Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et du commerce international
Fascicule 21 - Témoignages du 14 février 2013
OTTAWA, le jeudi 14 février 2013
Le Comité sénatorial permanent des Affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd'hui, à 10 h 35, pour étudier l'évolution de la situation économique et politique en Turquie, ainsi que l'influence qu'exerce ce pays sur l'échiquier régional et mondial, les implications sur les intérêts et les perspectives du Canada et d'autres questions connexes.
Le sénateur A. Raynell Andreychuk (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Le Comité sénatorial permanent des Affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd'hui pour continuer d'étudier l'évolution de la situation économique et politique en Turquie, ainsi que l'influence qu'exerce ce pays sur l'échiquier régional et mondial, les implications sur les intérêts et les perspectives du Canada et d'autres questions connexes.
Comme groupe d'experts, nous accueillons aujourd'hui deux membres de la Turkish Canadian Chamber of Commerce, soit M. Enes Kula, directeur exécutif, et M. Mehmet Durmus, coordonnateur exécutif. Messieurs, nous vous remercions d'être venus jusqu'à Ottawa pour témoigner devant ce comité.
J'ai demandé de courtes déclarations. Vous avez la parole, monsieur Kula.
Enes Kula, directeur exécutif, Turkish Canadian Chamber of Commerce : Merci beaucoup de me donner l'occasion de témoigner devant ce comité. Nous sommes vraiment heureux de pouvoir vous exposer nos opinions et notre perspective sur l'économie, les affaires et les questions sociales turques.
Au cours de la dernière décennie, le rendement de l'économie turque a été remarquable, grâce à une croissance soutenue. Une stratégie macroéconomique sensée alliée à des politiques financières empreintes de prudence et aux réformes structurelles de grande envergure qui sont entrées en vigueur en 2002 a permis d'intégrer l'économie turque au contexte de la mondialisation, tout en transformant le pays en l'une des destinations les plus prisées de la région pour les investissements étrangers directs.
Les réformes structurelles précipitées par le processus d'accession à l'Union européenne ont ouvert la voie à des changements en profondeur dans un certain nombre de domaines. Les principaux objectifs de ces efforts ont été d'accroître le rôle du secteur privé dans l'économie, d'améliorer l'efficacité et la résilience du secteur financier et de renforcer les fondements du système de sécurité sociale. Comme ces réformes ont permis de consolider les bases macroéconomiques du pays, l'économie a crû : le taux de croissance annuelle moyen du PIB a été de 5,2 p. 100 depuis les neuf dernières années.
Outre sa croissance économique stable, la Turquie a également maîtrisé ses finances publiques. En effet, la dette publique nominale générale définie par l'UE est tombée de 74 à 39,4 p. 100 en neuf ans et le pays se conforme depuis 2004 au seuil d'endettement public acceptable de 60 p. 100 fixé à Maastricht par l'UE.
Comme le PIB a plus que triplé, atteignant 770 milliards de dollars américains en 2011 contre 231 milliards de dollars en 2002, le PIB par habitant a grimpé en flèche sur la même période, passant de 3 500 dollars à un peu plus de 10 000 dollars.
Les progrès manifestes de l'économie ont fortement encouragé le commerce extérieur, les exportations atteignant 135 milliards de dollars à la fin de 2011, et 152 milliards de dollars, en 2012, soit une très forte augmentation par rapport aux 36 milliards rapportés en 2002. De la même façon, les revenus associés au tourisme sont passés de 8,5 milliards de dollars américains en 2002 à 23 milliards en 2011.
Ces améliorations spectaculaires en si peu de temps ont fait de la Turquie une économie émergente exceptionnelle à l'échelle mondiale, soit la 16e économie en importance dans le monde entier et la 5e des 27 pays membres de l'UE, selon les chiffres du PIB pour 2011.
Alors que de nombreuses économies n'ont pas réussi à sortir de la récente crise financière mondiale, l'économie turque a affiché une croissance de 9 p. 100 en 2010 et de 8,5 p. 100 en 2011, devenant ainsi l'économie la plus dynamique d'Europe et l'une des plus dynamiques au monde.
De plus, au fil de la dernière décennie, la Turquie a mis en œuvre une politique dynamique pour améliorer son contexte d'investissement. La nouvelle loi-cadre sur les investissements extérieurs directs, IED, adoptée par le parlement en 2003, constitue le premier épisode de ces importantes réformes économiques destinées à changer le contexte d'investissement et à renforcer son attrait auprès des investisseurs internationaux. Cette loi garantit un traitement égal pour tous les investisseurs, qu'ils soient nationaux ou internationaux, et reconnaît à tous les investisseurs internationaux le droit d'entrer en Turquie sans avoir à solliciter d'autorisation préalable, de transférer librement les dividendes, d'accéder à l'immobilier, d'être protégés contre l'expropriation, d'embaucher des expatriés, et cetera. L'acceptation des tribunaux d'arbitrage internationaux et l'harmonisation progressive des lois avec la législation de l'UE ont aussi fait de la Turquie l'un des pays les plus libéraux du monde, qu'il s'agisse du cadre légal des IED et, dans une certaine mesure, du contexte d'investissement.
Pour mieux illustrer ce à quoi cette loi a donné lieu, mentionnons que la Turquie a réussi à s'attacher 110 milliards de dollars américains en IED au cours des neuf dernières années alors que le total des huit précédentes n'avait été que de 15 milliards.
D'après une enquête récente d'A.T. Kearney, une firme d'experts-conseils de calibre mondial, la Turquie arrive au 13e rang des pays les plus intéressants au monde pour les IED et au 9e rang parmi les pays émergents.
Choyée par emplacement stratégique unique en son genre, la Turquie trône au cœur d'un formidable marché situé à quatre heures de vol d'une population de 1,6 milliard de personnes et d'économies totalisant 25 billions de dollars et s'étendant de l'Europe au Moyen-Orient en passant par l'Afrique du Nord et le Caucase.
Outre ses douanes harmonisées à celles de l'UE, la Turquie offre des occasions formidables aux entreprises qui souhaitent pénétrer son arrière-pays en plein développement, ce qui est peut-être l'aspect dont les sociétés canadiennes pourront le mieux profiter. Pour bien tirer parti des avantages uniques de la Turquie, tels que sa jeune population dont l'âge moyen est de 29 ans, sa main-d'œuvre compétente pouvant compter sur l'afflux de plus de 500 000 diplômés universitaires par année, sa performance économique hors du commun, son solide système bancaire, son emplacement stratégique et ses liens historiques et culturels avec la région, de nombreuses entreprises du monde entier ont établi leur base manufacturière au pays ou ont déménagé leurs bureaux régionaux à Istanbul.
Voici quelques statistiques concernant les sociétés de calibre international qui gèrent leurs activités depuis la Turquie. Le bureau turc de Coca-Cola gère les affaires de cette entreprise dans 94 pays; le bureau d'Istanbul de GD Healthcare est responsable des activités dans 80 pays; pour Microsoft, c'est aussi 80 pays; le bureau turc d'Intel, le fabricant de microprocesseurs, gère pour sa part les activités dans 67 pays, et la liste continue. Du côté des sociétés canadiennes, la Banque Scotia dessert ses clients dans plus de 40 pays à partir de son bureau d'Istanbul, et ce, depuis 2008.
Tous ces aspects macroéconomiques ayant été soulignés, il est crucial de préciser que l'expérience turque ne se limite pas à des graphiques et à des chiffres sur la croissance de l'économie. Avant tout, le succès du modèle turc est tributaire d'une sage gouvernance politique, d'une démocratie mesurée ainsi que de la revitalisation de la société civile et des nombreuses institutions du pays. La Turquie a procédé à un réaménagement à grande échelle de son système politique et de son système juridique afin d'assurer la durabilité de sa croissance économique. Certes, les choses peuvent toujours être améliorées, mais le gouvernement actuel est déterminé à mener à terme la modernisation et la réforme démocratique du pays.
Nous croyons qu'il y a d'importantes occasions de commerce et d'investissement entre la Turquie et le Canada. Selon Statistique Canada, les stocks canadiens d'investissements directs étrangers en Turquie ont atteint et dépassé 1,5 milliard de dollars en 2011, ce qui explique le taux de croissance annuel moyen de 7 p. 100 pour la dernière décennie. À l'heure actuelle, quelque 220 sociétés dotées de capitaux canadiens sont enregistrées en Turquie et y font des affaires. De plus, diverses entreprises canadiennes ont des activités en Turquie par le biais de filiales européennes. La Turquie a attiré des projets canadiens, surtout dans les secteurs des mines, du pétrole et du gaz, ainsi que dans les technologies de l'information et des communications. Cependant, il y a encore un énorme potentiel inexploité entre nos deux pays, une possibilité de développer plus avant nos relations bilatérales en matière de commerce et d'investissement.
Le Canada comme la Turquie ont récemment exprimé leur intention de renforcer leurs relations bilatérales. Les ouvertures commerciales en Turquie s'agencent plutôt bien aux capacités de l'offre canadienne. Année après année, un nombre croissant d'entreprises canadiennes sondent les possibilités d'exporter et d'investir en Turquie, signe que les perspectives économiques sont favorables. Les ouvertures sont particulièrement encourageantes dans des secteurs comme les infrastructures, les mines, le tourisme, les médias et les télécommunications, de même qu'en génie-conseil, en ingénierie et, peut-être, dans les équipements et les services liés aux infrastructures.
En bref, la Turquie et le Canada ont fait des démarches importantes et prometteuses afin d'encourager les relations bilatérales en matière de commerce et d'investissement — surtout depuis les trois dernières années — dont la signature d'une convention pour éviter la double imposition et d'une entente sur le transport aérien qui permet aux compagnies aériennes turques d'avoir des vols directs de Toronto à Istanbul. Cela est toutefois grandement insuffisant pour permettre de concrétiser le plein potentiel des capacités de commerce et d'investissement de nos pays respectifs.
C'est pourquoi, en tant que représentants de la Turkish Canadian Chamber of Commerce, nous serions disposés à envisager un accord de libre-échange entre nos deux pays, accord qui viserait aussi à protéger les investissements étrangers directs de part et d'autre, qui sont cruciaux et d'une urgente nécessité.
Avant de terminer mon résumé, j'aimerais vous fournir un peu d'information sur la Turkish Canadian Chamber of Commerce. Notre organisme a été fondé assez récemment — en 2009, en fait — par des entrepreneurs et des professionnels canadiens de descendance turque. Le mandat de la TCCC est de promouvoir le commerce et les investissements entre la Turquie et le Canada, de servir de conduit pour le transfert des connaissances et de l'expérience et pour encourager le réseautage parmi les entrepreneurs turcs et canadiens. Même si l'organisme au complet est mené par des bénévoles, beaucoup de temps et des ressources considérables ont été investis pour créer une infrastructure apte à servir ses membres.
La TCCC a conclu des protocoles d'entente stratégiques avec des organismes sans but lucratif et des ONG tant au Canada qu'en Turquie. Le plus important de ces protocoles a été signé avec TUSKON, la Turkish Confederation of Businessmen and Industrialists, le plus important organisme non gouvernemental commercial de la Turquie, regroupant plus de 125 chambres de commerce locales turques — pour un total de 45 000 membres — et participant à plus de 140 partenariats dans le monde entier. Au Canada, nous avons fait équipe avec l'Anatolian Heritage Foundation, qui regroupe de nombreux organismes sans but lucratif établis au Canada et s'employant principalement à servir la communauté turque.
La TCCC compte actuellement 10 bureaux à travers le pays et environ 200 membres, dont la plupart sont de petites et moyennes entreprises.
Nous vous remercions sincèrement de nous avoir donné la chance de témoigner devant votre très important comité.
La présidente : Merci, M. Kula. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur les entreprises qui font partie de votre chambre de commerce — dans quels domaines, dans quels secteurs?
M. Kula : Ils proviennent d'une vaste gamme de secteurs, du secteur manufacturier à la distribution, en passant par l'entreposage... Ce sont surtout des entreprises qui évoluent dans le marché intérieur, mais certaines s'occupent aussi d'exportations, notamment de commerce entre la Turquie et le Canada.
La présidente : Vous dites que le TCCC est relativement jeune. Comment se fait-il que vous en soyez venus à la conclusion qu'il fallait une chambre de commerce turque en 2009 et pas auparavant?
M. Kula : Vous me posez là une excellente question, madame la présidente. La majeure partie de la communauté turque au Canada est relativement récente, et je crois que c'est la principale raison pour laquelle les Turcs se sont établis ici plus tard que bien d'autres communautés. Si vous permettez ce mot — faute d'en trouver un meilleur —, il y a deux « identités » turques au Canada : ceux qui sont venus il y a environ 20 ans ou plus et ceux qui sont arrivés plus récemment, depuis moins de 10 ans.
J'ai immigré en 2001. Mon but premier était d'apprendre l'anglais. J'ai étudié les affaires et j'ai décidé de m'établir dans ce merveilleux pays. Je suis maintenant citoyen canadien et j'en suis fier. Je crois qu'il y a de formidables débouchés entre nos deux pays, dont nous devrions tirer parti.
La principale raison pour laquelle nous avons constitué un organisme sans but lucratif qui sert d'abord, et essentiellement, la collectivité turque et ensuite les entrepreneurs canadiens est qu'il n'y en avait pas encore un. Des organisations similaires existaient, notamment le Conseil d'affaires Canada-Turquie. Les employés du Conseil font du bon travail, et nous entretenons de bonnes relations avec eux, mais ils desservent surtout les grandes sociétés. Je crois que le Conseil compte environ 30 membres, principalement des grandes sociétés telles que Bombardier, SNC-Lavalin et ainsi de suite.
Notre objectif est de servir les petites et moyennes entreprises, car les deux pays en ont, et elles offrent la majorité des possibilités de coopération. Il y a un besoin à combler, et c'est ce que nous voulons essayer de faire. Espérons que nous pourrons continuer nos activités en ce sens.
Le sénateur Downe : Pouvez-vous donner des précisions sur ce qui constitue selon vous les plus importants obstacles aux échanges entre les Canadiens et les Turcs? Vous avez indiqué dans votre exposé un certain nombre d'occasions d'affaires. Quelles sont les difficultés que nous devons surmonter pour les saisir?
M. Kula : Nous avons peut-être trois obstacles à surmonter. Le premier est le manque de connaissances par rapport à nos pays respectifs. Comme vous le savez, près de 10 000 kilomètres séparent le Canada de la Turquie, et il y a peu de va-et-vient entre les deux. Nous pensons que des visites mutuelles de dirigeants, particulièrement des politiciens, pourraient aider à mieux faire connaître les milieux d'affaires respectifs des deux pays. C'est ce qui compte le plus. Je ne crois pas qu'il y avait beaucoup de visites de part et d'autre avant l'ouverture d'un consulat à Istanbul et d'un autre à Toronto il y a trois ans, ce qui a permis d'établir des liens. Il y a ensuite eu la signature d'un accord en vue d'éviter les doubles impositions et d'un accord sur le transport aérien.
Nous devons mener à terme d'autres projets semblables. Nous vous recommandons vivement de visiter la Turquie pour que vous ayez une idée concrète du pays avant de terminer votre étude.
Le deuxième obstacle est le manque d'accords de libre-échange. Étant donné que le milieu canadien des affaires ne connaît pas bien la Turquie, elle fait l'objet, si je puis dire, de préjugés et d'idées préconçues. C'est normal, et l'inverse est aussi vrai. Nous devons mettre fin à cette situation. La seule façon d'y arriver est d'envoyer des messages clairs aux gens d'affaires des deux pays, ce qui pourrait être fait à l'aide d'un accord de libre-échange.
Selon l'information dont nous disposons, des pourparlers et des négociations ont été amorcés, mais le rythme des discussions a ralenti pour une raison ou une autre. Divers facteurs peuvent expliquer la situation, mais je pense personnellement — ce n'est qu'une hypothèse — qu'elle tire son origine d'une différence culturelle relativement à la façon d'aborder les accords. Je connais l'approche des Canadiens, et en tant que professionnel du secteur financier, je pense que nous ne négocions pas de la même manière. Nous préférons adopter une approche globale qui est plus exhaustive et ambitieuse. Nous voulons savoir à quoi nous attendre avant d'entreprendre des négociations.
La culture des Turcs est peut-être très différente, mais cela ne signifie pas qu'ils sont moins ambitieux ou qu'ils ne veulent pas signer d'accord avec le Canada. En fait, je crois que la Turquie a signé au total un peu plus de 20 accords de libre-échange. Certains accords récents doivent être étudiés attentivement. Ils sont très ambitieux et exhaustifs. Nos politiciens de haut niveau pourraient peut-être relancer les pourparlers et les négociations.
Le troisième obstacle est la position du Canada par rapport à certaines questions politiques, à savoir les événements de 1910 concernant les Arméniens. Cette position a eu des répercussions négatives sur les relations officielles entre les deux pays, ce qui a pu avoir une incidence sur les milieux d'affaires. Je n'en dirai pas plus.
Même si les deux pays ont pris position, il faudrait peut-être réfléchir de nouveau à cette question pour qu'elle n'ait pas d'effet sur nos relations bilatérales et nos investissements.
[Français]
La sénatrice Fortin-Duplessis : Premièrement, je tiens à vous remercier pour votre mémoire et pour le fait que vous ayez accepté de comparaître devant notre comité.
J'ai cru comprendre, en lisant sur votre organisation, la chambre de commerce, que vous organisez chaque année des sommets d'affaires Turquie-Canada afin de favoriser l'établissement de réseaux entre les entreprises et les entrepreneurs turcs et canadiens.
Quel bilan faites-vous de ces sommets? Avez-vous noté des résultats positifs? Si oui, pouvez-vous nous en donner quelques exemples?
[Traduction]
M. Kula : Je vous remercie de cette question. Comme je l'ai mentionné dans mon tour d'horizon, la Turkish Canadian Chamber of Commerce a signé un protocole d'entente stratégique et s'en servira en Turquie auprès de certaines organisations concernées, principalement TUSKON, qui organise les sommets. Nous assistons à ces sommets et nous y invitons des entreprises canadiennes pour qu'elles étudient les débouchés commerciaux qui y sont présentés. Nos démarches ont sans aucun doute été utiles de bien des façons.
Les entrepreneurs canadiens ont eu ainsi la chance d'avoir une connaissance directe du milieu. Il est en effet difficile de leur expliquer quels sont les débouchés dans un pays qu'ils n'ont jamais visité. Dans le cadre de mon travail, je suis confronté tous les jours à cette réalité. Je fais moi-même partie de la communauté des investisseurs et je sais que les petites et moyennes entreprises doivent relever de nombreux défis. Elles doivent notamment chercher de nouveaux marchés, diversifier leurs partenariats et peut-être même essayer de limiter leur dépendance envers les pays voisins.
Le marché turc est donc très intéressant. Les sommets sont l'occasion idéale de prendre connaissance de débouchés avantageux pour ensuite en informer le milieu canadien des affaires. Nous avons participé en 2010, en 2011 et l'année dernière. Nous avons chaque fois réussi à faire venir de 15 à 20 petites et moyennes entreprises canadiennes. Certaines d'entre elles ont conclu des ententes en Turquie et importent des produits turcs au Canada, ou l'inverse. Elles ont réussi à établir des partenariats avec des entreprises turques intéressées par leurs produits.
[Français]
La sénatrice Fortin-Duplessis : Je peux concevoir que votre organisme a des succès. Ma dernière question est d'un tout autre sujet. Vous savez que lorsque des étudiants étrangers viennent poursuivre leurs études au Canada pour ensuite s'en retourner dans leur pays d'origine, ils deviennent en fait des ambassadeurs pour le pays où ils ont étudié.
Une fois de retour dans leur pays, souvent, ils prennent la défense du Canada par la suite. J'ai vu qu'il y avait une augmentation des étudiants Turcs entre 2002 et 2011.
Je voudrais savoir si, avec votre chambre de commerce, vous incitez les étudiants Turcs à venir poursuivre leurs études ici, au Canada, ou si c'est en dehors de votre champ d'action.
[Traduction]
M. Kula : Non, cela fait bien partie de notre mandat. Le milieu des affaires et la vie quotidienne se chevauchent. Les gens d'affaires et les entrepreneurs ont des enfants qui participent d'une manière ou d'une autre à leurs activités. Ils cherchent des universités parce qu'ils savent qu'une bonne éducation est peut-être le cadeau le plus précieux qu'ils peuvent leur donner. Nous pensons qu'il faut les encourager. L'éducation est peut-être l'un des marchés les plus lucratifs que les institutions canadiennes peuvent exploiter en Turquie. Je ne connais pas les chiffres exacts, mais environ 1 500 étudiants d'origine turque fréquentent des universités canadiennes. C'est relativement peu par rapport aux 32 000 Turcs qui étudient à l'étranger.
De par ses excellents établissements d'enseignement, le Canada représente — et je peux en témoigner — un endroit fort intéressant pour les étudiants turcs. Un des mandats parallèles de la Turkish Canadian Chamber of Commerce est d'encourager les gens d'affaires turcs à immigrer au Canada dans le cadre de divers programmes. Nous avons réussi à faire venir cinq ou six entrepreneurs pour qu'ils investissent et démarrent des entreprises au Canada.
[Français]
La sénatrice Fortin-Duplessis : Monsieur Durmus, je vous ai vu prendre des petites notes, avez-vous quelque chose à ajouter?
[Traduction]
Mehmet N. Durmus, coordonnateur exécutif, Turkish Canadian Chamber of Commerce : J'aimerais ajouter à ce sujet que nous concentrons nos efforts sur les étudiants, ce qui est très important, comme vous l'avez mentionné.
Un de nos membres bénévoles a visité la Turquie en décembre pour inciter des élèves à venir ici pour faire leurs études supérieures. Nos membres ont établi un foyer à Toronto dans le seul but de les accueillir. À l'heure actuelle, 70 élèves fréquentent nos écoles secondaires. Ils feront ensuite leurs études universitaires au pays. Grâce à la motivation de nos membres, des gens d'affaires turcs envoient maintenant leurs enfants à l'école au Canada. Il s'agit là de signes encourageants.
Le sénateur Campbell : Est-ce par hasard que votre organisme a été créé la même année qu'on a proposé d'entreprendre des pourparlers sur le libre-échange?
M. Kula : Je crois qu'il s'agit d'une simple coïncidence.
Le sénateur Campbell : Je viens tout juste de voir les deux dates.
Les pourparlers sont dans une impasse et ils ne semblent pas recevoir beaucoup d'appui. Pensez-vous que cela a quelque chose à voir avec le changement de politique du gouvernement turc au Moyen-Orient? À une certaine époque, il semblait avoir un effet stabilisateur sur la région et apporter un soutien à l'État d'Israël, mais on dirait qu'il change sa position depuis les événements en Égypte et dans d'autres pays. Pensez-vous qu'il s'agit d'une des raisons pour lesquelles les pourparlers sont au point mort? De toute évidence, le Canada n'appuie pas ce changement de politique.
M. Kula : Je ne suis pas en mesure de dire tout ce que je veux sur les programmes politiques, mais nous en discutons ouvertement à la chambre de commerce et dans la collectivité. Nous n'avons rien à cacher. Nous vivons au XXIe siècle, qui est un siècle de transparence et de discussions ouvertes.
Je ne pense pas que ce soit le cas. La Turquie essaie de se réorganiser et de se repositionner dans la région. C'est un fait. Je pense que n'importe quel pays pourrait en faire autant pour servir au mieux les intérêts de sa population. Cela ne veut toutefois pas nécessairement dire que la Turquie tourne le dos à l'Occident — y compris Israël — pour peut- être établir des liens avec le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord ou n'importe quelle autre région du monde.
Je crois que ce que le gouvernement actuellement au pouvoir essaie de faire, et peut-être ce qu'il fait depuis 10 ans, est de trouver les moyens d'accroître la prospérité de la population. Son approche a non seulement assuré une croissance économique pure, mais aussi changé le mode de vie du peuple turc ainsi que son attitude par rapport au reste du monde. Il ne fait aucun doute que d'énormes changements démographiques et d'attitude prennent place en Turquie.
Je suis né et j'ai grandi en Turquie; c'est là que j'ai été élevé. Je vis au Canada depuis seulement 10 ans. Je peux sans aucun doute voir les deux côtés de la médaille et témoigner des changements passés et présents dans mon pays. Bien entendu, il y a encore place à l'amélioration. Les Canadiens ont eux aussi assisté à une transformation profonde de leur pays au cours des 10 dernières années, et nous en sommes fiers maintenant. Cela dit, la situation actuelle ne signifie pas nécessairement que la Turquie et son gouvernement tournent le dos à l'Occident.
À propos des pourparlers sur des accords de libre-échange, nous pensons sérieusement que nos différences culturelles constituent la principale raison sous-jacente pour laquelle ils sont au point mort. Nous espérons qu'ils seront relancés avec votre appui et celui de votre comité.
La sénatrice Johnson : J'ai une question au sujet du rapport de 2011-2012 du Forum économique mondial. Il y est écrit que l'accès au financement constitue un des facteurs problématiques liés à la conduite d'affaires en Turquie. Des témoins ont affirmé que le problème est particulièrement criant pour vos petites et moyennes entreprises. En ce qui a trait au financement, quelles sont les différences entre les banques islamiques et les banques commerciales?
M. Kula : Je ne sais pas en quoi elles diffèrent, même si je travaille dans le secteur financier.
Il y a deux points dont il faut tenir compte pour répondre à votre question sur la facilité d'obtenir un prêt dans une banque turque pour les petites et moyennes entreprises.
Premièrement, les banques turques sont comme toutes les autres. Sont-elles prêtes à investir des capitaux? Est-ce qu'elles tiennent compte des risques associés aux investissements dans les petites et moyennes entreprises? Je peux vous affirmer que ce secteur d'activités est très risqué. En cette période de tourmente macroéconomique, il est plus difficile d'investir dans ces entreprises.
Deuxièmement, et de façon plus importante, l'analyse du paysage commercial et des sociétés de la Turquie montre que depuis des dizaines d'années, l'État tente de créer une élite turque. Depuis plus de 100 ans, l'État canalise ses ressources vers certains groupes, consciemment ou non, volontairement ou non, mais c'est ce qu'il fait. Certains capitalistes d'Istanbul ont profité de très bonnes conditions de crédit et des faveurs de l'État.
La situation a commencé à changer dans les années 1980 avec l'arrivée au pouvoir de Turgut Özal. Il a entamé une transformation douloureuse, si je puis dire, de l'économie turque et a abandonné la stratégie de développement centrée sur le remplacement des importations, au profit d'une stratégie axée sur les exportations. Aujourd'hui, la Turquie se concentre sur les exportations, et cherche continuellement de nouveaux marchés. La tendance s'est reflétée dans les exportations de la Turquie au cours des cinq dernières années, de même que dans la façon dont elle s'est adaptée aux perturbations macroéconomiques.
La plus importante conséquence des réformes effectuées par Turgut Özal aura peut-être été la création d'une nouvelle catégorie d'entrepreneurs. Ils ne viennent pas d'Istanbul, d'Izmir ou d'Ankara — les grands centres commerciaux —, mais bien d'Anatolie.
Aujourd'hui, la Turquie compte deux groupes d'entreprises distincts : le premier groupe est formé de conglomérats familiaux, qui sont présents dans tous les secteurs, dont les banques, et le deuxième est formé des petites et moyennes entreprises, qui n'en font pas partie. Comme les banques sont gérées par les conglomérats familiaux, il est difficile pour les petites et moyennes entreprises de surmonter certains obstacles, même en mettant sur pied des conseils et une haute direction indépendants. Mises à part ces distinctions, la Turquie est comme les autres pays. Les banques investissent dans les entreprises, en fonction du risque.
La sénatrice Johnson : Comment décririez-vous le contexte commercial général en Turquie?
M. Kula : Je crois qu'il est très positif. Les nouveaux entrepreneurs ont relevé d'importants défis au cours des 30 dernières années, et plus particulièrement au cours de la dernière décennie. Ils ont maintenant leurs propres banques et font affaire avec des institutions financières étrangères pour obtenir du crédit.
La sénatrice Johnson : C'est intéressant.
M. Kula : Je crois que les prochaines années seront intéressantes également.
Le sénateur Finley : Je vous remercie pour votre exposé et votre franchise quant à la situation en Turquie.
J'aimerais qu'on s'attarde au libre-échange un moment, si possible. Comme vous le savez peut-être, le Canada s'apprête — mais cela pourrait prendre encore du temps — à signer un accord de libre-échange avec l'Union européenne. Depuis un certain temps, la Turquie tente activement de signer un accord de libre-échange avec l'Europe, mais elle semble bloquée.
Au cours des 12 derniers mois, les hauts représentants de la Turquie — le premier ministre même — ont laissé entendre qu'ils se joindraient peut-être au groupe de Shanghai, le bloc de libre-échange entre la Russie et la Chine, ou l'équivalent d'un bloc de libre-échange. À votre avis, cet objectif est-il réaliste, ou s'agit-il simplement d'une tactique de négociation visant à faire avancer les choses avec l'Union européenne? Selon vous, est-il possible que la Turquie abandonne l'Europe et se joigne au groupe de Shanghai?
M. Kula : C'est une question très difficile, mais je vais tenter d'y répondre. Je crois qu'un certain nombre de facteurs entrent en jeu dans cette relation très complexe, notamment le fait que la Turquie frappe à la porte de l'Europe depuis plus de 50 ans maintenant. Si vous le permettez, je ferai état de certains jalons.
L'accord d'Ankara a été signé en 1963; un protocole additionnel a été signé en 1970; en 1987, la Turquie a fait une demande d'adhésion à l'UE; le Conseil d'association de 1995 a établi l'union douanière; en 1999 le statut de candidat de la Turquie a été reconnu au sommet d'Helsinki; en 2001, le premier document du partenariat d'adhésion a été publié; en 2004, le Conseil européen a décidé de lancer les négociations avec la Turquie lors du sommet de Bruxelles; en octobre 2005, les négociations entre la Turquie et l'UE ont été entreprises.
Cela fait plus de 50 ans. Si je peux me permettre, je crois que la Turquie a fait preuve de patience et de ténacité.
Comme vous le savez, seulement 12 chapitres sur 35 ont été ouverts au cours des 7 dernières années. Certaines divergences se font sentir. Je ne dirais pas qu'il s'agit de difficultés techniques majeures, mais peut-être de différends politiques entre les divers pays membres de l'UE.
Il faut peut-être se demander si la Turquie souhaite vraiment adhérer à l'UE. Je crois que la vraie réponse est « oui »; mais pourquoi? Est-ce que la Turquie et son peuple veulent y adhérer pour obtenir des avantages économiques? Ou est- ce le processus d'adhésion en soi qui a permis au pays de se moderniser et d'adopter des mesures de démocratisation supplémentaires au sein du gouvernement, et peut-être pour les autres institutions? Je pencherais pour la deuxième hypothèse.
S'il s'agit de la raison première des efforts de la Turquie en vue d'adhérer à l'UE, je crois qu'elle ne tournera jamais le dos à l'UE et qu'elle continuera à frapper à sa porte. Elle doit toutefois obtenir une réponse équitable de la part de ses homologues. Le paysage politique actuel explique peut-être l'absence d'une réponse, mais il pourrait changer : les relations avec la France se sont améliorées lorsqu'elle a connu un changement de pouvoir. Ce pourrait être le cas avec d'autres pays également.
J'espère que la Turquie poursuivra le dialogue et les négociations avec l'UE. Je ne crois pas que les commentaires du premier ministre sur le groupe de Shanghai ou sur toute autre possibilité de partenariat relèvent de la tactique. Comme je l'ai dit précédemment, chaque pays veut le bien de son peuple, et c'est le cas de la Turquie. Le gouvernement tente de trouver des solutions de rechange. Le groupe de Shanghai en est peut-être une, mais il ne remplacerait pas nécessairement l'UE; il pourrait toutefois compléter le processus d'adhésion à l'UE.
Le sénateur Finley : Je reconnais que les discussions sont de nature géopolitique et qu'elles vous placent dans une situation délicate. Nous pourrions poser les questions d'ordre politique en temps voulu.
Vous avez donné comme exemple d'obstacle l'absence d'un accord de libre-échange. Vous avez également fait état du manque de connaissances du Canada à l'égard de la Turquie, et inversement.
L'écart est-il important, selon vous? Quelles seraient les premières mesures à prendre pour combler cet écart? Si le manque de connaissances nuit effectivement au commerce et aux échanges, il faut régler le problème. Comment peut- on le faire?
M. Kula : Connaissant les deux cultures, ces questions me sont peut-être plus familières.
Le peuple turc, en général, est très dynamique et ouvert au changement. Les Turcs créent des amitiés et des partenariats très rapidement et facilement. J'aimerais faire une analogie avec le monde des affaires : il y a sept ou huit ans, la principale destination des exportations de la Turquie était l'Europe. Il en est toujours ainsi aujourd'hui, mais elles ont déjà été de l'ordre de 65 p. 100. À une certaine époque, lorsque j'étais enfant, les exportations vers l'Europe atteignaient même 70 p. 100, comme c'est le cas aujourd'hui entre le Canada et les États-Unis. Les exportations ont chuté à 47 p. 100 au cours des huit ou neuf dernières années. Au départ, les Turcs n'entretenaient pas de relations dans ces secteurs, mais ils ont su s'établir rapidement.
Je ne crois pas qu'il s'agisse d'un obstacle insurmontable. Il faut accroître le nombre de visites en Turquie. C'est ce que nous tentons de faire, en collaboration avec nos organisations sœurs. Nous voulons rassembler les membres des diverses collectivités et institutions pour leur montrer le pays, afin qu'ils se fassent leur propre idée.
Nous avons fait la même chose avec les entreprises et les particuliers turcs. Nous avons organisé quatre ou cinq petites missions commerciales d'une trentaine de personnes. Nous leur faisons visiter le pays, même s'il n'y a aucune possibilité d'affaires immédiate. Nous devons sensibiliser les entreprises et la population, et le seul moyen d'y arriver consiste à accroître le nombre de visites. Nous pouvons y arriver. La Turquie a réussi à le faire avec d'autres pays, alors je ne vois pas pourquoi elle ne réussirait pas avec le Canada.
Le sénateur Finley : Je ne m'oppose certainement pas à votre point de vue, mais j'aimerais changer de sujet un instant.
La plupart des pays — disons occidentaux ou industrialisés — imposent à leurs entreprises des lois très sévères en matière de corruption. Certaines d'entre elles sont draconiennes. Quelle est la situation en Turquie? Je sais qu'il est difficile de répondre à cette question, mais pouvez-vous nous donner une idée? Quelle est la situation relative aux bakchichs, aux pots-de-vin ou à la corruption? Quelles sont les règles du jeu?
M. Kula : Votre question est plutôt technique, monsieur le sénateur. Je ne pourrai pas y répondre de façon tout à fait exacte, mais selon ce que je vois, certaines entreprises canadiennes, particulièrement des sociétés d'État, offrent de plus en plus de services aux autres entreprises canadiennes qui tentent de percer le marché turc. C'est le cas d'EDC, qui a ouvert un bureau à Istanbul; la société produit des rapports sur certains pays, dont la Turquie. Elle pourra vous le dire, le niveau de corruption est plutôt bas à l'heure actuelle, mais je ne crois pas que la Turquie soit au même niveau que le Canada ou l'Amérique du Nord.
Un nouveau code commercial a été adopté. Vous le connaissez peut-être. Il accroît la transparence et la responsabilisation des entreprises. Il prévoit la tenue de vérifications indépendantes, comme c'est le cas en Amérique du Nord, et au Canada en particulier.
Il ne fait aucun doute que la Turquie progresse dans la bonne direction. Il y a toutefois encore place à l'amélioration et elle peut encore apporter bien des changements à sa législation, mais elle continue de s'engager dans cette voie. Je ne pense pas qu'il soit trop tard pour qu'elle élève ses normes au même niveau que les normes nord-américaines. Nous avons très hâte de collaborer avec la Turquie pendant plusieurs années, mais nous pourrions peut-être nous montrer un peu patients.
Le sénateur D. Smith : Vous avez parlé plus tôt des événements de 1915 en Arménie. Je ne pense pas que nous allons aborder le sujet au cours de ce voyage, mais vous avez mentionné que les deux gouvernements et les parlementaires entretenaient un dialogue, mais qu'ils sont arrivés à un point mort.
Je dirai simplement que ces terribles événements sont arrivés. J'ai visité le musée en Arménie, qui est rempli de photographies. Vous avez dit que les Turcs créent facilement des liens d'amitié et des partenariats. Encouragez les gouvernements à poursuivre les discussions et vous pourrez peut-être atténuer les tensions. Le gouvernement qui représente l'Arménie actuellement n'a jamais fait partie de la Turquie. Il faisait partie de la Russie à l'époque. Il est plus ouvert au dialogue que la troisième et la quatrième générations de familles qui ont été durement éprouvées. Je n'en dirai pas plus.
La communauté kurde nous a beaucoup parlé des tensions qui subsistent, et je sais que le gouvernement a pris des mesures pour essayer d'améliorer l'infrastructure dans les régions qui comptent une population kurde élevée et de mieux intégrer les Kurdes à la société turque.
Je pose cette question en raison de certains autres enjeux sur lesquels je me penche. Y a-t-il de nombreux membres de la communauté kurde qui travaillent activement au sein de votre groupe? Avez-vous des réflexions dont vous aimeriez nous faire part au sujet des tensions et des hostilités qui sévissent et, d'après vous, accomplit-on réellement des progrès pour atténuer les tensions à cet égard?
M. Kula : La question porte sur les tensions au sein du peuple kurde, de la minorité de Kurdes en Turquie et de nos relations avec cette minorité au Canada.
Le sénateur D. Smith : C'est exact. En comptez-vous dans vos rangs?
M. Kula : Tout d'abord, je ne pense pas que les tensions entre les Turcs et les Kurdes dans les communautés sont aussi élevées qu'elles le sont dans les hautes sphères.
En fait, le conseil de notre organisme compte plusieurs personnes d'origine kurde. Je n'ai pas le droit de divulguer leur origine, mais je n'en dirai pas plus. Il n'y a pas du tout de tensions au sein des communautés au Canada et en ce qui nous concerne. Notre organisme compte un nombre de personnes d'origine turque et nos membres sont tous des bénévoles. Nous n'avons aucun poste à temps plein et sommes ouverts au grand public. En fait, n'importe qui peut faire partie de notre organisme s'il en a l'intérêt et a du temps à consacrer. Si les gens sont prêts à prendre ce risque, tout ce qu'ils ont à faire, c'est de communiquer avec nous par téléphone ou par courriel et nous nous ferons un plaisir de les recevoir. Il n'y a pas de tension ici au Canada.
La norme en Turquie comporte assurément des lacunes. Ce n'est pas celle à laquelle nous sommes habitués au Canada, mais on tient des discussions et c'est un processus. Au cours des dernières années, de bons progrès ont été accomplis. J'espère que la Turquie pourra surmonter ce problème le plus tôt possible, car c'est le principal obstacle qui empêche le pays d'élargir sa portée, de croître et de créer de la prospérité pour son peuple.
Le sénateur Wallace : Monsieur Kula, votre organisme, la Turkish Canadian Chamber of Commerce, est établi à Toronto. C'est un organisme bénévole. En créant le réseau, en établissant des relations commerciales entre des petites et moyennes entreprises turques et canadiennes, mettez-vous l'accent sur Toronto? Jusqu'où allez-vous au Canada pour établir ce réseau? Axez-vous essentiellement vos efforts sur Toronto?
M. Kula : C'est une excellente question. Nous essayons d'offrir les services partout au pays. Comme vous pouvez l'imaginer, il est difficile d'utiliser les ressources disponibles et de les répartir partout au pays.
Nous avons réussi à mettre sur pied 10 bureaux de représentation. Certains ne sont pas des bureaux physiques, mais visuels. Ils sont situés à Montréal, Ottawa, Toronto, Kitchener, Hamilton, London, Regina, Edmonton, Calgary et Vancouver.
Nous essayons essentiellement d'ouvrir un bureau là où une communauté turque est présente. Cela demeure un défi, mais nous nous efforçons de fournir ces services pour qu'ils soient, dans un premier temps, facilement accessibles à la communauté turque, et de les étendre au milieu des affaires canadien par la suite.
Le sénateur Wallace : Puisque je viens du Canada atlantique, je voulais savoir où vos bureaux étaient situés. Vous n'en avez aucun dans la région de l'Atlantique. Je suis certain que c'est à cause de la faible population turque dans la région. C'est quelque chose sur lequel nous devrons travailler dans la région de l'Atlantique.
Comme vous l'avez souligné, nous nous concentrons sur les relations entre les petites et moyennes entreprises. Nous avons entendu des échos au sujet des grandes sociétés canadiennes qui sont très présentes et qui veulent accroître leur présence en Turquie. Pourriez-vous nous dire quelles sont, d'après vous, les grandes occasions d'affaires pour ces petites et moyennes entreprises? La dynamique est différente qu'avec les grandes sociétés, mais y a-t-il certains secteurs, d'après votre expérience et les perspectives d'avenir, vers lesquels nous pourrions diriger les petites et moyennes entreprises canadiennes?
M. Kula : Tout d'abord, nous croyons qu'il y a des possibilités additionnelles en ce qui concerne la chaîne d'approvisionnement. Cela signifie que même si ce sont des petites et moyennes entreprises canadiennes, elles sont habituellement à la fine pointe de la technologie. Vous seriez surpris d'une entreprise de technologie à Ottawa qui compte moins de 10 employés. Le niveau de technologie et le créneau commercial qu'elle dessert sur la scène internationale sont étonnants. Je ne pense pas que la taille de l'entreprise importe.
Je pense que le Canada a la technologie nécessaire, voire l'expertise, et les entreprises turques sont rendues au point où elles peuvent accepter de travailler en collaboration et d'établir des partenariats, et elles sont maintenant disposées à le faire. Ce n'était pas le cas il y a 15 ans, mais c'est maintenant de plus en plus la norme. La Turquie établit désormais des partenariats avec des pays de l'Afrique du Nord. Il est plus facile pour la Turquie, avec des entreprises conjointes, d'apprendre à connaître le marché local et vice versa. Je pense que nous reproduisons le même modèle, en commençant plus particulièrement avec les secteurs manufacturier et technologique.
La Turquie est avide de technologie, et je pense que nous devrions agir rapidement, car les possibilités évoluent rapidement. En tant qu'entreprises canadiennes, si on ne s'établit pas en Turquie, d'autres le feront.
Le sénateur Wallace : Des témoins qui ont déjà comparu devant le comité nous ont dit que c'est logique, qu'il est important que les entreprises canadiennes aient une présence en Turquie et continuent de bâtir ces relations. C'est peut- être plus facile à dire qu'à faire avec les grandes sociétés, mais pour revenir aux petites et moyennes entreprises, comment cette présence pourrait-elle être établie en Turquie, et est-ce important à ce niveau?
M. Kula : Je crois que si vous trouvez un partenaire digne de confiance, vous n'avez pas besoin d'avoir une présence physique dans ce marché local. C'est une question de savoir avec qui vous vous associez. Pour autant que vous établissiez ce point, tout se passera bien.
Ma famille travaille dans le milieu des affaires en Turquie et a noué des partenariats avec des gens à l'étranger, et ce qui compte, c'est avec qui vous faites affaire. Je dirais qu'il faut y aller au cas par cas.
Par ailleurs, nous avons diverses institutions, y compris la nôtre, qui aident les entrepreneurs canadiens à cibler les entreprises en qui ils peuvent avoir confiance. Je crois beaucoup au mandat d'EDC. L'organisme fait un travail remarquable. Nous avons des bureaux du MAECI en Turquie et les agents sur le terrain seraient utiles pour cibler les entreprises dignes de confiance en Turquie. Je ne suis pas en train de dire que nous pouvons faire confiance à tout le monde, mais les entrepreneurs sont habiles pour cibler les entreprises et les particuliers qui sont dignes de confiance. Nous devrions faire confiance à leur intuition et à leur expérience pour cerner les occasions d'affaires et commencer à établir des relations avec leurs homologues.
Le sénateur De Bané : Monsieur Kula, vous êtes au Canada depuis de nombreuses années et vous connaissez exactement ses principes et son fonctionnement. Dites-moi quelles sont, d'après vous, les différences quant à la place qu'occupe la religion dans notre société canadienne et en Turquie. Y a-t-il des différences? Pourriez-vous comparer le rôle, l'importance et la place de l'islam en Turquie et en Égypte? Il y a eu récemment un débat très animé en Égypte au sujet du rôle de l'islam dans la gouvernance d'un pays moderne. Vous êtes la personne idéale pour comparer les deux systèmes puisque vous connaissez les deux.
M. Kula : Merci, monsieur. J'aborderais la question sous deux angles : premièrement, il y a la perspective des gens, des citoyens, à l'égard des Turcs et des Canadiens et celle des Turcs et des Canadiens à l'égard de l'Égypte et, deuxièmement, il y a l'aspect politique.
Le premier est plus facile à gérer. Je dirais que la Turquie ressemble beaucoup au Canada, car elle compte de nombreux groupes ethniques et religieux différents. Cette diversité concorde avec son histoire. Vous pouvez remonter aussi loin que vous voulez; il en a toujours été ainsi. C'est en partie attribuable à la religion, à l'islam, qui encourage la diversité et le respect d'autrui.
J'ai grandi en Turquie et je n'ai jamais eu de difficulté à accepter les gens issus d'une religion ou d'une ethnie différente. En fait, si l'on regarde Istanbul, on y retrouve des gens de toutes les religions. Votre voisin pourrait être juif, chrétien orthodoxe ou de toute autre religion. Je pense que la Turquie est un pays laïc depuis de nombreuses décennies. Je ne pense pas qu'il y ait des doutes à ce sujet.
La différence entre l'Égypte et la Turquie est plus visible, car les Égyptiens considèrent la religion comme faisant partie de leur style de vie. Ils veulent inclure la religion dans leur lieu de travail, dans les établissements gouvernementaux, car la religion est une partie d'eux. C'est l'histoire qu'ils ont créée depuis bien des décennies et des siècles. La situation est quelque peu différente en Turquie.
En ce qui concerne les différences politiques entre la Turquie et l'Égypte, il n'y a absolument aucune concurrence économique entre les deux pays. Vous pouvez facilement distinguer la Turquie de l'Égypte, mais en ce qui a trait aux programmes politiques des deux pays, l'un pourrait faire valoir qu'il y a une certaine concurrence au chapitre du leadership régional. Il y a plusieurs raisons à cela. L'Égypte, plus particulièrement, est un leader actif dans la communauté arabe depuis de nombreuses décennies maintenant et s'efforce toujours de l'être après avoir pris des mesures de démocratisation. La Turquie a quelque peu fait évoluer sa politique étrangère au cours des 10 dernières années, comme vous le savez fort bien, et essaie d'être plus proactive dans la région. Elle tente d'établir de bonnes relations avec ses voisins, dans la mesure où les conditions pratiques le leur permettent.
Pour ce qui est des différences entre les États, la Turquie est en grande partie un État laïc, et je ne fais pas de distinction avec le Canada à cet égard.
Le sénateur De Bané : À quel point les économies chinoises, brésiliennes et russes sont-elles importantes par rapport aux économies de la Turquie?
M. Kula : C'est quelque peu une question technique, mais je ferai de mon mieux pour y répondre.
Je peux aisément établir une distinction entre la Russie et les autres pays, étant donné que la Russie est un pays qui est principalement gouverné, pour ainsi dire, par le gaz naturel et les produits pétroliers. La Turquie, la Chine et le Brésil sont, d'un autre côté, des pays axés sur les exportations, mais qui reposent sur plusieurs produits. C'est la grande différence entre ces pays.
La Turquie est devenue le pôle pour bien des produits et se classe parmi les 10 premiers au monde. Par exemple, elle est le huitième producteur d'acier brut en importance au monde et le deuxième en Europe, je pense. Sa capacité de fabrication d'automobiles a augmenté considérablement au cours des 10 dernières années.
La croissance économique de la Turquie n'est pas tributaire d'un seul produit. Il n'y a pas de concentration du marché. Il y en a une en Europe, comme nous l'avons déjà mentionné, mais elle est en train de s'affaiblir également. Il existe certaines différences entre ces pays, mais au chapitre de la croissance, je crois que nous pouvons ajouter en toute confiance la Turquie aux pays BRIC. Je pense que quelques entreprises internationales l'ont d'ailleurs mentionné.
Le sénateur De Bané : J'ai une dernière question : Qu'en est-il des économies du Moyen-Orient et de l'Afrique? À quel point sont-elles importantes pour la croissance économique de la Turquie? Le sont-elles?
M. Kula : Elles sont très importantes. Je pense que nous pouvons aisément faire la distinction entre les économies du Moyen-Orient et celle de la Turquie. Ce sont surtout des économies à produit unique, principalement le pétrole, mais la Turquie doit entretenir de bonnes relations avec ces pays si elle veut attirer des investissements directs.
[Français]
Le sénateur Robichaud : Pouvez-vous nous faire une brève comparaison du milieu de travail en Turquie et au Canada en ce qui a trait au salaire minimum, aux heures de travail, aux activités syndicales et tout ce qui touche les travailleurs?
[Traduction]
M. Kula : Je vais peut-être devoir vous revenir sur le salaire minimum. Je ne connais pas très bien le sujet. Toutefois, de façon générale, comme je l'ai déjà mentionné, ma famille est dans le milieu des affaires, et le salaire minimum n'est pas aussi élevé qu'il l'est au Canada. Il faut l'améliorer, c'est le moins qu'on puisse dire.
Mon collègue dit que c'est entre 600 et 700 $ par mois, mais il faut être prudent avec ces données, car nous devons prendre en considération le pouvoir d'achat du dollar, compte tenu de la conjoncture en Turquie. Les syndicats sont très forts en Turquie. Ils sont semblables à ceux que l'on retrouve au Canada. Ils ne sont peut-être pas aussi forts, mais le gouvernement en place a fait des progrès à cet égard au cours des 10 dernières années. Des fonctionnaires ont obtenu des droits syndicaux; ce sont certainement des progrès qu'il faut signaler.
Le président : Comme il nous reste quelques minutes, nous pouvons passer à une deuxième série de questions. Si les questions et les réponses sont brèves, je pense que nous pourrons entendre tout le monde. Nous commencerons avec le sénateur Finley.
Le sénateur Finley : J'ai en fait de nombreuses questions, mais je vais devoir attendre les autres témoins pour les poser.
La Turquie est, semble-t-il, aux prises avec un énorme problème de chômage chez les jeunes. Je crois que le taux atteint 45 p. 100. Cela m'amène à ma principale question. Pourriez-vous décrire brièvement le système d'éducation en Turquie — primaire, intermédiaire, secondaire. Comment les écoles sont-elles financées et quel est le taux de fréquentation? Est-ce 75 p. 100 des enfants qui vont à l'école?
M. Kula : J'essayerai d'être le plus bref possible. L'éducation obligatoire dure environ 12 ans en Turquie. Tout le monde doit faire des études primaires et secondaires. C'est une loi, et il y a des conséquences pour ceux qui ne vont pas à l'école.
Pour ce qui est des coûts, ils sont entièrement assumés par l'État. La donne a déjà été différente en ce qui a trait aux études universitaires. Il y avait des frais de scolarité. Les étudiants pouvaient obtenir des prêts et des bourses pour les payer, mais il y avait des frais de scolarité, à l'instar du Canada. Le gouvernement les a récemment éliminés. Les études universitaires sont donc gratuites.
Toutefois, il n'est pas facile d'entrer à l'université. Environ un million de diplômés du niveau secondaire écrivent un examen appelé l'examen d'entrée à l'université; seulement les premiers 5 p. 100 peuvent aller à l'université. Si vous voulez étudier dans de bons établissements — je ne veux pas les catégoriser, mais certains établissements ont des facultés mieux établies —, il faut se classer parmi les premiers 1 ou 2 p. 100. C'est très difficile.
Par contre, cette situation offre peut-être des possibilités au Canada en vue de renforcer sa relation en ce qui a trait à l'éducation et d'offrir son aide. Nous pourrions diminuer les exigences relatives aux visas pour les étudiants turcs qui viennent au Canada pour étudier dans nos universités.
En ce qui concerne le taux de chômage chez les jeunes, je ne suis pas certain qu'il atteint 45 p. 100. Il y a environ 75 millions de Turcs, et la moitié de la population a moins de 30 ans. Cet élément en soi s'avère un défi important pour les autorités turques ou tout autre pays, d'ailleurs.
Je ne crois pas qu'il y ait une solution miracle. C'est certainement un processus. Selon ce que j'en sais, le taux de chômage global est d'environ 9,5 p. 100, moins de 10 p. 100; c'est un résultat comparable aux divers taux des pays occidentaux. Notre taux de chômage était autrefois beaucoup moins élevé.
Comme je l'ai dit, il n'y a pas de solution miracle. Le gouvernement a pris des mesures pour diminuer le taux de chômage par l'entremise d'investissements directs étrangers et de mesures incitatives à l'endroit des entreprises étrangères en vue de stimuler la création d'emplois en Turquie, mais c'est un long processus.
Le sénateur Finley : J'aurais une question supplémentaire. Est-ce qu'il y a des écoles techniques, des écoles de métier, des programmes d'apprentissage? Le gouvernement les finance-t-il?
M. Kula : Il y a divers types d'écoles, pour le dire ainsi. Certains établissements mettent l'accent sur les études en vue d'obtenir un diplôme en comptabilité ou offrent des formations plus techniques. Certains collèges qui ressemblent à ce que nous avons au Canada offrent des formations techniques en cheminement intensif pour les étudiants. Il n'y a pas beaucoup de différences à cet égard entre la Turquie et le Canada. Il s'agit d'établissements d'enseignement financés par le gouvernement, à l'instar de ce que nous avons au Canada.
Le sénateur D. Smith : Lorsque le sénateur Wallace posait sa question, je ne pouvais m'empêcher de penser aux milliers de Libanais qui sont venus au Canada il y a deux ou trois générations. Bon nombre de ces gens se sont installés dans le Canada atlantique et sont devenus des gens d'affaires très prospères. Certains sont même devenus des parlementaires. De mémoire, je pense à Paul Zed, à Sam Wakim et au sénateur Pierre De Bané. Ils ont tous fait leur entrée au Parlement. Il faudrait peut-être demander à Turkish Airlines de faire une escale à Halifax toutes les deux semaines. Je ne crois pas que la demande soit suffisante pour le justifier, mais je voulais vous dire que je suis sympathique au point que vous essayiez de faire valoir. Entendez-vous beaucoup parler du Canada atlantique par les gens qui arrivent de la Turquie?
Il espérait entendre Halifax, mais cela n'a pas été le cas.
M. Kula : Je serai bref. Un bon ami a obtenu sa maîtrise en administration à St. John's, et il a poursuivi des études doctorales. Quelques Turcs ont eu la chance de découvrir cette partie du Canada. Nous devrions peut-être mettre un peu plus l'accent sur cette région.
[Français]
La sénatrice Fortin-Duplessis : J'ai une brève question. J'aimerais savoir si la crise économique mondiale a eu une incidence sur les relations commerciales entre le Canada et la Turquie? Le Canada s'en est quand même bien tiré. C'est sûr qu'on continue à être vraiment très prudent. J'apprécierais une brève réponse à ce sujet.
[Traduction]
M. Kula : Je crois que cela s'applique également à la Turquie. En 2008, le taux de croissance est passé de 7 p. 100 à environ 1 ou 1,5 p. 100. En 2009, l'économie a de nouveau ralenti. Il se peut que la Turquie ait connu des taux de croissance négatifs.
La Turquie est revenue en force avec un taux de croissance du PIB de 9 p. 100 en 2010 et de 8,5 p. 100 en 2011. Nos deux pays ont eu la chance de pouvoir revenir en force à ce chapitre, mais ils n'étaient pas entièrement immunisés à ce qui se passait ailleurs dans le monde. Les relations commerciales sont extrêmement liées de nos jours. Donc, même si vous n'avez pas de relations économiques directes avec un pays, vous en ressentez tout de même les répercussions par l'entremise des relations de vos partenaires avec d'autres pays.
En fait, la Turquie entretenait des relations commerciales très étroites avec l'Europe, et lorsque l'Europe a éprouvé des difficultés, les répercussions sur l'économie turque auraient pu être plus importantes, si ce n'avait été de la perspicacité des entrepreneurs turcs qui ont cherché de nouveaux marchés dans le monde.
Le président : Monsieur Kula, monsieur Durmus, vous avez été très généreux; vous êtes restés plus longtemps. La Turkish Canadian Chamber of Commerce est encore toute jeune, mais elle a un avenir prometteur. Vous avez répondu à toutes les questions concernant le commerce et les investissements, mais vous avez également abordé les questions politiques, la culture et l'histoire. Merci beaucoup. Nous vous sommes très reconnaissants de votre enthousiasme en ce qui concerne l'épanouissement des relations canado-turques, étant donné que nous cherchons à déterminer le meilleur équilibre en ce qui a trait à la politique étrangère de nos deux pays. Nous vous sommes très reconnaissants de votre enthousiasme, de vos réponses pratiques et de votre capacité de vous exprimer clairement au sujet de cette relation.
À mesure que nous entendrons les autres témoins, je sais que nous reviendrons, du moins indirectement, si ce n'est pas directement, sur certaines de vos idées ou de vos opinions. Vous nous avez certainement donné beaucoup de matière à réfléchir aujourd'hui. Merci d'être venus témoigner.
(La séance est levée.)