Rencontre avec le sénateur Judith G. Seidman
Qui vous a transmis le désir et l’intérêt de participer à la vie publique ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours pensé que nous sommes très chanceux de vivre dans ce pays, le Canada, et que nous ne devons pas tenir notre démocratie pour acquise. Nous avons la responsabilité de veiller à ce que les privilèges dont nous jouissons en tant que Canadiens – les libertés, les possibilités – ne soient jamais en péril. À cet égard, je crois que nous devons tous participer à la vie publique d’une manière ou d’une autre, et que nous devons donner quelque chose en retour à nos communautés.
J’ai eu la chance d’avoir de bons enseignants et de bons amis, mais il reste que la plus forte influence sur moi a été le grand exemple d’engagement public de mon père. Il croyait en l’importance de « donner au prochain. » C’est qu’il a fait de plusieurs façons au cours de sa vie. Sa contribution la plus importante a peut-être été la façon dont il a mobilisé les jeunes dans notre pays, en s’associant au mouvement scout à l’échelle locale, provinciale, nationale et internationale. Il a donné un caractère de diversité à ce qui était une approche plutôt homogène, notamment en encourageant les groupes de scouts et les camps d’été multiethniques et multiraciaux à Montréal et au Québec. Il a organisé, à Montréal, le premier jamboree international de scouts et guides, auquel j’ai participé.
J’ai moi aussi choisi de travailler avec les jeunes au fil des ans dans le but de les aider à comprendre notre système politique et de les encourager à s’engager dans leurs communautés. Quand on voit ce qui se passe ailleurs dans le monde aujourd’hui, on comprend à quel point la démocratie est fragile et combien nous sommes chanceux de vivre dans un endroit où elle s’exerce.
Selon vous, quel est le plus important enjeu de politique publique pour le Canada aujourd’hui ?
L’enjeu le plus important pour notre pays consiste à sortir des sentiers battus pour envisager une nouvelle façon d’offrir nos soins de santé aux Canadiens. Tous les gouvernements ont peur d’aborder les véritables enjeux par crainte que les Canadiens ne l’acceptent pas et leur en tiennent rigueur. Alors, on ferme les yeux sur un système qui s’est déjà dégradé au point d’être devenu le redouté système « à deux vitesses. »
Nous devons examiner ce qui se fait ailleurs dans le monde, notamment dans les pays qui ont inspiré notre propre modèle, tels que le Royaume-Uni, la Finlande, la Suède, la France et les Pays-Bas. Ces pays sont tous passés à un système de soins public-privé.
Nous ne pouvons pas continuer à faire l’autruche. Nous devons faire davantage preuve d’innovation et utiliser le secteur privé tout en assurant le maintien de l’universalité des soins assurés et l’accès. On peut y arriver. Nous, parlementaires, devons rassembler notre courage et réaliser ce changement pour les prochaines générations.
Pourquoi les Canadiens devraient-ils s’intéresser davantage au Sénat ?
Comme la plupart des Canadiens, j’en savais peu au sujet du Sénat avant d’entrer en fonction ici. J’ai rapidement découvert que l’institution a été un élément central dans l’élaboration de notre structure constitutionnelle. Les Pères de la Confédération ont longuement réfléchi au rôle du Sénat. Parmi toutes les questions étudiées, ce sont en fait les discussions sur l’élaboration du Sénat qui ont été les plus longues – une semaine entière. Ils ont reconnu l’importance de protéger son droit à la dissidence politique contre les attaques éventuelles d’une majorité de la Chambre des communes.
Le Sénat fait partie intégrante de notre système bicaméral. Il a été formé selon le principe de l’égalité régionale afin d’assurer la protection des divers intérêts au Canada, ainsi que la protection des droits des minorités et des droits linguistiques. La responsabilité de représenter les minorités de nos régions au niveau fédéral est aussi propre au Sénat.
Je suis fière de notre travail, du sérieux et de l’honnêteté qui caractérisent nos études en comité et l’examen des projets de loi. Les sénateurs ont le privilège de ne pas être soumis à l’incertitude électorale, un privilège qui entraîne d’importantes responsabilités. Notre travail d’analyse et de planification peut s’effectuer de manière plus systématique, à plus long terme et à plus grande échelle que celui des députés.
Il est important que les Canadiens participent à ces débats et interagissent avec nous (les sénateurs), dans l’esprit de ce que les Pères de la Confédération avaient prévu.
À quels efforts législatifs ou travaux de comité êtes-vous le plus fière d’avoir participé ?
Il est difficile de citer une réalisation précise dont je serais la plus fière, en près de sept ans. Je sais que le travail que nous réalisons au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie a apporté, et apporte encore, une importante contribution pour le pays, comme c’est aussi le cas dans le domaine de la santé. Nous avons examiné l’accord sur les soins de santé juste avant son expiration en 2014 et nous avons formulé des recommandations pour son renouvellement. Nous venons aussi d’achever une étude sur l’obésité, qui aura sans doute une incidence sur les mesures législatives à venir.
Au sein du Comité sénatorial permanent des langues officielles, j’ai participé à la direction d’une étude sur les minorités anglophones au Québec. L’étude, qui a assurément permis de dissiper un « mythe » au sujet de la communauté, est encore utilisée comme ouvrage de référence par tous les ordres de gouvernement et les organismes communautaires.
J’ai récemment parrainé le projet de loi C-17, Loi modifiant la Loi sur les aliments et drogues, aussi appelée ‘Loi de Vanessa.’ Il était urgent que ce projet de loi soit adopté afin de régler des problèmes de sécurité liés à l’usage de produits pharmaceutiques et d’instruments médicaux. Il était essentiel d’exiger plus de transparence et la publication des données sur les réactions indésirables associées à des médicaments approuvés. Ce projet de loi contribuera à sauver de nombreuses vies au Canada.
Pouvez-vous nommer un trésor caché de votre région que les Canadiens gagneraient à découvrir ?
Je suis vraiment une fière Montréalaise; fière de l’esprit chaleureux, animé, inclusif et innovateur que l’on retrouve dans chaque coin de la ville. C’est cet esprit qui constitue le trésor caché de Montréal, que l’on ne peut découvrir qu’en faisant l’expérience concrète de la ville !
Pouvez-vous nommer une chanson ou un album qui vous rend heureuse, mais que vous avez un peu honte d’aimer, et expliquer pourquoi ?
Penser à mon petit-fils de 10 ans et à sa grande joie de vivre me rend toujours heureuse. Dans une de ses étonnantes déclarations, il a récemment dit : « Ne suit pas ton ombre, tourne-toi vers l’avenir ! »
Quel est le dernier livre ou film que vous avez recommandé à quelqu’un et pourquoi ?
Dernièrement, je lis souvent deux livres en même temps, aussi bien des romans que des ouvrages documentaires. J’ai toujours aimé les romans policiers; je viens de terminer le roman « Sous la glace » de l’auteure montréalaise Louise Penny, ainsi que « The Speechwriter », de Barton Swaim, qui est en quelque sorte l’autobiographie d’un rédacteur ayant travaillé pour un gouverneur du sud des États-Unis.
Mon partenaire de cinéma est mon petit-fils; je suis donc quelque peu à la merci de ses goûts. Pendant les vacances de Noël, nous avons regardé « Le Pont des espions, » mais je crois qu’il a trouvé que ce film manquait un peu d’action.
Quelle équipe sportive (amateur ou professionnelle) appuyez-vous ?
J’appuie tous les athlètes canadiens. Il faut beaucoup de discipline, de temps et de dévouement pour se perfectionner dans un sport. Toutefois, étant une mordue de hockey depuis longtemps, j’ai toujours appuyé nos Canadiens de Montréal.
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Qui vous a transmis le désir et l’intérêt de participer à la vie publique ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours pensé que nous sommes très chanceux de vivre dans ce pays, le Canada, et que nous ne devons pas tenir notre démocratie pour acquise. Nous avons la responsabilité de veiller à ce que les privilèges dont nous jouissons en tant que Canadiens – les libertés, les possibilités – ne soient jamais en péril. À cet égard, je crois que nous devons tous participer à la vie publique d’une manière ou d’une autre, et que nous devons donner quelque chose en retour à nos communautés.
J’ai eu la chance d’avoir de bons enseignants et de bons amis, mais il reste que la plus forte influence sur moi a été le grand exemple d’engagement public de mon père. Il croyait en l’importance de « donner au prochain. » C’est qu’il a fait de plusieurs façons au cours de sa vie. Sa contribution la plus importante a peut-être été la façon dont il a mobilisé les jeunes dans notre pays, en s’associant au mouvement scout à l’échelle locale, provinciale, nationale et internationale. Il a donné un caractère de diversité à ce qui était une approche plutôt homogène, notamment en encourageant les groupes de scouts et les camps d’été multiethniques et multiraciaux à Montréal et au Québec. Il a organisé, à Montréal, le premier jamboree international de scouts et guides, auquel j’ai participé.
J’ai moi aussi choisi de travailler avec les jeunes au fil des ans dans le but de les aider à comprendre notre système politique et de les encourager à s’engager dans leurs communautés. Quand on voit ce qui se passe ailleurs dans le monde aujourd’hui, on comprend à quel point la démocratie est fragile et combien nous sommes chanceux de vivre dans un endroit où elle s’exerce.
Selon vous, quel est le plus important enjeu de politique publique pour le Canada aujourd’hui ?
L’enjeu le plus important pour notre pays consiste à sortir des sentiers battus pour envisager une nouvelle façon d’offrir nos soins de santé aux Canadiens. Tous les gouvernements ont peur d’aborder les véritables enjeux par crainte que les Canadiens ne l’acceptent pas et leur en tiennent rigueur. Alors, on ferme les yeux sur un système qui s’est déjà dégradé au point d’être devenu le redouté système « à deux vitesses. »
Nous devons examiner ce qui se fait ailleurs dans le monde, notamment dans les pays qui ont inspiré notre propre modèle, tels que le Royaume-Uni, la Finlande, la Suède, la France et les Pays-Bas. Ces pays sont tous passés à un système de soins public-privé.
Nous ne pouvons pas continuer à faire l’autruche. Nous devons faire davantage preuve d’innovation et utiliser le secteur privé tout en assurant le maintien de l’universalité des soins assurés et l’accès. On peut y arriver. Nous, parlementaires, devons rassembler notre courage et réaliser ce changement pour les prochaines générations.
Pourquoi les Canadiens devraient-ils s’intéresser davantage au Sénat ?
Comme la plupart des Canadiens, j’en savais peu au sujet du Sénat avant d’entrer en fonction ici. J’ai rapidement découvert que l’institution a été un élément central dans l’élaboration de notre structure constitutionnelle. Les Pères de la Confédération ont longuement réfléchi au rôle du Sénat. Parmi toutes les questions étudiées, ce sont en fait les discussions sur l’élaboration du Sénat qui ont été les plus longues – une semaine entière. Ils ont reconnu l’importance de protéger son droit à la dissidence politique contre les attaques éventuelles d’une majorité de la Chambre des communes.
Le Sénat fait partie intégrante de notre système bicaméral. Il a été formé selon le principe de l’égalité régionale afin d’assurer la protection des divers intérêts au Canada, ainsi que la protection des droits des minorités et des droits linguistiques. La responsabilité de représenter les minorités de nos régions au niveau fédéral est aussi propre au Sénat.
Je suis fière de notre travail, du sérieux et de l’honnêteté qui caractérisent nos études en comité et l’examen des projets de loi. Les sénateurs ont le privilège de ne pas être soumis à l’incertitude électorale, un privilège qui entraîne d’importantes responsabilités. Notre travail d’analyse et de planification peut s’effectuer de manière plus systématique, à plus long terme et à plus grande échelle que celui des députés.
Il est important que les Canadiens participent à ces débats et interagissent avec nous (les sénateurs), dans l’esprit de ce que les Pères de la Confédération avaient prévu.
À quels efforts législatifs ou travaux de comité êtes-vous le plus fière d’avoir participé ?
Il est difficile de citer une réalisation précise dont je serais la plus fière, en près de sept ans. Je sais que le travail que nous réalisons au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie a apporté, et apporte encore, une importante contribution pour le pays, comme c’est aussi le cas dans le domaine de la santé. Nous avons examiné l’accord sur les soins de santé juste avant son expiration en 2014 et nous avons formulé des recommandations pour son renouvellement. Nous venons aussi d’achever une étude sur l’obésité, qui aura sans doute une incidence sur les mesures législatives à venir.
Au sein du Comité sénatorial permanent des langues officielles, j’ai participé à la direction d’une étude sur les minorités anglophones au Québec. L’étude, qui a assurément permis de dissiper un « mythe » au sujet de la communauté, est encore utilisée comme ouvrage de référence par tous les ordres de gouvernement et les organismes communautaires.
J’ai récemment parrainé le projet de loi C-17, Loi modifiant la Loi sur les aliments et drogues, aussi appelée ‘Loi de Vanessa.’ Il était urgent que ce projet de loi soit adopté afin de régler des problèmes de sécurité liés à l’usage de produits pharmaceutiques et d’instruments médicaux. Il était essentiel d’exiger plus de transparence et la publication des données sur les réactions indésirables associées à des médicaments approuvés. Ce projet de loi contribuera à sauver de nombreuses vies au Canada.
Pouvez-vous nommer un trésor caché de votre région que les Canadiens gagneraient à découvrir ?
Je suis vraiment une fière Montréalaise; fière de l’esprit chaleureux, animé, inclusif et innovateur que l’on retrouve dans chaque coin de la ville. C’est cet esprit qui constitue le trésor caché de Montréal, que l’on ne peut découvrir qu’en faisant l’expérience concrète de la ville !
Pouvez-vous nommer une chanson ou un album qui vous rend heureuse, mais que vous avez un peu honte d’aimer, et expliquer pourquoi ?
Penser à mon petit-fils de 10 ans et à sa grande joie de vivre me rend toujours heureuse. Dans une de ses étonnantes déclarations, il a récemment dit : « Ne suit pas ton ombre, tourne-toi vers l’avenir ! »
Quel est le dernier livre ou film que vous avez recommandé à quelqu’un et pourquoi ?
Dernièrement, je lis souvent deux livres en même temps, aussi bien des romans que des ouvrages documentaires. J’ai toujours aimé les romans policiers; je viens de terminer le roman « Sous la glace » de l’auteure montréalaise Louise Penny, ainsi que « The Speechwriter », de Barton Swaim, qui est en quelque sorte l’autobiographie d’un rédacteur ayant travaillé pour un gouverneur du sud des États-Unis.
Mon partenaire de cinéma est mon petit-fils; je suis donc quelque peu à la merci de ses goûts. Pendant les vacances de Noël, nous avons regardé « Le Pont des espions, » mais je crois qu’il a trouvé que ce film manquait un peu d’action.
Quelle équipe sportive (amateur ou professionnelle) appuyez-vous ?
J’appuie tous les athlètes canadiens. Il faut beaucoup de discipline, de temps et de dévouement pour se perfectionner dans un sport. Toutefois, étant une mordue de hockey depuis longtemps, j’ai toujours appuyé nos Canadiens de Montréal.