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SOCI - Comité permanent

Affaires sociales, sciences et technologie

 

Délibérations du comité sénatorial permanent des
Affaires sociales, des sciences et de la technologie

Fascicule 11 - Témoignages du 10 décembre 2009


OTTAWA, le jeudi 10 décembre 2009

Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui, à 10 h 50, pour étudier la question de l'accessibilité à l'éducation postsecondaire au Canada.

Le sénateur Art Eggleton (président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président : La séance est ouverte. Bienvenue au Comité des affaires sociales, des sciences et de la technologie.

[Traduction]

Aujourd'hui, nous poursuivons notre étude sur l'accessibilité à l'éducation postsecondaire, particulièrement les obstacles financiers qui touchent les collectivités autochtones au Canada. Je suis heureux d'accueillir Kathleen Keenan, directrice générale de l'éducation au ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Nous recevons également Roberta Jamieson, présidente-directrice générale de la Fondation nationale des réalisations autochtones, que je connais bien à Toronto. La FNRA donne des bourses d'études postsecondaires à des membres des Premières nations, des Indiens non inscrits, des Métis et des Inuits qui suivent à temps plein ou à temps partiel des programmes postsecondaires. La FNRA a attribué plus de 8 000 bourses représentant une somme de plus de 32 millions de dollars. De la même association, nous recevons également Mme Noella Steinhauer pour répondre aux questions.

Il y a ensuite Jaden Keitlah, président du Caucus national des Autochtones de la Fédération canadienne des étudiantes et des étudiants. Le Caucus national des Autochtones est la voix des étudiants autochtones au Canada et travaille à réunir les étudiants autochtones de tout le pays. Le CNA a établi un groupe de travail chargé d'examiner le Programme de soutien aux étudiants de niveau postsecondaire du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Le CNA fait pression sur le gouvernement fédéral pour qu'il augmente les crédits accordés au programme, afin qu'aucun étudiant admissible ne se voie refuser le soutien financier nécessaire à la poursuite d'études postsecondaires.

Roberta Jamieson, présidente-directrice générale, Fondation nationale des réalisations autochtones : Bonjour. Je vous adresse mes meilleurs vœux et je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître devant le comité.

Je débute en faisant part de ma reconnaissance, bien sûr, à la nation algonquine car nous sommes aujourd'hui dans son territoire traditionnel. Mon exposé portera essentiellement sur l'avenir de nos enfants et, évidemment, sur l'avenir du Canada. Je me suis posée la question de savoir quelles sont nos obligations envers l'avenir et comment les décisions que nous prenons aujourd'hui auront un impact sur l'avenir; je tiens à dire au comité que toute décision doit inclure des mesures pour permettre au groupe canadien qui connaît la plus forte croissance démographique — c'est-à-dire les jeunes autochtones, ce qui comprend les Premières nations, les Métis et les Inuits — de réaliser son plein potentiel.

Cela ne va pas se produire par hasard. Si nous observons la croissance de la population autochtone et l'avancée de la population des étudiants non autochtones, nous voyons que nous n'avons pas beaucoup progressé au pays. Les statistiques montrent que cet écart se creuse au lieu de se réduire.

En 2004, la vérificatrice générale du Canada a prédit qu'au rythme actuel d'amélioration, il faudra 28 ans aux Premières nations pour rattraper la population d'étudiants qui ne sont pas membres des Premières nations.

Les données du recensement de 2006 de Statistique Canada indiquent qu'en 2001, le taux d'obtention de diplôme chez la population autochtone est passé de 6 à 8 p. 100 alors que celui des non-Autochtones est passé de 20 à 23 p. 100. Autrement dit, l'écart s'est encore creusé, et cela se poursuit.

Au début de l'année, le Centre d'étude des niveaux de vie a attiré notre attention sur des faits économiques indisputables et inéluctables. Si nous ne faisons pas quelque chose au sujet de l'éducation de la jeunesse autochtone, des centaines de milliers de jeunes ne pourront pas aider le Canada à faire face à une diminution de la population active. Ces jeunes ne pourront pas non plus apporter leur contribution à l'économie canadienne. Au lieu de cela, ils contribueront à amplifier un déficit social grandissant. Vous n'êtes pas sans savoir que le fait de maintenir d'entières communautés dans un état de pauvreté entraîne un coût élevé, en termes humains et économiques, pour nous tous.

La bonne nouvelle, c'est que le centre montre qu'une économie de 115 milliards de dollars sur 15 ans peut être réalisée au niveau des dépenses si nous comblons cet écart. Toujours selon le centre, une telle économie entraînerait un impact cumulatif impressionnant de 401 milliards de dollars sur le PIB du Canada.

Nous devons vraiment remédier à cette situation. Les problèmes auxquels font face les jeunes autochtones ont, de toute évidence, un impact non seulement sur la vie de nos jeunes mais aussi sur le Canada et la vie des Canadiens, de deux façons. Le faible rendement des activités économiques des Autochtones est un frein pour l'ensemble de l'économie. Ne pas reconnaître le potentiel économique que représentent ces jeunes au Canada, s'ils étaient instruits et aptes à contribuer, est une perte coûteuse.

Nous faisons donc face à trois défis. Premièrement, il faut accroître le nombre d'étudiants autochtones qui terminent leurs études secondaires. Deuxièmement, les étudiants autochtones qui terminent leurs études secondaires et souhaitent poursuivre des études postsecondaires doivent y avoir accès et ce, en disposant des ressources financières qui leur permettent de terminer leurs études avec succès et en supprimant les obstacles qui les empêchent d'y accéder. Troisièmement, une fois que les étudiants autochtones entreprennent leurs études postsecondaires, il faut les appuyer pour qu'ils terminent leurs études et obtiennent leur diplôme.

En tant que présidente-directrice générale de la fondation, je vois les deux côtés de la médaille. D'une part, je vois ce qui se passe lorsque nos étudiants sont enthousiastes, motivés et reçoivent du financement pour terminer leurs études; d'autre part, je vois la souffrance des étudiants qui n'ont pas l'appui nécessaire pour poursuivre leurs études.

Notre mandat est de donner aux jeunes les outils nécessaires, tout en travaillant avec le secteur privé — où nous comptons d'importants partenaires —, le secteur public, les particuliers qui font des dons et le secteur philanthropique au Canada, et je crois qu'ils veulent tous corriger la situation.

La fondation est réputée pour son travail, et je suis fière d'en être la présidente-directrice générale. D'ici la fin de l'année, nous aurons accordé 34 millions de dollars à 10 00 étudiants. Nous avons un système de jury bien connu. De nombreuses personnes nous ont accordé des dons pour l'éducation, pour une valeur de plus de 25 millions de dollars. Nous avons mis en place des politiques et des procédures pour garantir une bonne gestion des fonds qui nous sont confiés, et je serai heureuse de vous en parler plus longuement durant la période des questions. Nous offrons un accès équitable au financement pour les étudiants partout au Canada. Nous disposons de procédures de mesure du rendement et un régime de responsabilisation, que nous avons travaillé fort à mettre en place et dont nous sommes très fiers.

Lorsque des bourses d'excellence ou des bourses d'études sont octroyées, nous suivons et contrôlons les progrès des étudiants. Nous pouvons vous dire d'où proviennent les étudiants, quelle est leur situation économique, quels sont leurs besoins, leur âge, leur sexe ainsi que leur établissement et leur programme d'études.

L'année dernière — et je vous ai distribué des documents sur la fondation —, nous avons appuyé 74 étudiants en médecine et en soins dentaires, 56 en droit, 40 en affaires et en commerce, 163 en soins infirmiers, et j'en passe.

C'est un début, et nous en sommes fiers. Toutefois, nous ne sommes même pas en mesure de couvrir 27 p. 100 des besoins des étudiants qui viennent nous voir. Nous avons un défi à relever. Nous devons accroître la réserve de diplômés du secondaire, et nous ne pouvons pas les décevoir une fois qu'ils obtiennent leur diplôme. Nous devons être là pour leur prêter main-forte. Il faudra la collaboration de tout le monde et de tous les secteurs — le secteur public, le secteur privé et les particuliers canadiens — si nous voulons remédier à la situation au Canada.

Nos jeunes savent deux choses : ils constituent le groupe qui connaît la plus forte croissance démographique et ils ont le moins de chances de terminer leurs études secondaires. Je me réjouis de voir que le comité s'intéresse à corriger la situation.

J'espère que vous prendrez l'engagement de continuer à travailler là-dessus pour assurer la réussite de cette entreprise parce qu'il s'agit sans aucun doute d'un investissement que nous devrions tous faire. Nos gens sont persuadés que l'éducation, aussi bien au niveau des valeurs traditionnelles qu'au niveau de la science et des approches actuelles, est la clé du succès de notre économie et de notre prospérité dans les décennies à venir — non seulement pour notre peuple, mais aussi pour le Canada.

Quand vous pensez à la fondation, j'espère que vous la considérerez comme un organisme qui investit dans notre avenir. Notre avenir est l'avenir du Canada. Je suis heureuse que Mme Noella Steinhauer m'accompagne aujourd'hui pour m'aider à répondre aux questions. Elle est la directrice de notre division de l'éducation et elle surveille les bourses d'excellence et d'études.

On vous a remis des documents sur l'ensemble des bourses que nous attribuons et les commanditaires qui les financent. On peut lire l'enthousiasme sur les visages des étudiants que nous avons mis en vedette dans ces documents.

Le président : Merci beaucoup. Ce fut un exposé puissant, et nous apprécions votre excellent travail.

Jaden Keitlah, président, Caucus national des Autochtones de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants : Bonjour. Je tiens à vous remercier de m'avoir invité à comparaître dans les territoires traditionnels de la nation algonquine.

Je suis le président du Caucus national des Autochtones de la Fédération canadienne des étudiantes et des étudiants. Le caucus est la voix des étudiants autochtones partout au pays. Ayant des membres dans tous les campus, de St. John's à Victoria, le Caucus national des Autochtones met à l'ordre du jour national les problèmes des étudiants autochtones. J'aimerais profiter de l'occasion pour vous parler de l'accessibilité à l'éducation pour les peuples autochtones.

Depuis longtemps, les Canadiens considèrent l'éducation postsecondaire comme un outil pour améliorer leur niveau de vie et un important volet du développement d'une société plus équitable. Ceux qui fréquentent le collège ou l'université ont plus de chances de devenir des citoyens engagés, d'être en bonne santé et d'avoir moins recours au filet de sécurité sociale.

Malheureusement, un écart notable persiste dans les taux de participation aux études postsecondaires entre les Canadiens autochtones et les Canadiens non autochtones. Alors que 23 p. 100 des Canadiens non autochtones sont titulaires d'un diplôme universitaire, seulement 8 p. 100 des Canadiens autochtones possèdent le même niveau d'éducation. Même si les Autochtones font face à de nombreux obstacles, le coût élevé des études collégiales et universitaires reste l'une des principales barrières.

À l'heure actuelle, le gouvernement fournit une aide financière aux Indiens inscrits et aux Inuits par l'entremise du Programme de soutien aux étudiants du niveau postsecondaire, le PSENP, qui est administré par Affaires indiennes et du Nord Canada. Même si la population autochtone connaît le taux de croissance le plus important au Canada, un plafond annuel de 2 p. 100 est imposé depuis 1996 sur la majoration du financement du PSENP. Ce taux n'a pas été ajusté en fonction de l'inflation, et encore moins de la croissance démographique des Autochtones.

La population des collectivités autochtones est également en train d'augmenter à un rythme effréné. À l'heure actuelle, 50 p. 100 des Canadiens autochtones sont âgés de moins de 25 ans. La plupart de ces jeunes font partie du groupe des 0 à 14 ans, ce qui signifie qu'ils chercheront à exercer leur droit d'accès au financement des études postsecondaires au cours des cinq prochaines années.

Un autre facteur qui aggrave la situation, c'est que les frais de scolarité ont augmenté dans presque chaque province et territoire au Canada. Cette année seulement, les frais de scolarité moyens au Canada ont augmenté de 3,6 p. 100, ce qui donne une moyenne de 4 724 $ par année pour un programme de premier cycle. Bien que cette hausse ait un impact négatif sur l'accès à l'éducation pour tous les étudiants, les étudiants autochtones sont particulièrement touchés puisque la hausse des frais de scolarité diminue la valeur du financement accordé aux étudiants autochtones.

Par conséquent, les bandes sont forcées de prendre des décisions difficiles, notamment celles de limiter le nombre d'étudiants pouvant fréquenter le collège ou l'université, de réduire le montant du financement accordé à chaque étudiant ou de refuser du financement pour des programmes susceptibles d'être trop coûteux, comme le droit ou la médecine. Dans tous les cas, les étudiants ont de plus en plus de mal à accéder à l'éducation postsecondaire, et les collectivités autochtones en souffrent.

L'impact de la hausse continue des coûts et de la disponibilité réduite du financement est clairement mis en évidence par les statistiques concernant le nombre d'étudiants financés. À l'heure actuelle, le programme appuie environ 23 000 étudiants, une baisse par rapport à presque 30 000 il y a une décennie. Le manque de financement fait en sorte que de nombreux Autochtones ne parviennent pas à fréquenter le collège et l'université. Au cours de la dernière décennie, plus de 13 000 étudiants qui avaient fait une demande de financement auprès du programme et qui étaient prêts à fréquenter un établissement d'enseignement postsecondaire se sont vu refuser l'accès à l'éducation à cause de cette combinaison de facteurs, à savoir le sous-financement chronique et la hausse des frais de scolarité au Canada.

Résultat : plus de demandeurs, moins de ressources. Il est donc grand temps de passer à l'action dans le domaine de l'éducation des Autochtones. Le Caucus national des Autochtones de la Fédération canadienne des étudiantes et des étudiants exhorte l'élimination immédiate du plafond de 2 p. 100 imposé au Programme de soutien aux étudiants du niveau postsecondaire. De plus, le gouvernement fédéral devrait identifier les étudiants inuits et les étudiants membres des Premières nations qui se sont vus refuser l'accès à du financement en raison d'un manque de fonds, et veiller à ce qu'ils obtiennent du financement adéquat.

Les fonds déboursés par le PSENP se sont avérés utiles pour ceux qui y ont eu accès. Une majorité des étudiants autochtones ayant pu toucher des fonds du PSENP ont réussi à terminer leurs études et à trouver un emploi intéressant. Nonobstant leur lieu de résidence, une majorité des diplômés autochtones retournent travailler dans leur collectivité et ils trouvent un emploi dans leur domaine d'études. Ils deviennent financièrement autonomes et contribuent au développement de collectivités saines et stables.

Autre point : ce ne sont pas tous les étudiants autochtones qui sont admissibles au Programme de soutien aux étudiants du niveau postsecondaire. Même si les étudiants membres non inscrits des Premières nations et les étudiants métis font face à bon nombre des mêmes défis dans l'accès à l'éducation postsecondaire, ils ne sont pas admissibles au programme et doivent recourir à d'autres sources de financement. Il est donc également important que le gouvernement fédéral, en collaboration avec les organisations autochtones, élabore un plan pour élargir la portée du Programme de soutien aux étudiants du niveau postsecondaire afin d'inclure les Métis et les membres non inscrits des Premières nations.

Pour conclure, on ne peut se permettre de se croiser les bras pendant que la population autochtone augmente et que la pauvreté demeure un problème; le prix de l'inaction dépassera de loin le prix qu'il faut payer pour permettre aux Autochtones d'exercer leurs droits d'accès à l'éducation en vertu des traités.

Merci de votre temps. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.

Kathleen Keenan, directrice générale de l'éducation, Affaires indiennes et du Nord Canada : Bonjour. Merci beaucoup de l'intérêt que vous portez à ce dossier. Il s'agit d'un sujet crucial pour l'avenir des étudiants et du Canada.

[Français]

Merci, monsieur le président. Je suis heureuse de me présenter devant votre comité aujourd'hui pour vous parler de l'éducation postsecondaire au Canada.

[Traduction]

Comme vous le savez, l'éducation postsecondaire est essentielle à l'amélioration des perspectives de vie des apprenants. Elle est également fondamentale pour l'avenir de notre pays. Mme Jamieson a parlé tout à l'heure de l'étude effectuée par le Centre d'étude des niveaux de vie, qui a examiné le type d'impact que l'éducation postsecondaire pourrait avoir sur la productivité du Canada.

Par conséquent, le gouvernement a un rôle important à jouer pour s'assurer que le Canada se dote d'une main- d'œuvre éduquée et spécialisée. C'est pourquoi il investit plus de 9,8 milliards de dollars dans l'éducation postsecondaire.

[Français]

Cette somme se répartit comme suit : environ 2,1 milliard de dollars en subventions, bourses d'étude et prêts aux étudiants; 1,8 milliard de dollars afin d'aider les étudiants et leurs familles à épargner pour les études et quelque 3,2 milliards en transfert aux provinces ainsi que des investissements dans la recherche.

[Traduction]

Le Programme canadien de prêts aux étudiants et le nouveau Programme canadien de subventions aux étudiants, qui a été mis en place en septembre 2009, cherchent à favoriser l'accès aux études postsecondaires pour les étudiants qui ont des besoins financiers reconnus. En plus de la gamme complète de prêts et de subventions offerts aux étudiants admissibles dans le cadre des programmes, Ressources humaines et Développement des compétences Canada dispose d'autres programmes et ressources pour aider les étudiants et leurs familles à faire des choix éclairés en matière d'éducation postsecondaire. En outre, il joue un rôle de premier plan dans l'établissement de partenariats avec les gouvernements provinciaux et territoriaux de même qu'avec les organismes représentant les enseignants, les professionnels et les étudiants.

À compter du présent exercice financier, 350 millions de dollars additionnels seront injectés dans une nouvelle subvention pour étudiants issus de familles à revenu faible ou moyen. Ces investissements atteindront 430 millions de dollars en 2012-2013.

En plus de ces prêts et subventions, Ressources humaines et Développement des compétences Canada administre diverses mesures d'exemption d'intérêts, d'allègement de la dette et d'incitation fiscale afin d'atténuer la pression financière qu'exerce la décision de poursuivre des études postsecondaires. Parmi ces mesures, on note le Bon d'études canadien et la Subvention canadienne pour l'épargne-études, deux outils d'incitation à l'épargne.

Tous les étudiants, y compris les Autochtones, peuvent profiter de ces ressources, de ces programmes et de ces services. Sachez également que toute une panoplie d'autres services et ressources sont proposés par des partenaires clés, y compris les gouvernements provinciaux et territoriaux, les établissements postsecondaires, le secteur privé et le secteur bénévole.

Afin de relever les défis propres aux étudiants autochtones et inuits, on fournit également du financement aux Premières nations ou à leurs organisations régionales afin d'aider ces étudiants à accéder à l'éducation postsecondaire. Mes collègues ont parlé plus tôt de ce programme. En 2008-2009, environ 22 000 étudiants ont reçu approximativement 292 millions de dollars.

[Français]

En 2008-2009, 22 000 étudiants ont reçu environ 292 millions de dollars pour les aider à payer leurs frais de scolarité, leurs livres, leurs déplacements et leurs frais de subsistance.

[Traduction]

Comme mes collègues l'ont fait remarquer plus tôt, on a réussi à faire augmenter quelque peu le nombre d'étudiants autochtones et inuits qui terminent leur éducation postsecondaire. Selon les chiffres du recensement dont on a parlé plus tôt, ce nombre a augmenté de 5 à 7 p. 100 de 2001 à 2006. Cette augmentation n'est pas aussi marquée que celle que l'on note au sein de la population non autochtone; l'écart significatif qui existe déjà s'accroît, et ce sont maintenant 23 p. 100 des étudiants non autochtones qui obtiennent un diplôme universitaire.

Le Programme d'éducation postsecondaire du ministère des Affaires indiennes et du Nord contribue à faire changer les choses, notamment en offrant du financement à 22 000 étudiants. Cependant, ce n'est pas suffisant et ce n'est pas assez rapide. De plus, ce chiffre diminue au fil du temps, alors que la demande et la participation anticipée devraient augmenter.

Voilà pourquoi, dans le Budget de 2008, le gouvernement du Canada s'est engagé à examiner le Programme d'éducation postsecondaire du ministère des Affaires indiennes et du Nord afin d'en assurer la coordination avec les autres programmes et, notamment, de veiller à ce qu'il offre aux étudiants autochtones et inuits le soutien dont ils ont besoin pour poursuivre leurs études et terminer leur éducation.

Comme bon nombre d'entre vous le savent, le gouvernement du Canada, les comités parlementaires et le programme d'évaluateurs extérieurs se sont penchés sur le programme à plusieurs reprises au cours des dernières années et ont toujours noté les mêmes problèmes. C'est en partie pourquoi le présent examen a été entrepris.

Ils ont notamment remarqué que le programme actuel ne permet pas aux étudiants qui en ont le plus besoin d'obtenir du financement. Les jeunes Autochtones et Inuits sont mal informés de toutes les options qui s'offrent à eux sur le plan de l'éducation postsecondaire, un fait particulièrement criant sur les réserves.

Ils ont en outre observé que le taux de diplomation est inférieur chez les étudiants qui demeurent sur les réserves des Premières nations. Ce taux n'est pas celui qu'il devrait être dans la population générale des étudiants qui fréquentent les écoles provinciales, chez les Métis et les Indiens non inscrits; mais le taux le plus bas, celui qui est le plus difficile à corriger, est celui des étudiants qui demeurent sur les réserves. Il faut également mieux connaître les résultats du programme, et il faut pour cela développer le système de gestion de données.

En outre, vous êtes nombreux à avoir vu le rapport de la vérification ministérielle publié en mars 2009. Ce rapport comprenait 14 recommandations dans des domaines relatifs au financement, à la gestion et à la reddition de comptes du programme. Il est révélateur que cette vérification n'a pas permis de déterminer si le programme atteignait ses objectifs. Voilà pourquoi on se penche sur la vérification et procède également à l'examen du programme.

Comme vous le savez, l'éducation est essentielle si l'on veut assurer un avenir meilleur à la population autochtone, qui est jeune et en croissance. Monsieur le président, il n'existe pas de solution simple aux défis que cette population doit relever sur le plan de l'éducation. Cependant, l'examen et la vérification du Programme d'éducation postsecondaire offrent à tous les partenaires l'occasion d'examiner l'éventail de problèmes auxquels sont confrontés les étudiants autochtones et inuits qui veulent poursuivre leur éducation et ainsi faire une plus grande contribution au sein de leurs communautés et du Canada.

Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion d'aborder cette question essentielle.

Le président : Merci de votre exposé sur le programme du gouvernement. Je commencerai en vous posant une question, madame Keenan. Les autres témoins ont évoqué la limite de 2 p. 100 et l'exclusion des Métis et des Indiens non inscrits. J'aimerais que vous nous expliquiez pourquoi ce plafond a été imposé et les autres groupes sont exclus.

Nous venons de terminer la rédaction d'un rapport sur la pauvreté, que nous avons déposé au Sénat. Nous y faisons notamment remarquer à quel point la population autochtone est surreprésentée sur le plan de la pauvreté au pays. Je me rappelle d'avoir entendu un témoin affirmer que si nous pouvions diminuer le taux de décrochage chez les Autochtones pour l'établir au même taux que la population en général, nous économiserions des milliards de dollars en fonds publics. Si on transpose cette théorie à l'éducation postsecondaire, on devrait en arriver au même résultat. Peut- être que nous ciblons mal nos dépenses et nos efforts, et n'offrons pas aux Autochtones le genre d'éducation dont ils ont besoin pour se sortir de la pauvreté avec leur famille.

Vous avez même affirmé dans votre rapport que cette vérification n'a pas pu nous assurer que les objectifs du programme étaient respectés. Voilà qui me semble révélateur. Même si cette information ne me surprend pas beaucoup, elle m'inquiète. Qu'en est-il du programme maintenant? Doit-on comprendre qu'il y aura encore beaucoup de délais avant qu'on y apporte des changements?

Mme Keenan : Vos questions arrivent à point nommé, en ce qui concerne tant les efforts actuels que l'on déploie pour donner suite aux recommandations de la vérification ainsi que le travail en cours dans le cadre de l'examen. Vos questions sont au cœur même des visées de l'examen : que faut-il faire pour s'assurer que les étudiants autochtones et inuits aient pleinement accès à l'éducation postsecondaire et peuvent terminer cette formation?

Roberta Jamieson a fait remarquer plus tôt à quel point il est essentiel de terminer des études secondaires; les taux de décrochage dont vous avez parlé revêtent également une importance cruciale. C'est en partie sur ces facteurs qu'il faut agir pour abattre les obstacles. L'aspect financier fait partie de l'équation, mais n'est pas aussi important. De toute évidence, le fait de pouvoir terminer des études secondaires aidera considérablement les gens à accéder à l'éducation postsecondaire.

L'origine du plafond de 2 p. 100 remonte à l'examen dont le programme a fait l'objet en 1995. Le ministère des Affaires indiennes et du Nord figurait parmi les ministères qui ont bénéficié d'un traitement un peu plus délicat et a reçu une augmentation de 2 p. 100 du financement de ses programmes. Cette augmentation de 2 p. 100 ne tenait toutefois pas compte des nouveaux programmes qui étaient mis en œuvre. Le 2 p. 100 est automatique. De nouveaux programmes d'éducation ont été lancés depuis lors, notamment le programme Nouveaux sentiers et les deux programmes lancés en décembre 2008, le Programme de réussite scolaire des étudiants des Premières nations et le Programme des partenariats en matière d'éducation pour les Premières nations.

Le président : Vous n'avez pas parlé des Métis et des Indiens non inscrits.

Mme Keenan : Cela fait partie des aspects que l'examen doit couvrir. Il faut également reconnaître que l'objectif principal du gouvernement du Canada en appuyant l'éducation postsecondaire est de permettre aux étudiants d'avoir accès à cette éducation. Une bonne partie de ce soutien est offert sous forme d'aide financière, offerte principalement dans le cadre de programmes et de services offerts par RHDCC. Ce ministère travaille bien sûr en étroite collaboration avec ses équivalents provinciaux et territoriaux, car bien des prêts, des bourses et des programmes sont offerts grâce à une collaboration entre les deux ordres de gouvernement.

Le sénateur Keon : Je vous remercie tous de comparaître aujourd'hui. Quel est le pourcentage de garçons et de filles qui obtiennent leurs diplômes d'études universitaires et collégiales?

Mme Jamieson : Parmi les étudiants que nous appuyons, il y a beaucoup plus de femmes, et je crois que c'est le cas partout au pays. En fait, le profil des étudiants qui reçoivent nos bourses et notre soutien financier aux études montre qu'il s'agit principalement de femmes de 27 ans qui sont, bien souvent, chefs de famille monoparentale. Ce sont des mères.

Le sénateur Keon : Merci. Vous nous avez indiqué que la première étape du processus consiste à permettre aux jeunes de terminer leurs études secondaires. Il me semble qu'il faudrait intervenir plus tôt. J'ignore si vous le savez, mais nous avons publié un rapport sur la santé de la population, où nous recommandons fortement de favoriser l'établissement de communautés saines, productives et dynamiques en s'appuyant principalement sur l'éducation. Ces communautés devraient relever de l'autorité des Premières nations et des autres peuples, particulièrement les femmes qui font une contribution importante à cet égard, comme j'ai pu le constater lorsque j'ai visité ces communautés. Avant que vous partiez, je vous donnerai un exemplaire du modèle communautaire que nous avons recommandé.

Mme Jamieson : Je vous en saurais gré.

Le sénateur Keon : Que pensez-vous de l'idée de commencer par intervenir à l'échelle communautaire en favorisant l'établissement de communautés instruites, saines et productives aux taux de criminalité peu élevés, plutôt que d'observer la situation de loin?

Mme Jamieson : Monsieur le sénateur, je vous remercie de me poser cette question. Je ne voulais pas donner l'impression, dans mes propos, que l'on pouvait aider plus d'étudiants à obtenir leurs diplômes d'études secondaires en se bornant à intervenir de la neuvième à la douzième année. Si nous voulons former plus de diplômés d'études secondaires, si je puis m'exprimer ainsi, nous avons du pain sur la planche. C'est une entreprise à laquelle nous portons attention à la base depuis quelque temps. En fait, c'est un domaine auquel nous nous intéressons fortement à l'heure actuelle.

Nous travaillons actuellement à un nouveau projet que nous appelons le projet de réalisation, qui sera une initiative de neuf ans que nous planifions intensément actuellement.

Nous connaissons toutefois certains succès. Tout n'est pas noir. Il y a des endroits où les initiatives portent fruit. Nous voudrions faire connaître ces réussites par l'entremise d'un institut qui ferait de l'éducation, du mentorat et de la mise en rapport.

Nous devons également former davantage de modèles et collaborer avec les communautés — vous avez tout à fait raison à cet égard — qui veulent intervenir dans des régions rurales, éloignées et urbaines, chez les Premières nations, les Métis et les Inuits, et ce, dès le niveau préscolaire et pendant le primaire afin d'élaborer des approches adaptées au contexte propre à chaque communauté. La situation est très différente entre Kuujjuaq et Membertou, et je pourrais vous donner d'autres exemples. Nous devons tenir compte de ce fait, et les communautés elles-mêmes doivent s'approprier leur avenir. Il faudra un certain temps, c'est le moins que l'on puisse dire, et une somme colossale de travail.

Si nos approches en matière d'éducation — qui font intervenir les établissements du niveau élémentaire jusqu'à l'université — ne tiennent pas compte des Autochtones, de leurs différences et de leur point de vue, elles sont vouées à l'échec.

Cet enracinement dans les valeurs culturelles communautaires — la communauté étant différente en région urbaine et en région éloignée — est caractéristique de notre peuple. Nous avons besoin de partenaires engagés. Je crois que les Canadiens mettront l'épaule à la roue et nous aideront dans notre initiative. Voilà pourquoi j'y crois tant. D'ici là, cependant, nous ferions mieux d'aider ceux qui sortent actuellement des écoles secondaires. Ces jeunes ont besoin de modèles à suivre.

Vous étiez nombreux sur la Colline, il y a plusieurs semaines, lorsque nous avons remis les Prix nationaux d'excellence décernés aux Autochtones. Ces récipiendaires sont nos modèles et nous devons les mettre en valeur. Le sénateur Dyck, ici présent, fait partie de ces modèles qui inspirent nos jeunes. Si nous réussissons à les motiver et à les inspirer suffisamment pour qu'ils terminent leurs études secondaires et renversent tous les obstacles pour réussir, nous devons être prêts à les aider à terminer leurs études postsecondaires et à concrétiser leur potentiel.

Le sénateur Segal : Je veux saisir la différence entre ces scénarios, chef Jamieson. Si un jeune pauvre de Kingston est admis à l'université, mais n'a pas d'argent, il présente une demande d'aide financière au Régime d'aide financière aux étudiants de l'Ontario. Si un jeune de nos communautés des Premières nations se retrouve dans la même situation, ne peut-il pas faire une demande au RAFEO? A-t-il d'autres problèmes en raison du statut d'Indien inscrit ou non inscrit?

Ma deuxième question porte sur la manière dont votre fondation assure un juste équilibre entre l'appui à la réussite scolaire et le soutien financier, et sur les critères utilisés à cette fin. De toute évidence, si on favorise le rendement scolaire, on a déjà affaire à des gagnants en raison du parcours des personnes concernées, qui sont largement des femmes.

Je suppose que je suis un peu curieux de savoir si les programmes du gouvernement vous mettent les bâtons dans les roues. Par exemple, si une personne qui ne fait pas partie des Premières nations, la mère monoparentale de 27 ans qui reçoit des prestations d'aide sociale que vous avez fort bien décrite plus tôt, fait une demande au RAFEO afin d'obtenir du soutien financier, elle perdra carrément ses prestations d'aide sociale. Notre système contrecarrerait les efforts de cette personne, qui cherche pourtant à s'en sortir en suivant la voie que nous préconisons, c'est-à-dire l'éducation. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.

Enfin, j'ai une question pour notre collègue du ministère des Affaires indiennes et du Nord. Si nous adoptions au Canada une loi stipulant simplement que toute personne des Premières nations admise dans un établissement postsecondaire, qu'elle réside sur une réserve ou ailleurs, recevra un financement de base pour couvrir les frais d'étude et les coûts de subsistance pendant ses études, n'aurions-nous pas là une manière plus efficace de les aider financièrement? Ne serait-ce pas plus efficace que la manière dont procède votre ministère, avec les meilleures intentions et en toute bonne foi?

Mme Jamieson : Quelle est la différence entre un étudiant qui fait une demande au RAFEO et un étudiant des Premières nations? Il est vrai que ces derniers peuvent aussi faire une demande au Régime. Les étudiants autochtones peuvent demander du soutien financier en s'adressant à leur propre Première nation, qui peut ou non avoir des fonds à fournir. S'ils obtiennent du soutien financier, ce dernier peut être minime, auquel cas les étudiants peuvent ensuite présenter une demande à la fondation pour combler leurs besoins. Il s'agit souvent de choses de base, comme les frais de garderie, et certains vont recevoir 500 $, alors que d'autres recevront 10 000 $.

Oui, ils peuvent présenter une demande au RAFEO. Pour ce qui est des aptitudes financières, je déteste sincèrement énoncer des généralités; mais sachez que s'il existe des différences entre les régions du pays, il n'y en a pas ici. Des générations de dépendance à l'aide sociale n'instruisent pas, n'inspirent pas, ne motivent pas et ne donnent pas confiance en soi si on ne travaille pas depuis des décennies. La situation est intrinsèquement difficile. Tous sont capables et égaux, mais la capacité à gérer ses finances pose un défi. Sachez toutefois que la fondation accorde la priorité aux étudiants. Plus il existera de sources de financement pour les étudiants, plus grandes seront leurs chances de trouver celle qui leur convient. Je suis donc tout à fait d'accord pour que nous offrions toute une panoplie de mécanismes de financement, mais il doit y en avoir un qui cible expressément les étudiants autochtones. Les études ne manquent pas pour le démontrer.

Lorsque nous investissons dans des étudiants par l'entremise de la fondation, ces jeunes nous disent quotidiennement que le simple fait de recevoir ce financement — offert sous forme de bourse, puisque nous sommes associés aux prix d'excellence — montre que nous croyons en leur potentiel, et ils sont fous de joie. Ce soutien permet également de renforcer leur identité, ce qui est essentiel.

Pour ce qui est de la deuxième question sur les critères utilisés pour assurer l'équilibre entre les divers aspects, je demanderai à Mme Steinhauer d'expliquer les quatre critères dont nous tenons compte lors de l'examen des demandes.

Noella Steinhauer, directrice de l'éducation, Fondation nationale de réalisation autochtone : C'est un aspect très important, particulièrement pour nous, car nous voyons bien que tous les étudiants ne possèdent pas tous les acquis académiques.

Ces étudiants sont évalués dans quatre domaines, pour lesquels ils reçoivent 10 points. Lorsqu'ils se présentent devant le jury, ce dernier les évalue dans ces quatre domaines. Il y a d'abord le besoin financier, que les étudiants doivent prouver afin d'être admissibles à une bourse. Ils doivent également démontrer leur attachement à la communauté autochtone, parce qu'une bonne partie de nos partenaires financiers veulent être certains qu'ils retourneront dans leurs communautés ou qu'ils veulent s'y impliquer en faisant du bénévolat ou d'autres activités. Nos bailleurs de fonds veulent s'assurer que les jeunes sont attachés à la communauté autochtone. Les étudiants doivent en outre rédiger un essai et présenter une évaluation de la main d'un professeur d'université indiquant qu'ils possèdent les compétences nécessaires dans leur domaine d'études. Cet aspect est également évalué. Le dernier facteur est évidemment la réussite scolaire.

Un étudiant faisant piètre figure sur le plan du rendement scolaire pourrait obtenir une bonne note dans les domaines des besoins financiers, de la capacité dans son domaine d'études et de l'attachement à la communauté.

Le sénateur Segal : C'est le total des points qui compte.

Mme Steinhauer : Oui, et le jury doit en arriver à une décision consensuelle.

Le sénateur Segal : Merci.

Mme Jamieson : Ce jury est constitué de professionnels autochtones qui ont eux-mêmes effectué des études postsecondaires.

Mme Keenan : Vous vouliez savoir si les étudiants des Premières nations seraient mieux servis s'ils recevaient automatiquement du financement de base lorsqu'ils sont acceptés dans un établissement. Voilà une option très intéressante, qui mériterait d'être étudiée dans le cadre de l'examen. Actuellement, le programme verse l'argent directement aux communautés des Premières nations en effectuant un transfert de fonds. L'argent peut servir à appuyer l'éducation postsecondaire, mais si une communauté des Premières nations considère qu'elle n'a pas besoin des fonds à cette fin, elle peut déclarer un excédent et les affecter à d'autres priorités.

Si votre proposition est adoptée, les fonds seraient utilisés pour l'éducation postsecondaire. Toutefois, cela signifie également que pour la plupart des étudiants, le financement de base ne serait pas suffisant et devrait être coordonné avec d'autres programmes pour que ceux qui éprouvent des besoins financiers puissent obtenir une aide financière suffisante pour terminer leurs études.

Le sénateur Eaton : Quand je vous vois tous les trois ici, j'ai grand espoir que nous accomplirons quelque chose.

J'essaie de comprendre, en m'appuyant sur des témoignages précédents, les difficultés supplémentaires que les enfants autochtones doivent surmonter, des difficultés que les jeunes blancs n'ont peut-être pas à affronter; ce sont peut-être les mêmes obstacles.

On nous a dit que le taux de décrochage était très élevé au niveau secondaire, particulièrement chez les jeunes hommes, comme le sénateur Keon nous l'a fait remarquer, en raison du manque d'encadrement chez les étudiants non autochtones du secondaire. Ils ne bénéficient pas de l'orientation et de l'inspiration dont ils ont besoin pour se rendre jusqu'à l'université. Nous envisagions d'encadrer les étudiants du secondaire très tôt — en septième ou en huitième année — pour leur faire comprendre les acquis dont ils ont besoin pour fréquenter l'université et les sensibiliser à l'importance de l'éducation supérieure. Offre-t-on ce type d'encadrement dans les communautés autochtones? Monsieur Keitlah, vous qui possédez de toute évidence une éducation postsecondaire, avez-vous reçu de l'encadrement?

M. Keitlah : Depuis le début, je défends la cause des jeunes, et j'ai travaillé avec de nombreuses organisations, pas nécessairement autochtones. Dans ce débat, nous nous éloignons de l'accès à l'éducation postsecondaire. Je tiens à souligner que les communautés autochtones sont aux prises avec de nombreux problèmes, comme les taux de diplomation au niveau secondaire, l'accès à l'eau propre et le logement adéquat, autant de problèmes que nous devons résoudre.

Le sénateur Eaton : Je veux simplement parler de réussir à se rendre à l'éducation postsecondaire. Certains de nos autres témoins ont indiqué, dans leurs études, que le manque de fonds n'est pas toujours le facteur déterminant qui explique pourquoi les gens ne reçoivent pas d'éducation postsecondaire. Je commenterai les propos du chef Jamieson sur le manque de connaissances en finances.

Selon vous, quelles sont les raisons, à part de financement? Dans une communauté non autochtone, certains parents n'ont pas fréquenté l'université. Vous l'avez également fait remarquer, ajoutant que si les parents n'ont pas effectué d'études universitaires, leurs enfants seraient peu encouragés à le faire. Parfois, c'est la pression des pairs qui entre en jeu.

Qu'est-ce qui vous a poussé à suivre une éducation postsecondaire? Comment vous êtes-vous rendu jusque-là?

M. Keitlah : J'ai décroché au niveau secondaire, puis je suis retourné aux études dans une école alternative de Colombie-Britannique, où j'ai terminé mon éducation secondaire. Dans ma famille, ma mère a été la première à obtenir son diplôme d'études universitaires.

Selon moi, le principal écueil, c'est le financement. Pour les 2 500 étudiants qui n'ont pas eu accès à l'éducation postsecondaire cette année, le financement constitue le vrai problème.

Le sénateur Eaton : Chef Jamieson, je suis également membre du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts, qui a entendu le témoignage d'un étudiant des Premières nations qui prépare un doctorat à l'Université Lakehead. Il a évoqué les obstacles que les Autochtones doivent surmonter pour poursuivre leurs études postsecondaires et nous a demandé s'il faudrait mettre en place un système parallèle. Croyez-vous qu'il faille instaurer un tel système pour permettre aux Premières nations de conserver leur culture et leurs valeurs? Comment pourrions-nous nous y prendre pour ne pas avoir de système parallèle au Canada? Comment pouvons-nous permettre aux jeunes des Premières nations de se sentir chez eux à l'université?

Mme Jamieson : Voilà de vastes questions, monsieur le sénateur, auxquelles je vais tenter de répondre. Tout d'abord, je vous remercie de vous rappeler que j'ai été chef des six nations, mais je n'occupe plus ces fonctions.

Vous avez posé deux questions. Je commencerai par la dernière, qui porte sur les universités et le système parallèle. Je crois honnêtement qu'il existe un rôle pour toutes ces approches. Je connais dans les Premières nations d'excellents établissements postsecondaires, ainsi que des programmes donnent de bons résultats dans les établissements postsecondaires actuels. En fait, vous pourriez examiner le programme appelé LE,NONET, offert à l'Université de Victoria, en Colombie-Britannique. En langue salish, ce nom signifie « réussir après avoir surmonté bien des épreuves ».

Il faudrait songer à encourager les établissements postsecondaires à offrir un environnement accueillant et adapté aux étudiants autochtones. Cette discussion arrive à point nommé. Le taux d'inscription diminue chez les étudiants non autochtones, alors qu'il devrait augmenter.

J'ai abordé la question avec l'Association des universités et des collèges. Nous devons travailler ensemble pour établir un environnement propice à la réussite. À certains endroits, il faudra peut-être mettre en place un centre des Premières nations; il sera certainement nécessaire d'affecter du personnel permanent à cette initiative plutôt qu'un groupe d'employés contractuels. De nombreux aspects interviennent, et je vous invite à examiner la question.

L'autre question que vous avez posée concerne les défis auxquels sont confrontés les étudiants qui ne terminent pas leurs études secondaires. Ces obstacles sont nombreux, mais certains sont propres aux Autochtones, aux Premières nations, aux Métis et aux Inuits. Il ne fait aucun doute que les étudiants ont un défi à relever en ce qui concerne le manque de soutien familial et d'encadrement. En fait, nous sommes en train d'examiner les racines du mal. Mme Steinhauer élabore actuellement un programme de mentorat différent du programme individualisé, car nous considérons que ce type d'approche n'est pas le seul à pouvoir porter fruit. Ce programme, destiné aux premiers niveaux, jumelle des groupes de bons étudiants à des classes de septième et de huitième années.

La famille, les étudiants et les soins des enfants comptent parmi nos plus grands défis, et il y en a de nombreux autres. Dans nos familles élargies, nous devons rester à la maison pour nous occuper des personnes âgées. Les aspects qui rendent nos cultures si particulières et si belles ne permettent peut-être pas aux étudiants de poursuivre leur cheminement scolaire.

Cela dit, le fait que nombre de nos jeunes ne croient pas en leur avenir représente une question de fond. Ils abandonnent leurs rêves. À leur arrivée à l'école, ils sont enthousiastes, puis un problème survient. Ils ne sont pas assez régulièrement en présence de modèles. Nous faisons pourtant de notre mieux afin de leur en présenter toujours plus.

Pour revenir à la question des études postsecondaires, nous devons inciter les gens à devenir des modèles et les appuyer en ce sens. Nous devons les soutenir. Nous savons qu'il y a des médecins, dentistes, avocats ou docteurs. Pour grossir les rangs, il faut que nous en recrutions davantage et montrions aux jeunes que des membres de leur communauté suivent ces modèles et qu'ils peuvent y parvenir aussi. C'est un élément crucial. Il est impératif de les encourager s'ils ont la capacité de réussir.

Le sénateur Callbeck : Bienvenue à tous. Madame Keenan, vous avez fait mention d'un examen annoncé dans le budget de 2008. J'aimerais connaître exactement son objet et le moment où on devrait s'attendre à obtenir des résultats.

Mme Keenan : Certaines questions s'orientent davantage vers l'avenir que d'autres; c'est le cas pour celle-ci.

Les efforts déployés jusqu'à présent dans le cadre de l'étude s'appuient principalement sur les recommandations qui ont suivi la vérification. Nous avons également entrepris l'étude de la documentation pour déterminer non seulement les aspects financiers, mais aussi les facteurs déterminants qui favorisent l'élargissement de l'accès aux études secondaires et postsecondaires et, par conséquent, la capacité de poursuivre des études postsecondaires.

Nous avons engagé des discussions informelles avec des représentants des quatre coins du pays. Cependant, la question demeure vaste. Il faudra encore du temps avant d'arriver à l'étape où on pourra simplement discuter de l'option proposée plus tôt par un sénateur. Actuellement, on se demande s'il convient de mettre en œuvre un mécanisme différent ou de simplement corriger le programme.

Le sénateur Callbeck : En d'autres mots, vous ne connaissez pas les grandes lignes de l'examen, ses échéances et ainsi de suite.

Mme Keenan : Pour le moment, aucun délai n'a été établi, car la portée de l'étude se veut globale. Nous savons que le programme présente des lacunes, mais ce n'est peut-être pas la solution idéale.

Nous analysons l'ensemble des options, contraintes, ressources et lacunes. On ne peut pas tout accomplir du jour au lendemain, car il faut au moins une génération pour y arriver.

Le sénateur Callbeck : Bien sûr, le comité espère que l'étude ratisse large. Malgré tout, avez-vous une idée du moment où les résultats pourraient poindre?

Mme Keenan : Je devrai vous revenir à ce sujet; pour l'instant, je ne sais pas. Nous souhaitons déposer un rapport sur nos constats et nos options d'ici un an, mais de nombreux facteurs pourraient influencer la concrétisation de cet objectif. J'aimerais vous communiquer des précisions sur les échéances une fois que nous nous serons consultés plus amplement.

Le sénateur Callbeck : Je l'apprécierais certainement. Cela pourrait être très utile au comité. Par contre, si ce ne sera pas avant longtemps, laissez tomber.

Le président : Peut-être pourriez-vous faire parvenir une lettre au greffier, après examen, quant à toute idée qui vous vient en réponse à la question du sénateur Callbeck.

Mme Keenan : Je le ferai avec plaisir.

Le sénateur Callbeck : Mme Jamieson, mes félicitations en reconnaissance de vos accomplissements dans le cadre de la fondation. Vous faites un travail merveilleux.

À ce que j'en comprends, la fondation sert à combler un manque, en fait. Les gens qui veulent étudier à l'université ont d'abord recours à des programmes d'aide financière. Ensuite, s'ils ont besoin d'un montant complémentaire, ils s'adressent à vous, n'est-ce pas?

Mme Jamieson : Pas toujours. S'ils n'ont pas accès à d'autres sources de soutien, ils peuvent certainement nous demander de l'aide. On a fait mention plus tôt du fait que de nombreux Métis ne peuvent pas profiter d'un financement spécialisé pour leurs études. Les demandes de ces personnes sont les bienvenues.

Une autre situation concerne les étudiants des Premières nations qui nous demandent de l'aide, car leur communauté n'a plus un sou. À l'époque où j'étais chef, j'ai été contrainte, une année, d'annoncer à 400 étudiants acceptés aux études postsecondaires que nous n'avions pas d'argent pour eux. Ils peuvent s'informer de notre capacité de les aider, mais ils doivent décrire les efforts qu'ils ont déployés en vue d'obtenir des fonds, qu'ils proviennent de leur conjoint, de leur partenaire, de leur famille ou du Régime d'aide financière aux étudiants de l'Ontario.

Le sénateur Callbeck : Les étudiants qui souhaitent apprendre un métier sont-ils admissibles?

Mme Jamieson : Nous avons un programme spécial, mais qui n'est pour l'instant offert qu'en Alberta. Il est entièrement financé par le secteur privé et est destiné aux étudiants qui entreprennent une formation préparatoire à l'exercice d'un métier, une formation professionnelle ou une formation d'apprenti, ou qui se préparent à exercer un métier dans l'industrie gazière et pétrolière ou les technologies connexes. Ce programme montre des signes encourageants. Il pourrait être mis sur pied dans d'autres régions et s'appliquer à bien d'autres métiers.

[Français]

Le sénateur Pépin : Bonjour et bienvenue, lorsque l'on parlait des femmes qui vivent dans la pauvreté, qui ont des responsabilités familiales et qui sont éloignées de leur région, vous avez parlé de votre fondation. Elles obtiennent des bourses. Est-ce que, à ce moment, elles ont un moyen soit d'aller à votre fondation ou ailleurs pour avoir des subventions pour les aider à subvenir à des services qui pourraient défrayer ces surplus de dépenses qu'elles doivent faire puisqu'elles sont adultes et parentes. Ce sont des familles monoparentales avec des enfants. Je comprends que leurs études sont payées.

[Traduction]

Mme Jamieson : C'est une excellente question. Je demanderai à Mme Steinhauer de discuter avec quelques étudiants de leurs besoins personnels.

Mme Steinhauer : Je vous remercie de votre question. Cette préoccupation fait certainement partie des critères de l'évaluation, qui prend en compte les éléments propres à chacun. Par exemple, dans le cas d'étudiants du Grand Nord, les évaluateurs prennent en considération que leur besoin de s'installer ailleurs, de retourner chez eux et de voyager par avion leur occasionne des coûts supplémentaires. Également, les coûts reliés à la garde d'enfants figurent dans le plan financier d'une mère monoparentale; ce besoin attesté est reflété dans son budget. Malheureusement, nous ne pouvons toujours pas subvenir à tous les besoins, malgré le fait que, pour certaines personnes, c'est notre aide qui détermine si elles pourront terminer leur année d'étude.

[Français]

Le sénateur Pépin : Pour les femmes qui sont la majorité, si j'ai bien compris, qui poursuivent leurs études, je me demande s'il n'y aurait pas une autre avenue qu'on pourrait utiliser pour obtenir de l'argent encore pour aider ces adultes qui sont chefs de famille? Il semble actuellement que le gouvernement fédéral ne donne pas suffisamment d'argent pour combler ces besoins, mais il semble que c'est un besoin très important et qui devrait être complété.

On a parlé beaucoup des étudiants qui vont au postsecondaire et à l'université. Mais qu'est-ce qui arrive des étudiants qui choisissent d'aller vers les métiers, les apprentissages? Est-ce qu'ils ont aussi un système, vous pouvez les aider, de quelle façon vous les appuyez? Est-ce qu'il y a un suivi après pour savoir combien réussissent? Quel est le pourcentage des jeunes qui se dirigent vers les métiers et l'apprentissage?

[Traduction]

Mme Jamieson : En ce qui concerne les métiers, nous n'aidons actuellement que les étudiants qui se préparent à exercer un métier dans l'industrie gazière et pétrolière ou les technologies connexes. Il y a d'autres programmes, sous la gouverne de Ressources humaines et Développement des compétences Canada, nés de l'initiative intitulée Stratégie de développement des ressources humaines autochtones. Je vous invite à demander à votre personnel d'effectuer quelques recherches, car cette stratégie sera également révisée cette année. Le soutien fait toujours défaut au pays.

Lorsque nous avons élaboré ce programme spécial de soutien pour l'apprentissage d'un métier, cinq commanditaires du secteur privé nous ont offert un million de dollars. Ils désiraient travailler avec nous sur la conception d'un programme spécial pour les Autochtones. Nous avons intégré au programme des incitatifs basés sur le niveau scolaire atteint, que ce soit le deuxième ou le quatrième secondaire. C'est une manière de dire : « Bravo! Vous allez démarrer votre carrière. » Ainsi, nous reconnaissons qu'un étudiant veut partir à neuf.

Ensuite, nous procédons à l'analyse des besoins que Mme Steinhauer a décrite. Il y a une bourse pour les besoins, à échelle mobile, qui peut représenter 1 000 $, 5 000 $ ou tout montant nécessaire pour favoriser la réussite. Enfin, une troisième mesure incitative récompense les étudiants qui terminent leur programme d'études.

Les sociétés BP, Petro-Canada, Suncor, Trans-Canada et Shell ont mené cette initiative. Il n'y a pas de pénurie d'emplois pour les étudiants qui terminent leur programme avec succès. Encore une fois, il s'agit d'une mesure, d'une toute petite initiative, que nous devons enrichir et reproduire à l'échelle nationale.

Le président : Pourrais-je demander à Mme Keenan de répondre à la question aussi? Votre ministère soutient-il ceux qui suivent un programme de métiers ou d'apprentis?

Mme Keenan : Votre question précédente était :

[Français]

Est-ce qu'il y a un écart entre les gens qui participent dans les métiers, non il n'y a pas tellement de différence. C'est très semblable entre les Autochtones et les non Autochtones.

[Traduction]

Il n'y a pas d'écart entre les nombres d'Autochtones et de non-Autochtones dans les métiers ou dans les collèges. Toutefois, il y a quelque temps, avant que je sois aux Affaires indiennes et du Nord, il a clairement été déterminé que la responsabilité de soutenir les programmes d'apprentis et de métiers revenait à Ressources humaines et Développement des compétences Canada et que le programme d'Affaires indiennes et du Nord Canada avait pour cible la réussite des études collégiales et universitaires.

Le président : Malgré cet état de fait, collaborez-vous le moindrement avec le ministère des Ressources humaines, par exemple en donnant des conseils sur l'orientation des politiques, ou vos processus sont-ils indépendants?

Mme Keenan : Il y a beaucoup de travail à faire, mais nous sommes certainement très intéressés à faire concorder nos programmes, en particulier dans des régions précises. Certaines provinces sont spécialement désireuses de collaborer avec nous pour offrir le meilleur soutien possible aux étudiants autochtones. Nous avons travaillé avec RHDCC sur des initiatives précises pouvant être harmonisées.

Le président : Je vais demander au sénateur Keon d'occuper le fauteuil parce que je dois participer à une autre réunion. C'est notre dernière séance avant la nouvelle année, avant notre retour du congé des Fêtes. Sur ce, je cède mon siège au sénateur Keon.

Le sénateur Wilbert J. Keon (vice-président) occupe le fauteuil.

Le sénateur Martin : À l'instar des autres sénateurs, je vous remercie d'être ici aujourd'hui. Il s'agit d'une question importante pour notre présent et notre avenir. Je vous félicite pour le leadership que vous démontrez. Le programme de mentorat que la fondation mettra en œuvre dans l'ensemble du pays sera un facteur de réussite déterminant dans notre tentative d'attirer et de maintenir à l'école des étudiants motivés qui termineront leurs études postsecondaires avec succès.

Je veux me concentrer sur le sujet de l'accès. La fondation semble efficace et solide. Vous avez fait mention d'un fonds de dotation de 25 millions de dollars tout comme d'un accès équitable pour tous les étudiants. Avez-vous indiqué que seulement 27 p. 100 des étudiants environ profitaient de votre aide ou plutôt que vous ne pouviez donner un coup de main à plus de gens en raison de fonds limités? J'essaie de tirer le tout au clair. Le défi est-il lié à l'accès aux programmes de bourses d'études ou aux fonds limités dont vous disposez?

Mme Jamieson : Il n'y a pas de limite au montant que nous pouvons accorder à un étudiant, mais le fait est qu'on nous a demandé plus de 22 millions de dollars l'an dernier, alors que seulement 4,6 millions de dollars étaient disponibles. La politique de la fondation ne consiste pas à répondre entièrement aux 500 premières demandes puis à refuser les suivantes. Nous faisons de notre mieux afin de répartir équitablement nos ressources selon les besoins dans l'objectif d'en donner le plus possible au plus grand nombre. Cependant, on peut constater par ces seuls chiffres qu'on ne répond même pas favorablement à 27 p. 100 des étudiants qui nous présentent une demande, alors qu'il y en a beaucoup plus...

Le sénateur Martin : Je vois. Merci de cette précision.

Vous avez indiqué que beaucoup d'étudiants n'ont pas droit au financement. Qu'est-ce qui les rend inadmissibles? Que pouvons-nous faire pour qu'ils y aient accès?

Ces étudiants reçoivent-ils le soutien dont ils ont besoin, dans les réserves ou à l'extérieur, de la part de conseillers qui peuvent les aider dans les formalités administratives, afin qu'ils aient accès aux différentes sources de financement? J'ai moi-même été étudiante et je sais que remplir les formulaires est parfois ardu. C'est pourquoi il est utile qu'une autre personne qui s'y connaît intervienne ou que l'on mette en place un processus clair pour que les étudiants puissent présenter leur demande.

M. Keitlah : J'ai dit que les Indiens non inscrits et les Métis ne sont pas admissibles au programme. Actuellement, seuls les étudiants inuits et ceux qui sont membres des Premières nations ont le droit d'en bénéficier. À notre avis, tous les étudiants connaissent des problèmes similaires et ils devraient donc tous être admissibles. Le gouvernement doit travailler en collaboration avec les organisations autochtones en ce sens.

Quant à l'accès aux ressources, selon moi, le programme fonctionne actuellement de façon efficace, car les personnes qui l'administrent sont de ma communauté et sont déjà passées par tout le processus du Programme de soutien aux étudiants du niveau postsecondaire. Elles sont là pour faire le travail, et il nous faut améliorer la capacité d'autres communautés par l'accès à l'éducation.

Le sénateur Martin : C'est ce que vous avez constaté personnellement. Les étudiants en général ont-ils accès à ce type de soutien?

M. Keitlah : Selon les politiques du Programme de soutien aux étudiants du niveau postsecondaire, on peut payer des travailleurs en éducation sur le terrain. Bon nombre de nations sont de cet avis.

Le sénateur Dyck : Je vous remercie tous de vos exposés aujourd'hui. Je sais que vous avez à cœur d'améliorer l'accès des Autochtones à l'éducation postsecondaire, et c'est tout à votre honneur. Je tiens à remercier en particulier Roberta Jamieson pour son travail au sein de la fondation. En tant que porte-étendard de cette fondation, partout où je vais au Canada, les gens me reconnaissent. C'est très flatteur. De jeunes étudiants viennent me voir pour me dire que je les inspire; je n'en reviens tout simplement pas. Le rôle que joue la fondation, soit de décerner des bourses aux étudiants, a eu énormément d'impact dans l'ensemble du pays.

Je vais me concentrer sur les obstacles financiers. D'après la question du sénateur Segal, il y a des prêts étudiants, différents types de bourses, comme celles de votre fondation, de l'aide sociale pour les mères seules, du financement de l'AINC, et ainsi de suite, mais toutes ces ressources viennent de l'extérieur. Comme la plupart des étudiants dont nous parlons aujourd'hui ne reçoivent pas d'aide financière de leur famille et n'ont pas d'argent dans leur compte bancaire, ils doivent trouver une source de revenus. L'une des façons intéressantes de le faire, selon moi, et vous me direz si vous partagez mon avis, c'est en occupant un emploi d'été.

Devrait-il y avoir des programmes visant à accroître les possibilités d'emplois d'été pour les élèves qui finiront bientôt le secondaire ou qui poursuivent des études postsecondaires, afin qu'ils puissent gagner de l'argent pendant leur formation? Y aurait-il moyen de le faire?

Y a-t-il des façons d'accroître le financement pour les métiers spécialisés? Les hommes s'inscrivent à des programmes de formation professionnelle. Ils étudient davantage dans des programmes professionnels qu'universitaires. Il n'y a presque pas de femmes à ce niveau. Le sénateur Keon a signalé des écarts intéressants entre les hommes et les femmes.

Mme Jamieson : Sénateur, c'est un plaisir de vous revoir. Je vais demander à Mme Steinhauer de répondre à votre question sur les emplois d'été et les salaires.

Mme Steinhauer : Je vous remercie de votre intervention. Les étudiants présentent une demande en grande partie parce qu'ils ont entendu parler de nous par la fondation ou par d'autres personnes comme vous.

Beaucoup de nos étudiants comptent sur leur emploi d'été pour payer leurs études l'année suivante. Par ailleurs, habituellement, ils essaient d'épuiser toutes les autres sources de financement et ils nous démontrent qu'ils ont cherché toutes les possibilités. C'est bon pour leur préparation à l'université. Cette année, au sein de la communauté des Six Nations, un certain nombre d'étudiants n'ont pas pu travailler parce qu'il n'y avait aucun emploi pour les étudiants collégiaux et universitaires dans la province ni dans le reste du pays, d'ailleurs.

Les salaires que procurent les emplois d'été sont un excellent point de départ pour les élèves du secondaire. S'il n'y a pas de possibilités d'emploi, nous pourrions peut-être élaborer un programme au niveau communautaire, en particulier au sein des Premières nations.

Le sénateur Dyck : Exactement. Nous devrons peut-être y songer.

Mme Jamieson : Je crois que c'est une excellente idée. En outre, le gouvernement pourrait être un partenaire important, mais nous avons constaté, en travaillant avec ceux qui appuient cette initiative, que les entreprises du secteur privé sont prêtes à offrir des stages et des emplois aux étudiants, parce qu'elles veulent rester en contact avec eux tous les étés durant leurs études postsecondaires pour ensuite les embaucher. Ainsi, elles les fidélisent. Encore une fois, tout le monde a un rôle à jouer. Nous convenons tous qu'un étudiant désœuvré en été, cela ne donne pas une très bonne image.

Le sénateur Dyck : Souhaitez-vous faire une observation, monsieur Keitlah?

M. Keitlah : Oui. Je me suis entretenu avec des représentants du Comité de coordination de l'éducation des Premières nations en Colombie-Britannique. Sur le plan de la réussite, ils ont constaté que lorsque les nations accordent l'allocation de subsistance maximale à une personne qui poursuit des études postsecondaires, ses chances de réussite augmentent. Cela n'a pas fait l'objet d'une étude, mais c'est la rétroaction qu'ils reçoivent des étudiants.

Il est important d'encourager cela; cependant, je tiens également à préciser que la récession a frappé très durement les étudiants, et que le nombre d'emplois pour les étudiants a touché un creux inégalé l'été dernier.

Mme Jamieson : En effet. Les étudiants ne sont pas inactifs par choix. Bon nombre d'entre eux n'ont pas eu la chance de se trouver un emploi.

Le sénateur Fairbairn : Nous avons une excellente discussion aujourd'hui. Comme certains d'entre vous le savent, je viens du Sud-Ouest de l'Alberta, région qui est au cœur du Traité no 7. La tribu des Blood se trouve à proximité. Dans les années 1960, à la surprise d'un grand nombre d'habitants de ma ville, on a décidé qu'il nous fallait une université. L'Université de Lethbridge devait accueillir les Autochtones, aux sens à la fois large et précis. Elle s'est énormément développée au cours des dernières années, tout comme l'a fait le collège communautaire, d'une façon différente. Une partie de l'enseignement offert à l'Université de Lethbridge vise les Autochtones; on y offre des programmes pour les groupes autochtones de notre région. L'un d'entre eux, la tribu des Blood, a même son propre collège, le Red Crow Community College. Il connaît du succès, mais il existe depuis fort longtemps. Il y a toujours des gens qui pensent qu'il va fermer, mais ce n'est jamais arrivé. Il a beaucoup de contacts avec l'université. Habituellement, j'assiste aux cérémonies de collation des grades durant l'année. Un certain nombre de jeunes et d'adultes atteignent cette étape. Cette année, j'ai remarqué que beaucoup d'étudiants ont obtenu leur diplôme dans leur discipline, et fait intéressant, bon nombre d'entre eux étaient de jeunes femmes. Non seulement elles ont réussi, mais elles ont terminé parmi les meilleures. C'est formidable.

Le lien entre cette université et les gens des réserves est très étroit. Avez-vous collaboré avec eux et avec Red Crow d'une manière ou d'une autre? Ils sont devenus un élément important de notre université en raison de notre emplacement. Nous constatons maintenant que les jeunes s'installent en ville, à Calgary, et sont en mesure de subvenir décemment à leurs besoins et à ceux de leur famille. Vous êtes-vous demandé par quels moyens ils y sont parvenus? Au début des années 1960, personne ne savait vraiment ce qui arrivait ni si cela fonctionnerait, mais ce fut le cas. Vous êtes- vous déjà penchés sur cette question?

Mme Steinhauer : Je vous remercie de le mentionner. Je viens de l'Alberta, mais de la région du Nord-Est. Je connais très bien le programme de l'Université de Lethbridge, car j'ai déjà travaillé pour cette institution. J'étais directrice de l'enseignement au programme de formation des enseignants autochtones, alors je connais bien les programmes de sensibilisation et ceux qui alimentent le Red Crow et le Blue Quills First Nations College. Tous ces collèges des Premières nations sont des éléments essentiels qui souvent, ne sont pas reconnus parce que ce sont des établissements fournisseurs. C'est là où j'ai commencé. Il y a bien des années, je suis allée à l'université. J'avais 17 ans et j'ai fréquenté cet établissement parce qu'il était près de chez moi. Si j'avais déménagé en ville, je n'aurais probablement pas obtenu mon diplôme ni même terminé mon année. Ce sont des établissements essentiels parce qu'ils collaborent avec les grandes institutions, comme l'Université de l'Alberta, l'Université de Calgary et l'Université de Lethbridge. Tous font beaucoup d'efforts pour répondre aux besoins des étudiants. On offre souvent des services sur le terrain, avec l'appui de la province, en donnant une partie du programme directement dans la communauté. Le programme de formation des enseignants que nous avons mis sur pied était totalement financé par la province de l'Alberta et géré en collaboration avec l'Université de l'Alberta. Les étudiants n'avaient jamais à quitter leur communauté pour obtenir un baccalauréat en éducation. Le taux de réussite était très élevé. Certains étudiants étaient inscrits au tableau d'honneur, le taux d'obtention de diplôme était de 87 p. 100, et les diplômés étaient en grande partie des femmes. Je pouvais compter le nombre d'étudiants masculins sur les doigts d'une seule main.

Nous sommes conscients de la situation. Toutefois, nous sommes un très petit département à but non lucratif et nous n'avons pas la capacité nécessaire pour fonctionner actuellement. Cela réduit beaucoup notre capacité de faire des recherches supplémentaires, mais nous savons que lorsque les étudiants nous envoient leur demande, ils ont la volonté de réussir. J'ai commencé dans ce programme et voici où j'en suis. Les programmes sont importants.

Mme Jamieson : Pourrais-je ajouter une seule chose à propos de la question très importante que vous avez soulevée au sujet de l'identité? Les étudiants nous disent et nous montrent tous les jours — et nous savons que c'est vrai, puisque des études ont été effectuées à ce sujet — qu'un fort sentiment de fierté identitaire a une incidence sur la capacité de réussir. Ils nous disent qu'ils peuvent réaliser leur plein potentiel lorsqu'ils ont une attitude positive. Nous savons qu'il y a un lien. Nous savons que dans les établissements qui reconnaissent et comprennent les besoins des étudiants, le taux d'obtention de diplôme est supérieur. Il est très important que nos jeunes gardent contact avec leurs valeurs, leur culture, leurs anciens et leur peuple, car plus ils seront épanouis, plus ils pourront accomplir de grandes choses.

Personnellement, c'est l'une des choses auxquelles je dois ma réussite scolaire. J'ai une famille qui me soutient. Ma famille me soutient en tant que femme, en tant que Mohawk. Notre peuple a contribué à ce pays, et a tellement plus encore à offrir. Nous cherchons des moyens de le faire. Si nous pouvons inspirer cela à notre peuple, il réussira. Il n'y a pas le moindre doute, si nous lui offrons un soutien financier.

Le sénateur Dyck a parlé d'emplois d'été et de l'emploi. Il y a eu hier au Château une séance d'information sur une étude — je crois que vous y étiez, sénateur — l'OCCL, qui traitait de bénévolat, du haut niveau de bénévolat chez nous.

Ne pourrait-il pas y avoir là d'emplois d'été? Est-ce que nous devrions verser une espèce de rémunération à nos étudiants parce qu'ils travaillent dur pendant l'été? Peut-être ne gagnent-ils pas de salaire, mais nous pourrions peut- être trouver un moyen de rassembler les éléments de ce tableau, parce qu'ils veulent contribuer, autant que les membres de ce comité le veulent, s'il y a l'espace et le soutien pour le faire.

Le sénateur Cordy : Je tiens à tous vous remercier infiniment parce que je suis une éducatrice. Je pense qu'une fois qu'on a été enseignant, on le reste pour la vie. J'aimerais aborder plusieurs choses, et je vais poser toutes mes questions en rafale.

Nous savons que les jeunes Autochtones de moins de 25 ans représentent le segment de la population qui affiche la croissance la plus rapide, et nous savons qu'ils sont les moins susceptibles d'obtenir un diplôme d'études secondaires. Si nous voulons faire un Canada meilleur, nous avons tout intérêt à commencer à investir dans nos jeunes Autochtones, parce que je ne suis pas sûre que tout le monde se rende compte du rythme effréné de croissance de ce segment de la population.

Deux ou trois questions sont liées aux prêts étudiants, tout d'abord, et elles sont en quelque sorte reliées; il y a beaucoup de chevauchement. Je me souviens d'une de mes amies qui venait d'une communauté noire en dehors d'Halifax, qui était enseignante avec moi. Il nous est facile de dire aux gens de faire une demande de prêt étudiant. Elle ne savait rien des prêts étudiants. Elle était la première de sa communauté et de sa famille à faire des études universitaires, alors elle n'avait aucune idée de ce à quoi elle avait accès.

Comment sensibiliser les jeunes Autochtones à tout ce qui leur est accessible, pour qu'ils en tirent mieux parti?

Aussi, quelles sont les statistiques sur les jeunes Autochtones qui doivent abandonner les études postsecondaires pour cause de manque de financement?

Ensuite, j'aimerais me pencher sur toutes les questions du soutien de l'éducation postsecondaire. Madame Jamieson, vous avez abordé plusieurs questions. Quand nous étions à Winnipeg et Regina, nous avons constaté qu'il y avait de merveilleux programmes d'appui d'adolescents, pour la plupart de jeunes parents. La garde d'enfants était pour eux un des plus grands problèmes. Ils prenaient l'autobus, amenaient leur enfant jusqu'à une garderie, puis reprenaient un autre autobus pour aller à leur lieu d'éducation. Ils jonglaient avec bien des choses. Je me demande des fois si, dans de pareilles circonstances, j'y serais arrivée.

Vous avez parlé de votre sentiment de bien-être. On a dit qu'on ne peut traiter d'éducation postsecondaire exclusivement. Il y a un rapport avec les écoles secondaires, les garderies, le sentiment de bien-être et la culture, et le fait d'être une minorité et de ne pas voir bien des gens qui nous ressemblent tout à fait.

Vous avez parlé d'offrir des incitatifs aux universités, et j'aimerais que vous étoffiez cette proposition. J'ai grandi à Cape Breton, en Nouvelle-Écosse. L'Université de Cape Breton, il y a de très nombreuses années, avait des programmes de démarrage pour les jeunes Micmacs qui vivaient dans la région de Sydney.

Mme Jamieson : Permettez-moi de parler des incitatifs pour les universités. J'aimerais bien qu'on trouve un moyen de travailler avec l'AUCC, l'Association des universités et collèges du Canada, et avec d'autres pour parvenir à accréditer ou reconnaître les critères de modèles qui sont efficaces.

Je crois que l'un des points forts de la fondation, c'est sa façon de célébrer la réussite. Je pense que nous pouvons reconnaître, mesurer et célébrer les exploits des institutions qui font justement cela. Une façon tout à fait pragmatique de le faire est de les y encourager en veillant à ce que les étudiants sachent qu'ils sont en un lieu qui les reconnaît et les soutient et qui fait le geste de plus qu'il faut pour eux. On fait une promotion active de ces établissements auprès de nos étudiants dans tout le pays. Je pense que c'est un moyen parmi d'autres.

Comment atteindre nos étudiants et leur dire ce qui leur est accessible? L'un des moyens que nous avons trouvés, c'est de recruter et former nos propres bénéficiaires de bourses et de prêts de la fondation pour qu'ils aillent sur le terrain expliquer à d'autres étudiants comment se présenter à la fondation, faire une demande et accéder à nos services.

Il y a une leçon à tirer, ici. Nous aimerions faire beaucoup plus partout au pays, mais notre organisation est modeste. Nous faisons de notre mieux avec les moyens que nous avons, mais nous savons que les étudiants eux-mêmes sont les meilleurs ambassadeurs qui soient pour passer le mot. Une démarche concertée? Oui. Des prêts étudiants? Oui.

Comme je l'ai déjà dit, je ne prendrais pas position en disant que ceci ou cela est bon ou mauvais, ou que l'éducation est un droit ou non. Mon rôle, c'est de donner la priorité aux étudiants et de veiller à ce qu'ils aient autant de possibilités qu'il se peut pour accumuler les fonds nécessaires pour réaliser leur potentiel.

Les prêts sont un élément, tout autant que l'argent de la fondation. Le PSENP du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien en est un élément. Tout cela fait partie de ce à quoi nous devons ouvrir l'accès pour les étudiants. Pourtant, l'accessibilité pose problème. Il faut que ce soit tout de suite accessible, facilement et rapidement. Ils savent ce qui arrive quand ils sont rejetés. Il faut aller jusqu'au bout, c'est partie intégrante du tout.

Mme Steinhauer : Vous avez demandé des statistiques sur l'abandon des études postsecondaires. D'après ce que me disent des amis du réseau d'établissements postsecondaires, c'est de l'ordre de 50 p. 100.

Le sénateur Cordy : Mes aïeux!

Mme Steinhauer : Quand je travaillais dans le réseau universitaire, il y avait des étudiants qui rentraient chez eux pour Noël et ne revenaient jamais. C'est surtout pour des raisons financières. C'est beaucoup pour des raisons d'ordre social, et généralement, le fardeau financier est le plus lourd à porter. Toute la question du financement est un gros problème. Certains n'avaient plus l'argent.

C'est ce que nous constatons à la fondation. Nous avons plusieurs étudiants des Premières nations à qui il est impossible d'accéder au financement, alors nous avons établi un processus par lequel ils doivent passer pour démontrer qu'ils ont été déclarés inadmissibles ou qu'il leur est impossible de recevoir de l'argent de leur Première nation. Pour une raison ou une autre, nous ne leur posons simplement jamais la question. Nous leur demandons seulement de fournir cela comme justification du fait qu'ils n'ont pas reçu l'appui financier nécessaire parce qu'il y a bien des collectivités, comme l'a dit Mme Jamieson, qui n'ont pas les moyens de financer tous les étudiants qui fréquentent des établissements postsecondaires.

Pour ce qui est de l'accès à d'autres services comme les garderies, les étudiants doivent porter le fardeau financier des frais de garde. Nous avons eu des étudiants qui faisaient une heure d'autobus pour amener leurs enfants à la garderie, puis une heure de plus pour se rendre à l'école. Ils refont le même trajet en sens inverse à la fin de la journée.

Pour bon nombre d'entre eux, le problème vient de la disponibilité des places en garderie. Pour certains, ce n'est pas parce qu'ils pensent que c'est la meilleure garderie ou la plus accessible. C'est à cause des coûts. Un facteur important, pour bien des étudiants, même au niveau secondaire, c'est la garde des enfants. J'ai aussi été directrice d'école pendant plusieurs années. L'une des choses que nous avons constatées, c'est qu'il y avait pas mal d'étudiants du secondaire qui avaient eu un enfant entre l'âge de 16 et 18 ans, qui accédaient à des garderies, qui essayaient de retourner à l'école. Nos statistiques ne nous trompent pas. Quand on sait que l'étudiante moyenne est âgée de 27 ans et a des enfants, nous l'aidons parce que cette étudiante réussira parce qu'elle voit dans l'éducation un débouché. Qu'il lui faille faire deux heures ou une heure de transport pour aller à la garderie, elle y amènera ses enfants.

Il y a bien des facteurs. C'est un sujet très complexe et nous pourrions discuter de quantités d'aspects. Comme je savais le temps dont je disposais, j'ai pensé seulement aborder ceux-ci.

Le vice-président : Je regrette que nous devions terminer là-dessus. Certains sénateurs ont déjà sept minutes de retard sur leur horaire.

Nous tenons à vous remercier infiniment. Vous avez été des merveilleux témoins, et nous avons été ravis de vous écouter. Merci.

(La séance est levée.)


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