Rencontre avec la poète officielle: Georgette Leblanc
Georgette LeBlanc est la poète officielle du Parlement du Canada depuis le 1er janvier 2018. Huitième poète à occuper ce poste, Mme LeBlanc a succédé à George Elliott Clarke, dont le mandat de deux ans s’est terminé le 31 décembre 2017.
Née à Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec, Georgette LeBlanc a grandi dans la région de la baie Sainte-Marie, en Nouvelle-Écosse. Elle est titulaire d’un doctorat en études francophones de l’Université de Louisiane à Lafayette. Parmi ses œuvres publiées, notons Alma (2007), Amédé (2010), Prudent (2013) (finaliste du Prix littéraire du gouverneur général en 2014 dans la catégorie poésie) et, plus récemment, Le Grand Feu (2016), aux Éditions Perce-Neige, où elle dirige la collection de poésie Acadie tropicale. Elle a aussi collaboré et contribué à la scène théâtrale, télévisuelle et musicale.
Félicitations Mme Leblanc pour votre nomination à titre de Poète officielle du Parlement. Vous avez reçu de nombreux éloges pendant votre carrière à titre de poète et de dramaturge. Pourquoi endossez-vous ce nouveau rôle et qu’espérez-vous accomplir?
Tout d’abord, je me considère surtout poète. J’ai remarqué au fil des ans et à quelques reprises qu’on place mes livres dans la catégorie théâtre en librairie! Chose curieuse puisque j’ai écrit et publié des livres de poésie. Des romans poétiques. Chaque histoire/récit a sa forme et sa structure narrative, mais chaque fois, c’est le vers libre qui commande.
Comme poète parlementaire, j’espère très simplement et humblement de partager cet univers poétique et ce qui est pour moi, le poème. J’espère aussi continuer d’encourager et d’inspirer les poèmes des autres.
Votre œuvre primée Prudent raconte l’histoire de Prudent Robichaud lors du Grand Dérangement. Comment son histoire et ce pan de l’histoire canadienne vous ont-ils inspiré?
Ce pan de l’histoire canadienne m’inspire depuis des années puisque Prudent Robichaud fait partie à la fois de mon histoire personnelle et nationale/acadienne. Comme ç’a été le cas pour chaque livre, j’ai longtemps réfléchi à la fois au personnage et à l’événement historique. C’est le personnage qui m’a appelé. Mais très tôt, j’ai compris qu’il était impossible de dissocier le personnage de l’événement tragique. Je cherchais, par le biais de l’écriture, à mieux comprendre/ressentir (pour moi-même) la dimension personnelle de cette plaie nationale. Pire qu’une défaite, la déportation est ici vécue comme une profonde trahison. N’oublions pas que le peuple acadien, premier peuple fondateur du Canada (tel qu’on le connaît), côtoyait et travaillait parmi « nos amis les ennemis » britanniques de l’époque (XVIIIe siècle), qui souvent n’étaient pas ennemis du tout. La décision et l’ordre militaire, contrecarrait/allait à l’encontre d’une réalité et d’une prospérité économique autre.
Prudent est un peu l’antihéros du récit parce qu’il vit une défaite personnelle. Dans la cale du bote (bateau), Prudent doit faire face aux représailles de sa famille étendue. Ici, c’est la parole qui guéri : plutôt que de sombrer dans la rage et la violence, les Acadiens à bord du Pembroke arrivont à reprendre leur histoire en main.
Comment l’Acadie est-elle en général une source d’inspiration pour votre travail?
L’Acadie est une source d’inspiration constante. C’est une des grandes idées qu’on m’a léguées!
Qui était votre poète préféré durant votre jeunesse? Sur quoi portent vos premiers poèmes?
Laquelle jeunesse?! Quelques poètes qui m’ont inspirée en cours de route, tôt – toutes nationalités confondues - les traductions des poèmes de Pablo Neruda. Les poètes de l’anthologie de poètes canadiens dans mon cours d’anglais en 10 ou 11e année - entre autres, le texte de Pam Lowther “carrots” pour sa simplicité. Les poètes et poétesses acadiens – en autres – Herménégilde Chiasson (Mourir à Scoudouc). Ann Sexton. Al Purdy. Power Politics de Margaret Atwood. La poésie des poètes avec qui j’écrivais et avec qui j’ai publié mes premiers poèmes dont André Muise et la revue littéraire Éloizes à Moncton. Guy Drouin. Robert Finley. Philip Levine (What Work Is). George Elliot Clarke (Whylah Falls) – texte découverte. A Saving Grace de Lorna Crozier – que m’avait fait découvrir mon ami Simon Thibault. Il y en a trop et encore!
Mes premiers poèmes portaient sur une profonde solitude, la mélancolie, l’identité et l’amour/physique – l’autre.
Selon vous, quel poète les parlementaires devaient-ils prendre le temps de lire et pourquoi?
Les poètes et poétesses acadien(ne)s! Tout ce qui passe et qui se rapporte à l’Acadie dans tous ses états. Ni plus ni moins.
Quels conseils donneriez-vous à un aspirant poète?
Je conseille aux futurs poètes de s’écouter. De partager ses textes en première lecture avec quelqu’un de confiance (toute une histoire!) qui pourra lire à cœur ouvert et avec la tête reposée. Laissez aux éditeurs et éditrices les soins et soucis de l’édition. Lire bien sûr mais aussi et surtout, vivre!
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Rencontre avec la poète officielle: Georgette Leblanc
Georgette LeBlanc est la poète officielle du Parlement du Canada depuis le 1er janvier 2018. Huitième poète à occuper ce poste, Mme LeBlanc a succédé à George Elliott Clarke, dont le mandat de deux ans s’est terminé le 31 décembre 2017.
Née à Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec, Georgette LeBlanc a grandi dans la région de la baie Sainte-Marie, en Nouvelle-Écosse. Elle est titulaire d’un doctorat en études francophones de l’Université de Louisiane à Lafayette. Parmi ses œuvres publiées, notons Alma (2007), Amédé (2010), Prudent (2013) (finaliste du Prix littéraire du gouverneur général en 2014 dans la catégorie poésie) et, plus récemment, Le Grand Feu (2016), aux Éditions Perce-Neige, où elle dirige la collection de poésie Acadie tropicale. Elle a aussi collaboré et contribué à la scène théâtrale, télévisuelle et musicale.
Félicitations Mme Leblanc pour votre nomination à titre de Poète officielle du Parlement. Vous avez reçu de nombreux éloges pendant votre carrière à titre de poète et de dramaturge. Pourquoi endossez-vous ce nouveau rôle et qu’espérez-vous accomplir?
Tout d’abord, je me considère surtout poète. J’ai remarqué au fil des ans et à quelques reprises qu’on place mes livres dans la catégorie théâtre en librairie! Chose curieuse puisque j’ai écrit et publié des livres de poésie. Des romans poétiques. Chaque histoire/récit a sa forme et sa structure narrative, mais chaque fois, c’est le vers libre qui commande.
Comme poète parlementaire, j’espère très simplement et humblement de partager cet univers poétique et ce qui est pour moi, le poème. J’espère aussi continuer d’encourager et d’inspirer les poèmes des autres.
Votre œuvre primée Prudent raconte l’histoire de Prudent Robichaud lors du Grand Dérangement. Comment son histoire et ce pan de l’histoire canadienne vous ont-ils inspiré?
Ce pan de l’histoire canadienne m’inspire depuis des années puisque Prudent Robichaud fait partie à la fois de mon histoire personnelle et nationale/acadienne. Comme ç’a été le cas pour chaque livre, j’ai longtemps réfléchi à la fois au personnage et à l’événement historique. C’est le personnage qui m’a appelé. Mais très tôt, j’ai compris qu’il était impossible de dissocier le personnage de l’événement tragique. Je cherchais, par le biais de l’écriture, à mieux comprendre/ressentir (pour moi-même) la dimension personnelle de cette plaie nationale. Pire qu’une défaite, la déportation est ici vécue comme une profonde trahison. N’oublions pas que le peuple acadien, premier peuple fondateur du Canada (tel qu’on le connaît), côtoyait et travaillait parmi « nos amis les ennemis » britanniques de l’époque (XVIIIe siècle), qui souvent n’étaient pas ennemis du tout. La décision et l’ordre militaire, contrecarrait/allait à l’encontre d’une réalité et d’une prospérité économique autre.
Prudent est un peu l’antihéros du récit parce qu’il vit une défaite personnelle. Dans la cale du bote (bateau), Prudent doit faire face aux représailles de sa famille étendue. Ici, c’est la parole qui guéri : plutôt que de sombrer dans la rage et la violence, les Acadiens à bord du Pembroke arrivont à reprendre leur histoire en main.
Comment l’Acadie est-elle en général une source d’inspiration pour votre travail?
L’Acadie est une source d’inspiration constante. C’est une des grandes idées qu’on m’a léguées!
Qui était votre poète préféré durant votre jeunesse? Sur quoi portent vos premiers poèmes?
Laquelle jeunesse?! Quelques poètes qui m’ont inspirée en cours de route, tôt – toutes nationalités confondues - les traductions des poèmes de Pablo Neruda. Les poètes de l’anthologie de poètes canadiens dans mon cours d’anglais en 10 ou 11e année - entre autres, le texte de Pam Lowther “carrots” pour sa simplicité. Les poètes et poétesses acadiens – en autres – Herménégilde Chiasson (Mourir à Scoudouc). Ann Sexton. Al Purdy. Power Politics de Margaret Atwood. La poésie des poètes avec qui j’écrivais et avec qui j’ai publié mes premiers poèmes dont André Muise et la revue littéraire Éloizes à Moncton. Guy Drouin. Robert Finley. Philip Levine (What Work Is). George Elliot Clarke (Whylah Falls) – texte découverte. A Saving Grace de Lorna Crozier – que m’avait fait découvrir mon ami Simon Thibault. Il y en a trop et encore!
Mes premiers poèmes portaient sur une profonde solitude, la mélancolie, l’identité et l’amour/physique – l’autre.
Selon vous, quel poète les parlementaires devaient-ils prendre le temps de lire et pourquoi?
Les poètes et poétesses acadien(ne)s! Tout ce qui passe et qui se rapporte à l’Acadie dans tous ses états. Ni plus ni moins.
Quels conseils donneriez-vous à un aspirant poète?
Je conseille aux futurs poètes de s’écouter. De partager ses textes en première lecture avec quelqu’un de confiance (toute une histoire!) qui pourra lire à cœur ouvert et avec la tête reposée. Laissez aux éditeurs et éditrices les soins et soucis de l’édition. Lire bien sûr mais aussi et surtout, vivre!