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Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et du commerce international

Fascicule 4 - Témoignages du 21 avril 2010


OTTAWA, le mercredi 21 avril 2010

Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd'hui, à 16 h 22, afin d'étudier l'émergence de la Chine, de l'Inde et de la Russie dans l'économie mondiale et les répercussions sur les politiques canadiennes.

Le sénateur A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Nous sommes le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international et nous poursuivons notre étude sur l'émergence de la Chine, de l'Inde et de la Russie dans l'économie mondiale et les répercussions sur les politiques canadiennes.

Aujourd'hui, nous avons le plaisir d'entendre l'Association des universités et collèges du Canada, représentée par Paul Davidson, président, et Pari Johnston, directrice des relations internationales.

Veuillez nous excuser pour le retard. Il y a eu un vote et les sénateurs devaient donc être présents en Chambre. Nous vous accueillons chaleureusement.

Nous savons que vous avez une déclaration à faire. Il y aura ensuite une période de questions.

Pour le compte rendu, l'Association des universités et collèges du Canada représente les intérêts des universités canadiennes depuis 1911. Vous représentez 90 universités et collèges universitaires publics et privés sans but lucratif de toutes les régions du Canada.

Avec ce poids sur vos épaules, monsieur Davidson, veuillez faire votre déclaration.

[Français]

Paul Davidson, président, Association des universités et collèges du Canada : Au nom de l'Association des universités et collèges du Canada, qui représente actuellement 95 universités au Canada, j'aimerais tout d'abord vous remercier de votre invitation à contribuer à cette étude. C'est un privilège d'être parmi vous. C'est aussi une excellente occasion d'échanger sur un sujet très important.

[Traduction]

Dans ma déclaration d'aujourd'hui, j'insisterai sur la Chine et l'Inde, parce que notre association travaille avec ces deux pays depuis de nombreuses années. Il y a de bonnes nouvelles à communiquer et encore beaucoup de pain sur la planche.

Je décrirai comment les universités canadiennes apportent une contribution importante à la politique étrangère du Canada; comment les stratégies d'internationalisation des universités appuient l'engagement du Canada envers les économies émergentes, l'essor économique de la Chine et de l'Inde; et ce qui peut encore être fait pour appuyer les efforts de recrutement des universités canadiennes, qui cherchent à puiser dans le bassin mondial des talents, en particulier le vaste potentiel de la Chine et de l'Inde.

Je sais que votre comité s'intéresse à ce sujet avec diligence depuis plusieurs années, et nous vous encourageons à poursuivre cette tâche et à conclure l'étude que vous avez entreprise. Il y a eu des changements importants au cours des trois dernières années, en particulier en Chine et en Inde, et je les décrirai dans un instant.

Les universités canadiennes ont une longue tradition d'engagement international qui renforce et influence la politique étrangère canadienne. Par quelques chiffres, j'illustrerai l'ampleur de cette activité sur la scène mondiale.

Nos membres ont environ 4 400 partenariats actifs d'enseignement et de recherche avec d'autres établissements dans le monde entier. Environ 400 de ces accords de partenariats ont été conclus avec la Chine et 65 avec l'Inde. Nos universités ont également réalisé plus de 2 700 projets de développement international au fil des années, dont 250 en Chine et 130 en Inde.

À l'heure actuelle, 77 000 étudiants étrangers sont inscrits à plein temps dans nos universités, d'un océan à l'autre. En ce qui concerne la Chine et l'Inde, je dirais que 15 000 étudiants chinois étudient au Canada actuellement et qu'il y a 2 800 étudiants indiens.

Les universités sont d'importantes fenêtres sur le monde pour le Canada et elles s'efforcent de favoriser une compréhension approfondie de l'interconnectivité de l'économie mondiale du savoir chez les étudiants canadiens, et de leur inculquer les connaissances internationales et les compétences interculturelles dont ils ont besoin pour prospérer dans un environnement planétaire.

[Français]

L'AUCC croit que le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche, en raison de l'importance qu'il accorde aux échanges entre personnes, peut être déterminant dans la création des liens solides entre le Canada et les pays émergents comme la Chine et l'Inde, sans oublier que les universités possèdent 30 années de solides relations sur lesquelles s'appuyer.

Les stratégies d'internationalisation des universités canadiennes peuvent particulièrement assurer des tribunes pour établir les dialogues sur les partenariats économiques. L'internationalisation comprend, entre autres, la mobilité étudiante et les échanges entre professeurs, la prestation des programmes et des services d'éducation à l'étranger, la collaboration internationale en matière de recherche, la dimension internationale des programmes d'études et le recrutement des étudiants étrangers prometteurs.

[Traduction]

Un exemple d'internationalisation est le fait que les universités canadiennes ont de plus en plus une vision planétaire dans les programmes et services éducatifs qu'elles offrent à l'étranger, notamment par des diplômes conjoints. Une récente étude de l'AUCC révèle que la Chine est le principal pays à offrir ces programmes conjoints, puisque 34 programmes d'enseignement conjoints sont offerts par des établissements canadiens et chinois.

Ces programmes conjoints sont offerts dans de grands établissements comme l'Université de la Colombie-Britannique et l'Université de Toronto, mais aussi dans de petits établissements. Je souligne en particulier le travail de l'Université du Québec à Chicoutimi. Le président de notre conseil d'administration est le directeur de cet établissement.

Pour donner un petit exemple, le premier échange d'étudiants a mené à un échange de professeurs, au point où l'Université du Québec à Chicoutimi offre des programmes de maîtrise en administration des affaires en Chine, où enseignent des entrepreneurs de Chicoutimi. Ces programmes ne sont qu'un petit exemple de l'internationalisation en cours dans les établissements de toutes les régions du Canada.

En plus de ces programmes conjoints, les secteurs en plein essor des sciences et de la technologie en Chine et en Inde sont aussi des sources potentielles de stimulation du secteur de la recherche et de la compétitivité économique du Canada. Je pense que l'excellent travail du comité a d'ailleurs commencé par un examen de la mobilité et du recrutement des étudiants. Nous sommes également très intéressés à renforcer la collaboration en recherche internationale, en particulier avec des pays comme la Chine et l'Inde.

Par exemple, la Chine et ses établissements continuent de renforcer leur capacité en recherche et développement. Les investissements en Chine ont permis de multiplier par neuf les publications de recherche ces dernières années.

L'automne dernier, j'ai parlé avec vos voisins d'à côté de la croissance phénoménale de la capacité de recherche en Inde. Une récente étude de Thomson Reuters prévoit que la productivité de la recherche en Inde sera égale à celle de la plupart des pays du G8 d'ici sept ans et qu'elle devrait les dépasser d'ici 2020. Je reste convaincu que les Canadiens ne prennent pas encore toute la mesure de la vitesse d'accélération de la capacité de la Chine et de l'Inde, non seulement économiquement, mais aussi dans les domaines de la recherche, des sciences et de la technologie. La vitesse est impressionnante.

Avec l'accroissement de leurs activités et de leurs collaborations en recherche internationale, les universités du Canada sont bien placées pour exploiter cet important réseau de chercheurs chinois et indiens, ainsi que leurs capacités d'innovation. Il y a eu des progrès importants et un élan croissant grâce à la participation accrue dans plusieurs partenariats d'enseignement supérieur en expansion entre le Canada et l'Inde et le Canada et la Chine.

J'attire notamment votre attention sur un atelier parrainé par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Il s'agissait d'un salon à l'intention des doctorants à Beijing, qui a réussi de manière spectaculaire à susciter l'intérêt des meilleurs étudiants. Huit universités canadiennes ont actuellement des ententes avec le China Scolarship Council afin d'accueillir d'excellents étudiants chinois des cycles supérieurs, et d'autres ententes de ce genre seront signées.

Quant à l'Inde, l'AUCC est en train de mettre au point une stratégie durable, modulable et axée sur les résultats qui ajoute de la valeur aux initiatives existantes de nos membres, par des activités comme un atelier conjoint des doyens canadiens et indiens des études avancées, qui a eu lieu en décembre dernier; un atelier de praticiens qui aura lieu en juin prochain; et une mission de près de 20 recteurs en Inde en novembre de cette année.

Ces activités misent sur l'élan donné par la table ronde sur l'éducation présidée par le premier ministre Stephen Harper lors de sa mission en Inde en novembre dernier, la visite probable au Canada, pendant l'été 2010, du premier ministre de l'Inde Singh à l'occasion du G20, et une visite possible de Kapil Sibal, le ministre indien du Développement des ressources humaines. Nous devons profiter de ce moment dans le développement des relations entre le Canada et l'Inde pour accélérer nos efforts.

[Français]

Finalement, le recrutement des étudiants étrangers représente une composante essentielle d'un partenariat stratégique avec les pays émergents. Je vous propose de vous pencher sur les trois questions suivantes : pourquoi est-ce important pour les Canadiens? Pourquoi certains pays nous devancent-ils dans ce domaine? Que faut-il faire pour combler l'écart?

[Traduction]

Comme l'a fait remarquer l'honorable Stockwell Day lorsqu'il a témoigné devant votre comité en novembre, il y a un avantage économique immédiat à accueillir des étudiants étrangers au Canada. Je n'occupe mon poste actuel à l'AUCC que depuis onze mois et j'ai pu visiter plus de 45 campus dans neuf provinces. Partout, j'ai été frappé par la manière dont ces campus ont été transformés par les étudiants étrangers. J'ai évoqué l'Université de Toronto, l'Université de la Colombie-Britannique et l'Université de l'Alberta. Ces universités sont des exemples évidents d'excellence à cet égard.

Mais je veux aussi parler d'endroits comme l'Université de l'Île de Vancouver à Nanaimo, qui compte près de 1 000 étudiants étrangers. Dans une ville qui a été dévastée par le déclin du secteur forestier et les difficultés du secteur de la pêche, un millier d'étudiants vont étudier à Nanaimo. Ils paient des frais de scolarité et un loyer, achètent de la nourriture, leur famille vient les voir et ils tissent des liens avec les Canadiens.

L'étude publiée par le ministre Day l'automne dernier que j'ai mentionnée tantôt démontre que cela représente une contribution annuelle de 6,5 milliards de dollars au produit intérieur brut du Canada. Cette contribution est plus importante que les exportations de bois d'œuvre de résineux. Elle est supérieure aux exportations de charbon. C'est le plus gros poste d'exportation vers la Chine. C'est aussi le plus gros vers la Corée et le troisième vers la France. Nous pouvons aller beaucoup plus loin.

D'après le rapport, les services d'éducation sont la principale exportation du Canada en Chine et ils représentent des exportations de 1,3 milliard de dollars par année. Ces services représentent aussi des emplois d'un océan à l'autre. Les étudiants étrangers au Canada créent directement 83 000 emplois et représentent des recettes publiques de près de 300 millions de dollars.

Je mentionne les revenus à cause de la situation économique dans laquelle se trouve le Canada. Les services d'éducation ont une réelle incidence dans l'économie actuelle, mais ils jettent aussi les bases de la nouvelle économie mondiale que nous mettons tous tant d'effort à édifier.

Les résultats économiques ne sont que l'indication la plus récente des avantages des étudiants étrangers. Quand ils étudient chez nous, ces étudiants apportent des perspectives, des compétences et des techniques différentes dans les salles de classe et les laboratoires du Canada. Cet effet positif ne se limite pas aux établissements des plus grands centres.

J'ouvre une parenthèse, parce que nous pensons souvent aux avantages économiques immédiats des étudiants étrangers, mais il me semble important que tous les étudiants canadiens aient la possibilité de travailler et d'étudier en compagnie d'un étudiant qui vient d'un autre pays. La puissance de transformation de la découverte de la culture d'un autre pays et les liens qui sont ainsi forgés durent toute une vie. L'expérience de vie illustre bien le rôle que l'expérience internationale joue dans une carrière.

J'ai parlé de l'Université du Québec à Chicoutimi et de ses 300 étudiants étrangers, dont un grand nombre viennent de Chine, et décrit comment ces liens ont ensuite permis à des entrepreneurs de Chicoutimi d'enseigner dans un programme de MBA en Chine. On n'imagine pas souvent Chicoutimi comme un endroit ayant des liens étroits avec la Chine. On n'imagine pas souvent Chicoutimi comme un endroit très engagé dans l'économie mondiale, pourtant la réalité est indéniable. À une autre occasion, j'expliquerai comment la recherche à Chicoutimi est reliée à l'aluminium et à d'autres secteurs.

[Français]

À l'Université de Moncton au cours des dix dernières années, la population d'étudiants étrangers s'est considérablement accrue et se chiffre maintenant à 600, soit 12 p. 100 des étudiants. Pour le Nouveau-Brunswick qui devra composer avec l'un des plus importants déclins démographiques de la prochaine décennie, l'intégration de ces étudiants donne accès à du personnel qualifié et souvent bilingue pouvant contribuer à la fois à la culture et à l'économie de la province.

[Traduction]

Un autre exemple est l'Université de Thompson Rivers à Kamloops, qui accueille environ 1 200 étudiants provenant de plus de 70 pays et cultures dans le monde. Lorsque ces étudiants choisissent de rester au Canada, ils apportent d'importantes retombées économiques et sociales au Canada, car ils sont une source idéale de personnel très qualifié pour le marché des emplois spécialisés, sont déjà intégrés dans nos collectivités et n'ont pas à surmonter les obstacles de la reconnaissance des titres étrangers.

Lorsqu'ils sortent de nos écoles et rentrent dans leur pays d'origine, beaucoup deviennent des dirigeants dans le monde des affaires, au gouvernement ou dans le milieu universitaire et créent ainsi des réseaux internationaux qui renforcent les liens économiques et diplomatiques du Canada à l'étranger. Nous savons tous que les anciens étudiants peuvent être nos meilleurs ambassadeurs informels. Son Excellence Lan Lijun, actuel ambassadeur de la République populaire de Chine au Canada, a poursuivi des études avancées à McGill et à Queen's.

Dans le cas de la Chine, il est important de souligner que le Canada avait une longueur d'avance parce qu'il a été l'un des premiers pays à s'engager, il y a des décennies, dans des programmes de recrutement et d'échange d'étudiants. Le Programme d'échanges universitaires Canada-Chine du gouvernement fédéral, par exemple, a été créé en 1973. Depuis, plus de 900 universitaires y ont participé. Après avoir étudié chez nous, beaucoup d'entre eux sont retournés occuper des postes de commande en Chine et ont créé des contacts cruciaux pour le Canada.

Mais nous avons perdu une partie de cet avantage initial et d'autres pays recrutent maintenant plus d'étudiants étrangers que le Canada. Pour prendre l'exemple de la part du marché des étudiants universitaires indiens et chinois, on constate maintenant que le Royaume-Uni et l'Australie, qui ont des systèmes universitaires de taille comparable, ont une part de marché supérieure à celle du Canada. Les universités canadiennes comptent actuellement quelque 2 800 étudiants indiens, ce qui est nettement inférieur aux 28 000 en Australie et aux 27 000 au Royaume-Uni.

Nous avons établi ces statistiques avant la mission du premier ministre Harper en Inde l'automne dernier. Il y a lieu de se demander comment des pays dont les systèmes universitaires sont comparables au nôtre arrivent à attirer dix fois plus d'étudiants indiens. Que signifient ces chiffres pour le Canada d'aujourd'hui et pour le Canada de demain?

Notre principale source d'étudiants étrangers dans les universités canadiennes est la Chine, qui envoie environ 15 000 étudiants. Mais ce nombre est bien inférieur aux quelque 51 000 qu'accueille l'Australie et aux 49 000 qui vont au Royaume-Uni.

Que font ces pays que le Canada ne fait pas? Les gouvernements du Royaume-Uni et de l'Australie investissent massivement dans des initiatives de promotion et de marketing de l'éducation. Le Royaume-Uni investit environ 23 millions de dollars par année pour le marketing de l'éducation, en plus du financement de base du British Council. Le gouvernement australien finance sa principale organisation de promotion de l'éducation, Australian Education International, en y investissant environ 20 millions de dollars par année.

Les universités canadiennes ont accru leurs activités de promotion et de recrutement en investissant leurs propres ressources pour profiter de la demande croissante de la population estudiantine de plus en plus mobile. Il faut un appui supplémentaire pour optimiser ces investissements. Compte tenu de la nature nationale de ces objectifs, des défis démographiques, des problèmes du marché du travail et du besoin de reconnaître les titres de compétence étrangers, nous pensons que le gouvernement fédéral devrait jouer un grand rôle de chef de file dans ce dossier.

Nous devons faire fond sur les progrès réalisés jusqu'ici dans des domaines comme les nouveaux assouplissements de l'immigration, le développement d'une nouvelle image de marque pour l'éducation au Canada et de nouveaux aimants pour les talents, comme les bourses d'études supérieures du Canada Vanier et les nouvelles bourses postdoctorales annoncées dans le budget 2010. Le Canada étant en vedette cette année, grâce aux Jeux olympiques de Vancouver, et aux réunions du G8 et du G20, continuons à promouvoir le Canada à l'étranger, y compris nos excellentes universités.

Nous continuons à demander un investissement fédéral important dans une stratégie de recrutement d'étudiants étrangers qui fait connaître l'excellence du système d'éducation du Canada aux nombreux étudiants talentueux à l'étranger, y compris en Chine et en Inde. Pour cette raison, nous collaborons également avec les autres parties intéressées dans le secteur de l'éducation du Canada, afin de créer un front uni avec le gouvernement pour coordonner et exécuter les activités de promotion et de sensibilisation au nom du secteur canadien de l'éducation.

Je sais que votre comité se penche sur cette question depuis environ trois ans. J'aimerais souligner trois changements positifs.

Premièrement, le développement de l'image de marque du Canada. Je n'aurais pas recommandé d'investir davantage dans le marketing il y a trois ans, parce que le Canada ne faisait pas front commun. Les provinces vantaient leur marque; les établissements du Canada vantaient la leur. Il n'y avait aucun cadre. Le développement de l'image de marque du Canada est un important pas en avant. Toutes les provinces appuient cette initiative. En soi, c'est quelque chose à célébrer dans notre pays.

Deuxièmement, il y a l'assouplissement des règles sur l'immigration. Les étudiants peuvent désormais travailler hors de l'université pendant qu'ils poursuivent leurs études au Canada. Que les étudiants puissent travailler pendant trois ans après leurs études constitue un changement important. La nouvelle catégorie de l'expérience canadienne permet aux étudiants de déclarer eux-mêmes qu'ils pourraient être d'éventuels citoyens canadiens avant de venir au Canada. Ces outils sont très puissants pour attirer des étudiants au Canada.

Troisièmement, j'ai mentionné les bourses Vanier et les bourses postdoctorales. Ces programmes sont aussi des outils importants pour maintenir notre avantage dans un domaine très concurrentiel.

En terminant, nous tirons tous une grande fierté de l'excellence des universités canadiennes — la qualité de leur recherche et de leur innovation, et leurs contributions à la science et à la technologie et à la nouvelle économie. Mais il ne faut pas oublier non plus la rapidité incroyable des changements chez nos concurrents. Il est significatif que l'Inde dépassera tous les membres du G8 d'ici quelques années. Par rapport au rythme de croissance en Chine et au développement de sa capacité, le Canada a encore le temps d'agir maintenant, mais si nous attendons encore deux, trois ou quatre ans, le Canada aura raté sa chance.

[Français]

Au nom de l'AUCC, merci de nous avoir donné l'occasion d'être parmi vous aujourd'hui. Je suis prêt à répondre à vos questions.

[Traduction]

La présidente : Merci, monsieur Davidson. Vous avez abordé toutes les questions auxquelles nous nous attendions de votre part, et de manière détaillée.

Le sénateur Finley : Cet exposé a été intéressant. J'ai plusieurs questions.

Vous avez parlé d'un solide rôle de leadership pour le gouvernement fédéral. Cela me semble possible de plusieurs façons. Vous avez abordé la question du financement fédéral des initiatives. Je suis nouveau dans le domaine. Le gouvernement fédéral finance-t-il maintenant cette activité?

M. Davidson : Le budget actuel de promotion de l'éducation au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international est d'environ 2 millions de dollars par année. Un grand nombre de nos établissements dépensent déjà davantage chacun de leur côté.

Le sénateur Finley : Le Canada devrait-il dépenser autant que les 20 millions de dollars que dépensent l'Australie ou le Royaume-Uni si je me souviens bien?

M. Davidson : Dans le dernier cycle de consultations prébudgétaires du gouvernement fédéral, nous avons recommandé une initiative de 100 millions de dollars sur cinq ans — 20 millions de dollars par année — afin de renforcer ce qui avait été fait et de refléter l'ampleur de la concurrence.

Le sénateur Finley : J'ai été extrêmement impressionné par la litanie de partenariats et de relations que vous avez mentionnés dans votre exposé. Par exemple, nous avons 400 partenariats avec la Chine, mais seulement 65 avec l'Inde. Nous avons 34 programmes de diplômes conjoints avec la Chine. Vous n'avez pas dit si nous en avons avec l'Inde. Pourquoi y a-t-il un tel décalage ou fossé entre notre expérience avec la Chine et avec l'Inde? Y a-t-il des raisons particulières? Est-ce par manque d'effort?

M. Davidson : Le Canada a été l'un des premiers pays à reconnaître la Chine et il a déployé des efforts considérables au milieu des années 1970. Il y avait un désir et une capacité de la part de la Chine d'absorber ce genre de programmes d'échanges et de diplômes conjoints.

L'Inde n'a pas été sur l'écran radar pour plusieurs raisons. Le secteur universitaire n'est pas le seul dans cette situation. L'Inde est une économie émergente en croissance rapide qui a montré un réel désir de collaboration ces dernières années. Certains éléments du vaste programme du gouvernement du Canada à l'égard de l'Inde ont créé des débouchés pour les universités canadiennes. Nous espérons un suivi continu à la mission du premier ministre l'automne dernier. L'Inde a aussi modifié son approche à l'égard des autres universités. Les modifications législatives récentes en Inde créent des débouchés qui n'existaient pas il y a quelques mois à peine.

Le sénateur Finley : Comment les frais de scolarité canadiens se comparent-ils en général à ceux de l'Australie et du Royaume-Uni? Sont-ils plus élevés ou plus bas?

M. Davidson : Je demanderai à Mme Johnston de répondre à cette question. Elle a surveillé de près cet aspect du dossier.

Pari Johnston, directrice, Relations internationales, Association des universités et collèges du Canada : En moyenne, il faut se rappeler que les frais de scolarité varient selon le programme, l'établissement et la province. Un argument que nous faisons valoir énergiquement et qui constitue un avantage concurrentiel pour le Canada est le fait que nos frais de scolarité sont généralement plus bas. Mais la qualité de l'enseignement offert est aussi élevée que dans d'autres pays. Ce fait est présenté dans la promotion de l'image de marque du Canada en éducation comme un avantage des universités canadiennes.

Le sénateur Finley : Nous ne sommes pas pénalisés par des frais de scolarité extrêmement élevés?

Mme Johnston : Non.

Le sénateur Finley : Vous avez indiqué que la catégorie d'immigration de l'expérience canadienne facilite l'immigration des étudiants étrangers au Canada, en dernière analyse. Ce programme est-il attrayant pour eux et pour nous? Si nous essayons de tisser des liens avec ces pays, ce n'est peut-être pas une très bonne idée de leur voler leurs cerveaux. Le programme a-t-il accru le nombre d'étudiants qui viennent de la Chine, de l'Inde et de la Russie? Pouvez- vous recommander d'autres mesures dans le système d'immigration afin d'inciter davantage les étudiants à venir poursuivre leurs études au Canada?

Mme Johnston : La possibilité de travailler et d'avoir la résidence permanente après l'obtention du diplôme fait partie des facteurs dont tiennent compte les étudiants étrangers lorsqu'ils choisissent où aller étudier.

Le nombre de conversions d'étudiants étrangers à la catégorie de l'expérience canadienne n'a pas été publié. Nous recevrons ces chiffres à une prochaine réunion du Comité consultatif sur les étudiants internationaux et l'immigration que préside Citoyenneté et Immigration Canada.

Le Canada peut améliorer le traitement des visas. Des mesures positives ont été prises par des programmes pilotes novateurs en Chine et ces programmes seront maintenant implantés en Inde. Ils réduisent les délais de traitement pour les permis d'études en proposant d'obtenir une autorisation médicale dès qu'une lettre d'admission est émise. Le Canada doit néanmoins s'efforcer davantage de réduire les délais de traitement des visas. Les pays concurrents peuvent prendre des décisions plus rapidement que le Canada au sujet des visas. Cette capacité dépend en partie de l'ampleur des effectifs affectés au traitement des visas. Nous reconnaissons cependant que des mesures positives ont été prises afin de tester des innovations, comme l'autorisation médicale préalable, qui donne déjà de bons résultats en Chine.

Le sénateur Wallin : J'ai d'abord une brève observation, puis une question. On a cru que le Canada a énormément profité du 11 septembre, qui a permis d'attirer des étudiants étrangers; des étudiants qui ne pouvaient pas entrer aux États-Unis et qui avaient été attirés par les écoles de la Ivy League. Ils sont venus ici par dépit, mais ils ont ensuite découvert nos universités. Est-ce vrai et ce phénomène existe-t-il toujours?

M. Davidson : La réponse est oui, c'est vrai. Après le 11 septembre, le resserrement de la sécurité aux États-Unis a compliqué la tâche des étrangers qui voulaient étudier aux États-Unis. D'autres problèmes de qualité de vie se sont aussi posés pour les étudiants étrangers aux États-Unis. Le Canada a profité de cette situation.

Quant à savoir si cet avantage continue, à certains égards, le changement d'administration aux États-Unis a créé une nouvelle ouverture face aux étudiants étrangers, et ce changement a accru la concurrence pour nous. Je pense qu'il est encore trop tôt pour connaître les chiffres réels, mais la rumeur dans les divers salons de recrutement internationaux est que les États-Unis redeviennent un endroit intéressant. Les étudiants étrangers veulent y retourner et l'administration prend des mesures pour qu'il soit moins difficile pour eux d'étudier aux États-Unis.

Encore une fois, la nature changeante de ce marché concurrentiel nous donne la possibilité maintenant d'accélérer nos efforts pour maintenir notre part de marché.

Le sénateur Wallin : Ma question porte davantage sur l'Inde que sur la Chine. Nous ne sommes pas très actifs là-bas, à en juger par les statistiques. Je pense que c'est un marché d'environ 2 milliards de dollars par année. Nous réalisons ce chiffre d'affaires en un jour avec les Américains. De nombreux témoins ont fait remarquer que nous avons été lents à agir.

Nous entendons en même temps que l'Inde produit plus d'ingénieurs, de diplômés du MBA, de gourous de la technologie et j'en passe, que ce que l'Amérique du Nord pourra jamais produire. Cela contredit l'affirmation que les écoles sont moins avancées et que les diplômes n'ont pas autant de valeur. Qu'en pensez-vous? Cela m'amène à ma question : Formons-nous les Canadiens dans les bons domaines ou dépendons-nous de l'importation?

M. Davidson : Je commencerai par une observation générale. À l'heure actuelle, au moment où nous nous remettons du ralentissement économique, il y a encore de réels problèmes de chômage dans le pays, mais le problème fondamental de la pénurie de main-d'œuvre persiste au Canada. Nous pouvons nous attendre à une importante pénurie de main- d'œuvre au cours des cinq, dix ou quinze prochaines années, et nous devrons attirer et garder des travailleurs très talentueux provenant des quatre coins de la planète. Nous avons donc besoin d'une série de mécanismes pour nous assurer que nous pouvons attirer les meilleurs et les plus talentueux au Canada.

Votre travail et celui d'autres comités du Sénat pour examiner les défis fondamentaux liés à la démographie et à la productivité font ressortir la nécessité continue de recruter les éléments les plus talentueux. Quant à savoir si les universités canadiennes font assez pour enseigner les bonnes compétences, je donnerai un exemple en guise d'illustration.

Nous avons traversé récemment le pire ralentissement économique des 60 dernières années, et les pertes d'emplois nettes ont atteint près de 1 million. Il y a eu 150 000 nouveaux emplois nets depuis 2008 pour les diplômés des universités canadiennes — donc 150 000 nouveaux emplois nets pendant le pire de la récession. Je pense que cette information fait ressortir que les universités canadiennes forment bien les étudiants, qu'il y a une demande pour les diplômés et qu'il est encore très utile de fréquenter les universités canadiennes.

Il est également juste d'affirmer que les universités deviennent plus agiles pour s'adapter à l'évolution économique du Canada. À de nombreux égards, les universités sont à l'avant-garde pour déterminer où se situent les pénuries de main-d'œuvre, et elles agissent pour les réduire.

En ce qui concerne l'autre question, sur le mouvement d'ingénieurs indiens vers l'Inde et d'autres travailleurs du Canada vers l'Inde, si vous me permettez de revenir sur la question du sénateur Finley — qu'en est-il de l'exode des cerveaux et est-ce ce que veulent ces pays — je pense que dans une économie planétaire, on parle de circulation des cerveaux. Nous devons trouver des façons de mettre les meilleures personnes aux bons endroits, n'importe où dans le monde, au profit d'une économie mondiale qui est réseautée et planétaire.

Le sénateur Jaffer : J'ai été intéressée par votre exposé et j'ai beaucoup appris.

Vous avez fait une observation sur le British Council. Ayant profité moi-même des largesses du British Council pendant de nombreuses années, j'en arrive presque à baisser les bras devant le conseil parce qu'il commence dès la première année et s'occupe de la vie étudiante, de bibliothèques, et cetera. Savez-vous s'il y a un équivalent du British Council en Australie?

Mme Johnston : L'Australie a un réseau de bureaux dans le monde entier appelé Australian Education International. Ces bureaux jouent un peu plus un rôle de marketing, au lieu du rôle culturel plus large du British Council. Ils sont néanmoins des endroits où accueillir les étudiants. Ils font partie du réseau de distribution des bourses australiennes comme le British Council, mais ils n'ont pas la même vocation culturelle et le même objectif de projection de la culture à l'étranger que le British Council. L'équivalent serait l'Office allemand d'échanges universitaires, le DAAD, en Allemagne, qui est le volet consolidé de promotion culturelle du gouvernement allemand, tandis que le réseau de l'Australie est fermé.

Le sénateur Jaffer : Nous n'avons pas parlé de l'Allemagne, mais j'ai observé que l'Allemagne réussit bien à attirer les étudiants. Ce que je trouve curieux, c'est que l'Allemagne attire des étudiants de pays anglophones comme l'Inde ou certains pays d'Afrique. Malgré la langue, ces étudiants sont attirés par l'Allemagne. J'aimerais savoir comment l'Allemagne réussit à attirer ces étudiants.

Mme Johnston : Une tendance intéressante, et qui ne se limite pas à l'Allemagne, est que de nombreuses universités européennes offrent davantage de cours en anglais. Dans de nombreux pays scandinaves, et en Allemagne également, en particulier dans les programmes très courus en administration des affaires et en commerce, de nombreux cours sont offerts en anglais.

En outre, comme l'a indiqué M. Davidson, les bourses sont très importantes dans l'approche allemande pour attirer les meilleurs étudiants. L'Allemagne investit considérablement dans les bourses, tant au niveau du baccalauréat que des cycles supérieurs, et dans les possibilités de recherche pour les étudiants étrangers.

Les Allemands ont des programmes de professeurs invités et d'échanges de professeurs. Ces programmes sont bien financés pour pouvoir promouvoir ces partenariats éducatifs qui incitent des étudiants et des professeurs à choisir l'Allemagne comme partenaire.

Le sénateur Jaffer : Développons-nous une image de marque, comme l'a fait le British Council, ou un autre mécanisme de sensibilisation pour que les gens comprennent mieux le Canada?

J'étais tout ouïe quand vous avez parlé d'image de marque, parce que d'autres témoins ont affirmé que les provinces agissent chacune de leur côté et que le gouvernement fédéral fait aussi cavalier seul : Qui sommes-nous; que sommes- nous? C'est intéressant de vous entendre dire que nous faisons mieux connaître ce qu'est le Canada. Mais j'aimerais en savoir davantage. Développons-nous, non pas exactement la marque du British Council, mais quelque chose semblable pour intéresser les gens à venir étudier au Canada?

M. Davidson : Développer l'image de marque de l'éducation au Canada a pris plusieurs années. C'était financé par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, en partenariat avec le Conseil des ministres de l'Éducation du Canada et en collaboration avec les parties intéressées du monde de l'éducation. Cela a pris du temps. Comme tous les sujets aussi litigieux que l'éducation dans le contexte fédéral-provincial, il y a toujours un positionnement des joueurs.

Mais le résultat est une image de marque du Canada que toutes les provinces sont prêtes à utiliser. Il y a un cadre dans lequel les établissements peuvent travailler. Nous pensons que le moment est maintenant venu d'obtenir les ressources pour permettre de faire exactement ce que nous disons, soit présenter cette image au public que nous essayons d'attirer au Canada.

Je pense que le moment est propice cette année, après le succès incroyable des Jeux olympiques de Vancouver, et avec les réunions du G8 et du G20 plus tard cette année, pour présenter le Canada d'une manière que le monde n'a pas vue depuis une génération. C'est une façon de souligner certaines de nos valeurs fondamentales et de nos grands atouts comme pays, ainsi que notre volonté de nous engager plus vigoureusement dans le secteur de l'éducation. Je pense que cette année est un bon moment pour accélérer ces efforts.

Le sénateur Downe : En 2008, 178 000 étudiants étrangers ont étudié au Canada pendant un minimum de six mois. Combien d'étudiants canadiens ont étudié à l'étranger pendant cette période?

Mme Johnston : Les données sont un peu problématiques. Ce que nous savons se fonde sur des données de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, l'UNESCO, qui indiquent qu'environ 25 000 Canadiens poursuivaient des études pour obtenir un diplôme à l'étranger.

L'Association des universités et collèges du Canada suit également les étudiants qui vont à l'étranger pour un échange à court terme. Là aussi, les chiffres ne sont pas élevés. Les dernières données collectées parmi nos établissements membres révèlent qu'environ 2,2 p. 100 des étudiants canadiens ont eu une expérience internationale à l'étranger, soit environ 18 000 étudiants. Il s'agissait d'une expérience à court terme pour quelques crédits.

Le sénateur Downe : Pour un minimum de six ou sept mois.

Mme Johnston : C'est exact, mais ils obtiennent des crédits de l'université au Canada.

Le sénateur Downe : C'est normalement un an dans une université étrangère.

Mme Johnston : C'est exact.

Le sénateur Downe : J'aimerais revenir sur vos observations au sujet des visas, qui posent toujours problème. Vous avez indiqué que deux projets pilotes prometteurs étaient en cours. Combien d'étudiants ont participé à ces projets? Combien de visas ont été délivrés; 100 ou 1 000?

Mme Johnston : C'est une bonne question. Nous pouvons trouver cette information et vous la communiquer. Tous les six mois, les intervenants assistent à la réunion du Comité consultatif sur les étudiants internationaux et l'immigration dirigé par Citoyenneté et Immigration Canada. Le comité présentera son rapport sur ce premier projet pilote en Chine.

Je ne connais pas le nombre exact d'étudiants qui ont participé au projet pilote. Mais l'objectif était de surmonter l'obstacle des examens médicaux. Lorsque des étudiants ayant besoin d'une autorisation médicale étaient acceptés par un établissement canadien qui leur envoyait une lettre d'offre, les étudiants obtenaient aussi dès le début du processus un formulaire pour qu'ils demandent leur autorisation médicale. De cette façon, quand la demande de visa était acceptée, l'autorisation médicale ne prenait que quelques jours.

Si vous êtes intéressés, nous pouvons trouver cette information et vous la faire parvenir.

Le sénateur Downe : Ce serait formidable.

Combien de temps fallait-il pour obtenir un visa avant le projet pilote et pendant ce projet? Quelle a été la réduction de temps?

Mme Johnston : Je répondrai dans le contexte du marché chinois et de ce que le projet espère accomplir sur le marché indien. À l'heure actuelle, pour un permis d'études universitaires en Inde, le délai de traitement habituel est d'environ deux à trois semaines, même s'il varie d'un secteur à l'autre. Les promoteurs du projet espèrent réduire ce délai à quelques jours. L'objectif est semblable dans le contexte chinois où, si je ne m'abuse, le délai moyen est d'environ quatre semaines, qu'ils espèrent réduire à quelques jours, ce qui constitue la norme de service dans d'autres pays.

Le sénateur Downe : Y a-t-il également un volet de sécurité; y a-t-il un contrôle de sécurité avant que ces visas soient délivrés?

Mme Johnston : Il y a des pays pour lesquels un contrôle de sécurité est exigé avant de délivrer un permis de résidence temporaire. Tout dépend du pays.

Le sénateur Downe : L'Inde et la Chine en font-elles partie?

Mme Johnston : Je vérifierai et vous communiquerai cette information. Je ne suis pas trop certaine des détails.

Le sénateur Downe : Si je vous comprends bien, l'Australie a dix fois plus d'étudiants étrangers que nous.

Le sénateur Smith : Par habitant.

Le sénateur Downe : Ils en ont 28 000 et nous en avons 2 800, et leur population est moins élevée que la nôtre, alors le problème est encore plus important. Que devrions-nous imiter des Australiens, selon vous?

M. Davidson : Premièrement, je pense que nous avons fait certaines choses correctement pour créer la bonne image de marque, résoudre un grand nombre des problèmes liés au traitement des visas, et créer des bourses importantes comme outil de marketing. Ce sont des mesures que le gouvernement a prises.

Les universités ont investi leurs propres ressources et repéré les marchés cibles. Les parties intéressées sont maintenant déterminées à travailler ensemble dans un consortium. Ce qu'il nous faut ce sont les ressources pour mitrailler les marchés émergents. Le marketing peut prendre toutes les formes et inclure aussi bien le marketing sur Internet que la présence physique sur des marchés clés, ou encore viser à faire entrer l'image de marque du Canada dans l'esprit des jeunes étudiants indiens et chinois et de leurs familles.

Le sénateur Downe : À votre avis, tout ce qui nous manque, c'est le financement du marketing. Si nous avions l'argent pour le marketing et si nous corrigions le processus des visas, rien ne nous empêcherait d'avoir des chiffres plus élevés, n'est-ce pas?

M. Davidson : L'étude de l'automne dernier a révélé que les étudiants étrangers apportent environ 6,5 milliards de dollars par année dans l'économie canadienne. Nous voulons doubler ce montant, collectivement. Nous pouvons le faire avec le temps, grâce à une approche de partenariat qui donne au gouvernement fédéral son rôle légitime, si les provinces s'unissent et si les universités et les autres membres du secteur de l'éducation travaillent de manière concertée.

Par exemple, les hauts commissaires m'ont exprimé leur frustration, parce que le recteur X de l'Université Y se présente le lundi, puis un autre recteur le mercredi et encore un autre deux semaines plus tard. Nous prenons des mesures en tant que communauté pour coordonner notre approche.

Les universités rivaliseront toujours entre elles, parce qu'elles recherchent toutes les meilleurs et les plus talentueux. Mais pour vous donner l'exemple de cette mission en Inde en novembre, les préparatifs ont commencé l'an dernier. Nous avons repéré les principaux partenaires, nous travaillons avec le gouvernement du Canada, et il y aura durant la mission quelques activités conjointes pour la vingtaine d'établissements participants, qui pourront ensuite se battre pour leur part du gâteau.

Les initiatives individuelles des établissements seront toujours possibles. Mais il nous faut les ressources pour accélérer le marketing dans un environnement concurrentiel. N'oublions pas que les services d'éducation sont notre principale exportation en Chine et en Corée et l'un des secteurs qui progressent le plus rapidement.

Nous devons attirer l'attention des Canadiens sur le fait que nous possédons une expérience de calibre mondial en éducation, et que le monde pourrait se l'arracher. Ce marketing est avantageux pour tout le monde. Pas seulement pour les universités. Pas seulement pour les collectivités. Le Canada a aussi avantage à ce que nous soyons plus actifs dans les échanges d'étudiants et de professeurs et dans la recherche internationale concertée.

Nous avons consacré une grande partie du siècle dernier à renforcer notre relation avec les États-Unis et la maintenir avec l'Europe. Nous sommes dans un nouveau siècle et nous devons adopter de nouvelles techniques et poursuivre de nouveaux marchés qui mettront le Canada au centre de la scène.

Le sénateur Downe : Vous avez indiqué que vous êtes allé dans neuf des dix provinces. Dans quelle province n'êtes- vous pas allé?

M. Davidson : J'irai à Terre-Neuve-et-Labrador sous peu. Il y a un nouveau recteur à l'Université Memorial.

L'an dernier, le jour de la fête du Canada, l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard a organisé une convocation pour les premiers diplômés à avoir effectué toutes leurs études de maîtrise dans le Nord. Nous étions à Iqaluit pour célébrer cette réalisation, qui démontre que l'excellence peut se trouver partout, dans toutes les régions du pays et dans des établissements de toutes tailles.

La présidente : Vous devrez peut-être louanger autant d'autres projets dans les autres provinces.

M. Davidson : J'ai passé la semaine dernière avec Peter MacKinnon, recteur de l'Université de la Saskatchewan.

La présidente : Sénateur Downe, j'espère que vous poserez demain certaines de ces questions sur les visas, et cetera.

En guise de question supplémentaire, nous dites-vous qu'il n'y a plus d'obstacles dans les universités, en ce qui concerne le financement provincial? C'était le problème autrefois : les contribuables, les locaux, payaient pour former leurs étudiants et malgré le nombre élevé d'étudiants étrangers, il y avait une résistance à une modification de l'équilibre. Ces obstacles sont-ils disparus, et les universités sont-elles libres de poursuivre leurs stratégies à l'étranger?

M. Davidson : Premièrement, toutes les universités canadiennes poursuivent une stratégie d'internationalisation en insistant sur des aspects différents. Certaines sont axées sur les étudiants étrangers, tandis que d'autres visent la collaboration entre les professeurs et les chercheurs. Les pressions démographiques sont inégales dans le pays. Dans le Sud de l'Ontario et dans la région de Toronto, il y a une demande pour de nouvelles places. Je crois que le gouvernement de l'Ontario prévoit un besoin de 15 000 places dans la région de Toronto. Ce sont des pressions bien réelles.

Mais la région de l'Atlantique a été l'une des premières régions du Canada à constater le pouvoir de transformation des étudiants étrangers. Il y a une capacité là-bas. Il y a une capacité émergente dans l'Ouest canadien et en Colombie- Britannique.

Je ne veux pas donner l'impression qu'il suffit de 20 millions de dollars par année pour résoudre tous les problèmes de l'enseignement postsecondaire. Mais, un bon travail a été effectué pour éliminer certaines barrières, et le secteur est impatient de passer à la prochaine étape avec les gouvernements fédéral et provinciaux.

Récemment, la province de l'Ontario s'est engagée à doubler le nombre d'étudiants étrangers. La province a une stratégie énergique. Il est important de saluer cette initiative, mais il est important également que le gouvernement fédéral s'assure que cette initiative se déroule dans un contexte qui met l'accent sur l'image de marque du Canada plutôt que d'une région du pays en particulier.

Le sénateur Di Nino : J'ai été surpris d'apprendre qu'il y a environ 2 800 étudiants étrangers au pays. Je m'attendais à ce qu'il y en ait beaucoup plus.

Le sénateur Downe : Ce chiffre s'applique à l'Inde. Le total est 178 000.

Le sénateur Di Nino : Je préfère. J'ai été renversé quand j'ai entendu ce chiffre.

Lundi et mardi soir, je reçois un groupe d'étudiants étrangers du Kazakhstan dans le cadre du programme d'étudiants Bolashak parrainé par l'État. Il y a 15 étudiants — 8 de Toronto et 7 d'Ottawa. Il y a 50 ou 60 étudiants dans ce programme. Certains étudiants viennent aussi au Canada de leur propre initiative.

Quel pourcentage des étudiants étrangers sont parrainés par l'État, qui impose des conditions, par rapport à ceux qui viennent de leur propre chef?

M. Davidson : Je n'ai pas ces données.

Mme Johnston : Nous pouvons regarder et essayer de vous donner des précisions. Comme vous le faites remarquer, de plus en plus de pays financent les études à l'étranger de manière structurée. Le China Scholarship Council auquel M. Davidson a fait allusion plus tôt vise à envoyer 12 000 étudiants chinois poursuivre des études avancées à l'étranger, dont plusieurs centaines au Canada. Le Vietnam fera la même chose avec son Projet 165 dont l'ambassadeur nous a parlé récemment. Je connais aussi les programmes de bourse du Kazakhstan, de la Malaisie et du Chili. D'autres pays envisagent des programmes semblables lorsque leurs établissements ne peuvent pas répondre à la demande locale.

Nous pouvons en parler à nos collègues de l'association pour voir s'il existe des données sur les études financées par les étudiants et sur celles qui le sont par l'État que nous pourrions vous communiquer.

Le sénateur Di Nino : De toute évidence, l'approche de marketing est différente pour les deux types d'étudiants.

À cause des changements qui sont survenus dans ce domaine, attirer des étudiants pour qu'ils restent au Canada serait mal vu par les États qui parrainent des étudiants dans l'espoir de les former pour qu'ils rentrent chez eux bâtir leur économie. Qu'en pensez-vous?

Mme Johnston : Vous avez raison. Souvent, lorsqu'un étudiant est ici grâce à un programme parrainé par l'État, il est obligé de rentrer dans son pays, ne serait-ce que pour deux ans, par exemple. Sinon, il doit rembourser la bourse reçue de son gouvernement. Les programmes du China Scholarship Council et du gouvernement chilien imposent ces conditions. Comme vous le faites remarquer, l'État a investi dans l'étudiant afin que l'étudiant revienne et contribue à son pays.

Les pays qui cherchent à envoyer leurs étudiants à l'étranger intéressent grandement nos membres. Un grand nombre de nos membres élaborent activement des stratégies de marketing pour présenter leur établissement comme une option attrayante pour ces étudiants. Nous avons des liens particulièrement bons avec le Chili. Nous allons dans ce pays dans le cadre d'une mission avec les collèges canadiens pour visiter nos contacts dans les universités du Chili afin de présenter le secteur canadien comme une option attrayante pour ces étudiants chiliens bien subventionnés.

Le sénateur Di Nino : Les étudiants qui font une demande ont évidemment des besoins de transport, de logement et toutes sortes d'autres coûts. Avez-vous ce que j'appelle une « trousse de bienvenue » offrant divers services et indiquant où les obtenir? Par exemple, les aidez-vous à trouver un logement? Est-ce que cela fait partie de vos responsabilités, ou les étudiants doivent-ils se débrouiller par eux-mêmes?

Mme Johnston : L'AUCC ne joue pas ce rôle. Chaque établissement membre qui élabore activement des stratégies d'internationalisation pour attirer des étudiants étrangers doit créer des services de soutien à leur intention. Ces services couvrent aussi bien l'orientation avant le départ et le logement sur le campus que les services de santé et l'orientation scolaire, par exemple. Il y a souvent sur le campus un conseiller aux étudiants étrangers chargé de fournir le type de services que vous mentionnez. Cela fait partie des moyens employés pour créer un environnement accueillant afin que les étudiants vivent une expérience positive. Le bouche-à-oreille est important, car ces étudiants parlent à leurs amis, à leurs parents et aux membres de leur famille, et expliquent pourquoi c'est bien d'aller étudier dans une université canadienne. Les établissements membres ont affecté des ressources à ces conseillers aux étudiants étrangers.

Le sénateur Di Nino : Pour les étudiants qui ont obtenu leur diplôme, avons-nous mis en place un processus pour évaluer la satisfaction? Cherchons-nous à déterminer ce qu'ils racontent à leur pays, leur famille, leurs collègues?

Mme Johnston : Des données de ce genre sont collectées de quelques façons, au niveau individuel et à l'échelle des établissements. Les établissements suivent le bilan des étudiants étrangers sur le campus et avec leurs anciens.

Le Bureau canadien de l'éducation internationale mène un sondage auprès d'un vaste éventail d'étudiants étrangers, afin de brosser un tableau de leur expérience et de leurs plans à long terme. Ce sondage révèle clairement à quel point les étudiants sont satisfaits de leurs études au Canada. Le rapport le plus récent a été rendu public l'an dernier. Nous pouvons vous en envoyer un exemplaire si vous êtes intéressés.

Le sénateur Di Nino : Pouvez-vous nous donner ces résultats aux fins du compte rendu?

Mme Johnston : Je n'ai pas les pourcentages précis, mais l'étude a révélé que la vaste majorité des étudiants se disent très satisfaits de leurs études dans le réseau postsecondaire canadien. Le rapport décrivait également les difficultés pour trouver du travail à long terme au Canada et profiter de l'intérêt des étudiants à rester au Canada à long terme. Il y avait des problèmes de visa. Mais l'étude était très positive en ce qui concerne l'expérience des étudiants sur le campus.

Le sénateur Frum : Quels produits pédagogiques offerts par le Canada sont les plus populaires auprès des étudiants étrangers au niveau du baccalauréat et des cycles supérieurs? Y a-t-il un créneau dans des programmes d'études avancées pour lesquels nous sommes connus?

Mme Johnston : Les programmes qui intéressent particulièrement les étudiants étrangers sont, et ce n'est pas étonnant, nos programmes d'administration des affaires, de génie et de commerce. Ces programmes sont ceux pour lesquels les inscriptions sont les plus nombreuses. En ce qui concerne l'Inde, nous croyons comprendre, à en juger par les études de marché effectuées par le haut-commissariat du Canada, qu'il y a un vif intérêt pour les compétences du Canada en médias numériques, en études environnementales et en programmes d'animation dans certains de nos collèges. Ce sont des domaines où l'Inde veut accroître la capacité de ses ressources humaines. Les programmes d'intérêt dépendent du marché. Nous devrions personnaliser certains de nos programmes en fonction de ces intérêts.

Le sénateur Frum : Je comprends que le budget de marketing n'est pas assez élevé, mais comment l'affectez-vous? Visez-vous surtout les étudiants des cycles avancés? Du point de vue de l'université, l'avantage économique est-il le même pour un étudiant des cycles supérieurs que pour un étudiant du baccalauréat?

M. Davidson : Chaque établissement a sa propre stratégie de marketing en fonction de son créneau et de ses domaines d'excellence. Les établissements poursuivent des marchés précis pour des programmes précis.

Le programme de marketing du gouvernement du Canada représente environ 2 millions de dollars par année. Ce montant ne va pas très loin dans un environnement mondial très concurrentiel. Un défi consiste à déterminer où il convient le mieux de concentrer les efforts. Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international demande l'avis de la communauté une ou deux fois par année au sujet des marchés les plus évidents et les plus urgents. Cet effort ne suffit pas pour saisir les débouchés qui existent.

Je demanderai à Mme Johnston de vous décrire les relations de financement et le niveau où les étudiants étrangers sont le plus avantageux pour le Canada.

Mme Johnston : Il y a souvent des possibilités pour les étudiants des cycles supérieurs de recevoir des bourses de leur pays d'origine. Au niveau du baccalauréat, les étudiants sont peut-être moins subventionnés ou ils ne réussissent pas à obtenir les bourses d'études provinciales. Aux cycles supérieurs, ce qui est intéressant, c'est d'accueillir des étudiants qui ont obtenu une bourse de leur pays ou qui peuvent avoir accès aux programmes provinciaux de bourses d'études avancées.

Le sénateur Frum : De toute évidence, nous voulons faire une percée auprès des étudiants chinois. Je m'interroge sur la barrière linguistique, un peu dans le sens de la question du sénateur Jaffer. Les universités canadiennes offrent-elles des cours aux étudiants dans leur langue maternelle? Nos concurrents le font-ils, ce qui pourrait expliquer la différence? Je suis convaincue que certains étudiants maîtrisent bien l'anglais, mais j'imagine qu'un grand nombre d'étudiants chinois arrivent ici sans pouvoir vraiment parler anglais ou français.

Mme Johnston : Bon nombre de nos membres ont mis sur pied des programmes de mise à niveau de l'anglais — et parfois aussi du français — à l'intention des étudiants qui ont besoin d'une année pour renforcer leurs bases linguistiques afin d'obtenir le niveau de connaissance de la langue nécessaire pour aller dans le programme d'études complet. Le programme de langues est parfois offert sur le campus au Canada, ou avec un partenaire en Chine, ce qui permet aux étudiants d'entrer directement dans leur programme d'études.

Dans certains cas, les membres se sont alliés avec les collèges communautaires locaux au Canada pour offrir ces cours de mise à niveau. C'est souvent le cas. Certains établissements membres ont des programmes conjoints novateurs. Ainsi, l'Université Simon Fraser offre un intéressant programme conjoint de cinq ans avec un partenaire en Chine. Les étudiants canadiens et chinois étudient ensemble; ils passent deux années au Canada, puis deux années en Chine et l'année suivante, ils étudient ensemble. Ce programme est offert en mandarin et en anglais.

Cet exemple illustre notre observation antérieure sur les avantages, pour les étudiants canadiens, d'avoir un élément international dans leur programme d'études. Dans ce cas-ci, c'est une option conjointe. Parfois, ils peuvent aussi étudier en mandarin, mais dans le contexte de programmes conjoints.

La présidente : Combien d'étudiants viennent apprendre l'anglais ou le français avant de poursuivre leurs études? Des universités offrent-elles ce type de programme?

Mme Johnston : Nous pouvons fournir les chiffres précis qui sont cités dans le rapport sur les incidences économiques que nous avons mentionné il y a un instant et qui a été produit par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Je n'ai pas les statistiques devant moi, mais les programmes d'ALS et de FLS au Canada sont populaires. Nous attirons des milliers d'étudiants au Canada dans ces programmes. Par exemple, le Canada est le premier choix des étudiants brésiliens qui veulent apprendre l'anglais à l'étranger.

Les étudiants en langues contribuent à l'incidence économique citée dans le rapport évoqué plus tôt. Je n'ai pas les chiffres devant moi, mais nous pouvons vous les fournir.

[Français]

Le sénateur Robichaud : Je crois comprendre que les collèges communautaires participent aux efforts de marketing que vous faites si on parle de la Chine et de l'Inde. J'en profite pour parler du Nouveau-Brunswick parce qu'il y a une école de pilotage à Moncton, qui est très populaire. La majorité des étudiants qui sont là viennent de la Chine. Est-ce que les autres collèges communautaires ou les écoles qui offrent les cours spécialisés en profitent autant que les universités?

[Traduction]

M. Davidson : On reproche souvent aux universités et aux collèges de ne pas pouvoir travailler ensemble. Voilà un domaine où les collèges et les universités travaillent efficacement ensemble. Les collèges communautaires ont leurs propres objectifs internationaux. Ils travaillent en consortium avec nous et d'autres; mais, dans la pratique, de nombreux collèges communautaires du pays collaborent avec les universités, soit en offrant des programmes de langue à l'arrivée, des programmes de mise à niveau de la langue ou des compétences, avant que les étudiants entrent dans le réseau universitaire. Les collèges communautaires de toutes les régions du pays collaborent efficacement avec les universités pour ces programmes.

[Français]

Le sénateur Robichaud : On offre des bourses pour les étudiants étrangers qui viennent étudier au pays. Est-ce qu'on a fait l'analyse des coûts nets et des bénéfices que cela peut nous rapporter lorsqu'on offre des bourses d'étude à ces gens?

[Traduction]

M. Davidson : En ce qui concerne les coûts et les avantages des bourses, je ne sais pas si Mme Johnston pourrait mieux répondre à cette question.

[Français]

Mme Johnston : Je ne suis pas certaine qu'il y a eu des études spécifiques sur les coûts et les bénéfices économiques. Mais je connais une étude du ministère des Affaires étrangères sur les impacts des bourses qu'ils ont offertes pendant presque 30 ans. On a parlé des échanges Canada-Chine. Il s'agissait de bourses offertes par le gouvernement du Canada. Ils ont essayé de trouver l'impact social concernant la provenance politique ou commerciale de ces étudiants de la Chine. Il y avait des bénéfices plus indirects. Ils n'ont pas fait une analyse économique statistique, mais ils ont essayé de démontrer combien de ces personnes sont entrées dans des positions de pouvoir et d'influence.

Le sénateur Robichaud : Vous dites que ces gens vont certainement travailler avec toute délégation canadienne qui peut aller dans ces pays, n'est-ce pas?

Vous avez parlé de stratégie de marketing et vous recherchez un peu plus de fonds pour générer plus d'activités. Est- ce que la stratégie marketing est bien arrêtée entre les universités et les collèges et le gouvernement canadien?

Des témoins, la semaine dernière nous disaient ou nous ont laissés croire que notre stratégie était plutôt floue. On sait qu'un groupe allait dans une province et on faisait des démarches ad hoc sans avoir une stratégie. Est-ce que notre comité devrait travailler dans cette direction ou êtes-vous content de la stratégie que vous avez mise en place avec les autorités gouvernementales?

[Traduction]

M. Davidson : L'un des défis dans le secteur des études postsecondaires, comme dans d'autres aspects de la vie canadienne, consiste à obtenir un consensus entre une foule de joueurs différents. Je ne dirais pas que chacun 95 membres de l'association joue la stratégie internationale commune à l'unisson. Nous essayons de créer un environnement dans lequel ils peuvent poursuivre des stratégies qui s'intègrent dans un cadre bien compris et bien défini.

Quand c'est élargi pour inclure les autres membres de la communauté des intervenants, je peux dire que le Canada est en train d'accorder ses violons. Je ne veux pas laisser l'impression que les moindres éléments de la stratégie ont été convenus et déterminés, mais il y a une vive reconnaissance de la nécessité de travailler ensemble, une volonté de la part des intervenants de travailler ensemble.

Je pense que des progrès considérables ont été réalisés aux niveaux fédéral et provincial afin de trouver une façon de travailler efficacement ensemble, en étant conscients que chaque chef de gouvernement de ce pays a son propre ordre du jour politique. Mais le monde est un grand pays et nous avons assez d'espace pour que tout cela puisse être reconnu, réalisé et célébré.

Si vous me permettez de donner quelques précisions, la mission du premier ministre du Canada en novembre en Inde a été importante. Il a été suivi immédiatement par le premier ministre de l'Ontario en décembre, qui a fait fond jusqu'à un certain point sur la mission de son prédécesseur. Puis il a été suivi, par la mission du premier ministre Charest à la fin de janvier et au début de février. Nous croyons comprendre que le premier ministre Wall prévoit aussi une mission sous peu.

Ce que nous visons, c'est que l'accueil ne s'effiloche pas, au point que les premiers ministres provinciaux et les ministres fédéraux auraient une série de pourparlers préliminaires qui ne mèneraient nulle part. Nous essayons de construire efficacement ensemble.

Selon nous, nous y parvenons avec de modestes ressources, beaucoup de bonne volonté et la conscience du fait que si nous n'harmonisons pas nos efforts, nous serons dépassés par les concurrents que nous avons mentionnés — l'Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis — et dans peu de temps la Chine et l'Inde seront aussi nos concurrents, puisqu'elles offriront des possibilités aux étudiants étrangers sur leurs propres marchés.

Le sénateur Jaffer : Je sais que vous avez déclaré d'entrée de jeu que vous parleriez de l'Inde et de la Chine, mais notre étude porte sur trois pays, le troisième étant la Russie. Pouvez-vous nous dire s'il existe des programmes d'échanges d'étudiants avec la Russie? Si vous ne le savez pas, je comprendrai.

M. Davidson : Nous avons une certaine expérience en Russie. Nous nous concentrons actuellement sur la Chine et l'Inde parce que ces marchés sont prioritaires pour nos membres. C'est dans ces pays que nous voyons les plus grands débouchés et les plus grands progrès de la part des représentants fédéraux et provinciaux.

Je sais que les universités ont travaillé depuis 1990, et même avant, avec l'ouverture de la Russie, pour offrir des possibilités d'échanges de professeurs. Il y a des possibilités de mobilité des étudiants. Il y a des ententes de partenariat entre des universités russes et des établissements canadiens pour développer les marchés dans le secteur du pétrole et du gaz naturel, par exemple, où nous possédons une formidable expertise dans l'Ouest canadien. Cette expertise est renforcée conjointement avec des établissements russes.

Nous offrons également notre expertise à l'État russe pour bien administrer l'industrie des ressources. Les universités canadiennes ont des compétences et des talents importants à apporter en Russie. Mais aujourd'hui, nous nous concentrons sur la Chine et l'Inde.

Mme Johnston : Pour renforcer les propos de M. Davidson, il y a eu par le passé des programmes avec l'ACDI auxquels nous avons participé. Le programme Partenariats pour l'avenir, par exemple, nous a permis d'accueillir des fonctionnaires russes qui sont venus étudier dans des universités canadiennes pour renforcer leurs compétences dans certains domaines. Ce programme est terminé.

Mais il y a eu une grande mobilisation par ce programme et par d'autres pour renforcer nos relations universitaires. Comme l'a indiqué M. Davidson, par nos ententes sur l'échange de bases de données avec la Russie, plusieurs de nos membres ont des partenariats. Si vous êtes intéressés, nous pouvons vous faire parvenir ces données.

Le sénateur Jaffer : J'aimerais poser une autre question reliée à celle du sénateur Frum sur la langue. D'autres ont posé des questions sur le même sujet.

Si je comprends bien, des étudiants viennent ici pour des cours d'ALS ou de FLS. Encourageons-nous nos étudiants à apprendre d'autres langues? J'imagine que les étudiants de l'Inde n'ont pas besoin de formation linguistique parce que l'anglais est la langue du travail en Inde. Jusqu'à quel point réussissons-nous à aider nos étudiants à apprendre le mandarin?

M. Davidson : Nous avons encore beaucoup de chemin à faire, et plusieurs établissements ont indiqué que cet aspect est prioritaire pour eux. Par conséquent, quelques universités offrent des cours en mandarin et dans d'autres langues.

J'aimerais profiter de cette question pour donner une idée du chemin qui reste à parcourir. Moins de 10 p. 100 des étudiants canadiens quittent leur province pour poursuivre des études postsecondaires.

Le sénateur Jaffer : Vous avez dit que moins de 10 p. 100 quittent leur province?

M. Davidson : Oui. Si nous voulons des citoyens informés, engagés et planétaires, nous devons faire bouger les étudiants. Nous devons les faire bouger au Canada et à l'étranger.

Pour revenir à la question du sénateur Downe, le nombre d'étudiants canadiens qui ont la possibilité d'aller à l'étranger est effectivement très faible. Il existe des possibilités et il y a un réel désir des universités canadiennes d'encourager leurs étudiants à étudier à l'étranger ou à faire du service communautaire à l'étranger. Mais les efforts sont modestes comparativement au besoin vital de nous assurer que nous avons des citoyens planétaires informés, actifs et engagés.

Le sénateur Finley : Afin de situer la dernière partie de ma dernière question dans un contexte, je veux m'assurer que j'ai bien compris certains chiffres qui viennent d'être avancés. Monsieur Davidson, votre objectif louable consiste à doubler sur une certaine période le nombre d'étudiants qui viennent étudier au Canada. Je crois avoir entendu qu'il y avait 178 000 étudiants étrangers au Canada en 2008. Doubler ce chiffre signifie 356 000 étudiants.

L'avantage net pour le PIB canadien était de 6,5 milliards de dollars. Dans un programme quinquennal, cela représenterait un avantage supplémentaire pour le PIB canadien de 32,5 milliards de dollars, et environ 1,5 milliard de dollars de revenus supplémentaires pour le gouvernement du Canada. Ces retombées semblent représenter un rendement remarquable pour un investissement relativement modeste, si nous avions des garanties que cela fonctionnera.

Je vois deux problèmes. Le premier est lié aux infrastructures dans le réseau universitaire et collégial au Canada. Je crains que nos promesses soient trop élevées et nos résultats trop faibles.

Le deuxième problème est peut-être une question pour laquelle vous n'avez pas de réponse immédiate. Y a-t-il des diplômes plus populaires que d'autres? Par exemple, les diplômes en génie sont-ils plus populaires que les diplômes en sciences sociales? Si tel est le cas, les ressources humaines des universités canadiennes peuvent-elles faire face à une hausse aussi soudaine de la demande pour un diplôme en particulier?

M. Davidson : Permettez-moi de répondre à la première partie de votre question. Une fois de plus, Mme Johnston voudra peut-être apporter un complément d'information.

En ce qui concerne le nombre d'étudiants, il y a effectivement 178 000 étudiants étrangers dans tous les volets du système d'éducation au Canada. Ce chiffre comprend les étudiants dans les écoles secondaires, dans les collèges et dans les cours de langue.

Le nombre que nous avons tendance à utiliser au niveau universitaire est 77 000. Ce que nous voulons doubler, c'est ce chiffre de 77 000, ce qui nous amène à la question de savoir si nous avons les infrastructures nécessaires pour absorber une telle hausse.

Je m'en voudrais de ne pas mentionner le Programme d'infrastructure du savoir et l'investissement de 2 milliards de dollars du gouvernement fédéral dans le budget 2009 pour améliorer considérablement les infrastructures. Certaines provinces ont investi un montant égal. Nous avons un programme d'infrastructures de 5 milliards de dollars qui sera achevé en mars prochain.

Cela dit, la capacité est inégale d'un endroit à l'autre. Dans le Sud de l'Ontario et dans la région de Toronto, il y a de réelles pressions pour des places actuellement. Les universités ontariennes travaillent en groupe avec la province de l'Ontario pour gérer cette pression. Mais il y a des capacités dans le Nord de l'Ontario, tout comme dans la région de l'Atlantique et dans de nombreuses régions du Québec. Les provinces de l'Ouest ont presque toutes une importante capacité.

Je crois que si le Canada se fixe un objectif ambitieux, le secteur universitaire sera prêt pour s'assurer qu'il sera atteint. Pour m'exprimer de manière positive, quelques recteurs d'université qui ont rencontré le ministre Day en octobre dernier à ce sujet ont déclaré : nous travaillerons avec vous; fixez les cibles et les délais; nous sommes prêts à rendre compte des investissements effectués et nous sommes prêts à faire notre part.

Je pense que l'occasion est en or, pour toutes les raisons économiques immédiates que je mentionne, mais aussi pour ce que nous voulons faire de notre économie. Où voulons-nous que nos enfants apprennent et réfléchissent sur le monde? Nous devons nous assurer qu'ils connaissent la Chine et l'Inde, ainsi que les autres régions du monde. Il y a maintenant une possibilité de faire quelque chose de vraiment fascinant parce que ces fondements sont en place. Il suffit simplement d'accélérer nos efforts.

Le sénateur Finley : En ce qui concerne les domaines d'études préférés, pouvez-vous nous fournir ces données plus tard? J'aimerais connaître les pourcentages d'étudiants qui vont en génie, en informatique, et cetera.

Mme Johnston : Nous pouvons vous fournir ces données. Comme je l'ai déjà dit, ces programmes comptent parmi les principaux programmes de diplômes, tout comme l'administration des affaires et le commerce. Les étudiants étrangers vont dans ces programmes. Nous pouvons vous communiquer cette information.

Je reviendrai sur cette question à nouveau, sénateur, parce qu'elle nous intéresse, nous aussi. Nous comprenons le désir de longue date de veiller à ce que les étudiants canadiens puissent étudier dans des établissements canadiens. Ce but constitue un important objectif de politique publique : que les étudiants qui ne pouvaient pas aller à l'université par le passé puissent trouver une place à l'université est extrêmement important. Nous ne voulons pas d'un système où nous formons les étudiants étrangers et laissons tomber les étudiants canadiens.

Nous avons d'énormes difficultés à atteindre les minorités et les groupes sous-représentés. Je serais ravie de revenir ailleurs et à un autre moment pour discuter de notre travail afin d'accroître l'accès des Canadiens autochtones, qui font partie de ce groupe démographique qui augmente trois fois plus vite que la moyenne nationale et qui compte trois fois moins de diplômés universitaires. L'enjeu est crucial, en particulier dans l'Ouest canadien, mais aussi dans les régions urbaines du Canada.

Je ne demande pas à passer toute ma vie devant un comité sénatorial, mais je serais ravie de parler de certains de ces enjeux intérieurs à une autre occasion.

Le sénateur Downe : Y a-t-il un avantage financier pour les universités à attirer des étudiants étrangers parce qu'ils paient des frais de scolarité élevés? Bien souvent, ils paient le double, voire davantage. Si une université examine son budget et constate qu'elle peut accepter 1 000 étudiants canadiens ou 1 000 étudiants étrangers, elle doublera ses revenus avec les étudiants étrangers.

Je pensais que la question du sénateur Finley portait non seulement sur la capacité mais aussi sur l'accès au bout du compte. Les Canadiens se retrouveront-ils avec trop d'étudiants étrangers pour des raisons financières? Y a-t-il des restrictions?

M. Davidson : Il y a des leçons à tirer dans le monde entier. Une leçon que nous apprend l'exemple australien est qu'ils ont trop insisté sur le recrutement des étudiants étrangers aux dépens du financement public des établissements publics. L'Australie a mis plusieurs œufs dans le panier des étudiants étrangers. Le Canada devrait tirer une leçon de cette approche.

Même si les étudiants étrangers paient des frais de scolarité différents dans presque toutes les provinces, ces frais visent la plupart du temps à maintenir le seuil de rentabilité. Les étudiants étrangers ne sont pas des « vaches à lait » pour le moment, parce que les mécanismes provinciaux de financement des frais opérationnels ne reconnaissent pas la présence des étudiants étrangers. Les frais de scolarité plus élevés pour les étudiants étrangers compensent la portion provinciale d'une subvention de fonctionnement.

Le sénateur Downe : Je veux m'assurer de bien comprendre. Si un Canadien va à l'université actuellement et paie 10 000 $ à l'université, ces frais vont à l'université. Si un étudiant étranger paie 20 000 $, quelle part de ce montant va à l'université?

M. Davidson : Les 20 000 $ vont à l'université, mais les 10 000 $ de l'étudiant canadien ne représentent pas le plein montant des subventions à l'éducation que reçoit l'université.

Le sénateur Downe : Je comprends bien.

M. Davidson : Le soutien provincial fourni comble la différence.

Le sénateur Downe : Est-ce que l'université réalise des profits avec les étudiants étrangers?

M. Davidson : Tout dépend du programme et de la discipline. Il est difficile de généraliser. Il y a des coûts supplémentaires pour s'assurer que l'étudiant est bien accueilli, reçoit une formation linguistique et vit une expérience interculturelle.

Certains médias ont insisté assez fortement ces temps-ci sur la source de revenu que pourront représenter les étudiants étrangers pour combler les déficits de financement des universités. Ce ne sera pas le cas. Si c'est pour cette raison qu'on veut attirer des étudiants étrangers, je pense que cet argument ne tient pas la route.

Il y a quelques avantages positifs, mais l'avantage immédiat est l'injection dans l'économie et les bases jetées pour un développement économique futur.

Le sénateur Downe : Il n'y a pas de plafond actuellement quant au nombre d'étudiants étrangers que peut accepter une université.

M. Davidson : Pas que je sache.

Mme Johnston : Chaque établissement fixe ses objectifs de recrutement, en fonction de ses stratégies d'internationalisation et des relations qu'il veut avoir avec un pays en particulier.

Le sénateur Di Nino : Vous avez touché un peu à ma question lorsque vous avez répondu à la dernière partie de la question du sénateur Downe. Il y a certainement une valeur et des avantages autres que les avantages financiers — si tant est que les encouragements financiers soient des avantages — comme les avantages sociaux secondaires, les contacts, et cetera. Aux fins du compte rendu, pouvez-vous nous décrire certains de ces avantages, en plus de l'activité économique accrue dans le pays? Que tirons-nous aussi de cet investissement au profit des collectivités et du pays?

M. Davidson : Je vous donnerai des exemples précis, avant de faire des observations générales.

À l'heure actuelle, moins de deux étudiants canadiens sur 100 étudient à l'étranger. Comment vivent-ils une expérience internationale lorsqu'ils vont à l'université? Ils vivent une expérience internationale en travaillant en classe, en vivant en résidence et en participant à des activités sur le campus avec des étudiants d'une autre région du monde. Les étudiants canadiens sont confrontés à des religions, des langues et des cultures différentes. Cette expérience est une expérience internationale. Tous les étudiants canadiens peuvent profiter de l'incidence sociale, culturelle et, franchement, pédagogique que procure le fait de côtoyer des étudiants étrangers dans la classe.

Par exemple, un doyen d'une école d'architecture dans une région du pays a déclaré qu'on a l'habitude d'entendre à quel point c'est formidable d'attirer des étudiants d'un autre pays qui viennent étudier l'architecture au Canada. Oui, c'est formidable, mais pour l'étudiant qui n'a que cinq milles à faire pour aller à l'université, qui a vécu toute sa vie dans cette ville, imaginez ce que cela représente de s'asseoir à côté d'un étudiant qui a grandi à Delhi ou Beijing et ce que cela apporte à la compréhension du monde et au sentiment d'appartenance. Cette expérience est un exemple concret de l'incidence pédagogique des étudiants étrangers qui viennent chez nous.

En ce qui concerne les occasions d'affaires, nous savons tous que des liens déterminants sont noués durant les années d'université. Bon nombre d'entre vous ont encore des amis qui remontent à l'université. Certains de vos amis du temps de l'université viennent d'autres pays. Multipliez cela par 150 000 étudiants. Ces relations mènent à des échanges interpersonnels que nous apprécions tellement, et elles mènent à des occasions d'affaires.

Nous avons parlé des importantes retombées en aval, quand on regarde où se trouve l'élite chinoise. Où ont-ils vécu leurs premières expériences internationales? Au Canada. Que faisons-nous pour tirer profit de cette expérience?

Où sont aujourd'hui les anciens qui ont fréquenté les universités canadiennes? Ils occupent des postes de commande dans des pays du monde entier. En tant que sénateurs, vous visitez d'autres pays. Vous découvrez les expériences puissantes que ces hauts fonctionnaires et entrepreneurs ont vécues quand ils racontent leurs années formatrices à McGill, à l'Université de Toronto, à l'Université de la Colombie-Britannique ou à l'Université du Québec à Chicoutimi.

Le sénateur Di Nino : Merci de cette déclaration pour le compte rendu.

La présidente : Nous avons beaucoup parlé de l'Australie. Il y a quelques années, l'Australie a déterminé dans sa politique étrangère que tous les chemins ne mènent pas à Londres et au Commonwealth : que leurs voisins étaient importants. Par hasard ou autrement, les deux plus grands pays dont il est question aujourd'hui, la Chine et l'Inde, sont voisins de l'Australie.

Le Canada occupe une position stratégique à côté des États-Unis. Nous parlons de nos voisins du sud dans l'hémisphère occidental. Nous avons un lien avec l'Afrique à cause de nos racines avec le Commonwealth et la Francophonie. Mais nous essayons de rivaliser sur les marchés de la Chine et de l'Inde.

Vous êtes venus parler de la Chine et de l'Inde mais, stratégiquement, comment notre politique étrangère est-elle alignée avec ce que nous devrions faire, d'après vous, dans ces deux pays? Pourquoi avez-vous choisi ces deux pays, plutôt que tous les autres qui envoient aussi des étudiants à l'étranger? Comment cette concurrence fonctionne-t-elle pour nous?

M. Davidson : Un grand défi pour toute université et dans tous les domaines est d'apprendre à bien cibler. Le monde est à nos portes. Par nature, les universités sont des organisations qui se posent des questions. Elles s'ouvrent vers l'extérieur pour poursuivre de nombreuses initiatives.

La plupart des universités canadiennes sont dans ce que j'appelle la troisième génération des stratégies internationales. Dans la première génération, elles ont visé à établir des liens. Dans la deuxième, elles ont aidé les professeurs à trouver des lieux de travail différents. De nombreuses universités ont maintenant pris leurs décisions stratégiques au sujet de ce qui importe le plus pour elles. Dans un grand nombre de ces établissements, la Chine et l'Inde viennent au premier et au deuxième rangs, compte tenu de la taille, de la rapidité de la croissance du marché et des possibilités d'échanges intellectuels et de recherche concertée.

Je voudrais revenir sur l'importance de la collaboration internationale dans la recherche. Nous espérons que les prochains prix Nobel seront des Canadiens, mais ils travailleront avec des chercheurs de la Chine et de l'Inde, en plus de l'Europe et des Amériques.

Quant à savoir comment et où cibler nos efforts, si le budget actuel est de 2 millions de dollars, ce montant ne nous représente pas grand-chose dans les initiatives de marketing du gouvernement fédéral. Il y a un désir d'avoir un objectif commun et de rester étroitement alignés. La Chine et l'Inde sont ressorties du lot, pour nos universités, à cause de leur taille et de leur croissance rapide.

En ce qui concerne les Amériques, Mme Johnston a évoqué le Chili. Le Brésil est un autre pays qui arrive rapidement sur l'écran radar, un pays pour lequel certains de nos membres ont commencé à élaborer des stratégies.

Nous reconnaissons qu'il est important pour les universités canadiennes de maintenir une présence dans les Amériques. Mais lorsque les universités tentent de déterminer ce qu'elles vont faire avec leurs ressources, elles insistent sur la Chine et l'Inde.

Le sénateur Downe : J'ai eu un choc en apprenant que seulement 10 p. 100 des Canadiens quittent leur province pour aller à l'université. Vous avez évoqué, à juste titre, l'importance que des étudiants étrangers côtoient des étudiants qui n'ont peut-être que cinq milles à faire pour aller à l'université, mais il serait peut-être utile également qu'ils côtoient des étudiants de toutes les provinces du Canada. Y a-t-il des initiatives en ce sens?

M. Davidson : Absolument. À différents moments dans l'histoire du Canada, il y a eu un intérêt et une insistance plus ou moins marqués pour la promotion de ce type de mobilité.

Les recteurs, en privé et dans nos réunions ordinaires, cherchent des façons d'accroître la mobilité des étudiants, même comme stratégie pour gérer les pressions de la croissance dans la région de Toronto. Comment encourager les étudiants à sortir de Toronto?

Pour rassurer les sénateurs, et surtout pour rassurer les fonctionnaires, je précise que le point de départ est ce que peuvent faire les universités maintenant, avec les ressources existantes, pour faciliter la mobilité des étudiants dans le pays. Nous parlons d'une troisième année à l'étranger. Mais pourquoi pas une troisième année dans une autre région du Canada?

La présidente : Merci. Je pense que vous avez couvert beaucoup de terrain en plus de la Chine et de l'Inde, et que vous nous avez donné envie d'examiner ces questions plus à fond, dans le contexte de notre étude ou dans le cadre général des affaires étrangères.

Vous avez très bien aligné votre position et celle du gouvernement, alors vous nous avez donné beaucoup de matière pour notre futur rapport et nos futures études. Merci de votre patience pour répondre à toutes ces questions et de votre présence ici aujourd'hui.

M. Davidson : J'ai adoré chaque minute de cette rencontre. J'apprécie votre engagement passionné envers les études postsecondaires au Canada.

La présidente : Sénateurs, nous avons une séance demain qui pourra peut-être étoffer celle-ci à certains égards.

(La séance est levée.)


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