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SOCI - Comité permanent

Affaires sociales, sciences et technologie


Délibérations du comité sénatorial permanent des
Affaires sociales, des sciences et de la technologie

Fascicule 14 - Témoignages


OTTAWA, le jeudi 14 décembre 2006

Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie à qui a été renvoyé le projet de loi S-214 instituant la Semaine nationale du don de sang, se réunit aujourd'hui à 10 h 45 pour examiner le projet de loi.

Le sénateur Art Eggleton (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Chers collègues, bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie.

[Français]

Nous étudions ce matin le projet de loi S-214, Loi instituant la Semaine nationale du don de sang.

[Traduction]

Je souhaite la bienvenue aux deux témoins que nous accueillons ce matin et que je vais vous présenter. Tout d'abord, nous avons M. Steven Harding de la Société canadienne du sang. Il est directeur exécutif du marketing et des communications. Il est responsable des programmes de marketing, d'information sur le marché, des affaires publiques, des médias et de la participation des intervenants. Il est également membre fondateur du tout nouveau Conseil des directeurs du marketing du Conference Board du Canada et membre fondateur de l'International Blood Services BenchMarketing Council, organisme qui s'occupe de marketing et de fidélisation des donneurs, et qui est composé de représentants du Canada, du Royaume-Uni, des États-Unis et de l'Australie.

[Français]

Nous accueillons également M. André Roch, d'Héma-Québec.

[Traduction]

De 1991 à 1998, il travaillait pour la Croix-Rouge canadienne, occupant les postes de directeur général par intérim pour la région du Québec, directeur des services de transfusion sanguine de la Croix-Rouge, directeur des services généraux, directeur des services administratifs, directeur du marketing et il travaille pour Héma-Québec depuis sa création en 1998.

[Français]

M. Roch est aujourd'hui vice-président aux affaires publiques et au marketing à Héma-Québec.

[Traduction]

Je vous souhaite la bienvenue à tous les deux. Nous allons commencer par M. Harding.

Steve Harding, directeur exécutif des communications et du marketing, Société canadienne du sang : Merci beaucoup, monsieur le président. Honorables membres, collègues et invités, je voudrais d'abord remercier le sénateur Mercer et le sénateur Cochrane qui ont œuvré sans relâche pour faire adopter le projet de loi sur la Semaine nationale du don de sang. Je tiens à les remercier pour les efforts qu'ils ont déployés. Voilà maintenant plusieurs années que nous travaillons à ce texte législatif et à cette cause méritoire. Merci d'avoir contribué à faire de la Semaine nationale du don de sang une réalité.

Depuis sa création, la Société canadienne du sang, tout comme son pendant Héma-Québec, a réussi à rétablir la confiance de la population. Nous avons également travaillé très fort pour faire avancer la médecine transfusionnelle et pour que la Société canadienne du sang et Héma-Québec se classent parmi les systèmes d'approvisionnement en sang les plus sûrs du monde. En tant que Canadiens, nous pouvons tous en être fiers.

Cependant, nous sommes ici aujourd'hui parce que nous devons faire plus encore. Nous avons besoin de votre appui pour soutenir notre projet.

Au Canada, chaque année, des centaines de milliers de personnes reçoivent des composants ou des produits sanguins après un accident, au cours d'une intervention chirurgicale ou lors du traitement du cancer, de brûlures ou d'hémopathies.

Afin de placer les choses en contexte, permettez-moi de préciser que plus de 50 p. 100 des Canadiens ont besoin de transfusion sanguine, pour eux-mêmes ou pour un membre de leur famille, au cours de l'existence, alors que moins de 4 p. 100 de l'ensemble de la population canadienne donne du sang. Pour nous, c'est la dure réalité. Maintenant que nous disposons d'un système d'approvisionnement en sang sûr, nous devons redoubler d'efforts pour recruter de nouveaux donneurs de sang.

Dans une pièce où se trouvent 100 personnes, 50 ont déjà eu ou auront besoin de sang ou de produits sanguins pour eux-mêmes ou pour un membre de leur famille. Pourtant, seulement quatre personnes réunies dans cette pièce sont des donneurs de sang. Nous devons remédier à cette anomalie au Canada et c'est la raison pour laquelle nous avons besoin aujourd'hui de votre aide.

En coulisse, des donneurs et des bénévoles dévoués offrent du sang, du plasma, des plaquettes et de la moelle osseuse pour aider leurs concitoyens à retrouver santé et vitalité. Tous donnent de plein gré, volontairement, sans s'attendre à une rémunération. Le système de collecte de sang au Canada est essentiellement bénévole et c'est cette dimension que nous voulons renforcer et utiliser comme force principale.

Quand nous demandons aux Canadiens les raisons qui les motivent, ils nous racontent des incidents qu'ils ont vécus, ils nous disent qu'ils ont connu personnellement quelqu'un qui a eu besoin d'une transfusion sanguine. Ils expliquent qu'ils trouvent normal de donner leur sang, parce qu'ils veulent faire leur part pour la communauté. Leur geste a une incidence tangible et peut sauver des vies. Les raisons avancées sont toutes positives et altruistes, mais nous devons mieux faire connaître la cause. Une fois que les gens ont pris conscience du besoin, il est facile de les inviter à faire un don de sang et ils relèvent souvent le défi. La prise de conscience est vraiment essentielle.

Au cours de l'année écoulé, les donneurs ont fait plus de 870 000 dons de sang total, 30 000 dons de plaquettes, 52 000 dons par aphérèse et offert plus de 280 000 heures de bénévolat. Il s'agit là d'un record absolument exceptionnel qui témoigne de la nature altruiste des Canadiennes et Canadiens et que nous voulons souligner et célébrer dans le projet de loi.

Il s'agit d'un engagement énorme qui, vous en conviendrez, mérite d'être souligné par le Sénat du Canada grâce à l'instauration de la Semaine nationale du don de sang. Le projet de loi nous permettra d'attirer l'attention sur les dons de sang bénévoles au Canada et d'attirer de nouveaux donneurs.

De plus, le projet de loi fera beaucoup pour sensibiliser la population à l'importance d'approvisionner constamment en sang, en plasma et en plaquettes les 742 hôpitaux du pays desservis par la Société canadienne du sang.

Je vais maintenant vous présenter quelques faits qui vont vous permettre de replacer ce besoin en contexte. En moyenne, chaque minute de la journée, quelqu'un au Canada a besoin de sang ou de produits sanguins.

Pour une seule transplantation du foie, il faut disposer de 100 unités de sang. Par conséquent, il faut faire appel à 100 donneurs pour obtenir les produits sanguins nécessaires à une telle opération. Le sang provient uniquement des donneurs. Il n'y a aucune autre façon de fournir du sang aux hôpitaux. On ne peut pas fabriquer le sang à partir d'éléments artificiels. Le sang est fabriqué uniquement par des humains comme vous et moi. Voilà le message que nous voulons diffuser.

Cette année, nous devons recueillir plus de 880 000 unités de sang total afin de répondre à la demande croissante de produits sanguins au Canada.

En raison de la durée limitée de conservation des produits sanguins, les systèmes de collecte et de distribution du sang doivent disposer d'un approvisionnement continu. Beaucoup de Canadiens pensent que nous pouvons faire des réserves de sang. Or, le sang a une durée de conservation limitée. La durée de conservation du sang n'est que de 42 jours et celle des plaquettes de cinq jours seulement. Passé ce délai, nous devons éliminer ces produits sanguins. Beaucoup de gens ignorent cela et nombreux sont les Canadiens qui pensent avoir fait leur part puisqu'ils ont donné leur sang une fois il y a cinq ans. En fait, nous souhaiterions que les donneurs reviennent au bout de quelques mois. On peut donner du sang tous les 56 jours. Dans notre campagne de sensibilisation au don de sang, il est important de faire savoir que le besoin est permanent.

Il faut également reconstituer le bassin de donneurs. Actuellement, plus de 40 p. 100 de nos donneurs ont entre 40 et 60 ans. La génération de l'après-guerre a eu 60 ans cette année. Dans dix ans, les membres de cette génération auront 70 ans et tout le défi pour nous sera de recruter la prochaine génération de donneurs de sang et d'encourager les jeunes à suivre les pas de la génération d'après-guerre qui a tant donné au pays.

En chiffres absolus, nous devons recruter 80 000 nouveaux donneurs chaque année. Il faut que 80 000 nouveaux donneurs relèvent le défi chaque année et s'engagent à donner du sang.

Voilà quelques-unes des raisons pour lesquelles le projet de loi sur la Semaine nationale du don de sang aura une grande incidence sur les systèmes d'approvisionnement en sang au Canada et voilà pourquoi nous avons besoin de votre aide et de votre appui.

Le projet de loi revêt une importance particulière cette année, puisque le Canada a été pressenti par l'Organisation mondiale de la santé pour accueillir les célébrations de la Journée mondiale du don de sang en 2007. C'est un grand donneur pour le Canada et le projet de loi nous permettra de renforcer la place du Canada sur la scène mondiale et de remercier les donneurs de sang bénévoles du pays.

La participation à ce forum international sensibilisera également les communautés ethniques afin que nous puissions attirer un plus grand nombre de donneurs de ces communautés et équilibrer notre bassin de donneurs. Il faut en effet que notre bassin de donneurs soit plus représentatif de la population canadienne qui continue à se diversifier.

Encore une fois, au nom de la Société canadienne du sang, je vous remercie d'appuyer cette cause vitale. Nos donneurs et bénévoles constituent l'artère nourricière de nos collectivités. Ce sont les héros tranquilles du Canada.

Merci pour ce projet de loi en faveur du don de sang au Canada.

[Français]

André Roch, vice-président aux affaires publiques et au marketing, Héma-Québec : Monsieur le président, j'aimerais d'abord vous remercier de nous accueillir aujourd'hui et de permettre à Héma-Québec de vous présenter son point de vue sur l'institution de la Semaine nationale du don de sang.

Vous me permettrez de souligner de façon toute particulière l'enthousiasme du sénateur Mercer et de madame le sénateur Cochrane qui, dès le début de nos pourparlers avec la Société canadienne du sang, ont endossé l'idée de dédier une semaine en l'honneur des donneurs de sang du Canada.

À chaque jour, à tout instant, dans le monde entier, des personnes de tout âge et de toute condition ont besoin d'une transfusion sanguine pour survivre ou améliorer leur qualité de vie. Malheureusement, tous les pays n'ont pas cette chance qu'a le Canada d'avoir l'approvisionnement sanguin dont ils ont besoin. Cette chance, nous la devons à nos concitoyens et concitoyennes, qui oeuvrent à la cause du don de sang.

Pour leur rendre hommage, Héma-Québec et la Société canadienne du sang ont recommandé que le Parlement du Canada déclarent la deuxième semaine de juin comment étant la Semaine nationale du don de sang, coïncidant avec la Journée mondiale du don de sang.

La proclamation et la tenue de cette semaine permettra de faire reconnaître le don de sang, de plasma, de plaquettes et de moelle osseuse comme un devoir civique. Cette semaine dédiée nous procurera aussi une visibilité accrue auprès de la population, pour souligner l'importance du geste aujourd'hui et la nécessité de bâtir la relève de demain.

En opération depuis le 28 septembre 1998, Héma-Québec est l'entreprise responsable de l'approvisionnement suffisant en composants et substituts sanguins, en tissus humains et en cellules souches de qualité optimale pour répondre aux besoins de la population du Québec. Pour remplir sa mission vitale, Héma-Québec doit quotidiennement prélever en moyenne 1 000 dons. Annuellement, plus de 400 000 produits sanguins sont livrés aux hôpitaux du Québec pour subvenir aux besoins des malades.

L'action bénévole est au cœur de l'activité d'Héma-Québec. Outre les 300 000 donneurs bénévoles, nous pouvons compter sur 16 000 personnes qui, partout au Québec, consacrent des centaines de milliers d'heures au recrutement de donneurs, à la promotion et à l'organisation des collectes de sang.

Bon an, mal an, nous organisons, avec la collaboration incontournable des partenaires de la communauté, plus de 3 000 jours de collecte de sang. Fait à noter, depuis 1998, le Québec n'a jamais connu de pénurie de produits sanguins, et ce grâce à l'altruisme et la générosité de sa population.

Afin de maintenir une réserve de sang sécuritaire et suffisante, nous multiplions les activités de sensibilisation à la cause du don de sang. Pour atteindre nos objectifs, nous devons fidéliser les acteurs actuels, les inviter à augmenter leur fréquence de don et inciter les donneurs potentiels à poser pour la première fois ce précieux geste.

Soulignons que plus de 67 p. 100 de nos donneurs de sang sont âgés de 40 ans. Dans le contexte du vieillissement de la population et des besoins constants en produits sanguins, Héma-Québec estime qu'il est primordial de préparer la relève tant chez les comités organisateurs de collecte que chez les donneurs.

En collaboration avec nos partenaires du milieu, nous intéressons les jeunes au don de sang, notamment en les impliquant dans l'organisation de collectes de sang dans les écoles, leurs cégeps et universités. Le taux de nouveaux donneurs pour ces collectes est encourageant.

Les composants sanguins issus des dons de sang sont des ressources vitales mais aussi périssables. Leur durée de conservation limitée, notamment celle des plaquettes, jumelée à la nécessité d'assurer une réserve de six jours et plus rend le défi d'approvisionnement en sang encore plus important. Grâce à la qualification rigoureuse des donneurs, aux tests modernes de dépistage faits sur toutes les poches de sang, et à l'expérience de l'équipe d'Héma-Québec, l'approvisionnement en sang est aujourd'hui des plus sûrs.

Sachant qu'à toutes les 80 secondes une personne a besoin de sang au Québec, nous avons tous, individuellement et collectivement, un rôle à jouer pour assurer aux receveurs un approvisionnement en produits sanguins suffisant. Le don de sang est un véritable engagement humanitaire, un acte de civisme et de solidarité.

Depuis quelques années, Héma-Québec profite de la Journée mondiale du don de sang, soulignée dans plus de 80 pays, pour remercier les donneurs de leur générosité et de leur altruisme. C'est également l'occasion privilégiée pour nous d'éduquer la population à cette noble cause et d'encourager les gens à devenir donneurs, si ce n'est déjà fait. Il faut constamment rappeler que les besoins en sang sont quotidiens. Donner du sang est la façon la plus simple de sauver des vies. Il s'agit d'un geste tout simplement héroïque.

Au Québec, environ 80 000 personnes bénéficient des produits sanguins. Un grand nombre de maladies et d'interventions chirurgicales nécessitent une, voire de multiples transfusions. Notre organisation doit innover et trouver différents moyens de reconnaître, valoriser et remercier les donneurs de sang actuels. Nous devons être tout aussi créatif dans les stratégies de fidélisation.

Selon nos données, seulement 3 p. 100 des personnes en âge de donner le font et 97 p. 100 ne font qu'y penser. Or, il semble que 25 p. 100 de la population admissible ait manifesté l'intention de donner du sang au cours de la prochaine année. Il faut donc convaincre cette portion de donneurs potentiels de passer à l'acte.

L'approvisionnement en sang repose entièrement sur la générosité des gens soucieux de partager la très grande richesse qu'est la santé. Nous croyons qu'il est juste de leur consacrer une semaine pour les en remercier. Nous sommes confiants que l'institution de cette Semaine du don de sang aura un impact sur une activité qui améliore directement la vie des gens, autant au Québec que dans toutes les collectivités du Canada.

Je vous remercie de votre attention et de votre appui. Il me fera maintenant plaisir de répondre à vos questions.

[Traduction]

Le président : Avant de passer aux questions, j'aimerais faire quelques remarques. Le sénateur Mercer est parmi nous aujourd'hui et je lui souhaite la bienvenue. Il remplace le sénateur Trenholme Counsell et il pourra donc voter, mais nous savons tous qu'il est ici parce que le projet de loi S-214 l'intéresse et que c'est en grande partie grâce à lui que nous examinons en ce moment ce projet de loi. Bien entendu le sénateur Cochrane s'intéresse elle aussi à ce sujet.

J'aimerais signaler également que le sénateur Munson qui est des nôtres depuis que nous avons commencé à nous pencher sur le problème de l'autisme, est désormais un membre permanent du comité. Il remplace le sénateur Carstairs. Comme vous le savez, cette dernière dirige une étude spéciale sur le vieillissement. Elle a demandé à être relevée de ses fonctions dans notre comité et c'est pourquoi nous accueillons désormais le sénateur Munson.

Cela étant dit, passons maintenant aux questions.

Le sénateur Mercer : C'est un plaisir pour moi d'être à cette table aujourd'hui, d'autant plus qu'il est question du projet de loi S-214. Je remercie le sénateur Cochrane pour son soutien tout au long de ce processus. Tout cela a commencé il y a quelque temps, lorsque nous avons réuni des sénateurs et des députés représentant tous les partis politiques, parce que nous savions que ce projet de loi suscitait un grand intérêt et nous avons reçu un appui extraordinaire. Je tiens à remercier nos amis de la Société canadienne du sang et d'Héma-Québec avec qui j'ai eu le plaisir de collaborer.

J'ignorais, lorsque nous avons entamé ce processus, que je deviendrais moi-même un client. Avant mon opération au genou, en début septembre, on m'a prélevé deux pintes de sang, au cas où les chirurgiens en auraient besoin au cours de l'opération, ce qui, je crois, n'a pas été le cas. Cela m'amène à ma question : monsieur Harding, vous avez dit qu'il vous fallait recueillir cette année 880 000 unités de sang total pour répondre aux besoins des patients. Est-ce que cela comprend le sang que des gens comme moi se sont fait prélever en vue de leur propre opération?

M. Harding : Non, le chiffre que j'ai cité ne comprend pas ce sang-là. Les 880 000 unités servent à répondre aux demandes en provenance des patients hospitalisés. Nous avons également un programme de dons autologues qui permet aux personnes qui vont subir une intervention chirurgicale de donner leur propre sang. Nous gérons également ce système qui s'ajoute à notre programme de collecte de sang.

Le sénateur Mercer : Pouvez-vous nous dire combien cela représente-t-il d'unités environ?

M. Harding : Ces collectes ont beaucoup diminué. Elles ont diminué d'environ 20 p. 100 par an. Les gens se tournent moins vers cette formule, étant donné qu'ils ont plus confiance dans le système. Mais, bien entendu, tout dépend des conseils que leur donne leur médecin.

Le sénateur Mercer : C'est une bonne nouvelle que les gens aient désormais plus confiance dans le système.

M. Harding : Oui, et surtout que les médecins fassent confiance au système.

Le sénateur Mercer : Je fais tout à fait confiance au système. Mon médecin m'avait dit de le faire et je ne savais pas qu'il y avait une autre option.

M. Harding : Exactement, ce sont les médecins qui orientent cette décision.

Le sénateur Cochrane : J'ai deux questions à vous poser et j'espère que vous répondrez aux deux, car elles sont aussi importantes l'une que l'autre. Monsieur Harding, dans votre mémoire, il est question des dons de sang total, des dons de plaquettes et des dons de plasma. Pouvez-vous nous dire à quoi correspondent ces différents types de dons? À quoi servent-ils et est-ce que tous ces éléments sont prélevés au cours d'un même don de sang?

M. Harding : Chaque don de sang total comprend trois éléments : des globules rouges, des plaquettes et du plasma. On dit qu'un don de sang peut sauver trois vies, puisque chacun de ces éléments peut être séparé et servir à trois patients différents, selon les besoins de chacun. Il est possible de faire directement don de plaquettes par aphérèse et, dans ce cas, nous redonnons son sang au donneur plutôt que de le conserver. On ne prélève que les plaquettes. Les donneurs peuvent également donner leur plasma et, dans ce cas, on leur réinjecte les globules rouges. Nous disposons de techniques de pointe pour prélever les produits dont nous avons besoin. Nous nous servons du plasma pour les patients qui ont besoin d'immunoglobuline intraveineuse : soit les hémophiles et autres malades qui ont besoin essentiellement de ce produit sanguin. Le plasma pur sert souvent aussi dans le traitement des brûlés. Un donneur de sang peut avoir un impact direct sur de nombreux malades différents. C'est fascinant.

Le sénateur Cochrane : Pouvez-vous nous brosser le portrait d'un donneur de sang type au Canada? Pouvez-vous nous indiquer aussi, pour l'information des personnes qui nous regardent, qui peut donner son sang? Moi je ne peux pas donner, parce que je suis trop jeune. Quelles sont les caractéristiques que vous recherchez chez un donneur potentiel et comment doit-on s'y prendre pour donner son sang? Qui doit-on contacter?

M. Harding : On peut donner son sang dès 17 ans et jusqu'à 71 ans. Après 71 ans, les donneurs peuvent continuer, avec l'autorisation de leur médecin, après un simple examen médical. Nous considérons que donner son sang à 17 ans, c'est un peu comme un rite de passage, un geste utile que l'on fait pour marquer le passage à l'âge adulte. Comme M. Roch l'a mentionné, les collectes de sang dans les écoles secondaires et les universités attirent beaucoup de jeunes de 17 à 24 ans. Une grande partie de nos donneurs commencent entre 17 et 24 ans.

Le sénateur Cochrane : Si j'ai bien compris, il faut donc mettre l'accent sur la population plus âgée.

M. Harding : L'autre groupe le plus important comprend les gens de 40 à 60 ans, soit la génération de l'après-guerre. Ces personnes donnent plus souvent, parce qu'elles donnent depuis longtemps et qu'elles sont fidèles au programme. La fréquence des dons chez les personnes plus âgées, par exemple à partir de 40 ans, est deux à trois fois plus grande en moyenne que chez les donneurs de 17 à 24 ans où la moyenne est d'environ un don par an. Voilà la tendance. Pour savoir qui appeler, il suffit de composer le 1-866-jedonne ou sang.ca.

[Français]

M. Roch : Notre numéro est le 1-800-SANG. Nous avons également un site Internet dont l'adresse est le www.hema- quebec.qc.ca.

[Traduction]

Le sénateur Keon : Je suis totalement en faveur du projet de loi et j'ai été moi-même un grand utilisateur de sang au cours de ma carrière. Le don autologue dont a parlé le sénateur Mercer me paraît être un moyen utile d'encourager les patients à poser un tel geste, étant donné que même s'ils ne donnent que trois unités de sang, il est possible de les conserver à la banque de sang, parce que généralement le patient n'en a pas besoin. Je suppose que cette démarche est coûteuse en raison du temps et des examens qu'il faut pratiquer. Pourquoi assiste-t-on à un déclin de ce type de don?

M. Roch : Permettez-moi d'ajouter une précision : ce sang n'est pas mis en réserve à la banque de sang. C'est important de le souligner. Ce sang ne peut être utilisé que par le patient qui l'a donné. C'est la raison du déclin de cette pratique car, malheureusement, moins de 50 p. 100 du sang obtenu par don autologue est utilisé. Par conséquent, c'est une perte pour le système. Par exemple, le sang du sénateur Mercer, qui aurait pu être excellent pour d'autres patients, a dû être détruit, étant donné que c'était un don autologue, réservé à son propre usage, et que personne d'autre ne pouvait utiliser ce sang.

Le sénateur Keon : Est-il possible de signer une autorisation pour que ce don soit orienté vers la banque de sang principale?

M. Roch : Non : un don autologue est recueilli auprès du patient et conservé pour lui. S'il fait un don au profit de la population en général, on ne peut pas lui garantir que son sang lui reviendra. La différence est qu'il n'a pas respecté le délai de 56 jours entre les deux dons, puisqu'il a fait deux prélèvements de sang en vue de la chirurgie. Il y a donc une légère différence, puisque ces dons doivent être faits dans un délai de 56 jours.

Le sénateur Fairbairn : J'ai noté avec plaisir au cours de votre présentation, que vous cherchez à inciter les jeunes à donner du sang. C'était justement la question que je voulais vous poser. Par exemple, dans ma propre ville de Lethbridge, en Alberta, nous avions un besoin urgent de sang l'été dernier, à l'époque du rodéo. Un jeune de la réserve autochtone de la nation du Sang, près de Lethbridge qui était membre de notre régiment et aussi sa mascotte, était déguisé en ours pendant toute la période du rodéo. Après avoir vu une publicité appelant aux dons de sang, il s'est rendu tout de suite, avec son costume d'ours, pour faire un don. Je suis convaincue qu'il a eu beaucoup de succès auprès du personnel. Il m'a dit par la suite que c'était son troisième don dans les délais acceptés.

Je me demande si vous faites des campagnes énergiques dans les collèges communautaires ou les universités, et peut- être même dans les écoles secondaires. Je pense que l'intérêt pour les dons de sang est énorme dans ce groupe ou à ce niveau. Ce jeune homme était en parfaite forme physique et il avait l'intention de revenir plusieurs fois, parce qu'il savait qu'il y avait un grand besoin de sang.

M. Harding : C'est une merveilleuse anecdote. Un des plus grands obstacles auxquels se heurtent les dons de sang est souvent le manque de commodité. La prise de conscience est également importante. Il faut que les gens aient connaissance des dons de sang, qu'ils prennent conscience que c'est un geste utile et important pour leur collectivité. C'est pour cette raison que nous nous efforçons de rendre le don de sang le plus commode possible pour les jeunes en organisant des collecte de sang dans les écoles secondaires, les universités et les collèges communautaires. Nous essayons d'organiser des collectes de sang trois ou quatre fois par année, selon l'année scolaire, afin que les étudiants puissent donner leur sang en septembre, et prendre l'habitude de donner leur sang tout au long de l'année scolaire. Nous nous efforçons de rendre le don de sang le plus simple possible.

Le sénateur Fairbairn : Est-ce que vous faites appel à des gens connus de la collectivité pour venir parler aux étudiants et leur dire que c'est une bonne chose de donner leur sang?

M. Harding : Cela varie d'un endroit à l'autre, mais nous cherchons à multiplier les témoignages de bénéficiaires des dons de sang. Toutes les campagnes de publicité sont utiles, mais il est également important que les bénéficiaires des dons de sang viennent raconter leur histoire et qu'ils soient présents au moment de la collecte de sang, pour que les donneurs voient directement à quoi peut servir leur sang. Leur présence est vraiment convaincante. Il est important de demander à des bénéficiaires locaux de transfusions de sang de venir vanter les mérites du don de sang.

Le sénateur Fairbairn : Je peux vous dire que notre jeune officier a vraiment bien travaillé pour la cause.

M. Roch : Permettez-moi d'ajouter un commentaire. Au Québec, il existe une association de donneurs bénévoles qui ne relève pas d'Héma-Québec et qui fait exactement ce genre de promotion. Les membres de cette association se rendent dans les écoles, les universités et les cégeps pour faire la promotion des dons de sang. Au cours de la semaine qui précède une collecte de sang, ils vont rencontrer les étudiants à l'heure du déjeuner, leur distribuer des prospectus et les inscrire pour la collecte. Il y a aussi des jeunes de 10 ou 12 ans, de sixième année, qui organisent des campagnes de collecte de sang. Ils s'occupent de tout eux-mêmes. Nous avons dix écoles qui proposent un tel programme.

Le sénateur Fairbairn : C'est extraordinaire.

Le sénateur Callbeck : Merci à tous les deux d'être venus ce matin. Je tiens à féliciter le sénateur Mercer et le sénateur Cochrane d'avoir présenté ce projet de loi. Je me suis déjà prononcée au Sénat en faveur de ce projet de loi.

J'aimerais poser quelques questions. Vous avez dit qu'environ 4 p. 100 des Canadiens qui pourraient donner du sang, passent effectivement à l'acte. Est-ce que vous savez quels étaient les pourcentages il y a dix ans?

M. Harding : D'après nos recherches et statistiques, nous pensons que nous sommes passés de 2,9 p. 100 à environ 3,4 ou 3,5 p. 100 au Canada. Je crois que les pourcentages sont un peu plus élevés pour Héma-Québec.

M. Roch : Nos résultats ne sont pas aussi bons que les vôtres. Nous tournons toujours autour de 3 p. 100. Il y a des hauts et des bas. En 2000, il y a eu une hausse, puis un déclin. Les chiffres tournent toujours autour de 3 p. 100. Le problème, c'est qu'il y a plus de donneurs potentiels qui ne peuvent donner leur sang, par exemple les gens qui vivent au Royaume-Uni ou dans certains autres pays d'Europe et les gens qui voyagent dans différentes régions du monde. Les gens sont plus nombreux à voyager. Nous refusons un plus grand nombre de donneurs potentiels. C'est une des raisons qui fait qu'il est plus difficile d'augmenter le nombre de donneurs. La comparaison avec les données recueillies il y a dix ans n'est pas facile, puisqu'il y avait moins de restrictions à cette époque-là.

Le sénateur Cochrane : En vous basant sur les résultats obtenus dans d'autres pays qui ont institué une semaine du don de sang, à quelle augmentation vous attendez-vous au Canada pour les cinq ou dix prochaines années?

M. Harding : Nous pensons que ce projet de loi sur la Semaine nationale du don de sang nous permettra d'atteindre notre objectif de 80 000 nouveaux donneurs par année. Notre but est d'attirer des donneurs réguliers qui donneront du sang tout au long de leur vie. Nous accordons moins d'importance au pourcentage de donneurs de sang et nous préférons mettre l'accent sur le nombre de personnes qui commenceront à donner du sang cette année et qui continueront à le faire au cours des 50 prochaines années. Voilà l'évolution que nous souhaitons. Ce projet de loi sera vraiment utile pour nous s'il nous permet de recruter les 80 000 nouveaux donneurs que nous recherchons, les donneurs de la bonne catégorie, ce qui est un important aspect pour répondre aux besoins des différentes minorités ethniques.

[Français]

Le sénateur Pépin : La majorité des questions que je voulais posées ont déjà été adressées. Vous avez aussi parlé de donneurs de communautés ethniques. Devons-nous avoir une approche différente pour rejoindre ces gens? Est-ce à cause de leur culture qu'ils ne sont pas sensibilisés? Qu'est-ce qui est différent dans l'approche?

M. Roch : Cela varie selon la culture. Les gens de croyance musulmane ont des particularités. Des hommes doivent faire le prélèvement chez les hommes et non des femmes. Les gens de race noire sont généralement réticents. À Montréal, nous avons deux groupes : les Haïtiens et les Jamaïcains. On a beaucoup de difficulté. On doit intervenir avec les gens de la communauté. Le problème d'avoir des communautés c'est que les phénotypes sanguins sont différents dans certaines communautés et cela crée des problèmes de race fusionnelle. Lorsque ces gens ont besoin de sang, on a de la difficulté, même si l'on a des réserves de plusieurs milliers de poches de sang, à trouver le bon sang pour ces personnes et il faut les sensibiliser davantage.

[Traduction]

Le sénateur Cordy : Je me joins à ceux et celles qui m'ont précédée pour féliciter le sénateur Mercer et le sénateur Cochrane d'avoir présenté ce projet de loi. Je me demande pourquoi il a fallu tant de temps pour agir en ce sens.

Si le projet de loi est adopté, est-ce qu'il vous permettra de cibler vos ressources et vos efforts de marketing de manière à diffuser le message et de hausser considérablement le pourcentage actuel de 3 ou 4 p. 100?

M. Roch : Nous devons faire flèche de tout bois, parce que, malheureusement, on ne parle pas beaucoup du don de sang. On en parle lorsqu'il y a des problèmes. Heureusement, depuis sept ou huit ans, les nouvelles sont bonnes au Canada. C'est difficile de faire ressortir les éléments positifs. C'est pourquoi, c'est important d'utiliser tout ce qui peut nous aider.

En passant, à notre connaissance, le Canada est le premier pays du monde à instituer une semaine en l'honneur des donneurs de sang. Si le projet de loi est adopté, ce sera une première. D'autres pays ont une journée du don de sang, mais nous serons le premier pays à adopter une loi instituant une semaine complète du don de sang. Chaque année, nous pourrons nous prévaloir de cette loi pour faire la promotion du don de sang.

C'est important. Le sénateur Cochrane a posé une question un peu plus tôt au sujet de l'utilisation des plaquettes. Vous serez sans doute intéressés d'apprendre que c'est grâce aux plaquettes que les patients qui subissent un traitement contre le cancer récupèrent plus rapidement de nos jours. Il est possible de vider pratiquement totalement le système sanguin du patient et de lui donner des plaquettes. Cela permet de sauver un grand nombre de victimes du cancer. Voilà pourquoi les dons de sang sont si importants. On ne peut conserver les plaquettes que cinq jours. La grande utilité de tout le système dans le monde entier actuellement, c'est de permettre d'obtenir ces plaquettes pour le traitement des malades du cancer.

Le sénateur Cordy : J'aimerais revenir à l'exemple donné par le sénateur Mercer qui nous a dit avoir donné son sang pour son propre usage. Il me semble que c'est un gaspillage de devoir éliminer de tels dons de sang, alors que l'on a tellement besoin de sang. Pourquoi ne peut-on pas utiliser le sang des dons autologues? Est-ce qu'il y a une loi que nous pourrions, en tant que parlementaires, éventuellement modifier?

M. Roch : Les règlements qui s'appliquent aux dons autologues ne sont pas les mêmes que ceux qui s'appliquent aux dons destinés au grand public. Par exemple, un donneur autologue donne son sang sur une base hebdomadaire pendant quatre semaines. Dans le cas d'un don pour le grand public, il faut respecter un délai de 56 jours entre les prélèvements. S'il s'agit d'un don autologue, le sang peut être prélevé à intervalle d'une semaine.

Les milieux médicaux doivent reconnaître qu'en 2006, le système de collecte de sang est sûr et que les dons autologues ne sont plus nécessaires. En 2006, il n'y a aucune raison médicale valable de préconiser un don autologue.

Le sénateur Cordy : Tant qu'à venir à l'hôpital pour faire un don, ils pourraient donner leur sang pour les besoins généraux de la population.

[Français]

Le sénateur Champagne : J'ai moi aussi parlé en faveur de ce projet de loi au mois de juin à l'étape de la deuxième lecture. Finalement, j'espère que cette fois-ci, nous arriverons à faire en sorte que cela devienne une réalité avant que nos collègues d'en face nous envoient en période électorale. Espérons que cette fois-ci, ce projet de loi sera adopté pour de bon.

Je suis très consciente de l'importance du sujet qui nous concerne. Des gens de ma famille ont eu besoin de sang. Ma fille habite la région de Toronto et fait partie de ces gens qu'on appelle à l'occasion en raison de leur groupe sanguin. À un certain moment, on va dire qu'à tel hôpital on a un besoin urgent de O négatif et elle va sauter dans sa voiture et se rendre à l'hôpital en question.

Pouvez-vous nous préciser à quelle fréquence quelqu'un peut, sans problème, donner du sang?

M. Roch : Un délai minimum de 56 jours et on s'entend bien, ce n'est pas 55 jours, pour un don total de sang. C'est vrai pour les deux organisations et au Canada.

Le sénateur Champagne : Je m'assurerai de le lui rappeler lorsque je la verrai à Noël. Vous nous avez parlé tout à l'heure de gens que vous refusez parce qu'ils sont allés dans des coins du monde où il y avait présence de malaria, par exemple. En ce qui concerne la personne qui s'apprête à faire un don de sang, y a-t-il des contre-indications? Y a-t-il des moments où l'on doit dire : « je voudrais bien mais parce que j'ai le rhume je ne ferai pas de don »?

M. Roch : Effectivement, il faut être en santé normale. Si une personne fait de la fièvre, elle sera refusée pour son bien à elle et non pour le don comme tel. Ce qui rend la vie difficile pour les banques de sang, c'est que la sécurité est tellement au maximum qu'on sacrifie de bons donneurs dans le processus. Il faut comprendre que notre raison d'exister ce sont les receveurs. On veut s'assurer que les receveurs vont continuer de recevoir les meilleurs produits et on rend la vie difficile aux donneurs dans le processus, mais on n'oublie jamais. Les deux organisations existent à la suite de la commission Krever et on s'assure d'avoir les produits les plus sécuritaires possibles pour les receveurs.

Le sénateur Champagne : Le temps des Fêtes est une période où les besoins sont énormes. Nous aimerions profiter de cette occasion pour rappeler aux gens d'être prudents, pour ne pas avoir besoin de sang. Et aux personnes qui peuvent donner du sang, nous les exhortons de le faire, en gardant à l'esprit que ce don sera utile, malheureusement, dans les jours qui viendront.

M. Roch : Vous avez tout à fait raison.

Le sénateur Pépin : Vous ne pouvez pas accepter les donneurs qui prennent certains médicaments.

M. Roch : En effet, cette réserve existe pour certains donneurs. Il est bon de s'informer à ce sujet. La liste de ces médicaments sont affichés sur notre site Internet. Notre questionnaire comporte deux catégories dont une qui s'adresse au donneur et concerne son état de santé. La plupart de nos questions vise la qualité du produit pour le receveur.

[Traduction]

Le sénateur Keon : J'aimerais faire une mise en garde. Je pense qu'il ne faudrait pas donner l'impression que les transfusions sanguines sont totalement sûres. J'ai connu moi-même cinq patients qui sont morts lentement d'une maladie dont on ignorait l'existence et je suis certain que ce type de situation se reproduira à nouveau. Même si l'on prend toutes les précautions possibles, je pense qu'on ne devrait pas proclamer que toutes les transfusions sanguines sont sans risque, parce que ce n'est pas le cas.

Cela dit, je suis tout à fait en faveur de ce projet de loi et je pense qu'il faudrait tout mettre en œuvre pour augmenter le nombre de donneurs.

M. Roch : Je ne voulais pas dire que toutes les transfusions sont entièrement sûres, mais que les transfusions homologues et les transfusions autologues sont aussi sûres l'une que l'autre. C'est un fait qui a été scientifiquement prouvé. Mais je suis d'accord avec vous pour dire que les transfusions présentent toujours un risque. Il n'y a pas de doute là-dessus.

Le sénateur Keon : Permettez-moi de vous reprendre là-dessus... il n'y a aucune preuve scientifique.

M. Roch : Vous voulez parler des dons autologues ou des dons homologues?

Le sénateur Keon : Oui, les risques sont les mêmes dans le cas de certaines réactions : il faut que les protéines soient les mêmes. Cependant, les transfusions de sang autologues ne présentent pas de surprises. Je crois qu'il faut le dire clairement à la population.

M. Harding : Sur le plan de la sécurité, nous faisons tout en notre pouvoir pour détecter les nouveaux agents pathogènes et nous appliquons tous les nouveaux tests possibles afin de nous assurer que le système de collecte de sang soit le plus sûr possible.

Le sénateur Keon : C'est certain. Vous faites un travail exceptionnel.

M. Harding : Il est important de préciser que le don de sang est totalement sûr pour les donneurs. Actuellement, les donneurs ne courent aucun risque. Votre commentaire est intéressant toutefois, sur le plan de la sécurité des donneurs de sang : la sécurité des donneurs est de la plus haute importance.

Le président : C'est un point important à souligner.

Le sénateur Munson : Dans vos campagnes de promotion, vous devez tenir compte de l'appréhension des donneurs potentiels. On peut être un peu réticent à l'idée de se rendre à un centre de collecte de sang et de se laisser enfoncer une aiguille dans le bras. Est-ce que les gens continuent à être inquiets et à refuser de donner leur sang parce qu'ils ont peur?

Pouvez-vous nous dire quelles sont les mesures publiques que vous prendrez, si la loi est adoptée, pour surmonter de tels obstacles?

M. Harding : Nous avons lancé un programme intitulé « Quel est votre groupe », dans le but d'apaiser les craintes des donneurs. Grâce à ce programme, les Canadiennes et Canadiens peuvent s'intéresser au système de collecte de sang et éventuellement devenir donneurs. Une opération très simple, une simple piqûre permet d'établir votre groupe sanguin. À partir de ce premier contact, nous parlons du système de collecte de sang. L'opération n'est pas douloureuse et nous commençons tout de suite le processus d'éducation, nous expliquons aux gens qu'ils n'ont pas à avoir peur du don de sang. C'est plutôt un processus éducatif.

Quant à votre deuxième question, la Semaine nationale du don de sang nous permettra de profiter de toutes les activités organisées pendant la semaine du 14 juin pour sensibiliser nos partenaires des médias au cours des rencontres et conférences de presse qui auront lieu à Ottawa de préférence et également dans toutes les régions du pays. Ce sera une superbe occasion pour nous de lancer notre campagne estivale de promotion. Cette semaine sera l'occasion pour nous de lancer notre prochaine campagne estivale visant à encourager les Canadiennes et Canadiens à faire des dons de sang avant de partir en vacances, comme l'a mentionné M. Roch. Ce sera pour nous le moment idéal de lancer de nombreuses campagnes pour sensibiliser et informer la population et convaincre les gens que le système de collecte de sang est sûr et que donner du sang, c'est facile.

Le président : J'ai donné du sang tout au long de ma vie adulte — avec quelques interruptions en raison de mon état de santé ou de la médication qui m'était prescrite. En fait, lorsque j'étais maire de Toronto, j'organisais chaque année une collecte de sang le lendemain de Noël. Lorsque j'arrivais, toutes les caméras étaient braquées sur moi, espérant me voir m'évanouir. J'ai appris à sourire, parce que je ne voulais pas donner aux journalistes la satisfaction de me voir tiquer ou m'évanouir.

À cette époque-là, tout était beaucoup plus simple. Nous connaissons tous les événements qui ont nécessité l'application de procédures plus strictes et l'obligation d'accorder la priorité à la sécurité. Je comprends parfaitement tout cela. Cependant, il me semble qu'aujourd'hui, il y a tellement de formulaires à lire ou à remplir. C'est devenu plus compliqué pour les gens qui ont une vie très active, et qui se préoccupent du temps que va leur prendre un don de sang.

Dans quelle mesure les nouvelles règles ont-elles amené une réduction du nombre de dons de sang? Êtes-vous parvenus à simplifier les procédures, c'est-à-dire à les rendre efficientes, efficaces et sûres, tout en les simplifiant de manière à ce que les donneurs ne soient pas découragés par le temps qu'il faut pour faire un don de sang?

M. Harding : Vous avez raison, le processus est plus strict et le questionnaire qu'un donneur ou donneur en puissance doit remplir est plus complet et plus long. Nous avons pris plusieurs mesures pour améliorer le processus, pour rendre les lieux de collecte plus pratiques et faciliter les dons de sang. Nous avons créé le numéro national 1 800 jedonne — afin de faciliter la tâche des donneurs qui veulent prendre rendez-vous et nous demandons également à notre personnel de mettre l'accent sur la qualité du service. Comme beaucoup d'entreprises du commerce au détail, nos employés mettent l'accent sur la qualité du service offert aux donneurs. Nous nous efforçons d'accueillir chaque donneur et de collecter son sang dans un délai d'une heure, un peu comme c'était le cas il y a quelques années : notre objectif est de faire en sorte que toute l'opération soit terminée en une heure. Dans la mesure où nous pourrons réduire le temps d'attente, notre engagement deviendra réalité. Tous les trimestres, nous sondons nos donneurs afin de mesurer leur degré de satisfaction. Si nous notons un fléchissement, nous prenons immédiatement des mesures pour améliorer autant que possible la satisfaction des donneurs. Héma-Québec a également fait beaucoup de progrès dans ce domaine.

M. Roch : Nous avons un comité mixte dont la tâche consiste à réviser ou éliminer les questions qui ne sont plus jugées utiles.

Le président : Aujourd'hui, vous vous donnez pour objectif de collecter un don de sang en moins d'une heure.

M. Roch : C'est exact.

Le président : Mes collègues sénateurs ont-ils d'autres questions?

Merci beaucoup, monsieur Roch et monsieur Harding.

Les sénateurs sont-ils prêts pour l'examen article par article?

Des voix : D'accord.

Le président : Vous avez devant vous le projet de loi S-214. Nous allons appliquer la procédure habituelle.

Voulez-vous reporter l'examen du titre, du préambule et de l'article 1?

Des voix : D'accord.

Le président : L'article 2 est-il adopté?

Des voix : D'accord.

Le président : L'article 1 est-il adopté?

Des voix : D'accord.

Le président : Le préambule est-il adopté?

Des voix : D'accord.

Le président : Le titre est-il adopté?

Des voix : D'accord.

Le président : Le projet de loi est-il adopté sans amendement?

Des voix : D'accord.

Le président : Puis-je faire rapport du projet de loi adopté sans aucun amendement ni observation à la prochaine séance du Sénat?

Des voix : D'accord.

Le président : Le projet de loi est adopté. Voilà qui est fait. Merci beaucoup.

Le comité poursuit ses travaux à huis clos.


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