Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 20 - Témoignages du 9 mars 2007 - Séance de l'après-midi
STEINBACH, MANITOBA, le vendredi 9 mars 2007
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui, à 12 h 46, pour examiner, en vue d'en faire rapport, la pauvreté rurale au Canada.
Le sénateur Joyce Fairbairn (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Avant de commencer, j'aimerais souhaiter la bienvenue à M. Toews, président du Conseil du Trésor du Canada. M. Toews vient de la région, et nous sommes très heureux qu'il ait pris le temps d'assister à la réunion.
Je suis sûre que vous êtes d'accord sur tout ce que nous disons, monsieur Toews.
L'honorable Vic Toews, député : Jusqu'ici, oui.
La présidente : Bien entendu.
Cet après-midi, nous accueillons Louise Lawrie, qui témoignera à titre personnel; Allan Gaudry, vice-président de la Manitoba Commercial Inland Fishers' Federation, et Muriel Bugera, agente de développement économique de la Corporation de développement communautaire Chaboillé.
Bienvenue à tous. Nous attendons avec intérêt les témoignages et nous passerons ensuite aux questions des sénateurs. Le comité rédigera un rapport axé sur les régions rurales du Canada. Nous savons que la population rurale du Manitoba, comme celle de toutes les autres provinces que nous avons visitées, éprouve des difficultés, mais elle fait preuve d'une ténacité formidable et inébranlable.
Vous avez la parole, Louise.
Louise Lawrie, à titre personnel : Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de témoigner devant votre comité aujourd'hui. J'ai eu de la difficulté à déterminer ce que j'allais dire, mais j'ai finalement décidé de faire quelques observations et de raconter une histoire semblable à celle de Laurel, qui vient de Pukatawagan.
J'ai habité presque toute ma vie dans le Nord, principalement à Churchill, et j'ai aussi vécu longtemps à Tadoule Lake, une petite réserve située à l'ouest de Churchill, à une heure de trajet en avion. Les conditions de vie diffèrent d'une collectivité à l'autre. À Churchill, les pauvres ne vivent pas dans la rue. Grâce à l'aide de leur famille et de leurs amis, ils sont logés et nourris. Les obstacles auxquels se heurtent ceux de Tadoule Lake sont beaucoup plus graves. Les enfants souffrent de la faim et il leur est plus difficile d'obtenir l'aide dont ils ont besoin.
J'ai quelques observations et anecdotes dont j'aimerais vous faire part. Une, en particulier, concerne une aînée qui, après avoir vécu longtemps en Nouvelle-Écosse, a déménagé à Churchill, complètement démunie, endettée de plus de 1 000 $ et ne possédant que les vêtements qu'elle portait sur le dos. Elle ne touchait qu'un peu plus de 1 000 $ par mois. C'était à cause de sa famille, et des sociétés émettrices de cartes de crédit qui lui avaient accordé un crédit, qu'elle s'était endettée. Ses amis de Churchill lui ont donné un coup de main. Aujourd'hui, elle mène une vie agréable dans son propre appartement et dispose d'un peu d'argent en banque.
Partout dans le Nord, les négociations se poursuivent entre Manitoba Hydro, les négociateurs fédéraux chargés des revendications territoriales et les bandes tenues de faire de la cogestion. Des sommes faramineuses sont dépensées pour les réunions et les négociations, mais les collectivités elles-mêmes en profitent très peu, car la majeure partie de l'argent ne reste pas dans la collectivité.
Dans le Nord, les frais de transport sont énormes. J'ai vu, dans le rapport, que ces frais diminuent, mais ce n'est pas du tout le cas dans notre région. Le coût élevé du transport entraîne une très forte augmentation du prix des aliments. Je suis troublée de voir qu'ici, l'alcool se vend au même prix qu'à Winnipeg, alors qu'un litre de lait coûte le double de ce que vous paieriez là-bas.
Les coûts des soins de santé dans le Nord sont très élevés également. Nous avons beaucoup de médecins et d'infirmières qui viennent pour de courtes périodes, et cela les empêchent de bien connaître la communauté. Du coup, les patients ne reçoivent pas vraiment les soins dont ils ont besoin. Le système doit changer; il faut exiger un engagement à plus long terme car si le personnel médical reste en région plus longtemps, les coûts associés au système de santé diminueraient considérablement.
Jusqu'ici, le programme d'éducation en matière de nutrition ne donne pas les résultats escomptés. Nous sommes toujours aux prises avec le fait que l'hôpital doit prévoir une semaine de chirurgies dentaires par mois pour les jeunes enfants venant du Nord. Le nombre de personnes atteintes de diabète augmente en dépit des nombreux programmes de sensibilisation à cette maladie; pour une raison quelconque, ils ne semblent pas avoir l'effet voulu.
Dans les années 1970, une usine de préfabrication a ouvert ses portes à Churchill. Auparavant, le travail était en grande partie saisonnier; autrement dit, le taux de chômage était très élevé. Le bureau de placement avait mis sur pied un programme proactif : si les travailleurs ne se présentaient pas au travail, des employés du bureau allaient les chercher. Encore aujourd'hui, cette approche fait rire certains travailleurs, qui estiment qu'il vaut mieux qu'ils se rendent au travail, sinon quelqu'un verra à ce qu'ils y aillent.
Les jours de paye étaient assez chargés. Il fallait aller chercher les employés et les aider à encaisser leur chèque pour qu'ils puissent payer le loyer et l'épicerie. Beaucoup d'entre eux sont maintenant des membres à part entière de la collectivité et font preuve d'une grande conscience professionnelle. Dans nos régions, de nombreuses personnes ont besoin de ce genre de soutien.
Les politiques ne vont pas permettre d'éradiquer la pauvreté. Toutefois, les pratiques exemplaires pourront aider à l'atténuer. Ceux qui bénéficient des services d'aide doivent accepter certaines obligations. Si une femme au chômage envoie son enfant à la garderie, elle devrait prêter main-forte aux éducatrices.
Les prestataires de la sécurité du revenu devraient être tenus de faire du travail communautaire. Ils pourraient faire du bénévolat pour le programme des petits- déjeuners, suivre des cours de perfectionnement ou acquérir des compétences afin d'intégrer le marché du travail, ce qui contribuerait à changer leur attitude et certainement la dynamique familiale.
Nous devons modifier nos pratiques afin d'avoir un impact bénéfique et nous assurer que chaque dollar dépensé entraîne en bout de ligne un changement positif dans la vie des membres de notre collectivité. Les différents organismes doivent collaborer afin d'éviter d'offrir des services identiques et d'élargir la gamme des services qu'ils offrent, et ainsi améliorer le sort de nos jeunes et de nos aînés, bref de nos familles.
La présidente : Je vous remercie beaucoup.
Nous allons maintenant entendre M. Gaudry.
Allan Gaudry, vice-président, Manitoba Commercial Inland Fishers' Federation : Bonjour. L'industrie de la pêche commerciale est un des principaux moteurs de l'économie manitobaine, et ce depuis 200 ans. Elle a été l'une des premières industries au Manitoba, comme le commerce de la fourrure. Dans bon nombre de collectivités autochtones, la pêche commerciale constitue le seul secteur d'activité offrant des possibilités d'emploi.
En 2005, la Manitoba Commercial Inland Fishers' Federation a été formée en tant qu'organisme provincial dans le but de permettre aux pêcheurs du Manitoba de parler d'une seule voix, de protéger leurs intérêts et de les aider à affronter et à surmonter les difficultés. La fédération est dirigée par un conseil d'administration composé de 12 membres, venant d'un peu partout dans la province, et d'un président. Elle a pour mandat d'exercer des pressions et de négocier des ententes, selon les demandes des pêcheurs, de surveiller les politiques et les activités des gouvernements, et de s'assurer que l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce, l'OCPED, et d'autres organismes rendent des comptes aux pêcheurs manitobains.
Cette fédération nouvellement créée a adopté de bonnes mesures à l'égard des difficultés et des préoccupations que vivent les pêcheurs. Elle a aussi veillé à ce que les mesures relatives aux frais de transport, au prix du carburant, au financement accordé aux pêcheurs et aux taux d'intérêt sur les prêts découlent d'une réflexion approfondie de sorte qu'elles soient appropriées. La fédération est également appuyée et reconnue par d'autres organismes représentant les pêcheurs manitobains.
La fédération a l'appui des Premières nations et des Métis, qui veulent un examen exhaustif de l'OCPED et de ses politiques, obtenir un financement à long terme et établir des relations de travail avec l'industrie et les ministères. Elle a aussi adopté plusieurs résolutions concernant les problèmes auxquels doivent s'attaquer le gouvernement et les décideurs.
En vertu de la Loi sur la commercialisation du poisson d'eau douce, l'OCPED a pour mandat d'acheter tous les produits de la pêche commerciale du Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Alberta, des Territoires du Nord-Ouest et de certaines régions du nord-ouest de l'Ontario. L'Office, société d'État créée en 1969, a une structure calquée sur celle de la Commission canadienne du blé. Il achète, conditionne et commercialise le poisson d'eau douce des régions précédemment citées, et a pour mission d'acheter le poisson pêché à des fins commerciales ainsi que d'accroître le commerce du poisson et les revenus des pêcheurs.
L'OCPED sert approximativement 3 500 pêcheurs, dont environ 80 p. 100 sont autochtones. L'organisme emploie 35 agents chargés de traiter directement avec les pêcheurs, qui prennent du poisson dans 300 à 500 lacs différents et débarquent leurs prises à l'un des 75 points de livraison répartis sur l'ensemble du marché couvert par l'Office. Le Manitoba est considéré comme le plus gros producteur du territoire visé par l'OCPED.
Après avoir consulté ses membres, le conseil d'administration de la MCIFF a déterminé les priorités suivantes : avoir des membres élus au sein du conseil d'administration de l'OCPED; transformer le poisson dans la région; prévoir une intervention en cas de catastrophe; et enfin, le problème suivant : on a construit des barrages pour permettre la migration des poissons dans le réseau hydrographique, mais ces barrages, qui permettent de contrôler les niveaux des lacs, ont eu comme conséquence d'empêcher les poissons de se rendre dans certains de ceux-ci.
Le conseil d'administration de l'OCPED est formé de 11 membres nommés par décret — cinq le sont sur recommandation des gouvernements provinciaux participants. L'Office compte six directeurs qui sont à la fois pêcheurs et Autochtones, ainsi que 350 employés saisonniers. C'est à peu près tout.
La présidente : Merci beaucoup.
Nous allons maintenant entendre Muriel Bugera.
Muriel Bugera, agente de développement économique, Corporation de développement communautaire Chaboillé : Ce matin, alors que je me préparais pour mon allocution, j'éprouvais un dilemme quant à la façon de transmettre mon message. La pauvreté rurale est un problème qui comporte de multiples facettes, et que j'ai personnellement du mal à reconnaître. En effet, le regard optimiste que je porte sur le développement communautaire et l'agriculture me permet d'y voir une certaine richesse.
J'ai donc lu votre rapport provisoire intitulé : « Comprendre l'exode : lutte contre la pauvreté rurale », qui m'a semblé saisir véritablement l'essence des problèmes et des solutions. Ainsi, si je ne pouvais rien vous apprendre que vous ne sachiez déjà, il ne me restait qu'à parler de mon expérience en tant qu'agricultrice agente de développement économique. Après tout, dans le rapport, votre comité se déclare impatient de rencontrer les résidants des régions ayant obtenu certains résultats dans leur lutte contre l'exode rural et la pauvreté dans les campagnes.
Mais d'abord, je pense qu'il est important de revoir la définition de développement économique communautaire. Celui-ci vise à accroître la viabilité économique à long terme de nos communautés, et suppose une gestion des changements économiques destinée à répondre efficacement aux objectifs et aux besoins d'une région ou d'une communauté en insistant sur l'autonomie, la participation, les partenariats et le contrôle. Le développement économique des communautés est fondé sur une approche ascendante, c'est-à-dire que ces dernières doivent faire appel à leurs propres ressources — personnes, capital, gestion, créativité et fierté — pour améliorer leur bien-être économique.
La première chose que les communautés rurales doivent faire, c'est reconnaître qu'elles doivent régler leur problème elles-mêmes, car personne d'autre ne s'en chargera. Dans ma communauté de 4 000 personnes de la région de St. Pierre-Jolys-St. Malo, située à seulement 20 minutes au sud-ouest d'ici, nous avons mené des consultations intensives auprès de nos résidants. Ces consultations, en fait, étaient partiellement financées par le secrétariat rural. Le processus a permis de mettre en lumière deux problèmes sous-jacents qui nous empêchaient de progresser, soit la peur de croître et de changer ainsi que la crainte de perdre notre culture et notre langue, le français. Ce n'est qu'une fois que nous avons affronté ces problèmes et pris conscience que si nous restions les bras croisés, les choses seraient encore pires, que nous avons été capables de passer à l'action.
Après avoir pris cet engagement en faveur de notre croissance, nous avons décrit ce que nous voulions devenir, ce à quoi nous voudrions ressembler dans de nombreuses années. Nous avons fait une évaluation communautaire et avons entrepris de tirer profit de nos forces en éliminant nos faiblesses. Nous avons élaboré des plans d'action, que nous avons placés en ordre de priorité puis mis en œuvre, et nous continuons de répéter et de revoir ce processus. Cette année, nous célébrons 10 années de travail ininterrompu et assidu.
Quels sont les résultats tangibles de nos actions? Eh bien, nous avons fait de nos deux communautés rurales, le village de St. Pierre-Jolys et la municipalité régionale de Salaberry, une région afin de nous assurer une masse critique de services et d'attraits et de collaborer plus étroitement avec les communautés environnantes. Nous avons créé une société de développement communautaire et embauché du personnel à temps plein, dont moi-même, pour suivre de près l'évolution des changements, car ceux-ci ne se produisent pas du jour au lendemain. Le fait d'avoir du personnel a par ailleurs permis d'alléger le fardeau des bénévoles.
Nous avons participé à la création d'un centre de services bilingues dans notre communauté pour que les ressources fédérales, provinciales, professionnelles et communautaires soient disponibles au niveau local. Nous favorisons l'épanouissement de nos leaders et des ressources humaines en cherchant divers moyens d'offrir de la formation, que ce soit dans les écoles locales ou urbaines ou par vidéoconférence. Nous entretenons des liens avec des partenaires qui nous appuient dans notre développement : les ministères fédéraux et provinciaux, le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba, l'Aide au développement des collectivités et le Centre des services aux entreprises Canada-Manitoba. Nous avons créé notre propre service à large bande en mettant sur pied une coopérative régionale de communication, et avons récemment établi un partenariat avec les municipalités environnantes afin de renforcer ce service. Nous aidons l'un des producteurs porcins de la région à tirer du biocarburant de ses terres, en partenariat avec les gouvernements provincial et fédéral. Nous avons conclu une entente officielle avec le gouvernement provincial nous permettant d'utiliser le parc provincial régional durant la morte saison, de manière à encourager la tenue d'activités toute l'année, hiver compris. Nous avons collaboré avec les municipalités avoisinantes pour qu'au sud de Winnipeg, le Sentier transcanadien passe par un chemin de charroi historique de Red River. Nous avons même relevé le défi de garder les médecins dans les campagnes.
Je pourrais continuer ainsi encore longtemps, puis vous dresser la liste de tout ce qu'il nous reste à accomplir. Mais je tiens à souligner que ce n'est qu'une fois que nous avons réaffirmé que rester les bras croisés ne ferait qu'empirer notre sort, et que les dirigeants ont pris l'engagement indéfectible d'atteindre les objectifs fixés par la communauté, que l'aventure a commencé et que des partenaires se sont joints à nous.
Votre présence ici aujourd'hui prouve qu'il y a une prise de conscience du problème de la pauvreté rurale, qui, comme l'indique votre rapport provisoire, participe d'une problématique encore plus vaste, celle du déclin économique et démographique relatif du Canada rural. Dans votre rapport, on décrit également pourquoi le Canada rural est important, et en quoi il est essentiel au Canada urbain.
Je vous cite quelques passages du rapport :
[...] les gens sont nombreux à aimer le mode de vie qui existe dans les régions rurales [...] Si nous perdons nos collectivités rurales, nous perdons cette option. [...] Nous le perdons non seulement aujourd'hui, mais encore pour des siècles. [...] En ce sens, la bonne santé du Canada rural favorise la bonne santé de l'environnement. Il y a une autre raison, qui est culturelle : nous perdons une bonne part de notre patrimoine si nous perdons nos collectivités rurales.
Par ailleurs, votre rapport fait état de problèmes sous-jacents qui empêchent d'adopter une démarche progressiste à l'égard de la croissance rurale. Voici certains extraits de votre rapport qui le démontrent : « Nos régions rurales vivent un déclin relatif — voire absolu, dans bien des cas. Il est difficile d'essayer de contrer cette tendance ou de la renverser... ce phénomène est pour ainsi dire irrésistible. » Certains témoins ont fixé des limites quant à la mesure dans laquelle les gouvernements devraient s'efforcer de garder les campagnes en vie au moyen du développement économique ou de programmes de création d'emplois : « Les programmes gouvernementaux devraient donc favoriser la mobilité de la main d'œuvre et aider ceux qui peuvent s'en aller à trouver du travail ailleurs ». Et, finalement : « les partisans de ce point de vue croient également que les régions rurales connaîtront probablement d'importantes baisses absolues de la population et de l'emploi dans les prochaines décennies. Il serait donc peu réaliste d'essayer de maintenir des services dans ces régions. Les gouvernements devraient plutôt se préparer en vue d'un éventuel dépeuplement. »
Je pense que la solution au problème de la pauvreté rurale commence par un engagement indéfectible à l'égard de la croissance démographique dans les campagnes, faute de quoi, le phénomène d'urbanisation se poursuivra, au détriment du Canada. La prochaine étape consiste à se représenter clairement ce à quoi devrait ressembler le Canada rural dans l'avenir, et à tâcher de travailler dans ce sens.
Le professeur Sentance fait une mise en garde en disant qu'à mesure que la population diminue, on en arrive au point où les gouvernements ne veulent plus soutenir les infrastructures. Or, il faut qu'il y en ait pour mettre toutes les chances de notre côté. À défaut d'installations ou d'entreprises, les petites villes du Canada rural sont vouées à la disparition. À mes yeux, cela signifie qu'on doit investir immédiatement, avant de perdre davantage de terrain.
Maintenant, je vais parler en tant qu'agricultrice francophone.
[Français]
Je crois fermement que cette formule peut être utilisée dans le secteur agricole. Mon travail et surtout mon expérience avec le développement communautaire et économique, m'ont sûrement aidée ces dernières années quant aux défis de la ferme. Encore une fois, votre rapport préliminaire a saisi le pouls de la situation critique des fermiers, cependant je ne sais pas si on comprend la vraie crise. C'est inquiétant quand on peut compter sur une main le nombre de jeunes dans une école rurale qui vivent sur une ferme. Qui produira la nourriture de demain?
Je considère notre famille chanceuse car notre fils aîné veut continuer le travail sur la ferme, mais c'est clair qu'il ne le fera pas de la même façon que nous. Déjà, dans le but de maintenir son intérêt, nous nous sommes lancés dans l'élevage d'animaux et dans la production biologique. Pour nous, qui avons seulement connu la production de grains, les changements n'ont pas été faciles. C'est pour cela que notre ferme d'animaux a vu le jour grâce aux ressources que nous avons été cherchées, pour nous aider à créer une nouvelle entreprise avec une famille voisine qui avait les mêmes besoins que nous. Donc en 2002, nous avons acheté un troupeau de 30 vaches Angus de l'Alberta et aujourd'hui, nous en avons une centaine que nous élevons sans ajouter des hormones. Quant à la culture biologique, nous avons suivi la formation du programme « Services canadiens de développement des compétences en agriculture » et avons sollicité le service d'un consultant en marketing. Notre lin doré biologique sera bientôt sur les étagères des magasins spécialisés et l'étiquette décrira un peu qui nous sommes. Nous ne nous attendons pas de vivre seulement des revenus des animaux et de la production biologique. Nous recherchons plutôt la baisse des dépenses.
Bien sûr, nous ne sommes pas les seuls à s'aventurer sur de nouvelles pistes, mais les statistiques dans votre rapport attestent qu'il y en a bien plus qui choisissent de quitter la ferme. En 1931, 67 p. 100 de la population rurale vivait sur une ferme, tandis qu'en 2001, il y en a seulement 11 p. 100.
Donc on retourne aux étapes du développement communautaire économique. On se demande : premièrement, est-ce qu'il y a un engagement ferme pour l'agriculture au Canada? Deuxièmement, est-ce qu'on a dessiné le portrait pour ensuite développer le plan d'action?
Si on se réfère encore une fois à votre rapport préliminaire, on peut lire :
M. Apedaile estime que nous ne pouvons pas laisser les agriculteurs à la merci des forces du marché : « Ce pays a besoin de cultivateurs, pour toutes sortes de raisons [...] Par conséquent, la valeur des services que fournissent les cultivateurs n'est pas mise en évidence et nous concluons qu'ils ne sont probablement pas importants. »
Comme nous l'a rappelé M. Cummings, les difficultés sur les fermes ont donné lieu à une situation dans laquelle « l'agriculture est perçue comme une vie où il y a peu d'avenir et où la dépression, les crises et/ou les dettes perturbent gravement de nombreuses familles.
Tout comme les communautés rurales doivent reconnaitre que leur sort s'aggravera s'ils ne font rien, de même le pays sera perdant si nous ne nous engageons pas à augmenter le nombre de fermes, petites, moyennes et grandes visant le marché local, national et international ou même pour la consommation familiale seulement. En utilisant la recette du développement communautaire et économique, l'aide aux fermiers devrait viser à identifier les forces et les faiblesses, bâtir sur l'un et adresser l'autre, fournir de l'expertises pour ces fins. Plus on réussit à augmenter le nombre de fermes, plus on s'attaquera à la pauvreté rurale et au déclin de la population rurale.
[Traduction]
En guise de conclusion, je pense qu'il convient de reprendre les propos du docteur Freshwater, tels qu'on les cite dans votre rapport :
On croit souvent que les ruraux sont indépendants, qu'ils ont un esprit collégial poussé et sont prêts à coopérer et à réaliser des changements. Cela est vrai, mais leurs ressources sont très limitées. Le fardeau que nous leur demandons d'assumer lorsque les gouvernements nationaux et provinciaux se déchargent sur eux de certaines de leurs responsabilités peut, de bien des façons, dépasser leurs capacités.
Autrement dit, ce sont les communautés rurales elles-mêmes qui doivent trouver des solutions de développement économique et de réduction de la pauvreté adaptées à leurs besoins particuliers. Par la suite, les gouvernements fédéral et provinciaux pourront intervenir en offrant du financement ou en élaborant et en mettant en œuvre des politiques, au besoin. Le docteur Jean résume cette idée ainsi : « les meilleures politiques rurales sont celles administrées en collaboration avec les communautés rurales ».
Honorables sénateurs, je vous laisse sur ce conseil en matière de développement économique communautaire : si vous voulez savoir à quoi ressemblera votre avenir, créez-le. J'ajouterais à cela : créons-le ensemble.
La présidente : Merci beaucoup à vous tous.
Le sénateur Zimmer : Chers témoins, merci de vos exposés. Ils sont très instructifs, et leur sincérité m'a plu.
Madame Lawrie, vous avez parlé de revoir les pratiques actuelles, dont celle qui concerne la collaboration avec les ministères. Y a-t-il d'autres pratiques que vous souhaiteriez développer ou adopter? Et celles que vous avez établies pour résoudre certains problèmes, ont-elles donné des résultats probants? Avez-vous pu les mesurer jusqu'ici, ou est-il encore trop tôt?
Mme Lawrie : L'usine de préfabriqués de Churchill, dont j'ai parlé, est un exemple de coopération entre les gouvernements provincial et fédéral ainsi que l'administration municipale. Dans les grands centres, on n'aurait peut- être pas pu procéder ainsi, c'est-à-dire carrément aller chercher les gens chez eux s'ils ne se présentaient pas au travail et les tenir par la main pendant qu'ils payaient leurs factures, mais cela a changé bien des choses dans notre communauté. En seulement deux ou trois ans, nos familles étaient fonctionnelles, et chez les enfants, à l'école, on pouvait noter une certaine fierté. Ils possédaient des bicyclettes, par exemple, comme les autres enfants, parce que leurs parents avaient un emploi stable. Les larcins isolés et autres actes de ce type avaient diminué. Pendant que l'usine de préfabriqués était exploitée, on avait observé des changements extraordinaires.
Malheureusement, les dirigeants de l'entreprise ont jugé qu'elle n'était plus viable, même si, au niveau local, nous estimions que dans le Nord, il existait un marché pour les maisons. Selon nous, si des personnes influentes s'étaient prononcées en faveur de la poursuite de l'entreprise, on aurait pu continuer. Néanmoins, il reste tout de même des familles qui participent activement au développement de la communauté, et des gens qui continuent d'exercer leur métier pour subvenir aux besoins des leurs. Dans notre communauté, nous avons recouru à certaines méthodes uniques, qu'on aurait pu critiquer dans de plus grandes municipalités. Mais je crois que cela vaut la peine de les considérer.
L'une de nos familles a un enfant handicapé, qu'on a placé en garderie. Aucun des parents ne travaille. Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas leur dire : « Ce service est là pour votre enfant, mais nous aimerions que vous y passiez un certain nombre d'heures par semaine avec lui ». Le père et la mère pourraient ainsi acquérir des compétences parentales et devenir de meilleurs parents. Encourager les gens à aller travailler sans qu'ils perdent pour autant leur sécurité de revenu est un changement important qu'il faut envisager.
Le sénateur Zimmer : Merci. En fait, vos trois déclarations respectives étaient très innovantes et fort positives; elles nous ont agréablement surpris.
Madame Bugera, vous avez tenu des propos très novateurs. Vous avez pris l'initiative d'élaborer un plan d'action étalé sur 10 ans et mis en pratique certaines de vos idées audacieuses. Avez-vous prévu ce qui viendrait après ces dix années, et conçu un autre plan dans le cadre duquel vous mesureriez les résultats et établiriez des objectifs? Par ailleurs, tenez-vous les divers ordres de gouvernement au courant de vos idées originales, des résultats que vous obtenez et de vos réussites, surtout sur le plan municipal, en fonction de valeurs relatives à l'éducation, à l'économie, aux ressources, au développement et aux familles? Les tenez-vous informés, et faites-vous appel à leur participation, surtout au niveau municipal, sur le terrain?
Mme Bugera : Oui. Le conseil municipal a fait de nous un outil de développement économique. Les conseils municipaux ne sont qu'une partie des moyens mis en œuvre; ils se concentrent sur les infrastructures. Cependant, pour ce qui est de l'approche globale, multisectorielle, comme nous en avons déjà entendu parler avant ce matin, il faut un organe de coordination qui tienne compte de tous les aspects de la communauté. Le conseil municipal siège à notre conseil de développement communautaire; ses membres nous indiquent ce qu'ils aimeraient qu'on fasse.
Vous parlez de l'avenir. Maintenant que dix années se sont écoulées, nous estimons avoir suffisamment répondu aux besoins de la communauté pour laisser les choses suivre leur cours et nous concentrer un peu plus sur l'économie et l'aide aux entreprises. C'est d'ailleurs ce que nos administrations municipales nous demandent de faire, maintenant. Ce sera donc notre principal objectif pour les 10 prochaines années.
Le sénateur Zimmer : C'est très novateur, et cela devrait servir d'exemple à bien d'autres régions de la province.
Le sénateur Chaput : Madame Lawrie, vous avez parlé — et je vous cite — de : « l'acquisition de compétences pour changer les attitudes ». Nous sommes pour. Dans un monde idéal, pour changer les attitudes, par quoi commenceriez- vous, et quelles seraient vos priorités?
Mme Lawrie : Il faudrait commencer par l'éducation — c'est une approche pratique, mais aussi très stimulante. Je parle ici d'une approche similaire à celle adoptée dans le cas de l'usine de préfabriqués. Je ne vois aucun inconvénient à ce qu'on frappe aux portes pour s'assurer que les enfants vont à l'école, ni à ce qu'on discute constamment avec les parents de l'importance d'une saine alimentation, du repos et de l'assiduité scolaire — en tentant ainsi de gagner leur collaboration. Je préfère cette approche à celle qui consiste à faire suivre une famille par de nombreuses personnes, comme un agent de probation ou un travailleur social. C'est d'ailleurs le cas de certaines familles. Je trouve cette approche contraignante. Je serais favorable à un nombre réduit de travailleurs auprès des familles ainsi qu'à une démarche globale. Lorsqu'il y a trop d'intervenants... Souvent, ceux-ci effectuent le suivi d'un si grand nombre de familles que les changements positifs sont limités. Je pense qu'une approche globale consistant à ce que, disons, un généraliste travaille avec la famille pour tenter de changer les choses, serait préférable à tous ces spécialistes appelés en renfort.
Le sénateur Chaput : Monsieur Gaudry, vous avez parlé d'un conseil d'administration élu par les membres. Qui sont les membres de la MCIFF? Des pêcheurs, des représentants des collectivités?
M. Gaudry : Des pêcheurs.
Le sénateur Chaput : Combien sont-ils, environ?
M. Gaudry : Notre fédération compte 1 000 membres actifs. Il y a environ 3 500 pêcheurs titulaires d'un permis au Manitoba, mais notre fédération n'existe que depuis un an et quelques mois. Elle est en croissance.
Le sénateur Chaput : Vous dites que vous avez le soutien et la reconnaissance d'autres groupes qui agissent au nom des pêcheurs; pourriez-vous m'en citer des exemples?
M. Gaudry : L'Assemblée des chefs du Manitoba est un de nos vifs partisans; la SCO, la Southern Chiefs Organization, nous soutient aussi. Nous avons également l'appui des municipalités où le commerce de la pêche occupe une place importante.
[Français]
Le sénateur Chaput : Madame Bugera, vous avez mentionné à un moment donné dans votre présentation que des gens avaient recommandé d'investir dans le secteur rural. Vous disiez que vous étiez d'accord avec cette idée, qu'il faut des investissements. Selon votre expérience où devrait-on investir des fonds? Qu'est-ce qui serait prioritaire pour continuer à se développer ou ajouter à ce qui a déjà été fait?
Mme Bugera : Pour nous, les routes sont une priorité. Nous sommes situés sur la 59 qui est parallèle à la 75, qui va directement au Mexique de Winnipeg. On trouve que la route 59 a besoin d'investissement pour vraiment aider tout le sud est du Manitoba. Sans les routes, on ne peut vraiment pas développer les industries. Les résidants ont peur de voyager, alors ils décident de travailler dans les grosses villes. Les visiteurs, les touristes ont souvent peur d'emprunter les routes qui sont moins bonnes, ils vont rester là où ils sont plus habitués. Alors pour nous, les routes c'est une grande priorité.
Le sénateur Chaput : Une autre priorité, s'il y en a une deuxième, si on avait beaucoup de fonds?
Mme Bugera : Si on avait beaucoup de fonds, je suis d'accord que l'éducation et la formation sont la base de tout. Vous ne perdez jamais en éducation. Il faut développer les gens, former les gens dans le développement communautaire. Ce concept est à la base de tout. Peu de gens comprennent le concept, que ce soit des conseillers, des politiciens, des gens qui travaillent dans des organisations à but non lucratif, pour tout le monde qui demeure dans le rural même urbain, il est important de connaitre ce concept. Mais l'éducation et la formation vont vraiment aider les gens à pouvoir avancer. C'est dans ce domaine que j'aurais investi comme deuxième priorité.
Le sénateur Chaput : Est-ce que vous mettez les métiers dans cette formation?
Mme Bugera : Certainement. Nous pouvons être créatifs parfois. Nous sommes chanceux parce que nous avons créé un partenariat avec la province. Nous recevons des fonds à chaque année pour l'éducation et la formation. L'éducation, la formation et le développement communautaire vont ensemble. Cela nous permet d'avancer avec des projets proactifs pour répondre aux besoins de la communauté. Un de ces projets qu'on a créé l'année dernière, c'est une exploration des métiers pour les femmes. Puis on a développé un programme où les femmes pouvaient explorer toutes sortes de métiers liés aux collèges urbains. Après, si elle en choisit un, elle peut suivre la formation d'apprentissage. Cette année, je pense qu'on va l'ouvrir à des jeunes et autres, mais pour les femmes c'est quelque chose de spécifique parce qu'il y a beaucoup de changements d'attitude dans le milieu de travail qui doivent être faits. Quand on intègre les femmes dans les métiers, c'est vraiment un projet intéressant.
Le sénateur Chaput : Dans le cas de votre expérience personnelle à la ferme, vous avez décidé de diversifier parce que vous vouliez que votre fils continue. Qu'est-ce que cela prendrait pour encourager d'autres personnes à le faire, est-ce qu'il y a quelque chose qui pourrait être fait pour encourager de plus en plus les familles à le faire, puis garder ainsi nos fermes, nos gens chez nous et nos jeunes qui seraient intéressés à y revenir. Est-ce qu'il y a quelque chose que vous avez vu dans votre expérience en ce sens?
Mme Bugera : J'ai assisté à une session du ministère de l'Agriculture concernant les nouvelles techniques pour la succession. C'est vraiment bien. On reçoit l'aide d'un consultant parce que c'est difficile pour des gens sur une ferme familiale de se parler. En tout cas, un consultant vient nous aider; il nous fait faire l'analyse de nos compétences et nos visions pour le futur. Nous devons apprendre à utiliser l'intérêt et les compétences des gens de la famille pour savoir dans quelle direction la ferme devrait aller. On ne peut pas juste penser parce que nos grands-parents et nos parents ont fait les choses d'une certaine façon que l'on ne change plus. Il faut vraiment dire que l'on est prêt à changer, il faut qu'on change. Puis tous les indices du marché nous le disent. Mais ce n'est pas quelque chose que tout le monde fait de la même façon. Il faut vraiment analyser ferme par ferme, puis voir ce qui est le mieux pour notre ferme, selon nos compétences. Il est important d'aller chercher des gens de l'extérieur de la famille, un voisin, un cousin, un jeune dans la communauté rurale qui veut vraiment travailler sur la ferme mais qui n'a pas eu la chance d'être né sur une ferme familiale. Il faut développer les possibilités, parce qu'il est important d'assurer la survie de l'agriculture, de la ferme. Il ne faut pas se limiter à ce qu'on connaissait mais nous devons regarder ce qu'il faut faire dans le futur.
[Traduction]
Le sénateur Mercer : Je vous remercie, tous les trois, d'être ici. Vous nous avez fait part de choses très intéressantes et novatrices.
Monsieur Gaudry, nous avons beaucoup entendu parler du réchauffement de la planète; nous avons constaté quelques-uns de ses effets au cours de nos déplacements des dernières semaines. Le réchauffement a-t-il eu un effet direct sur les pêches au Manitoba également? Je vais vous poser tout de suite ma deuxième question. Les niveaux de mercure dans le poisson ont-ils changé considérablement, pour le meilleur ou pour le pire, au cours des dernières années?
M. Gaudry : Le changement climatique nuit à la pêche d'hiver. Depuis six ans, nous sommes incapables de pêcher en novembre. Auparavant, nous pouvions pêcher sur le lac le 15 novembre. Nous croyons, pour cette raison, que le changement climatique est bel et bien en train de se produire. Il nous empêche de capturer le poisson à une période propice, lorsqu'il se trouve sur les côtes et dans les baies. Lorsqu'on rate cette occasion, on perd un revenu. Cette occasion a disparu depuis que le lac gèle en décembre. Depuis quelques années, le lac gèle le 2 ou le 4 décembre, alors c'est tout le mois de novembre, ou du moins une partie, qui est perdu.
La gestion des pêches doit être changée. Nous devons faire des pressions sur les gouvernements pour qu'ils nous permettent de pêcher dans ces eaux libres; toutefois, ce n'est pas facile d'exercer des pressions quand on est préoccupé par la durabilité des pêches. C'est donc un défi d'amener le gouvernement à faire les choses autrement. Ce n'est pas un changement que nous avons causé; il a été occasionné par autre chose que l'industrie des pêches. Le changement climatique est donc réel et nous croyons qu'il a un effet sur nos pêches.
Pour ce qui est de la qualité du poisson, le lac Winnipeg retient beaucoup l'attention, à cause des niveaux de phosphore et d'azote. Dans bien des cas, il n'y a pas eu d'effet sur les pêches — la qualité du poisson est encore très bonne.
Nous redoutons que les gouvernements nous accusent de faire une pêche excessive; les gouvernements nous montrent du doigt. Nous sommes une cible facile. Nous prenons le poisson qui se trouve dans un lac. Or, si soudainement le poisson disparaît, on nous accuse d'avoir fait une pêche excessive. C'est une échappatoire facile. En même temps, si les pêches s'effondrent, des travaux de recherche doivent être faits; les blâmes seront dirigés ailleurs, du moins je l'espère. Peut-être que la qualité de l'eau a un effet sur les pêches. Nous devons effectuer ces recherches, prélever des données. Jusqu'à présent, nos pêches n'ont pas été affectées; le poisson est encore en santé.
Le sénateur Mercer : Madame Bugera, j'aimerais vous poser des questions sur les écoles de votre localité. Nous avons vu des écoles qui seraient d'excellents indices du déclin ou de la renaissance des secteurs ruraux. Les inscriptions dans vos écoles, en particulier à l'école secondaire, ont-elles augmenté ou diminué et le taux de diplomation a-t-il beaucoup changé?
Mme Bugera : Nous avons conservé les mêmes chiffres et nous connaissons une légère hausse à l'heure actuelle. Il n'y a donc pas eu de changements importants, mais pourvu que les chiffres ne baissent pas, nous sommes contents — en fait, nous ne nous contentons pas du statu quo.
Le sénateur Mercer : Y a-t-il un hôpital dans votre localité?
Mme Bugera : Oui.
Le sénateur Mercer : Avez-vous réussi à retenir les médecins et les infirmières dont vous avez besoin à l'hôpital?
Mme Bugera : Nous avons toujours un problème à ce chapitre. J'en ai fait un peu allusion. J'ai également fait partie d'un comité d'action en santé depuis que la régionalisation a eu lieu dans notre province, pour que nous soyons bien informés de ce que cela représentait pour nos collectivités parce que, comme vous le savez peut-être, les conseils d'administration des hôpitaux ont été dissous à ce moment-là. Nous voulions être certains que des membres de la collectivité étaient encore au courant de ce qui se passait. Nous avons eu de nombreux défis. Nous avons toujours travaillé en étroite collaboration avec Santé Sud-Est Inc. et nous sommes en train de mettre sur pied une clinique médicale à l'image d'une clinique qui a été créée dans une autre localité au Manitoba, qui connaît un grand succès. Nous nous inspirons d'une formule gagnante. Nous voulons que la communauté s'occupe davantage de la gestion de la clinique médicale, pour que les médecins aient moins à faire avec l'Office régional de la santé. Nous croyons que cela pourrait être une solution.
Dans notre cas, on pourrait penser que nous sommes seulement à une demi-heure de distance de Winnipeg, dans l'une des plus grandes régions du sud-est du Manitoba où la population augmente. Où est le problème? Le problème, c'est que nous pouvons attirer des médecins, mais nous avons de la difficulté à les retenir. Les médecins en milieu rural sont surchargés : ils doivent veiller aux urgences, se présenter sur appel et s'occuper des cas médicaux ordinaires. S'il n'y a pas assez de médecins, ils s'épuisent. Il faut alors les remplacer, ce qui n'est pas une situation idéale. Nous voulons donc mettre en place une solution plus durable et nous travaillons en collaboration avec Santé Sud-Est Inc. à cette fin.
Le sénateur Mercer : Merci. Madame Lawrie, vous avez raison. Les choses ne fonctionnent pas de cette façon dans les villes, mais vous devez être impressionnée lorsque l'agent d'emploi vient vous chercher pour s'assurer que vous vous rendez au travail. J'aime bien ce type de bureaucrates; ils se font rares.
Vous parlez aussi des gens qui vont à l'école. Lorsque j'étais jeune, nous avions des agents de discipline; si vous ne vous présentiez pas à l'école, ils venaient vous chercher. Vous proposez peut-être que nous revenions à ce système. Je ne dis pas que c'est une mauvaise chose. Si on amène ainsi les gens à l'école et au travail lorsqu'ils doivent y être, c'est peut-être nécessaire.
Mme Lawrie : Je crois que l'aide que nous avons en place se cache en partie dans les bureaux. Les agents doivent sortir de leur bureau et soutenir les familles autant que possible. Les choses paraissent bien sur papier, quand on voit que nous avons toutes ces personnes qui aident les familles et les gens à se rendre au travail. Toutefois, s'il n'y a pas ce contact direct, on n'obtient pas l'effet escompté.
Le sénateur Mercer : Ils font cela; ils brassent du papier.
Mme Lawrie : Oui.
Le sénateur Mercer : C'est frustrant pour nous tous.
Le sénateur Gustafson : J'ai quelques questions au sujet des pêches. Je suis un cultivateur de la terre et je ne connais rien en matière de pêche. Combien de temps dure votre saison de pêche?
M. Gaudry : La pêche d'hiver dure du 1er novembre au 15 mars sur le lac Manitoba. La pêche sur le lac Winnipeg va du 1er septembre au 30 octobre — c'est une pêche d'automne. Il y a aussi la pêche du printemps qui commence à la fin de mai et se termine à la fin de juin. Sur le lac Winnipegosis, la pêche dure du 15 juillet à la fin de septembre. Les saisons de pêche diffèrent d'un lac à l'autre, mais il y a une pêche d'hiver sur certains lacs qui est compromise par le changement climatique.
Le sénateur Gustafson : Un pêcheur possède évidemment un bateau. Combien de personnes travaillent sur un bateau?
M. Gaudry : Habituellement, un pêcheur a un ou deux aides.
Le sénateur Gustafson : Il a un ou deux aides?
M. Gaudry : Oui.
Le sénateur Gustafson : Quel serait un revenu moyen?
M. Gaudry : Un revenu moyen serait d'environ 25 000 à 30 000 $. Certains pêcheurs ont de plus gros quotas et peuvent toucher un revenu de 40 000 à 50 000 $. Toutefois, comme les prix diminuent, comme nous l'avons vu par le passé, il faut augmenter le volume pour maintenir ce revenu. Évidemment, l'augmentation des prises constitue un défi parce que la province gère les volumes et dit que nous ne pouvons pas faire cela. Comment pouvons-nous maintenir ce revenu si les prix diminuent?
Le sénateur Gustafson : Vous avez un produit qui pourrait se perdre. Pouvez-vous l'écouler en tout temps?
M. Gaudry : Le marché est ouvert à l'année; il s'agit de l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce, l'OCPED. Le gros du marché se fait l'hiver. L'Office achète le poisson en juin, juillet, août et septembre. La majeure partie est entreposée dans des congélateurs. Il est difficile de concurrencer les Grands Lacs durant ces mois-là, parce qu'ils ont une bonne pêche et du poisson de meilleure qualité. La qualité qu'offre l'OCPED nous préoccupe. Nous croyons que la transformation devrait se faire dans un établissement régional, ce qui permettrait de créer des emplois et d'améliorer la qualité du poisson. Lorsque la pêche ouvre sur le lac Winnipeg, le volume de poisson arrive à l'établissement; on ne peut pas le traiter, alors on le congèle entier ou habillé, puis il est éviscéré et coupé en filet plus tard — comme maintenant. Par conséquent, cela affecte la qualité. Nous croyons que la politique de l'OCPED doit être modifiée et revue.
Le sénateur Gustafson : Lorsque le comité était dans les Maritimes, on nous a dit que le poisson était expédié en Chine, où il était transformé avant d'être réacheminé ici. Faites-vous cela également?
M. Gaudry : On l'a fait, mais la qualité n'y était pas. Lorsque le poisson est congelé une fois ou deux, puis ramené et mis sur le marché, la qualité n'y est pas. Le poisson était expédié en Chine pour l'extraction des arêtes. Il n'y a pas de machine conçue pour séparer les arêtes de la chair; cette opération doit se faire manuellement. On a fait cela à titre expérimental, parce que la main-d'œuvre est très bon marché en Chine. On a expédié le poisson là-bas pour voir quel type de produit allait revenir. L'expérience a duré quelques mois seulement, quelques envois, et c'était terminé.
Le sénateur Gustafson : Pour la pêche sur glace, je me suis souvent demandé comment vous tendiez le filet d'un trou à l'autre.
M. Gaudry : Nous utilisons des dispositifs sous la glace qui tirent la ligne à l'intérieur; une fois que la ligne se trouve sous la glace, le filet peut être installé.
Le sénateur Mahovlich : Madame Lawrie, vous avez parlé d'une augmentation des cas de diabète. Que faisons-nous à ce sujet?
Mme Lawrie : Des diététistes ont été embauchés pour travailler avec les familles et les particuliers. Dans notre cas, à Churchill, la personne est assise au centre de santé et attend que les gens viennent la consulter; ces diététistes doivent sortir de leur bureau, se rendre dans les foyers et travailler avec les gens pour modifier leur régime alimentaire.
Le sénateur Mahovlich : Ils doivent modifier leur régime alimentaire?
Mme Lawrie : Leur régime alimentaire, absolument — et faire de l'exercice. Il faut tout simplement une approche plus proactive. Les choses paraissent bien sur papier, mais si toute cette aide ne donne aucun résultat, il faut changer de méthode.
Le sénateur Mahovlich : Madame Bugera, concernant l'infrastructure, vous avez dit que la priorité du gouvernement doit être d'ériger l'infrastructure si on veut réussir.
Mme Bugera : Pour nous, là où nous en sommes, c'est exact. Je ne dis pas que pour d'autres collectivités, l'infrastructure doit être mise en place immédiatement. D'abord, les collectivités doivent souhaiter un changement et prendre conscience qu'elles ont un rôle à jouer à cet égard; qu'elles doivent faire quelque chose également. Après ces étapes, elles verraient avec qui elles pourraient travailler pour créer une masse critique. Puis elles auraient à établir un plan pour définir leurs priorités et les mesures à prendre, une étape à la fois, pour améliorer leur situation.
Le sénateur Mahovlich : Je suis originaire du nord de l'Ontario, où il y avait un excellent système récréatif, des clubs Lions et différents clubs Rotary. Nous avions un aréna qui avait été construit par les mines. C'était très bon pour le moral de la collectivité, pour garder tout le monde actif. Est-ce une priorité?
Mme Bugera : Les centres récréatifs sont très importants pour les collectivités, comme tout autre secteur. Toutefois, là où le hockey était la principale activité et que les arénas étaient utilisés presque toute l'année, ce n'est plus le cas et les activités récréatives sont beaucoup plus diversifiées. Par conséquent, dans notre région, nous avons déterminé qu'il faut absolument mettre au point des programmes pour utiliser nos installations toute l'année, pour tous les groupes d'âge. Encore une fois, il s'agit d'un changement d'attitude. Notre aréna ne pourra pas rester vivant si nous offrons du hockey pendant quelques mois à un petit groupe de personnes seulement. Il faut voir la réalité d'aujourd'hui et ce que nous devons faire pour garder le rythme. Toutefois, nous avons besoin d'une certaine aide gouvernementale. Nous avons des demandes de financement pour des travaux de rénovation qui permettraient d'économiser davantage l'énergie géothermique, et cetera. Nous devons conclure des partenariats avec les gouvernements pour ce type d'infrastructure.
Le sénateur Mahovlich : Très bien. Monsieur Gaudry, il y a quelques années, une crise a éclaté dans cette région — je crois que c'était au sujet du lac Devils. Comment l'OCPED a-t-il réagi devant cette situation et que s'est-il produit? Le problème existe-t-il toujours ou a-t-il été réglé?
M. Gaudry : Le détournement de l'eau du lac Devils vers la rivière Rouge a soulevé de grandes inquiétudes. On se préoccupe des espèces inconnues de poisson ou d'autres microorganismes qui passeront dans le réseau et aboutiront dans nos eaux. Auront-ils un effet sur nos pêches? On n'a pas fait assez de recherches sur la qualité de l'eau de ces lacs, qui se déverse dans notre lac, et c'est ce qui est inquiétant. Je n'ai rien entendu à ce sujet depuis des mois, voire depuis un an. La question a fait beaucoup de bruit à un certain moment mais, tout à coup, on n'en parle plus. Qu'est-il arrivé? Cette crainte existe-t-elle encore? Je crois que oui. La qualité de l'eau du lac Winnipeg reçoit toute l'attention à l'heure actuelle.
Le sénateur Mahovlich : Est-ce ce qui inquiète votre fédération?
M. Gaudry : Oui.
Le sénateur Zimmer : Madame Bugera, si je ne me trompe pas, vous avez parlé de tourisme et de développement économique dans votre programme décennal. N'y a-t-il pas un festival très connu qui a lieu à Saint-Pierre-Jolys chaque année? Vous avez une excellente occasion d'en faire la promotion devant vos visiteurs. Les sénateurs pourraient revenir et vous pourriez peut-être voir votre développement économique prendre son envol à ce moment-là. Prenez 30 secondes pour leur parler de votre festival de renommée mondiale.
Mme Bugera : Le célèbre festival qui se tient à Saint-Pierre-Jolys est un concours national de sauts de grenouilles. En 1970 — lorsque le Manitoba célébrait son centenaire, je crois — la Reine est venue à Saint-Pierre-Jolys. Le conseil de l'époque voulait organiser une activité très spéciale pour qu'elle n'oublie pas Saint-Pierre-Jolys. Les grenouilles et la communauté francophone, c'était une combinaison naturelle. Ils ont créé un concours où les grenouilles ont la chance de sauter trois fois, et celle qui saute le plus loin gagne un prix. Jusqu'à présent, c'est encore le clou de notre festival, qui a lieu le long weekend du mois d'août, et les enfants en raffolent. Ne vous inquiétez pas; si vous ne voulez pas amener votre propre grenouille, nous en louons également. Merci beaucoup de me donner la chance d'en faire la promotion.
Le sénateur Zimmer : Très bien. Puisque vous avez parlé de développement économique, nous ne pouvions pas manquer cette occasion.
La présidente : Malheureusement, le festival a lieu en même temps que le Taber Cornfest, en Alberta.
Le sénateur Mercer : Quel est le prix à gagner? La grenouille gagne quoi?
Mme Bugera : C'est le conducteur — la personne — qui gagne le prix.
Le sénateur Mercer : Est-ce que ce sont de grosses grenouilles?
Mme Bugera : Il est interdit de les toucher. Toutefois, le samedi, ce sont les enfants, et c'est vraiment amusant de les voir manipuler les grenouilles. Le dimanche, ce sont les invités de marque, et M. Toews a déjà été un de nos conducteurs. Ce sont des politiciens, des invités de marque et des gens d'affaires ce jour-là, et il y a toujours une compétition pour savoir qui sera détrôné.
La présidente : S'il n'y a pas d'autres questions, il me reste à vous remercier infiniment. Nous avons beaucoup appris. En plus des grenouilles, vous nous avez beaucoup informés et éclairés. Nous sommes ravis que vous ayez pu venir ici. Je sais que vous avez des préoccupations; nous ferons de notre mieux pour transmettre vos messages.
Notre séance tire à sa fin. Toutefois, j'aimerais souhaiter la bienvenue à Elaine Wilson, directrice de l'école Arborgate. Elle est ici pour parler en son nom personnel et au nom de son école. Nous vous écoutons.
Elaine Wilson, directrice, École Arborgate — La Broquerie : Merci beaucoup. Bonjour. Notre division scolaire m'a demandé de vous parler un peu de ce que nous avons fait à l'école Arborgate devant les problèmes de pauvreté et le fait que nos familles viennent de collectivités rurales isolées. Comme je suis seule ici, j'imagine que je devrai répondre à toutes les questions sans pouvoir passer mon tour.
La présidente : Alors c'est votre jour de chance.
Mme Wilson : En effet. Vous avez des notes devant vous. Je vais seulement faire ressortir certains faits, car je sais que la journée a été longue pour vous. De là, peut-être aurez-vous des questions à me poser.
J'ai téléphoné à Luc Brémault, le directeur de l'école St. Joachim, pour lui poser des questions avant de venir. St. Joachim est une école d'expression française de la communauté qui enseigne aux enfants de la maternelle à la 12e année. Nous n'avons pas beaucoup en commun, à part le fait que nous partageons les services de transport par autobus, alors de temps à autre, nous devons travailler ensemble pour résoudre des comportements qu'affichent périodiquement certains élèves dans les autobus. Nous essayons très fort d'entretenir des rapports très étroits avec les écoles de la communauté; c'est l'un des objectifs cette année pour notre école, mais c'est un travail en cours.
Arborgate est une école d'expression anglaise qui enseigne de la maternelle à la 8e année. J'y suis depuis 12 ans. À mon arrivée à cette l'école, elle avait 109 élèves; depuis, nous avons grandi et avons maintenant 285 élèves et leur nombre ne cesse de croître. Nous avons actuellement sept bâtiments transportables, les deux autres sont construits sur place. Il nous en faudra probablement deux autres de plus pour l'année prochaine. De tous ces bâtiments, cinq ne seront pas rattachés au bâtiment principal, ce qui évidemment nous pose toutes sortes de problèmes.
Quatre-vingt-quatorze pour cent de nos élèves sont transportés par autobus, parce qu'ils habitent dans des communautés rurales isolées : St. Labre, Woodrige, Sandiland, Marchand et La Broquerie. Trente-trois pour cent de nos élèves, cette année, sont des jeunes pour qui l'anglais est une langue complémentaire, qu'on appelait auparavant langue seconde. Pour eux, l'anglais est une langue additionnelle, par opposition à une langue seconde. Vingt-cinq pour cent de nos étudiants sont inscrits comme Autochtones. Notre école a plus que cela d'étudiants autochtones, mais nous ne pouvons inscrire ces données si les parents ne les ont pas identifiés comme étant Autochtones, et nous sommes en train de travailler là-dessus.
Arborgate est un riche milieu scolaire, puisque nous avons des enfants aux cultures variées. L'année dernière seulement, trois nouvelles familles hollandaises se sont jointes à notre école, et nous en avions déjà quatre.
Quarante-huit pour cent de nos enfants de la maternelle arrivent à l'école très peu préparés pour l'expérience. Ils n'ont pas d'habiletés pour manipuler les livres. Il y a peu de ressources à la maison, alors ils n'ont pas eu d'histoires au coucher, de comptines, et cetera, avant d'arriver à l'école. Cela a une incidence énorme sur le programme d'enseignement, parce qu'ils commencent avec un tel retard, et il nous faut beaucoup de temps pour les aider à arriver au niveau de la première année.
La situation socioéconomique d'un fort pourcentage de nos familles est très faible. Un grand nombre de nos parents n'ont pas fait d'études postsecondaires, et il y en a aussi beaucoup qui n'ont pas dépassé la 9e année.
St. Joachim a une garderie d'expression française annexée au bâtiment. Nous n'avons pas de garderie anglaise dans la communauté. Par conséquent, si nos parents travaillent ou s'ils voulaient accéder à une garderie, il leur faudrait aller jusqu'à Steinbach, ce qui bien évidemment s'ajouterait aux coûts, et la distance est aussi un problème pour eux. Il est difficile pour les parents de trouver des gardiennes, parce que c'est une région rurale.
Nous trouvons que nos parents sont engagés. Ils appuient l'école. Nous entretenons avec eux d'excellents rapports. Le problème, c'est qu'un grand nombre d'entre eux travaillent de longues heures, alors quand ils arrivent à la maison tard le soir, il leur est difficile de revenir à l'école participer au programme scolaire, utiliser la bibliothèque ou aider leurs enfants en soirée.
Notre communauté scolaire a de solides valeurs familiales et les parents veulent vraiment ce qu'il y a de mieux pour leurs enfants, mais souvent, ils ne savent pas comment accéder aux ressources qui sont à leur disposition. Nos enfants viennent de familles aux moyens limités. Ils n'ont pas de livres chez eux qu'ils peuvent lire pour le plaisir, à part ceux qu'ils empruntent à la bibliothèque de l'école.
Après ma première année à l'école, je savais qu'il fallait que nous répondions à ces besoins. Non seulement les enfants arrivaient-ils à l'école sans être préparés, mais aussi les crises, les pleurs des enfants, l'angoisse des parents étaient énormes quand ils amenaient leurs petits à la maternelle. Bon nombre de ces enfants n'avaient jamais été bien loin. Steinbach était probablement le plus loin qu'ils avaient été de chez eux. L'aîné de chaque famille n'était jamais entré dans l'école. Les parents ne se connaissaient pas les uns les autres, parce qu'à cause de la distance, ils ne fréquentent pas leurs voisins. Ces enfants grandissaient dans des maisons isolées, avec peu de ressources et avec des parents qui ne pouvaient pas réseauter ou tout simplement discuter des problèmes habituels qu'on peut avoir avec des enfants.
Nous avons vu que c'était un problème énorme, alors l'enseignant-ressource et moi-même avons lancé un programme appelé Little Ones Reading at Arborgate. Cela a attiré les enfants et leurs parents. Nous avons commencé avec trois parents et leurs enfants. Une fois par mois, simplement pour les faire venir, l'enseignant-ressource revêtait un habit de Barney ou de divers autres personnages de contes et lisait une histoire aux enfants, et alors les enfants pouvaient emprunter trois ou quatre livres qu'ils pouvaient rapporter chez eux pour le mois. Nous avons aussi encouragé les parents à emprunter des livres pour eux-mêmes. À ce moment-là, nous n'avions pas de bibliothèque- ressource pour les parents, mais nous avons entrepris depuis lors d'en constituer une.
Ce programme a remporté un tel succès que les parents voulaient venir plus souvent, et qu'ils sont venus en plus grand nombre, alors le programme a pris de l'ampleur. Chaque année, encore avec le personnel de l'école, nous avons élargi le programme pour y ajouter de nouvelles composantes, alors les enfants allaient soit au gymnase, soit faire un bricolage. La nutrition était un élément important du programme, pour enseigner aux parents de quoi avait l'air un goûter sain. Nous avons fait venir notre orthophoniste et spécialiste de la langue. Nous travaillons souvent avec les parents tout en faisant des activités avec les enfants. Ensuite, nous avons aussi augmenté la fréquence à deux jours par semaine.
Toutefois, nous avons constaté que notre école ne pouvait tout simplement pas assumer ce programme. La participation devenait trop importante, alors notre personnel ne pouvait plus s'acquitter de ses fonctions normales. Il nous fallait trouver autre chose.
Le Dre Jan Roberts et moi-même entretenions des rapports étroits à cette époque, parce que nous avions Growing Minds à notre école, un programme de huit semaines, alors nous avons commencé à parler de moyens d'obtenir un financement. Il nous fallait quelqu'un pour enseigner le programme, parce que nous ne pouvions plus compter sur le personnel de l'école. Nous voulions aussi augmenter le programme pour l'offrir plus souvent à Arborgate, et aussi l'offrir à Woodridge et Marchand, parce que les parents de ces villes n'avaient pas accès au programme. Ils n'avaient pas de moyen pour s'y rendre ou, encore une fois, le coût pour le faire était prohibitif. Le Dre Roberts et moi-même avons préparé une présentation. Elle avait toutes les données et j'avais toutes les histoires sur les familles et les besoins, et aussi sur l'importance de programmes d'alphabétisation avant que les enfants arrivent à l'école.
Nous sommes allés à la municipalité rurale de La Broquerie; nous avons parlé aux gens de Marchand et de Woodridge, et ils nous ont cédé le centre communautaire; nous sommes allés à la division scolaire de Seine River. Nous avons obtenu des fonds de tous ces secteurs afin de pouvoir embaucher une personne à temps partiel, un parent du programme qui était venu de Winnipeg et avait vraiment une passion pour les enfants d'âge préscolaire, même si ses propres enfants étaient déjà à l'école à temps plein.
C'est ainsi qu'a commencé notre programme dans nos communautés satellites. Nous sommes heureux de pouvoir dire que nous avons maintenant 40 enfants inscrits à ce programme préscolaire, que nous appelons LOLA, pour Little Ones Learning at Arborgate. Bien des parents de LOLA siègent maintenant à notre conseil consultatif des parents. Ils se partagent la garde des enfants, et bon nombre d'entre eux se fréquentent socialement. Il est réjouissant de voir leur vie ainsi changer tout simplement grâce à un programme préscolaire parents-enfants. Ils assistent ensemble à des activités communautaires, ils se téléphonent, ils s'entraident à l'école autant que possible. Pour nous, c'est un véritable succès.
Du côté des enfants, nous n'avons plus de pleurs le premier jour d'école. De fait, nous avons un autre problème : quand ces enfants viennent à l'école, ils s'y sentent les maîtres. Quand ils sont là pour LOLA, à la manière dont ils déambulent dans les couloirs, on voit qu'ils savent exactement où ils vont, que ce soit à la bibliothèque ou au gymnase. Un jour, en arrivant au gymnase, ils y ont trouvé une classe de 8e année qui n'avait pas tout à fait terminé, et un petit garçon a dit « C'est notre tour, le gym est à nous maintenant ». Peu lui importait que ce soient là des élèves de huitième année; c'était l'heure de la gymnastique préscolaire, et il tenait à ce qu'ils le sachent.
Un autre aspect intéressant, c'est que nous offrons le programme le mardi matin et le mercredi soir, à Arborgate. Cela permet aux pères ou aux parents qui travaillent d'y assister. Nous avons aussi des grands-parents qui viennent avec leurs petits-enfants. Ce programme a été très bénéfique pour nos parents de cette manière aussi.
Un autre problème que nous avons eu à l'école Arborgate a été celui du trajet en autobus, tous les matins, pour bon nombre de nos enfants. Les parents devaient souvent partir pour le travail tôt s'ils travaillaient en dehors de la maison, alors ils n'étaient pas là quand leurs enfants se préparaient pour l'école. Ils ne savaient pas si les enfants avaient pris le petit-déjeuner. Aussi, à cause de la pauvreté à la maison, il n'y avait pas de goûter que ces enfants pouvaient manger en arrivant à l'école. Nous répondions déjà aux besoins d'apprentissage avec de solides programmes d'alphabétisation et notre programme préscolaire, et nous savions qu'il fallait faire encore plus.
L'année dernière, nous avons fait une demande de subvention au Manitoba Council on Child Nutrition et par le biais du programme Breakfast for Learning, et nous avons reçu 3 600 $. Nous avons reçu cette subvention encore cette année. Nous avons reçu plusieurs dons d'entreprises locales, comme Hytek Feeds Co-op Ltd. de La Broquerie, et d'entreprises de Steinbach. Nous recevons des dons de nos parents, et du conseil consultatif des parents. Aussi, le personnel aime bien porter des jeans le vendredi, et ceux qui en portent font un don. Tout le monde fait un don, cependant, tout simplement par intérêt pour les enfants. Nous recevons beaucoup d'argent en dons. Il en coûte 0,85 ¢ par jour par enfant pour fournir le petit-déjeuner à l'école.
Nous avons donné une formation à nos élèves du programme de leadership de la huitième année pour servir les petits-déjeuners. Le personnel prépare les plateaux la veille au soir, sauf pour les choses comme le lait ou les plats chauds, comme le gruau. Les enfants de 8e année arrivent à l'école, descendent de l'autobus, se présentent à la cantine, ramassent les plateaux et se rendent par paires dans chacune des salles de classe. Cela a été très bon pour les élèves de huitième, parce qu'ils doivent aussi aider les enfants d'âge préscolaire et ainsi ils apprennent à faire preuve d'empathie à l'égard des tout petits. C'est merveilleux de les voir se pencher au-dessus d'un enfant pour l'aider à étaler du Cheese Whiz sur un petit pain ou verser son jus. Et les élèves de huitième année en tirent beaucoup d'orgueil.
Tout cela a fait aussi une grande différente dans les comportements. Il ne faut pas oublier que bon nombre de ces élèves passent plus d'une heure en autobus, mais ils ont un objectif quand ils arrivent à l'école. Nous n'avons pas de problèmes de comportement chez les élèves de 8e année. Ils livrent le petit-déjeuner. C'est calme à l'école, et tout le monde reçoit son petit-déjeuner en dix minutes. Une fois par mois, nous avons un petit-déjeuner spécial pour les enfants aussi.
Notre troisième préoccupation, c'est que nous aimerions rompre le cycle de la pauvreté chez nos élèves et leurs parents. C'est pourquoi nous lançons un nouveau programme l'année prochaine pour munir nos élèves des habilités professionnelles et pour la vie. Nous avons déjà beaucoup fait avec notre programme d'orientation de carrière, déjà, avec les élèves de la maternelle à la 8e année. Environ huit de nos élèves de sixième année, chaque année, suivent le programme Career Trek, qui dure vingt samedis. Ils font l'expérience de plus de 80 carrières, à trois des établissements postsecondaires de Winnipeg. Ce programme a vraiment ouvert les yeux de nos élèves et des parents. C'est une journée familiale pour les parents. Ils font l'expérience des mêmes carrières, un samedi par mois. Il y a aussi une journée d'information, pour qu'ils sachent que la distance et les finances ne doivent pas être des obstacles à la poursuite d'études postsecondaires.
Pour l'année prochaine, nous voulons en faire encore plus. Nous voulons travailler avec le personnel de Career Trek. Nous avons conçu un programme pour nos élèves, pour leur inculquer des aptitudes élémentaires, les valeurs d'éthique fondamentales, et les aptitudes interpersonnelles dont ils auront besoin pour avoir un emploi. Nous voudrions aussi qu'ils fassent l'expérience de ce métier, à l'école, et aussi dans le cadre de sorties éducatives. Nous voulons travailler en très étroite collaboration avec les parents et la communauté pour que les parents sachent aussi ce que leurs enfants étudient à l'école, les ressources que nous leur offrons, comment ils peuvent accéder à ces ressources. Nous travaillons aussi étroitement avec le collège Ste. Anne, dans le cadre du programme de transition, ce qui mène au programme de développement professionnel.
Il y a une autre chose que nous faisons, et c'est la soirée d'alphabétisation des familles, pour faire venir des parents encore une fois pour promouvoir l'alphabétisation. Nous avons aussi un solide programme de formation personnelle et un programme autochtone pour nos enfants.
Le sénateur Mercer : Merci beaucoup d'être venue. C'est un programme très intéressant, et il démontre ce que peut faire la créativité; ces innovations ne semblent pas avoir coûté très cher. Est-ce vrai?
Mme Wilson : Ça n'a pas besoin de coûter cher, mais tout de même, nous sommes limités dans l'expansion des programmes. Nous avons toutefois essayé d'être créatifs dans la recherche des fonds nécessaires pour répondre aux besoins que nous cernons dans notre école. Avec le programme préscolaire parents-enfants, si nous avions plus de fonds, nous aimerions certainement beaucoup pouvoir l'offrir plus qu'un matin par semaine à Woodridge et à Marchand, parce que nous pensons que nous répondons tout juste aux besoins des habitants des communautés rurales. Nous avons l'impression de répondre aux besoins à Arborgate, mais avec plus de ressources, nous pourrions élargir le programme et l'offrir plus souvent. Actuellement, nos ressources font le va-et-vient entre l'école et ces deux municipalités, parce que nous n'avons pas assez de ressources pour les laisser dans le centre communautaire. Au lieu de cela, nous devons partager les ressources. Oui, c'est possible avec un budget limité, mais il serait fantastique de penser qu'on peut aussi élargir le programme.
Le sénateur Mercer : Vous avez 285 élèves. Combien sont d'âge préscolaire?
Mme Wilson : Cette année, nous avons 28 élèves en maternelle et 30 sont inscrits pour l'année prochaine.
Le sénateur Mercer : Cela m'amène à ma question sur les services de garde. Si vous aviez une garderie d'expression anglaise annexée à l'école, ou associée d'une façon ou d'une autre avec l'école, elle ne serait probablement pas assez grande pour répondre aux besoins de tout le monde, mais probablement n'est-ce pas tout le monde qui a besoin de ces services non plus?
Mme Wilson : Non, ce n'est pas tout le monde qui en a besoin à cause, comme je le disais, de la distance qui empêche les deux parents de travailler — souvent ils n'ont qu'un véhicule — alors ce ne sont pas tous les enfants qui seraient en garderie. Un programme de pouponnière serait fantastique. C'est quelque chose d'autre que nous avons commencé cette année, un matin par semaine. Une partie de notre problème, c'est que nous avons tellement de clientèle. Par exemple, nous offrons notre programme de pouponnière un matin par semaine. C'est dans la salle de musique, alors nous l'offrons quand il n'y a pas de cours de musique à l'école. Nous essayons d'être créatifs, tout en répondant aux besoins de ces enfants. Nous avons dix enfants inscrits au programme scolaire de pouponnière.
Le sénateur Mercer : J'ai automatiquement fait un lien entre vos 48 p. 100 d'enfants qui entrent en maternelle avec des aptitudes limitées en lecture, peu ou pas d'aptitudes pour manier les livres et un faible niveau d'alphabétisation avec le haut pourcentage de familles dont la situation économique est précaire, et dont les parents ont fait très peu d'études secondaires. Est-ce que vous y voyez, vous aussi, ce lien direct?
Mme Wilson : Excusez-moi, quelle est la question?
Le sénateur Mercer : Le taux élevé d'enfants qui arrivent en maternelle avec de piètres aptitudes pour manier les livres, est-ce que vous faites un lien direct entre ceci et le niveau d'instruction des parents?
Mme Wilson : En partie. Je ne suis pas sûre que les parents soient conscients de l'importance d'être capable de lire et d'écrire et que l'acquisition de ces compétences commence en réalité dès la naissance. À notre école, nous remettons à chaque famille de notre territoire qui a un nouveau-né un livre intitulé Read to your Bunny, et j'y mets une note encourageant les parents à commencer à lire à leur enfant dès le premier jour. Nos parents veulent bien faire, mais je ne suis pas sûre qu'ils se rendent compte de la raison pour laquelle ils éprouvaient des difficultés à l'école. Les parents prennent de plus en plus conscience de l'importance de la littératie à la maison, même avant l'arrivée de l'enfant à l'école.
Le sénateur Mercer : L'intégration des parents et des enfants dans le programme, de même que le recours à la bibliothèque, m'impressionnent. Est-ce difficile d'obtenir les fournitures, y compris de nouveaux livres pour la bibliothèque?
Mme Wilson : Nous nous sommes servis de certains fonds que nous avons obtenus dans le cadre de subventions, de South Eastman Health par exemple. Nous avons aussi reçu des dons. Chaque année, nous avons acheté des livres, non seulement pour les enfants, mais également pour aider les parents. C'est ainsi que nous avons monté notre bibliothèque pour répondre aux besoins du programme des enfants d'âge préscolaire.
Le sénateur Mercer : Il existe un programme dans le cadre duquel certains membres de la GRC d'un peu partout au pays contribuent à fournir des livres aux bibliothèques d'école. Je m'excuse, mais le nom du programme m'échappe pour l'instant. Je vais essayer de vous l'obtenir.
Dans le cadre de votre programme des petits déjeuners, 75 p. 100 de vos élèves mangent à l'école tous les matins. C'est un pourcentage fort élevé. Les autres 25 p. 100 ont-ils déjà mangé lorsqu'ils arrivent à l'école, de sorte qu'ils n'ont pas faim?
Mme Wilson : Soit qu'ils ont pris un petit déjeuner à la maison, soit que ce qui est servi ce jour-là ne leur plaît pas. Les jours où nous servons du yogourt, des crêpes ou du pain doré, les pourcentages augmentent sensiblement. Le nombre d'enfants qui prennent leur petit déjeuner à l'école est fonction du menu, mais en moyenne, le taux est de 75 p. 100. Les autres 25 p.100 ne mangent pas à l'école pour différentes raisons.
Le sénateur Mercer : Dans le cadre de votre programme de petits déjeuners, éprouvez-vous des difficultés à répondre aux besoins ou aux préférences alimentaires d'autres groupes ethnoculturels? La population au Canada est plutôt mixte, et ce n'est pas tout le monde qui mange comme nous, les Canadiens anglophones et francophones.
Mme Wilson : Nous n'avons pas remarqué de problème particulier. Ainsi, le jour où nous servons des œufs et du jambon verts pour la Saint-Patrice, cela pose peut-être un problème, mais nous prévoyons alors des sandwiches aux œufs et au fromage, sans jambon. Nous portons donc attention aux besoins des autres groupes confessionnels dans notre école. Nous n'avons pas remarqué de problème sur le plan culturel.
Le sénateur Mercer : Je vous remercie beaucoup. Je vous félicite de cet excellent programme.
Le sénateur Zimmer : Je vous remercie de votre exposé. Simplement pour avoir un éclaircissement, quand vous parlez de classes portables, de salles mobiles, parlez-vous de salles de classe qu'on peut déplacer, comme des roulottes?
Mme Wilson : On les appelle des classes mobiles haut de gamme. En fait, à l'intérieur, elles sont magnifiques, mais ce sont ce que nous appelions auparavant des unités extérieures.
Le sénateur Zimmer : Sont-elles reliées entre elles et peuvent-elles être déplacées?
Mme Wilson : Elles peuvent être déplacées. En fait, nous espérons avoir d'ici trois ou quatre ans un nouvel immeuble qui abritera les classes de la 5e à la 12e année. C'est un projet en cours. Nous attendons qu'on en fasse l'annonce officielle. Nous pourrions à ce moment-là les déplacer. Elles peuvent toutes être déplacées, même celles qui sont reliées à l'immeuble.
Le sénateur Zimmer : Faudrait-il alors que vous cessiez d'utiliser les salles de classe mobiles?
Mme Wilson : Nous pourrions alors y installer des classes allant de la maternelle à la 4e année. Le besoin de recourir aux salles mobiles dépendrait du nombre d'inscriptions, ou encore on pourrait rénover l'école et y construire des annexes en fonction du nombre d'inscriptions.
Le sénateur Zimmer : Vous avez mentionné que, pour 33 p. 100 de vos élèves, l'anglais est une langue complémentaire. Je remarque qu'un fort pourcentage de votre population est de souche allemande, autochtone, néerlandaise, paraguayenne et asiatique. À mesure que cette clientèle se rapproche de la 12e année, le pourcentage varie-t-il au point où l'anglais devient la langue d'usage?
Mme Wilson : Nous avons remarqué que le niveau d'entrée des enfants à notre école détermine avec quelle rapidité ils maîtriseront réellement la langue. Si les enfants nous arrivent à la maternelle, en 3e ou en 4e année, ils maîtrisent assez bien l'anglais. Par contre, s'ils nous arrivent en 4e ou en 5e, il leur faut de trois à cinq ans avant de se sentir vraiment à l'aise en anglais. C'est dû au contenu de la matière qu'ils apprennent. Il faut qu'ils en assimilent le vocabulaire et le contenu. Ils n'ont pas grandi dans un milieu où ils étaient exposés aux expériences décrites dans les manuels, de sorte qu'il faut leur offrir du soutien plus longtemps. C'est la première année, cette année, que nous recevons du financement pour quatre ans — dans le passé, il était seulement de trois ans —, ce qui fera une énorme différence parce que jusqu'ici, il nous a fallu trouver ailleurs, dans le budget de notre école, les fonds pour aider ces élèves.
Le sénateur Zimmer : La capacité d'apprendre durant les premières six années de vie est paraît-il phénoménale.
Mme Wilson : Vous avez raison.
Le sénateur Zimmer : Donc, plus ils entrent tôt à l'école, mieux c'est?
Mme Wilson : Ces enfants sont comme des éponges, effectivement. Ils absorbent tout.
Le sénateur Zimmer : Justement. Vous avez parlé du faible pourcentage de parents qui ont fait des études postsecondaires. Vous avez aussi dit que les parents travaillent en collaboration avec les enfants et que le programme leur offre un réseau d'entraide. Offre-t-on aussi aux parents la possibilité de parfaire leurs connaissances pendant qu'ils travaillent avec leurs enfants, ou des raisons économiques les en empêchent-elles?
Mme Wilson : Ils ont nettement la possibilité de parfaire leurs connaissances. À mon avis, l'établissement Red River College à Steinbach réglera ce problème. Les enfants de plusieurs parents sont passés par le programme Career Trek, ce qui leur a également ouvert les yeux. Plusieurs parents m'ont dit qu'ils auraient aimé avoir pu profiter eux-mêmes d'un pareil programme lorsqu'ils étaient aux études. Ils auraient aimé savoir qu'il était possible de faire des études plus poussées. Certains parents sont retournés aux études en raison du programme Career Trek. C'est pourquoi nous souhaitons travailler de près avec eux et ne pas dire seulement aux enfants qu'il faut croire en soi, avoir des rêves et des buts dans la vie et profiter des ressources offertes pour les réaliser. L'an prochain, nous souhaitons organiser des réunions d'information pour les parents afin de leur transmettre le même message, parce qu'il n'est jamais trop tard pour s'améliorer dans la vie.
Le sénateur Zimmer : Madame Wilson, je vous remercie. Il est toujours agréable d'entendre parler de succès, et votre école en est un. Je souhaite à toute l'école de réussir dans ses projets.
Le sénateur Chaput : Dans la foulée de la question posée par le sénateur Zimmer, vous avez dit que, pour 33 p. 100 des élèves, l'anglais est une langue complémentaire, ce qui me dit que l'anglais est leur langue seconde et que ces enfants ont une autre langue maternelle. C'est bien cela? Pourrait-il y avoir un lien entre ces 33 p. 100 d'élèves et le fait que 48 p. 100 des enfants de la maternelle ont de très faibles capacités de lecture et d'écriture? Est-il possible qu'il y ait un lien entre les deux?
Mme Wilson : Il existe un lien, mais même avant l'arrivée de nos familles immigrantes, un fort pourcentage d'enfants d'âge préscolaire n'étaient pas prêts lorsqu'ils arrivaient à l'école.
Le sénateur Chaput : Où les enfants vont-ils à l'école après la 8e année?
Mme Wilson : À partir de la 9e, les élèves vont au Ste-Anne Collegiate.
Le sénateur Chaput : Est-ce l'école anglophone à Ste-Anne?
Mme Wilson : Oui.
Le sénateur Chaput : Depuis combien de temps avez-vous en place ce programme spécial?
Mme Wilson : Parlez-vous du programme LOLA, celui pour les enfants d'âge préscolaire?
Le sénateur Chaput : Oui.
Mme Wilson : Cela fait huit ans environ, et il a évolué depuis lors.
Le sénateur Chaput : Savez-vous si d'autres écoles manitobaines font la même chose ou offrent un programme analogue?
Mme Wilson : En fait, à cause du succès remporté par le programme LOLA à Arborgate, la division a appuyé un programme de même nature à Richer, et notre coordonnateur de programme et moi-même travaillons de près avec le personnel de l'école Richer. Celle-ci a mis sur pied un programme très analogue au nôtre l'an dernier. Cette année, ce sera le tour de l'école primaire Ste. Anne, qui a suivi l'évolution de notre programme. Donc, non seulement notre programme s'est-il étendu à d'autres secteurs satellites de la division, mais nous avons également pu élargir notre programme à deux autres écoles des localités voisines.
Le sénateur Chaput : J'aimerais vous féliciter, vous et vos collègues. J'avais entendu parler de votre programme, mais j'ignorais l'étendue de l'excellent travail que vous faites.
Mme Wilson : Je vous remercie. C'est un travail très enrichissant, et il est le résultat d'un très grand travail d'équipe.
Le sénateur Mahovlich : Madame Wilson, je vous remercie et je vous félicite également. Quelle belle histoire! J'ai entendu à la radio, il y a quelques jours, je crois, que le nombre maximal d'élèves permis par classe est de 25. Il y avait, je crois, 40 enfants dans certaines de mes classes quand j'étais à l'école, et j'avais toujours le sentiment de ne pas avoir suffisamment d'attention. Quelle est votre opinion à ce sujet?
Mme Wilson : Il va falloir que je pèse mes mots. À mon avis, tout nombre qui excède 25 élèves par classe est excessif. Notre division est très favorable à un faible nombre d'élèves dans la classe durant les premières années, et elle s'efforce vraiment de tenir ce nombre dans les premières années, soit de la maternelle à la 4e, à 21 ou 22 élèves. Par contre, pour les années intermédiaires, c'est plus difficile. Cette année, nous avons des classes de 28 et de 30 élèves. Ce n'est pas l'idéal. Quand nous avons suffisamment de personnel, la première chose que nous faisons et que nous avons faite cette année est de scinder nos septième et huitième années au moins pour les cours de mathématiques et des arts de la langue, parce qu'à notre avis, ce sont là les deux matières de base dont ont besoin les élèves.
Vous avez raison d'affirmer qu'une fois qu'on dépasse ce nombre, ce n'est pas l'idéal. De plus, ce n'est pas seulement une question de chiffres, mais aussi de composition des classes. Par exemple, nous avons une classe qui compte huit élèves de niveau 1 pour lesquels l'anglais est une langue complémentaire. Nous pourrions avoir dans la classe un élève de niveau trois pour lequel l'anglais est une langue complémentaire. Il n'existe pas de financement pour ces élèves, mais ils ont besoin de programmes spéciaux.
Il faut s'interroger non seulement sur le nombre d'élèves dans les classes, mais sur la composition de celles-ci également et sur nos attentes à l'égard des enseignants. Au bout de cinq ans, nos nouveaux enseignants souffrent souvent d'épuisement professionnel, en raison des énormes responsabilités qu'ils assument et de la lourdeur de leur charge de travail. Même maintenant, à cette période-ci de l'année, ils subissent beaucoup de stress parce qu'ils se demandent tous s'ils vont avoir un emploi l'an prochain, plus le fait qu'ils doivent s'occuper des bulletins et des problèmes auxquels ils sont confrontés dans leurs classes. Je n'ai pas été dans une classe depuis un bout de temps, mais je lève vraiment mon chapeau aux enseignants qui se dévouent tellement et qui travaillent de si longues heures parce qu'ils peuvent donner six cours de mathématiques et s'occuper de cinq groupes de lecture à la fois. C'est la nature de leur travail actuellement.
Le sénateur Mahovlich : Le gouvernement devrait plafonner le nombre d'élèves par classe à 25 à peu près.
Mme Wilson : Ce serait merveilleux.
Le sénateur Mahovlich : Il pourrait le recommander de toute façon. À quel âge, en quelle année, les élèves anglophones apprennent-ils le français?
Mme Wilson : Dans notre école, ils sont exposés au français dès la maternelle, et nous offrons le cours de base en français jusqu'en huitième. Même nos jeunes enfants apprennent du français : l'enseignante de la prématernelle leur apprend une petite comptine en français et leurs chiffres en français et en anglais.
Le sénateur Mahovlich : Et l'inverse, quand les étudiants francophones apprennent-ils l'anglais?
Mme Wilson : Notre école n'a pas d'élève francophone.
Le sénateur Mahovlich : À St. Joachim?
Mme Wilson : Oui. Les élèves de St. Joachim apprennent l'anglais.
Le sénateur Gustafson : Quand vos élèves atteignent le niveau secondaire, ils doivent changer d'école, n'est-ce pas?
Mme Wilson : Oui.
Le sénateur Gustafson : Partagent-ils leur temps entre les cours et le travail? À quoi travaillent-ils?
Mme Wilson : L'école francophone St. Joachim offre le programme alternatif. La directrice m'a dit que les étudiants se trouvent un job dans un secteur qui les intéresse peut-être, où ils pensent peut-être faire carrière, ou ce pourrait être simplement un job qui les aide à payer leurs dépenses pendant qu'ils sont à l'école. Par exemple, ils pourraient occuper des emplois dans la collectivité. Ste. Anne a aussi un programme alternatif, mais je ne suis pas sûre de la répartition du temps passé en salle de classe et au travail, comme apprenti.
Le sénateur Gustafson : Je ne devrais peut-être pas dire ce que je m'apprête à dire, mais je lève mon chapeau aux enseignants parce que je crois qu'ils ont beaucoup changé. Quand nous allions à l'école, si un élève avait parfois l'esprit un peu lent, on en faisait un exemple pour toute l'école. Ce n'était peut-être pas un cas isolé. Comme je l'ai dit, les enseignants ont beaucoup appris sur la façon de traiter des élèves qui ont des troubles d'apprentissage, et ils sont nombreux. Je vous lève mon chapeau.
Mme Wilson : Je vous remercie. Vous avez tellement raison. À notre école, nous répétons constamment que nous sommes là pour avoir une influence sur la vie de chaque enfant. Nous enseignons à tout l'être; nous n'enseignons pas les mathématiques de 5e, nous enseignons aux enfants là où ils se situent. En plus de ces importantes compétences, il faut leur transmettre de fortes valeurs morales. Il faut leur montrer ce que c'est que d'avoir de l'empathie, la façon de traiter les autres avec respect. Nous jouons le rôle de modèle auprès des enfants pour leur apprendre ces valeurs.
Pour renchérir sur vos propos, notre 7e et notre 8e sont actuellement scindées pour les cours de mathématiques et des arts du langage. Nous avons aussi un programme de littératie dans le cadre duquel nous choisissons certains élèves des années intermédiaires pour les soutenir un peu plus dans ce domaine. Nous nous sommes longtemps interrogés sur l'utilité de le faire, parce que nous ne souhaitions pas saper l'estime de soi de ces enfants; mais nous savions que si nous ne réussissions pas à les atteindre en petits groupes ou dans une petite classe, nous raterions le coche. Nous avons donc pris la décision d'aller de l'avant. Nous avons été très prudents quand est venu le temps de choisir l'enseignant et de décider de la façon dont les enseignants des classes d'attache présenteraient la situation aux élèves. C'est une réussite. Je suis allée dans la salle de classe quelques fois. J'ai aussi entendu des garçons de 7e et de 8e demander si c'est aujourd'hui que le groupe se rencontre, quand un enseignant de 5e les fait sortir de la classe pour l'aide à la littératie. Cette aide les a tellement encouragés parce que, pour la première fois probablement de leur vie scolaire et à un âge tardif, ils obtiennent de bonnes notes.
J'ai visité la petite classe de 7e et 8e et j'ai été ravie de voir des élèves que je n'avais jamais vu prendre part à quoi que ce soit en classe ou poser une question auparavant travailler avec l'enseignant et être fiers de leurs accomplissements. Ils étaient fiers de me montrer ce qu'ils avaient fait et ils posaient d'excellentes questions.
La clé du succès, selon moi, réside dans l'approche et le climat qui est créé à l'école. Nos élèves savent que nous avons pour principe que nous avons tous des points forts et des points faibles et qu'il faut travailler à s'entraider. C'est là le message que tous les élèves ont besoin d'entendre et il faut qu'ils nous voient joindre le geste à la parole.
La présidente : Comme j'aimerais pouvoir vous cloner, vous et vos enseignants, et envoyer toutes ces copies un peu partout au Canada. C'est là un de nos problèmes fondamentaux, et je vous félicite.
Mme Wilson : Nos enseignants sont vraiment stupéfiants.
Le sénateur Mercer : J'aimerais en revenir à la question posée par le sénateur Mahovlich au sujet de la taille des classes. Tout à l'heure, vous m'avez dit que vous aviez 28 élèves inscrits à la maternelle cette année et 30 inscrits pour l'an prochain. Combien y aura-t-il d'élèves par classe de maternelle?
Mme Wilson : La division nous permet de créer une deuxième classe de maternelle dès que le nombre d'élèves atteint 26, de sorte que nous aurons deux petites classes de maternelle dont les élèves viendront aux deux jours, en raison du coût du transport.
Le sénateur Mercer : Cela signifie-t-il que les enfants fréquentent l'école une journée complète, tous les deux jours, plutôt que de venir une demi-journée chaque jour?
Mme Wilson : Oui.
Le sénateur Mercer : Voilà qui me plaît. Quant au souhait exprimé par la présidente de pouvoir vous cloner, c'est impossible à faire, mais j'espère que le système vous a demandé d'écrire un papier ou de contribuer à élaborer le programme de ce genre d'enseignement pour que d'autres écoles puissent vous imiter, car vous êtes une espèce rare qu'il faut conserver. Une façon de le faire est de concevoir un programme qui prendrait Arborgate comme modèle. Vous a-t-on demandé de le faire?
Mme Wilson : Non, ils ne l'ont pas fait.
Le sénateur Mercer : Ils le devraient.
Mme Wilson : Je crois que c'est dû au système de croyance. Quand je rencontre un éventuel employé, je suis très prudente. Il faut qu'il ait manifestement le désir d'avoir une influence sur la vie des enfants. Il faut qu'il croit que chaque enfant peut réussir. Le succès repose en grande partie sur la façon de penser de l'équipe avec laquelle nous travaillons, et je ne crois pas que ce soit quelque chose qui peut être imposé. Nous avons remarqué que ceux qui étaient peut-être là avant que survienne ce changement le perçoivent sûrement. Ils savent qu'il faut qu'ils s'y prennent autrement s'ils veulent survivre à l'école.
Le sénateur Mercer : Voilà qui est bon. Je vous remercie.
Le sénateur Chaput : Je ne suis pas trop sûre de la manière de m'y prendre pour poser la question, mais enfin, je vais me lancer. Nous avons entendu un témoin antérieur nous parler du fait que, dans la région de Ste. Anne je crois, il y a de plus en plus d'enfants de familles désunies qui sont placés en famille d'accueil. Je suppose qu'on pourrait parler de parents de famille d'accueil, et que bon nombre de ces familles accueilleraient des enfants parce qu'elles ont de faibles revenus et souhaitent parfois les augmenter. Quel impact cela a-t-il sur l'école? Le fait que ces enfants de familles désunies soient placés en famille d'accueil à faible revenu accroît-il la charge de travail des enseignants? Comment vous et vos employés vous en tirez-vous?
Mme Wilson : En fait, dans notre école, il y a un faible pourcentage d'enfants provenant de familles d'accueil. Actuellement, nous en avons dix sur une clientèle de 285. Nous en avons accueilli deux autres durant les deux dernières semaines. C'est plutôt le bagage que traînent ces enfants qui a un impact sur l'école et il faut vraiment faire en sorte que tout est prêt avant la première journée, parce que nous avons la conviction profonde que dès leur première journée à l'école, il faut que ces enfants sachent qu'on veut qu'ils réussissent. Il faut avoir en place des soutiens et les cours nécessaires avant même qu'ils ne commencent l'école.
Nous sommes très chanceux d'avoir les familles d'accueil que nous avons dans notre secteur. Aucune d'entre elles selon moi n'est là pour les mauvaises raisons. J'ai travaillé à Ste. Anne pendant six ans. Je peux honnêtement affirmer que c'est une situation tout à fait différente.
Le sénateur Chaput : Votre école prend en charge les élèves de la maternelle à la 8e année, après quoi ils sont transférés à une autre école, à Ste-Anne.
Mme Wilson : Oui, dès la 9e année, ils fréquentent l'école secondaire.
Le sénateur Chaput : Par conséquent, ils vont se retrouver dans un contexte tout à fait différent.
Mme Wilson : C'est vrai, et ce fut le cas, mais la directrice de Ste. Anne Collegiate et moi travaillons en tandem pour que la transition se fasse sans heurt pour nos élèves. Elle a vraiment travaillé très fort pour changer le climat dans l'école secondaire. Quand nos élèves commencent à la fréquenter, ils s'en sortent fort bien. Ils semblent avoir un bon rendement scolaire et acquérir des qualités de leadership, et la majorité s'en sort fort bien. Naturellement, il y en aura toujours que nous aurons l'impression de ne pas avoir tout à fait réussi à aider comme nous l'aurions aimé avant qu'ils quittent notre école. Ils emportent avec eux certains des problèmes que nous avons observés. Toutefois, la majorité s'en sort fort bien. Notre programme de transition commence dès la première journée de la 8e année; nous commençons à parler avec ces élèves du passage à l'école secondaire dès la première journée, en leur disant que c'est ce à quoi ils se préparent. Nous organisons des rencontres avec les écoles. Les enseignants ont quatre rencontres par année pour discuter des cours et de l'enseignement.
La présidente : Madame Wilson, je vous remercie beaucoup. C'est là un énorme problème au Canada et, comme je crois l'avoir dit déjà, le Manitoba est vraiment une province exemplaire dans la façon dont elle aborde l'apprentissage et la littératie. Il est bon de savoir que ce travail se poursuit toujours, et nous vous en remercions, vous et tous ceux avec lesquels vous travaillez.
Mme Wilson : Je vous remercie beaucoup de m'avoir permis de prendre part à ce débat.
La présidente : Chers collègues, j'ai le regret de vous annoncer que notre audience tire à sa fin. Ce fut vraiment une journée fort intéressante, et nous avons eu des témoins extraordinaires qui sont venus nous parler de certaines questions fort épineuses que nous étudions. Je tiens à remercier tous ceux qui nous ont aidés, de même que tous ceux qui ont écouté les témoignages. Je remercie également les représentants des médias qui ont été très assidus.
La séance est levée.