Mois de l’histoire des Noirs : Rencontre avec la sénatrice Wanda Bernard
Le Mois de l’histoire des Noirs souligne l’importante contribution de la population noire canadienne à la société canadienne.
La sénatrice Wanda Bernard, fidèle à la tradition Néo-Écossaise, célèbre le Mois du patrimoine africain.
Quel Canadien d’origine africaine (personnage historique ou personne toujours en vie) incarne, selon vous, le courage et la force ? Expliquez pourquoi.
Selon moi, il y a tant d’Afro-Canadiens qui incarnent le courage et la force, beaucoup trop même pour que je puisse tous les nommer. Je commencerai donc ma réponse en disant que je reconnais chaque jour que je marche dans les pas de mes nombreux ancêtres qui se sont battus pour leurs droits dans ce pays, et ce, en dépit des obstacles. Dès le début, et encore à ce jour, les Afro-Canadiens se sont battus avec dignité, courage et force. Cela me remplit d’espoir à la fois pour aujourd’hui et pour l’avenir en plus de me donner le courage et la résilience dont j’ai besoin pour continuer.
L’une des personnes qui compte parmi les plus courageuses que je connaisse est ma mère, devenue veuve à 39 ans et qui a su s’occuper de 10 enfants et de deux petits-enfants, dont le plus jeune était âgé de 18 mois seulement. Ma mère est décédée il y a environ 11 ans, peu de temps après que je sois décorée de l’Ordre du Canada pour mon travail portant sur la justice sociale. Ce n’est qu’après le décès de ma mère que j’ai véritablement pris conscience de l’immensité de ce qu’elle avait accompli pour notre famille. Elle a puisé la force et le courage nécessaires pour nous garder unis, malgré les difficultés, et elle était l’incarnation même de la puissance, de la résilience et de la vaillance dans l’adversité. En raison du racisme et du sexisme qui ont marqué son quotidien, ma mère a travaillé au service des autres toute sa vie en travaillant avec acharnement et en offrant le meilleur de soi-même pour nous transmettre à tous la valeur du travail, de la dignité et de la persévérance.
Finalement, un autre Canadien d’origine africaine qui incarne, selon moi, le courage et la force est le sénateur à la retraite Don Oliver. Le travail qu’il a accompli en tant que sénateur pour s’attaquer aux enjeux que sont la diversité, l’équité en matière d’emploi et le racisme au Canada est exemplaire et il était révolutionnaire. Ce flambeau m’a été transmis.
Quelles sont les leçons les plus importantes que vous avez apprises en grandissant ? Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes Canadiens ?
J’ai mentionné certaines de ces leçons lorsque j’ai parlé de ma chère mère, ci-dessus. Une autre leçon que j’ai apprise est d’avoir pris conscience de la valeur de l’éducation et du fait que, lorsque des occasions se présentent, il faut être prêt à en tirer profit. C’est l’un des aspects que j’aimerais transmettre aux jeunes Canadiens. Jamais autant de possibilités ne se sont offertes à nous et il faut que les jeunes soient prêts, grâce à l’éducation et à l’engagement communautaire, à tirer parti de ces possibilités et à redonner à la communauté. Je les encourage à faire comme l’auteure bell hooks le suggère [traduction] : « porter pendant l’ascension. »
Quel artiste, auteur, musicien ou acteur vous inspire ? Pourquoi ? Pouvez-vous suggérer un livre, une chanson, une danse, un film ou une peinture que les Canadiens gagneraient à découvrir ?
Beaucoup de personnes dans le domaine des arts et de la culture m’inspirent. Toutefois, ceux qui me touchent le plus sont Lawrence Hill et George Elliott Clarke, deux auteurs brillants. Leurs œuvres sont une source d’inspiration.
Également, en ce qui concerne les œuvres littéraires, tous les Canadiens devraient lire Aminata et Le sans-papiers.
Pour ce qui est des autres arts, je suis inspirée par la musique d’une jeune Afro-Néo-Écossaise, Reeny Smith, qui chante de la musique gospel et de la musique soul. Elle est vouée à un brillant avenir.
De plus, mon mari, George Bernard Junior, est un artiste qui a gagné sa vie comme photographe-portraitiste et photographe nuptial. Il est maintenant retraité et s’adonne à la photographie artistique, ce que je trouve vraiment inspirant, plus spécialement parce qu’il a dû combattre deux maladies qui menaçaient sa vie et qu’il s’est battu pour retrouver la force. Aujourd’hui, mon mari donne libre cours à une créativité renaissante.
En quoi consiste pour vous le travail de sénatrice, en tant que Canadienne d’origine africaine ? Quelles répercussions aimeriez-vous avoir sur le Parlement du Canada au cours de la présente législature ? Quel enjeu stratégique majeur revêt de l’importance pour vous ? Pouvez-vous expliquer pourquoi ?
En tant qu’Afro-Canadienne, je suis heureuse d’avoir été nommée sénatrice dans le cadre du nouveau processus fondé sur le mérite. Tous les jours, des Canadiens de tous les horizons me disent que ma nomination au Sénat les inspire parce qu’elle représente une source d’espoir essentielle pour eux : elle représente le changement et un engagement profond à l’égard de la justice sociale. Je cite un extrait d’un courriel que j’ai reçu :
« Madame la Dre Bernard,
Je suis une jeune Noire et une étudiante diplômée de l’Université Dalhousie. Je vous écris pour vous féliciter de votre nomination au Sénat ! Même si je ne vous ai jamais rencontrée en personne, vos réalisations me remplissent de fierté et m’inspirent, comme c’est fort probablement le cas pour de nombreuses autres jeunes Noires de la Nouvelle-Écosse et du Canada. Vous nous avez prouvé que, quels que soient les objectifs que l’on se fixe dans sa vie personnelle ou professionnelle, ces objectifs sont réalisables, et ce, en dépit des nombreux obstacles qui peuvent se dresser devant nous.
Je viens de commencer des études de maîtrise [...] et j’ai l’intention de poursuivre mes études au doctorat. Je ne compte pas (et je refuse d’y accorder de l’importance) le nombre de fois où j’ai été victime de racisme — racisme parfois déguisé, mais indéniablement blessant et éprouvant. Indépendamment de cela, d’autres difficultés sont associées à un retour aux études (j’ai obtenu mon diplôme de premier cycle il y a cinq ans). En toute honnêteté, je me demande parfois s’il s’agissait d’une bonne idée… mais je sais que c’était le cas, car il n’y a rien de négatif à chercher à s’instruire et à progresser sur le plan personnel. Puis, hier, j’ai appris votre nomination, une nouvelle qui concerne directement notre région et qui me remplit de joie, de force, d’encouragement et de détermination à continuer à aller de l’avant !
Merci beaucoup d’avoir réussi cet accomplissement, merci d’avoir choisi de représenter votre région et les gens qui vivent aux quatre coins de la Nouvelle-Écosse, merci d’être une source d’inspiration pour les nombreux jeunes Noirs partout au pays, et merci pour tout ce que vous avez fait en faveur de la justice sociale, de la diversité et de l’inclusivité par le passé et pour ce que vous continuerez à faire à l’avenir.
Avec une grande sincérité, je vous encourage sur cette nouvelle voie et je sais que vous profiterez de votre situation pour accomplir bien plus de choses ! »
Ma présence au Sénat est donc un signe de grand espoir, plus particulièrement pour les Canadiens d’origine africaine.
Quelle empreinte aimerais-je laisser au Parlement du Canada au cours de la présente législature ?
J’adopterai une perspective de justice sociale dans toutes mes activités au Sénat, y compris lors de ma participation aux travaux des comités. Je ne nourris pas de grandes attentes pour ce qui est de mon empreinte au Parlement, mais j’espère que la perspective que j’apporterai contribuera aux discussions et aux débats de mes collègues en ce qui concerne toutes les questions auxquelles nous feront face cette session-ci.
En tant que membre du Comité permanent des droits de la personne, je me réjouis de l’objectif du travail que nous ferons cette année, en ce qui concerne les droits des prisonniers dans le système correctionnel, plus particulièrement ceux qui sont marginalisés en raison de problèmes de santé mentale, d’handicaps, de leur race ou de leur statut d’Autochtone. Ce travail s’inscrit dans celui que j’ai effectué par le passé sur les détenus membres d’un groupe ethnoculturel et sur l’expérience dans le système de justice pénale des hommes noirs, qui constituent le segment de la population carcérale qui croît le plus rapidement. Par ailleurs, une partie importante de ce travail consistera à mieux en comprendre les causes fondamentales.
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Le Mois de l’histoire des Noirs souligne l’importante contribution de la population noire canadienne à la société canadienne.
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Quel Canadien d’origine africaine (personnage historique ou personne toujours en vie) incarne, selon vous, le courage et la force ? Expliquez pourquoi.
Selon moi, il y a tant d’Afro-Canadiens qui incarnent le courage et la force, beaucoup trop même pour que je puisse tous les nommer. Je commencerai donc ma réponse en disant que je reconnais chaque jour que je marche dans les pas de mes nombreux ancêtres qui se sont battus pour leurs droits dans ce pays, et ce, en dépit des obstacles. Dès le début, et encore à ce jour, les Afro-Canadiens se sont battus avec dignité, courage et force. Cela me remplit d’espoir à la fois pour aujourd’hui et pour l’avenir en plus de me donner le courage et la résilience dont j’ai besoin pour continuer.
L’une des personnes qui compte parmi les plus courageuses que je connaisse est ma mère, devenue veuve à 39 ans et qui a su s’occuper de 10 enfants et de deux petits-enfants, dont le plus jeune était âgé de 18 mois seulement. Ma mère est décédée il y a environ 11 ans, peu de temps après que je sois décorée de l’Ordre du Canada pour mon travail portant sur la justice sociale. Ce n’est qu’après le décès de ma mère que j’ai véritablement pris conscience de l’immensité de ce qu’elle avait accompli pour notre famille. Elle a puisé la force et le courage nécessaires pour nous garder unis, malgré les difficultés, et elle était l’incarnation même de la puissance, de la résilience et de la vaillance dans l’adversité. En raison du racisme et du sexisme qui ont marqué son quotidien, ma mère a travaillé au service des autres toute sa vie en travaillant avec acharnement et en offrant le meilleur de soi-même pour nous transmettre à tous la valeur du travail, de la dignité et de la persévérance.
Finalement, un autre Canadien d’origine africaine qui incarne, selon moi, le courage et la force est le sénateur à la retraite Don Oliver. Le travail qu’il a accompli en tant que sénateur pour s’attaquer aux enjeux que sont la diversité, l’équité en matière d’emploi et le racisme au Canada est exemplaire et il était révolutionnaire. Ce flambeau m’a été transmis.
Quelles sont les leçons les plus importantes que vous avez apprises en grandissant ? Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes Canadiens ?
J’ai mentionné certaines de ces leçons lorsque j’ai parlé de ma chère mère, ci-dessus. Une autre leçon que j’ai apprise est d’avoir pris conscience de la valeur de l’éducation et du fait que, lorsque des occasions se présentent, il faut être prêt à en tirer profit. C’est l’un des aspects que j’aimerais transmettre aux jeunes Canadiens. Jamais autant de possibilités ne se sont offertes à nous et il faut que les jeunes soient prêts, grâce à l’éducation et à l’engagement communautaire, à tirer parti de ces possibilités et à redonner à la communauté. Je les encourage à faire comme l’auteure bell hooks le suggère [traduction] : « porter pendant l’ascension. »
Quel artiste, auteur, musicien ou acteur vous inspire ? Pourquoi ? Pouvez-vous suggérer un livre, une chanson, une danse, un film ou une peinture que les Canadiens gagneraient à découvrir ?
Beaucoup de personnes dans le domaine des arts et de la culture m’inspirent. Toutefois, ceux qui me touchent le plus sont Lawrence Hill et George Elliott Clarke, deux auteurs brillants. Leurs œuvres sont une source d’inspiration.
Également, en ce qui concerne les œuvres littéraires, tous les Canadiens devraient lire Aminata et Le sans-papiers.
Pour ce qui est des autres arts, je suis inspirée par la musique d’une jeune Afro-Néo-Écossaise, Reeny Smith, qui chante de la musique gospel et de la musique soul. Elle est vouée à un brillant avenir.
De plus, mon mari, George Bernard Junior, est un artiste qui a gagné sa vie comme photographe-portraitiste et photographe nuptial. Il est maintenant retraité et s’adonne à la photographie artistique, ce que je trouve vraiment inspirant, plus spécialement parce qu’il a dû combattre deux maladies qui menaçaient sa vie et qu’il s’est battu pour retrouver la force. Aujourd’hui, mon mari donne libre cours à une créativité renaissante.
En quoi consiste pour vous le travail de sénatrice, en tant que Canadienne d’origine africaine ? Quelles répercussions aimeriez-vous avoir sur le Parlement du Canada au cours de la présente législature ? Quel enjeu stratégique majeur revêt de l’importance pour vous ? Pouvez-vous expliquer pourquoi ?
En tant qu’Afro-Canadienne, je suis heureuse d’avoir été nommée sénatrice dans le cadre du nouveau processus fondé sur le mérite. Tous les jours, des Canadiens de tous les horizons me disent que ma nomination au Sénat les inspire parce qu’elle représente une source d’espoir essentielle pour eux : elle représente le changement et un engagement profond à l’égard de la justice sociale. Je cite un extrait d’un courriel que j’ai reçu :
« Madame la Dre Bernard,
Je suis une jeune Noire et une étudiante diplômée de l’Université Dalhousie. Je vous écris pour vous féliciter de votre nomination au Sénat ! Même si je ne vous ai jamais rencontrée en personne, vos réalisations me remplissent de fierté et m’inspirent, comme c’est fort probablement le cas pour de nombreuses autres jeunes Noires de la Nouvelle-Écosse et du Canada. Vous nous avez prouvé que, quels que soient les objectifs que l’on se fixe dans sa vie personnelle ou professionnelle, ces objectifs sont réalisables, et ce, en dépit des nombreux obstacles qui peuvent se dresser devant nous.
Je viens de commencer des études de maîtrise [...] et j’ai l’intention de poursuivre mes études au doctorat. Je ne compte pas (et je refuse d’y accorder de l’importance) le nombre de fois où j’ai été victime de racisme — racisme parfois déguisé, mais indéniablement blessant et éprouvant. Indépendamment de cela, d’autres difficultés sont associées à un retour aux études (j’ai obtenu mon diplôme de premier cycle il y a cinq ans). En toute honnêteté, je me demande parfois s’il s’agissait d’une bonne idée… mais je sais que c’était le cas, car il n’y a rien de négatif à chercher à s’instruire et à progresser sur le plan personnel. Puis, hier, j’ai appris votre nomination, une nouvelle qui concerne directement notre région et qui me remplit de joie, de force, d’encouragement et de détermination à continuer à aller de l’avant !
Merci beaucoup d’avoir réussi cet accomplissement, merci d’avoir choisi de représenter votre région et les gens qui vivent aux quatre coins de la Nouvelle-Écosse, merci d’être une source d’inspiration pour les nombreux jeunes Noirs partout au pays, et merci pour tout ce que vous avez fait en faveur de la justice sociale, de la diversité et de l’inclusivité par le passé et pour ce que vous continuerez à faire à l’avenir.
Avec une grande sincérité, je vous encourage sur cette nouvelle voie et je sais que vous profiterez de votre situation pour accomplir bien plus de choses ! »
Ma présence au Sénat est donc un signe de grand espoir, plus particulièrement pour les Canadiens d’origine africaine.
Quelle empreinte aimerais-je laisser au Parlement du Canada au cours de la présente législature ?
J’adopterai une perspective de justice sociale dans toutes mes activités au Sénat, y compris lors de ma participation aux travaux des comités. Je ne nourris pas de grandes attentes pour ce qui est de mon empreinte au Parlement, mais j’espère que la perspective que j’apporterai contribuera aux discussions et aux débats de mes collègues en ce qui concerne toutes les questions auxquelles nous feront face cette session-ci.
En tant que membre du Comité permanent des droits de la personne, je me réjouis de l’objectif du travail que nous ferons cette année, en ce qui concerne les droits des prisonniers dans le système correctionnel, plus particulièrement ceux qui sont marginalisés en raison de problèmes de santé mentale, d’handicaps, de leur race ou de leur statut d’Autochtone. Ce travail s’inscrit dans celui que j’ai effectué par le passé sur les détenus membres d’un groupe ethnoculturel et sur l’expérience dans le système de justice pénale des hommes noirs, qui constituent le segment de la population carcérale qui croît le plus rapidement. Par ailleurs, une partie importante de ce travail consistera à mieux en comprendre les causes fondamentales.