Délibérations du comité sénatorial
permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources
naturelles
Fascicule 7 - Témoignages
OTTAWA, le mardi 31 mars 1998
Le comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles, qui a été saisi du projet de loi S-6, Loi portant création d'un parc historique national pour commémorer l'affaire «personne», se réunit aujourd'hui à 9 heures pour étudier le projet de loi.
Le sénateur Ron Ghitter (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président: Honorables sénateurs, nous avons parmi nous ce matin un certain nombre de témoins qui nous aideront à poursuivre notre étude du projet de loi S-6. J'aimerais leur souhaiter la bienvenue et leur demander de commencer.
M. Anthony P. McGlynn, président, Ottawa-Carleton Board of Trade: Honorables sénateurs, bonjour. Je vous remercie d'avoir bien voulu m'inviter à prendre la parole ici ce matin. Mon nom est Anthony McGlynn. Je suis le président du Ottawa-Carleton Board of Trade. Nous sommes fiers de dire que nous représentons les gens d'affaires de la région d'Ottawa-Carleton. Notre organisme représente plus de 700 entreprises à titre de Chambre de commerce de la région d'Ottawa-Carleton. J'ai été mandaté par notre conseil d'administration pour venir faire cette présentation ici ce matin et vous exposer l'opinion du Board of Trade sur le présent projet de loi.
Le Board of Trade est d'accord avec les commentaires des représentants des entreprises locales que vous entendrez ce matin et il appuie ces représentations. Tout comme eux, le Board of Trade ne conteste pas l'idée de commémorer l'affaire «personne» ou de reconnaître un emplacement où l'on pourrait perpétuer le souvenir de grands Canadiens. À notre avis, la question n'est pas tellement de déterminer si on doit instituer un lieu commémoratif, mais plutôt de décider si la place Daly est l'endroit approprié pour le faire.
Le Board of Trade appuie toutes les autres représentations qui seront faites ce matin, mais aimerait insister sur trois points en particulier. Le premier a trait aux répercussions économiques de la perte de la place Daly. Le choix de cet emplacement signifierait des pertes immédiates d'emploi dans le domaine de la construction et également des pertes à long terme, puisque nous ne pourrions compter sur le développement commercial de cette intersection importante.
Par contre, le développement commercial de l'emplacement, plutôt que la création d'un parc, aurait des répercussions économiques importantes, y compris l'adjonction d'espaces de stationnement si nécessaires dans le secteur, ce qui représente à notre avis un élément clef et une influence ou des répercussions positives sur le secteur du marché By et de la rue Rideau. Comme vous n'êtes pas sans le savoir, le secteur commercial de la rue Rideau a connu de nombreuses difficultés au cours des dernières années pour plusieurs raisons et cet emplacement permettrait d'établir un lien important avec d'autres secteurs plus rentables. D'autres témoins vous parleront davantage de ces liens ce matin.
De même, nous nous inquiétons de la perte de revenus que cet emplacement pourrait générer. La CCN, de même que les administrations municipales et régionales ainsi que tous les commerces qui pourraient s'installer sur cet emplacement perdraient des revenus.
Bien que l'économie d'Ottawa-Carleton soit assez florissante et qu'elle ait bien survécu aux mesures de compression effectuées par le gouvernement ainsi qu'à la période de récession, il demeure essentiel, à notre avis, d'encourager le développement du coeur du centre-ville, et la place Daly constitue une partie importante de ce secteur.
Deuxièmement, nous sommes d'avis que ce n'est pas un emplacement approprié pour un parc. Il est borné par trois artères très achalandées, le terrain n'est pas très grand et la pente à cet endroit est assez prononcée. Tous ces facteurs ne favorisent donc pas la création d'un parc. De plus, il semble qu'aucune des administrations locales, que ce soit la CCN, les municipalités locales ou même Parcs Canada ait jamais considéré cet emplacement comme étant approprié pour l'installation d'un parc. Il semble également que quel que soit le projet de développement qui serait approuvé pour cet emplacement, les critères établis par la CCN prévoient une importante marge d'isolement, limitant le tracé de l'emplacement et laissant de l'espace pour admirer le point de vue et le paysage et peut-être même pour un emplacement commémoratif à l'avant de l'immeuble.
Notre dernière préoccupation a trait non pas à la substance même du projet de loi, mais bien au processus adopté. Nous comprenons que la CCN désire développer cet emplacement depuis un certain nombre d'années et que de nombreuses entreprises commerciales locales ont participé à ce processus. Si je ne m'abuse, il y avait à l'origine huit candidats, mais il n'en reste maintenant plus que trois. Nous présumons, sans avoir obtenu de précisions à ce sujet, que tant la CCN que les participants du secteur privé ont déjà consacré pas mal de temps et d'argent au développement de cet emplacement. Nous sommes donc d'avis qu'il n'est pas juste pour nos gens d'affaires de changer les règles du jeu à ce point-ci.
Mme Jean Pigott, présidente, Initiative Liaisons: Je vous remercie de nous recevoir ce matin. Je m'appelle Jean Pigott. Je suis présidente du comité Liaisons, qui est également représenté par tous les autres participants à la table ici ce matin. J'aimerais vous présenter M. Josh Moon, qui s'est beaucoup occupé de la BIA pour la rue Rideau et qui fait partie de l'effort collectif de revitalisation de cette magnifique rue historique. Puis, M. Pat Kelly, le directeur général du Château Laurier, un édifice important du coeur du centre-ville. Et enfin, M. Phil Waserman, qui s'est beaucoup occupé du secteur du marché By et de la BIA pour le marché By. Nous sommes tous ici présents pour faire part de nos préoccupations.
C'est ma dernière journée à titre de présidente du Centre des congrès d'Ottawa. Mon successeur se trouve ici à côté de moi. Il s'agit de l'ancien maire d'Ottawa. J'ai passé sept ans et demi à la Commission de la capitale nationale et je connais donc très bien cet emplacement. Je porte d'ailleurs des marques permanentes de certains des événements survenus dans ce dossier de la place Daly.
Je suis ici parce que la question m'intéresse au plus haut point. J'aimerais vous dire quelques mots sur les responsabilités de notre organisation.
Mise sur pied en 1995, l'Initiative Liaisons réunit 25 agences commerciales dont le mandat est lié à la mise au point d'un programme de travaux d'infrastructure piétonnière au centre-ville en vue d'améliorer l'accès entre les centres de congrès, les hôtels et les autres installations complémentaires. Ces travaux sont nécessaires pour attirer les touristes et les organisateurs de congrès dans la capitale et pour assurer la revitalisation du coeur du centre-ville. Le système de liaisons principal comprend des passages fermés et des sentiers extérieurs qui se situent tant au niveau de la rue qu'au-dessus ou au-dessous. La place Daly est un emplacement pivot au sein du district des conventions et des congrès et du système de liaisons prioritaires.
Nous avons inclus dans la trousse d'information deux propositions qui permettraient de relier le Château Laurier à l'ouest et le secteur commercial de la rue Rideau à l'est. Cette liaison permettrait également de relier l'emplacement au complexe réunissant le Centre Rideau, le Centre des congrès et l'hôtel Westin ainsi que le Centre gouvernemental des conférences. En plus de l'adoption de deux autres liens prioritaires, on mettra sur pied une liaison qui fera d'Ottawa la ville qui dispose du plus grand nombre de chambres d'hôtel et d'espaces de stationnement tout en étant reliée à un site de congrès et de conférences au Canada. C'est un aspect très important.
Conformément au système de liaisons prioritaires, la demande de propositions émise par la Commission de la capitale nationale en vue du réaménagement de la place Daly tenait compte de ces possibilités de liaisons.
La place Daly constitue un lien physique entre les développements et les commerces ayant façade sur la rue Rideau ainsi que les divers districts du centre-ville qui convergent dans ce secteur, y compris le mail de la rue Sparks, la colline du Parlement, le parcours d'honneur, le Mile historique de la promenade Sussex, la place de la Confédération, les zones d'amélioration des affaires du Centre Rideau et du marché By et le Centre Rideau et des congrès. C'est vraiment un point tournant.
Nous avons donc la possibilité de redonner à la place Daly une vocation fondamentale et d'en faire une partie intégrante du tissu urbain du centre-ville. L'Initiative Liaisons s'intéresse donc au projet de loi S-6 qui restreindrait en réalité l'utilisation de cet emplacement à la création d'un site historique. C'est la raison pour laquelle nous sommes ici ce matin.
M. Moon a également des choses à dire à ce sujet.
M. Josh Moon, vice-président, Realty Equity Inc.: J'aimerais attirer votre attention sur un certain nombre de documents qu'on vous a remis dans une chemise blanche.
L'un de ces documents est intitulé: <#0102>«Connecting the Capital: The Linkages Initiative». L'une des plus importantes tâches de l'Initiative Liaisons au cours des trois dernières années a été une étude financée par un projet conjoint du secteur privé et menée par KPMG. À la première page du document, on retrouve un résumé de l'analyse effectuée par KPMG sur les répercussions économiques du système de liaisons. L'une des principales préoccupations a trait au fait qu'il est difficile d'attirer des congrès à Ottawa dans les mois froids de l'hiver, c'est-à-dire pendant six à huit mois de l'année. Nous pourrions surmonter ce problème si nous pouvions relier le Château Laurier à un bout et les hôtels Novotel et Les Suites à l'autre bout. Vous trouverez à la page suivante une comparaison entre les principales villes canadiennes, ce qui nous permettra d'évaluer quelle serait notre position si nous pouvions établir un lien entre les hôtels et les centres de congrès et de conférences.
L'étude menée par KPMG a démontré que même si le centre des congrès d'Ottawa n'est pas le plus gros au Canada, nous passerions en tête de liste pour ce qui est des chambres d'hôtel directement reliées par un couloir couvert.
Il y a également dans le même dossier une carte des systèmes de liaisons qu'on peut installer ici sur le tableau et qui démontre les liaisons prioritaires. On y voit tout d'abord le Château Laurier dans le coin nord-ouest, les hôtels Les Suites et Novotel à l'est et le Centre des congrès d'Ottawa au centre. À l'heure actuelle, le Centre des congrès n'est relié qu'à l'hôtel Westin.
Le Centre des conférences du gouvernement est relié au Château Laurier. Le gouvernement a toutefois indiqué qu'il ne comptait pas le rendre plus disponible qu'il ne l'est maintenant, mais nous continuons tout de même à essayer de faire une plus grande utilisation de cette installation.
D'ici ce que l'accès à cette installation soit élargi, et rien n'indique qu'il le sera à court terme, on ne pourra établir de lien prioritaire entre le Centre des conférences et le Centre des congrès. La place Daly représente donc un site pivot au sein du système de liaisons pour permettre de traverser la rue Mackenzie et la rue Sussex et d'avoir accès aux liaisons existantes entre le Centre Rideau, l'hôtel Westin et le Centre des congrès.
L'étude menée par KPMG a souligné qu'il y aurait plus d'achalandage dans ce secteur au cours des mois d'hiver, que cela pourrait entraîner la création d'emplois dans le domaine du tourisme et des congrès et que ces emplois pourraient s'avérer importants pour l'économie, à long terme, ce qui nous mène à l'intervention de notre prochain témoin qui représente l'industrie hôtelière.
M. Patrick Kelly, directeur général du Château Laurier: Je suis un employé de la corporation hôtelière Canadien Pacifique et je gère une entreprise locale qui emploie 446 personnes. Le Château Laurier est en opération depuis 1912.
Le Château Laurier est considéré comme l'un des principaux hôtels du Canada et il a été désigné comme appartenant au patrimoine national en raison de son architecture et de la place qu'il occupe dans l'histoire de notre capitale nationale. Malheureusement, pendant de nombreuses années, les clients du Château Laurier avaient une vue sur l'ancien immeuble Daly abandonné depuis des années, et depuis sa démolition, sur un terrain vague et placardé. Par conséquent, je suis très heureux, tout comme la compagnie que je représente, que la CCN ait finalement décidé développer l'emplacement. Toutefois, nous sommes également inquiets à l'idée que le projet de loi S-6 pourrait interrompre ce processus de réaménagement tant attendu.
Nous sommes d'avis que la place Daly devrait être développée commercialement pour plusieurs raisons, les plus importantes étant l'emplacement, les liaisons, le stationnement et la sécurité.
Pour ce qui est de l'emplacement, en raison de l'endroit où elle se trouve, la place Daly deviendrait le centre du district touristique et des congrès de la ville d'Ottawa. Il serait très facile de créer un centre touristique ou d'attractions au niveau du sol. La place Daly pourrait ainsi constituer le centre d'un vaste réseau d'installations touristiques et de congrès qui incluerait des hôtels, le Centre des congrès d'Ottawa, un Centre des conférences renouvelé, le Centre Rideau, le marché By, le Musée des beaux-arts et la colline du Parlement. Si on sait y adjoindre les bons éléments, une place Daly commerciale pourrait servir de point tournant de toutes ces activités, et ce à l'année.
Quant aux liaisons, à l'instar du Royal York Hotel, du CP, et de l'Union Station, à Toronto, le Château Laurier est relié à notre ancienne gare ferroviaire par un tunnel. Toutefois, le Centre des congrès du gouvernement n'est pas très utilisé et cela se reflète dans la sous-utilisation du mi-étage du Château. En conséquence, le Château ne profite pas beaucoup de cette liaison particulière. Il nous importe donc au plus haut point que la place Daly soit aménagé de façon à vraiment favoriser l'établissement d'un réseau de liaisons entre le Château et des installations comme le Centre Rideau et le Centre des congrès. Un réseau ininterrompu de liaisons piétonnières reliant 1500 chambres d'hôtel à des salles de conférence, à des commerces de détail et à des locaux de divertissement ferait d'Ottawa une destination beaucoup plus attrayante pour les touristes et les planificateurs de congrès et permettrait à notre secteur industriel de concurrencer beaucoup plus efficacement les autres destinations. La place Daly est essentiel à l'aménagement d'un réseau continu, ininterrompu, de ce genre.
Notre deuxième sujet de préoccupation concerne le stationnement. Le Château Laurier exploite son propre garage de stationnement de 350 places. Nous constatons au premier chef la pénurie d'espaces de stationnement au coeur du centre-ville. Il arrive fréquemment que notre installation ne puisse pas accommoder à la fois les touristes et la demande locale et cela crée un sentiment de frustration chez les automobilistes qui se rendent au coeur du centre-ville. La situation s'est encore aggravée avec l'occupation d'un grand terrain municipal par la future ambassade des États-Unis et la perte d'un terrain de la CCN au marché By. S'il était exploité à des fins commerciales, la place Daly pourrait offrir jusqu'à 400 précieuses places de stationnement.
Je vais maintenant parler de sécurité. Ces dernières années, nous avons assisté à un accroissement de l'activité illégale sur l'avenue Mackenzie, notamment de la prostitution masculine. Nous employons à l'heure actuelle une équipe d'agents de sécurité qui s'occupe à plein temps d'assurer un climat sûr et invitant tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Château. Nous craignons que, si la place Daly est transformé en parc, un espace ouvert à l'accès aussi libre et non programmé pourrait facilement encourager l'activité illégale au coeur de notre secteur touristique.
Après avoir exposé les quatre principales raisons pour lesquelles nous estimons important pour le Château Laurier que la place Daly soit aménagée commercialement de façon intelligente et réfléchie, je tiens à dire aussi qu'il est louable de vouloir célébrer le souvenir de Canadiens célèbres et qu'on pourrait aisément le faire dans la partie Esplanade Rideau du site. Il conviendrait alors aussi de déménager la statue de Terry Fox à cet endroit.
Bref, j'ai l'honneur et le privilège de gérer l'une des institutions les plus aimées de la capitale nationale. Nous nous devons tous de faire tout notre possible pour continuer à édifier Ottawa et à en faire la promotion en tant non seulement que capitale fédérale, mais aussi que ville de niveau international. Nous avons une occasion de faire justement cela en assurant un équilibre entre l'objectif de rendre hommage à de grands Canadiens et celui d'aménager commercialement la place Daly d'une façon qui soit digne d'une capitale.
M. Phil Waserman, président, Byward Market Business Improvement Area: Bonjour. Comme je possède deux restaurants dans le secteur du marché By et que je suis l'un des promoteurs qui s'occupent de réaménager l'immeuble du marché By appartenant à la ville, j'ai énormément d'intérêts dans le secteur. Je suis le président du Byward Market Business Improvement Area, mais je vais surtout vous parler à titre de directeur de l'Administration du tourisme et des congrès d'Ottawa et vous exposer le plus brièvement possible le point de vue de celle-ci.
Ottawa est l'une des plus belles capitales au monde. Elle est reconnue pour être propre, verte et sûre. Si vous supposez que l'Administration du tourisme est impatiente de voir aménager un autre parc sur l'emplacement en question, détrompez-vous. En fait, lors d'une réunion récente, le conseil d'administration a adopté une motion favorisant un aménagement commercial attrayant pour les touristes et les délégués à des congrès plutôt qu'un parc.
La place Daly pourra éventuellement offrir d'autres activités aux visiteurs de la capitale; elle est essentielle au projet Liaisons et le projet Liaisons est crucial pour obtenir que davantage de congrès se tiennent à Ottawa. L'an dernier, le secteur des congrès a généré 189 millions de dollars d'impacts économiques. Ce pourrait être beaucoup plus, mais, à cause de notre climat, Ottawa n'est évidemment pas une destination populaire pour la tenue de congrès en hiver. Pour pouvoir tenir des congrès toute l'année, il faudra établir des liens piétonniers est-ouest entre le Centre des congrès, le Château Laurier, le Centre de conférences du gouvernement et d'autres immeubles clés. Cela ne sera possible que s'il y a une infrastructure sur la place Daly.
Compte tenu de la proximité du parc Major et du canal Rideau, nous croyons aussi qu'il existe déjà des parcs qui sont plus attrayants que l'intersection de trois grandes routes. En outre, étant donné que la présence de vagabonds et de marginaux des rues constitue déjà un problème pour les résidents de la localité et pour les touristes, nous aurions vite un problème de sécurité qui rendrait le parc peu attrayant et qui, en fait, empêcherait peut-être la circulation des piétons.
Bref, le projet de l'affaire «personne» est certes une initiative valable que nous appuyons, mais nous croyons que le monument commémoratif devrait partager la place Daly avec un aménagement commercial ou être réalisé ailleurs.
Le Byward Market BIA représente plus de 350 entreprises et le Downtown Rideau BIA, quelque 450 entreprises. Toutes ces entreprises sont directement intéressées par la façon dont la place Daly sera aménagé. Un bon aménagement pourra susciter d'importantes activités et retombées économiques. Comme avantage additionnel, il offrira une autre évaluation pour le Downtown Rideau BIA. Aucun des deux BIA n'appuie ce projet de loi dans sa formulation actuelle, puisque qu'il exclut toute activité commerciale sur l'emplacement.
L'autre grande question est celle du stationnement. Lorsque la construction de l'ambassade des États-Unis a débuté, il était entendu que les 250 espaces de stationnement perdus seraient remplacés par l'aménagement d'un garage souterrain à la place Daly. Un parc à cet endroit compromettrait toute possibilité d'y aménager un tel garage. Nous avons besoin de ce garage pour soutenir les activités du marché By et de la rue Rideau et les événements spéciaux qui s'y tiennent tout au long de l'année. En outre, ce garage est conforme au projet général de la Ville d'Ottawa d'avoir des aires de stationnement à la périphérie du marché By pour que les gens viennent à pied dans le secteur.
Il y a aussi la question de la sécurité. Ce matin, j'ai reçu une lettre télécopiée du Service de police régional d'Ottawa-Carleton dans laquelle on me dit ce qu'on pense de l'aménagement d'un parc à cet endroit. Je me ferais un plaisir de vous communiquer cette lettre, mais je n'ai malheureusement pas eu le temps d'en faire des copies. La sécurité est une préoccupation clé. La nuit en particulier, ce secteur risque d'être fréquenté par des alcooliques, des toxicomanes, des mendiants, des itinérants et peut-être des prostitué(e)s, ce qui empêcherait de relier les deux parties du coeur du centre-ville.
Nous assistons déjà à une recrudescence de la mendicité. Nous avons déjà notre propre programme d'ambassadeurs des rues en collaboration avec d'autres quartiers commerciaux. Nous aurions besoin de fonds additionnels à cet égard si un parc était aménagé à cet endroit.
Nous appuyons certes l'intention du projet de loi de créer un parc pour rendre convenablement hommage aux héroïnes de l'affaire «personne» et à d'autres Canadiens éminents, mais nous croyons que ce parc devrait à tout le moins partager l'emplacement avec un aménagement commercial ou être tout bonnement installé ailleurs.
Le président: Je vous remercie pour votre exposé. Pouvons-nous avoir une copie de la lettre à laquelle vous avez fait allusion?
Le sénateur Kenny: La question des liaisons revient constamment ici. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles ce groupe d'experts comparaît devant nous. Si je comprends bien, l'un des principaux obstacles à la réalisation des liaisons est le Centre de conférences du gouvernement fédéral. Est-ce exact?
Mme Pigott: C'est un atout, mais c'est aussi un élément dissuasif à l'heure actuelle. Il ne semble pas cadrer avec l'idée que nous nous faisons de l'avenir du coeur de la capitale. C'est un immeuble sombre qui est peu utilisé.
Le sénateur Kenny: Je comprends. Si le gouvernement fédéral adoptait une autre attitude à l'égard de cet immeuble, vous auriez déjà une liaison clé qui vous rapprocherait pas mal du Centre des congrès et de l'hôtel Westin, n'est-ce pas?
Mme Pigott: C'est un lien. Le Château Laurier et le Centre de conférences sont reliés, mais beaucoup de travail reste à faire. Ce n'est pas la seule raison qui nous motive à l'égard de la place Daly.
Le sénateur Kenny: Je comprends cela, mais je voulais commencer par cet élément. C'est une liaison qui existe depuis le temps de la gare. Cette promenade pour piétons contourne la place de la Confédération depuis près d'un siècle.
Je regarde votre carte des liaisons. Je suppose qu'il y a une partie souterraine entre le Château et Chapters puisqu'il semble y avoir un segment manquant à la place Daly. Peut-on me décrire les liaisons envisagées?
Mme Pigott: Le potentiel existe pour une passerelle ou un tunnel. Un tunnel serait préférable, mais le sous-sol est fait de roche solidifiée et des installations techniques s'y trouvent.
Cette liaison est particulièrement intéressante parce qu'elle mène aussi au marché By, qui est très important pour nous en ce qui concerne le tourisme et la tenue de congrès. Le lien entre le Centre de conférences et le Château Laurier n'est pas dans la ligne est-ouest.
Le sénateur Kenny: De quelle date à quelle date les éventaires du marché sont-ils installés en permanence? Je comprends que certains sont installés toute l'année, mais quand le marché est-il en pleine effervescence?
M. Waserman: Le marché By ouvre officiellement le 10 mai et, en général, reste ouvert jusqu'à la fin d'octobre.
Le sénateur Kenny: Un tunnel changerait-il quelque chose à la date d'ouverture officielle du marché?
Mme Pigott: N'oubliez pas que le marché est plus qu'un marché en plein air. C'est un secteur permanent de développement économique.
Le sénateur Kenny: Je comprends cela, mais la question du marché a été soulevée. Nous avons un marché extérieur l'été et beaucoup de restaurants qui exploitent une terrasse; les gens se déplacent sur terre et non sous terre.
À propos, le projet de loi n'exclut pas l'aménagement d'un parking souterrain. Une liaison pourrait être aménagée de la même manière qu'un parking, n'est-ce pas?
Mme Pigott: C'est exact.
Le sénateur Kenny: La question des vagabonds, de la sécurité et des prostitué(e)s a été maintes fois soulevée. On semble croire qu'un parc attirera les vagabonds, créera des dangers et encouragera les prostitué(e)s. J'ai beaucoup de mal à croire que les putains feront tout à coup le trottoir à l'angle des rues Sussex et Rideau.
Les promoteurs de la rue Rideau ont éprouvé des problèmes importants lorsqu'ils ont installé des verrières sur une partie de la rue Rideau. Nous nous souvenons tous de cette triste affaire et je m'en souviens plus que quiconque à cause d'une association indirecte avec le magasin Ogilvie. Les problèmes qui existaient le long de la rue Rideau avaient été considérablement amplifiés par l'installation de verrières. Ce genre d'aménagement les avait décuplés.
Avez-vous des observations à présenter à cet égard?
Mme Pigott: Ce que nous disons, c'est qu'il faut prévoir quelque chose d'excitant ou d'important sur ce coin de rue. C'est un merveilleux coin de rue. Il est essentiel à la réalisation de la notion de boulevard de la Confédération. Ce qui compte, ce n'est pas ce qui sera créé, mais ce qui sera évité. Quelque chose de vivant et d'innovateur dans le panorama de cet endroit empêcherait que nous ayons des problèmes.
N'oubliez pas que les parcs qui deviennent des espaces vacants sept mois par année finissent par être le lieu d'événements malheureux. J'ai eu à m'occuper beaucoup des parcs de la CCN, qui sont des endroits magnifiques lorsque le soleil brille et que les fleurs sont épanouies. C'est très difficile de surveiller ces espaces la nuit et pendant les sept mois d'hiver et de tempêtes de verglas.
Le sénateur Kenny: Il y a sept mois d'hiver sur la colline du Parlement aussi, Mme Pigott. Il y a là un grand espace ouvert et je n'y ai jamais vu de putains ni de vagabonds.
Mme Pigott: S'il vous plaît, ne me demandez pas de répondre à cela.
Le sénateur Kenny: Un autre membre du groupe voudra peut-être le faire alors. Qui voudra dire quelque chose à cet égard?
Mme Pigott: N'oubliez pas que la colline du Parlement est magnifiquement éclairée, qu'elle le sera bientôt encore plus, et qu'il y circule beaucoup d'autocars et de gens. Nous voulons créer un endroit public.
Le sénateur Kenny: Cela ne fait aucun doute. La question est de savoir si un aménagement commercial suppose un endroit public ou si un parc suppose un endroit public, et le projet de loi ne prévoit rien à cet égard.
Parcs Canada a conçu de magnifiques endroits publics qui attirent des gens de tout le pays.
Mme Pigott: Sept mois par année.
Le sénateur Kenny: Non, qui attirent des gens à longueur d'année, en fait. Ce qui m'inquiète, c'est que c'est la deuxième ou la troisième fois qu'on laisse entendre ici que, en créant un parc, on créera un endroit dangereux et on encouragera les vagabonds et les indésirables. Il me semble que la municipalité ou le conseil municipal ou tous les ordres de gouvernements ont le devoir de s'occuper des gens qui n'arrivent pas à se loger convenablement et de veiller à contrer la prostitution. Toutefois, je ne vois pas comment un parc à cet endroit attirera plus de vagabonds que la place de la Confédération.
M. Waserman: Je peux peut-être vous renvoyer à la lettre de l'inspectrice Dunlop, du Service de police régional d'Ottawa-Carleton. Je lui ai demandé quel serait l'impact de l'aménagement d'un parc à cet endroit et, compte tenu de son expérience d'agent de police et d'inspectrice dans le secteur, elle expose ses préoccupations à cet égard. Je ne suis pas sûr que celles-ci vaudraient pour la colline du Parlement.
Le sénateur Kenny: Le problème, c'est notamment qu'on fait dans cette lettre des hypothèses sur ce dont l'endroit aurait l'air. Aucune proposition n'a encore été présentée sur ce dont l'endroit aurait l'air si on y aménageait un parc. Je peux comprendre qu'on dise qu'on aura un problème si l'on construit un mur élevé pour qu'on ne voie pas les gens.
J'ai beaucoup de mal à comprendre, compte tenu du peu d'information dont dispose cette personne, ou qui que ce soit d'entre nous, quant à cela, sur l'allure qu'aura cet endroit, qu'on juge qu'il sera dangereux.
M. Kelly: Je ne suis pas prêt à dire qu'un parc ajouterait à l'activité illégale qui a cours dans le secteur. Je sais pour l'avoir moi-même constaté qu'un certain degré d'activité illégale a cours dans le secteur et dans l'avenue MacKenzie.
J'ai pu constater et je crois tout simplement qu'un endroit vivant et bien éclairé qui est fréquenté par beaucoup de gens ne favorise pas l'activité illégale. Donc, si la place Daly offrait une panoplie d'activités 12 mois par année aux touristes et aux visiteurs, on peut raisonnablement croire que cela contribuerait à réduire le genre d'activités qui se passent actuellement dans le secteur.
Le sénateur Kenny: Je n'en disconviens pas, et mon idée d'un parc inclut tout ce que vous proposez.
Je voulais vraiment parler de trois choses, monsieur le président. La première était le stationnement, et le projet de loi n'exclut pas l'aménagement d'un garage souterrain. La deuxième question qui a été soulevée concerne les liaisons. Il y a déjà une liaison entre le Château et le Centre de conférences du gouvernement fédéral. Je conviens que celui-ci est mal utilisé. Il pourrait l'être beaucoup mieux dans l'intérêt des habitants d'Ottawa et, franchement, je ne crois pas qu'il fonctionne très bien même en tant que centre de conférences. C'est une toute autre question et il n'y a aucune raison qu'on torpille un projet de parc parce qu'un centre de conférences ne fonctionne pas bien.
Le troisième point que je voulais porter à l'attention du comité, monsieur le président, c'est que des témoins ne cessent de dire que cet endroit attirera des éléments indésirables alors que, en fait, cela est peu probable s'il est bien conçu. Ce n'est pas un projet de loi de finances; il ne dit pas du tout au gouvernement comment concevoir l'endroit, mais en laisse le soin aux spécialistes qui ont aménagé avec beaucoup de succès 270 sites historiques dans tout le Canada et cela, après avoir beaucoup consulté la population et sollicité sa participation. Il leur laisse le soin de le concevoir.
Il ne convient pas que notre comité entre ainsi dans les détails. Nous ne sommes pas équipés pour cela. Le débat ne devrait pas porter sur des questions comme celles-là. Le Sénat n'est pas l'endroit où faire de l'urbanisme. Le Sénat n'est pas l'endroit où concevoir un parc. La tâche en revient aux spécialistes et, dans ce cas-ci, le projet de loi recommande de la confier aux spécialistes de Parcs Canada, qui ont déjà aménagé 270 sites.
Voilà, telles sont les observations que je voulais présenter.
[Français]
Le sénateur Hervieux-Payette: En tant qu'utilisatrice, je comprends très bien la question du stationnement. Qu'est-ce qui empêcherait la construction du stationnement souterrain? Je me réfère à un endroit historique qui est un parc magnifique à Québec ou sur les plaines d'Abraham. On a fait d'immenses stationnements qui permettent aux gens d'aller au Centre des congrès de Québec et qui relie le Hilton et d'autres hôtels. Cet aspect a déjà été traité. On n'a pas touché du tout au côté historique de la capitale du Québec. On a fait un stationnement avec plusieurs centaines de places. Il faut penser à la circulation.
Est-ce que l'étude optimale du nombre de places rend impossible la question de trouver du stationnement additionnel afin d'accommoder les gens du marché By comme les gens du Château Laurier?
[Traduction]
Mme Pigott: Même lorsqu'on parlait de rénover l'ancien immeuble Daly, il était question d'aménager un parking.
C'est une question de coût, car la place Daly est faite de roche solidifiée. En toute justice pour la Commission de la capitale nationale, comment aménage-t-on un parking sans prévoir les revenus d'un immeuble commercial au-dessus pour équilibrer les choses?
M. Kelly: Vous avez parfaitement raison. Des promoteurs potentiels ont fait valoir que, en l'absence d'un immeuble commercial au-dessus, le coût de construction d'un parking serait prohibitif à cet endroit.
[Français]
Le sénateur Hervieux-Payette: Vous souscrivez au fait que le stationnement sera souterrain. L'édifice du CN ne sera pas un stationnement extérieur?
Mme Pigott: Absolument pas.
Le sénateur Hervieux-Payette: La rue Sparks est un exemple d'endroit qui est fréquenté par des passants et qui semble être une histoire à succès. Elle est devenue une place piétonnière que de nombreuses personnes fréquentent à l'heure du lunch. Est-ce qu'il y a des problèmes de sécurité? Est-ce qu'il y a des gens qui vagabondent? Je n'en vois pas. Peut-être qu'il y en a à 22 heures et que les sénateurs ne se promènent pas à cette heure! Il me semble qu'un espace réservé aux piétons ne crée pas nécessairement un endroit qui favorisera la criminalité. On a déjà cet espace. À ce que je sache, il n'y a pas d'actes criminels à longueur de journée entre la rue Elgin et la rue Bank.
[Traduction]
Mme Pigott: Lorsqu'on planifie un centre-ville, il est terriblement important d'y prévoir un éventail d'activités pour attirer les gens. J'ai vécu dans des grands centres, notamment au centre-ville de Toronto, angle Bay et Bloor. Il y a tellement de gens à cet endroit la nuit qu'on a peu à se préoccuper de la sécurité. En hiver, nos rues sont des endroits très froids et si peu fréquentés que les gens n'y viennent pas. Nous avons aussi eu un ou deux crimes. Nous avons eu une fusillade malheureusement célèbre rue Elgin. Des conseillers me disent que leurs électeurs rentrent chez eux à 18 heures et ne sortent plus avant le lendemain matin.
Nous voulons créer des «endroits publics» au coeur de la ville que fréquente un nombre maximal de personnes. Là où il y a beaucoup de monde, il n'y a pas de criminalité.
[Français]
Le sénateur Hervieux-Payette: À mon avis, toutes les personnes qui partent de la colline parlementaire, du centre-ville ou du Centre des congrès et qui veulent aller au marché public n'ont pas le choix de passer à cette intersection. C'est un des endroits les plus passants à Ottawa. On ne peut pas dire que c'est un endroit isolé comme la rue Mackenzie, dont les activités sont connues depuis fort longtemps. Le chef de police pourrait s'occuper de ce projet en particulier! De là à dire qu'un endroit aussi passant, qui est plus ou moins une espèce de plaque tournante, deviendrait un endroit dangereux, j'ai de la difficulté à voir comment. Je veux connaître les critères utilisés pour parler de la dangerosité d'un endroit. Il semble que ce soit le critère principal pour s'opposer à une place publique.
[Traduction]
M. Moon: À propos de votre premier point, je dirai qu'Ottawa est une ville sûre. Les membres de ma famille et moi-même y circulons à pied à toute heure du jour et de la nuit. Ottawa souffre des mêmes maux que bien d'autres villes canadiennes: il y a beaucoup de pauvreté et un grand nombre de jeunes dans la rue. Est-ce dangereux? Je ne sais pas. Toutefois, beaucoup de gens considèrent que c'est dangereux, surtout les personnes âgées et les femmes.
J'exploite un immeuble à l'angle des rues Nicholas et Rideau et nous avons beaucoup de problèmes avec les sans-abri et les jeunes. Est-ce un problème de sécurité? Pas à mon sens, mais il y a des gens qui trouvent que c'en est un. Les jeunes et les sans-abri sont attirés par les endroits très fréquentés.
M. Maclellan, de la Viking Rideau Corporation, qui est assis près du mur, dirige le Centre Rideau et il va vous dire ce qui arrive dans les endroits très fréquentés. Mes fenêtres donnent sur le mail de la rue William et je puis vous dire ce qui se passe dans les endroits très fréquentés. Tout endroit très fréquenté attire les sans-abri et les jeunes qui n'ont rien de particulier à faire.
Si un endroit public est animé ou est considéré comme sûr, il devient très attrayant pour la population en général. S'il n'est pas sûr, ni animé, ni surveillé, il devient un lieu de rassemblement. Prenez l'exemple de la rue William, du poste d'embarquement de l'ancien emplacement Ogilvie. Au centre-ville, les endroits qui ne sont pas patrouillés 24 heures sur 24 deviennent des endroits très difficiles.
Si la place Daly doit devenir un parc, vous devrez vous assurer qu'elle sera conçue et animée de façon à être sûre et patrouillée 24 heures sur 24, ce que le service de police d'Ottawa ne prévoit pas pour tout le secteur de la rue Rideau. En tant qu'ancien président et membre actuel du conseil d'administration du Rideau Street BIA, je suis persuadé que M. Waserman peut dire que les forces policières font ce qu'elles peuvent avec les ressources dont elles disposent, mais qu'elles ne peuvent pas assurer la surveillance de tous les coins du marché By et de la rue Rideau.
La place Daly offre l'occasion de créer un panorama urbain positif et un centre-ville attrayant. Si elle devait demeurer un simple parc, un espace ouvert et non surveillé en un endroit fréquenté où vous dites que des gens passent sans cesse, il attirerait les jeunes qui lavent les pare-brise au coin des rues, les mendiants et les vagabonds. Est-ce dangereux? Je l'ignore. Je ne le crois pas. Je ne trouverais pas l'endroit dangereux, mais mon épouse le trouverait dangereux et d'autres personnes pourraient le percevoir ainsi.
La place Daly doit faire partie du tissu urbain. C'est un endroit où il pourrait être très difficile d'aménager un parc. Je conviens avec le sénateur Kenny que le Sénat n'est pas l'endroit où concevoir un parc. C'est une question délicate. Je crois que nous devrions en laisser le soin à la CCN et peut-être lui donner une idée de ce qu'on pourrait faire de l'esplanade de quelque 27 ou 30 mètres située à l'avant de l'emplacement qui, dans l'intérêt public, est protégée dans les projets d'aménagement. On peut y commémorer l'affaire «personne». Il faudra prévoir, toutefois, qu'un immeuble ou une installation animée y soient aménagés afin que l'emplacement soit patrouillé 24 heures sur 24.
Je rappelle aux sénateurs qu'il y a des agents de la GRC sur la colline du Parlement 24 heures sur 24, 365 jours par année. Les agents de police d'Ottawa n'assurent pas une telle surveillance dans la rue Rideau. Ils sont trop parsemés dans toute la ville.
[Français]
Le sénateur Hervieux-Payette: Je prends bonne note de votre argument. De toute façon, on n'abolira pas le marché By parce qu'il y a des gens qui vont y flâner et que l'on aimerait mieux qu'ils soient ailleurs. Cela n'enlève pas le cachet et le côté positif du marché. C'est une attraction très importante pour Ottawa.
Dans le document qu'on nous a remis, on parle de chambres d'hôtels qui seraient reliées au Centre des congrès. On passerait de 510 chambres -- je suppose de l'hôtel Westin -- à 1 473 chambres en ajoutant l'hôtel Novotel et Les Suites. Pourquoi ne pas relier les hôtels Novotel, Les Suites et le Centre des congrès immédiatement? Est-ce que l'on parle nécessairement de liens souterrains?
Je ne vois pas comment on pourrait prendre les deux artères les plus fréquentées d'Ottawa et se mettre à faire des passages inquiétants comme ceux que l'on voit dans le document qu'on nous a donné. Je vois très mal le Château Laurier relié par une passerelle au-dessus la rue. Qu'est-ce qui empêche de relier immédiatement, par des souterrains, tous les hôtels au Centre des congrès? On n'a pas besoin de la place Daly pour faire les liens souterrains.
[Traduction]
M. Moon: En ce qui concerne votre premier point, je crois comprendre que les ensembles Novotel et Les Suites sont déjà en pourparler avec la société Viking Rideau. Cette liaison dépend de la décision d'autres ordres de gouvernement quant à l'expansion du Centre des congrès ou à la construction d'un autre centre des congrès, qui est en suspens à l'heure actuelle.
On a signalé que deux emplacements pourraient accommoder une expansion du Centre des congrès. Je crois que les personnes à qui appartiennent les propriétés situées des deux côtés de la rue Nicholas veulent attendre de voir si l'expansion se fera avant que ces deux hôtels soient reliés au présent Centre des congrès. Toutefois, c'est l'endroit idéal et les travaux pourront commencer dès que la décision aura été prise.
Le second point concerne l'alternative entre un tunnel et une passerelle. Tout au long du processus, les responsables du programme Liaisons se sont bien gardés de préconiser la construction d'une passerelle, d'un tunnel ou d'une liaison à niveau. Nous avons préconisé qu'on améliore les liaisons piétonnières, y compris qu'on les couvre en prévision de nos hivers rigoureux. Nous estimons aussi qu'il ne nous revient pas de concevoir dans les détails les liaisons. Le gouvernement régional, la Commission de la capitale nationale et d'autres organismes peuvent concevoir des liaisons piétonnières convenables, sûres, animées et surveillées. J'ai fait partie de l'équipe qui a aménagé les verrières piétonnières de la rue Rideau. Croyez-moi, je n'ai pas envie de répéter l'expérience.
[Français]
Le sénateur Hervieux-Payette: De toute façon, vous avez suscité ma question parce que dans le document que vous nous avez remis, il n'y a que des passages au-dessus des routes. J'ai naturellement posé la question parce qu'à la première page de ce document, on a un passage extérieur et dans tous les autres documents qui font partie de votre présentation, ce sont des passages au-dessus des routes. Nous avons déduit que c'était votre recommandation. J'ai pris cette idée, madame Pigott, dans les documents qu'on m'a remis.
[Traduction]
Mme Pigott: Nous avons pris bien garde d'exclure quoi que ce soit. Par exemple, un des premiers liens sera réalisé l'an prochain. Il s'agit d'une passerelle qui sera construite sous le pont Mackenzie King pour relier l'immeuble de la Défense nationale au Centre Rideau, par le magasin Eaton. Elle sera prête l'an prochain. Elle permettra aux personnes qui sortent du centre Rideau de passer sous le pont et de ressortir devant l'édifice de la Défense nationale par un escalier roulant. Comme vous le savez, le pont Mackenzie King est très large et difficile à traverser.
Nous sommes très enthousiastes devant ce projet, car c'est le premier du genre. Si le gouvernement régional produit de bons plans, je crois que nous pourrons éliminer certains préjugés rattachés aux passages souterrains.
Les sondages que j'ai vus montrent que beaucoup de femmes n'aiment pas l'idée des passages souterrains. Cependant, avec les nouvelles techniques d'éclairage et la possibilité d'installer des kiosques tout le long de la passerelle, je crois que le lien prévu sera très bien. Ce sera le premier de ceux que nous prévoyons.
Le président: Je viens d'une ville où il y a beaucoup de passages entre les immeubles et j'ai suivi l'évolution de ces liens à Calgary. Pratiquement tous nos grands hôtels sont reliés entre eux par le système dit «plus 15». À Calgary, nous aimons la lumière, pas les sous-sols. Les conditions météorologiques ne sont pas aussi extrêmes à Calgary qu'à Ottawa. L'hôtel Paliser s'ouvre directement sur le centre des congrès, comme c'est aussi le cas des nouveaux hôtels. Dans votre comparaison des grandes villes canadiennes, j'ai remarqué que, en dépit du manque d'espace pour tenir les congrès à Calgary, nous avons relié 2 000 espaces de stationnement, ce qui a de grands avantages.
Je suis favorable à la construction de passages, mais ceux dont vous parlez me préoccupent tout de même. Parfois, ils posent des problèmes de sécurité. À Edmonton et ailleurs, j'ai vu des passages souterrains où les problèmes de sécurité que vous avez décrits existent. Je crois, comme l'a déclaré le service de police, que l'aménagement du parc donnera lieu à certains problèmes. Les passages souterrains peuvent être très difficiles à planifier et les problèmes de sécurité peuvent y être aussi sérieux qu'ailleurs. J'aimerais connaître votre opinion là-dessus.
Supposons que l'on abandonne l'idée d'un parc et que l'on construit un immeuble sur le site et ensuite des passages souterrains. Qui les paiera?
Qui paiera les passages qui relieront Chapters, la place Daly, le Château Laurier et les autres immeubles? La construction de stationnements coûtera très cher, car il faudra creuser dans le roc. Le coût pourrait s'élever à 25 000 $ par place, ce qui est beaucoup.
M. Kelly: La question de la sécurité existe. Mme Pigott, M. Moon, M. Waserman et moi-même sommes associés au projet de liaisons piétonnières depuis le tout début. Au départ, nous avons tenu plusieurs réunions et fait de nombreux exposés devant les organismes susceptibles de nous donner des conseils utiles sur la sécurité, l'accessibilité, l'éclairage et le reste. Depuis le début, nous tenons à ce que tous les passages, qu'ils soient aériens ou souterrains, bénéficient d'un bon éclairage et bénéficient d'un certain niveau d'activité aux deux extrémités, ce qui peut stimuler la fréquentation et maintenir une présence.
Pour ce qui est des ententes sur la construction de ces passages, nous pensons qu'il est du devoir de notre groupe de fournir aux entreprises touchées des lignes directrices et des spécifications concernant l'exploitation et la construction pour assurer un certain niveau de sécurité et d'accessibilité. Nous espérons que nos critères pourront être intégrés aux règlements municipaux ce qui permettra leur exécution.
Quant à savoir qui paiera, le groupe d'étude a toujours cru que les entreprises et les propriétaires situés à chaque extrémité devaient investir dans ces passages. Dans le cas de la place Daly, si le passage est construit par l'entreprise privée et relie le Château Laurier, on présume que ce sont les Hôtels CP et le promoteur du site qui paieront.
Le président: Ce serait comme à Calgary, où les propriétaires des immeubles reliés par des passerelles cotisent à un fonds destiné à la construction de ces passages. Vous dites que, si un passage aboutit à votre hôtel, vous devez en payer une partie avec le propriétaire de l'immeuble qui se trouve à l'autre extrémité, en l'occurrence, Chapters. Les propriétaires des immeubles qui profitent des passages paient. Est-ce bien ce à quoi vous pensez?
M. Kelly: C'est ce que pense notre groupe depuis le début.
Le président: Y a-t-il des précédents à Ottawa?
M. Kelly: Je n'en suis pas sûr.
Mme Pigott: Nous savons qu'il y a eu des discussions avec Les Suites et le Novotel et qu'ils sont prêts à participer. Pour ce qui est de Viking Rideau, si le site est retenu pour la construction du nouveau centre des congrès, l'entreprise est très intéressée par l'idée des passages.
Vous ne devez pas oublier que notre comité est une création du secteur privé. Jusqu'à maintenant, nous avons financé les études sans aucune aide gouvernementale. Nous n'avons pas beaucoup d'études et de documentation.
Nous n'avons qu'un rêve. Nous rêvons de relier les principaux immeubles du centre-ville pour faciliter la vie des visiteurs. Il y a beaucoup de visiteurs à Ottawa, pas uniquement des congressistes. Beaucoup de Canadiens viennent ici avec leurs familles pour vibrer au rythme de la capitale. Nous voulons construire un réseau piétonnier amical et nous croyons que, le temps venu, certains gouvernements -- je pense surtout à la ville d'Ottawa et au gouvernement régional -- participeront aussi. Ils veulent que ce réseau soit construit. Il faudra faire encore beaucoup de lobbying.
M. Kelly: En raison de toutes les réactions reçues des organismes qui peuvent apporter des conseils utiles sur la construction des passages, et quoique nous ne soyons pas du tout un organisme législatif, nous croyons que nous serions en mesure de fournir à ceux qui paieront et aux organismes gouvernementaux, comme la Ville d'Ottawa, la MROC ou la CCN, des lignes directrices et des plans de développement et d'exploitation propres à conduire à la construction d'un réseau de niveau mondial adapté aux exigences des utilisateurs.
Le sénateur Andreychuk: Votre objectif est de conserver la viabilité du secteur et d'y amener davantage de Canadiens. Vous croyez que la clé du succès, ce sont les passages. Est-ce bien cela? Ou croyez-vous plutôt que la clé, c'est de construire sur la place Daly un immeuble à vocation commerciale? Quelle est la clé?
M. McGlynn: Les deux.
Le sénateur Andreychuk: Prétendez-vous que la construction d'un immeuble commercial sur la place Daly serait le moyen d'attirer davantage de touristes? Si je vous comprends bien, ce que vous voulez, c'est l'utilisation de la place Daly et la construction d'un passage.
M. Kelly: De notre point de vue, la place Daly s'inscrit dans une vision plus large de cette partie du centre-ville. Nous avons toujours soutenu que trois initiatives clés étaient essentielles au succès d'un réseau de passages piétonniers. La première, c'est l'expansion du Centre des congrès d'Ottawa, ce qui permettra d'attirer de plus gros groupes de congressistes et facilitera la construction de passages entre le centre des congrès et d'autres immeubles.
La deuxième initiative consiste à revitaliser et à repenser le Centre des conférences du gouvernement du Canada afin d'en faire un établissement accessible au public et d'exploiter la valeur patrimoniale, et le reste.
La troisième initiative, c'est la mise en valeur de la place Daly d'une manière propre à stimuler la construction des passages. Le site revêt une très grande importance à nos yeux parce que nous avons toujours pensé que, pour être réussi, le réseau de passages piétonniers devait absolument former une boucle ininterrompue ou, si vous voulez, qu'il ne devait pas comporter de culs-de-sac. Nous ne voulons pas que les visiteurs ou les citoyens de la ville qui utilisent le réseau de passages se retrouvent dans une impasse aient à revenir sur leurs pas. Pour cette seule raison, la place Daly est vitale pour le projet de passages piétonniers.
M. Moon: Je ne sais trop où vous voulez en venir avec votre question, mais, abstraction faite de mon appartenance au Comité Liaisons, je dirai, en ma qualité de gestionnaire d'immeubles de la rue Rideau et de citoyen qui a vécu toute sa vie à Ottawa, qu'il faut construire sur la place Daly. Il est trop important dans la trame de la rue Rideau pour demeurer aire ouverte. Je crois qu'il nous donne une possibilité unique d'améliorer le tissu urbain de la rue. D'après les plans que j'ai vus, et même s'il ne s'agit que d'ébauches, je crois qu'il est possible de mettre cet emplacement en valeur d'une manière très vivante et intéressante au moyen d'éléments susceptibles d'attirer au centre-ville des gens de tout le Canada, y compris de l'Outaouais et d'Ottawa. En outre, les plans prévoient une esplanade permettant d'ériger un monument pour célébrer un événement de l'histoire du Canada ou le peuple canadien, qu'il s'agisse de l'affaire «personne» ou de Terry Fox. Tout reste possible.
La CCN a beaucoup fait pour assurer la protection du lieu, notamment en imposant une marge de recul qui laisse une esplanade assez vaste pour élever un monument célébrant une page de l'histoire du Canada.
Le sénateur Andreychuk: Reconnaissez-vous que l'emplacement doit prendre une certaine importance historique pour devenir une attraction majeure, mais qu'il faut établir un équilibre en lui donnant aussi une vocation commerciale?
M. Kelly: C'est une façon prudente de présenter les choses.
M. McGlynn: En soi, la place Daly n'est pas un lieu historique et il serait bien d'y ériger un monument historique ou commémoratif. Cependant, cela ne veut pas dire que le monument commémoratif ne pourrait pas être érigé ailleurs.
Le sénateur Andreychuk: Vous avez très bien expliqué qu'il fallait attirer davantage de touristes et des congrès plus gros, mais la clé de tout cela, c'est le centre des conférences fédéral, que le Centre des congrès d'Ottawa soit agrandi ou pas, et c'est la façon dont les deux seront reliés. J'essaie de voir comment la place Daly s'inscrit dans ce projet.
Il me semble que ce que vous voulez faire, c'est amener des gens à marcher de la colline du Parlement ou d'un hôtel ou du centre de conférences jusqu'à tous les sites historiques comme le Musée des beaux-arts du Canada et le marché By. Cela ne s'inscrit-il pas dans le débat sur la vocation du marché By, sur le maintien du mélange de restaurants et de marchands de légumes traditionnels, et sur les moyens d'attirer des Canadiens et des étrangers dans le secteur du marché. Quelle est la grande attraction?
Il me semble que cette attraction doit être un mélange de bâtiments historiques et d'endroits où on peut magasiner et manger. Vous voulez que l'utilisation de la place Daly s'inscrive dans ce schéma général.
Mme Pigott: J'ai interrogé un homme qui amène des autobus scolaires remplis de visiteurs à Ottawa au printemps et à l'automne. Je crois qu'il amène près de 800 de ces autobus de tout l'Ontario et du Québec. Son problème, c'est qu'il ne sait pas quoi faire de ces jeunes une fois qu'ils ont visité les musées et vu la colline du Parlement. Vous ne pouvez pas tout simplement les ramener à l'hôtel, car ce sont de jeunes adolescents. Vous voulez qu'ils aient quelque chose à faire en soirée. Il y a deux parcs de jeux d'eau à Ottawa, mais mon interlocuteur m'a dit qu'ils n'étaient pas vraiment excitants. Je lui ai alors raconté ce que nous avions fait pour le 125e anniversaire à Ottawa. Nous avons pris un vieil édifice, pas particulièrement excitant, de la rue Elgin, en face du Centre national des arts, nous l'avons rempli de choses que les Canadiens ont conçues et fabriquées au cours des 130 à 140 ans de notre histoire. Le jeu de hockey était là, le basket-ball aussi, même la fermeture-éclair. Tout cela était représenté dans cet immeuble. Nous y avons attiré des centaines de jeunes et de familles. Cet été-là, cet immeuble a été une attraction très vivante et un lieu très dynamique.
Je ne partage pas nécessairement le point de vue de ceux qui s'opposent à ce qu'on y construise un hôtel, mais j'aimerais qu'il y ait quelque chose, un édifice qui renferme des choses intéressantes à faire pour les jeunes le soir. Nous avons besoin de plus d'attractions. J'arrive de Disneyland, en Californie. J'y ai passé deux jours avec ma petite-fille de 10 ans et il faut reconnaître que M. Disney a su créer un endroit où les enfants peuvent s'amuser et apprendre.
J'ai d'ailleurs passé les deux jours en question en chaise roulante motorisée à cause de problèmes de genoux qui m'empêchaient de me déplacer à pied. Mon mari ne va pas très bien et ne pouvait pas marcher non plus. Je suis revenue en me disant que ce serait bien d'avoir des chaises roulantes motorisées pour tous ceux de plus de 60 ans qui veulent parcourir le boulevard de la Confédération. Ce sont des machines tout simplement formidables. Je pensais que mon mari allait recevoir une contravention pour excès de vitesse tant il s'amusait.
Quoi qu'il en soit, nous avons besoin d'attractions, surtout en soirée.
Le sénateur Andreychuk: Voulez-vous dire qu'il serait utile de ne pas avoir une simple entreprise commerciale sur le site? Il faudrait que ce soit une attraction.
Mme Pigott: Je l'espère.
Le sénateur Andreychuk: L'un des problèmes de la rue Sparks a été d'y offrir des activités qui ne sont pas uniquement commerciales. Cet équilibre est nécessaire.
Convenez-vous avec moi que nous nous sommes écartés du véritable débat concernant l'utilisation de la place Daly lorsque nous parlons d'itinérants et d'une hausse de la criminalité? Ce problème ne sera pas exacerbé par la place Daly. Ce problème existe. Il s'agit d'un problème urbain, et d'un problème de pauvreté, non pas d'un problème causé par la place Daly.
Mme Pigott: C'est le coeur du problème de la capitale.
Le sénateur Andreychuk: Exactement. Depuis que je m'occupe de cette question, je ne cesse d'entendre dire que l'utilisation que nous ferons de la place Daly permettra de remédier de façon radicale à ces problèmes. Mais il faut admettre que ce n'est pas ce qui permettra de les régler. Nous ne devrions pas perdre de vue notre objectif.
J'ai trouvé la lettre du Service de police régional d'Ottawa-Carleton très décevante sur le plan des services policiers. Croyez-vous que nous devrions aborder différemment cette question des itinérants, de la prostitution et de la pauvreté et qu'il n'existe pas de formule magique pour la place Daly?
Mme Pigott: Ce qu'il y a de tragique dans toute cette affaire, c'est l'absence de plan général ou de groupe de liaison général pour le centre de la capitale.
Le ministère du Patrimoine s'occupe de la CCN et du Centre national des arts. C'est un élément très important du centre-ville. Travaux publics Canada s'occupent de la rue Sparks et de certains édifices de la rue Elgin, qui leur appartiennent. N'oubliez pas que la CCN s'occupe du boulevard de la Confédération. Il y a Parcs Canada, le canal, le cénotaphe des anciens combattants, et la MROC qui s'occupe du pont de la plaza, du marché, des principales routes et du tourisme. Il faut réunir la MROC et la Ville d'Ottawa dans le cadre de ce projet car ils s'y intéressent.
Tous ces gens s'y intéressent mais ne se parlent pas nécessairement. Il n'existe aucun projet d'avenir pour la magnifique capitale du Canada. La CCN a fait un sondage récemment pour savoir combien de Canadiens aimeraient venir dans la capitale lors du millénaire. Environ 52 p. 100 des Canadiens ont indiqué qu'ils aimeraient venir à Ottawa lors du millénaire. C'est un endroit spécial. Ce n'est pas simplement la Chambre des communes et le Sénat, c'est tout ce que nous avons accompli au cours des 140 dernières années. Toutes ces réalisations se trouvent sur le boulevard de la Confédération.
Nous devons unir vos efforts. À ce stade, le gouvernement régional devrait montrer la voie et réunir tous ces gens pour leur dire que la place Daly n'est qu'un morceau du casse-tête. Il faudrait établir un plan général à long terme pour le centre de la capitale. Tous les partenaires devraient y participer.
Cette situation m'attriste parfois car je sais au plus profond de moi que ce pays incroyable, qui est si grand et si diversifié à l'échelle provinciale, doit avoir un endroit où nous pouvons amener nos enfants et leur dire, «Voici le Canada.»
M. Waserman: Personne ne laisse entendre que l'établissement d'un parc à la place Daly permettra de régler les problèmes sociaux mais opter pour cet emplacement causera ce genre de problèmes, lesquels entraîneront d'autres perturbations en ce qui concerne le tourisme, les congrès, le débit de circulation, les piétons, la sécurité et tous les autres problèmes que j'ai soulevés ici. Nous ne voulons pas laisser entendre que la création d'un parc à cet endroit causera des problèmes sociaux.
Le sénateur Andreychuk: Convenez-vous qu'un «parc» n'est pas nécessairement un endroit où il y a de l'herbe et des arbres, mais peut être endroit où des gens peuvent exercer des activités en toute sécurité?
M. Waserman: Je suppose que c'est possible. Je pense que pour la majorité des gens un parc est un lieu de verdure avec des arbres. Il est possible qu'un autre type de parc minimise la migration de ce problème.
Le sénateur Andreychuk: Oui, et il pourrait incorporer une entreprise commerciale.
M. Waserman: Ce serait bien pendant l'été, mais cela risque de poser des problèmes le reste de l'année.
Le sénateur Cochrane: Monsieur McGlynn, diriez-vous que beaucoup d'argent a été consacré à ce processus? De nombreux groupes y ont participé: la CCN, les municipalités locales, Parcs Canada et d'autres. Dans le cadre dont vous avez discuté, a-t-on envisagé un parc historique national?
M. McGlynn: J'ai dit que je supposais que les membres du secteur privé qui ont participé au processus d'élaboration avaient dépensé beaucoup d'argent pour préparer leur soumission et accéder à la liste restreinte. Je suppose également que la CCN a consacré du temps et des ressources pour établir les critères d'élaboration et ainsi de suite. C'est ce que je voulais dire lorsque j'ai dit qu'on a dépensé de l'argent, car c'est effectivement le cas. Je n'ai aucune idée du montant qui a été dépensé.
Je crois que personne n'a envisagé d'en faire un parc -- c'est-à-dire Parcs Canada ou qui que ce soit qui s'occupe de l'emplacement. À ma connaissance et à celle de l'organisation que je représente, personne n'a considéré que cet emplacement convenait pour y faire un parc -- c'est-à-dire selon le point de vue de la CCN, de la Ville d'Ottawa, de la MROC ou de Parcs Canada. C'est ce que je voulais dire.
Le sénateur Cochrane: Êtes-vous en train de dire que la CCN ou Parcs Canada ne croyaient pas que c'était un endroit approprié pour un parc? Qui, précisément, était de cet avis?
M. McGlynn: Je crois que personne n'a considéré que c'était un endroit approprié pour en faire un parc parce qu'après avoir examiné l'emplacement, la CCN a dit qu'elle voulait le développer commercialement. La Ville d'Ottawa et la MROC n'ont jamais considéré que c'était un endroit indiqué pour un parc. Je ne sais pas ce qu'en pensent Parcs Canada, mais je suppose qu'ils sont du même avis.
Mme Pigott: Non, ils ne sont pas de cet avis -- du moins pas à ma connaissance.
Le sénateur Cochrane: A-t-on fait un sondage auprès des résidents de la basse-ville et du centre-ville pour savoir ce qu'ils pensent de l'idée d'avoir un parc ou non à cet emplacement? Il y a eu de nombreuses activités louches dans certaines des rues de ces quartiers. Il faudrait demander aux résidents ce qu'ils en pensent.
Mme Pigott: Un échevin de la Ville d'Ottawa a pris la parole deux fois lors de vos deux dernières réunions. Les résidents ont été sondés à propos de cet emplacement. La place Daly a fait l'objet de nombreuses discussions au cours des trois ou quatre dernières années et beaucoup de gens ont fait des commentaires. La CCN a également tenu des consultations publiques. Il y a eu d'importantes assemblées dans le quartier du marché By il y a environ deux ans.
Le sénateur Cochrane: Qu'en pensent les autres résidents d'Ottawa ou les groupes de bénévoles? Savent-ils quand le plan final sera présenté?
Mme Pigott: Le Comité Initiative Liaisons est un groupe du secteur privé qui estime qu'il faut faire quelque chose à propos du centre-ville. Nous avons passé les deux ou trois dernières années à y rêver. Il faudra à un certain moment dépenser plus d'argent sur des conceptions et des plans et tenir des consultations publiques. Cela fait partie du système. Si la MROC ou la Ville d'Ottawa y participe d'une façon quelconque, il faudra qu'il y ait des consultations publiques.
Le sénateur Cochrane: Il y a environ deux semaines, un groupe de ma province était ici pour une conférence fédérale. La plupart d'entre eux sont restés à l'Hôtel Westin. C'est une excellente idée d'avoir relié l'Hôtel Westin au Centre Rideau. Au lieu de devoir mettre leurs bottes et leur manteau pour aller faire quelques achats, ils pouvaient traverser directement au Centre Rideau. C'était fantastique. Tout le monde a trouvé cela formidable. Il faut que le projet Liaisons piétonnières soit mené à bien pour que tous les hôtels, les centres de conférence et ainsi de suite soient reliés entre eux.
Mme Pigott: C'est ce que nous aimons entendre. Nous avons récemment eu une conférence incroyable sur les mines terrestres avec des gens de partout dans le monde. J'ai eu beaucoup à faire à cause de la tempête de verglas et je ne pouvais m'empêcher de penser à ce qui se serait produit si tous ces gens avaient été ici durant la tempête de verglas. Cela aurait été terrible.
Je me suis battue deux fois plus fort pour le projet Liaisons depuis la tempête de verglas parce que, même si on prétend que ce genre de catastrophe ne se reproduira pas avant 50 ans, je ne crois pas les météorologues.
Le président: Je vous remercie de votre présentation.
Nos prochains témoins sont Mme Germain et M. Day.
Mme Edith Germain, consultante en aménagement immobilier: Honorables sénateurs, c'est un honneur de comparaître devant vous.
Je détiens une maîtrise en urbanisme de l'Université Columbia à New York, où j'ai obtenu mon diplôme en 1984.
Le principal projet auquel j'ai travaillé au cours des six dernières années est le projet Bois-Franc, dans la ville de St-Laurent sur l'île de Montréal. Il s'agit d'un ancien terrain d'aviation en train d'être développé par Bombardier Immobilier. Bois-Franc est un projet résidentiel de 8 000 logements, qui comprend des parcs, des lacs, plusieurs places, des esplanades et un centre-ville. Chaque jour nous sommes appelées à prendre des décisions en matière d'esthétique urbaine, semblables à celles dont nous discutons aujourd'hui.
Vous avez tous reçu un rapport où je présente succinctement mes recommandations, mes explications et mes conclusions concernant l'établissement d'une place publique à la place Daly. Je vous invite à le lire quand vous en aurez le temps.
Aujourd'hui, j'aimerais vous indiquer ce qui m'a amenée en tant qu'architecte et planificatrice à tirer les conclusions présentées dans le rapport. Tout d'abord, je dois vous dire que j'ai été heureuse d'apprendre qu'on avait un projet pour cet emplacement. Je n'ai jamais compris pourquoi on l'avait négligé à ce point, alors qu'il est situé à côté du Château Laurier. Deuxièmement, il est devenu évident à mes yeux, pendant que je descendais la rue George en direction de la rue Dalhousie, que ce serait une grave erreur d'installer un édifice à cet endroit. La raison en est simple: il bloquera la vue du Château Laurier et de la Tour de la Paix, à partir du marché By. Et surtout, un édifice sur la place Daly bloquera la vue du pôle d'attraction que représente le Château Laurier.
Corrigez-moi si je me trompe, mais je crois que ceux qui voient le Château Laurier tous les jours le prennent un peu pour acquis. C'est peut-être mon rôle en tant qu'architecte et planificatrice de souligner à quel point c'est un merveilleux édifice et un pôle d'attraction important. Par pôle d'attraction, je veux dire qu'il sert d'élément visuel ou unificateur pour la communauté urbaine. En fait, lorsqu'on est devant le Château Laurier, on sait qu'à la gauche se trouvent le canal Rideau et la colline parlementaire, que derrière la rue Wellington, face au Parlement, se trouve la rue Sparks, que le Centre de conférences du gouvernement et l'ancienne gare se trouvent en face du Château Laurier. Le Centre Rideau est de l'autre côté en diagonale. Il est impossible d'établir un lien spatial entre le Château Laurier et le marché By à moins d'être près de la façade latérale du Château Laurier et de regarder en bas le long de la façade latérale de l'édifice Connaught en direction de la rue George.
Si le marché By n'était pas un élément important de l'attrait d'Ottawa, je serais d'un autre avis mais ce n'est pas le cas, si j'en juge l'importance que revêt le marché sur le plan touristique. Pour les touristes qui visitent le Parlement et d'autres édifices historiques, il n'est pas vraiment évident de se rendre au marché By et le chemin qui y mène n'a pas l'air très sûr. Il faudrait qu'une place publique les y amène, ce qui serait possible grâce à la place Daly.
Je ne parle pas d'un lien souterrain bien que cela puisse être construit n'importe quand sans qu'on y construise un édifice. Je ne parle pas d'une passerelle non plus puisqu'elles ne sont plus considérées comme des solutions appropriées en matière d'urbanisme, mais je parle d'un lien visuel extérieur.
Pour résumer ce que je viens de dire, la première raison pour ne pas construire d'édifice à la place Daly, c'est que lorsque vous vous trouvez à l'angle des rues George et Dalhousie, il est évident qu'un édifice bloquera la vue du Château Laurier, un pôle d'attraction important, à partir du marché By. La deuxième raison, c'est que la place Daly contribuerait à une meilleure compréhension spatiale de l'environnement urbain qui entoure la colline du Parlement, surtout l'organisation spatiale entre notre pôle d'attraction, le Château Laurier, et le marché By, que l'on veut promouvoir comme site touristique.
Ma troisième raison pour recommander qu'on évite de construire un édifice à la place Daly, c'est qu'il transformera la promenade Sussex en un couloir perpétuellement sombre. Je dois souligner que la situation s'est aggravée depuis qu'on a commencé la construction d'un autre édifice au nord de l'édifice Connaught.
Au sud de l'édifice Connaught, l'espace ensoleillé que nous voyons sur la diapositive disparaîtrait. Ces photos ont été prises à l'heure du lunch à l'équinoxe, à un moment de l'année où il y a plus de soleil. Imaginez la fin de l'hiver.
Ma quatrième raison pour recommander une place publique à la place Daly, c'est qu'il constitue un coin stratégique à angle droit sur le boulevard de la Confédération. La place Daly devrait donc servir à indiquer qu'il s'agit de la principale intersection du boulevard de la Confédération et du point d'entrée au coeur de la capitale du pays. La décision qui sera prise au sujet de la place Daly ne doit pas être fondée sur des considérations strictement commerciales puisqu'il s'agit de la capitale du Canada.
Je vous montrerai dans quelques instants une vue d'artiste de la place proposée selon différentes perspectives. Ces perspectives ont pour but d'illustrer les applications possibles des principes de design. Ce sont donc des options plutôt que des solutions définitives.
Tout d'abord examinons une place de renommée mondiale, Trafalgar Square à Londres. Trafalgar Square a été choisi comme modèle parce qu'il illustre le mieux, quoiqu'à plus grande échelle, le design proposé pour la place Daly. Comme la place Daly, Trafalgar Square est entouré d'artères principales et d'immeubles et est un quartier que fréquentent de nombreux piétons. Comme dans le cas de la place Daly, il y a une différence importante de niveau entre les deux rues du haut et du bas.
Revenons à la place Daly. Des estrades avec d'imposantes sculptures et un belvédère seraient disposés en un point central. Il n'y aurait pas de fontaine en raison de plus grand entretien que cela exige et des coûts qui s'y rattachent. Comme la place Daly est plus petite que Trafalgar Square, sa fonction serait plus dynamique.
Ce serait un chemin piétonnier, sûr la nuit en raison de la vue offerte de toutes les fenêtres des chambres du Château Laurier et sûr le jour en raison de la circulation pédestre et automobile et de la vue offerte des fenêtres de la librairie Chapters.
Comme la place aurait une fonction utilitaire, il serait préférable qu'elle soit pavée en pierres au lieu d'être gazonnée. Cela aurait deux conséquences positives: décourager les rôdeurs, et le terrain serait aussi facile à entretenir qu'un trottoir.
L'esplanade pavée en pierres serait agrémentée de bancs, de sculptures et d'un belvédère et se terminerait du côté ouest par des marches qui créeraient un lien avec le Château Laurier. En outre, parce que l'avenue Mackenzie et la promenade Sussex sont à deux niveaux différents, un piéton empruntant la place ne se sentirait pas oppressé par la circulation.
Il convient de remarquer qu'il serait impossible d'apercevoir l'entrée de service et l'aire de chargement de l'édifice Connaught à partir de la place publique. Nous ne pouvons apercevoir, d'ici, les aires de chargement.
Une place publique de type esplanade n'augmenterait pas énormément les frais d'entretien. Elle consisterait essentiellement en quelques trottoirs de plus à nettoyer, quelques bancs à entretenir et quelques arbustes à arroser. Son emplacement aurait pour avantages un accès piétonnier et automobile direct et une concentration d'activités au confluent du quartier du marché By, axé sur les loisirs, et du quartier culturel et patrimonial de la Colline du Parlement.
Une promenade axiale entre le marché By et la place publique serait un atout. Le lien actuel ténu, ou inexistant, entre la colline du Parlement et le marché By justifierait un tel choix. L'esplanade aurait pour objet non seulement de renforcer le lien que la place établirait entre la Colline du Parlement et le marché By, mais aussi de créer une vue axiale du Château Laurier et de la Tour de la Paix, ainsi qu'un endroit accueillant où les piétons pourraient se promener. Elle consisterait en des allées bordées d'arbres menant au Château Laurier. De plus, elle offrirait aux touristes une vue allant du marché à la Tour de la Paix.
M. Dave Day, directeur, The Parks Country Group of Environmental Consultants: Honorables sénateurs, je suis heureux d'avoir l'occasion de vous exposer mes vues sur le projet de loi S-6.
J'aimerais vous donner quelques brefs renseignements à mon sujet. Je connais très bien cet emplacement. J'ai occupé le poste de surintendant du canal Rideau pendant cinq ans, soit de 1981 à 1986, et ensuite du parc national Banff. J'ai consacré une vingtaine d'années de ma vie à Parcs Canada. Je travaille maintenant comme expert-conseil dans le domaine de la gestion de l'environnement, à Banff, où j'ai décidé de m'installer avec ma famille plutôt que de revenir à Ottawa, non pas que je n'aime pas la ville puisque j'y ai vécu pendant 8 ans.
Je suis ici pour appuyer le projet de loi S-6. Il y a deux facteurs importants dont le comité et le Parlement doivent tenir compte dans leur examen du projet de loi. Il y a d'abord l'avenir du site Daly, et beaucoup de choses ont déjà été dites à ce sujet. Ensuite, ce site nous offre l'occasion exceptionnelle de faire revivre un chapitre de notre histoire et de souligner ce qu'Emily Murphy et ses quatre amies ont fait pour les femmes, non seulement au Canada, mais dans l'ensemble de l'empire britannique, grâce au jugement rendu dans la célèbre affaire «personne».
J'appuie les efforts que déploient les défenseurs de ce projet de loi pour consolider la position de notre capitale. Le fait d'avoir travaillé pour Parcs Canada m'a permis de vivre et de voyager dans diverses régions du Canada. Je connais probablement mieux le pays que la plupart des gens. J'ai eu l'occasion, aussi, de vivre à Ottawa. Je suis déçu de voir que nous ne faisons pas plus, en tant que Canadiens, pour promouvoir notre drapeau et commémorer notre patrimoine. Je ne parle pas du débat qui a lieu à l'autre endroit récemment, mais du fait que nous ne mettons pas en valeur notre patrimoine.
Nous avons, au Canada, des lieux et monuments historiques ainsi que des parcs qui commémorent notre histoire militaire. Les parcs plus vastes, nos réserves forestières fédérales, doivent leur existence à cette même histoire. La plupart de ces parcs ont, aujourd'hui, une importance nouvelle, la société les percevant désormais sous un angle différent. La société a également changé sa perception et ses attentes face à la capitale du Canada. La CCN et les habitants d'Ottawa ont réussi à créer une ville à la fois intéressante et attrayante.
Je suis déçu de voir qu'on utilise habituellement une plaque pour rendre hommage à des gens célèbres, commémorer des événements et des lieux qui ont une importance historique nationale. Je sais que ces plaques coûtent quelques centaines de dollars et que des bénévoles se chargent ensuite de les polir et de les entretenir. Toutefois, quand un événement, un personnage ou un lieu est jugé important à l'échelle nationale, il faut le porter à la connaissance non seulement des Canadiens, mais des visiteurs et des médias de tous les coins du monde, sur la colline du Parlement et au coeur de la capitale, qui, pour moi, englobe la place Daly.
Mme Pigott a eu raison de dire ce matin qu'il n'existe aucune vision du rôle que devrait jouer notre capitale, de ce qu'elle devrait représenter pour tous les Canadiens.
Le plus gros problème à Ottawa, c'est de se rendre sur la colline du Parlement. Vous devez enjamber des flaques de boue pour y arriver, et nous sommes en 1998. Nous devrions peut-être envisager d'autres solutions.
Le projet de loi S-6 constitue un moyen d'encourager Parcs Canada, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, ceux qui aiment commémorer les événements d'importance nationale au sein de la communauté, à unir leurs efforts et à utiliser cette initiative pour secouer un peu notre capital. Commémorons ce que le groupe des Cinq a fait pour les femmes du Canada et de l'Empire.
Profitons également de cette occasion pour examiner toutes les plaques installées au Canada, toutes les statues et tous les petits immeubles que nous préservons, et donnons-leur vie ici même à Ottawa. Il est difficile pour la plupart des Canadiens de se rendre sur la côte ouest de la Colombie-Britannique ou dans l'Arctique pour revivre notre histoire et rencontrer les gens qui composent cette grande nation. Nous pouvons sûrement trouver le moyen de monter à bord d'un avion et de venir à Ottawa au moins une fois dans notre vie, quand nous sommes aux études, en vacances, ou quand nous voyageons pour affaires. Nous devrions à ce moment-là pouvoir déambuler au coeur de la capitale nationale, non pas simplement visiter un musée -- et il y en a d'excellents ici -- et des galeries d'art, mais passer un peu de temps à l'ombre des édifices du Parlement, dans les parcs et les espaces verts qui entourent le canal Rideau et le centre-ville. Une seule journée suffirait. Une fois rentré chez moi, j'aurais une meilleure idée du chemin que j'ai parcouru pour parvenir jusqu'ici. Ottawa est notre fenêtre sur le monde. Elle est un centre d'intérêt international, politique et médiatique, et nous n'en sommes pas assez conscients.
Si quelqu'un me disait que nous avons un peu d'argent en réserve et me demandait ce que nous devrions en faire, je proposerais qu'on l'utilise pour embellir notre capitale et mousser notre patriotisme.
Je ne veux pas laisser entendre que les sénateurs qui appuient ce projet de loi sont des visionnaires, même si je sais qu'ils le sont. Or, la plupart de nos parcs, y compris celui où je vis, le parc national Banff, ne sont pas le fruit de grands travaux de planification. Nous devons leur existence à l'acharnement de groupes de personnes qui se sont obstinés à poursuivre leur vision. Nous devons le parc national Banff à la vision de Sir William Cornelius van Horne, recruté par Sir John A. Macdonald parce qu'il possédait la perspicacité et le sens des affaires voulus pour construire un chemin de fer jusqu'en Colombie-Britannique et ainsi unir notre pays. Il en va de même ici.
Quand vous avez un emplacement comme la place Daly qui attend pendant quelques décennies l'arrivée d'une personne qui a une vision, un site qui gît sous le regard des parlementaires et des visiteurs, vous faites quelque chose. Le milieu des affaires, s'il avait eu un rôle à jouer à cet endroit, aurait dû intervenir il y a 20 ans. Le site est maintenant prêt à être aménagé, et certains ont proposé qu'il soit transformé en parc.
Je crois que le comité a eu raison de dire, ce matin, que nous ne savons pas encore quelle forme prendra ce parc. Le projet devrait être confié à l'organisme qui est le mieux placé pour commémorer les événements jugés importants sur le plan national, soit Parcs Canada. Donnons-lui toutes les idées que nous avons recueillies. Certains à Ottawa veulent aménager des passages à cet endroit. D'autres veulent y construire un terrain de stationnement. Des architectes ont déjà soumis leurs idées sur ce projet.
Je crois qu'il est important d'établir des liens entre le marché By et la colline. Ce site constitue un endroit idéal pour le faire.
Il n'est pas question ici d'aménager un petit parc avec des arbres, bien qu'on puisse intégrer cette solution au projet. Il est plutôt question de souligner un événement qui a marqué l'histoire du Canada.
Je pense que la CCN et Parcs Canada peuvent unir leurs efforts dans ce cas-ci, ce qu'ils ont fait à maintes reprises. Ils sont tous deux responsables du site historique, soit le Canal Rideau, et s'entendent sur le rôle que devrait jouer Parcs Canada quand il s'agit de commémorer des événements historiques. Ce dernier, par exemple, assume les dépenses liées à la reconstruction de pièces authentiques. La CCN, elle, assure l'entretien de nombreux terrains en y plantant des arbres et des fleurs pour les rendre attrayants et conformes aux exigences de la capitale nationale.
Le comité a dit ce matin que cette option est toujours sur la table. Les parlementaires lancent donc un défi à ces personnes en les invitant à faire quelque chose de productif.
Je pense que la place Daly a également sa propre histoire. J'ai vécu à Ottawa pendant sept ou huit ans et j'ai suivi le dossier à l'époque où j'occupais le poste de surintendant du canal Rideau, à Smiths Falls. Je me souviens très bien de l'édifice, mais un peu moins de ses corniches. Ce n'était qu'un bloc de béton hideux situé en plein coeur d'Ottawa. Ces corniches se trouvent quelque part, et elles devraient peut-être être intégrées au projet. Il faut raconter l'histoire de l'édifice Daly sur ce site.
Je tiens encore une fois à vous parler des avantages que présente l'emplacement. J'ai jeté un coup d'oeil sur les cartes qui ont été présentées ce matin. Je me suis promené au centre-ville, hier, et je peux vous indiquer une trentaine d'endroits où l'on pourrait construire un édifice commercial. Les projets d'expansion du Centre de conférences montrent qu'il existe diverses solutions de rechange. Toutefois, l'occasion qui nous est offerte de construire un parc permanent est vraiment unique. Le mot «parc» est un mot très précieux. Cette occasion ne s'offrira à nous qu'une seule fois, et si nous ne la saisissons pas, nous l'aurons sans doute perdue à jamais.
La place Daly et l'affaire «personne» forment un tout. Je sais qu'il n'existe pas de lien particulier entre les deux. Je sais aussi qu'on pourrait installer une plaque sur l'édifice de la Cour suprême pour rendre hommage à Emily Murphy et à ses quatre compagnes de l'Alberta. Je ne suis pas ici pour discuter de cela, mais je crois que les deux se complètent et que nous ne pouvons pas laisser passer cette occasion.
Les sénateurs sont en train d'évaluer, d'une part, les gains à court terme que présente la construction de liens pour embellir la capitale et les objectifs à court et à moyen termes d'un tel projet du point de vue des gens d'affaires, des habitants de la ville, des Canadiens en général et des visiteurs, et, d'autre part, les avantages à long terme que présente l'aménagement d'un parc. Nous savons tous qu'Ottawa compte beaucoup sur le tourisme. C'est la vitalité de la capitale, des édifices du Parlement, des terrains et des parcs qui entourent la ville qui attire surtout les visiteurs. Ce n'est pas la construction d'un autre immeuble qui va rendre les gens encore plus fiers d'Ottawa.
Je tiens à dire, en résumé, que ce projet de loi est acceptable à tous les points de vue. C'est pourquoi j'ai pris le temps de féliciter le sénateur Kenny pour son initiative. Le projet de loi répond à toutes mes attentes -- il crée une vision qui ferait de la place Daly un parc. J'espère que le site serait animé et non pas transformé en fort militaire comme le sont bon nombre de nos parcs. Nous pourrions nous inspirer des exemples qui existent ailleurs dans le monde, comme le Trafalgar Square et le Crystal Palace. Nous pourrions nous inspirer de ce que d'autres pays ont fait, et faire de cet emplacement un parc excitant, vibrant et historique. Il importe que tous ces facteurs soient réunis au même endroit.
Pour ce qui est de la commémoration de notre patrimoine national, je recommande que cette responsabilité soit confiée à Parcs Canada et à la direction des parcs et lieux historiques nationaux. Ces gens sont spécialisés dans ce domaine, bien qu'ils n'aient pas nécessairement les compétences voulues pour assurer la conception du parc. Nous devons, pour élaborer une proposition qui réunit tous ces critères, faire appel à l'imagination et à la créativité des architectes, des urbanistes et des planificateurs de la CCN, à la vision qu'a la CCN pour Ottawa.
Je suis venu de Banff pour appuyer ce projet de loi, et j'espère qu'il sera adopté. Je vous remercie de l'intérêt que vous portez à ce dossier.
Le sénateur Butts: Je tiens à remercier Mme Germain et M. Day de nous avoir présenté un point de vue original et intéressant. Nous avons, pendant quatre mois, entendu beaucoup de témoignages qui tendaient à détourner l'attention de la question principale.
Je crois que vous m'avez convaincue que nous pouvons construire des liens ainsi qu'un parc à cet endroit. Nous pouvons même aménager un parc et un terrain de stationnement. Il n'y aura pas plus de mendiants à cet endroit qu'ailleurs.
Je suis allée au marché By, hier, vers midi, et à chaque coin de rue, il y avait un mendiant. À 17 heures, je me suis rendue à l'arrêt d'autobus sur la rue Wellington, et il y avait un mendiant qui demandait de l'argent à toutes les personnes qui s'y trouvait. Il n'y aura pas plus de mendiants dans les rues à cause de la place Daly. J'en suis convaincue.
Je suis heureuse de vous entendre dire que les flaques de boue constituent le plus gros obstacle que vous ayez à franchir pour vous rendre sur la Colline. Nous allons aménager à cet endroit un très beau parc et il n'y aura plus de boue.
Je tiens à remercier Mme Germain pour les photos qu'elle a apportées. On nous a dit que le parc ne serait peut-être pas illuminé et qu'il pourrait être dangereux. Le comité doit décider s'il veut favoriser le développement économique de la ville en installant un autre magasin à cet endroit, ou s'il veut quelque chose de plus esthétique, de plus beau, comme un parc historique.
Merci de votre exposé.
Le sénateur Andreychuk: Je tiens à remercier les deux témoins de nous avoir proposé une approche différente, un concept novateur.
Si Parcs Canada et la CCN unissaient leurs efforts et examinaient une fois pour toutes ce projet d'un point de vue national, serait-il possible d'incorporer un centre d'activité à cet endroit? Nous pourrions modifier l'immeuble existant et lui donner aussi une vocation commerciale. Nous pourrions, à l'avant, aménager un centre d'activité. Serait-il possible de faire cela?
Mme Germain: Je vais utiliser certaines des diapositives que j'ai déjà montrées pour répondre à cette question. On voit sur celle-ci l'ombre qu'il y a le long de la promenade Sussex.
Dans le passé, il y avait à cet endroit l'édifice Daly et l'édifice Connaught. On y trouve maintenant l'édifice Connaught et l'ambassade des États-Unis. Un autre édifice ne ferait que prolonger le couloir d'ombre le long de la promenade Sussex.
Sur cette diapositive, vous voyez la clôture en arrière plan et la vue sur la rue George. C'est de cet endroit dont vous discutiez. Cela bloquerait la vue sur la rue George et ce lien visuel est très important.
Les diapositives les plus importantes à mon avis sont celles qui montrent que la place Daly est un pivot formant le coin à angle droit du boulevard de la Confédération. Lorsque vous regardez cette diapositive, tout dans cette direction appartient à la capitale. Je crois que cet emplacement devrait être traité de manière à offrir cette vue et à être cette porte d'entrée. Les autres emplacements sur lesquels on peut ériger des immeubles ne manquent pas.
Je l'ai écrit dans mon rapport. Si l'on tient compte de la superficie du terrain, il y a beaucoup d'autres endroits où l'on pourrait construire un immeuble. Cependant, l'emplacement est idéal pour ériger une place publique.
M. Day: Il serait opportun que nos sénateurs et nos parlementaires décident s'ils optent pour un parc ou pour un immeuble commercial. L'histoire des parcs nationaux, par exemple -- surtout celui de Banff où je vis -- démontre que si nous ne combinions pas les zones commerciales et les parcs, nous aurions probablement tous plus de temps pour lire le journal, pour nous informer au sujet de ce qui se passe à l'extérieur de Banff.
Même si l'emplacement semble très grand, si vous vous lancez dans une entreprise comme celle dont nous avons discuté, vous avez besoin d'espace pour un emplacement qui célèbre le patrimoine, invite à la détente, conserve la vue d'immeubles magnifiques et l'accès entre la colline du Parlement et le marché, et cetera. Je crois qu'il serait approprié d'y construire un parc. Voyez grand, visez haut. On pourrait peut-être y inclure un pavillon pour aider à faire connaître le patrimoine de la ville. Cependant, il ne faut pas construire à la fois des édifices commerciaux et des parcs sur cet emplacement qui est déjà entouré d'immeubles commerciaux. Il s'agit de mon point de vue.
Le sénateur Adams: Je suis plus au fait de l'aménagement d'un parc. Si nous optons pour cette option, la CCN doit avoir les fonds nécessaires pour le maintenir en bon état. Si un promoteur y érige un immeuble d'affaires, il paiera des taxes. J'habite à Ottawa depuis 20 ans. Tantôt je séjourne ici, tantôt dans le Nord. J'aimerais qu'on y aménage un site historique pour que les visiteurs puissent apprendre tout sur les anciens premiers ministres de même que les rois et les reines qui sont venus d'Europe à l'origine.
Certains de ces croquis sont très intéressants. Dans le Sud, on s'est servi de chevaux pour labourer la terre, bien sûr, mais dans le Nord, nous côtoyons divers animaux -- des baleines, des morses, des ours polaires et des loups, des canards et des poissons. Nous devons développer cet emplacement et nous n'avons pas besoin d'entendre constamment la même histoire.
Vous avez parlé de l'Europe. J'y suis allé. J'ai vu leurs lions et leurs chevaux de même que leurs célèbres personnages historiques de l'époque romaine. Disposerons-nous sur cet emplacement des choses qui nous rappelleront les origines du Canada?
Êtes-vous d'accord avec cela? Certains de ces croquis comportent des chevaux, ce qui est très bien, mais pourquoi ne pas les remplacer par des ours bruns, des ours polaires ou des phoques? San Francisco a peut-être des droits sur les phoques; ils en ont 10 000.
Nous n'avons pas suffisamment de sites historiques à Ottawa pour relater tout ce qui s'est passé à l'époque de la colonisation du Canada. Ces sites attirent les touristes qui, pour la plupart ne peuvent se permettre de se rendre dans le Nord. Ils seraient peut-être heureux d'apprendre ces choses ici à Ottawa. Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet?
M. Day: C'est très difficile. Comment les jeunes gens peuvent-ils se permettre d'aller dans le Nord et de voir ce que cette région a à offrir, ou de voir ce que l'Ouest, les Maritimes, le Canada central, le Québec et l'Ontario ont à offrir? Ils ne peuvent le faire. Cependant, nombreux sont ceux qui viennent à Ottawa précisément parce qu'ils sont Canadiens. Ils sont patriotes. Ils veulent voir les édifices du Parlement de même que les députés et les sénateurs dans le feu de l'action.
En ce qui concerne cet emplacement, on ne propose pas simplement d'y ériger une statue ou une plaque. Les urbanistes contemporains et les responsables des parcs qui ont toujours envisagé les choses d'une manière traditionnelle, sont appelés à innover.
J'aimerais présenter votre question sous un angle différent. Je crois comprendre que vous discutez à l'heure actuelle, sur la colline du Parlement, de projets pour le millénaire. Je constate qu'on prévoit y consacrer environ 70 millions de dollars. Lorsque nous parlons de projets pour le millénaire, ce serait faire un grand pas que de représenter toutes les régions du Canada dans notre capitale nationale. Je ne prête probablement pas assez attention à l'essentiel, mais si nous pouvons nous permettre de dépenser une telle somme pour le millénaire, nous pourrions peut-être alors y inclure quelques-uns de ces messages. Je partage votre point de vue.
Mme Germain: Mon but était d'illustrer l'application possible de certains principes de design. Je ne voulais pas que mon exposé nous amène à nous demander à la mémoire de qui la place publique serait érigée. Les chevaux que j'utilise ici ne sont qu'une idée parmi tant d'autres. J'étais sûre que nous allions discuter des options. Ce n'est pas mon rôle en tant qu'architecte et planificatrice de me demander à la mémoire de qui cette place publique devrait être érigée.
Le sénateur Adams: Madame Germain, votre projet convient très bien. Vous vouliez simplement nous donner une idée et je comprends cela. Nous devons d'abord déterminer si nous érigeons ou non un parc sur cet emplacement. Le cas échéant, nous devrons ensuite décider du genre de parc et de la possibilité d'y installer des statues ou quelque autre monument servant à faire connaître le patrimoine.
Le président: Je remercie les témoins.
Le comité poursuit ses travaux à huis clos.