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Délibérations du comité sénatorial permanent des
Pêches et des océans

Fascicule 9 - Témoignages du 1er mars 2011


OTTAWA, le mardi 1er mars 2011

Le Comité sénatorial permanent des pêches et des océans se réunit aujourd'hui, à 18 h 20, pour étudier des questions relatives au cadre stratégique actuel et en évolution du gouvernement fédéral pour la gestion des pêches et des océans du Canada (sujet : les phares canadiens.)

Le sénateur Dennis Glen Patterson (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le vice-président : Bonsoir. La séance est ouverte. Je suis heureux de vous accueillir au Comité sénatorial permanent sur les pêches et les océans. Je suis le sénateur Patterson, du Territoire du Nunavut, et je suis le président du comité. Je souhaite la bienvenue aux témoins. J'invite mes collègues à se présenter.

Le sénateur Watt : Je suis le sénateur Watt, du Nunavik, le territoire inuit.

Le sénateur Raine : Je suis le sénateur Raine, de la Colombie-Britannique.

Le sénateur Hubley : Je suis le sénateur Hubley, de l'Île-du-Prince-Édouard, près du phare de West Point.

Le sénateur Cochrane : Je suis le sénateur Cochrane, de Terre-Neuve-et-Labrador.

Le sénateur Poirier : Je suis le sénateur Poirier, du Nouveau-Brunswick.

Le sénateur MacDonald : Je suis le sénateur Michael MacDonald, de la Nouvelle-Écosse.

Le vice-président : Nous poursuivons notre étude sur les phares en mettant l'accent sur la mise en oeuvre de la Loi sur la protection des phares patrimoniaux. La semaine dernière, nous avons eu le plaisir d'entendre des représentants du Québec et de l'Ontario à ce sujet. Nous accueillons maintenant des représentants de l'Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick. Mme Carol Livingstone est la présidente de la Prince Edward Island Lighthouse Society. Mme Kelly Anne Loughery est la fondatrice de la New Brunswick Lighthouse Society.

Bienvenue. Je vous remercie d'avoir accepté de témoigner devant nous aujourd'hui. Nous allons commencer par Mme Loughery. Vous pouvez sans aucun doute vous attendre à ce que mes collègues vous posent des questions par la suite.

Kelly Anne Loughery, à titre personnel : Monsieur le président, mesdames et messieurs, merci de m'accorder le privilège de témoigner devant vous au nom des phares du Nouveau-Brunswick. Je ne représente aucun organisme, et je ne suis pas ici aujourd'hui au nom d'un phare, d'un organisme ou d'un projet en particulier. Je participe à la préservation des phares et j'évolue dans le milieu des phares depuis1996. J'espère vous présenter les phares du Nouveau-Brunswick.

Vous devriez avoir en main un rapport que j'ai présenté lors de la séance du 15 février. Vous trouverez également plusieurs pages de photos qui vous aideront à savoir de quels phares je vous parle.

Le vice-président : Si vous ne les avez pas, elles se trouvent à l'avant.

Mme Loughery : Le Nouveau-Brunswick est la plus grande province maritime. Son nom évoque des images de villages maritimes pittoresques et de phares côtiers typiques. Nous avons la troisième collection de phares en importance au Canada — derrière la Nouvelle-Écosse et l'Ontario —, laquelle compte 70 tours authentiques qui existent toujours. Le Nouveau-Brunswick est une province diversifiée et multiculturelle, et elle est fière d'être la seule province canadienne officiellement bilingue. Les voies navigables et les collectivités où se trouvent nos phares sont tout autant diversifiées.

Commençons par la baie de Fundy. On y trouve les plus hautes marées du monde. Une région qu'on appelle les Îles Fundy est située dans le sud de la province. On y trouve plusieurs phares importants, sur l'île Campobello, l'île Grand Manan et l'île Deer ainsi que dans la baie Passamaquoddy.

Imaginez la force de 100 milliards de tonnes d'eau qui sont déplacées deux fois par jour et l'usure subie par les phares. Ce sont les marées de notre baie de Fundy. Imaginez-vous dans un phare situé sur un roc — non pas sur une île, mais sur un roc. C'est le phare de Gannet Rock. Gannet Rock est le seul phare du Canada exposé à l'action des vagues et le troisième phare de bois en âge au pays. Il a récemment été condamné. Il a été laissé à la merci des éléments. Le phare est solide. Il a été construit pour résister beaucoup plus longtemps aux forces de la nature que tout autre phare. Toutefois, ne vous faites pas d'illusions : dame nature finira par avoir le dessus. C'est notre plus grande honte lorsqu'il est question de la préservation de nos phares patrimoniaux.

Les Îles Fundy ont connu plusieurs réussites. Le phare de Head Harbour, situé sur l'île Campobello, est le plus vieux phare en bois au Canada — distinction qui lui a valu la désignation « classé » du Bureau d'examen des édifices fédéraux du patrimoine — ou le BEEFP. Le phare a été cédé à un groupe communautaire en 2005. Le site est pittoresque et unique. Toutefois, il présentait plusieurs difficultés pour le groupe. Dès le départ, la station nécessitait énormément de travail. La restauration de cette magnifique station de phare avance bien.

Le phare Swallowtail, situé à Grand Manan, a été pris en charge par le village de Grand Manan en 1996. La maison des gardiens du phare a servi de gîte touristique durant plusieurs années, mais le gîte a fermé ses portes en 2004. Depuis, la station n'a pas été utilisée. En 2008, lorsque le conseil du village a décidé de vendre la maison des gardiens de phare, une importante protestation populaire a donné lieu à la création de la Swallowtail Keepers Society, groupe qui est actuellement chargé de l'intendance de la station de phare. Un nettoyage des lieux a été effectué en 2009, et la tour a été repeinte grâce au Club Rotary. En juillet 2010, durant les festivités du 150e anniversaire de la station, la province a annoncé un financement de 55 000 $ pour aider la société à atteindre ses objectifs. J'ai hâte de voir ce qu'elle a fait avec la station lorsque j'y serai cet été.

Sur la partie continentale, la Green's Point Light Association s'occupe du phare du même nom depuis 2006 par l'intermédiaire d'un ensemble de baux et d'ententes avec la Garde côtière locale. La station a été officiellement cédée à l'association en 2008. Les recettes liées à ce projet proviennent principalement de la location d'un chalet qui se trouve sur la propriété. La location du chalet coûte 500 $ par semaine, et c'est complet un an à l'avance. Ils ont donc beaucoup d'argent pour entretenir la station.

Pendant qu'on cédait cette station, le phare de Musquash Head, situé plus au nord dans la baie, était également confié à un groupe communautaire local. La force motrice derrière ce projet était Patrick Donovan, qui avait le tour de s'assurer que les choses étaient faites à Lorneville. L'entente comprenait aussi une grande parcelle de terrain, dont la majeure partie a été cédée à Conservation de la nature Canada. Le groupe n'a conservé que quelques acres autour du phare. Le secteur côtier qui se trouve un peu à l'ouest de Saint John est magnifique. L'idée était d'aménager le moins possible ce secteur afin de favoriser l'écotourisme et de préserver les zones humides situées tout près. M. Donovan travaille pour la Garde côtière. Malheureusement, il n'est plus au Nouveau-Brunswick. Sans son leadership solide, rien n'a eu lieu à la station de phare.

La plus grande occasion que nous ayons manquée à l'égard des phares du Nouveau-Brunswick se trouve précisément dans le passage menant à Saint John. C'est l'île Partridge. C'est là qu'on a établi le premier phare du Nouveau-Brunswick, le premier poste de quarantaine de l'Amérique du Nord et la première corne de brume à la vapeur au monde. Aujourd'hui, il n'y a plus sur l'île Partridge que le phare. L'île est désignée comme un site patrimonial national et provincial. Elle a une histoire formidable, mais elle est pratiquement inconnue. Près de 200 000 passagers de navires de croisière ont visité la ville de Saint John l'année dernière. On s'attend à ce que ces chiffres augmentent dans l'avenir. Les visiteurs sont fascinés par l'histoire des immigrants irlandais qui sont passés par l'île Partridge. Rien qu'en 1847, plus de 2 000 immigrants irlandais ont péri sur l'île Partridge. Cet endroit n'attend qu'à être mis en valeur. Toutefois, à l'heure actuelle, les seuls visiteurs de l'île sont des vandales et des voyous. C'est triste. La tour actuelle est la quatrième sur l'île, et c'est le phare le plus puissant du Nouveau-Brunswick.

Plus au nord sur la côte — tout près du Parc national Fundy — se trouve le phare du Cap Enragé. Cette station prospère est un autre cas de réussite au Nouveau-Brunswick. En 1993, Dennison Tate, enseignant au secondaire à Moncton, a obtenu une subvention fédérale lui permettant d'embaucher six étudiants. Ensemble, ils ont peint et remis à neuf la vieille maison des gardiens du phare qui devait être démolie. L'année suivante — vers la fin de 1994 —, la province s'en est mêlée et a acheté la station de phare du gouvernement fédéral.

Cape Enrage Adventures, dirigé par Dennison Tate et son épouse, Anne, a continué à embaucher des étudiants durant l'été et à exploiter la station comme une destination de tourisme d'aventure et de plein air. Les bâtiments ont été complètement rénovés, et de nouveaux bâtiments ont été construits, mais la chose la plus importante, c'est que la vie de nombreux jeunes a été enrichie grâce à leur séjour au Cap Enragé. La direction du projet a changé il y a plusieurs années, lorsque Dennison s'est retiré, et, malheureusement, on n'embauche plus d'étudiants à cet endroit.

L'un des phares les plus pittoresques de la province est aussi le plus mobile. Il s'appelle Anderson Hollow, et il a changé d'endroit à quatre occasions depuis ses débuts au bout d'un quai situé dans la petite collectivité de Waterside. Dans les années 1970, l'Albert County Heritage Trust a acheté le phare d'un propriétaire privé, et on l'a installé à Riverside-Albert. En 2001, le phare a déménagé à son emplacement actuel, dans le nouveau Harvey Bank Heritage Shipyard Park, à Mary'sPoint. C'est un site très bucolique avec un phare et des installations magnifiques.

C'était la baie de Fundy. Une voie navigable importante — et souvent laissée de côté — du Nouveau-Brunswick est la rivière Saint-Jean. Il suffit de naviguer sur la partie inférieure, entre Fredericton et Saint John, ou d'emprunter la route qui longe la rivière et offre un paysage bucolique pour comprendre pourquoi la rivière est appelée « le Rhin de l'Amérique du Nord ».

C'est également le long de cette rivière que nous trouvons le seul système de phares intérieurs dans le Canada Atlantique. Les phares ont été construits à l'origine pour orienter les bateaux fluviaux d'antan; il en reste 12, dont six sont toujours en service.

Durant mes 15 années de travail lié aux phares, j'ai participé à l'acquisition de deux phares qui sont situés sur la péninsule Kingston, le long de la rivière Saint-Jean. J'ai fait mes débuts dans le domaine de la préservation de phares dans le cadre du projet du phare Cedars. Après neuf ans de formalités administratives cauchemardesques, ce petit phare hors service a fini par être cédé à un groupe local de défense du patrimoine en 2005. Mis à part un sentier pédestre menant à ce site, peu de choses ont été faites dans le cadre de ce projet.

Le deuxième était le phare de Bayswater, à l'égard duquel j'ai seulement agi à titre consultatif. À ma connaissance, c'est le seul phare qui a été cédé depuis l'entrée en vigueur de la Loi sur la protection des phares patrimoniaux — et ce n'était que l'année dernière.

Un groupe communautaire local a pris le phare à bail, et il a été convenu que le phare lui sera cédé après deux ans. En moins de quatre mois, le groupe a déjà effectué beaucoup de rénovations, y compris la peinture de l'ensemble du phare, et l'aménagement paysager est prévu pour cet été. Je crois que vous avez en main un rapport de son coordonnateur de projet, Alvin Currie. Le rapport devrait être joint à celui que j'ai présenté plus tôt.

Un troisième phare situé sur la rivière — le phare Hendry Farm — a été cédé au village de Cambridge Narrows en 2005 à l'occasion d'une cérémonie à laquelle le sénateur Day, du Nouveau-Brunswick, a assisté. Même si le village comptait à l'origine déplacer le phare, il a décidé de le laisser sur son emplacement original, et une jolie plaque signalétique a été établie près du phare.

Le détroit de Northumberland est l'autre voie navigable dont je vais vous parler; c'est ce qui sépare le Nouveau- Brunswick de ses voisins de l'Île-du-Prince-Édouard. Alors que des traversiers permettaient aux gens de faire la navette entre les deux provinces, nous avons maintenant le Pont de la Confédération. Au bout de ce littoral se trouve le phare le plus délabré du Nouveau-Brunswick — le phare du Cap Jourimain. Faisant partie du Centre de la nature du Cap Jourimain, ce phare est dans un état déplorable, même s'il fait l'objet d'une désignation patrimoniale reconnue du BEEFP.

Ce qui est vraiment triste et plutôt embarrassant pour nous, c'est qu'il s'agit du premier phare que les visiteurs aperçoivent lorsqu'ils arrivent au Nouveau-Brunswick à partir de l'Île-du-Prince-Édouard. C'est un contraste frappant par rapport aux magnifiques phares qui se trouvent sur l'Île-du-Prince-Édouard. Cela devrait être la première priorité lorsqu'il est question des phares du Nouveau-Brunswick. Nous devons vraiment y prêter attention.

Le golfe du Saint-Laurent est dépourvu de phares accessibles du côté du Nouveau-Brunswick, jusqu'à Shippagan. En 1986, la ville de Shippagan a fait l'acquisition du vieux phare de l'île Portage qui se trouvait à l'origine à l'entrée de la baie de Miramichi. Le phare est maintenant situé sur la promenade aménagée par la ville — adjacente à l'Aquarium et Centre marin du Nouveau-Brunswick —, et il est en excellente condition. Ce phare devrait être au coeur de tout document promotionnel acadien plutôt que l'imitation située à Grande-Anse, qui n'a même pas l'air authentique.

On trouve également à Shippagan le phare du Grand Shippagan. Il compte parmi les neuf tours en bois octogonales qui restent au Nouveau-Brunswick. Le phare abrite une magnifique lanterne signée « Chance Brothers », la seule au Nouveau-Brunswick. Il est un peu difficile de se rendre au phare, mais c'est un endroit fabuleux, niché dans les délicates dunes du secteur. C'est charmant.

L'île Miscou comptait parmi les premiers projets de phare de la province. Le projet visait la tour de cette île, qui se trouve au bout de la pointe nord-est de la province. J'ai toujours aimé la voir comme une punaise tenant fixe le coin de la province. Le phare a été fermé durant huit ans en raison de problèmes environnementaux. La province a fini par verser deux millions de dollars, et le site a été rouvert à temps pour accueillir la cérémonie d'ouverture du Congrès mondial acadien de 2009. L'accès à la tour même a été offert aux visiteurs l'année suivante. C'est le seul phare authentique du Nouveau-Brunswick qui est doté d'une lentille de Fresnel fonctionnelle.

La ville de Caraquet, dans la Baie-des-Chaleurs, compte plusieurs phares. Le plus récent phare de la province se trouve dans un parc et appartient à la ville de Caraquet. Un autre a été déplacé à Bas-Caraquet, et on l'a défiguré en y greffant une grande terrasse. C'est un bel exemple de ce que nous ne voulons pas voir arriver à nos phares authentiques.

Le dernier phare dont j'aimerais vous parler est l'Inch Arran, situé à Dalhousie. Le phare est reconnu par le BEEFP pour la configuration inhabituelle en forme de cage d'oiseau de la lanterne. Le phare se trouve dans un parc et était en très bon état lors de ma dernière visite en 2009. Toutefois, il figurait dans bon nombre de photos prises l'hiver passé où on le voyait le faire marteler par les ondes de tempête qui se sont abattues sur le secteur en décembre dernier, alors, je ne suis pas certaine de l'état actuel du phare, même si je ne crois pas qu'il a subi des dommages importants.

Cela conclut mon exposé. Encore une fois, j'aimerais vous remercier de m'avoir invitée aujourd'hui et de m'avoir donné l'occasion de vous présenter les phares du Nouveau-Brunswick. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions ou de commenter vos préoccupations, mais n'oubliez pas que je ne représente aucun groupe de préservation des phares ni aucun endroit en particulier, alors, ma connaissance des détails liés à des sites est un peu limitée. Toutefois, je répondrai avec grand plaisir à vos questions. Merci beaucoup pour votre temps.

Le vice-président : Merci, madame Loughery.

Je proposerais — si mes collègues sont d'accord — de passer maintenant à Mme Livingstone. Je vous inviterais à retenir vos questions, et nous pourrons alors poser des questions aux deux témoins.

Carol Livingstone, présidente, Prince Edward Island Lighthouse Society : J'aimerais tous vous remercier de m'avoir invitée aujourd'hui pour vous parler des phares de l'Île-du-Prince-Édouard. Ils sont, pour moi, une vraie passion, et je suis toujours prête et disposée à en parler. J'ai transmis un rapport lorsque nous étions censés être ici la dernière fois, et je l'ai enrichi un peu plus depuis.

Je représente la Prince Edward Island Lighthouse Society. C'est la deuxième société provinciale de défense des phares au Canada — derrière celle de la Nouvelle-Écosse —, et son rôle est de promouvoir et de préserver les phares de l'Île-du-Prince-Édouard — non seulement les bâtiments, mais aussi les artefacts, l'histoire, les photos et toutes ces bonnes choses que nous devons conserver. Il s'agit d'une société sans but lucratif.

Dans le cadre de son rôle lié à la promotion, la société tient actuellement une série d'assemblées partout sur l'île pour parler de la nouvelle Loi sur la protection des phares patrimoniaux et du nouveau programme de Parcs Canada. Dans le cadre de ces assemblées, nous avons préparé une reliure d'information. Nous avons divisé l'île en plusieurs groupes, de façon à ce que personne n'ait à se déplacer très loin pour assister à une assemblée d'information sur les phares tenue dans leur région. Nous pouvons mettre cette information à votre disposition, mais je viens de prendre la dernière version ce matin à Charlottetown.

Nous avons expliqué aux gens de quoi il est question dans la loi et comment ils peuvent s'y prendre pour acquérir certains phares patrimoniaux. Je vous donnerai une copie de notre nouvelle brochure. Nous l'avons en français et en anglais; nous l'avons terminée l'été dernier seulement.

D'un côté, vous trouvez tous les phares de l'île — il y en a 63. Notre province est petite, et nous croyons avoir la plus grande densité de phares. Il y a un phare pour chaque 34 milles carrés de superficie sur l'Île-du-Prince-Édouard.

De l'autre côté, ce sont les neuf phares dont l'accès est maintenant ouvert au public. Huit d'entre eux ont déjà été cédés dans le cadre d'ententes antérieures ou sont sur le point de l'être. Quelques-uns en sont toujours aux dernières étapes de la cession.

Dans tous les cas, nous sommes chanceux d'avoir des phares qui sont facilement accessibles sur l'Île-du-Prince- Édouard. Seuls quatre d'entre eux ne sont pas accessibles en voiture. Vous pouvez les voir à partir de la partie principale de l'île. C'est probablement l'une des raisons pour lesquelles nos phares ont été si bien entretenus. Les gens qui vivent aux alentours des phares aiment beaucoup les phares et y sont très attachés. Je ne crois pas que nous aurons de la difficulté à trouver preneur pour la plupart des phares.

Nous avons environ 15 phares qui sont des propriétés privées ou qui appartiennent à des groupes communautaires, mis à part ceux dont l'accès est ouvert au public. Parmi les phares qui sont des propriétés privées, seuls trois — ou peut- être quatre — n'ont pas été tenus en bon état.

Chose intéressante, j'ai un bénévole — un ancien habitant de l'île qui vit maintenant au Connecticut — qui veut venir sur l'île cet été pour nous aider à travailler sur les phares. J'en ai parlé avec l'un des propriétaires d'un des phares privés. Je sais que ce phare n'est plus la responsabilité du gouvernement, mais les visiteurs et les Prince-Édouardiens le considèrent comme un de nos phares, et nous devons mieux nous en occuper. Nous espérons que, d'ici la fin de l'été, le phare sera en meilleur état grâce à une collaboration entre le bénévole et le propriétaire en question.

Si vous regardez ma liste, il y a — comme je l'ai dit — 63 phares et bâtiments ou structures de phares d'alignement sur l'Île-du-Prince-Édouard, et 40 d'entre eux servent toujours d'aides à la navigation. Comme je l'ai dit, neuf phares sont ouverts l'été, et 15 phares sont des propriétés privées.

Pour ce qui est des 39 phares restants, six communautés dont je vais parler plus tard travaillent depuis 2000 à l'acquisition de leur phare. Je ne sais pas si, à cette époque, vous vous intéressiez déjà aux questions liées aux phares, mais Mme Loughery, moi et de nombreuses autres personnes étions sur le terrain. Nous pensions que nous étions proches d'obtenir la cession de bon nombre de phares aux alentours de 2000-2001, mais tout est tombé à l'eau.

Le phare d'Indian Head est le grand phare situé dans la baie de Bedeque : c'est le phare le plus avancé du port de Summerside. Celui de North Cape compte parmi les autres grands phares. Les communautés où se trouvent les phares de Northport Range Rear, de Cape Egmont, de New London et de Howard's Cove ont toutes déclaré leur intérêt et s'affairent à remplir les documents.

Parmi les 33 qui restent, il y a des phares importants, comme les phares de Block Head, de Seacow Head, de North Rustico et de Shipwreck Point. Un intérêt a été exprimé à l'égard de ces phares, et certains se trouvent à des endroits où nous tiendrons des assemblées. Même s'il y a un intérêt, je ne crois pas que les communautés aient entamé le processus lié à la présentation d'une demande à l'égard de leur phare.

Nous aurons le plaisir d'accueillir, la semaine prochaine, Norman Shields, de Parcs Canada, représentant du programme sur les phares patrimoniaux du Canada, et Barry MacDonald, membre du comité de sélection, qui seront en visite à l'Île-du-Prince-Édouard, car nous avons plusieurs questions. Durant les assemblées, on nous pose un certain nombre de questions auxquelles nous n'avons peut-être pas la réponse. Nous nous attendons donc à ce qu'il y ait une bonne participation à ces assemblées — du moins, nous allons essayer de nous assurer qu'il y en ait une.

J'aimerais vous faire part des préoccupations qui ont été soulevées par des membres de notre société ou par des gens qui ont assisté aux assemblées. Ce sont des choses que vous voudrez peut-être garder à l'esprit.

Des préoccupations ont été soulevées concernant l'accès routier à certains sites dont le droit de passage est actuellement réservé à la Garde côtière. L'été dernier — comme je le fais souvent —, je prenais des photos des phares de l'île. Je me suis rendue au minuscule phare de Malpeque — le phare sert de feu d'alignement postérieur —, et j'ai demandé à l'homme qui se trouvait dans sa cour si cela l'ennuyait que je prenne une photo, car c'était manifestement son terrain. Je lui ai demandé s'il comptait former un groupe pour prendre les rênes du phare. Il a répondu : « Non, je n'ai pas besoin de faire cela. » Intriguée, je lui ai demandé pourquoi. Il a répondu : « Je possède l'ensemble du terrain qui entoure le chemin qui mène jusqu'ici. Le terrain qui se trouve ici est à moi, et seule la Garde côtière a un droit de passage. » Il a ajouté que personne d'autre ne peut accéder au terrain et qu'essentiellement, il estimait que ce serait son phare. Je ne crois pas que les choses devraient se passer comme ça, et c'est préoccupant.

À mon avis, vous trouverez probablement aux quatre coins du pays des droits de passage permettant au personnel de la Garde côtière de se rendre aux phares pour l'entretien. Je ne suis pas certaine de la façon dont cela sera réglé, mais je sais que ce sera un problème. Je sais qu'il y en a plusieurs sur l'île, et je n'ai aucun doute qu'il y en aura également dans d'autres parties du pays. Que les propriétaires de terrain actuels accordent le droit de passage à un groupe ou que les phares soient déplacés et remplacés par un phare moderne, j'ignore quelle sera la solution. C'est certainement préoccupant.

Des personnes ont déclaré qu'elles veulent s'assurer que les phares sont sans danger pour l'environnement lorsqu'elles en prennent possession. C'est une préoccupation — et je suis certaine que Mme Loughery en a parlé —, et vous vous demandez peut-être ce qui arrive au phare d'Inch Arran au Nouveau-Brunswick. Certains phares de l'Île-du- Prince-Édouard se trouvent tout près d'un cap subissant les effets de l'érosion. En raison des ondes de tempête violentes que nous avons eues en décembre, le petit phare d'alignement situé au port Murray — qui servait de feu d'alignement postérieur — a été littéralement soulevé de terre et s'est retrouvé 275 pieds plus loin, dans les terres. C'est un très vieux phare. Je crois savoir qu'il date de 1878 ou de 1898. Cela a été examiné par le BEEFP, et je ne crois pas que le phare compte parmi la dizaine de phares que j'ai visités, mais un examen a été effectué. Cela est probablement reconnu.

Il y a une préoccupation concernant la relocalisation des phares et qui s'en occuperait si cela était nécessaire, et cetera. Les gens se demandent également s'il pourrait peut-être y avoir une police d'assurance collective nationale à l'égard des phares. Je me suis entretenue avec une personne à ce sujet en Ontario, je crois. Des préoccupations ont été soulevées à cet égard là-bas. Toutefois, lorsqu'ils examinent les phares et se posent des questions comme : « Est-ce que quelqu'un est déjà tombé dans le vide ou a été poussé dans le vide? A-t-on déjà éprouvé de vrais problèmes avec le couvercle? », la réponse est invariablement non. Ce serait bien si nous pouvions trouver une société nationale qui serait intéressée à offrir une assurance collective. Je sais que ce n'est probablement pas un problème, mais c'est une préoccupation qui a été soulevée, et j'ai promis de faire part de ces préoccupations.

Le coût lié au respect des normes régissant les bâtiments patrimoniaux est une préoccupation pour certaines personnes. Je crois que la majorité des personnes avaient des questions sur le fonctionnement continu des feux de navigation, mais je crois savoir que la Garde côtière va s'occuper de cela.

Les gens veulent avoir une bonne idée de l'état des phares. Ils sont préoccupés par l'état, par exemple, de la tour. Y a-t-il, par exemple, un problème de pourriture? Les gens veulent avoir une bonne idée de ce qui les attend.

L'établissement de lignes directrices sur l'entretien et la maintenance des bâtiments, des phares et de l'équipement est important. Un groupe ayant les meilleures intentions peut prendre un phare en charge, mais ne pas tout connaître, non seulement en ce qui concerne le bâtiment, mais aussi la terminologie employée par la Garde côtière pour désigner des parties spécifiques d'un phare. Bon nombre de personnes ne connaissent pas ces choses. Un genre de guide ou de document assorti de lignes directrices devrait faire partie d'une trousse d'information fournie aux parents adoptifs potentiels avant qu'ils fassent l'acquisition d'un phare.

Un aspect qui me préoccupe vraiment — et qui en préoccupe d'autres aussi — est le retrait des lentilles ayant une valeur historique. Ces lentilles sont parfois retirées de la lanterne et placées ailleurs dans le bâtiment. Il arrive aussi qu'elles soient complètement retirées. J'aimerais qu'on mette un terme au retrait d'artefacts, car, si nous voulons que des gens prennent en charge ces phares, en partie à des fins touristiques, l'utilisation des artefacts pourrait contribuer au financement de l'entretien des phares. Si la majorité des lentilles à valeur historique ou d'autres artefacts sont retirés, les phares perdront leur attrait. N'oubliez pas — si vous présentez des recommandations —, que plus on conserve de matériel authentique, de lentilles et d'autres éléments liés aux activités des phares, mieux ce sera pour tout le monde.

Aux alentours de 2000, il y a eu beaucoup de discussions concernant la cession des phares. La question qui a été soulevée à l'époque est à nouveau soulevée : « Qu'arriverait-il si un groupe — si bien intentionné soit-il — est incapable — pour une raison ou une autre — de s'occuper d'un phare? Y aura-t-il un genre de plan de mesures d'urgence qui permettra de remettre le phare en vente si un groupe communautaire ne peut ou ne veut s'occuper d'un phare ni assurer sa conformité avec les normes? » C'est une chose à envisager.

Il y a des cas qui seraient probablement comparables à ceux liés au droit de passage. Il arrive parfois que les groupes qui sont formés sont constitués majoritairement de membres d'une seule famille, et l'intention ne vise peut-être pas une utilisation publique. Nous aimerions insister sur le fait que nous voulons nous assurer que le public a accès aux phares. J'estime que les phares ont été construits par des Canadiens et pour des Canadiens, et nous devrions toujours être en mesure de les visiter et de les partager.

À l'occasion d'une des dernières assemblées que nous avons tenues, des gens se questionnaient sur le coût des impôts. Un petit groupe peut-il assumer la responsabilité de ces bâtiments? Y aura-t-il une imposition prohibitive? Je crois qu'il s'agirait d'impôts provinciaux et que ce serait une chose que les groupes devront prendre en charge. Ce seront probablement des groupes sans but lucratif, alors, il y aurait peut-être dans les différentes provinces des dispositions d'allègement fiscal. Nous n'en sommes pas certains. Toutefois, on m'a fait part de cette préoccupation pour que je puisse vous la transmettre.

Les chemins menant à certains phares sont médiocres. C'est une préoccupation qui a été soulevée. Encore une fois, nous étions d'avis que ce sujet devrait être abordé avec le gouvernement provincial, pour voir s'il pourrait envoyer une niveleuse. Personne ne demande une autoroute à quatre voies, mais l'accès à certains phares éloignés présente des difficultés.

Ce sont quelques préoccupations.

Je contribue à la préservation du phare de West Point depuis ses débuts. Il est situé près de chez moi, et il me tient à coeur. Notre famille entretenait des liens avec le phare, et nous vivions à côté du phare. Il était dans un état lamentable, tout comme notre communauté à de nombreux égards. Il y avait un sentiment d'apathie. Nous nous croisions les bras et attendions que d'autres personnes agissent pour nous. Un soir, un politicien s'était présenté chez moi, et je me plaignais de ce que telle collectivité obtenait et telle autre collectivité obtenait et de ce que West Point n'obtenait pas. Il m'a posé une question qui m'a ouvert les yeux. Il a dit : « Qu'avez-vous demandé? » À mon avis, les groupes de la province qui s'occupent des phares — pas seulement celui de West Point — ont éclairé le chemin pour les autres parce que nous avons commencé en 1983-1984. C'était la petite étincelle dont notre collectivité avait tant besoin. Cela nous a permis de nous rendre compte qu'il suffit de quelques personnes déterminées qui travaillent dur et font du bénévolat pour changer des choses dans notre localité.

Le phare n'était au départ qu'une simple tour. Depuis, nous avons reconstruit la maison, et nous avons commencé dans cette maison. Tout d'abord, nous avons reconstruit l'unité d'habitation, puis des gens s'y sont installés. Nous avons ensuite eu besoin d'une cuisine pour la préparation de chaudrées. Trois ans plus tard, nous étions incapables de répondre à la demande liée à l'hébergement et aux repas, et nous avons ajouté neuf chambres. Au cours de la dernière année seulement, l'établissement a encore pris de l'expansion, et il y a maintenant 14 chambres. Il y a un musée qui présente le matériel du phare, et le restaurant qui se trouvait là a déménagé au West Point Harbourside Centre. Notre parc devait fermer parce qu'il se trouvait dans le parc provincial de Cedar Dunes. Le parc est resté ouvert, et c'est l'un des rares parcs provinciaux de l'île qui fait de l'argent — au lieu de simplement survivre. Les gens doivent réserver bien à l'avance s'ils veulent, par exemple, une passe de saison. C'est un parc magnifique. Il a été durement touché par la tempête survenue l'année dernière, mais la collectivité s'est mobilisée.

Le succès de ce petit phare — qui est en fait le plus gros de l'île — a montré aux gens qu'on peut réussir. Nous sommes seulement une petite collectivité d'une centaine d'habitants, mais les gens de l'ensemble de la localité le considèrent comme leur phare. Il figure même sur le cartouche-titre de l'un des deux journaux de l'île. Lorsqu'on m'a téléphoné — ce n'était pas parce que j'avais un pouvoir quelconque — pour me demander si on pouvait l'utiliser, j'ai répondu : « J'en serais ravie, mais pourquoi voulez-vous faire cela? » On m'a répondu : « Parce qu'il symbolise une chose durable. Il symbolise la communauté. Il incarne de nombreuses choses qui font de l'Île-du-Prince-Édouard un endroit où il fait bon vivre. » Ce n'est pas seulement notre phare qui fait cela; d'autres phares qui sont ouverts font également cela.

Les phares contribuent au tourisme. Ils permettent aux gens de sortir des sentiers battus et d'aller en campagne. Ils ravivent l'intérêt des gens, et des écoliers font des projets sur les phares. Nous élevons une nouvelle génération de gardiens de phare. Nous avons besoin de faire cela, partout au pays. Nous n'avons pas eu de phare avec un gardien depuis le début des années 1990, mais le dernier gardien, Francis McIntosh, se rend quotidiennement au phare de Souris. Ce phare n'a commencé ses activités que l'année dernière. Les phares qui sont ouverts ont beaucoup apporté à l'Île-du-Prince-Édouard. Ils servent, entre autres choses, à un grand nombre de promotions touristiques. Je ne m'intéresse pas uniquement au phare de West Point, et les autres pensent comme moi. Nous nous intéressons aussi aux phares qui se trouvent aux quatre coins de l'Atlantique et ailleurs. Selon nous, les phares méritent d'être préservés.

Un jour, quelqu'un m'a demandé pourquoi j'étais si intéressée par les phares. J'ai répondu que je croyais fermement que, depuis plus d'un siècle, les phares ont veillé sur notre pays. C'est maintenant à nous — en tant que gens du pays — de nous occuper de nos phares. C'est le genre de mantra ou de message que je ne cesse de répéter, et les phares méritent effectivement d'être préservés.

Nous avons eu un programme intéressant durant bon nombre d'années à l'Île-du-Prince-Édouard. Nous l'appelions le programme « Follow the Lights ». Il visait de 15 à 17 phares sur l'île, où nous avons placé des plaques historiques. Sur le coin de chaque plaque se trouvait une gravure à calquer par frottement, et les gens allaient d'un phare à l'autre. S'ils visitaient au moins huit phares et présentaient leur feuille, ils obtenaient un certificat d'amoureux de phares.

Cela n'est pas forcément très avantageux sur le plan financier, mais le désir d'aller d'un bout à l'autre de l'île motivait les gens, et le programme était très populaire. Des questions environnementales ont ensuite été soulevées, et nous avons mis fin au programme.

J'aimerais que le programme soit rétabli, pas seulement à l'Île-du-Prince-Édouard; nous avons besoin partout au pays d'un programme de ce genre qui permet à une personne de dire : « J'y suis allé, et j'ai le certificat pour le prouver. » C'est vraiment important. À mon avis, il faut faire en sorte que les gens continuent d'aller d'un endroit à l'autre.

C'est le message que j'ai à vous transmettre. Je connais très bien la plupart des phares de l'île, alors, si vous avez des questions auxquelles je ne suis pas en mesure de répondre, je vous redonnerai des nouvelles.

Le vice-président : C'était excellent, mesdames. J'ai trouvé très à propos votre aphorisme selon lequel les phares veillent sur nous depuis plus d'un siècle et nous pouvons maintenant nous occuper des phares. C'est un thème qui convient à cette partie de notre étude. Merci à vous deux.

Le sénateur MacDonald : Merci, mesdames, d'être ici aujourd'hui. Je sais que nous avons tous des questions; je vais être bref.

Madame Loughery, je vais d'abord vous poser quelques questions. Il y a de nombreux phares au Nouveau- Brunswick, et vous êtes la fondatrice de la New Brunswick Lighthouse Society. Elle n'existe plus. A-t-elle cédé la place à un autre organisme?

Mme Loughery : Non. Il n'existe rien de ce genre au Nouveau-Brunswick.

Le sénateur MacDonald : Cela me laisse perplexe. J'aurais cru qu'il y aurait beaucoup de préoccupations de la part de la collectivité à l'égard des phares du Nouveau-Brunswick. Pouvez-vous faire la lumière sur cela?

Mme Loughery : J'ai fondé la société en 2000; elle a fermé ses portes en 2003. En travaillant en collaboration avec des intervenants de longue date, j'ai constaté que la société de protection des phares de chaque province a un objectif différent. À l'Île-du-Prince-Édouard, tout va comme sur des roulettes lorsqu'il est question de lancer des projets et de s'appuyer l'un l'autre. Ils comprennent la valeur du tourisme, et le ministère provincial du Tourisme connaît la valeur des phares, et ils travaillent tous ensemble.

En Nouvelle-Écosse, la société de protection des phares joue un rôle fondamental au chapitre de la préservation. Depuis de nombreuses années, des gens déterminés travaillent d'arrache-pied à la préservation des phares et militent en faveur de la Loi sur la protection des phares patrimoniaux. J'espérais avoir un mélange des deux.

Je semble avoir de la difficulté à faire comprendre aux responsables des divers projets au Nouveau-Brunswick toute la valeur d'un effort combiné au chapitre de la promotion. Autrement dit, si on fait la promotion du phare de quelqu'un d'autre, c'est pour le bien de tout le monde.

J'ignore quel était le problème au Nouveau-Brunswick. La société comptait beaucoup de gens formidables qui aimaient les phares. Ils aimaient visiter des phares et participer à des activités sociales. Toutefois, il semble que la société n'a simplement jamais réussi à devenir une société de préservation des phares en bonne et due forme. Je n'arrive vraiment pas à mettre le doigt sur le problème.

Le sénateur MacDonald : J'ai remarqué que de nombreux phares appartiennent maintenant à des groupes communautaires.

Mme Loughery : Oui.

Le sénateur MacDonald : Votre organisme a-t-il participé à l'acquisition de phares par l'un des organismes mentionnés plus tôt?

Mme Loughery : Non. La plupart des phares qui ont été cédés l'ont été depuis. Il y a quelques phares — comme ceux du Cap Enragé et de Green's Point — qui faisaient l'objet de projets avant cela. C'était le cas du phare de l'île Miscou. Il comptait parmi les premiers projets. Un groupe de femmes formidables a offert un accès public à la tour durant de nombreuses années. La tour a été fermée en raison de problèmes environnementaux en 2000-2001. La tour était bel et bien visée par un projet.

Plusieurs phares ont été cédés en 2005 et en 2008, alors c'était après la fermeture de notre société.

Le sénateur MacDonald : J'aimerais vous poser quelques questions sur le phare de l'île Miscou. Les activités ont été interrompues en 2001 pour des raisons environnementales.

Mme Loughery : Oui.

Le sénateur MacDonald : Il était toujours en service, je présume. A-t-on interdit l'accès ou carrément fermé le phare?

Mme Loughery : L'accès était interdit. Le phare est doté de lentilles de Fresnel de troisième ordre. Vous connaissez probablement les lentilles de Fresnel et la façon dont elles fonctionnent en flottant dans un bain de mercure. On a constaté que la tour était contaminée au mercure, et on a interdit l'accès à tout le monde. Il faudrait être enfermé dans une tour fermée durant de nombreuses années avant de s'en ressentir. Cela n'aurait jamais nuit à des gens qui passent 20 minutes dans une tour ouverte. Cependant, c'était un problème environnemental, et la tour a été fermée.

C'était un problème qui était censé être réglé en quelques mois, et il a fallu huit ans avant que le phare soit rouvert, et cela n'a eu lieu que lorsque la province a injecté un montant d'argent important pour la décontamination du site.

Le sénateur MacDonald : Cela m'intéresse parce que je suis une de ces personnes qui est d'avis qu'un phare doté de ce genre de lentille est un vrai phare. La ville d'où je viens, Louisbourg, possède toujours la lentille, mais celle-ci ne se trouve pas dans le phare, et beaucoup de gens veulent qu'elle soit remise dans le phare. Est-ce que la lentille se trouve toujours dans un bain de mercure?

Mme Loughery : Non. Elle est fonctionnelle. Il s'agit toujours d'une lentille de Fresnel tournante. Je sais comment fonctionnent les mécanismes plus modernes, mais la lentille ne se trouve plus dans un bain de mercure.

Le sénateur MacDonald : Ils ont trouvé une solution qui leur permet de l'utiliser?

Mme Loughery : La lentille ne se trouvait pas dans un bain de mercure lorsque l'accès a été fermé. Il s'agirait simplement d'une contamination de longue date. Ils entrent dans la tour avec, par exemple, un compteur Geiger et constatent qu'il y a une contamination.

Le sénateur MacDonald : J'ai visité le phare du Cap Jourimain à de nombreuses occasions.

Mme Loughery : Il est magnifique.

Le sénateur MacDonald : Il l'est. Mais j'ai toujours trouvé qu'il était dans un état déplorable. Il y a un centre des visiteurs là-bas. S'agit-il d'un centre des visiteurs provincial?

Mme Loughery : Oui. C'est un centre des visiteurs populaire parce qu'il se trouve au bout du Pont de la Confédération; c'est le premier endroit où les gens s'arrêtent. C'est un centre d'interprétation de la nature magnifique. De charmants sentiers sillonnent le secteur, puis il y a le phare.

Le sénateur MacDonald : Je ne comprends pas pourquoi — à un point d'entrée dans la province comme celui-là — la province ne s'en mêlerait pas et ne referait pas une beauté.

Mme Loughery : Peut-être que la province écouterait davantage si le message venait de vous.

Le sénateur MacDonald : C'est un phare visible et charmant. Il est dans un état lamentable.

Mme Loughery : Les balbuzards pêcheurs l'adorent. Ils font leur nid sur la galerie de la lanterne. On essaie d'empêcher cela.

Comme je l'ai dit, les gens viennent de l'Île-du-Prince-Édouard. Il y a de magnifiques phares là-bas. Le phare du Cap Jourimain est le premier phare que les gens aperçoivent au Nouveau-Brunswick. Pour bon nombre de raisons, le phare devrait être maintenu : il a la désignation du BEEFP; c'est un bâtiment patrimonial; c'est le premier phare que les gens aperçoivent; et il compte parmi les neuf tours octogonales en bois de la province. Peu importe le nombre de raisons, le phare devrait être remis à neuf. À mes yeux, c'est pourquoi il figure au début de la liste des priorités liées aux phares du Nouveau-Brunswick.

Le sénateur MacDonald : Y a-t-il des mesures en cours pour mettre en place un organisme fondé sur le modèle de la Nouvelle-Écosse?

Mme Loughery : Pas à ma connaissance. Je ne suis pas certaine qui ferait cela.

Le sénateur MacDonald : Il y a un grand nombre de grands phares magnifiques au Nouveau-Brunswick, et il devrait y avoir une certaine organisation.

Mme Loughery : Pour revenir au fait qu'il était difficile d'avoir un projet qui favorise ou qui appuie un autre projet, il était tout autant difficile de susciter leur intérêt à l'égard d'une société de protection des phares. Comme je l'ai dit, la Prince Edward Island Lighthouse Society est essentiellement composée de représentants de projets qui connaissent la valeur d'une organisation centrale. C'était difficile de faire comprendre aux responsables des projets de l'époque la valeur d'une société de protection des phares. C'était frustrant.

Le sénateur MacDonald : Je suis certain que ça l'était.

Mme Loughery : J'ignore si quelqu'un a des ambitions en ce sens.

Le sénateur MacDonald : Vous êtes ici aujourd'hui pour parler en leur nom. Merci.

Le sénateur Poirier : Merci d'être ici aujourd'hui. En tant que Néo-Brunswickoise, je trouve qu'il est triste de voir qu'il n'y a pas d'organisme dans la province. N'y a-t-il pas d'autres groupes au Nouveau-Brunswick qui s'occupent des phares ou qui tiennent à ceux-ci? N'y a-t-il pas un mouvement quelconque?

Mme Loughery : Non, pas à ma connaissance.

Le sénateur Poirier : Au cours de mes premières années en tant que députée provinciale, je me souviens d'avoir reçu un magnifique calendrier avec des photos de phares. Chaque mois présentait un phare différent. Nous avions reçu des signets et différentes choses d'une femme qui, je crois, vivait dans la région de Fredericton.

Mme Loughery : Oui. Son organisme s'appelait Promoting New Brunswick.

Le sénateur Poirier : L'accent était mis sur les phares. Je me souviens de cela. Ce qu'elle nous envoyait était splendide. Faisait-elle partie d'un groupe à l'époque? S'agissait-il d'un groupe existant ou d'une seule personne?

Mme Loughery : Non. Elle a reçu une subvention provinciale pour lancer une entreprise. Elle avait une fourgonnette et du matériel photographique. C'était son entreprise. Elle avait une entreprise d'imprimerie. C'était simplement quelque chose que son époux et elle faisaient. Elle est décédée depuis quelques années déjà.

Le sénateur Poirier : Je suis déjà allée à l'île Miscou. Lors de ma première visite, il y avait des rénovations, et on m'a refusé l'accès. On craignait qu'une personne se blesse. J'y suis allée et je suis au courant.

Mme Loughery : Étiez-vous à la cérémonie d'ouverture du Congrès mondial acadien?

Le sénateur Poirier : Non, mais j'étais députée provinciale à l'époque où un financement a été versé pour les réparations. Je me souviens que les deux millions de dollars étaient destinés non pas qu'au phare, mais plutôt à l'ensemble du site.

Mme Loughery : Lorsque j'y suis allée, il y avait du matériel lourd.

Le sénateur Poirier : Lorsque j'y suis allée, les sentiers étaient déjà tracés, et des promenades étaient aménagées. C'est un site magnifique. Je conviens qu'il est très dommage que certaines provinces ne soient pas plus riches lorsqu'il est question de cela. Quelques sites de plus pourraient être restaurés et servir d'exemples, comme celui de l'île Miscou.

Mme Loughery : C'est un montant d'argent considérable, deux millions de dollars. Il n'en faudrait pas tant pour la remise en état des phares.

Le sénateur Poirier : La remise en état du phare dont il est question était en cours, et les gens de la collectivité ont profité de la tenue prochaine du Congrès mondial acadien pour obtenir un financement qui allait au-delà de ce qu'elle recevrait normalement; ils ont présenté une demande et ont accompli une chose formidable.

Mme Loughery : Ce montant pourrait être un peu alarmant.

Le sénateur Poirier : On pourrait s'asseoir sur les rochers et admirer l'océan durant des heures et on ne s'ennuierait pas. C'est un coin magnifique.

Étant donné qu'il n'y a pas de société active depuis 2003, qu'il n'y a aucun autre groupe au Nouveau-Brunswick et que nous avons perdu la femme qui faisait des calendriers et la promotion, je suis un peu inquiète. Y a-t-il quelqu'un qui encourage les organismes, les groupes communautaires et les personnes du Nouveau-Brunswick et qui les informe de ce qui se passe à l'égard de la Loi sur la protection des phares patrimoniaux? Y a-t-il un mouvement?

Concernant l'Île-du-Prince-Édouard, vous avez parlé de la tenue de séances d'information, ce qui est fantastique. Je suis un peu inquiète qu'il ne se passe rien au Nouveau-Brunswick; les deux années passeront vite, et nous perdrons l'occasion d'agir. Savez-vous si quelqu'un, quelque part, fait quelque chose? Y a-t-il une promotion quelconque — mis à part ce que nous faisons sur le site web en tant que comité?

Mme Loughery : Rien à ma connaissance. Une raison pour laquelle j'ai renoncé à la société de protection des phares, c'est que j'espérais travailler en collaboration plus étroite avec la province, mais, dès que j'ai fait cela, elle m'a dit qu'elle voulait travailler avec une personne qui a un titre, et pas forcément quelqu'un qui connaissait les phares. Ils voulaient travailler avec le président d'une société de protection des phares.

J'ai effectivement tenté de travailler en collaboration avec la province. J'espérais en faire un peu plus. Peut-être qu'il faudrait approcher Tourisme Nouveau-Brunswick. Je ne suis pas certaine. Je ne connais aucune personne ni aucun organisme qui envisage le Nouveau-Brunswick dans son ensemble.

Le sénateur Poirier : Parmi les phares existants, certains sont déjà gérés par des organismes sans but lucratif; certains connaissent du succès dans ce qu'ils font. Savez-vous s'il y a actuellement dans le système des demandes provenant d'un organisme du Nouveau-Brunswick? Avez-vous entendu des rumeurs selon lesquelles quelqu'un envisage de présenter une demande à une collectivité, à une personne ou à une entité privée?

Mme Loughery : Non. Désolée. C'est ce que je disais. Je ne suis pas aussi au courant des activités de chaque site que Mme Livingstone. J'ai parlé de Bayswater, petite localité située sur la péninsule de Kingston, où je vivais. J'ai été informée par un de mes contacts de la Garde côtière. Je travaille effectivement à la base de la Garde côtière. Je me concentre maintenant sur la préservation des documents et sur l'histoire et les photos des phares. C'est mon objectif depuis quelques années. Un de mes contacts de la Garde côtière m'a téléphoné pour m'aviser que le phare de Bayswater figurait sur une liste de démolition. J'ai communiqué avec une personne que je connaissais dans la collectivité, un comité a été créé, et, en quatre mois, le comité a loué ce petit phare. C'est arrivé rapidement et avec succès. J'étais au courant de cela.

J'en savais un peu plus parce que cela se passait dans ma propre cour. J'ignore la situation des autres phares et j'ignore s'il y a des groupes qui seraient intéressés par des phares en particulier. Je ne suis vraiment pas certaine.

Il y a une différence énorme entre l'état des phares de la baie de Fundy — qui relèvent de la Garde côtière à Saint John — et celui des phares de la côte Est et de la côte Nord — qui relèvent de Charlottetown. Les phares des côtes Est et Nord sont en excellent état. Les conditions environnementales de la baie de Fundy font la vie dure à nos phares. Un grand nombre d'entre eux ont été remplacés dans les années 1960 et 1970. Les charmantes tours en bois ont été démolies. Nous avons des tours en béton ou en fibre de verre dans bon nombre de cas. Si un groupe voulait s'en mêler et prendre les rênes, il y aurait beaucoup plus de travail à faire à l'égard des phares situés dans le sud de la province qu'à l'égard de ceux des côtes Est et Nord. Ces phares sont plus petits, beaucoup plus accessibles et en un meilleur état.

Le sénateur Poirier : J'ai plusieurs questions à poser à Mme Livingstone. Vous avez mentionné que l'une de vos préoccupations tenait au fait que certains phares seraient acquis par des intérêts privés plutôt que par un groupe communautaire et qu'ils ne seraient pas ouverts au public. Vous avez dit que certains phares sont maintenant des propriétés privées. Sont-ils ouverts au public?

Mme Livingstone : Non, ils ne le sont pas. Vers la fin des années 1950 et au début des années 1960, on a procédé à l'automatisation de la plupart des phares de l'Île-du-Prince-Édouard, à l'exception de quelques-uns situés à l'extrémité est de l'île, et, à ce moment-là, on a vendu certains des phares. Je crois que tous les phares appartenant à des intérêts privés ont probablement été achetés à ce moment-là. Aucun d'entre eux n'a été cédé récemment, du moins pas à ma connaissance.

Le sénateur Poirier : J'ai aimé votre idée de la carte, de visiter des phares pour avoir un certificat. J'ai trouvé que c'était une idée géniale. Vous avez dit que vous aviez interrompu le programme pour des considérations environnementales. Pourriez-vous m'expliquer quelles étaient ces considérations environnementales? Se rapporteraient-elles aux véhicules qui circulaient autour des phares? Qui vous a demandé d'interrompre le programme? Était-ce le gouvernement provincial?

Mme Livingstone : La chose avait provoqué tout un tollé à l'époque, et plus d'un gouvernement provincial s'en était plaint. Je ne sais pas si le gouvernement fédéral était de la partie. Je soupçonne qu'il s'en est mêlé, par l'intermédiaire de la Garde côtière. Comme l'a mentionné Mme Loughery, on s'inquiétait au sujet du mercure — non pas qu'il y avait encore du mercure dans les phares, mais du mercure aurait parfois été renversé sur les planchers. On a ensuite commencé à s'inquiéter au sujet de la peinture au plomb. J'ai toujours trouvé cela difficile à avaler, car les phares n'étaient pas les seules constructions ayant été peintes avec de la peinture au plomb. Les auberges, les églises, les maisons, tout était recouvert de peinture au plomb à l'époque. On a délaissé la peinture au plomb entre le milieu des années 1970 et le milieu des années 1980. Aujourd'hui, je ne pourrais pas vous dire où on a utilisé de la peinture au plomb et où on ne l'a pas fait.

On craignait que les phares ne soient pas maintenus en bon état. En fait, sur l'Île-du-Prince-Édouard, les phares sont très bien entretenus. Lorsque le personnel de la Garde côtière ou n'importe quels autres peintres ont gratté la surface, des éclats de peinture sont tombés sur le sol. Imaginez : une personne aurait pu se pencher et ramasser des éclats de cette peinture au plomb qui a été grattée il y a 10, 15 ou 20 ans. Mme Loughery, moi-même et d'autres ne pouvions nous empêcher de rire. On craignait que des femmes enceintes ou des enfants soient en contact avec ces éclats de peinture. J'avais des visions de l'un de nos quatre phares de forme carrée et de pauvres femmes enceintes en train d'en mâchouiller la peinture.

Mon arrière-grand-père a participé à la construction du phare de West Point, puis il en a été le gardien pendant 50 ans. Deux de mes grands-tantes sont nées dans la maison du phare, et la moitié des autres ont probablement été conçues dans cette maison. Elles ne sont pas devenues folles. Deux d'entre elles ont vécu jusqu'à 96 et 103 ans. Je ne crois pas que les personnes qui visiteraient ces phares s'exposeraient à un risque.

Francis McIntosh a grandi dans la maison du phare, puis il a été gardien du phare, et il est encore en pleine forme. Il n'est pas mort; il n'est pas fou, il n'est atteint d'aucun des problèmes de santé susceptibles d'être causés par le plomb.

J'ai proposé que nous demandions aux gardiens de subir une analyse sanguine pour que nous puissions voir dans quelle mesure ces préoccupations sont légitimes. Si les gardiens ont des problèmes de santé, nous devrions les indemniser, s'il y a lieu. S'ils n'ont aucun problème de santé, peut-être que nous nous préoccupons exagérément d'une possible exposition au plomb. Ma proposition n'a pas été retenue.

À un certain moment, on a dû enlever la terre autour des phares, et, pendant toute la durée de l'opération, nous avons dû installer une affreuse barrière à neige pour éloigner les gens du site. Les belles enseignes que nous avions placées sur le côté des phares ont dû être retirées, et, finalement, nous avons dû interrompre le programme. Nous avons dû installer des panneaux indiquant qu'il y avait un risque de contamination. Il s'agissait vraiment d'une tempête dans un verre d'eau, pour décrire les choses plus poliment que j'ai parfois envie de les décrire.

Je ne crois pas que le danger soit réel, car les gens qui ont vécu dans ces endroits n'en sont pas morts. Qu'en est-il des églises que fréquentaient les gens, et des immeubles gouvernementaux? Les édifices du Parlement ont probablement été peints avec de la peinture au plomb. Ils ont tous été peints avec le même pinceau, si vous voyez ce que je veux dire. Je trouvais que les phares étaient ciblés injustement.

Le sénateur Poirier : Vous avez aussi déclaré que certains organismes sans but lucratif se demandaient comment ils réussiraient à payer l'impôt foncier et les autres dépenses liées à l'infrastructure du phare s'ils prenaient la relève. Je vous recommanderais de vérifier de nouveau cette information auprès des provinces. À moins que les choses aient changé depuis que j'ai siégé au Nouveau-Brunswick, à l'époque, différents types d'infrastructures gérées par des organismes sans but lucratif étaient exemptés d'impôt foncier. Il y a peut-être une exemption d'impôt foncier pour certains types d'infrastructures. Je vous recommanderais de vérifier si certains groupes peuvent profiter d'une telle mesure fiscale.

Je suis heureuse que vous soyez venue du Nouveau-Brunswick pour nous rencontrer, mais je suis un peu déçue de constater que la population ne se mobilise pas plus que cela. L'architecture du nouveau casino de Moncton s'inspire du thème du phare, et, pourtant, nous avons du mal à inciter les gens à passer à l'action. J'essaie d'attirer l'attention le plus possible sur ce dossier dans mon coin de pays. Nous avons de très beaux phares là-bas. Celui dont j'ai parlé un peu plus tôt est encore en service, et nous essayons de le maintenir en activité pour qu'il demeure l'un des emblèmes de notre collectivité pour de nombreuses années à venir.

Je conviens avec vous que le phare du cap Jourimain aurait besoin d'une couche de peinture. Il faudrait que quelqu'un s'en occupe, qu'il s'agisse du gouvernement provincial ou d'un groupe local, car ça choque la vue.

Mme Livingstone : En faisant des recherches sur l'histoire des phares, j'ai lu des rapports du Bureau d'examen des édifices fédéraux du patrimoine qui parlaient de trois phares semblables. L'un d'eux est le phare de North Cape, et l'autre est le phare de Seacow Head, situé juste en face du cap Jourimain, de l'autre côté du détroit. Ces trois phares semblables ont été construits quelques années avant ou après la Confédération. Comme l'a mentionné Mme Loughery, le Nouveau- Brunswick compte neuf de ses phares en bois massif de forme octogonale. Je crois savoir qu'il n'en existe plus que 15; les six autres se trouvent sur l'Île-du-Prince-Édouard. Les rapports du BEEFP disent que ce sont des trésors qui méritent vraiment d'être préservés.

Le phare de North Cape sur l'Île-du-Prince-Édouard et les deux autres phares semblables seront cédés, alors nous devrons trouver une personne qui s'occupera du phare situé au Nouveau-Brunswick. C'est dommage. Ce phare a même figuré sur un timbre, au même titre que le Pont de la Confédération et le phare du cap Jourimain, lorsque sa peinture était en bon état. Il faut certainement s'en occuper.

Mme Loughery : Le centre d'interprétation voudrait faire l'acquisition du phare, mais il n'a pas les moyens de le faire. Je n'ai pas communiqué avec eux depuis quelques années, mais je sais qu'ils avaient manifesté un certain intérêt pour l'acquisition du phare.

Le sénateur Poirier : A-t-il envisagé de communiquer avec certains des autres organismes sans but lucratif de l'Île- du-Prince-Édouard ou de la Nouvelle-Écosse qui ont acquis des phares pour voir ce qu'ils ont fait et comment ils ont réussi à mobiliser la collectivité pour organiser un projet rentable? Il y a des projets qui sont rentables. Nous avons entendu dire que certains groupes devenus propriétaires de phares sur l'Île-du-Prince-Édouard et à d'autres endroits sont autosuffisants, qu'ils se débrouillent seuls. Vous pourriez envisager de communiquer avec ces organismes pour obtenir des conseils à cet égard.

Mme Loughery : Ils ont presque fait marche arrière. Avant, il fallait payer un droit d'entrée d'environ 5 $ pour accéder aux sentiers derrière le centre d'information, mais ils ont renoncé à cela l'an dernier.

Le sénateur Poirier : Pourquoi?

Mme Loughery : Je l'ignore. Je n'ai pas communiqué avec eux. Tous les deux ou trois ans, il y a un nouveau directeur, et certains s'intéressent davantage au phare que d'autres. Ils ont bel et bien généré des revenus en exigeant un droit d'entrée. Ils ont peut-être constaté que personne ne voulait payer le droit d'entrée, alors ils ont peut-être préféré rendre l'accès gratuit pour que tout le monde puisse profiter de l'endroit. J'ignore quelle en était la raison.

J'ignore si cet organisme est vraiment propriétaire du phare. Je ne suis pas certaine que le phare lui ait été cédé. Il a été mis hors service au moment de la construction du Pont de la Confédération, comme tous les phares dans la région. Il y a une concentration assez élevée de phares dans la région du cap Tourmentine, et ils sont tous dans un état lamentable. Les autres sont petits.

J'ignore quelle est la position du centre d'interprétation à cet égard, mais le phare est en quelque sorte son emblème. Il figure dans l'en-tête de ses documents promotionnels, mais son état continue de se détériorer. Le problème, c'est que, une fois la peinture disparue, une structure en bois se détériore 10 fois plus rapidement qu'avant. Il faut vraiment faire quelque chose pour protéger ce phare.

Le sénateur Hubley : Bienvenue à vous deux. J'ai une brève question à poser au sujet du processus. Lorsque nous sommes allés dans les Maritimes et sur la côte Ouest, nous avons vu de merveilleux exemples des groupes communautaires qui ont été capables de mettre sur pied des activités touristiques liées à un phare qui se sont révélées lucratives.

Selon vous, quels changements devrions-nous recommander d'apporter au processus pour que vous disposiez de suffisamment de temps pour étudier les possibilités qu'offrent tous les phares du Nouveau-Brunswick avant que ceux-ci ne soient démolis ou cédés à des organisations autres que des groupes communautaires? Nous avons observé qu'il y avait parfois un manque de communication et que les gens ne savaient pas en quoi consistait le processus. À ce moment-là, il ne nous restait plus qu'environ une année. Cela me semblait court, et cela vous semble probablement court aussi. Pourriez-vous nous dire comment nous pourrions améliorer le processus pour que nous puissions préserver davantage de phares dans nos régions? Avez-vous des commentaires à ce sujet, madame Loughery?

Mme Loughery : Je suis un peu gênée de dire que je ne connais pas très bien le processus actuel. Comme je l'ai mentionné, je suis beaucoup moins active qu'avant dans ce domaine.

Toutefois, lorsque j'ai essayé d'acquérir le phare de Cedars au nom de Peninsula Heritage, il a fallu neuf ans pour que l'organisme puisse se porter acquéreur de ce petit phare désaffecté. On devrait publier un manuel ou un guide à l'intention des personnes intéressées à acquérir un phare; ce serait utile pour leur montrer la procédure à suivre, étape par étape. L'un des problèmes, c'est que nous parlons ici de gestion de biens immobiliers, et, comme vous le savez, il y a un roulement du personnel au gouvernement. La personne avec laquelle j'ai traité il y a deux ans a peut-être déjà quitté son poste, et quelqu'un d'autre l'a remplacée avant que j'obtienne les conseils que j'avais demandés. Au lieu de fournir le nom d'une personne-ressource, il serait peut-être utile de fournir un titre de poste et un numéro de téléphone qui resteraient les mêmes, peu importe qui serait titulaire du poste. De cette façon, les personnes intéressées à acquérir un phare n'auraient pas à chercher dans tous les sens pour savoir comment s'y prendre. Il faudrait presque publier un aide-mémoire qui indiquerait les étapes 1, 2 et 3, les personnes à joindre et les formulaires à remplir. Cela rendrait la tâche beaucoup plus facile aux groupes qui essaient d'acquérir un phare. La procédure à suivre a toujours semblé un peu ambiguë par le passé, car elle variait selon les caractéristiques du phare et les personnes avec lesquelles on communiquait.

Le sénateur Hubley : Croyez-vous qu'on devrait prolonger le délai dans une province qui comporte des phares ayant une valeur historique importante? Le ministre devrait-il prendre cela en considération avant d'aller plus loin, même s'il n'existe aucune société d'histoire des phares? Je ne crois pas que cela justifie la cession de tous les phares. Il y a peut- être un manque de communication ou une méconnaissance du processus, par exemple, ou des délais. C'est un processus qui prend du temps, et, dans le cas des groupes qui envisagent une telle possibilité, c'est un aspect qu'il ne faut pas négliger.

Je regrette que vous risquiez de perdre un patrimoine irremplaçable. Nous pourrions recommander que votre situation soit examinée sous un angle différent par comparaison à une province où il existe une société d'histoire des phares.

Mme Loughery : La publication de l'information et juste le fait de sensibiliser la population nous aideraient.

Le sénateur Hubley : Exactement. Madame Livingstone, auriez-vous des commentaires à faire au sujet du processus?

Mme Livingstone : L'Île-du-Prince-Édouard n'est pas grande, et la plupart d'entre nous se connaissent d'une façon ou d'une autre. Je trouve qu'il est utile de téléphoner aux gens. Par exemple, je pourrais appeler une personne à Annandale ou en visiter une autre à Malpeque ou demander aux gens ce qui se passe à Borden ou m'entretenir avec le maire, Basil Stewart, au sujet de ce qu'il prévoit faire à Summerside. Mes factures de téléphone sont parfois un peu élevées, mais j'ai un zèle de missionnaire, alors je fonce et je passe à l'action.

Dans les endroits où la population n'est pas sensibilisée, par exemple au Nouveau-Brunswick, ne serait-il pas considéré comme un investissement d'embaucher une personne qui se chargerait de rendre compte de l'état des phares au Nouveau-Brunswick et de trouver les personnes qui se sont mobilisées dans les collectivités? C'est ce que nous faisons sur l'île, quoique notre province est plus petite. La distance que doivent parcourir les gens au Nouveau- Brunswick est plus grande que sur l'île. Si, sur l'Île-du-Prince-Édouard, on conduit pendant quatre heures, on se retrouve dans l'eau, ce n'est pas le cas dans les autres provinces. Ce serait une bonne idée d'embaucher des gens — préférablement des gens qui s'intéressent à la protection des phares — qui s'occuperaient de trouver les intervenants clés dans les régions où il y a des phares. Parfois, il s'agit de la famille de l'ancien gardien de phare ou une personne qui aime tout simplement l'endroit ou un visiteur qui remarque des choses que les gens de la localité ne voient pas. On a tendance à croire que les phares ont toujours été là et qu'ils seront toujours là. Ils pourraient rester là, mais les gens n'y auront peut-être plus accès s'ils sont cédés à des intérêts privés. Cela dit, certains des phares privés qui se trouvent sur l'île sont très bien entretenus, mais ce n'est pas strictement une question d'entretien. J'aimerais vraiment que le public ait au moins accès aux terrains du phare. Ce ne sont pas tous les phares qui sont assez gros pour accueillir des visiteurs ou qui donneraient lieu à des retombées économiques, mais ils méritent tout de même de continuer de faire partie du patrimoine historique de nos provinces. C'est ce que j'en pense.

Le sénateur Cochrane : J'aimerais que vous me disiez toutes les deux ce que la Garde côtière a fait pour apporter son aide dans le dossier des phares.

Mme Livingstone : Sur l'Île-du-Prince-Édouard, la Garde côtière a été d'un grand soutien. Nous avons bien collaboré avec la Garde côtière et nous avons établi une bonne relation avec le personnel. Lorsque nous avons acquis le phare de West Point, le personnel de la Garde côtière a réparé la tour. Il a replâtré les murs et payé le papier peint. Il a remplacé la vieille plateforme de métal par une belle plateforme en bois. Il a réinstallé une fenêtre et a fait fabriquer des portes identiques aux portes originelles. La Garde côtière a apporté son aide dans la restauration d'autres phares, mais je fais mention de celui de West Point parce que j'ai participé de près à sa restauration. La Garde côtière nous a été d'un grand soutien. Mme Loughery a parlé du roulement du personnel, ce qui complique les choses lorsqu'on veut savoir à qui il faudrait s'adresser. Le nouveau processus, qui comporte des étapes clairement définies, éliminera certainement une partie des frustrations que nous avons vécues pendant les neuf années où nous avons essayé de faire quelque chose. La Garde côtière a été d'un grand secours sur l'Île-du-Prince-Édouard.

L'Île-du-Prince-Édouard est une petite province, et la population a facilement accès aux phares. Si l'un d'entre eux commence à se défraîchir, on en parle dans les journaux. Des gens communiquent alors avec le politicien local pour lui demander : « Que se passe-t-il avec le phare? » Avant longtemps, le phare reçoit une nouvelle couche de peinture. Parfois, c'est avantageux d'être petit.

Le sénateur Cochrane : La Garde côtière a fait quelque chose après avoir entendu ces rumeurs.

Mme Livingstone : Elle a probablement reçu un coup de téléphone de quelqu'un.

Le sénateur Cochrane : Croyez-vous qu'elle aurait dû faire quelque chose avant?

Mme Livingstone : La réponse courte serait oui. J'aimerais bien que la Garde côtière soit en mesure de faire cela. Toutefois, je crois comprendre que le gouvernement a sabré dans son budget. Par conséquent, elle accorde maintenant la priorité à l'application de la Loi sur les pêches et aux activités de recherche et de sauvetage. Je viens d'une famille de pêcheurs, et j'apprécie vraiment le rôle que joue la Garde côtière dans ce domaine. Je sais qu'elle doit maintenir un équilibre délicat entre ses services et son budget. Parfois, les gens qui veulent laisser les choses telles qu'elles ont toujours été ne comprennent pas ce qui arrive avec certains des phares. Les phares doivent être repeints tous les trois ou quatre ans, et cela coûte cher. La Garde côtière ne dispose pas d'un nombre suffisant d'employés d'entretien ou de techniciens pour s'occuper des travaux de réparation et de peinture.

Il existe un nouveau matériau de revêtement appelé Nailite. L'un des produits ressemble à des bardeaux de cèdre. C'est un genre de matériau de revêtement, peut-être du vinyle, mais je ne sais pas exactement. Ce matériau a été utilisé dans certains cas. Il est censé être durable et n'a pas besoin d'être repeint ou quoi que ce soit d'autre avant 25 ans. L'un des membres de la Garde côtière m'en parlait l'autre jour. Il m'a dit : « Je sais que les historiens purs et durs diront que nous ne devrions pas faire cela, mais est-il mieux d'avoir un phare qui tombe en ruine parce que personne n'a les moyens de s'en occuper ou de le réparer et de le couvrir de Nailite? » Cette question reviendra probablement un certain nombre de fois. Néanmoins, la Garde côtière fait du très bon travail.

Si je peux me permettre, il y a un autre point à souligner concernant le financement. Habituellement, on peut accéder à des fonds fédéraux ou provinciaux pour diverses choses, y compris des programmes qui peuvent nous aider à embaucher des gens. À West Point, nous avons contracté un prêt hypothécaire parce que l'acquisition du phare revêtait une grande importance pour nous. En 1987, 200 000 $ représentaient beaucoup plus d'argent qu'aujourd'hui. Lorsque nous avons décidé de répondre à la demande au chapitre de l'hébergement et des services de restauration, nous avons profité d'un programme fédéral — que je qualifierais de programme de travaux d'hiver, faute d'une meilleure expression. Nous recevions beaucoup d'argent pour chaque personne embauchée, et cela représentait 100 000 $. La West Point Development Corporation a contracté un prêt hypothécaire pour obtenir les 100 000 $ restants.

Le sénateur Cochrane : Cette organisation était-elle composée de citoyens locaux?

Mme Livingstone : Oui, des citoyens qui voulaient apporter des améliorations dans la région de West Point.

Le sénateur Cochrane : Aviez-vous un directeur et un comptable?

Mme Livingstone : Nous devions payer des comptables, et, oui, nous avions des directeurs qui travaillaient à temps partiel.

À un certain moment, lorsque le restaurant était encore là, nous employions de 20 à 25 personnes. Le parc, qui devait fermer, employait une dizaine de personnes. La boutique d'artisanat compte moins de 20 membres de la guilde qui produisent de l'artisanat, et la boutique embauche un certain nombre de personnes pendant la saison estivale. Ce genre d'initiatives entraîne de bonnes retombées économiques, et nous avons remboursé le prêt hypothécaire. Parfois, lorsqu'on croit vraiment en un projet, on doit être prêt à prendre ce risque. Il n'y aura pas toujours quelqu'un d'autre pour assumer les coûts. On doit faire preuve de créativité et trouver des façons de financer le projet, par exemple en organisant des spectacles et des encans. Nous pouvions compter sur l'aide des gens.

Tant qu'un phare appartient à la Garde côtière, je ne crois pas que des bénévoles pourraient le repeindre ou faire des travaux semblables. Je crois qu'ils ne pourraient pas faire cela à cause de questions de responsabilité. Toutefois, lorsque nous avons ouvert la boutique d'artisanat, les artisans ont apporté leurs créations, ont emprunté du mobilier, ont fait des courtepointes, ont peint, ont verni et ont gratté la peinture. Si on peut faire participer les membres de la collectivité, alors cela devient leur phare et pas celui de quelqu'un d'autre. Ils auront un sentiment d'appartenance et se sentiront soutenus. Si on peut réussir à faire cela, on obtient alors beaucoup d'aide.

Le sénateur Cochrane : Est-ce que la Garde côtière vous a dit de procéder de cette manière? Est-ce qu'elle vous a donné l'autorisation de faire cela, ou en avez-vous seulement pris l'initiative?

Mme Livingstone : C'était parfois un peu des deux.

Nous lui avons bel et bien demandé si nous pouvions louer le phare. Nous avons organisé une assemblée publique. Je venais tout juste de participer à la gestion d'un programme, et j'ai déjà travaillé dans l'enseignement, alors j'avais apporté des tableaux à feuilles qui montraient ce que nous avions déjà, ce que nous voulions obtenir et la façon d'atteindre notre but. Nous avons fait l'inventaire de ce que nous avions dans notre collectivité, et nous avons vu que nous avions un port, une caserne, un phare; nous avions un certain nombre de bâtiments, et ils étaient tous dans un piètre état. La prochaine étape consistait à déterminer ce que nous voulions faire et comment nous pourrions arriver à nos fins. Le phare était l'une de nos priorités.

Des années plus tard, nous avons assisté à une réunion qui portait sur le développement économique communautaire, et les animateurs nous ont expliqué les neuf étapes à suivre, et nous en avions déjà suivi huit. Nous ne savions même pas qu'il y avait des étapes précises à suivre; nous avions simplement procédé de cette manière.

Le sénateur Cochrane : Madame Loughery, la Garde côtière vous avait-elle parlé des étapes à suivre pour ce qui est de la préservation des phares?

Mme Loughery : Non. Pour revenir à votre première question, il faut faire la distinction entre le personnel de la Garde côtière et les employés du ministère des Pêches et des Océans, le MPO. Je crois qu'il y a une distinction assez importante. Les employés de la Garde côtière ont fréquenté le Collège de la Garde côtière canadienne, à Cap-Breton. Nombre d'entre eux ont passé des années à bord de navires, en mer. Ils aiment les phares et s'y intéressent vraiment. Les employés du MPO, pour leur part, occupent des postes gouvernementaux. Nombre des employés du MPO avec lesquels nous traitons concernant les phares ne partagent pas la passion du personnel de la Garde côtière pour les phares.

On peut difficilement parler de la préservation des phares dans les Maritimes sans mentionner Larry Wilson, qui a dirigé la Garde côtière pendant un certain nombre d'années. Il nous a tous rassemblés en 1996, et c'était un vrai passionné des phares. Le personnel de la Garde côtière a toujours essayé de faire tout son possible — dans les limites de son mandat — pour nous aider.

Le sénateur Cochrane : Pourriez-vous en dire autant du MPO?

Mme Loughery : Non, pas nécessairement; pas dans le cas de tous les employés. Il y a certes des employés dévoués au sein du MPO, mais cette organisation s'apparente davantage à une entreprise. C'est une entreprise.

Le sénateur Cochrane : J'aimerais revenir à l'Île-du-Prince-Édouard. L'île compte 63 phares.

Mme Livingstone : Oui, et des feux d'alignement.

Le sénateur Cochrane : De ce nombre, 40 sont des aides actives à la navigation?

Mme Livingstone : Oui. Les autres sont hors service; le phare n'est plus en service.

Le sénateur Cochrane : Qui est responsable de ces aides actives à la navigation?

Mme Livingstone : Le MPO, la Garde côtière, l'un ou l'autre.

Le sénateur Cochrane : S'occupent-ils de ces aides de la façon dont la collectivité souhaiterait qu'ils s'en occupent?

Mme Livingstone : Ils veillent à ce que les feux restent allumés.

Le sénateur Raine : Un feu sur un bâton.

Le sénateur Cochrane : S'agit-il dans tous les cas d'un feu sur un bâton?

Mme Livingstone : Non, ce sont là nos bâtiments en fonction. Il y a une vidéo sur YouTube à ce sujet.

Le sénateur Raine : Voilà.

Mme Livingstone : Oui. Seulement quelques personnes ont une copie de ce document. Nous verrons à ce que vous obteniez chacun une copie du document; il contiendra des photos de tous les bâtiments en fonction.

Il s'agit de phares ou de feux d'alignement, et ils s'en occupent. Ils se chargent de garder les feux allumés. Lorsque les phares ne sont pas exploités par des groupes communautaires, la collectivité n'a pas vraiment son mot à dire sur la façon dont les phares sont exploités ou dont la peinture est entretenue ou quoi que ce soit d'autre, mais, comme je l'ai dit, la collectivité peut toujours utiliser le pouvoir des médias et du téléphone lorsqu'elle constate que quelque chose doit être fait.

Le sénateur Raine : Pourriez-vous m'expliquer la différence entre des feux d'alignement et un phare?

Mme Livingstone : Généralement, un phare est une structure de plus grande taille qui remplit probablement deux fonctions principales, soit d'accueillir et d'avertir les navires — d'accueillir les navires dans un port, de leur faire savoir qu'un port se trouve devant eux ou de les avertir de la présence d'une pointe de terre ou d'une formation rocheuse ou d'un élément semblable.

Le phare informera probablement les navires de l'emplacement du port. Lorsque les navires approchent du port, ils peuvent voir des paires de feux d'alignement. Généralement, le feu avant est plus court que le feu arrière. Le feu arrière est toujours plus élevé. Les feux présenteront une marque de jour, qui consiste généralement en une ligne rouge. Les navires doivent aligner les deux marques de jour, celle du feu avant et celle du feu arrière, comme on réglerait le viseur d'une carabine. Ainsi, lorsque les navires s'approchent d'un port, ils savent que l'eau est assez profonde pour qu'ils puissent entrer en toute sécurité dans ce port.

La plupart de feux d'alignement sont munis d'un feu fixe rouge brillant ou d'une autre couleur. La plupart des phares ont un feu rotatif, et, la nuit, un marin saurait où il se trouve parce que le feu de chaque phare présente un signal lumineux distinct. À West Point, le signal se compose d'un éclat de six secondes et d'une éclipse de six secondes. Il ne s'éteint pas. Il y a un écran qui tourne autour du feu. Il existe un ouvrage intitulé le Livre des feux, des bouées et des signaux de brume qui couvre différentes régions du pays, et on y mentionne que chaque phare a son propre signal lumineux qui est visible la nuit. Le jour, on peut voir les marques de jour, par exemple les bandes noires sur ce phare. Le phare de Race Rocks, en Colombie-Britannique, est un autre phare qui a des bandes noires. Certains ont des bandes rouges et différents motifs. Il y a des marques de jour et des feux de nuit.

Le sénateur Cochrane : Il y en a 15 qui appartiennent à des intérêts privés, n'est-ce pas?

Mme Livingstone : Oui.

Le sénateur Cochrane : Existe-t-il des lignes directrices obligeant les propriétaires à considérer ces phares comme des bâtiments patrimoniaux?

Mme Livingstone : Non.

Le sénateur Cochrane : Qu'ont-ils fait de ces phares?

Mme Livingstone : Des propriétaires les ont transformés en chalets. D'autres propriétaires ont fait des rajouts. Dans le cas de l'ancien phare du cap Tryon, c'est l'arrière-petite-fille du gardien qui en est propriétaire, et il est magnifique. Il est en meilleur état qu'il ne l'était dans ses jours de gloire. Il est très bien entretenu.

Le sénateur Cochrane : Est-il peint comme un vrai phare?

Mme Livingstone : Oui.

Le sénateur Cochrane : Le sont-ils tous?

Mme Livingstone : Non, ils ne sont pas tous comme ça. Ils ont subi des transformations à divers degrés. L'un des propriétaires a fait construire des ailes de chaque côté du phare. Il a conservé l'ancien feu d'alignement avant de Summerside, et il vit dans les ailes.

Il y en a trois, et ils viennent tous du même port. Au début, on s'est dit que, si les autorités, probablement la Garde côtière, ne prévoyaient pas garder le phare qui se trouvait là, les gens ne pouvaient pas juste le déplacer et le mettre à un endroit qui leur convient. Même s'ils en devenaient propriétaires, les autorités voulaient qu'ils le peignent d'une couleur différente pour éviter que les marins le confondent avec un phare en service. Trois phares proviennent du Sud-Est de l'Île-du-Prince-Édouard, c'est-à-dire d'Orwell Cove. L'un s'appelait le phare de Brush Point Range, et il était situé sur le quai. Il y avait aussi les deux feux d'alignement de Douse Point.

Des membres de la collectivité qui tenaient à ces phares ont voulu s'en porter acquéreurs et les installer près de leur emplacement d'origine, mais ils n'ont pas été autorisés à le faire. Dans les années 1970, une personne a acheté les deux feux d'alignement de Douse Point et les a fait transporter de l'autre côté de cette partie de l'île; les deux feux se trouvent maintenant au bout milieu de la ville de Murray River. Ils n'ont pas été entretenus.

S'il y a bien un phare qui figure en tête de liste des victimes de ce scénario apocalyptique, ce serait l'ancien phare de Brush Point, qui se trouvait autrefois au bout du quai. Il a été transporté jusque sur une ferme. Je ne connais pas la propriétaire, mais, d'après ce qu'on m'a dit, elle vivrait aux États-Unis et ne passerait que l'été sur l'île. Je crois qu'elle est très âgée.

Si vous connaissez l'érable à Giguère, vous savez qu'il pousse très rapidement. Il y a des érables à Giguère qui poussent pratiquement à travers ce petit phare. Lorsque je me suis rendue là-bas la dernière fois, je ne voulais pas trop m'en approcher — de peur de précipiter son effondrement —, mais j'ai placé ma caméra sur le bord de la fenêtre et j'ai pris des photos de l'intérieur, et les images sont très nettes. Si on ne fait pas bientôt quelque chose, ce petit phare s'écroulera.

Le sénateur Cochrane : Il n'existe aucune disposition obligeant le propriétaire privé d'un phare à l'entretenir conformément aux exigences s'appliquant à l'entretien des bâtiments patrimoniaux?

Mme Livingstone : Non. Peut-être qu'on mettra en place une telle disposition dans l'avenir, mais, lorsque ces phares ont été achetés, la Garde côtière n'en avait plus besoin. Ils étaient considérés comme des biens excédentaires, et ils ont été vendus.

Le sénateur Cochrane : Les groupes communautaires de votre province sont-ils réticents à acquérir les phares excédentaires en raison des coûts de restauration possibles?

Mme Loughery : Oui, tout à fait.

Le sénateur Cochrane : Ce serait la principale raison?

Mme Loughery : Je présume que ce serait la principale raison.

Pourrais-je aborder un point?

Le sénateur Cochrane : Oui, allez-y.

Mme Loughery : Le terme « phare » est général. Mme Livingstone en a fait mention. Il y a les feux d'atterrissage, de jalonnement, de port, d'alignement, de direction et à secteurs, et ce sont tous des phares. Seulement, ils remplissent des fonctions différentes. Mme Livingstone a parlé des marques de jour et des autres signaux semblables.

À l'époque de l'Atlantic Lighthouse Council, dans les Maritimes, nous travaillions entre autres à la création d'un glossaire que tout le monde pourrait utiliser et comprendre. Nous avions établi trois critères pour définir un « phare » au sens où on l'entend dans les Maritimes : un ouvrage construit par un organisme gouvernemental — au Canada, il s'agirait de la Garde côtière —; qui constitue une aide à la navigation; et qui est doté d'un fanal encloisonné au sommet. Certains phares n'ont plus de fanal depuis des années, et il n'y a qu'une ampoule nue, mais il s'agirait tout de même d'un bâtiment patrimonial parce qu'il avait un fanal à l'origine. Ce sont les critères que nous avions établis.

Lorsqu'on parle de paires de feux d'alignement ou à secteurs, je les considère quand même comme des phares. Lorsque je parle des sept visites guidées offertes au Nouveau-Brunswick, on visite en fait deux phares et des feux d'alignement. Le terme « phare » a un sens très général.

Le sénateur Cochrane : Vous travaillez avec la Garde côtière, n'est-ce pas?

Mme Loughery : Non, je ne travaille pas avec elle, mais elle possède beaucoup de bons renseignements. Chaque base est différente. La base de Saint John a fait du beau travail pour ce qui est de tenir des archives et de conserver des photographies. Comme la base fermera bientôt ses portes — une entente a été signée le mois dernier, et la bâtisse sera vendue à la Ville de Saint John —, j'ai essayé d'y avoir accès. Il y a deux hivers, j'ai numérisé plus de 1 500 photographies, et j'essaie de documenter ces choses. Depuis quelques années, je me concentre sur cette activité connexe à la préservation des phares, car qui sait ce qui arrivera à ses archives lorsque la base fermera ses portes.

Le sénateur Cochrane : Je vous remercie du travail que vous faites. C'est merveilleux.

Le sénateur Raine : Je vous remercie toutes deux d'être ici. C'est formidable. J'ai tellement de questions à poser que nous devrons rester tard ce soir.

Madame Livingstone, je vous remercie de nous avoir remis le document qui contient une belle liste de préoccupations. Ce document nous sera utile. Nous rencontrerons des représentants du gouvernement jeudi, et ce document nous fournira un bon point de référence pour poser nos premières questions.

Je sais que vous participez aux activités de la World Lighthouse Society. Je présume que vous connaissez aussi la United States Lighthouse Society. Au cours de vos discussions avec d'autres intervenants du milieu de la protection des phares au Canada, avez-vous envisagé la possibilité de créer une société canadienne des phares?

Mme Livingstone : Oui, vers l'an 2000, à l'époque de l'Atlantic Lighthouse Council, nous avions organisé une conférence internationale. Nous avions accueilli des gens de l'Australie et de Paris, le dirigeant de la société internationale des phares, l'IALA, si je me rappelle bien du nom.

Mme Loughery : Non, l'IALA, l'International Association of Lighthouse Authorities, est un organe officiel dont les membres sont issus d'organismes directeurs. Larry Wilson en faisait partie. Le Canada aurait été représenté par un employé de la Garde côtière siégeant à l'IALA, alors c'était un peu différent. L'IALA était représentée à la conférence.

Mme Livingstone : À ce moment-là, comme nous avions reçu du financement, nous avions accueilli des représentants de la United States Lighthouse Society. J'ai fait visiter l'île à des Américains. J'amène des gens en visites guidées.

On avait discuté de cette possibilité, mais, à ce moment-là, il était difficile de tout faire en ne comptant que sur l'appui de bénévoles. Les gens travaillent et ont une famille. Cela peut devenir un travail à temps plein — et un travail exigeant —, étant donné toutes les personnes avec lesquelles il faut communiquer. Toutefois, cela en vaut la peine.

Mme Loughery a parlé du glossaire. Nous croyions fermement que les nouveaux groupes qui prenaient la relève avaient besoin de certaines lignes directrices. Nous avons retenu les services d'un consultant, et il a préparé un glossaire qui a été examiné par un comité composé de membres de l'Atlantic Lighthouse Council, dont Mme Loughery, moi et d'autres personnes. On pourrait ressortir ce glossaire et le mettre à jour, car cela serait nécessaire après toutes ces années. On n'est pas obligé de jeter le bébé avec l'eau du bain. Ce glossaire contenait des renseignements utiles.

Il y a eu des réunions internationales. Nous avons accueilli des gens comme Cullen Chambers, qui vient du sud des États-Unis. Il est spécialiste de l'entretien et de la conservation de lentilles ayant une valeur historique. Il existe des personnes ferrées dans ce domaine. J'ignore qui aurait la tâche, le mandat ou la responsabilité de consigner toute cette information, mais des gens pourraient accidentellement causer beaucoup de dommages, par exemple, à une vieille lentille ou à une autre pièce ayant une valeur historique. Par exemple, ils pourraient la nettoyer avec du Comet ou avec je ne sais quoi. Nous devons en savoir plus sur le sujet avant que tout cela disparaisse.

Je ne veux pas qu'il leur arrive quelque chose. Quelle est la règle que doivent respecter les chirurgiens? D'abord, ne causer aucun tort. C'est ce dont je veux être certaine dans le cas de nos phares : que les gens n'endommagent pas accidentellement des pièces. Je crois que nous devrions, par exemple, procéder à la mise à jour de ce guide et obtenir d'autres conseils pour l'améliorer.

Le sénateur Raine : Je me disais que l'un des chaînons manquants est le financement, et, de nos jours, tous les gouvernements sont à court d'argent. Toutefois, d'après ce que j'ai vu jusqu'à maintenant, les citadins semblent animés d'une grande passion pour les phares — le phare est considéré comme un emblème, et il fait vibrer leur corde sensible.

Croyez-vous qu'il vaudrait la peine de consentir des fonds de démarrage pour mettre sur pied une fondation vouée à la préservation des phares qui mettrait une réserve d'argent à la disposition d'organismes ou de gardiens de phares?

Mme Loughery : Il y avait une fondation semblable au Canada, à savoir l'Atlantic Lighthouse Council. Nous avions organisé un grand souper pour le lancement de la fondation canadienne des phares. J'ignore ce qu'il est advenu de cette organisation.

Le président : Auriez-vous plus de détails — quand, où?

Mme Loughery : L'Atlantic Lighthouse Council était financé par l'APECA, l'Agence de promotion économique du Canada Atlantique, alors il s'agissait d'un projet de trois ans.

Mme Livingstone : Vers 2003.

Mme Loughery : Oui, 2003. Je dirais que c'était aux alentours de 2002; on avait tenu à Halifax un grand souper gastronomique pour le lancement de la fondation canadienne des phares. Puis, nous n'avons plus jamais entendu parler de cette fondation. D'ailleurs, j'avais presque oublié qu'elle avait déjà existé.

Nous avons déjà eu un directeur à l'Atlantic Lighthouse Council qui avait peut-être tendance à gérer les choses de façon trop serrée. Il y avait des problèmes au chapitre de la communication de l'information aux membres du conseil d'administration, et il a mis sur pied cette organisation. Nous ne recevions tout simplement pas beaucoup d'information. Je ne sais pas ce qui est arrivé. J'en suis presque à remettre en question sa légitimité. Je ne sais pas. Toutefois, il y a déjà eu, apparemment, une fondation canadienne des phares.

Le sénateur Raine : Inutile de dire qu'elle n'a jamais recueilli d'argent.

Mme Loughery : Non, mais c'était là le but. On prévoyait que la fondation recueillerait beaucoup d'argent pour financer toutes sortes de choses.

Le sénateur Poirier : Y avait-il beaucoup de personnes à ce souper, à ce grand événement?

Mme Loughery : Les membres du conseil d'administration de l'Atlantic Lighthouse Council devaient être présents. Cet homme qui travaillait autrefois pour Chance Brothers était venu d'Angleterre pour prononcer une allocution — Kenneth Sutton Jones, un homme fascinant.

Le sénateur Poirier : Combien cela fait-il de personnes?

Mme Loughery : Environ 50.

Le sénateur Poirier : Cette organisation a-t-elle jamais recueilli de fonds? Dans l'affirmative, savez-vous qui en a bénéficié?

Mme Loughery : Je l'ignore. Il s'agissait d'un lancement. Le souper visait à présenter et à lancer la fondation canadienne des phares. Il a eu lieu au Musée maritime de l'Atlantique, à Halifax.

L'Atlantic Lighthouse Council s'était vu confier un mandat de trois ans, et l'idée était d'en faire une organisation fonctionnelle et viable, mais cela n'a pas été le cas.

Le sénateur Raine : J'aurais une autre question pour Mme Loughery. Ce qui se passe à l'Île-du-Prince-Édouard est impressionnant. J'ai très hâte de jeter un coup d'oeil à votre brochure. Les responsables des phares de la péninsule Bruce ont aussi préparé une très belle brochure. Si je regarde la liste des nombreux phares du Nouveau-Brunswick qui sont suivis d'un astérisque, je constate qu'il y a un nombre assez élevé de phares qui appartiennent à des groupes communautaires ou à des organismes publics. Si vous avez le nom et l'adresse de ces groupes, je crois qu'il serait peut- être temps de leur envoyer ces brochures pour leur donner une idée de la façon dont vous pouvez travailler ensemble. À mon avis, une collaboration semblable est très importante.

Mme Loughery : Je suis totalement d'accord avec vous. C'est une idée qui a été proposée. Cette brochure est la somme de diverses brochures sur l'Île-du-Prince-Édouard. Ils publient des brochures sous une forme ou une autre depuis aussi longtemps que je connais Mme Livingstone. Cette brochure est très réussie.

J'ai chez moi toute une pile de brochures sur des projets que j'ai visités, sur des sociétés, sur des festivals. Je les ai séparées par catégories, et je les ai apportées à un certain nombre de ces groupes du temps où existait la société des phares, pour essayer de faire passer cette idée.

Certains d'entre eux ont produit leur propre brochure. Toutefois, comme je l'ai dit plus tôt, je n'ai tout simplement pas réussi à les convaincre de faire front commun pour protéger les phares du Nouveau-Brunswick.

Le sénateur Raine : Parmi les phares de votre liste qui n'ont pas encore été cédés à des groupes communautaires, y en a-t-il qui ont vraiment besoin d'être protégés ou qui requièrent de l'attention?

Mme Loughery : Nous avons parlé du phare du cap Jourimain.

Le sénateur Raine : Je parle de ceux qui sont suivis d'un astérisque. Je présume que, pour tous ceux qui sont suivis d'un astérisque, il y a des gens qui s'en préoccupent.

Mme Loughery : Ils s'en préoccupent peut-être, mais, comme dans le cas du phare de Cap Jourimain, le fait de s'en préoccuper n'est pas la même chose que de s'en occuper, de les entretenir.

Comme je l'ai déclaré dans mon exposé, la région de l'île Partridge, pas seulement le phare, mériterait grandement d'être mise en valeur pour de nombreuses raisons. Je suis guide touristique dans la ville de Saint John, et, lorsque je raconte aux gens l'histoire de l'île Partridge, ils sont fascinés. Il s'agit du premier poste de quarantaine qui a été établi dans toute l'Amérique du Nord; il est plus âgé que celui d'Ellis Island. Ce poste est un témoin de l'histoire de l'immigration irlandaise et de l'immigration de différents autres groupes ethniques. Cet endroit recèle un potentiel énorme, et pas seulement en raison du phare. Il me semble que c'est un projet qui s'impose de lui-même. Voilà pourquoi j'ai dit que c'est la plus belle occasion qu'on laissait passer au Nouveau-Brunswick.

Mme Livingstone pourrait probablement en témoigner, mais, lorsqu'on est une passionnée de phares, les gens nous demandent quel est notre phare préféré. Il y a mon emplacement de phare préféré et mon phare préféré, et il y a le phare situé près de chez moi, alors cela dépend.

Le phare de Quaco Head se trouve à St. Martins; c'est une tour carré en béton qui a été construite vers la fin des années 1960, ou au début des années 1970. Sur le plan patrimonial, il ne paie pas de mine, mais le site est fabuleux, tout au bord d'une falaise. La côte est incroyablement belle dans la baie de Fundy. Il y a là un phare qui est en train de se faire envahir par les aulnes.

Autrefois, je prenais de superbes photos là-bas, mais, maintenant, il est difficile d'en prendre parce que la végétation est en train d'envahir tout le site. Ce serait un endroit merveilleux pour aménager un parc ou quelque chose comme cela. Je crois que c'est un autre des phares qui pourraient facilement être mis en valeur, même s'il ne s'agit pas d'un phare patrimonial. Il y a un certain nombre de phares sur la liste qui, pour l'instant, ne suscitent aucun intérêt.

Le sénateur Raine : Même si vous n'intervenez pas directement dans ce dossier, je peux constater que vous êtes une passionnée des phares, et les gens du Nouveau-Brunswick sont chanceux de vous avoir. Je vous souhaite bonne chance dans vos projets là-bas.

Mme Loughery : Merci.

Le vice-président : J'aurais quelques petites questions à vous poser. Madame Livingstone, que pensez-vous de la liste des phares excédentaires dans votre province qu'a préparée le MPO? Est-elle exacte? Y avez-vous jeté un coup d'oeil?

Mme Livingstone : J'en ai regardé une partie et j'ai vu quelque chose au sujet du feu d'alignement arrière de West Point, qui n'est plus là depuis des années. Après cela, je n'ai pas pris la peine d'en lire plus. Comme j'ai visité chaque recoin de l'île, je sais ce qui se trouve sur l'île, peu importe ce que dit la liste. Je n'ai pas perdu de temps à parcourir la liste.

J'ai toujours pensé qu'on doit d'abord prêter attention à ce qui se trouve près de chez soi et que, si tout semble correct, alors peut-être que le reste l'est aussi. De même, si tout ne me semble pas correspondre à la réalité, il y a probablement d'autres problèmes.

Le vice-président : La Prince Edward Island Lighthouse Society est-elle membre de la World Lighthouse Society?

Mme Livingstone : Non, elle ne l'est pas. Nous essayons en quelque sorte de donner un nouveau souffle à nos activités. C'est ce que nous faisons depuis le début. Avant, nous avions un bulletin d'information, et cela nous aidait beaucoup. Nous n'avons pas publié de bulletin d'information depuis environ 2008, mais nous allons en faire paraître un très prochainement. Au moment d'entrer en fonction, les gens qui présidaient la société ont dit : « Cela ne fait pas partie de nos compétences; nous n'allons pas faire ce genre de choses. » J'ai fini par être un peu épuisée et j'ai aussi décidé d'arrêter de publier ce bulletin d'information. Toutefois, si vous n'avez pas un moyen de communiquer avec les gens, l'intérêt finit par s'émousser. Il en coûtait avant 25 $ par année pour s'inscrire au bulletin et adhérer à la société; maintenant, il en coûte 35 $. Ce montant couvre l'adhésion de deux ou trois personnes. Nous leur envoyons le bulletin par courriel ou leur procurons une version papier.

La société comptait auparavant une centaine de membres, puis le nombre de membres a décliné, et, aujourd'hui, nos membres se limitent en grande partie aux phares actifs. Grâce à notre bulletin d'information, aux appels que nous faisons et au nouvel engouement que suscitent les phares, la société attire de plus en plus de personnes. Des gens offriront en cadeau à quelqu'un une adhésion à la société, par exemple à Noël, ce qui est un bon moyen d'appuyer la société et de la faire connaître.

Lorsque nous faisions partie de l'Atlantic Lighthouse Council, ces hommes faisaient effectivement plus de travaux de recherche, et Larry Wilson en faisait aussi beaucoup plus, comme l'a mentionné Mme Loughery. Ils nous ont mis en contact avec l'ensemble du milieu de la protection des phares. Nous avons toujours eu tendance à rester en contact avec le reste du pays, mais, actuellement, nous nous concentrons sur ce que nous pouvons faire chez nous.

Le vice-président : Vous avez fait des commentaires utiles — comme l'a fait remarquer le sénateur Raine — au sujet des questions qui ont été soulevées durant vos consultations sur la Loi sur la protection des phares patrimoniaux; vos commentaires nous sont utiles. Avez-vous recueilli des impressions générales sur la loi? Est-elle applicable? Permettra- t-elle d'apporter des améliorations?

Mme Livingstone : Sur l'île, nous croyons que ce sera le cas. Le processus est direct et relativement simple, et il y a des personnes comme Norman Shields, à qui nous pourrons nous adresser et poser des questions, et il pourra, espérons-le, nous fournir des conseils ou bien nous pourrons lui en donner, quel que soit le cas.

Le processus qui est proposé élimine des années de travail. Le groupe qui s'occupe du phare de Wood Islands travaille d'arrache-pied depuis six ans pour acquérir le phare, et il semble bien qu'il ait frappé un mur. On a découvert que la demande attendait sur le bureau d'une personne et que cette personne avait été remplacée par quelqu'un d'autre. Enfin, je crois qu'une personne — probablement de cette région —en a fait une affaire politique et a déclaré : « Nous devons aller au fond de cette histoire et découvrir où ça bloque. » Cela bloquait parce que la demande reposait sur le bureau d'une personne depuis longtemps. Lorsqu'on l'a découvert, les choses sont allées bon train.

Je crois que, grâce à ce nouveau processus, au comité de sélection et aux autres mesures qui seront prises, l'avenir des phares est très prometteur.

Le sénateur Raine : Quand aura lieu la semaine du festival des phares de l'Île-du-Prince-Édouard? Dites-le aux gens qui nous regardent.

Mme Livingstone : Du 10 au 16 juillet. Sur l'île, la saison touristique bat vraiment son plein à la mi-juillet, alors le festival se tient dans la semaine juste avant.

Il y a neuf phares qui sont ouverts au public. L'an dernier, celui de North Cape — il n'est pas encore ouvert, mais il le sera — tenait des activités durant le jour. Nous essayons de trouver une façon d'inciter les gens à aller d'un phare à l'autre. Je crois que notre planification d'ensemble doit intégrer cet aspect. Chaque phare racontera peut-être une partie de l'histoire de l'île, mais il doit y avoir une façon d'inciter les gens à faire le circuit, pour ne pas qu'ils se disent : « J'en ai vu un; je les ai tous vus. »

Nous organiserons des activités. J'ignore si nous attirerons beaucoup de personnes, « nous » étant certains d'entre nous qui siégeons au comité. Nous invitons les intervenants à garder certains des phares ouverts pendant la soirée, à laisser au moins un phare ouvert dans la soirée durant la semaine du festival, car c'est à ce moment-là que les phares apparaissent dans toute leur splendeur. Le phare de West Point est ouvert chaque soir, et les visiteurs peuvent monter jusqu'au fanal. Lorsque c'est la pleine lune en juillet et en août, les responsables de certains phares, comme celui de Wood Islands, organisent des spectacles musicaux et servent de la nourriture. C'est la nuit de la pleine lune. J'ignore si c'est la folie de la pleine lune ou quelque chose d'autre.

Si vous vous trouvez sur l'Île-du-Prince-Édouard dans la semaine du 10 au 16 juillet, vous verrez les phares briller de tous leurs feux pendant la tenue de cet événement.

Le sénateur Raine : Le comité devrait faire un voyage là-bas.

Mme Livingstone : Nous voulons justement accueillir des invités de marque pour attirer les foules.

Le sénateur Raine : Je serais partante si le ministre du Tourisme et des Parcs du Nouveau-Brunswick acceptait de m'accompagner.

Mme Livingstone : Ce pourrait être une bonne idée; de cette façon, vous pourriez voir à quel point les phares sont une composante dynamique de la collectivité.

Mme Loughery : Si vous n'êtes jamais allée sur l'île, vous devriez y aller.

Le sénateur Raine : J'y suis déjà allée, mais je cherche une bonne excuse pour y retourner.

Mme Loughery : La visite des phares en est une bonne.

Le vice-président : Nous ne saurions trop vous remercier, mesdames, de nous avoir présenté des exposés aussi enthousiastes et aussi instructifs. Je tiens à remercier le sénateur Ataullahjan de s'être jointe à nous également; nous n'avions pas eu l'occasion de la présenter plus tôt.

Je crois que la soirée nous a été très utile. J'ai peut-être fait preuve d'un peu de laxisme en ma qualité de président, mais je préfère une discussion à bâtons rompus à une séance menée dans les règles de l'art. Cette discussion m'a beaucoup plu.

Je vous remercie beaucoup. La séance est levée.

(La séance est levée.)


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