apprendre à mieux se connaître, à comprendre les convictions des autres et à s’épauler mutuellement. »
Willie Sellars, bande indienne de Williams Lake, Colombie-Britannique
- A étudié à l’Université Thompson Rivers à Williams Lake et à Kamloops.
- Coordonnateur des projets spéciaux du Service du développement économique et des ressources naturelles de la bande indienne de Williams Lake.
- Il en est à son second mandat au sein du Conseil de bande.
- Auteur d’un livre pour enfant primé intitulé Dipnetting with Dad.
« La communauté de Williams Lake a fait les manchettes au Canada en raison de la violence liée aux gangs. Je suis fier d’être un pilier de la communauté et de représenter les Premières Nations dans l’ensemble de la province et du Canada sous un jour positif. Je suis entraîneur de soccer pour les enfants, mais à vrai dire, je suis surtout là pour les motiver. Je suis également entraîneur de hockey, et notre devise à la maison se résume à ceci : « les cours de sport plutôt que la cour de justice. »
En plus de siéger au conseil, je travaille dans le domaine du développement économique, en collaboration avec la bande, dans une économie axée sur l’exploitation minière et forestière. Cet été, nous nous apprêtons à achever un projet d’infrastructure de 8 millions de dollars, qui englobe 10 terrains commerciaux et 28 terrains résidentiels qui offrent des services complets dans la réserve. Tout y est inclus : trottoirs, aqueducs, égouts et éclairage des rues. Ce projet d’aménagement ainsi que notre réserve sont desservis par une installation de traitement de l’eau, construite il y a cinq ans, grâce à un financement de 5 millions de dollars. Je suis fier d’affirmer que je peux boire l’eau de mon robinet. C’est la première fois de ma vie que je peux dire cela, et j’ai commencé à le faire cette année.
Il est toujours délicat de trouver l’équilibre entre l’économie et l’environnement. Je vais vous citer un chef très respecté de la Colombie-Britannique, le chef Clarence Louie : « le cheval économique tire la charrette sociale. » Grâce au cheval économique, nous pouvons offrir beaucoup de services aux Premières Nations, dont un service de loisirs, un groupe pour les aînés, une école primaire et une garderie, qui sont tous entièrement financés, et la liste est longue. Ce sont ces services qui nous permettent d’être une communauté en santé.
Je vis ma culture. Je vis dans l’instant présent et j’adore ce que je fais. Pour l’avenir, je prévois continuer de travailler pour mon peuple et d’écrire des livres à succès pendant que j’élève mes enfants et que j’embrasse ma femme, bien entendu. »
Maatalii Okalik, Panniqtuuq (Pangnirtung), Nunavut (habite maintenant à Iqaluit)
- Présidente du Conseil national des jeunes Inuits. Elle représente tous les jeunes Inuits du Canada âgés de 15 à 35 ans.
- Chef du Protocole pour le Nunavut. Elle occupe un poste de directrice au sein de l’Inuit Tapiriit Kanatami et siège au conseil d’administration de l’Inuit Circumpolar Council à l’échelle nationale et internationale.
- Fait la promotion de la langue inuite, de la culture et des coutumes inuites, de la prévention du suicide, de l’éducation, de l’autonomisation et de la réconciliation.
- Elle termine présentement un diplôme en droits de la personne et science politique à l’Université Carleton tout en continuant de parfaire ses connaissances dans un contexte inuit.
« Le Conseil national des jeunes Inuits a cinq priorités, qui ont été établies par les jeunes Inuits de partout sur notre territoire.
La priorité numéro un est la langue inuite. Nous célébrons le fait qu’il y a un fort taux de rétention de notre langue au Canada; cependant, nous reconnaissons que cela diffère d’une région à l’autre, selon le lien qui nous unit, l’histoire récente de la colonisation et les pratiques d’assimilation, que nous connaissons tous.
La priorité numéro deux est la culture et les pratiques inuites. Nous parlons une langue unique. En tant que Canadiens, nous sommes liés à nos familles et à notre environnement. Par le biais de notre culture et nos pratiques, nous avons réussi à survivre et à continuer de vivre sur le territoire que nous considérons nôtre. Nous aimerions pouvoir continuer à renforcer notre culture et nos pratiques et demeurer fermement Inuits.
La priorité numéro trois est la prévention du suicide. Nous affichons le taux de suicide le plus élevé au Canada, et certains disent que ce serait même le plus élevé au monde. Je pense que c’est étroitement lié à notre histoire récente. C’est pourquoi nous voulons renforcer notre langue et notre culture, malgré le fait que l’intention était de les faire disparaître.
Notre priorité numéro quatre est l’éducation et l’autonomie. Plus nous serons éduqués, non seulement grâce à l’épistémologie occidentale, mais aussi grâce aux connaissances inuites, plus nous serons en santé et heureux et plus nous pourrons faire de véritables choix, individuellement, en famille, dans nos communautés et nos régions, sur la façon dont nous pouvons contribuer à la société canadienne. Nous faisons de notre mieux pour faire valoir la nécessité de terminer ses études car nous aimerions que le taux de décrochage diminue.
La dernière priorité est la réconciliation. La réconciliation est absolument nécessaire pour l’avenir de ce pays, non seulement la réconciliation dans nos communautés, mais au Canada en entier. Une chose que je souhaite […] c’est que l’appel à l’action no. 66 de la Commission de vérité et de réconciliation porte fruit. Cet appel à l’action demande au gouvernement fédéral d’investir dans des programmes destinés aux jeunes Autochtones afin de favoriser la réconciliation et de créer un réseau national d’échange sur les pratiques exemplaires, parce que nous avons des histoires et des cultures uniques, mais nous partageons aussi des réalités collectives en tant que jeunes Autochtones. »
Kluane Adamek, citoyenne de la Première Nation de Kluane et des Tlingits, Tutchone du Sud, ancêtres allemands et irlandais, Whitehorse, Yukon
- Présidente de la Kluane Dana Shäw Corporation, la division de la Première Nation de Kluane qui génère des revenus.
- Elle a été représentante des jeunes femmes du Yukon au Conseil national des jeunes de l’Assemblée des Premières Nations et a aussi occupé le poste de conseillère et agente de liaison auprès de l’ancien chef national de l’Assemblée des Premières Nations, Shawn A-in-chut Atleo.
- Directrice des relations gouvernementales à NorthWestel.
- Cofondatrice de Our Voices, un groupe de leaders autochtones émergents du Nord qui soutient les jeunes Autochtones du Yukon.
- Membre de la troupe de danse Dakhká Khwáan, qui est formée de Tlingits de l’intérieur.
« En réfléchissant à ce dont j’allais vous parler aujourd’hui, la première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est l’idée d’aider et de construire des communautés à travers la culture et l’identité, ce qui commence avec les jeunes. Dans ma carrière, je me suis concentrée sur le travail auprès des enfants et des jeunes dans les domaines de l’éducation, du renforcement communautaire et du développement économique au Yukon et ailleurs.
Si je suis émotive, c’est qu’en 2013, mon jeune cousin – il avait 18 ans – venait de terminer ses études secondaires et il avait essentiellement la vie devant lui, mais il s’est suicidé.
Dans une période de noirceur et de désespoir, j’ai envoyé un message Facebook à quelques amis du Yukon. Il y avait eu un certain nombre de suicides et d’homicides au Yukon plus tôt dans l’année et j’ai envoyé un message qui disait « Que faites-vous dans vos communautés ? »
Nous avons d’abord communiqué par conférence téléphonique. Nous étions environ 10 personnes la première fois et nous avons décidé d’organiser un rassemblement pour les Autochtones du Yukon afin de créer un endroit leur permettant de discuter, de tisser des liens, un endroit où ils savent qu’ils ne sont pas seuls s’ils font face à des difficultés et qu’ils vivent des moments de désespoir, de violence et s’ils sont confrontés à des problèmes de toxicomanie.
Plus de 100 jeunes étaient présents. C’était incroyable, la dynamique était vraiment formidable. Cela nous a conduits à devenir un groupe officiel, qui s’appelle Our Voices. Je vous encourage d’ailleurs tous à nous « aimer » sur Facebook.
Au cours du processus, nous avons appris que nous n’avons pas à demander la permission à qui que ce soit pour réaliser ces choses. En fait, il nous incombe à nous, les jeunes, d’apporter les solutions. Il faut régler les problèmes systémiques auxquels nous faisons face, et la réconciliation doit être à l’avant-plan de notre travail. De plus, il faut donner la possibilité et l’espace nécessaire aux jeunes pour pouvoir mettre en œuvre les solutions qui doivent être appliquées dans nos communautés. »
Justin « Jah’kota » Holness, Winnipeg, Manitoba, habite maintenant à Ottawa
- Moitié Jamaïcain, moitié Nakota de la Première Nation d’Ocean Man de la Saskatchewan, ce qui explique son nom d’artiste, Jah’kota.
- En 2013, il a remporté le premier prix du Festival du solstice d’été. Il a lancé son premier album le 21 juin 2014. Il s’est également produit lors de nombreux événements prestigieux et il a notamment collaboré avec l’orchestre des jeunes de la Jamaïque.
- Propriétaire-fondateur de Un1ty Entertainment, qui offre aux Autochtones un milieu propice à la création afin qu’ils puissent s’exprimer et promouvoir leur patrimoine.
- A récemment contribué à l’organisation de la campagne de financement « We UN1TE for Attawapiskat » en réaction à l’état d’urgence qui a été déclaré dans cette communauté.
« En déménageant [à Ottawa], j’ai présenté ma candidature aux Forces armées canadiennes dans le cadre du Programme Black Bear, qui est destiné aux recrues autochtones. J’ai été désigné comme meilleur candidat et j’ai obtenu le prix de camaraderie. J’ai trouvé que je me débrouillais bien, et j’ai pensé poursuivre dans cette voie. Le Programme Black Bear est le seul qui inclut du mentorat et j’ai d’ailleurs eu le privilège d’y participer en tant que mentor l’année suivante, une expérience qui m’a fait comprendre que je voulais travailler auprès des jeunes.
Peu après les deux années que j’ai passées dans les Forces armées canadiennes, j’ai compris que ce n’était pas vraiment un domaine pour moi. Je suis passionné de musique et j’ai fondé Un1ty Entertainment. Nous offrons un milieu créatif qui permet aux Autochtones de s’exprimer et de faire connaître leur patrimoine sous toutes les formes d’art, de musique et de mode. »
Kelly Duquette, Atikokan, Ontario
- Quand sa famille a découvert qu’elle avait des ancêtres métis, elle s’est mise à la recherche de son identité culturelle. Kelly a poursuivi cette quête dans ses travaux de recherche universitaires et dans ses œuvres d’art.
- A siégé au Conseil métis d’Atikokan en tant que représentante des jeunes et, en 2014, elle a été élue représentante des jeunes de la région 1 du Conseil des jeunes de la nation métisse de l’Ontario.
- La toile Disconnected, qu’elle a peinte en 2012 et qui s’inspire de l’incidence néfaste de la colonisation sur la transmission du savoir autochtone, a été incluse par David Bouchard dans son ouvrage intitulé Dreamcatcher and the Seven Deceivers.
- Admise de justesse au programme des beaux-arts de l’Université d’Ottawa, elle a été reconnue meilleure peintre de sa promotion. À l’automne 2016, elle entreprendra sa première année en tant qu’étudiantes au doctorat en droit du programme en Common law de l’Université d’Ottawa.
« J’ai grandi dans un petit village isolé dans lequel, malheureusement pour moi, on n’enseignait pratiquement rien sur les peuples ou les arts autochtones. J’ai grandi en connaissant mes origines écossaises et françaises, que j’ai beaucoup célébrées en fait. C’est à l’âge de 12 ans que j’ai découvert mes origines métisses, et c’est à ce moment-là qu’a commencé mon cheminement vers la réappropriation de mon identité culturelle.
Cela a vraiment été une époque déroutante pour moi. Je me demandais pourquoi mes ancêtres avaient gardé secret notre héritage pendant si longtemps et pourquoi c’était tellement essentiel pour la survie de notre identité et de notre peuple. Ces questions sont devenues les forces motrices de mon engagement dans la communauté métisse, et elles ont également eu une grande influence sur mes choix d’études.
En 2014, j’ai été élue représentante des jeunes de la région 1 au Conseil des jeunes de la Nation Métisse de l’Ontario. Avec ma mineure en études autochtones, j’ai commencé à trouver ma place dans ma communauté et à comprendre où je me situe dans la grande histoire.
J’ai utilisé l’art comme un cadre, un moyen de faire connaître aux autres ma culture et mes expériences en tant que membre d’une nouvelle génération de Métis. Comme l’a dit Louis Riel, « quand mon peuple s’éveillera, après un sommeil séculaire, ce sont les artistes qui l’animeront. »
À titre de Métisse, j’ai écouté les points de vue des deux côtés, prêtant l’oreille tant aux Autochtones qu’aux non-Autochtones, telle un pont entre les deux nations. Je suis déterminée à continuer de défendre la voix des Autochtones et à représenter ces derniers dans le cadre de leur lutte pour obtenir la reconnaissance juridique de leurs droits. »
Katelyn LaCroix, Penetanguishene, Ontario
- A récemment obtenu un baccalauréat bidisciplinaire spécialisé en psychologie et en études sur les femmes et le genre de l’Université Wilfrid Laurier. Elle entreprendra cet automne une maîtrise en travail social au même établissement d’enseignement.
- Représente les étudiants du postsecondaire au sein du Conseil provincial de la nation métisse de l’Ontario.
- Très active dans sa communauté, elle fait du bénévolat dans un centre d’hébergement, un centre de santé mentale et un centre d’amitié autochtone.
« Vous aurez probablement remarqué un thème dans les propos des témoins d’aujourd’hui. Nous sommes nombreux à ne pas avoir eu la chance de connaître notre culture à la naissance. Pour certains d’entre nous, cette révélation n’est venue que bien plus tard. J’ai pris connaissance de ma culture lorsque j’avais 16 ans, après avoir suivi un cours d’Ojibwa à l’école secondaire. Mon père m’a dit qu’il y avait des Ojibwas dans la famille; j’ai donc effectué des recherches à ce sujet et découvert toute cette facette totalement inconnue de mon identité. Je remercie le Créateur chaque jour d’avoir fait cette découverte, car cette facette est devenue une partie importante de ce que je suis aujourd’hui.
Je sais que tous n’ont pas eu cette chance. J’ai entendu dire que certains de mes pairs n’ont découvert leur identité autochtone que dans la cinquantaine avancée, voire la soixantaine. C’est enrichie de ces connaissances que je suis allée à l’université. J’ai pris part à un programme intitulé Infinite Reach Metis Student Solidarity Network. J’ai pu informer d’autres jeunes Métis qui n’avaient peut-être pas eu l’occasion de connaître leur culture – notre culture – et les initier aux divers métiers d’art traditionnels que j’avais appris.
Je pense qu’un des plus grands dangers qui guettent nos jeunes, c’est un sentiment d’isolation à l’égard de leur famille, leurs amis ou leur communauté. En leur permettant de connaître leur histoire et de socialiser avec leurs pairs, nous pouvons favoriser l’épanouissement d’un sentiment de fierté et contribuer à leur bien-être.
Mes ancêtres ont travaillé comme traducteurs et ont aidé divers groupes à se comprendre mutuellement. Comme un pont, j’aiderai aussi les autres à passer d’un endroit à un autre, que ce soit des étudiants qui arrivent dans une nouvelle école ou des personnes qui quittent un établissement pour retourner dans leur communauté. »
Jenna Burke, nation micmaque de Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard
- Étudiante de quatrième année en science politique à l’Université de l’Île‑du-Prince-Édouard, où elle est très engagée dans les activités du Centre des étudiants autochtones Mawi’omi.
- Bénévole auprès du Conseil des Autochtones de l’Île-du-Prince-Édouard, où elle a siégé au conseil d’administration en tant que représentante des jeunes dès l’âge de 15 ans. Elle a aussi représenté les jeunes de la province au Conseil national des jeunes du Congrès des Peuples Autochtones.
- Une des principales instigatrices des Prix annuels pour les réalisations des jeunes Autochtones. Elle a aussi été l’organisatrice principale du Mass Blanket Exercise à Charlottetown, un événement qui a réuni plus de 100 participants sur le parterre de l’Assemblée législative afin de raconter l’histoire du Canada dans une perspective autochtone.
- A occupé le poste de coordonnatrice de la Politique nationale de la jeunesse au Congrès des Peuples Autochtones.
- A créé le programme pour les jeunes nommé « Find Your Voice, » qui fait la promotion de la responsabilité sociale auprès des jeunes Autochtones.
« Je vais vous parler brièvement de moi, mais je commence toujours en parlant de ma grand-mère, car elle est vraiment la matriarche de ma famille. C’est une femme forte et une battante. Cette survivante des pensionnats a, par amour, épousé mon grand-père, un non-Autochtone; elle a ainsi perdu son statut et a dû quitter sa communauté. Elle a quand même élevé des enfants forts et s’est tenue loin des drogues et de l’alcool. Elle est la raison de ma présence ici aujourd’hui.
J’ai obtenu mon statut à la suite de l’affaire McIvor, en 2010. C’est donc un ajout récent à mon identité, ce qui constitue pour moi un périple intéressant. J’ai grandi sans vraiment comprendre qui j’étais, mais mon adhésion au Conseil des Autochtones m’a changée. J’y ai été entourée et guidée par de nombreux mentors qui ont vu en moi des dons que je ne me connaissais pas.
J’étudie présentement pour obtenir un baccalauréat ès arts avec spécialisation en sciences politiques. Il n’y a pas de mineure ou de majeure en affaires autochtones à mon université. En fait, il n’y a que deux cours sur les affaires autochtones dans toute l’université, et l’un d’eux a été annulé l’année où j’ai commencé mes études. Je me suis donc jointe au Centre d’étudiants autochtones de la Première Nation Mawi’omi et j’ai commencé à apporter des changements en rencontrant le président pour trouver des pistes de solution. Les universités déploient beaucoup d’efforts pour attirer les Autochtones, mais lorsqu’ils fréquentent les universités, il faut les appuyer. Si nous ne le faisons pas, nous leur rendons un très mauvais service.
Je travaille avec l’université pour qu’un cours sur les affaires autochtones y soit offert. [L’université] a créé un cercle de consultation des autochtones et j’ai assisté à la première réunion – je n’y étais pas invitée, mais j’ai su que cette rencontre allait avoir lieu alors j’y suis allée sans invitation. J’étais l’une des trois seules personnes autochtones à une table d’environ 15 personnes – et il devait y avoir plus de gens présents. J’ai donc pris la parole et j’ai dit : « Ce que vous faites est formidable, mais il est inacceptable qu’il n’y ait pas à tout le moins une représentation égale d’Autochtones. » À l’heure actuelle, les questions qui touchent les Autochtones sont importantes, les médias en parlent et tout le monde semble s’en soucier. Je crains que nous ayons peu de temps pour bien faire les choses. »
Mitch Case, Midewiwin au premier degré (loge des Midewiwin de Three Fires), Sault Ste. Marie, Ontario
- Président du Conseil des jeunes de la nation métisse de l’Ontario (CJNMO) et représentant des jeunes au Conseil provisoire de la nation métisse de l’Ontario (CPNMO).
- A été représentant des jeunes au Conseil historique des Métis de Sault-Ste-Marie et représentant de la région 4 auprès du CJNMO.
- A été membre du Conseil de la première ministre pour de meilleures perspectives pour la jeunesse, où il a donné son avis à 18 ministres provinciaux sur des questions qui touchent les jeunes Ontariens.
- S’adonne à la broderie métisse traditionnelle de perles en motifs floraux.
« Ma communauté, qui est très souvent négligée et oubliée, a joué de nombreux rôles importants dans l’histoire de mon peuple, la Nation Métisse. C’est l’une des plus vieilles communautés métisses au pays. Elle a été une plaque tournante durant le commerce de fourrure et durant la guerre de 1812, une guerre dans le cadre de laquelle notre communauté a pris les armes et s’est défendue. C’est une guerre que la Grande-Bretagne n’aurait pas pu gagner sans notre aide.
Le Traité Robinson-Huron et le Traité Robinson-Supérieur ont été conclus à notre grand désarroi et malgré les protestations des dirigeants des Premières Nations. Notre communauté a été exclue du traité. Des promesses ont été faites pour protéger nos rivières, ainsi que pour signer un autre traité avec nous un an plus tard. Cela fait maintenant près de 160 ans. Nous attendons toujours, et nous serons prêts quand vous le serez.
Dans mes temps libres, je fais beaucoup de perlage. J’essaie de perpétuer la tradition métisse du perlage aux motifs floraux. La veste que je porte est faite de tissus typiques de la Compagnie de la Baie d’Hudson – la compagnie qui s’est servie de mon peuple pour créer son empire, et qui a ensuite travaillé contre lui à Sault Ste. Marie et partout dans notre patrie lorsque nous faisions valoir nos droits. Il y a quelques années, une société américaine d’investissement a acheté la Compagnie de la Baie d’Hudson, et ma communauté est toujours là; elle est florissante. Pensez-en ce que vous voulez. »
Alethea Arnaquq-Baril, Inuk from Iqaluit, Nunavut
- Cinéaste inuite de l’Arctique canadien, où elle dirige les Studios Unikkaat Inc.
- A réalisé et produit le documentaire primé Angry Inuk (coproduction des Studios Unikkaatt/ONF en association avec EyeSteelFilm), diffusé sur Superchannel, portant sur les moyens originaux et provocateurs trouvés par des Inuits pour faire face aux controverses internationales entourant la chasse au phoque. Angry Inuk a été présenté en première du Hot Docs, le plus important festival de documentaires en Amérique du Nord, où il a remporté le Prix du public.
- A réalisé pour la chaîne APTN un moyen métrage intitulé Tunniit: Retracing the Lines of Inuit Tattoos, un documentaire primé dans lequel Alethea s’entretient avec des aînés du Nunavut à propos des tatouages inuits et de leur quasi‑disparition, avant d’acquérir ses propres tatouages faciaux traditionnels.
- A également réalisé des courts métrages comme Inuit High Kick, le film d’animation de l’ONF Lumaajuuq: The Blind Boy and the Loon– qui a remporté le prix du meilleur court métrage dramatique canadien au Festival imagineNATIVE de 2010 et le prix Golden Sheaf pour le meilleur film autochtone au Festival du film de Yorkton de 2011 –, ainsi que le court métrage Aviliaq: Entwined, qui raconte l’histoire d’amour d’une lesbienne dans les années 1950, dans le cadre du Projet Embargo (Festival imagineNATIVE 2014).
« Je me passionne pour les arts et la possibilité que le cinéma devienne l’un des principaux secteurs de l’économie des Inuits, un secteur qui non seulement assure un revenu, mais qui renforce aussi notre langue et notre culture tout en nous permettant de défendre notre peuple. Tout ce que je veux, c’est parler de la force de mon industrie et de ce que des gens comme vous doivent faire pour la soutenir. Je dois toutefois saisir cette occasion pour parler d’un énorme obstacle à la réussite de mon peuple, à savoir le logement.
Je suis très heureuse d’entendre que votre comité se penche sur cette question. En raison de nombreux programmes racistes du gouvernement du Canada, autorisés par les citoyens canadiens, une crise du logement sévit partout dans le Nord. Lorsque nous étions indépendants, on nous a forcés à abandonner nos terres et on nous a entassés dans des communautés mal conçues. Nous avons une crise du logement qui s’explique par la coercition, les mensonges, les déplacements forcés, l’enlèvement d’enfants, l’abattage de milliers de chiens de traîneau ainsi que la délimitation des territoires de chasse en vertu de la loi et pour l’exploitation des ressources.
Mon peuple survit depuis des millénaires dans un des climats les plus rigoureux au monde. Nous savons comment survivre. Nous sommes efficaces, résilients, créatifs et innovateurs, et nous avons une bonne capacité d’adaptation. Notre volonté de vivre n’a pas son pareil. Elle est profondément ancrée en nous. Notre sagesse, notre passion et nos connaissances ont été perfectionnées en fonction de l’endroit où nous vivons. Pourquoi alors nous entretuons-nous au point d’avoir l’un des pires taux de décès au monde ? Lorsque certaines des personnes les plus résilientes et ayant la plus grande capacité d’adaptation au monde meurent à cause de nous, que faut-il penser des conditions dans lesquelles elles vivent ? Nous devons mettre fin à la prolifération des traumatismes; nous devons enrayer l’hémorragie.
Si seulement le gouvernement prenait un véritable engagement en matière de logements sociaux. J’en ai assez des crédits budgétaires qui permettent à peine d’effleurer le problème. J’en ai assez des engagements qui ne règlent pas le problème, qui ne maintiennent même pas le statu quo. Cessons d’accorder des crédits budgétaires qui ont l’effet d’une goutte d’eau dans l’océan. Attaquons-nous vraiment au problème. Développons des économies durables qui renforcent la culture et la langue. Si le gouvernement du Canada réglait le problème du logement qu’il a créé, nous pourrions mener les activités dans lesquelles nous excellons. »
Shelby Angalik, Inuite, Arviat, Nunavut
- Vient d’obtenir son diplôme d’études secondaires à l’École secondaire John Arnalukjuak, à Arviat, au Nunavut.
- S’est récemment vu décerner la Médaille académique du Gouverneur général (Bronze), qui lui a été remise par le gouverneur général David Johnston. Elle est l’une des 20 récipiendaires de la Bourse d’études TD pour le leadership communautaire.
- S’adonne à de nombreux sports, notamment à la lutte, discipline dans laquelle elle a remporté quatre ulus d’argent lors des Jeux d’hiver de l’Arctique en 2014 et en 2016, et deux médailles d’or lors de tournois provinciaux.
- Très active au sein de sa communauté, elle a joué dans neuf pièces de théâtre, fait la lecture à de jeunes enfants et est membre du Comité du mieux-être communautaire.
« Je voulais parler un peu de moi pour montrer aux gens qu’être Autochtone ne se limite pas qu’aux difficultés auxquelles nous faisons face. Je veux vaincre le préjugé selon lequel nous éprouvons tous des difficultés et que c’est ce que nous sommes. Je veux parler de ce que j’ai fait pour vaincre ce préjugé, pour montrer que les problèmes auxquels nous faisons face ne nous définissent pas.
Lors de la dernière session, en janvier, j’ai créé un programme de lecture intitulé Imagination’s Destination pour augmenter le taux d’alphabétisation au Nunavut. Mon hameau m’a accordé une subvention afin d’obtenir des livres d’Inhabit Media, tant en anglais qu’en Inuktitut. Ils portent tous sur le Nunavut, sur des légendes et des mythes inuits.
En septembre, je vais faire des études anglaises à l’Université Brock. J’espère devenir bibliothécaire, revenir au Nunavut et accroître la portée de mon programme de lecture. »
Les jeunes leaders ont également été invités à visiter le Parlement pour rencontrer George J. Furey, Président du Sénat, Charles Robert, greffier du Sénat, et Peter Harder, leader du gouvernement au Sénat, afin de se familiariser avec le fonctionnement de l’institution.
« Vous êtes tous reconnus comme de jeunes leaders dans vos communautés et on comprend facilement pourquoi à la lecture de vos biographies, » a déclaré le Président Furey aux participants.
« Je vous félicite de vos réalisations et je suis ravi d’avoir la chance de rencontrer chacun d’entre vous, qui êtes nos futurs leaders, tout particulièrement en cette journée exceptionnelle qui marque le 20e anniversaire de la Journée nationale des Autochtones au Canada. »
Le Canada a une dette immense envers ses communautés autochtones. L’action constructive ne peut être entreprise qu’au moyen de la coopération, de la compréhension et du respect. Le Comité sénatorial des Peuples autochtones a donné – et continue de donner – une voix à ces communautés et il est résolu à protéger leurs intérêts au Parlement.
En plus d’avoir laissé une forte impression sur le Comité, qui souhaite maintenant faire de cette rencontre un événement annuel, les jeunes leaders de tous les coins du pays ont créé des liens entre eux et ont déjà formé un groupe d’anciens participants pour favoriser la communication entre les jeunes mais également entre les différentes communautés.
Articles connexes
Étiquettes
Nouvelles des comités
Des jeunes leaders autochtones sur la Colline
Le mardi 21 juin 2016, les membres du Comité sénatorial des Peuples autochtones ont invité 12 jeunes leaders autochtones des quatre coins du Canada à venir célébrer la Journée nationale des Autochtones.
Habituellement, le comité cherche à trouver des solutions aux problèmes qui affligent les communautés autochtones au Canada — des traités territoriaux à la pénurie de logements, en passant par la marginalisation économique — mais cette fois-ci, ce sont des exemples de réussite qui ont fait l’objet de la réunion.
« À un moment où le taux de suicide chez les jeunes domine les nouvelles, il est important de reconnaître que de jeunes leaders autochtones ont accompli de grandes choses qui inspirent leurs pairs partout au Canada, » a souligné le sénateur Dennis Patterson, vice-président du comité.
Écouter les jeunes leaders et leur donner les moyens d’améliorer le sort de leurs communautés est au cœur même de la réconciliation.
« Les jeunes leaders autochtones que le Comité sénatorial des Peuples autochtones a entendus ce matin participent activement à la recherche de solutions et à l’édification de communautés autochtones fortes, » a déclaré la sénatrice Lillian Eva Dyck, présidente du comité.
« Nous devons les écouter, car ils représentent l’avenir. »
Un rendez-vous avec l’avenir
Caitlin Tolley, Algonquine Anishinabe, Kitigan-Zibi, Québec
- Caitlin a été élue conseillère de bande à Kitigan-Zibi, à 21 ans, devenant ainsi la plus jeune personne à être élue chef et membre du Conseil. Elle a également représenté le Québec au Conseil national des jeunes de l’Assemblée des Premières Nations.
- Analyste politique auprès de la Direction des femmes de l’Ontario, à Toronto, elle travaille sur des dossiers qui concernent l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées au Canada.
- Titulaire d’un baccalauréat en science politique de l’Université d’Ottawa, elle est actuellement inscrite en troisième année du doctorat en droit à l’Université d’Ottawa. Elle aspire à pratiquer le droit afin de promouvoir l’égalité et obtenir justice pour les femmes autochtones canadiennes.
- Ancienne Miss Algonquin, elle a remporté la troisième place au concours Miss Indian World 2016.
« Mes ancêtres pensaient à nous au moment de négocier avec les colons; c’est pour nous qu’ils ont accepté de partager la terre que nous foulons aujourd’hui. Je suis ici pour vous dire que les Algonquins sont toujours là. Je suis ici aujourd’hui parce que mes ancêtres avaient la persévérance et la détermination de survivre, de s’adapter et d’évoluer tout au long de plus de 500 ans de colonisation.
En tant que jeune […] je trouve que la question la plus importante dans ma vie pour le moment, c’est la préservation de ma culture et de mes traditions. Si j’avais le financement nécessaire […] je ferais en sorte que la prochaine génération reçoive et puisse préserver nos enseignements traditionnels, parce que nous savons que la survie de nos langues est en péril. Nous savons que nos aînés meurent en emportant avec eux des connaissances sacrées. Nous savons que le territoire que nous occupons est en train de changer.
J’encourage les dirigeants autour de cette table à envisager la possibilité de se doter d’un conseiller algonquin, qu’il s’agisse d’un aîné ou d’un jeune; ce serait là une façon délicate de vous rappeler que vous êtes des invités. J’aimerais également mentionner que les dirigeants d’aujourd’hui doivent s’efforcer d’écouter plus et de parler moins, car il s’agit de l’humble façon de faire des Algonquins. Dans ma langue, on dit ‘Kikinendam Nongom, Niganin Wabang,’ ce qui signifie « apprendre aujourd’hui, guider demain. »
Tenille McDougall, nation Tsuu T’ina (Traité no 7), Fort Macleod, Alberta
- Coordonnatrice pour Fort Macleod dans le cadre d’une étude pilote réalisée par l’Université de Calgary appelée Welcome to Parenthood (W2P) (i.e. ‘Bienvenue dans la vie parentale’). Son travail consiste à recruter de nouvelles mères et à leur offrir du soutien sous forme d’information sur le développement de l’enfant et, en particulier, sur le développement du cerveau de l’enfant.
- Bénévole pour des causes importantes dans sa communauté comme la Coalition pour le développement des jeunes enfants et Fort Macleod Allied Arts.
- Elle planifie présentement un carnaval familial annuel qui permet de recueillir des fonds pour le Kids First Family Centre de Fort Macleod, un centre de liaison pour les parents.
- Mère de trois beaux enfants.
« J’ai eu mon premier enfant alors que j’étais seulement âgée de 20 ans. Je venais de terminer mes études, et j’ai dû retourner chez moi parce que j’avais besoin de soutien pour savoir quelle serait la prochaine étape de ma vie. Je devais sortir de ma zone de confort et rejoindre ma communauté. J’ai commencé à faire du bénévolat au sein de la coalition de la petite enfance et je suis donc devenue membre de cette communauté où nous avons animé des groupes de jeu et fourni du soutien aux parents.
Je suis ici parce que je suis une Autochtone, mais le plus gros problème pour moi, c’est que je ne sais pas vraiment qui je suis en tant qu’Autochtone. Je crois que c’est l’élément le plus important, parce que je suis toujours en quête de mon identité et de mes racines familiales. Cela va au-delà des Autochtones, puisque cette question touche l’ensemble du pays. Il s’agit d’apprendre à mieux se connaître, à comprendre les convictions des autres et à s’épauler mutuellement. »
Willie Sellars, bande indienne de Williams Lake, Colombie-Britannique
- A étudié à l’Université Thompson Rivers à Williams Lake et à Kamloops.
- Coordonnateur des projets spéciaux du Service du développement économique et des ressources naturelles de la bande indienne de Williams Lake.
- Il en est à son second mandat au sein du Conseil de bande.
- Auteur d’un livre pour enfant primé intitulé Dipnetting with Dad.
« La communauté de Williams Lake a fait les manchettes au Canada en raison de la violence liée aux gangs. Je suis fier d’être un pilier de la communauté et de représenter les Premières Nations dans l’ensemble de la province et du Canada sous un jour positif. Je suis entraîneur de soccer pour les enfants, mais à vrai dire, je suis surtout là pour les motiver. Je suis également entraîneur de hockey, et notre devise à la maison se résume à ceci : « les cours de sport plutôt que la cour de justice. »
En plus de siéger au conseil, je travaille dans le domaine du développement économique, en collaboration avec la bande, dans une économie axée sur l’exploitation minière et forestière. Cet été, nous nous apprêtons à achever un projet d’infrastructure de 8 millions de dollars, qui englobe 10 terrains commerciaux et 28 terrains résidentiels qui offrent des services complets dans la réserve. Tout y est inclus : trottoirs, aqueducs, égouts et éclairage des rues. Ce projet d’aménagement ainsi que notre réserve sont desservis par une installation de traitement de l’eau, construite il y a cinq ans, grâce à un financement de 5 millions de dollars. Je suis fier d’affirmer que je peux boire l’eau de mon robinet. C’est la première fois de ma vie que je peux dire cela, et j’ai commencé à le faire cette année.
Il est toujours délicat de trouver l’équilibre entre l’économie et l’environnement. Je vais vous citer un chef très respecté de la Colombie-Britannique, le chef Clarence Louie : « le cheval économique tire la charrette sociale. » Grâce au cheval économique, nous pouvons offrir beaucoup de services aux Premières Nations, dont un service de loisirs, un groupe pour les aînés, une école primaire et une garderie, qui sont tous entièrement financés, et la liste est longue. Ce sont ces services qui nous permettent d’être une communauté en santé.
Je vis ma culture. Je vis dans l’instant présent et j’adore ce que je fais. Pour l’avenir, je prévois continuer de travailler pour mon peuple et d’écrire des livres à succès pendant que j’élève mes enfants et que j’embrasse ma femme, bien entendu. »
Maatalii Okalik, Panniqtuuq (Pangnirtung), Nunavut (habite maintenant à Iqaluit)
- Présidente du Conseil national des jeunes Inuits. Elle représente tous les jeunes Inuits du Canada âgés de 15 à 35 ans.
- Chef du Protocole pour le Nunavut. Elle occupe un poste de directrice au sein de l’Inuit Tapiriit Kanatami et siège au conseil d’administration de l’Inuit Circumpolar Council à l’échelle nationale et internationale.
- Fait la promotion de la langue inuite, de la culture et des coutumes inuites, de la prévention du suicide, de l’éducation, de l’autonomisation et de la réconciliation.
- Elle termine présentement un diplôme en droits de la personne et science politique à l’Université Carleton tout en continuant de parfaire ses connaissances dans un contexte inuit.
« Le Conseil national des jeunes Inuits a cinq priorités, qui ont été établies par les jeunes Inuits de partout sur notre territoire.
La priorité numéro un est la langue inuite. Nous célébrons le fait qu’il y a un fort taux de rétention de notre langue au Canada; cependant, nous reconnaissons que cela diffère d’une région à l’autre, selon le lien qui nous unit, l’histoire récente de la colonisation et les pratiques d’assimilation, que nous connaissons tous.
La priorité numéro deux est la culture et les pratiques inuites. Nous parlons une langue unique. En tant que Canadiens, nous sommes liés à nos familles et à notre environnement. Par le biais de notre culture et nos pratiques, nous avons réussi à survivre et à continuer de vivre sur le territoire que nous considérons nôtre. Nous aimerions pouvoir continuer à renforcer notre culture et nos pratiques et demeurer fermement Inuits.
La priorité numéro trois est la prévention du suicide. Nous affichons le taux de suicide le plus élevé au Canada, et certains disent que ce serait même le plus élevé au monde. Je pense que c’est étroitement lié à notre histoire récente. C’est pourquoi nous voulons renforcer notre langue et notre culture, malgré le fait que l’intention était de les faire disparaître.
Notre priorité numéro quatre est l’éducation et l’autonomie. Plus nous serons éduqués, non seulement grâce à l’épistémologie occidentale, mais aussi grâce aux connaissances inuites, plus nous serons en santé et heureux et plus nous pourrons faire de véritables choix, individuellement, en famille, dans nos communautés et nos régions, sur la façon dont nous pouvons contribuer à la société canadienne. Nous faisons de notre mieux pour faire valoir la nécessité de terminer ses études car nous aimerions que le taux de décrochage diminue.
La dernière priorité est la réconciliation. La réconciliation est absolument nécessaire pour l’avenir de ce pays, non seulement la réconciliation dans nos communautés, mais au Canada en entier. Une chose que je souhaite […] c’est que l’appel à l’action no. 66 de la Commission de vérité et de réconciliation porte fruit. Cet appel à l’action demande au gouvernement fédéral d’investir dans des programmes destinés aux jeunes Autochtones afin de favoriser la réconciliation et de créer un réseau national d’échange sur les pratiques exemplaires, parce que nous avons des histoires et des cultures uniques, mais nous partageons aussi des réalités collectives en tant que jeunes Autochtones. »
Kluane Adamek, citoyenne de la Première Nation de Kluane et des Tlingits, Tutchone du Sud, ancêtres allemands et irlandais, Whitehorse, Yukon
- Présidente de la Kluane Dana Shäw Corporation, la division de la Première Nation de Kluane qui génère des revenus.
- Elle a été représentante des jeunes femmes du Yukon au Conseil national des jeunes de l’Assemblée des Premières Nations et a aussi occupé le poste de conseillère et agente de liaison auprès de l’ancien chef national de l’Assemblée des Premières Nations, Shawn A-in-chut Atleo.
- Directrice des relations gouvernementales à NorthWestel.
- Cofondatrice de Our Voices, un groupe de leaders autochtones émergents du Nord qui soutient les jeunes Autochtones du Yukon.
- Membre de la troupe de danse Dakhká Khwáan, qui est formée de Tlingits de l’intérieur.
« En réfléchissant à ce dont j’allais vous parler aujourd’hui, la première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est l’idée d’aider et de construire des communautés à travers la culture et l’identité, ce qui commence avec les jeunes. Dans ma carrière, je me suis concentrée sur le travail auprès des enfants et des jeunes dans les domaines de l’éducation, du renforcement communautaire et du développement économique au Yukon et ailleurs.
Si je suis émotive, c’est qu’en 2013, mon jeune cousin – il avait 18 ans – venait de terminer ses études secondaires et il avait essentiellement la vie devant lui, mais il s’est suicidé.
Dans une période de noirceur et de désespoir, j’ai envoyé un message Facebook à quelques amis du Yukon. Il y avait eu un certain nombre de suicides et d’homicides au Yukon plus tôt dans l’année et j’ai envoyé un message qui disait « Que faites-vous dans vos communautés ? »
Nous avons d’abord communiqué par conférence téléphonique. Nous étions environ 10 personnes la première fois et nous avons décidé d’organiser un rassemblement pour les Autochtones du Yukon afin de créer un endroit leur permettant de discuter, de tisser des liens, un endroit où ils savent qu’ils ne sont pas seuls s’ils font face à des difficultés et qu’ils vivent des moments de désespoir, de violence et s’ils sont confrontés à des problèmes de toxicomanie.
Plus de 100 jeunes étaient présents. C’était incroyable, la dynamique était vraiment formidable. Cela nous a conduits à devenir un groupe officiel, qui s’appelle Our Voices. Je vous encourage d’ailleurs tous à nous « aimer » sur Facebook.
Au cours du processus, nous avons appris que nous n’avons pas à demander la permission à qui que ce soit pour réaliser ces choses. En fait, il nous incombe à nous, les jeunes, d’apporter les solutions. Il faut régler les problèmes systémiques auxquels nous faisons face, et la réconciliation doit être à l’avant-plan de notre travail. De plus, il faut donner la possibilité et l’espace nécessaire aux jeunes pour pouvoir mettre en œuvre les solutions qui doivent être appliquées dans nos communautés. »
Justin « Jah’kota » Holness, Winnipeg, Manitoba, habite maintenant à Ottawa
- Moitié Jamaïcain, moitié Nakota de la Première Nation d’Ocean Man de la Saskatchewan, ce qui explique son nom d’artiste, Jah’kota.
- En 2013, il a remporté le premier prix du Festival du solstice d’été. Il a lancé son premier album le 21 juin 2014. Il s’est également produit lors de nombreux événements prestigieux et il a notamment collaboré avec l’orchestre des jeunes de la Jamaïque.
- Propriétaire-fondateur de Un1ty Entertainment, qui offre aux Autochtones un milieu propice à la création afin qu’ils puissent s’exprimer et promouvoir leur patrimoine.
- A récemment contribué à l’organisation de la campagne de financement « We UN1TE for Attawapiskat » en réaction à l’état d’urgence qui a été déclaré dans cette communauté.
« En déménageant [à Ottawa], j’ai présenté ma candidature aux Forces armées canadiennes dans le cadre du Programme Black Bear, qui est destiné aux recrues autochtones. J’ai été désigné comme meilleur candidat et j’ai obtenu le prix de camaraderie. J’ai trouvé que je me débrouillais bien, et j’ai pensé poursuivre dans cette voie. Le Programme Black Bear est le seul qui inclut du mentorat et j’ai d’ailleurs eu le privilège d’y participer en tant que mentor l’année suivante, une expérience qui m’a fait comprendre que je voulais travailler auprès des jeunes.
Peu après les deux années que j’ai passées dans les Forces armées canadiennes, j’ai compris que ce n’était pas vraiment un domaine pour moi. Je suis passionné de musique et j’ai fondé Un1ty Entertainment. Nous offrons un milieu créatif qui permet aux Autochtones de s’exprimer et de faire connaître leur patrimoine sous toutes les formes d’art, de musique et de mode. »
Kelly Duquette, Atikokan, Ontario
- Quand sa famille a découvert qu’elle avait des ancêtres métis, elle s’est mise à la recherche de son identité culturelle. Kelly a poursuivi cette quête dans ses travaux de recherche universitaires et dans ses œuvres d’art.
- A siégé au Conseil métis d’Atikokan en tant que représentante des jeunes et, en 2014, elle a été élue représentante des jeunes de la région 1 du Conseil des jeunes de la nation métisse de l’Ontario.
- La toile Disconnected, qu’elle a peinte en 2012 et qui s’inspire de l’incidence néfaste de la colonisation sur la transmission du savoir autochtone, a été incluse par David Bouchard dans son ouvrage intitulé Dreamcatcher and the Seven Deceivers.
- Admise de justesse au programme des beaux-arts de l’Université d’Ottawa, elle a été reconnue meilleure peintre de sa promotion. À l’automne 2016, elle entreprendra sa première année en tant qu’étudiantes au doctorat en droit du programme en Common law de l’Université d’Ottawa.
« J’ai grandi dans un petit village isolé dans lequel, malheureusement pour moi, on n’enseignait pratiquement rien sur les peuples ou les arts autochtones. J’ai grandi en connaissant mes origines écossaises et françaises, que j’ai beaucoup célébrées en fait. C’est à l’âge de 12 ans que j’ai découvert mes origines métisses, et c’est à ce moment-là qu’a commencé mon cheminement vers la réappropriation de mon identité culturelle.
Cela a vraiment été une époque déroutante pour moi. Je me demandais pourquoi mes ancêtres avaient gardé secret notre héritage pendant si longtemps et pourquoi c’était tellement essentiel pour la survie de notre identité et de notre peuple. Ces questions sont devenues les forces motrices de mon engagement dans la communauté métisse, et elles ont également eu une grande influence sur mes choix d’études.
En 2014, j’ai été élue représentante des jeunes de la région 1 au Conseil des jeunes de la Nation Métisse de l’Ontario. Avec ma mineure en études autochtones, j’ai commencé à trouver ma place dans ma communauté et à comprendre où je me situe dans la grande histoire.
J’ai utilisé l’art comme un cadre, un moyen de faire connaître aux autres ma culture et mes expériences en tant que membre d’une nouvelle génération de Métis. Comme l’a dit Louis Riel, « quand mon peuple s’éveillera, après un sommeil séculaire, ce sont les artistes qui l’animeront. »
À titre de Métisse, j’ai écouté les points de vue des deux côtés, prêtant l’oreille tant aux Autochtones qu’aux non-Autochtones, telle un pont entre les deux nations. Je suis déterminée à continuer de défendre la voix des Autochtones et à représenter ces derniers dans le cadre de leur lutte pour obtenir la reconnaissance juridique de leurs droits. »
Katelyn LaCroix, Penetanguishene, Ontario
- A récemment obtenu un baccalauréat bidisciplinaire spécialisé en psychologie et en études sur les femmes et le genre de l’Université Wilfrid Laurier. Elle entreprendra cet automne une maîtrise en travail social au même établissement d’enseignement.
- Représente les étudiants du postsecondaire au sein du Conseil provincial de la nation métisse de l’Ontario.
- Très active dans sa communauté, elle fait du bénévolat dans un centre d’hébergement, un centre de santé mentale et un centre d’amitié autochtone.
« Vous aurez probablement remarqué un thème dans les propos des témoins d’aujourd’hui. Nous sommes nombreux à ne pas avoir eu la chance de connaître notre culture à la naissance. Pour certains d’entre nous, cette révélation n’est venue que bien plus tard. J’ai pris connaissance de ma culture lorsque j’avais 16 ans, après avoir suivi un cours d’Ojibwa à l’école secondaire. Mon père m’a dit qu’il y avait des Ojibwas dans la famille; j’ai donc effectué des recherches à ce sujet et découvert toute cette facette totalement inconnue de mon identité. Je remercie le Créateur chaque jour d’avoir fait cette découverte, car cette facette est devenue une partie importante de ce que je suis aujourd’hui.
Je sais que tous n’ont pas eu cette chance. J’ai entendu dire que certains de mes pairs n’ont découvert leur identité autochtone que dans la cinquantaine avancée, voire la soixantaine. C’est enrichie de ces connaissances que je suis allée à l’université. J’ai pris part à un programme intitulé Infinite Reach Metis Student Solidarity Network. J’ai pu informer d’autres jeunes Métis qui n’avaient peut-être pas eu l’occasion de connaître leur culture – notre culture – et les initier aux divers métiers d’art traditionnels que j’avais appris.
Je pense qu’un des plus grands dangers qui guettent nos jeunes, c’est un sentiment d’isolation à l’égard de leur famille, leurs amis ou leur communauté. En leur permettant de connaître leur histoire et de socialiser avec leurs pairs, nous pouvons favoriser l’épanouissement d’un sentiment de fierté et contribuer à leur bien-être.
Mes ancêtres ont travaillé comme traducteurs et ont aidé divers groupes à se comprendre mutuellement. Comme un pont, j’aiderai aussi les autres à passer d’un endroit à un autre, que ce soit des étudiants qui arrivent dans une nouvelle école ou des personnes qui quittent un établissement pour retourner dans leur communauté. »
Jenna Burke, nation micmaque de Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard
- Étudiante de quatrième année en science politique à l’Université de l’Île‑du-Prince-Édouard, où elle est très engagée dans les activités du Centre des étudiants autochtones Mawi’omi.
- Bénévole auprès du Conseil des Autochtones de l’Île-du-Prince-Édouard, où elle a siégé au conseil d’administration en tant que représentante des jeunes dès l’âge de 15 ans. Elle a aussi représenté les jeunes de la province au Conseil national des jeunes du Congrès des Peuples Autochtones.
- Une des principales instigatrices des Prix annuels pour les réalisations des jeunes Autochtones. Elle a aussi été l’organisatrice principale du Mass Blanket Exercise à Charlottetown, un événement qui a réuni plus de 100 participants sur le parterre de l’Assemblée législative afin de raconter l’histoire du Canada dans une perspective autochtone.
- A occupé le poste de coordonnatrice de la Politique nationale de la jeunesse au Congrès des Peuples Autochtones.
- A créé le programme pour les jeunes nommé « Find Your Voice, » qui fait la promotion de la responsabilité sociale auprès des jeunes Autochtones.
« Je vais vous parler brièvement de moi, mais je commence toujours en parlant de ma grand-mère, car elle est vraiment la matriarche de ma famille. C’est une femme forte et une battante. Cette survivante des pensionnats a, par amour, épousé mon grand-père, un non-Autochtone; elle a ainsi perdu son statut et a dû quitter sa communauté. Elle a quand même élevé des enfants forts et s’est tenue loin des drogues et de l’alcool. Elle est la raison de ma présence ici aujourd’hui.
J’ai obtenu mon statut à la suite de l’affaire McIvor, en 2010. C’est donc un ajout récent à mon identité, ce qui constitue pour moi un périple intéressant. J’ai grandi sans vraiment comprendre qui j’étais, mais mon adhésion au Conseil des Autochtones m’a changée. J’y ai été entourée et guidée par de nombreux mentors qui ont vu en moi des dons que je ne me connaissais pas.
J’étudie présentement pour obtenir un baccalauréat ès arts avec spécialisation en sciences politiques. Il n’y a pas de mineure ou de majeure en affaires autochtones à mon université. En fait, il n’y a que deux cours sur les affaires autochtones dans toute l’université, et l’un d’eux a été annulé l’année où j’ai commencé mes études. Je me suis donc jointe au Centre d’étudiants autochtones de la Première Nation Mawi’omi et j’ai commencé à apporter des changements en rencontrant le président pour trouver des pistes de solution. Les universités déploient beaucoup d’efforts pour attirer les Autochtones, mais lorsqu’ils fréquentent les universités, il faut les appuyer. Si nous ne le faisons pas, nous leur rendons un très mauvais service.
Je travaille avec l’université pour qu’un cours sur les affaires autochtones y soit offert. [L’université] a créé un cercle de consultation des autochtones et j’ai assisté à la première réunion – je n’y étais pas invitée, mais j’ai su que cette rencontre allait avoir lieu alors j’y suis allée sans invitation. J’étais l’une des trois seules personnes autochtones à une table d’environ 15 personnes – et il devait y avoir plus de gens présents. J’ai donc pris la parole et j’ai dit : « Ce que vous faites est formidable, mais il est inacceptable qu’il n’y ait pas à tout le moins une représentation égale d’Autochtones. » À l’heure actuelle, les questions qui touchent les Autochtones sont importantes, les médias en parlent et tout le monde semble s’en soucier. Je crains que nous ayons peu de temps pour bien faire les choses. »
Mitch Case, Midewiwin au premier degré (loge des Midewiwin de Three Fires), Sault Ste. Marie, Ontario
- Président du Conseil des jeunes de la nation métisse de l’Ontario (CJNMO) et représentant des jeunes au Conseil provisoire de la nation métisse de l’Ontario (CPNMO).
- A été représentant des jeunes au Conseil historique des Métis de Sault-Ste-Marie et représentant de la région 4 auprès du CJNMO.
- A été membre du Conseil de la première ministre pour de meilleures perspectives pour la jeunesse, où il a donné son avis à 18 ministres provinciaux sur des questions qui touchent les jeunes Ontariens.
- S’adonne à la broderie métisse traditionnelle de perles en motifs floraux.
« Ma communauté, qui est très souvent négligée et oubliée, a joué de nombreux rôles importants dans l’histoire de mon peuple, la Nation Métisse. C’est l’une des plus vieilles communautés métisses au pays. Elle a été une plaque tournante durant le commerce de fourrure et durant la guerre de 1812, une guerre dans le cadre de laquelle notre communauté a pris les armes et s’est défendue. C’est une guerre que la Grande-Bretagne n’aurait pas pu gagner sans notre aide.
Le Traité Robinson-Huron et le Traité Robinson-Supérieur ont été conclus à notre grand désarroi et malgré les protestations des dirigeants des Premières Nations. Notre communauté a été exclue du traité. Des promesses ont été faites pour protéger nos rivières, ainsi que pour signer un autre traité avec nous un an plus tard. Cela fait maintenant près de 160 ans. Nous attendons toujours, et nous serons prêts quand vous le serez.
Dans mes temps libres, je fais beaucoup de perlage. J’essaie de perpétuer la tradition métisse du perlage aux motifs floraux. La veste que je porte est faite de tissus typiques de la Compagnie de la Baie d’Hudson – la compagnie qui s’est servie de mon peuple pour créer son empire, et qui a ensuite travaillé contre lui à Sault Ste. Marie et partout dans notre patrie lorsque nous faisions valoir nos droits. Il y a quelques années, une société américaine d’investissement a acheté la Compagnie de la Baie d’Hudson, et ma communauté est toujours là; elle est florissante. Pensez-en ce que vous voulez. »
Alethea Arnaquq-Baril, Inuk from Iqaluit, Nunavut
- Cinéaste inuite de l’Arctique canadien, où elle dirige les Studios Unikkaat Inc.
- A réalisé et produit le documentaire primé Angry Inuk (coproduction des Studios Unikkaatt/ONF en association avec EyeSteelFilm), diffusé sur Superchannel, portant sur les moyens originaux et provocateurs trouvés par des Inuits pour faire face aux controverses internationales entourant la chasse au phoque. Angry Inuk a été présenté en première du Hot Docs, le plus important festival de documentaires en Amérique du Nord, où il a remporté le Prix du public.
- A réalisé pour la chaîne APTN un moyen métrage intitulé Tunniit: Retracing the Lines of Inuit Tattoos, un documentaire primé dans lequel Alethea s’entretient avec des aînés du Nunavut à propos des tatouages inuits et de leur quasi‑disparition, avant d’acquérir ses propres tatouages faciaux traditionnels.
- A également réalisé des courts métrages comme Inuit High Kick, le film d’animation de l’ONF Lumaajuuq: The Blind Boy and the Loon– qui a remporté le prix du meilleur court métrage dramatique canadien au Festival imagineNATIVE de 2010 et le prix Golden Sheaf pour le meilleur film autochtone au Festival du film de Yorkton de 2011 –, ainsi que le court métrage Aviliaq: Entwined, qui raconte l’histoire d’amour d’une lesbienne dans les années 1950, dans le cadre du Projet Embargo (Festival imagineNATIVE 2014).
« Je me passionne pour les arts et la possibilité que le cinéma devienne l’un des principaux secteurs de l’économie des Inuits, un secteur qui non seulement assure un revenu, mais qui renforce aussi notre langue et notre culture tout en nous permettant de défendre notre peuple. Tout ce que je veux, c’est parler de la force de mon industrie et de ce que des gens comme vous doivent faire pour la soutenir. Je dois toutefois saisir cette occasion pour parler d’un énorme obstacle à la réussite de mon peuple, à savoir le logement.
Je suis très heureuse d’entendre que votre comité se penche sur cette question. En raison de nombreux programmes racistes du gouvernement du Canada, autorisés par les citoyens canadiens, une crise du logement sévit partout dans le Nord. Lorsque nous étions indépendants, on nous a forcés à abandonner nos terres et on nous a entassés dans des communautés mal conçues. Nous avons une crise du logement qui s’explique par la coercition, les mensonges, les déplacements forcés, l’enlèvement d’enfants, l’abattage de milliers de chiens de traîneau ainsi que la délimitation des territoires de chasse en vertu de la loi et pour l’exploitation des ressources.
Mon peuple survit depuis des millénaires dans un des climats les plus rigoureux au monde. Nous savons comment survivre. Nous sommes efficaces, résilients, créatifs et innovateurs, et nous avons une bonne capacité d’adaptation. Notre volonté de vivre n’a pas son pareil. Elle est profondément ancrée en nous. Notre sagesse, notre passion et nos connaissances ont été perfectionnées en fonction de l’endroit où nous vivons. Pourquoi alors nous entretuons-nous au point d’avoir l’un des pires taux de décès au monde ? Lorsque certaines des personnes les plus résilientes et ayant la plus grande capacité d’adaptation au monde meurent à cause de nous, que faut-il penser des conditions dans lesquelles elles vivent ? Nous devons mettre fin à la prolifération des traumatismes; nous devons enrayer l’hémorragie.
Si seulement le gouvernement prenait un véritable engagement en matière de logements sociaux. J’en ai assez des crédits budgétaires qui permettent à peine d’effleurer le problème. J’en ai assez des engagements qui ne règlent pas le problème, qui ne maintiennent même pas le statu quo. Cessons d’accorder des crédits budgétaires qui ont l’effet d’une goutte d’eau dans l’océan. Attaquons-nous vraiment au problème. Développons des économies durables qui renforcent la culture et la langue. Si le gouvernement du Canada réglait le problème du logement qu’il a créé, nous pourrions mener les activités dans lesquelles nous excellons. »
Shelby Angalik, Inuite, Arviat, Nunavut
- Vient d’obtenir son diplôme d’études secondaires à l’École secondaire John Arnalukjuak, à Arviat, au Nunavut.
- S’est récemment vu décerner la Médaille académique du Gouverneur général (Bronze), qui lui a été remise par le gouverneur général David Johnston. Elle est l’une des 20 récipiendaires de la Bourse d’études TD pour le leadership communautaire.
- S’adonne à de nombreux sports, notamment à la lutte, discipline dans laquelle elle a remporté quatre ulus d’argent lors des Jeux d’hiver de l’Arctique en 2014 et en 2016, et deux médailles d’or lors de tournois provinciaux.
- Très active au sein de sa communauté, elle a joué dans neuf pièces de théâtre, fait la lecture à de jeunes enfants et est membre du Comité du mieux-être communautaire.
« Je voulais parler un peu de moi pour montrer aux gens qu’être Autochtone ne se limite pas qu’aux difficultés auxquelles nous faisons face. Je veux vaincre le préjugé selon lequel nous éprouvons tous des difficultés et que c’est ce que nous sommes. Je veux parler de ce que j’ai fait pour vaincre ce préjugé, pour montrer que les problèmes auxquels nous faisons face ne nous définissent pas.
Lors de la dernière session, en janvier, j’ai créé un programme de lecture intitulé Imagination’s Destination pour augmenter le taux d’alphabétisation au Nunavut. Mon hameau m’a accordé une subvention afin d’obtenir des livres d’Inhabit Media, tant en anglais qu’en Inuktitut. Ils portent tous sur le Nunavut, sur des légendes et des mythes inuits.
En septembre, je vais faire des études anglaises à l’Université Brock. J’espère devenir bibliothécaire, revenir au Nunavut et accroître la portée de mon programme de lecture. »
Les jeunes leaders ont également été invités à visiter le Parlement pour rencontrer George J. Furey, Président du Sénat, Charles Robert, greffier du Sénat, et Peter Harder, leader du gouvernement au Sénat, afin de se familiariser avec le fonctionnement de l’institution.
« Vous êtes tous reconnus comme de jeunes leaders dans vos communautés et on comprend facilement pourquoi à la lecture de vos biographies, » a déclaré le Président Furey aux participants.
« Je vous félicite de vos réalisations et je suis ravi d’avoir la chance de rencontrer chacun d’entre vous, qui êtes nos futurs leaders, tout particulièrement en cette journée exceptionnelle qui marque le 20e anniversaire de la Journée nationale des Autochtones au Canada. »
Le Canada a une dette immense envers ses communautés autochtones. L’action constructive ne peut être entreprise qu’au moyen de la coopération, de la compréhension et du respect. Le Comité sénatorial des Peuples autochtones a donné – et continue de donner – une voix à ces communautés et il est résolu à protéger leurs intérêts au Parlement.
En plus d’avoir laissé une forte impression sur le Comité, qui souhaite maintenant faire de cette rencontre un événement annuel, les jeunes leaders de tous les coins du pays ont créé des liens entre eux et ont déjà formé un groupe d’anciens participants pour favoriser la communication entre les jeunes mais également entre les différentes communautés.