Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 29 - Témoignages - Séance de l'après-midi
KAPUSKASING (ONTARIO), le vendredi 1er juin 2007
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 13 h 1 pour examiner, en vue d'en faire rapport, la pauvreté rurale au Canada.
Le sénateur Joyce Fairbairn (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Bonjour. Une des parties très importantes de nos audiences consiste à entendre le point de vue des gens qui habitent le secteur que nous visitons. Nous sommes très heureux du fait que vous soyez là aujourd'hui pour ajouter un complément à la discussion très vigoureuse et très importante que nous avons eue ce matin.
Cet après-midi nous accueillons Patricia Simone, directrice administrative du Disability Resource Centre for Independent Living. Nous accueillons également Marek Latos, qui est trappeur, et il est accompagné d'Elizabeth Latos, sa conjointe. Nous voulons entendre ce que vous avez à dire; cela nous aidera à comprendre les difficultés qui touchent nos collectivités rurales.
Patricia Simone, directrice administrative, Disability Resource Centre for Independent Living : Bienvenue à Kapuskasing. C'est un plaisir de voir les sénateurs ici, dans notre petite localité du Nord. Nous sommes enchantés de vous recevoir. Je suis également enchantée de pouvoir vous parler.
Je m'appelle Patricia Simone et je suis directrice administrative du Disability Resource Centre, ici, à Kapuskasing.
Le Disability Resource Centre for Independent Living a vu le jour en 1978. Il s'agit d'un organisme sans but lucratif dûment enregistré qui favorise la vie autonome chez les personnes handicapées. Quand je parle de personnes handicapées, je veux dire que notre centre accepte toutes les formes de déficiences. Nous offrons aux personnes handicapées des ressources en information, de l'aide fournie par les pairs et des services d'accompagnement. Nous aidons les gens à acquérir des aptitudes pour la vie autonome et nous favorisons la socialisation et les loisirs. Nous croyons que les personnes handicapées devraient avoir des choix, compter sur un soutien et être en mesure d'exercer une emprise sur les décisions qui touchent leur vie.
Le centre fait actuellement des recherches sur les obstacles à l'emploi chez les jeunes et adultes handicapés. Ce sont des obstacles qui sont uniques au Nord de l'Ontario. Nous avons réalisé notre recherche dans quatre localités rurales le long de la route 11 dans une zone qui comprend Smooth Rock Falls, Cochrane, Hearst et Kapuskasing. Nous avons constaté que, même si les personnes handicapées dans le Nord de l'Ontario ont aujourd'hui un meilleur accès aux ressources liées à la technologie, à l'éducation et à l'emploi, les données font encore voir qu'elles présentent toujours un taux de chômage relativement élevé et un taux d'activité relativement faible sur le marché du travail.
Les progrès techniques, les appareils et accessoires fonctionnels, les aménagements en milieu de travail, les programmes de soutien et autres mesures peuvent servir à accroître de manière très considérable l'accessibilité des emplois et de la formation pour les personnes handicapées et le maintien de leur participation à cet égard. Cependant, les attitudes de notre société et de nos employeurs représentent souvent un obstacle plus grand que la déficience de la personne elle-même. Étant donné les mythes, les conceptions erronées, les stéréotypes, les hypothèses et la discrimination, les personnes handicapées ne sont pas perçues ou traitées de la même façon que les autres participants au marché du travail.
Dans les petites localités rurales, les personnes handicapées ne peuvent vivre de façon anonyme. Si je me déplace en fauteuil roulant ou que j'ai une déficience quelconque, tout le monde en ville le sait probablement. Si je postule un emploi, les employeurs ont déjà une idée faite à mon sujet; je ne peux même pas passer la première étape, soit celle de l'entrevue. Si j'habitais en ville, l'employeur examinerait mon curriculum vitae et m'inviterait peut-être à une entrevue pour voir mes compétences et essayer d'établir si ma candidature concorde bien avec le profil de l'emploi. Tout au moins, j'aurais l'occasion de faire valoir mes capacités à un employeur éventuel.
Nos constatations le confirment : il faut changer l'attitude des employeurs. Nous avons interviewé deux personnes qui sont devenues handicapées à un moment tardif; un diplômé universitaire et un diplômé collégial ayant chacun plusieurs années d'expérience. Les deux ont fini par accepter un emploi qui n'était pas du niveau auquel on s'attendrait pour quelqu'un ayant ces études et cette expérience.
Le problème, c'est que les employeurs se concentrent sur la déficience plutôt que sur la compétence. C'est la déficience qui semble dominer l'idée que l'employeur éventuel se fait de ce qui est important. Cette lacune du point de vue de l'employeur éventuel débouche sur de graves difficultés économiques pour la personne handicapée. De manière générale, notre société est incapable d'évaluer correctement le talent des gens qui communiquent ou assimilent les informations d'une autre façon que la norme décrétée. Bon nombre de personnes handicapées sont contraintes d'accepter un travail faiblement rémunéré, parfois au salaire minimum.
Dans le cadre de nos recherches, nous avons demandé aux personnes handicapées si elles avaient l'occasion de faire des études postsecondaires; 95 p. 100 des répondants ont affirmé qu'ils n'étaient pas encouragés à poursuivre leurs études au-delà de l'école secondaire. Voilà une statistique qui m'a vraiment étonnée. J'ai été à la fois déçue et scandalisée d'apprendre que 95 p. 100 des étudiants handicapés ne sont pas encouragés à poursuivre des études à un niveau plus élevé.
Nous savons que l'accès matériel aux bâtiments est très limité dans les localités rurales. Dans les quatre collectivités sondées, 36 p. 100 des entreprises ne sont pas accessibles. Des marches qui mènent aux bureaux, des salles de toilettes inaccessibles, des environnements trop petits ou inaccessibles sont autant d'obstacles à l'emploi pour les personnes handicapées.
Lorsque nous avons demandé aux gens si le transport posait des problèmes, ils ont répondu : oui. Il est merveilleux d'avoir accès à un bus adapté aux personnes handicapées, mais le service comporte certaines lacunes. Le bus ne circule pas après 15 heures. Comme une personne a pu le dire, « Si je trouve un emploi qui m'oblige à être au travail après 15 heures, je dois prendre un taxi pour aller à la maison. Les taxis coûtent cher. » Une autre a affirmé : « Si c'est impossible pour moi d'entrer dans le bâtiment, à quoi bon avoir accès au transport? »
Les autorités fédérales, provinciales et peut-être même municipales devraient adopter des programmes d'aide financière énergiques pour aider les entreprises rurales à rendre leur lieu de travail accessible aux personnes handicapées. Les administrations en question doivent adopter une formation de sensibilisation aux déficiences à l'intention des employeurs, car l'attitude des gens présente le plus important obstacle aux personnes handicapées.
Nous avons examiné les pensions que reçoivent les personnes handicapées du gouvernement de l'Ontario. Chez les personnes en question, il y a un sentiment courant : les besoins financiers diminueront ou disparaîtront avant que tout service financé par le gouvernement soit comprimé.
Lorsque les responsables du Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées, le POSPH, ont réduit de façon marquée l'allocation de régime alimentaire spécial, cela a eu un effet incroyable sur les personnes handicapées. Par exemple, sur la recommandation de son médecin, une femme a incorporé davantage de noix à son régime alimentaire de manière à réduire son anémie et à accroître son niveau d'énergie. Cependant, comme le programme avait été réduit, elle n'avait pas les moyens d'acheter les noix. On le sait bien : « on peut manger mal à vil prix, mais pour bien manger, il faut un budget bien garni. Si elle ne peut manger les noix en question parce qu'elles sont hors de prix, sa santé se détériore, et elle est forcée de consulter son médecin plus souvent. Il est arrivé que des personnes handicapées soient hospitalisées en raison des réductions touchant le POSPH, ce qui représente un fardeau plus lourd pour votre réseau de la santé.
Il y a un autre usage qui semble être courant au Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées, dans les cas où des fonds sont disponibles : il faut que la personne sache que le service existe et qu'elle présente une demande. Si elle ne demande pas de l'aide, l'information n'est pas donnée pour qu'elle soit au courant.
Nous avons connu de première main des cas où une personne handicapée n'arrivait pas à se nourrir convenablement, faute de fonds. Nous gardons des repas surgelés au congélateur en tout temps. Souvent, très souvent, les personnes handicapées qui arrivent à notre centre sont visiblement en détresse. Nous les invitons à entrer chez nous et nous leur offrons un repas. Pendant qu'elles mangent, je prends l'occasion de m'asseoir avec elles et de leur demander à quel moment remonte leur dernier repas. Souvent, les gens répondent que c'était la veille au matin. On n'a pas à s'étonner de leur degré d'anxiété : leur glycémie est extrêmement basse, ce qui est dangereux.
Même le financement de base que nous recevons du gouvernement fédéral pour faire fonctionner notre centre ne nous permet pas d'acheter toujours des aliments. Nous devons organiser des activités de financement pour lesquelles il n'est pas nécessaire d'avoir un permis. Ainsi, nous organisons des bazars ou des ventes de garage afin de pouvoir acheter de la nourriture pour ceux qui en manquent.
Il y a dans la collectivité des banques alimentaires qui sont une bénédiction pour bon nombre de personnes. Par contre, les banques alimentaires n'arrivent pas à fonctionner durant les mois de l'été. Or, les personnes handicapées dépendent des banques alimentaires pour boucler les fins de mois.
Notre centre compte plus de 500 membres. La plupart sont des personnes handicapées qui vivent grâce à un revenu fixe et faible, revenu qui n'a pas augmenté depuis neuf ans.
Il y a six ans, nous avons aboli les droits que nous demandions. Il était injuste et irréaliste de demander à des gens de choisir entre acheter un pain ou acquitter des droits. Ils n'ont tout simplement pas les fonds voulus pour faire les deux.
Nos recommandations consistent à réduire la pauvreté chez les personnes handicapées et à leur permettre de s'asseoir à la table avec tout le monde; à remettre en place l'allocation de régime alimentaire spécial; à accroître le champ d'application du programme en question; à prévoir une indemnité de vie chère; et à sensibiliser les employeurs aux qualités des personnes handicapées. À notre avis, ce serait là un bon point de départ.
Je tiens à vous remercier encore une fois de m'avoir permis de venir ici aujourd'hui.
Elizabeth Latos, à titre personnel : Je ne sais pas par où commencer. Il semble que nous prêtions beaucoup d'attention à la santé et au bien-être des gens dans le secteur. Sans aucun doute, c'est une chose qui devrait être offerte à tous les Canadiens.
J'ai essayé de trouver certaines solutions au problème qui existe. Nous avons tendance à nous en tenir à l'industrie forestière, qui emploie le plus de gens chez nous; nous ne vérifions pas les occasions qui se présentent par ailleurs.
On parle trop de tourisme; le tourisme n'est pas très rentable. À mon avis, il nous manque des produits à valeur ajoutée et des produits forestiers non ligneux. Nous devrions pouvoir produire des fenêtres, des portes, des guitares et je ne sais quoi encore. Ces produits-là sont liés à tout le reste qui se trouve dans le bois. Le bois permet de fabriquer un si grand nombre de remèdes. Il y a ce qu'on pourrait appeler l'artisanat de brousse, soit les décorations élaborées à partir de ce qui est pris en milieu sauvage. Il y a la cueillette des petits fruits, bien entendu, des champignons et de nombreux, nombreux autres produits.
La trappe, soit la récolte gérable et écologiquement viable des animaux, est un des produits en question. Un des facteurs qu'il nous faudrait prendre en considération, c'est que tout le Canada est divisé en secteurs de trappe. Il y a là une possibilité de travail indépendant pour les gens qui aimeraient un supplément de revenu. Le seul hic, c'est qu'à cause de Greenpeace et des adorateurs d'arbres, nous n'y voyons pas une ressource renouvelable, biodégradable et écologiquement viable, une ressource naturelle. Nous cherchons les manteaux de plastique et autres produits qui nuisent à l'environnement.
La première proposition que je ferais, c'est que le gouvernement s'adonne à la promotion de la trappe. En ce moment, la seule promotion dont nous bénéficions, c'est celle de l'Institut de la fourrure du Canada, qui n'a pas beaucoup d'argent. Il y a bien la promotion faite par les trappeurs par l'entremise de nos associations, mais celles-ci n'ont pas suffisamment d'argent, car les droits qu'elles exigent sont leurs seules sources de fonds.
Je pourrais continuer en parlant des produits forestiers non ligneux, avec chacun des produits du genre, mais cela n'a pas de sens. Ce n'était qu'un exemple.
J'ai entendu aujourd'hui qu'il serait possible de produire localement des légumes, certains fruits, des viandes et d'autres denrées agricoles. Pourquoi ne pas subventionner ces gens? Pourquoi importer des tomates de Californie si nous sommes capables d'en cultiver ici? Peut-être que les cultivateurs locaux pourraient recevoir des fonds du gouvernement, afin de pouvoir gagner leur vie grâce aux denrées qu'ils produisent.
Le transport est un problème dans le Nord de l'Ontario, et je vous recommande de jeter un coup d'œil au train : nous n'avons qu'une ligne. Je crois qu'il devrait y en avoir deux, comme c'est le cas aussi pour la route. Si nous avions une deuxième route, les gens seraient probablement plus nombreux à passer par chez nous. Autre chose que j'aimerais vraiment voir : que le gouvernement investisse de l'argent dans la recherche, surtout la recherche sur les produits forestiers non ligneux, et ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
Nous ne savons pas quelle quantité de biomasse nous pouvons prélever dans les forêts, non seulement du point de vue forestier, mais aussi du point de vue agricole. Nous croyons pouvoir produire toutes sortes de biocarburants, de bioénergies grâce à la forêt. Il y a tant de choses dans les forêts qui doivent y demeurer. Par exemple, les débris sont absolument nécessaires pour préserver l'habitat de la martre. Si nous n'effectuons pas de recherche, nous allons détruire l'habitat des animaux qui se trouvent là en ce moment et nous ne saurons même pas que nous sommes en train de le détruire.
Pourquoi ne pas envoyer ici des gens qui connaissent les forêts pour qu'ils puissent y réaliser des projets de recherche et de développement; sinon, toutes les solutions proviendront probablement du Sud. La plupart de ces solutions ne fonctionnent pas pour nous.
Autre question : les gens des Premières nations sont les plus pauvres du secteur. Ils sont tellement pauvres. On ne peut simplement les oublier. C'est vraiment incroyable. Autant que je sache, ils ne veulent pas de cadeau. Ils veulent seulement le respect, des occasions et peut-être de l'information, du leadership, peut-être une forme quelconque d'aide financière ou atypique, mais pas d'aide officielle. Ils ont besoin que quelqu'un aille les voir. C'est ce que vous pouvez faire. Peut-être pouvons-nous établir une sorte de plan et faire quelque chose pour eux. Ils font des tas de choses par eux-mêmes, mais, à mon avis, plutôt que de voir les membres des Premières nations comme un problème pour le reste du Canada, nous devrions peut-être essayer de travailler avec eux.
J'ai une maison ici. Je touche un faible revenu, mais je n'ai pas l'impression d'être pauvre dans ce secteur. Les gens qui ont une maison et qui se plaignent du fait que sa valeur est faible, bien sûr, ils ont un bon point à faire valoir, mais, encore une fois, il y a un si grand nombre de gens qui n'ont même pas les moyens de se payer un appartement. Il est peut-être possible financièrement que ces familles pauvres, à faible revenu, achètent une maison et demeurent ici, et qu'ils maintiennent leur maison.
Une très bonne idée, par exemple, consisterait à raccorder ces maisons au réseau d'égout. Nous essayons de préserver l'environnement. Aucune personne à faible revenu n'envisagera de se raccorder aux égouts : les frais sont extraordinairement élevés. Tous les déchets des ménages s'en vont directement dans l'environnement. Voilà donc une idée, peut-être.
Autre chose : à une certaine époque, les gens pouvaient se prévaloir de la déduction fiscale pour le Nord de l'Ontario. Le coût du chauffage est énorme; il faut périodiquement composer avec trois, cinq, dix pieds de neige. Il y a peut-être donc là une autre idée. Je sais que le centre pour personnes handicapées de Patricia a déjà eu un programme d'aide au chauffage. Le programme existait grâce à des dons; il est simplement disparu après quelques années parce qu'il n'y avait pas assez d'argent. Le coût du chauffage des maisons ici est extraordinairement élevé.
Je vais vous parler de santé, pas de l'histoire du gars qui se coupe le petit doigt et se dirige immédiatement vers l'urgence... dans le secteur, il me faut attendre un mois avant de pouvoir voir mon médecin. Mon médecin m'a dirigé vers un spécialiste, que je peux aller consulter à Timmins. Je peux voir ce spécialiste tous les deux ou trois ans. Mon état a changé, et les résultats de mes tests sont périmés; il faut donc prendre un autre rendez-vous avec mon médecin pour être dirigé vers le prochain spécialiste, et c'est une roue qui tourne et qui tourne. Après 20 ans, mes soins quotidiens évoluent, et il faut que je recommence à neuf encore une fois. Dans le secteur, vous ne pouvez stabiliser votre santé quotidienne.
Dans notre secteur, il y a des forêts, et les sociétés forestières ont des permis d'exploitation durables. Cela veut dire que c'est la société forestière et non pas Ressources naturelles Canada qui décide de l'usage qui sera fait du bois et des ressources de la forêt. Les permis d'exploitation forestière durables changent sans cesse dans la brousse. Si les gens ont besoin d'un bois particulier dans un secteur particulier, ils ne se soucient pas des autres, et surtout pas des personnes qui vivent des produits non ligneux. La plupart des responsables proviennent de Bay Street ou de Wall Street. Ils ne comprennent pas les gens de l'endroit. Ils ne comprennent pas nos besoins. Ils n'y pourvoient pas. Ils sont là simplement pour faire de l'argent en exploitant la source la plus facile. Ils vendent du bois brut et ils vendent du papier. Ce ne sont pas des produits à valeur ajoutée. Le moment est peut-être venu qu'ils paient un petit peu, qu'ils versent peut-être 1 p. 100 ou 5 p. 100 de leurs profits à la collectivité ou qu'ils conçoivent des programmes pour la fabrication de produits du bois à valeur ajoutée.
Je suis déçu par l'évolution actuelle de notre économie : le prix de tout monte et monte et monte. Je ne parle pas de trucs de fantaisie. J'adorerais cela qu'une entreprise nous propose des aliments ordinaires qu'on pourrait appeler « aliments de fantaisie » en raison de l'emballage. Il faut que tout soit carré ou de la même forme pour être vendu. Peut- être que ces entreprises pourraient fabriquer des produits semblables, de la même qualité, sans l'emballage de fantaisie. De cette façon, les pauvres pourraient acheter les aliments de qualité à un prix réduit. Les gens ne devraient pas avoir à manger des aliments de moindre qualité. Les aliments pourraient être vendus dans des contenants plus gros; il ne devrait pas y avoir d'aliments offerts en portion unique. Ils pourraient vendre les aliments en question moins cher que les aliments de fantaisie. De cette façon, les gens auraient les moyens de se payer une bonne nourriture.
Voilà une chose que je ne comprends pas et j'aimerais bien que quelqu'un me l'explique : comment se fait-il que nous produisions tant de nourriture, que nous jetions aux poubelles tant de nourriture, alors qu'il y a un si grand nombre de personnes qui meurent de faim. Je ne comprends pas ça du tout.
Marek Latos, trappeur, à titre personnel : J'ai entendu aujourd'hui beaucoup de plaintes, j'en entends tous les jours : nous devrions avoir ceci, nous devrions avoir cela, nous devrions avoir autre chose encore. Mais d'où cela viendra-t-il? C'est l'économie qui décide de tout. L'économie est fondée sur nos ressources et sur la manière dont nous utilisons ces ressources.
Quels genres de ressources avons-nous ici, dans le Nord de l'Ontario? Nous disons que la forêt représente un genre de ressources, les moustiques, les mouches noires, le gel, le véritable gel. Dernièrement, il y a eu des ours noirs, quelques orignaux et du poisson. Ce sont les seules ressources que nous avons ici.
Pour gérer ces ressources, il faut une direction. Il nous faut des gestionnaires. J'ai entendu dire aujourd'hui, au début de la réunion, qu'il nous faut des leaders. Nous avons un très bon leader en Ontario. Le premier ministre a dirigé les destinées de notre province. Le jour où son mandat s'est terminé, il est devenu membre du conseil d'administration de Tembec. Comment faire confiance à un tel leader? Pourquoi a-t-il quitté à la fin de son mandat? Il a quitté parce qu'il n'y avait plus de bois dans la brousse. La forêt fait environ un million d'hectares, dont 80 p. 100 ont été coupés au cours des 20 dernières années; de cela, 50 p. 100 ont été coupés au cours des 10 dernières années.
Il y a un an, on a présenté un exposé sur l'effondrement de cette industrie. Le ministre des Ressources naturelles a affirmé que c'était en raison du trop jeune âge de notre brousse. Pourquoi si jeune? C'est parce qu'il n'y a pas eu de gestion responsable. Nous entendons dire qu'il nous faut des emplois. Oui, ils ont créé des emplois si rapidement qu'ils ont détruit nos ressources sans même que ce soit pour l'argent, car l'argent est parti, c'est la grande entreprise qui prend l'argent.
Comment notre forêt est-elle gérée? Elle est gérée par des sociétés forestières, par celles qui coupent du bois, par les bûcherons. Ces gens-là ne souhaitent pas gérer une autre ressource dans la brousse. Cela vaut pour la majeure partie de la gestion des forêts en Ontario. Je peux seulement comparer. En Suède et en Finlande, la population d'orignaux par secteur est au moins 10 fois plus élevée. Quand je suis venu ici et que j'ai commencé à trapper, je prenais 125 martres en deux ou trois semaines. C'était notre ressource. Maintenant, je récolte cinq martres en un an. Pourquoi? Le nombre de martres que nous prenons est si faible parce que la forêt ancienne est disparue. Nos forêts sont jeunes. Alors, que dire de notre avenir? Nous n'avons plus de brousse, plus de forêt, plus d'exploitation forestière.
Au cours des deux dernières années, Tembec a acheté toutes les scieries qui se trouvaient dans le coin. Les gens disent qu'ils ont acheté les scieries. Non. Ils ont acheté des permis pour récolter le bois. Ils ont acheté les scieries, puis, le lendemain, ils ont fermé les scieries, mais ils ont conservé les permis. Cela a donné lieu à une querelle parce qu'il y avait des gens qui perdaient de l'argent. Ils ont constaté que Tembec envoyait le bois au Québec, mais le président de Tembec, en réponse, a offert le commentaire suivant : « Je m'excuse, mais ce bois m'appartient. » Qu'est-ce qu'il nous reste en tant que résidents si rien ne nous appartient?
Quelles sont les rares ressources qui restent et comment pouvons-nous les utiliser? La chasse, la pêche et la trappe procurent des millions et des millions de dollars en revenu à la province. On peut le voir à l'encan de North Bay, en comptant le nombre de pelleteries que vend la province.
Notre forêt a été détruite. Les habitats ont été détruits. Qui gère notre faune? Ce sont des fanatiques des animaux qui gèrent notre faune depuis Toronto. Par exemple, ils ont fait cesser la chasse à l'ours, qui représente une bonne somme d'argent pour les responsables de pourvoiries avec la venue des chasseurs américains; ceux-là faisaient venir de l'argent dans notre province. La chasse printanière à l'ours est annulée parce que ces gens-là adorent les ours. Ils ont eu une si belle expérience avec leur nounours, pendant l'enfance. De même, au cours des 20 dernières années, par accident, il y a eu une femelle qui a été tuée par balles. La chasse printanière était sélective : seul le mâle était ciblé, lui qui est le plus important prédateur des oursons, car l'ours est cannibale. L'an dernier, à Timmins, les policiers ont tué 28 ours devenus une nuisance à la périphérie de la ville, mais la chasse printanière à l'ours est interdite. Est-ce que cela a du sens? Non.
La même chose s'applique au loup. Il y a un gars en ville qui fait venir peut-être 20 chasseurs ou plus des États-Unis. Ce gars-là vient chez nous. Les adorateurs des animaux essaient de dépeindre le loup comme étant un animal qui est digne d'être aimé, mais les animaux n'ont pas besoin d'amour, ils ont besoin de respect et de gestion. De même, je crois que nous préférons le respect plutôt que l'amour.
J'ai entendu dire qu'il n'y avait pas de médecins ici. Je connais un médecin. Il est venu dans notre ville pour se joindre à notre club de tir : il adorait le tir sur cible. C'était très sérieux de sa part, il voulait commencer à chasser, jusqu'au moment où notre gouvernement a adopté l'enregistrement des armes à feu longues. Si je souhaite aller m'exercer au champ de tir, il me faut un permis spécial pour transporter mon arme jusque là. Je suis traité comme un criminel. Quel genre de personne pouvons-nous nous attendre à avoir, qui voudrait venir ici comme ce médecin? Il adorait la chasse et le tir. Le reste, ce sont mouches noires, moustiques et gel. Les gens voulaient savoir de quel genre de médecin il peut s'agir s'il possède une arme à feu. Où est le problème? Il n'y a pas de problème. Le problème, c'est l'hystérie anti-armes à feu. Il y a un revendeur de drogue à Toronto qui a tiré sur un autre vendeur de drogue qui, lui, était trop lent. Nous sommes accusés ici du fait d'utiliser des armes pour pratiquer la chasse et le tir sur cible.
Ces gens-là gèrent votre vie, notre faune et notre mode de vie. Pouvons-nous nous attendre à ce que le médecin reste ici? Non. Il restera ici une année ou un hiver. Nous serions heureux qu'il reste un seul hiver. Il s'en ira. Il doit aimer le pays. Il ne peut changer le pays.
J'entends dire que nous devrions faire la promotion du tourisme. Je connais toutes les personnes qui évoluent dans le domaine du tourisme. Nous avons une industrie touristique. Elle fonctionne dans un seul sens : 80 p. 100 de nos personnes âgées se rendent en Floride chaque hiver. Les gens ne viennent pas ici en tant que touristes.
Quelle est la solution? Il est facile de se plaindre. La solution, c'est d'avoir des gestionnaires qui montrent la voie et font avancer nos collectivités dans la bonne direction. Il nous faut des gestionnaires sages, intelligents, qui seront payés une fois leur mandat achevé, au moment où nous pourrons voir ce qu'ils ont accompli. Nous les paierons à ce moment- là et pas avant.
Je vais terminer en vous racontant une histoire. C'est l'histoire de Patricia. Deux Américains s'en viennent pêcher au Canada. Ils louent une cabine en échange de 1 000 $ pour la semaine. Ils versent 500 $ pour le bateau. Ils paient l'essence pour le trajet entre ici et le Montana, aller-retour. Ils viennent ici et attrapent un seul poisson. Ils s'en retournent chez eux, et George dit : « John, nous avons dépensé là une belle somme, une belle somme d'argent. Ce seul et unique poisson canadien nous a coûté plus de 3 000 $. John réplique : « Nous sommes chanceux d'en voir pris seulement un. »
Le sénateur Mahovlich : Vous avez parlé des martres. Est-ce que leur nombre diminue? Elles doivent s'en aller vers le sud. J'ai vu cinq martres à mon chalet la semaine dernière. Y a-t-il beaucoup de martres dans le secteur?
M. Latos : Les martres ont besoin d'une forêt ancienne. Tous les animaux ont besoin d'un habitat spécifique. Il faut aux martres un habitat de prédilection et non pas un habitat marginal près de votre chalet. La martre a besoin de l'habitat pour se reproduire et élever ses petits.
La biologie de la martre est très spécifique. La martre est extrêmement territoriale. La femelle qui est en train d'élever les petits a un instinct maternel, mais, à l'automne, son instinct territorial gagne en importance et, lorsqu'elle est prête, si les petits ne quittent pas son territoire, elle les tuera. C'est sa façon de survivre. Il nous faut comprendre la nature. Il n'y a pas de pitié, pas de sentiment. Les jeunes doivent aller ailleurs trouver leur domaine vital. Où est leur domaine vital? Où est la forêt ancienne? Pour les petits, les animaux sauvages, mortalité et reproduction se valent. C'est la première règle dans la nature s'il n'y a plus de marge pour que la population augmente. Le potentiel de reproduction de tous les animaux s'articule autour de la sélection naturelle et de l'évolution; c'est de cette façon qu'ils demeurent en vie. Ils ont un potentiel de reproduction énorme, un potentiel pour créer une diversité génétique extraordinaire, et seuls les plus aptes survivent et existent dans l'environnement
L'environnement de l'habitat n'est pas stable; il change sans cesse. Les animaux ont donc un énorme potentiel de reproduction. Statistiquement, prenez un seul arbre et vous verrez qu'il dépose des millions et des millions de graines et, une fois tous les cent ans, il y en a une qui survit si l'arbre vit 100 ans.
Les martres ont besoin d'une forêt ancienne. Les plans d'aménagement forestier étaient mal faits; ils n'établissaient pas les aires de base de l'habitat de la martre. Les plans laissaient 10 p. 100 de la brousse en tant qu'habitat de prédilection des martres. La martre a été choisie comme sujet d'étude pour ce qu'elle incarne bien : si la martre y est, ça veut dire que la forêt est ancienne et suffisamment peuplée. C'est la meilleure représentation possible de la forêt ancienne.
Nous sommes allés vérifier avec Elizabeth. Nous avons reçu une subvention du MRN au moment où nous nous sommes plaints; nous avons donc consacré une somme d'argent à cela. Nous avons vérifié les conditions dans la région, en le marquant sur une carte. Sur la carte, c'est joli, il y a des couleurs vives et un si grand nombre d'hectares. Nous y sommes allés. Les martres ont besoin d'arbres qui font au moins 20 mètres, de tant de débris de bois, de tel mélange d'arbres et ainsi de suite. Aucun des habitats en question ne répondait à cette exigence ne serait-ce qu'à 5 p. 100. Les arbres faisaient huit mètres et non pas 20 mètres.
Qui a préparé les plans d'aménagement forestier? Les sociétés forestières préparent les plans et gèrent la martre. Ils ne s'intéressent pas du tout à la martre. Ils ont géré l'orignal et ils ne s'intéressent pas du tout à l'orignal.
Les orignaux aiment la brousse et les haies. Dans les lignes directrices sur la gestion des orignaux, la recommandation dit qu'une coupe à blanc ne doit pas dépasser 260 hectares, et laissant 200 mètres de brousse. Dans notre secteur, tous les ans, il y a plus de 10 000 hectares qui sont coupés à blanc. Notre population d'orignaux baisse en raison du manque d'habitats, d'herbicides qui tuent leur nourriture, en plus de l'absence de protection contre les ours. L'ours est le plus gros prédateur du petit de l'original, le plus gros. Il tue des orignaux davantage que le loup. Nous n'avons plus d'emprise sur les prédateurs à cause des adorateurs d'animaux qui n'ont jamais même pensé à l'orignal.
Le sénateur Mahovlich : Patricia, croyez-vous que le code du bâtiment pour les personnes handicapées pose des problèmes?
Mme Simone : Le code du bâtiment représente un minimum vital et il s'applique généralement aux constructions nouvelles, et non pas aux rénovations.
Ce que nous constatons dans les petites localités éloignées comme Kapuskasing, c'est que les entreprises peuvent effectuer des rénovations à l'entrée du bâtiment. On en est à ce point-là; nous aimerions qu'elles fassent les aménagement nécessaires pour que ce soit accessible et qu'elles éliminent l'escalier. Toutefois, nous n'avons pas le code du bâtiment pour faire respecter cela.
Le sénateur Mahovlich : Est-ce qu'ils y installent une salle de toilette?
Mme Simone : Oui, si c'est une nouvelle construction.
Le sénateur Mahovlich : Pas les vieilles constructions ni les travaux de modernisation.
Mme Simone : Pas les vieilles constructions ni la modernisation ni les petites rénovations. Si je comprends bien, dans la mesure où la rénovation touche la majeure partie du bâtiment, il le faut, mais si ce sont de petites rénovations, c'est non.
Il y a des dizaines d'années de cela, à l'époque où les bâtiments étaient construits, les rues n'étaient pas asphaltées. Comme elles n'étaient pas asphaltées, les bâtiments étaient construits à une certaine distance du sol, pour éviter que la boue puisse y pénétrer. C'est pourquoi il y a des escaliers qui mènent à bon nombre de ces vieux bâtiments. Nous savons pourquoi les escaliers sont là. Nous aimerions que les escaliers soient éliminés au moment des rénovations. C'est à ce moment-là qui leur faut installer des portes accessibles, des portes automatiques.
Le sénateur Callbeck : Patricia, vous avez parlé du financement de base. Avez-vous dit qu'il provenait du gouvernement fédéral?
Mme Simone : Oui. Nous obtenons le financement de base de RHDSC.
Le sénateur Callbeck : Quel pourcentage de votre budget global cela représente-t-il?
Mme Simone : Cela représente environ le cinquième de mon budget.
Le sénateur Callbeck : Vous avez mentionné que vous organisez des activités de financement.
Mme Simone : Nous recevons un financement du ministère de la Santé pour organiser un service d'accompagnement. Nous recevons de RHDSC des fonds pour notre programme de base. À l'heure actuelle, nous sommes financés par la Fondation Trillium de l'Ontario pour l'instauration d'un programme de bénévolat. Les bailleurs de fonds en question ne nous permettront pas d'acheter de la nourriture ni même une tasse de café ou un bol de soupe, de sorte que nous organisons des ventes de garage et des ventes d'artisanat afin de pouvoir acheter de la nourriture. Même si j'obtenais à la municipalité le permis voulu pour organiser un bingo ou un bazar, car il faut un permis, je n'ai pas le droit d'utiliser l'argent en question pour acheter de la nourriture. Il faut que ce soit une chose qui n'exige pas de permis.
Le sénateur Callbeck : Vous avez parlé de l'idée d'aider les entreprises à changer d'attitude. Je crois que vous avez dit que l'employeur voit la déficience. Comment faire pour modifier cette façon de penser?
Mme Simone : La seule façon d'y arriver, c'est par l'éducation et l'interaction.
Le sénateur Callbeck : Avec une grande campagne comme celle que nous avons pour que les gens ne fument pas.
Mme Simone : Oui, nous pouvons exprimer le message au moyen de grandes campagnes fédérales comme celle-là. Le problème existe partout au pays. De fait, nous avons eu des échos de l'Alberta, où la demande d'employés est tellement élevée, que la province cherche maintenant à recruter des personnes handicapées. Les gens ont dit notamment que, dans le passé, les employeurs n'ont jamais considéré les personnes handicapées comme des travailleurs potentiels, mais étant donné qu'ils ont tant de difficultés à trouver des employés, ils interviewent et recrutent des personnes handicapées pour la première fois. L'idée erronée qu'ils avaient, c'est qu'une déficience s'accompagne d'une maladie. Les employeurs qui engagent une personne handicapée craignent qu'elle soit souvent malade et absente. Les employeurs se soucient de la productivité de la personne, par rapport à ce qu'il en coûte pour aménager pour elle le lieu de travail. Les employeurs en Alberta découvrent que ce n'est pas le cas. Parfois, le coût des aménagements est minimal. Une campagne nationale visant à vraiment, mais vraiment sensibiliser les gens serait une bonne idée.
Notre centre envisage d'organiser une foire d'un jour sur la santé, pour que nous puissions donner des informations aux employeurs, dissiper certaines idées erronées et assurer aux gens que le fait d'engager une personne handicapée ne suppose pas de dépenses supplémentaires.
Le sénateur Callbeck : Je suis d'accord et je vous souhaite bonne chance.
Elizabeth, je voulais vous parler du tourisme. De fait, vous avez mentionné le tourisme tous les deux. Elizabeth, vous avez dit que c'était exagéré. Quand je regarde l'information que j'ai ici devant moi, je constate que, du point de vue de l'emploi, l'hôtellerie et la restauration vient au huitième rang pour la création d'emplois.
Mme Latos : Le tourisme serait extraordinairement lucratif si nous avions les bons hôtels, la bonne nourriture, une essence dont le prix est moins élevé, des guides et tout ce qu'il faut par ailleurs pour qu'il y ait du tourisme. En ce moment, nous avons toutes sortes de restrictions. Je ne dis pas qu'il faudrait éliminer ces restrictions. Par exemple, nous n'avons pas suffisamment d'animaux et de poissons pour accroître la quantité des prises possibles.
La plupart des gens n'apprécient pas ce type de climat. Nous avons des tempêtes de neige l'hiver et quantité de moustiques et de mouches l'été; ce n'est pas l'environnement parfait pour le touriste. Le tourisme peut trouver à se loger tout juste au sud de North Bay, ce qui est plus proche et plus facile d'accès.
Les gens qui viennent ici adorent le climat, mais ils savent que les prix sont très élevés. Ils apportent de chez eux ce qui leur faut. Ils apportent leur tente et essaient de ne pas trop nous acheter de choses.
À moins de créer une sorte de programme pour l'ensemble de la province ou pour le Nord, pour que nous puissions avoir davantage de lieux ou d'activités à caractère touristique, le tourisme ne nous rapportera probablement pas beaucoup d'argent.
M. Latos : Le seul type de touristes que nous ayons ici, c'est celui qui adore la chasse et la pêche. C'est tout. Les gens viennent ici pour chasser l'orignal. La chasse à l'ours ne se fait que l'automne, au moment où l'ours est très gras et que la fourrure ne vaut rien. Seule une poignée de personnes chassent l'ours l'automne. Les touristes et les chasseurs venaient des États-Unis au printemps pour chasser l'ours. Le chasseur qui vient ici a un gros camion, une grosse remorque, tout son équipement et quelques douzaines de bidons d'essence. Il n'achète pas ces choses-là ici parce que nos prix sont trop élevés. Les pourvoyeurs les accompagnent habituellement, et ils ne prennent qu'un orignal. C'est un secteur qui rapporte très peu.
Les gens viennent pêcher. Tous les chasseurs sont des pêcheurs, mais tous les pêcheurs ne sont pas des chasseurs. Auparavant, il y avait une sorte d'activité double au printemps : les gens venaient chasser, puis ils restaient pour pêcher. Maintenant, ils ne viennent que l'automne pour chasser l'orignal. Le permis de chasse à l'orignal vaut 1 500 $. Si nous avions une bonne gestion comme en Finlande et en Suède, où la population animale est dix fois plus élevée au moins, cela serait très profitable. Plutôt que d'accorder un seul orignal à un pourvoyeur, on lui en donnerait dix, ce qui donne dix fois plus de clients.
Le même raisonnement vaut pour les loups. Nous avons des pourvoyeurs ici en ville et, maintenant, il y a des restrictions qui touchent la chasse et la trappe du loup dans le parc Algonquin. Les adorateurs d'animaux ont imposé ces restrictions. Aucun d'entre eux ne comprend le fait que, tandis qu'il augmente en nombre, le loup détruit des ressources alimentaires. Sa population doit s'effondrer, sinon on perd le contrôle.
Nous sommes méfiants. Notre activité touche toujours à la faune, et c'est notre place, cela est sûr. Je le répéterai : à mon avis, il nous faut une bonne gestion, une gestion sage et responsable.
La présidente : Patricia, je suis heureuse de vous avoir entendu parler de personnes handicapées pendant votre déclaration. Vous avez dit notamment : « Le problème, c'est que les employeurs se concentrent sur la déficience plutôt que sur la compétence. »
L'autre truc que vous avez mentionné, c'est la participation des personnes handicapées à des activités sportives. Le Canada est un des meilleurs endroits qui soient dans le monde pour les Jeux paralympiques. Je suis très engagée dans ces jeux, et la plupart des participants proviennent de petites localités, partout au pays.
Je vous appuie sans réserve et je vous encourage à aller plus loin encore, même si vous voulez nous revenir et proposer des idées sur la façon dont tout cela commence dans les petites localités. Si j'ai bien compris, qu'il s'agisse de basket-ball, de natation ou de rugby en fauteuil roulant, cela peut se faire dans les petites localités. L'important, c'est de faire en sorte que les parents et les familles voient que c'est probablement là l'une des façons les moins coûteuses et les plus judicieuses de donner aux enfants une vie décente, avec enthousiasme.
Êtes-vous lié à ces gens-là?
Je peux vous dire qu'il y a des gens qui travaillent auprès de nos athlètes, qui rapportent des médailles à la maison et jouissent de l'honneur que procure le sport compétitif, qu'ils recherchent toujours des façons d'aider les gens. Ils sont prêts à aider non pas parce que c'est une compétition, mais plutôt parce que cela leur permet de donner à des enfants l'occasion de participer, dans la mesure où il y a quelqu'un pour leur montrer comment faire.
Y a-t-il des installations ici? Y a-t-il des arénas? Y a-t-il un court de basket-ball où les jeunes peuvent apprendre ce genre de sport? Êtes-vous engagés dans ce type d'activité, ici, dans le Nord de l'Ontario?
Mme Simone : Nous faisons plus que jamais la promotion des loisirs, car nous comprenons les bienfaits que cela entraîne du point de vue de la santé. Nous cultivons des liens avec les Jeux olympiques spéciaux de l'Ontario. Nous avons éprouvé de nombreux problèmes à cet égard, faute de bénévoles.
La présidente : Est-ce que ce sont les Jeux olympiques spéciaux de l'Ontario ou les Jeux paralympiques? Il y a une différence.
Mme Simone : Je parle des Jeux olympiques spéciaux de l'Ontario. Nous ne sommes pas vraiment liés au Jeux paralympiques, et j'aimerais pouvoir nouer une meilleure relation avec les responsables.
La difficulté que nous constatons, madame Fairbairn, c'est que si les participants n'ont pas leur propre mode de transport et qu'ils doivent se fier au transport en commun, il faut savoir que celui-ci s'arrête à 15 heures. S'il y a une activité de loisir à laquelle ils souhaitent participer en soirée, ils doivent s'y rendre en fauteuil roulant. Or, nos routes sont très dangereuses. Nous avons eu des cas où une personne en fauteuil roulant s'était prise dans un nid de poule. Le fauteuil a basculé, et la personne a dû passer une semaine à l'hôpital pour s'en remettre. Les gens craignent de devoir se rendre à l'entraînement eux-mêmes.
Nous aimerions nouer de meilleurs liens avec les Jeux paralympiques. Nous voudrions que nos personnes handicapées soient davantage conscientes des mesures de soutien qui leur sont offertes.
La présidente : Je vais vous laisser ma carte.
Mme Simone : Merci.
La présidente : Y a-t-il des installations ici que les enfants peuvent utiliser?
Mme Simone : Notre salle de quilles vient de fermer ses portes, ce qui est malheureux, car nos personnes handicapées participent à ce sport. Notre aréna est entièrement accessible. Y a-t-il donc quelque chose? Oui.
Il n'y a pas de natation. La piscine n'est que partiellement accessible. La municipalité s'en occupe actuellement. C'est une très, très vieille piscine. La municipalité envisage même de remplacer cette piscine d'ici cinq ans. Il n'y a pas beaucoup d'installations sportives.
La présidente : Y a-t-il une patinoire de curling?
Mme Simone : La patinoire de curling se trouve dans l'aréna. Il est merveilleux de pouvoir dire qu'elle est accessible.
La présidente : Il est tout à fait extraordinaire pour nous de découvrir que, même si certains ne le savent pas, le curling devient un sport de compétition. Nous avons envoyé une équipe à Turin. Cela ne faisait qu'un an que les gens faisaient équipe.
Mme Simone : Ils ont décroché la médaille d'or, n'est-ce pas?
La présidente : Ils ont fini par vaincre les Britanniques et par remporter la médaille d'or. Je m'attache à cela parce que, dans la mesure où des jeunes sont témoins de ce genre de succès, cela les encourage et leur donne de l'enthousiasme. Ils peuvent dire : moi aussi, je peux faire cela.
Avant de quitter aujourd'hui, je vais vous laisser ma carte. Nous allons pouvoir nouer des liens à ce sujet.
Mme Simone : Merci beaucoup.
Le sénateur Mahovlich : Je sais que le fils de l'ancien premier ministre Jean Chrétien est très engagé dans un projet de plongée sous-marine pour personnes handicapées. Les personnes handicapées semblent attirées par ce sport. Il est très bon pour elles, car lorsqu'elles le pratiquent, elles ne se sentent pas du tout handicapées. Il est très important pour elles d'aller dans l'eau.
Mme Simone : Je suis d'accord, mais il faut prendre en considération le fait que, si vous voulez vous adonner à un sport comme celui-là, cela suppose des dépenses. Cela nous ramène à la question de savoir pourquoi il nous a fallu abolir même les droits modestes que nous exigions à notre centre. C'est que nous forcions les personnes handicapées, qui touchent un revenu fixe peu élevé, de choisir entre manger ou faire partie du centre.
En règle générale, les gens qui touchent un revenu fixe peu élevé n'auront pas les moyens de s'adonner au curling. Ils ne pourront pas acquitter les droits nécessaires pour pouvoir participer à ces sports.
Madame le sénateur Fairbairn, je ne suis pas certaine qu'il existe une subvention gouvernementale à l'intention des personnes handicapées à faible revenu, pour qu'elles participent à des activités sportives ou autres qui supposent d'acquitter des droits et de faire partie d'une association.
La présidente : Jusqu'à un certain point, et il y a le côté provincial, aussi. Le principal, c'est de lancer le projet. De toute manière, cela n'arrive pas souvent d'entendre parler de cet élément particulier que nous essayons de créer. Il a été bien d'entendre que vous avez une attitude encourageante ici à Kapuskasing.
Merci. Ce n'était pas seulement une bonne journée; ça a été une journée exceptionnelle. Il est merveilleux d'accueillir des gens à la toute fin de la séance, des gens qui viennent nous parler de leurs soucis personnels et privés, de leurs compétences et qui nous donnent de bons conseils. Nous apprécions beaucoup le fait que vous êtes venus témoigner aujourd'hui, tous les trois. Merci beaucoup. Je regarde en particulier les deux qui étaient là avant même que nous arrivions ce matin. Merci beaucoup.
Chers collègues, je vous remercie. Nous avons connu une excellente journée.
La séance est levée.