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AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule 17 - Témoignages du 15 mai 2012


OTTAWA, le mardi 15 mai 2012

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui, à 17 h 4, pour examiner, afin d'en faire rapport, les efforts de recherche et d'innovation dans le secteur agricole. (sujet : Comment favoriser l'innovation par la réglementation, l'information et la science du point de vue des détaillants en alimentation.)

Le sénateur Fernand Robichaud (vice-président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le vice-président : Je souhaite la bienvenue à tous et toutes à cette réunion du Comité de l'agriculture et des forêts. Je suis Fernand Robichaud, sénateur du Nouveau-Brunswick, et vice-président de ce comité. J'inviterai les honorables sénateurs à bien vouloir se présenter.

[Traduction]

Le sénateur Mahovlich : Frank Mahovlich, de Toronto, Ontario.

Le sénateur Plett : Don Plett, de Landmark, au Manitoba.

[Français]

Le sénateur Maltais : Ghislain Maltais, Québec.

Le sénateur Rivard : Michel Rivard, les Laurentides, Québec.

Le vice-président : Je désire informer les témoins et les téléspectateurs que certains sénateurs arriveront un peu plus tard, car ils sont actuellement occupés dans d'autres comités. N'ayez crainte, vos témoignages sont enregistrés et les sénateurs en prendront connaissance.

Nous continuons notre étude sur les efforts de recherche et d'innovation tels que cela peut s'appliquer dans le domaine de l'agriculture. Nous avons le plaisir de discuter premièrement avec des gens qui nous présentent leur point de vue sur l'innovation par la réglementation, l'information et la science selon les détaillants en alimentation. Nous discuterons ensuite avec un deuxième groupe du lien entre la formation des jeunes canadiens en agriculture et la capacité d'innovation du secteur agricole et alimentaire.

[Traduction]

Notre premier groupe de témoins représente le Conseil canadien du commerce de détail. Nous accueillons M. David Wilkes, vice-président principal, Direction des épiceries, et Mme Karen Proud, vice-présidente, Relations avec le gouvernement fédéral.

Nous vous remercions d'avoir accepté notre invitation. Je vous en prie, veuillez nous présenter votre exposé.

David Wilkes, vice-président principal, Direction des épiceries, Conseil canadien du commerce de détail : Merci beaucoup de nous avoir invités. Mme Proud et moi-même sommes impatients de discuter avec vous de certaines des pratiques innovatrices que nos membres utilisent ainsi que des efforts de collaboration que nous avons déployés pour modifier les méthodes de travail de nos membres et certaines des pratiques exemplaires qui ont été mises en place. Je vous remercie et je répondrai avec plaisir à vos questions, mais je veux tout d'abord formuler quelques commentaires pour situer la discussion.

Le Conseil canadien du commerce de détail représente plus de 9 000 détaillants au pays. En février 2011, il y a environ 14 mois, nous avons créé la Direction des épiceries, qui s'intéresse principalement à quatre enjeux clés qui touchent les épiciers détaillants : la salubrité des aliments, la santé et le bien-être, la durabilité et les pratiques exemplaires dans les chaînes d'approvisionnement. Dans mes commentaires, je ferai mention de certaines innovations dans deux ou trois de ces secteurs.

Nos épiciers sont entre autres des entreprises que vous connaissez tous : Loblaws, Métro, Federated Co-operative, Co- op Atlantic, Sobeys, Costco et Canada Safeway. Ce qu'il y a d'intéressant, et ce qui me fascine, c'est que les épiciers détaillants ont tous le même maître — le consommateur. C'est lui qui régit leur activité quotidienne. Tout comme les députés, les épiciers qui n'entretiennent pas le contact avec les consommateurs — les électeurs dans le cas des députés — risquent de perdre leur pertinence sur le marché. Les consommateurs déterminent les produits que nos membres vendent ainsi que le succès d'une innovation sur le marché. Nous ne devons jamais l'oublier.

Les membres se démarquent les uns des autres par des facteurs de concurrence traditionnels comme l'aménagement et l'emplacement des magasins, le niveau de service à la clientèle, les stratégies de prix et les produits offerts. Ils cherchent aussi à adopter des méthodes innovatrices pour gérer leur chaîne d'approvisionnement.

Certains des efforts de collaboration déployés au Canada sont uniques au monde et ils ont donné lieu à des solutions innovatrices pour réduire les coûts dans notre secteur. La diffusion de données non exclusives dans le réseau ECCnet, par exemple, est une pratique propre au Canada. ECCnet est un catalogue de données géré par GS1 Canada, une organisation sans but lucratif qui héberge des données sur tous les produits à code CUP qui sont vendus par les épiciers canadiens. Cela permet des économies importantes, car les fournisseurs peuvent entrer l'information dans ce catalogue électronique, puis autoriser les détaillants qui stockent le produit à la télécharger. Parmi ces renseignements, on trouve entre autres le nombre d'unités contenues dans une caisse, les dimensions de la caisse et l'image utilisée pour le marketing.

Cette pratique de mise en commun de données comporte plusieurs avantages. Le premier est l'efficience chez les fabricants. Ils entrent les données une seule fois et ils les transmettent ensuite à tous leurs partenaires détaillants, plutôt que de devoir fournir les mêmes données à répétition à chaque détaillant. Le deuxième est la précision. Comme les données se trouvent dans un catalogue, quand un utilisateur repère une erreur, il est possible de la corriger et tous les autres en sont informés. C'est une approche co-univoque par opposition à biunivoque. Même si elle ne répond pas à la définition traditionnelle d'innovation, elle est très innovatrice et nous en sommes extrêmement fiers.

Notre secteur reconnaît aussi la nécessité d'apporter des innovations en collaboration pour optimiser les formes de conditionnement utilisées par nos membres. Nous collaborons avec les fournisseurs et les ministres de l'Environnement du pays et nous nous sommes engagés à apporter plusieurs changements innovateurs en matière de conditionnement. Je vous donne un autre exemple : nos membres ont accepté de collaborer avec les fournisseurs pour éliminer les emballages en plastique PVC dans nos magasins; nous utilisons maintenant le blister double coque. Là encore, cela illustre que notre secteur s'efforce d'aborder de façon innovatrice les changements qui aident le consommateur à recycler les emballages et qui favorisent l'atteinte d'objectifs sociétaux comme la réduction des volumes de déchets envoyés aux sites d'enfouissement.

Comme je l'ai dit, dans les deux cas, il ne s'agit peut-être pas d'exemples d'innovation classique et ils vous étonnent sans doute, mais ce sont vraiment des innovations et elles distinguent l'industrie de l'épicerie canadienne de ses concurrents étrangers.

Prenons des exemples plus classiques. Nos membres se distinguent aussi par les produits qu'ils offrent sur leurs étagères. Un des grands domaines d'innovation du secteur se rapporte à la demande des consommateurs en matière de produits sains. Nos membres répondent à cette demande en offrant des produits nouveaux et reformulés, qui proposent aux Canadiens des choix répondant à leur style de vie, des produits faibles en sel ou sans gras trans, par exemple.

Par ailleurs, la réponse à des besoins alimentaires précis a fait l'objet d'importants investissements et d'une sérieuse réflexion. En outre, à l'intention des consommateurs qui demandent des produits adaptés à leur mode de vie, nos membres offrent un large choix de fruits et légumes frais. Pour évaluer ces types de produits, nos membres utilisent quatre filtres communs adaptés aux attentes des consommateurs : les exigences en matière de salubrité et d'étiquetage sont-elles satisfaites? Les normes appliquées par nos membres garantissent-elles la salubrité des aliments? Les fournisseurs peuvent-ils livrer les quantités requises du produit? Y a-t-il des processus en place pour assurer la qualité uniforme de l'approvisionnement, et les prix des produits sont-ils adaptés à la stratégie de marketing du détaillant?

J'énumère ces critères dans l'ordre, et vous pouvez constater que le prix vient en dernier lieu et la salubrité des aliments, en premier. Il faut que le produit soit sûr, qu'il soit livré en quantité appropriée, qu'il présente la qualité voulue, et que tout cela s'inscrive dans les plans de marketing des membres.

Nous exécutons programmes pour aider les producteurs locaux à comprendre les besoins de nos membres et les innovations qui les intéressent. Tous nos membres ont une politique qui donne la priorité à l'approvisionnement local, et si les produits peuvent être achetés d'un producteur canadien, c'est la solution qui sera retenue. Les producteurs locaux ont la possibilité de livrer leurs produits directement au magasin, il n'est pas nécessaire qu'ils les expédient d'abord à un centre de distribution qui se trouve à des milles de distance pour ensuite les ramener vers ce même magasin. Nous offrons un service unique, surtout pendant le pic de la saison de croissance, pour aider les producteurs de ce type, qui ne répondent pas entièrement aux besoins systémiques de nos membres. Nous gérons divers programmes où les membres collaborent avec des producteurs locaux pour leur expliquer les normes d'approvisionnement, principalement en ce qui concerne la salubrité des aliments, afin qu'ils comprennent les attentes de la communauté des détaillants en matière de salubrité, et ils collaborent avec ces producteurs pour vérifier s'ils utilisent bien les pratiques et techniques de culture appropriées.

En ce qui a trait au volume de récolte exigé, que faut-il produire pour pouvoir collaborer avec un magasin de la Federated Co-op ou de la chaîne Loblaws, et comment pouvons-nous garantir l'approvisionnement constant auquel s'attendent les clients qui visitent nos membres quotidiennement? Nous avons aussi établi un partenariat avec divers gouvernements provinciaux pour appuyer des programmes comme les programmes d'achat de produits manitobains ou de produits ontariens, et des produits précis. Nous avons divers programmes qui appuient la production de bœuf locale, le maïs local, pour répondre au désir des Canadiens d'acheter des produits locaux offerts par des producteurs qui vivent près de chez eux.

Ces exemples illustrent l'excellent travail de nos membres, tant au niveau du secteur que dans les divers magasins, pour répondre à la demande des consommateurs en matière de produits nouveaux et innovateurs. Nos membres travaillent sans relâche pour satisfaire à la demande d'innovation de leurs clients. Ils éprouvent de la frustration et se heurtent à des obstacles en raison de la réglementation gouvernementale qui entrave parfois notre capacité de répondre à cette demande. Je vous donne quelques exemples.

Actuellement, pour annoncer qu'une denrée est d'origine locale le règlement exige qu'elle ait été produite dans un rayon de 50 kilomètres du point de vente. Dans un grand marché comme le Canada, cette règle est très limitative. Certaines exigences en matière d'étiquetage ont leur raison d'être, mais elles sont lourdes pour les producteurs locaux. Dans certains cas, l'obligation de respecter les règles d'étiquetage entraîne plus de coûts que la production du produit visé.

Quand nous avons comparu devant vos collègues du comité d'à côté — les finances, je crois —, nous avons parlé d'harmonisation des règlements. Il y a au pays tout un éventail de règlements qui tentent de créer le même résultat, mais de différentes façons. Ces règlements accroissent les coûts et la complexité de la chaîne d'approvisionnement, mais je crois que le problème n'est pas insoluble. Je vous en donne un modeste exemple. Les exigences en matière d'étiquetage pour les fruits et légumes vendus en Ontario et au Québec sont différentes. Au Québec, l'origine de chaque légume vendu dans une assiette de légumes doit être indiquée. En Ontario, cela n'est pas nécessaire. Vous pouvez simplement donner une information approximative. Dans certains cas, des gens voisins peuvent obtenir les mêmes résultats de façon différente.

Pour terminer, je tiens à dire que nos membres comptent parmi les épiciers les plus innovateurs au monde. Notre secteur n'est pas qu'un secteur d'activité commerciale, l'épicerie : c'est une passion. Il nous incombe d'offrir aux Canadiens des produits de qualité et salubres pendant toute l'année, et nous sommes fiers de dire que nous nous efforçons de répondre à ces attentes. Nous sommes fiers non seulement de ce que nous faisons, mais aussi de nos méthodes. Je suis impatient d'entamer la discussion.

[Français]

Le vice-président : Merci, monsieur Wilkes, pour votre présentation. Nous allons commencer la période des questions avec le sénateur Plett.

[Traduction]

Le sénateur Plett : Merci d'être venus. J'ai quelques questions à vous poser. Premièrement, je ne sais pas si j'ai bien entendu toute la liste de membres que vous avez mentionnée. Vous avez bien dit, au début, que Safeway...

M. Wilkes : Oui.

Le sénateur Plett : Pardonnez-moi, je n'avais pas entendu. Merci.

Monsieur Wilkes, ma première question est la suivante : Quel est le plus sérieux défi ou problème de votre secteur? Vous avez fait état de certaines difficultés, dont la salubrité, les prix, et cetera. Selon vous, quel est le plus grand défi du secteur?

M. Wilkes : Je crois que c'est la capacité de sensibiliser les producteurs locaux aux exigences du secteur de l'épicerie, parce que le client demande maintenant des fraises toute l'année. La capacité de répondre à cette demande, par exemple, n'est plus négociable; il faut le faire et nous le faisons. Nos membres ont mis sur pied divers programmes pour collaborer avec les producteurs locaux et leur expliquer les exigences, mais la capacité des fournisseurs canadiens de répondre à l'année à cette demande, par exemple, ne peut pas vraiment être modifiée, compte tenu de notre climat. C'est le point de vue du producteur local.

Par contre, il y a d'autres possibilités d'innovation en matière d'alimentation saine. Que pouvons-nous faire pour éduquer les consommateurs au sujet des choix à faire en fonction de leur mode de vie?

Comment pouvons-nous sensibiliser les gens, leur faire comprendre qu'il existe toute une gamme de produits, mais qu'il faut faire des choix en fonction du style de vie, de l'activité, des besoins alimentaires spéciaux? Je sais que c'est un défi, parce que nous devons veiller à ce que les messages qui influencent le consommateur soient uniformes, indépendamment de leur origine — les gouvernements, l'école ou nos entreprises elles-mêmes. Ce sont quelques-uns des aspects qui, selon moi, offrent des possibilités de changement.

Le sénateur Plett : Comment peut-on enseigner aux gens à bien manger?

M. Wilkes : L'un des meilleurs outils dont nous disposions à cet égard est le Guide alimentaire canadien. L'une des possibilités qui s'offrent à nous — et nous en discutons avec le ministère de la Santé — est de déterminer comment nous pourrions collaborer pour diffuser un message commun. De quelle façon faut-il modifier un régime alimentaire si l'on veut, par exemple, réduire la teneur en sodium? Qu'est-ce qu'une portion de taille appropriée? Le Guide alimentaire canadien est très clair en ce qui concerne la taille des portions. Comment pouvons-nous faire en sorte que cette information soit transmise uniformément au moyen de campagnes de sensibilisation publiques, dans le cadre de partenariats avec l'industrie et dans les programmes scolaires? Nous avons les connaissances, et tous les groupes dont j'ai parlé doivent maintenant déployer des efforts concertés pour que cette connaissance soit diffusée.

Le sénateur Plett : Vous avez mentionné divers commerces qui sont membres de votre organisation. J'imagine que les producteurs comptent aussi parmi vos membres. Est-ce que les aliments McCain sont membres de votre organisation?

M. Wilkes : Non. Nous sommes le Conseil canadien du commerce de détail. Les fournisseurs ne sont pas des détaillants.

Le sénateur Plett : Les fournisseurs ne sont pas membres. Merci. Cela vous évite des problèmes, et je ne veux certainement pas m'en prendre à un fournisseur en particulier, mais nous sommes bombardés de publicité. Je suis certain que les frites congelées ne sont pas aussi saines que certains des autres produits que vous offrez, alors vous, au moins, vous ne seriez pas en conflit avec les fournisseurs si vous disiez aux gens qu'il ne faut pas manger de frites congelées.

M. Wilkes : Oui, mais nous ne dirions jamais cela. Nous ne dirions jamais une telle chose qu'il s'agisse de frites congelées, de chocolat, de carottes, de n'importe quoi. Il n'y a ni bons ni mauvais aliments. Il faut comprendre que le choix approprié est dicté par votre style de vie. Je peux manger, pour reprendre votre exemple, une portion de frites par semaine, mais d'autres ne le peuvent pas parce qu'ils sont plus sédentaires ou pour une autre raison. Nous collaborons avec le ministère de la Santé et avec le gouvernement et les provinces, et tous reconnaissent bien la nécessité de faire de l'éducation en ce qui concerne les choix appropriés au style de vie. Si vous parlez de bons et de mauvais aliments, vous vous engagez sur une voie dangereuse parce que ce qui est bon pour une personne ne l'est pas nécessairement pour une autre.

Le sénateur Plett : Quel est l'équilibre approprié entre le gouvernement, l'industrie et l'innovation, selon vous?

M. Wilkes : Je crois que l'innovation relève de l'entreprise privée.

Le sénateur Plett : Merci. C'est un bon point.

Le sénateur Merchant : Soyez les bienvenus. Il est à la fois intéressant et impressionnant d'entendre parler de vos buts et de ce que vous voulez accomplir. Vous dites que vous collaborez avec les gouvernements et les institutions. Prenons, par exemple, les écoles. Vous nous avez dit que le Guide alimentaire canadien était le meilleur outil ou du moins un bon outil que les gens peuvent utiliser pour savoir ce qui est bon pour eux. Dans une école, on enseigne le Guide alimentaire dans la classe, mais pendant ce temps, dans les corridors, vous avez des machines qui offrent des friandises aux enfants. Elles leur vendent des aliments qui ne sont peut-être pas très sains, qui sont sans doute bourrés de sucre, de sel et de calories. Parfois, ce sont des aliments frits. Comment pouvez-vous réaliser vos idéaux? Y a-t-il vraiment des gestes que vous pouvez poser?

La même remarque s'applique aux détaillants et aux épiciers. À l'épicerie, vous constatez que les muffins sont bien plus gros que ce dont nous avons besoin. Le consommateur voit ces gros muffins et, bien sûr, il doit faire le choix approprié, mais comment pouvez-vous progresser quand vous voyez ce qui se passe et que les portions dans les restaurants sont de plus en plus grosses? Comment pouvez-vous combiner votre idéal avec ce qui se passe dans la réalité?

M. Wilkes : Je crois que je peux vous fournir les mêmes réponses que celles que j'ai données à votre collègue. Nous faisons de l'éducation à tous les niveaux — à l'école, au niveau du secteur et grâce à certains des mécanismes dont nous disposons pour communiquer par l'entremise de diététiciens et du ministère de la Santé. Je ne crois pas que dans notre société nous puissions dicter des choix. Les exemples que vous fournissez, sénateur, se rapportent aux choix que font certaines personnes qui ont un style de vie sain et actif. Je crois que si nous enseignons aux jeunes à faire des choix appropriés, si nous leur enseignons qu'il est sans doute préférable — et je ne parle pas en tant qu'épicier, mais plutôt en mon nom personnel — d'être plus actif et de ne pas se contenter de certains des divertissements plutôt passifs qui sont en vogue aujourd'hui, nous reviendrons à cet équilibre. Si vous me demandez quel est mon idéal, c'est de veiller à ce que tout changement viable que nous proposons, quel qu'il soit, survienne grâce à la sensibilisation à des choix appropriés, qu'il s'agisse d'avoir une saine alimentation, de se rendre au travail à pied ou de prendre l'escalier. Quelle est pour moi la bonne combinaison d'activités et de comportements qui me donne un style de vie sain? Je crois que pour y arriver, il faut comprendre les choix que nous avons.

Le sénateur Merchant : Je sais que c'est ce que nous cherchons à faire, mais comment expliquons-nous cela? Notre population souffre d'obésité. L'obésité est toujours un terrible problème, mais c'est encore plus vrai chez les jeunes. Ils ne prennent pas l'escalier. Ce que je veux dire, c'est que nous ne pouvons pas obliger les gens à faire quelque chose. Nous pouvons seulement leur montrer ce qu'il faut faire. Je me demande simplement si vous ne pourriez pas intervenir, par exemple, pour aider les fournisseurs de ces aliments à vous aider appuyer vos efforts à cet égard.

M. Wilkes : Une grande partie des produits innovateurs que nos membres mettent maintenant sur leurs étagères en matière de choix sains — teneur réduite en sodium, élimination des gras trans au cours des dernières années — prouvent que les comportements et les demandes des consommateurs évoluent vers le type de choix dont vous parlez. Nous offrons maintenant tout un éventail de produits qui n'existaient pas il y a cinq ans. Je crois que vous commencez à constater ce changement. Certes, le secteur déploie d'immenses efforts de reformulation, dans le cas tant des produits de marque privée de nos membres que des produits de marque nationale, comme je viens de le dire. L'innovation et la demande des consommateurs évoluent de concert et, comme je l'ai dit au début, cela sous-tend toute l'activité de nos membres.

Je suis un peu plus optimiste que pessimiste. Je suis optimiste entre autres en raison de cette conversation que nous avons. Comme vous le dites, on ne peut pas nier que les taux d'obésité continuent de croître. On ne peut pas nier que l'obésité est la principale cause de maladies non transmissibles au pays. On ne peut pas nier que l'obésité chez les enfants est un problème qui prend de l'ampleur. Par contre, selon moi, on ne peut pas non plus nier que les choses commencent à changer, que le dialogue, dans le secteur, ne se limite pas à l'articulation des changements, aux reformulations de produits ou à l'offre de nouveaux produits, mais qu'il porte aussi sur le resserrement de la collaboration avec les gouvernements, pour sensibiliser les gens aux choix qu'il convient de faire parmi les produits que nous offrons, pour leur indiquer ce qu'ils devraient faire. J'aime grignoter comme tout le monde, mais je sais aussi que ce soir-là je devrai courir deux kilomètres de plus, sinon trois.

[Français]

Le sénateur Maltais : Je vous remercie pour votre présence. Vous faites un travail très intéressant et important pour l'alimentation des Canadiens.

Est-ce que votre organisme tient des discussions avec les fabricants de produits au plan de la publicité?

[Traduction]

M. Wilkes : Ce n'est pas une activité de notre association. Le secteur utilise divers codes et, comme d'autres groupes, nous connaissons le code de publicité pour enfants. Bien sûr, certains de nos membres ont entériné ces codes, tout comme l'ont fait certains fabricants. Les partenaires commerciaux, le détaillant et le fabricant, ont régulièrement des discussions au sujet du type de produits à offrir, du type de campagne de mise en marché qu'il convient de mener, ou encore pour déterminer si l'innovation récente des fabricants constitue effectivement de l'innovation et quelle demande est ainsi satisfaite. C'est un processus auquel participent diverses entreprises qui commercent les unes avec les autres.

[Français]

Le sénateur Maltais : Le consommateur est un peu pris dans un engrenage. Chaque grande chaîne de magasin, par exemple le mercredi ou le jeudi, envoie une publicité des produits qu'ils mettront en vente la fin de semaine.

Je me mets dans la peau de la dame qui a trois enfants et qui s'en va avec ses circulaires acheter la meilleure pizza congelée. Elle revient à la maison, mais il y a eu une autre annonce. Les enfants lui disent : « Ce n'est pas celle-là, maman, que tu aurais dû acheter, mais celle-ci! »

Cela devient difficile pour le consommateur d'avoir le meilleur produit au meilleur prix et de meilleure qualité. Sur ce point, la publicité n'aide pas. Contrairement à ce que beaucoup de gens croient, la publicité peut aider dans certains cas, mais elle peut nuire dans d'autres. C'est mon opinion et celle de nombreux consommateurs quant à la sur-publicité dans l'alimentation.

J'aimerais revenir au début lorsque vous avez parlé des règles d'identification des produits. Je viens du Québec, qui est voisine de l'Ontario. On importe beaucoup de fruits et de légumes, surtout de l'Ontario parce que la saison des cultures y est plus longue que la nôtre. La relation est excellente entre les deux provinces.

Pourquoi le Québec est-il obligé d'avoir des règlements plus sévères? Retournons dans l'histoire. Des produits étrangers transitaient par l'Ontario. Je vous donne un exemple bien concret, vécu en 1987, alors que nos citrons provenaient des producteurs du Maroc. Cette année, à cause d'une tempête, la récolte de citron n'était pas bonne, pourtant le Maroc a continué à fournir le Québec en citron. Par après, on a découvert que les citrons ne provenaient pas du Maroc du tout mais de la Corse. Ce n'est pas qu'ils n'étaient pas de bonne qualité mais la raison venait du dumping que certains États américains et de l'Amérique du Sud faisaient par l'Ontario. Ils se servaient de l'Ontario pour faire du dumping pendant la saison froide. L'Ontario est réglementée à ce sujet maintenant.

C'est sûr que le Québec a des règlements plus sévères, pas seulement dans l'alimentation mais au plan des fromages et du vin, qu'il n'y a pas de libre circulation. Ces barrières interprovinciales relèvent des provinces. Je suis d'accord avec vous, il faudrait que ce soit aboli et que les Canadiens d'un océan à l'autre aient accès à tous les produits du Canada, car ce sont d'excellents produits. Malheureusement, ce sont les provinces qui devront prendre la décision. Le gouvernement canadien ne peut pas décréter une loi demain matin pour abolir ces barrières tarifaires.

Prenez l'exemple du vin. En Colombie-Britannique et en Ontario, on produit d'excellents vins qui gagnent des médailles d'or en Europe. Nous, les Québécois, ne pouvons pas en acheter. C'est totalement ridicule. Ce sont des produits de très haute qualité. Quel travail faites-vous auprès des provinces concernant ces barrières qui sont vraiment nuisibles au commerce canadien?

Tout à l'heure, vous avez dit que certains produits devaient être achetés à 50 kilomètres. Au Québec, sur la Côte- Nord, pour avoir une tomate, il faut faire 800 kilomètres, sinon on n'en a pas.

Il faut absolument avoir des réductions de barrières et que les échanges interprovinciaux ne soient pas limités, qu'il y ait une réglementation de base à laquelle ils pourraient ajouter certaines exigences mais sans empêcher le libre- commerce. J'aimerais vous entendre à ce sujet.

[Traduction]

M. Wilkes : Je suis parfaitement d'accord avec vous. Ce serait une excellente occasion d'examiner tout un éventail de règlements, que ce soit en matière d'étiquetage, de commerce interprovincial ou de pays d'origine.

L'un des mandats clés du Conseil canadien du commerce de détail, non seulement pour les épiciers détaillants que nous représentons, mais aussi pour tous les détaillants, a trait à l'harmonisation de la réglementation. L'un de nos principaux intérêts concerne les programmes de recyclage, le recyclage des imprimés, des produits d'emballage et des produits électroniques. Chaque province a une façon légèrement différente de procéder. Nous essayons de réduire le volume de déchets envoyés aux sites d'enfouissement, et chaque province le fait un peu différemment. Cet état de choses accroît les coûts et la complexité et limite les possibilités d'économie d'échelle pour certains matériaux recyclés, par exemple l'aluminium utilisé pour la fabrication des canettes.

Monsieur le sénateur, le point de vue que vous venez de nous présenter comprenait d'excellents exemples. L'harmonisation est essentielle à tous les niveaux. C'est un de nos centres d'intérêt, et nous travaillons non seulement avec les gouvernements provinciaux et fédéral, mais aussi au niveau municipal. Les normes municipales d'inspection de la salubrité ne sont pas toujours uniformes. Il ne peut pas y avoir deux façons de veiller à la salubrité des aliments dans le contexte du commerce de détail. Nous devrions déterminer quelle est la meilleure façon d'agir et l'appliquer partout.

Je suis totalement d'accord avec vous, c'est un important centre d'intérêt.

Le sénateur Mahovlich : Quand des aliments nous arrivent, par exemple, du Mexique... J'achète des raisins en hiver et je dois toujours les laver. On m'a dit qu'il faut laver les raisins. Est-ce que la salubrité des raisins soulève des préoccupations? Est-ce que des produits chimiques sont utilisés? Est-ce que les raisins sont nettoyés avant d'arriver chez les détaillants?

M. Wilkes : Il n'y a pas d'inquiétudes au sujet de produits chimiques particuliers. L'Agence canadienne d'inspection des aliments veille à ce que tout ce qui est vendu au pays réponde aux règles établies par le gouvernement du Canada, et cela englobe la façon dont les produits sont cultivés.

Je crois que c'est une bonne idée de laver tout ce que vous mangez sans transformation. En particulier pendant l'hiver — je ne veux pas m'attarder sur les détails —, mais certaines personnes ont peut-être un rhume, elles manipulent les produits sans se laver les mains, et c'est une excellente habitude que de laver tout ce que vous consommez sans transformation, qu'il s'agisse de pommes ou de raisins, non pas en raison de la façon dont ils sont cultivés, mais en raison de ce qui peut se produire pendant qu'ils sont acheminés vers les magasins.

Le sénateur Mahovlich : Avez-vous été mis au courant de pratiques de publicité trompeuse sur les étiquettes?

M. Wilkes : Aucun cas de cette nature n'a été porté à notre attention. Évidemment, le Bureau de la concurrence, qui réglemente la publicité, verrait d'un très mauvais œil les pratiques de publicité trompeuse. Si le pays d'origine d'un produit n'est pas adéquatement indiqué sur l'étiquette, il y a des règles qui s'appliquent.

Le sénateur Mahovlich : J'adore la crème glacée; depuis que je suis tout petit, je mange de la crème glacée. Il y a quelques années, j'avais pris du poids et j'ai décidé d'essayer le yogourt faible en gras. Ce produit a le même goût que la crème glacée, alors je l'ai adopté, mais je n'ai pas perdu de poids. Est-ce que le yogourt contient moins de matières grasses que la crème glacée?

M. Wilkes : Je ne suis pas en mesure de répondre à cette question, monsieur le sénateur.

Le sénateur Mahovlich : Oui, je le reconnais.

M. Wilkes : Je ne peux pas me prononcer sur le poids d'un sénateur. La valeur nutritive est indiquée sur le côté de l'étiquette pour chaque produit. Si vous faites vos courses chez l'un de nos membres et que vous achetez de la crème glacée plutôt que du yogourt glacé, vous devriez lire le côté de l'étiquette. Je ne peux pas vous donner de réponse plus précise.

Le sénateur Mahovlich : Est-ce que l'information est approuvée?

M. Wilkes : L'information est réglementée. Il faut indiquer la teneur en sucre, le nombre de calories, la teneur en sodium et en glucides, et cetera, par portion.

Prenez par exemple la teneur en sucre d'un type de produit donné. Le produit A peut contenir moins de sucre que le produit B, et c'est peut-être pour cela que vous obtenez ces résultats.

[Français]

Le sénateur Rivard : Monsieur Wilkes, vous nous avez indiqué que le Conseil canadien du commerce a 43 000 détaillants membres, j'imagine de toutes dimensions : les gros détaillants comme Walmart et probablement Costco, beaucoup de moyennes industries et probablement de très petits détaillants, qu'on peut appeler des propriétaires opérants. Les programmes gouvernementaux d'aide à la recherche et innovation sont-ils plus utilisés par les grandes surfaces? Si oui, je suppose que ce sont probablement des programmes pour le recyclage des fruits et légumes périmés ou le traitement des ordures le plus écologiquement et économiquement possible. Aussi, pour les moyennes et petites entreprises, avez-vous des exemples de programmes gouvernementaux pour la recherche et l'innovation?

[Traduction]

M. Wilkes : Jusqu'ici, en matière de recherche et d'innovation, nos membres ne nous ont jamais parlé de programmes gouvernementaux précis. Nous avons engagé le dialogue avec nos membres sur des questions comme les modifications à apporter à la chaîne d'approvisionnement. Quand nous avons lancé ECCnet, notre catalogue de données, nous avons reçu un certain appui.

Par ailleurs, j'ai travaillé avec le Conseil canadien des ministres de l'Environnement pour apporter les changements que j'ai mentionnés en ce qui concerne les contenants de plastique rigide, les doubles blisters, que vous voyez souvent dans la section des fruits et légumes frais. Nous avons aussi modifié l'adhésif qui sert à apposer l'étiquette sur le plastique, pour qu'il soit plus facile de l'enlever et ainsi améliorer la recyclabilité du produit.

Nous profitons des occasions qui se présentent de collaborer avec le gouvernement pour apporter des changements comme ceux que j'ai décrits. À ma connaissance, nos membres n'utilisent aucun programme particulier pour mettre au point de nouveaux produits. Ils ne nous en ont jamais parlé et ce n'est pas un secteur où nous intervenons beaucoup. Nous sommes plus actifs relativement aux centres d'intérêt que j'ai mentionnés.

[Français]

Le sénateur Rivard : Ma deuxième question aurait porté sur la durée des programmes, mais comme notre témoin ne connaît pas les programmes, je ne poserai pas la question.

Beaucoup de témoins nous ont dit que les programmes d'innovation sont souvent établis sur du court terme — deux ou trois ans — alors que les projets, pour arriver à maturité, prennent habituellement cinq ou 10 ans, mais ma question devient caduque étant donné que vous ne connaissez pas les programmes.

[Traduction]

Le sénateur Plett : J'ai deux ou trois questions à vous poser au sujet de votre organisation. D'après les notes qu'on nous a remises, vous êtes une organisation sans but lucratif qui a été créée en 1963. Qui a créé votre organisation?

M. Wilkes : C'est une organisation de détaillants.

Le sénateur Plett : Ils ont décidé qu'ils avaient besoin d'un organisme d'encadrement?

M. Wilkes : Oui, pour représenter le secteur à des fins de réseautage en vue d'instaurer des pratiques exemplaires.

Le sénateur Plett : Vous dites que vos membres sont des détaillants, mais pas des fournisseurs. Vous avez parlé de fraises. Si je cultive des fraises et que je veux en vendre à Sobeys, est-ce que je dois travailler avec vous ou avec Sobeys?

M. Wilkes : Avec Sobeys.

Le sénateur Plett : Vous essayez de faire en sorte d'offrir le plus possible des produits locaux. De quelle façon vous y prenez-vous?

M. Wilkes : Je vous remercie de cette question. Je suis heureux de pouvoir le préciser.

Les exemples que j'ai donnés étaient des exemples de programmes et d'activités auxquels nos membres participent. En tant qu'association commerciale, notre rôle englobe les programmes d'éducation destinés à nos membres. Nous offrons aussi une interconnexion pour les paiements croisés de nos membres, pour leur permettre de faire des achats en vrac et donc d'exploiter les possibilités collectives qui s'offrent à nos 9 000 membres. Dans le cadre de notre fonction de promotion, nous travaillons avec le gouvernement pour veiller à ce qu'il comprenne bien les conditions et les attentes de notre secteur.

Nous n'essayons pas d'influencer nos membres pour ce qui est des produits qu'ils offrent. J'ai donné l'exemple du programme d'achat de produits manitobains et des occasions que nos membres ont d'appuyer les programmes provinciaux de produits locaux. Je dois ajouter que certains de nos membres mettent des produits locaux en vedette dans leurs brochures et qu'ils publient des photos des agriculteurs et de leurs familles.

Nos membres font certaines choses non pas parce que leur association commerciale — c'est nous — le leur recommande, mais parce que les consommateurs le demandent. Ils se livrent concurrence avec diligence pour répondre à la demande des consommateurs, et cette demande des consommateurs, en matière d'innovation ou de produits locaux par exemple, est ce qui sous-tend les activités que j'ai décrites. Les membres s'efforcent d'obtenir la préférence des consommateurs en leur offrant des produits sains, des produits locaux, un magasin bien aménagé ou un bon service. Ce genre de choses relève de nos membres, pas de nous.

Le sénateur Plett : Comme je viens du Manitoba, je vais utiliser l'exemple de la Federated Co-op. Si la Federated Co-op décide qu'elle aurait avantage à vendre des produits manitobains, est-ce que Sobeys lui emboîtera le pas parce que les consommateurs vont aller chez Federated Co-op acheter des produits manitobains?

M. Wilkes : Je ne sais pas si un membre imiterait l'initiative de son concurrent, parce qu'ils essaient tous de se démarquer les uns des autres. Tout détaillant, en particulier dans un secteur aussi compétitif que l'épicerie, veut toujours être le premier à offrir un produit. Il veut se démarquer de la concurrence et considère qu'un programme de promotion des produits manitobain lui donnera un avantage concurrentiel. Les provinces travaillent de concert avec les détaillants provinciaux pour appuyer le programme qui encourage l'achat de produits manitobains.

Je pense aussi au soutien publicitaire offert par le gouvernement provincial par l'entremise du programme encourageant l'achat de produits ontariens, pour inciter les détaillants à l'appuyer. Le meilleur encouragement demeure toutefois celui dont nous avons déjà parlé, le consommateur.

Prenons l'exemple du Manitoba. J'imagine que tous les épiciers détaillants de la province veulent répondre aux nouvelles demandes du consommateur avant leurs concurrents. S'ils n'y parviennent pas, ils perdent le contact avec le consommateur, comme je l'ai dit, et ils subiront le même sort que ces députés qui ne parlent pas à leurs électeurs. Les uns ne seront plus députés; les autres ne seront plus l'épicerie préférée.

J'espère avoir répondu clairement à votre question. Il n'existe aucune obligation si ce n'est de combler les attentes du consommateur, pour qui le choix est très vaste et très concurrentiel.

Le sénateur Plett : Votre organisation a été créée par les membres. Est-ce que ce sont les membres qui forment le conseil? Comment devient-on président du Conseil canadien du commerce de détail?

M. Wilkes : Je suis devenu président du Conseil canadien du commerce de détail parce que mon prédécesseur s'est retiré et que j'ai été choisi. Le Conseil canadien du commerce de détail est dirigé par un conseil d'administration formé d'une vingtaine de membres. Il est responsable de l'organisation. Comme vous l'avez dit, nous sommes une organisation sans but lucratif. Les fonds qui appuient nos activités viennent des cotisations des membres et des profits tirés des conférences que nous organisons.

Nous avons divers engagements, y compris en matière de salubrité des aliments, d'environnement, de prévention des pertes, et de paiements. Le conseil examine les frais perçus par les compagnies de carte de crédit et il détermine l'orientation de nos activités de promotion, mais il sert aussi à éduquer et à informer les membres au sujet du travail que nous accomplissons et des changements réglementaires qui pourraient les toucher.

Notre organisation a été créée et est administrée par ses membres. Notre rôle est défini par les membres et, en tant que personnel professionnel, au bout du compte, nous relevons du conseil d'administration.

[Français]

Le sénateur Maltais : Je voudrais revenir à l'étiquetage des produits.

Vous avez parlé au début de toute la publicité faite dans les garderies, les écoles et auprès des jeunes afin que ceux-ci s'habituent à une bonne alimentation. J'aimerais que vous transmettiez le message suivant à vos membres. Je vais faire mon épicerie de temps à autres avec mes petit-fils qui vont à la garderie et à l'école. On va dans le rayon des fruits et légumes, des viandes. Ils me disent : « Grand-papa, n'achète pas ça; c'est ça que ça prend pour la santé. C'est ce qu'ils nous ont dit à l'école. » Très bien; j'ai un beau panier. Je m'en vais à la caisse pour payer et là, je tombe dans les tentations diaboliques. Vous avez tous les chocolats de la terre, tous les bonbons, tout ce qui est mauvais pour la santé devant les caisses. J'imagine que je ne suis pas le seul à avoir vécu cela. Est-ce que les détaillants ne pourraient pas les placer ailleurs? Là, on est pris avec les petits-enfants, et tout ce qu'on a acheté de bon pour eux peut être détruit en cinq secondes.

Est-il possible que, lorsqu'on arrive à la caisse, les produits appelant à la tentation ne soient pas placés à cet endroit? Je suis certain que je ne suis pas le seul grand-papa pris dans cette situation.

[Traduction]

M. Wilkes : Je trouve encourageante la première partie de votre commentaire sur la façon dont vous sensibilisez vos petits-enfants aux choix appropriés; c'est très bien. C'est peut-être unique, et je suis certain que cela est dans une large mesure une fonction de la culture familiale et de la capacité d'apprendre.

Je conteste la notion de bien et de mal appliquée dans ce contexte et la logique des choix du consommateur au point de vente. Les détaillants offrent des produits qui constituent des choix logiques pour le consommateur. Vous entrez à l'épicerie et vous voyez immédiatement un large éventail de fruits et de légumes. La première chose qui vous saute aux yeux, chez tous les épiciers détaillants, et certainement chez ceux que je connais bien, c'est le vaste éventail de produits offerts, le choix de fruits et légumes frais.

Dans un magasin, les produits sont présentés de façon logique pour faciliter le type de magasinage que demande le consommateur. Dans certains magasins, il n'y a à la caisse aucun des produits susceptibles d'être achetés de façon impulsive. Ce n'est pas une option souvent retenue, car si ces produits sont absents, le consommateur risque de préférer fréquenter un magasin qui les lui offre. Le détaillant peut aussi décider d'aménager la zone des caisses de façon à accélérer le paiement et il n'y offrira donc pas de possibilités d'achat impulsif. En réalité, c'est un aspect qui est régi par les forces du marché, et nous devrions l'accepter sans réserve.

[Français]

Le sénateur Maltais : Je comprends très bien ce que vous dites, mais il reste quand même que, si on veut de l'innovation dans l'alimentation, compte tenu de ce que les jeunes apprennent à l'école aujourd'hui et de tous les efforts faits d'un bout à l'autre du Canada, il faudrait que vos membres participent aussi à cette œuvre. Je pense qu'il faudrait trouver un coin pour tous les chocolats afin que les gens qui voudraient en acheter puissent le faire — on est dans un pays libre, on peut en acheter à l'occasion pour faire plaisir aux enfants, à Pâques, à Noël, ainsi de suite. Mais là, on le leur met sous le nez et il faut des fois attendre 15 ou 20 minutes; ça, c'est du marketing. Ils veulent vendre absolument ces produits. Et si vous regardez le prix, ils coûtent trois fois à l'épicerie ce qu'on retrouve chez un vrai chocolatier. C'était mon message à transmettre à vos membres.

Le vice-président : Vous avez certainement transmis votre message à notre témoin, sénateur Maltais.

Avez-vous des commentaires, monsieur Wilkes?

[Traduction]

M. Wilkes : Nos membres se sont engagés à faire ce qu'il faut pour offrir de l'information afin de favoriser les choix adaptés à des styles de vie sains.

Le sénateur Merchant : Moi aussi, je fréquente le genre de magasins que vous avez mentionné : Safeway, Sobeys et le Superstore. Toutes les tentations alimentaires dans ces magasins sont regroupées à la caisse. Même la petite boutique de mon quartier, une merveilleuse petite épicerie, offre ce genre de tentations à côté de la caisse. On nous offre de la tire-éponge, des chocolats, des biscuits, et cetera. Dites-nous où vous faites vos courses, nous vérifierons.

J'ai une question au sujet des dates d'expiration inscrites sur l'emballage. Je ne suis pas certaine des critères utilisés. Est-ce qu'il s'agit d'une norme internationale? Certains produits viennent de Chine, d'Amérique du Sud ou d'ailleurs. Comment cela fonctionne-t-il?

M. Wilkes : Nous parlons de date de péremption plutôt que de date d'expiration. C'est souvent une question de qualité plutôt que de salubrité. Ce renseignement a pour but de garantir l'intégrité du produit en fonction d'un profil de goût et de tous les autres aspects auxquels vous pouvez penser. Il correspond à une fenêtre de consommation plutôt qu'à une date d'expiration.

Le sénateur Merchant : Est-ce que nous avons des critères différents pour les produits du Canada, ou s'agit-il d'une norme internationale? Une compagnie chinoise peut conditionner des sardines et les expédier aux États-Unis, en Europe ou au Canada. Qui surveille cela?

M. Wilkes : C'est le fournisseur qui inscrit la date de péremption. J'ignore s'il existe des normes différentes ou si les règlements peuvent être appliqués de façon différente. Je devrai le vérifier. À ma connaissance, cela se rapporte à l'efficacité du produit plutôt qu'à une norme précise.

[Français]

Le sénateur Rivard : Parmi vos détaillants se retrouvent des détaillants de meubles, d'automobiles et de tous les domaines de consommation.

Le Comité sénatorial permanent des finances nationales s'est penché, il y a quelques semaines, sur les différences de prix entre des produits coréens et canadiens vendus sur le marché américain et qui étaient beaucoup moins chers. On donne l'exemple d'une voiture de marque Chrysler fabriquée à St. Thomas, en Ontario, qui est vendue moins cher aux États-Unis qu'au Canada.

L'ALENA fait en sorte qu'il n'y a pas de barrière, mais dans le domaine de l'alimentation, qu'il s'agisse de fruits, de légumes ou de poisson ou autre nourriture périssable, avez-vous constaté ces différences de prix entre le même produit, soit celui vendu aux États-Unis et celui vendu au Canada?

[Traduction]

M. Wilkes : Je vous répondrai en deux temps. Je demanderai à Mme Proud d'expliquer certains des défis que les détaillants doivent surmonter et les différences de prix entre le Canada et les États-Unis dans un contexte de gestion de l'offre. Nous ne sommes pas ici pour débattre de l'opportunité d'imposer un régime de gestion de l'offre. Pour illustrer certains des résultats obtenus, j'ai apporté quelques chiffres. Ils sont déjà vieux de deux ou trois mois, mais ils proviennent d'études de Statistique Canada et du U.S. Bureau of Labour Statistics. Une douzaine d'œufs coûtait 3,22 $ au Canada et 1,80 $ aux États-Unis; le lait, au litre, est à 2,40 $ au Canada contre 92 cents aux États-Unis. Il y a d'autres exemples de produit visés par la gestion de l'offre, par exemple les produits frais dont vous parliez. Le poulet est un autre excellent exemple. Dans son cas, il est difficile non seulement de répondre à la demande des consommateurs, mais aussi d'offrir le produit à un prix comparable au prix américain.

Mme Proud pourrait peut-être commenter certains des autres défis auxquels nous sommes confrontés en raison de la différence de prix entre le Canada et les États-Unis.

Karen Proud, vice-présidente, Relations avec le gouvernement fédéral, Conseil canadien du commerce de détail : Le Conseil canadien du commerce de détail est venu témoigner devant vos collègues, il y a quelques semaines, pour parler des écarts de prix entre le Canada et les États-Unis.

Comme l'a dit M. Wilkes, au moins dans le cas des produits assujettis à la gestion de l'offre, cela s'explique, et la différence est importante entre le Canada et les États-Unis. Nous étions d'avis que nos membres devaient appuyer le secteur agricole du Canada, mais si le gouvernement veut maintenir ses politiques, il devrait penser à certains des autres secteurs, par exemple les détaillants, qui sont touchés par ces politiques.

À l'époque, et aujourd'hui encore, nous avons recommandé au gouvernement que s'il voulait maintenir le système de gestion de l'offre au Canada, il devrait prendre d'autres mesures, par exemple retirer ce genre de produits des produits admissibles à l'exemption personnelle à la frontière, comme on le fait pour le tabac et l'alcool. Nous savons que ce sont des produits que les consommateurs achètent outre-frontière à l'occasion d'une simple excursion d'une journée. La gestion de l'offre est certainement un facteur.

Nous avons aussi attiré l'attention du Comité sénatorial permanent des finances nationales sur le fait que des prix différents sont exigés pour le Canada. Certains fournisseurs demandent aux détaillants canadiens des prix très différents de ceux qu'ils exigent demande pour le même produit aux détaillants américains. Ce n'est pas une question sur laquelle le gouvernement peut vraiment exercer une influence. Elle ne touche pas tous les fournisseurs ni tous les produits, mais pour certains grands fabricants et certains produits de marque, c'est une réalité au Canada : les détaillants canadiens qui achètent leurs produits auprès de ces fournisseurs paient beaucoup plus que les détaillants américains.

Si nous sommes allés témoigner devant le Comité sénatorial permanent des finances nationales, c'était entre autres pour faire connaître aux Canadiens les raisons de ces différences de prix, tant pour les produits assujettis à la gestion de l'offre que pour les produits dont le prix est établi en fonction du pays. Ce n'est pas la faute des détaillants, ces aspects sont indépendants de notre volonté.

[Français]

Le vice-président : Nous en sommes rendus à la fin de la première partie de notre séance. Je vous remercie d'être venus ici pour nous parler et répondre aux questions.

Je m'en voudrais de ne pas faire un commentaire sur la gestion de l'offre. Je crois que ce n'est pas seulement une question de prix mais c'est aussi une question de qualité du produit. Les gens pourraient bien défendre la qualité des produits, ceux qui produisent, en fait, sous le système de la gestion de l'offre. Tout est discutable. Je voulais juste faire le point pour les gens qui sont de ce côté.

Encore une fois, je vous remercie. Nous allons suspendre afin de recevoir notre deuxième panel.

[Traduction]

M. Wilkes : Nous vous remercions de nous avoir invités.

Le vice-président : À l'intention de ceux qui suivent nos délibérations, j'aimerais dire que le sénateur Buth vient de se joindre à nous pour la deuxième partie de notre séance.

Nous accueillons maintenant Mike Nowosad, directeur général du Conseil des 4-H du Canada, et Sue Walker, directrice, Développement et relations provinciales.

[Français]

Nous avons également Mme Johanne Ross, directrice exécutive, Agriculture in the Classroom Manitoba.

On me dit que c'est M. Nowosad avec Mme Walker qui vont faire la présentation. Les sénateurs suivront avec des questions.

[Traduction]

Monsieur Nowosad, nous vous écoutons.

Mike Nowosad, directeur général, Conseil des 4-H du Canada : Merci beaucoup, monsieur le sénateur. Nous sommes heureux d'être ici pour témoigner au nom des 4-H du Canada. Permettez-moi de vous rappeler l'histoire des 4-H.

Né au Manitoba en 1913, le mouvement s'est adressé aux jeunes de la province jusqu'en 1933. Il a ensuite répondu aux besoins de services pour les jeunes au niveau national. À l'heure actuelle, notre organisation de base compte 26 000 membres au Canada.

J'ai ici quelques statistiques. Dans l'ensemble, notre effectif diminue, et le recrutement des bénévoles est devenu difficile. L'effectif des 4-H a atteint un pic de 80 000 membres à la fin des années 1970; depuis cette époque, nous avons perdu 2 p. 100 de notre effectif. La moyenne d'âge des membres des 4-H est de 13 ans, et le principal groupe réunit les jeunes de 12 à 17 ans. Nous perdons les plus âgés, les 17 à 21 ans. Par contre, nous prenons de l'expansion dans les domaines non traditionnels, notamment auprès des Autochtones, dans les banlieues et dans le Nord. Revenons à nos statistiques. Il semble que la croissance dans la fourchette des 5 à 18 ans se fasse en milieu urbain et en banlieue, et j'y reviendrai dans un instant.

À nos débuts, nous étions une organisation agricole dont le mandat consistait à enseigner aux jeunes diverses compétences agricoles. Comme les scouts, qui doivent obtenir leurs badges, les 4-H doivent réaliser des projets. Les 10 grandes catégories de projets, en 2011, étaient les bovins, les chevaux, les produits laitiers, l'artisanat, l'autodétermination, les moutons, les nourritures, les chiens, la cuisine et la photographie.

Je vous donne quelques statistiques sur la valeur du programme des 4-H : 40 p. 100 de nos diplômés travaillent dans le secteur agricole; 82 p. 100 ont un diplôme d'études secondaires; plus de 31 p. 100 sont titulaires d'un baccalauréat; 43 p. 100 ont un revenu familial de 50 à 99 000 $, et 16 p. 100 ont un revenu familial de 100 000 $ ou plus.

Je laisse maintenant la parole à Sue Walker, qui traitera de nos programmes.

Sue Walker, directrice du développement et des relations provinciales, Conseil des 4-H du Canada : Essentiellement, l'organisation des 4-H du Canada est un ensemble de programmes de conférence, d'échanges, de bourses et de subventions, qui sont offerts aux jeunes de 16 à 21 ans.

Nous avons deux conférences. L'une est la conférence nationale, qui dure cinq jours et qui porte sur l'agriculture. Elle est organisée en divers points du Canada. Quant à notre séminaire sur la citoyenneté, il se tient à Ottawa et sensibilise les membres des 4-H à l'importance de la citoyenneté canadienne.

Nous offrons aussi des programmes d'échange. Dans le cadre de notre programme d'échanges de jeunes, des 4-H de diverses provinces se rendent dans d'autres provinces pour voir ce qui s'y fait en agriculture. Nous avons aussi un programme d'échanges internationaux, où des 4-H vont assister à la Conférence nationale des 4-H à Washington pour échanger des idées, et un programme d'échanges internationaux dans le cadre duquel des jeunes de tout le Canada font des séjours de trois à six semaines à l'étranger, pendant l'été, pour se sensibiliser aux pratiques agricoles d'un autre pays.

Nous avons des programmes de bourses parrainés par la CIBC et le Groupe financier TD, auxquels nos membres ont accès pour financer leur éducation postsecondaire, et des programmes de bourses et de subventions destinés à divers clubs et à diverses personnes au Canada. Nous avons le programme de développement de l'entreprise lié à Cultivons l'avenir, financé par AAC, le Programme des prix Sears, le Réseau des ressources nationales, également financé par AAC, le programme Jeunes orateurs canadiens pour l'agriculture, également financé par AAC, le programme de mentorat agricole, mené en partenariat avec le CCGEA, la TPRA, Jeunes agriculteurs d'élite du Canada, étalement financé par AAC. Par ailleurs, nous avons un programme de subvention Loblaws qui est offert dans tout le Canada pour financer les programmes qui encouragent une alimentation saine fondée sur les produits locaux, et le programme Cargill Victory Canola Oil, qui appuie des projets relatifs à la nutrition, à l'éducation, à la santé et à l'environnement au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta.

Nous préparons aussi un nouveau programme pour souligner notre centenaire, en 2013. C'est un programme national de conférenciers, l'une des activités par lesquelles les 4-H se sont sans doute le plus fait connaître au pays. Ce programme mettra l'accent sur les thèmes agricoles. Il s'adresse à tous nos membres et produira 10 gagnants nationaux au pays.

Un autre volet des 4-H est la Fondation canadienne des 4-H, constituée en 1969. Son capital s'élève actuellement à environ 2,5 millions de dollars. La Fondation accorde une subvention annuelle au conseil, qui gère les programmes que je viens de décrire, et tout le capital de la fondation vient de dons de particuliers et de sociétés au Canada.

M. Nowosad : Je vais maintenant vous expliquer un peu l'orientation de l'organisation. Compte tenu des statistiques, du déclin des populations rurales et du fait que nous voulons prendre de l'expansion, nous avons mis sur pied un programme intitulé Embrace the Future. Nous avons pour objectif de doubler l'effectif d'ici 2021. À cette fin, nous avons effectué des recherches pour dégager les éléments communs et les éléments propres aux conseils provinciaux des 4-H. Nous avons examiné l'information de Statistique Canada pour déterminer où les 4-H devraient faire porter leurs efforts dans les marchés urbains et en banlieue. Nous élaborons actuellement des stratégies de recrutement et de maintien à l'effectif pour les membres et les leaders des 4-H dans ces nouveaux marchés, et il s'agit de marchés aussi bien ruraux qu'urbains, et auprès des minorités visibles. Les Autochtones sont un secteur auquel nous pensons nous allier, en établissant un partenariat avec l'Association nationale des centres d'amitié.

Venons-en à quelques occasions d'éducation et de collaboration, puisque c'est la raison de notre présence ici : nous n'avons pas perdu nos racines agricoles. De fait, notre organisation considère l'alimentation comme un secteur de prédilection, car nous connaissons l'histoire de l'agriculture et des aliments. En arrivant sur de nouveaux marchés, nous sensibilisons un tout nouveau groupe de jeunes qui, effectivement, pourraient bien s'intégrer à la communauté agricole à l'avenir. Nous célébrons notre centenaire en 2013 et nous le ferons avec des activités de promotion à l'extérieur comme à l'interne, et par extérieur j'entends ces nouveaux marchés.

En août 2013, nous organisons notre première conférence internationale, Feeding a Hungry Planet. Il s'agira d'un sommet international des jeunes sur l'agriculture. Nous invitons 20 pays, dont la Chine, l'Inde, la Corée, l'Australie et l'Italie. Ce programme est financé pour l'instant grâce à un don de 340 000 $ de Behr, mais nous discutions actuellement avec Agriculture Canada pour obtenir des fonds supplémentaires.

La mobilisation des jeunes constitue notre mandat. Nous avons beaucoup progressé sur le plan des médias sociaux. Facebook, Twitter et blogues des membres des 4-H sont un moyen naturel de communiquer avec les jeunes du pays. Nous avons de plus en plus d'amis sur Facebook. Parmi nos quelque 7 000 amis, le groupe des 18 à 24 ans comprend 41 p. 100 des participants et celui des 13 à 17 ans, 20 p. 100. Twitter est un autre média où nous progressons très rapidement. Nous avons un conseil consultatif des jeunes composés de membres des 4-H de tout le pays, et ils ont accepté de bloguer pour nous.

Je ne veux rien omettre et je suis certain que les membres du comité auront de nombreuses questions. Pour ce qui est du thème d'aujourd'hui — comment nous pouvons éduquer les jeunes —, c'est ce que nous faisons depuis près de 100 ans, pour transmettre des compétences agricoles. Maintenant que nous abordons de nouveaux secteurs, la banlieue, les villes, et cetera, nous nous considérons comme un organisme privilégié pour faire connaître l'agriculture et les aliments à de nouvelles communautés. Je crois que ce faisant, nous contribuerons à l'avenir de l'agriculture au pays. Comme vous le savez tous, les agriculteurs vieillissent, et nous espérons que les jeunes sauront reconnaître toute la valeur de l'agriculture.

Sur ce, je ne sais pas si j'ai utilisé six ou sept minutes, mais je termine ici mes commentaires. Nous répondrons avec plaisir à vos questions.

Le vice-président : Merci, monsieur Nowosad. Nous avons reçu votre mémoire dans une des langues officielles et nous le diffuserons dès que la version traduite sera prête.

Johanne Ross, directrice exécutive, Agriculture in the Classroom — Manitoba : Merci de m'avoir invitée à témoigner aujourd'hui. C'est un honneur. Comme vous le savez, je suis la directrice de l'organisation Agriculture in the Classroom au Manitoba. Toutefois, je suis aussi membre du comité exécutif d'Agriculture in the Classroom Canada, que je représente ici. Je vous en parlerai un peu plus tard.

Au Manitoba, Agriculture in the Classroom est une organisation caritative sans but lucratif. Notre organisation a pour mission d'éveiller l'intérêt des jeunes envers l'agriculture. Notre public cible est formé des élèves de la maternelle jusqu'à la 12e année. Au Canada, l'agriculture n'est généralement pas inscrite aux programmes scolaires. Il incombe donc à des organisations comme Agriculture in the Classroom de tenter d'intégrer les concepts agricoles dans les programmes scolaires provinciaux, notamment les programmes de science, les études sociales, les math, et cetera. C'est bien sûr facile à faire sur le plan du contenu, car comme vous le savez ces matières élémentaires sont à la base de l'agriculture et de l'industrie agroalimentaire.

Agriculture in the Classroom a pour but non pas de promouvoir l'industrie, mais plutôt de communiquer de l'information positive et concrète aux enseignants et aux élèves pour les aider à comprendre l'agriculture et son importance dans la vie quotidienne.

Nous tenons à respecter strictement nos principes pour ce qui est de diffuser une information exacte, équilibrée et à jour. C'est bien sûr ce qui assure notre crédibilité dans la classe.

Agriculture in the Classroom s'adresse à un public vraiment très diversifié. Il y a évidemment les élèves et les enseignants, mais nous devons aussi encourager nos partenaires du secteur. Ces partenaires nous appuient et ils participent activement à nos efforts pour faire connaître la diversité et le potentiel d'innovation de l'agriculture. Nous croyons que les activités menées en collaboration avec nos partenaires sont essentielles à l'avenir de l'agriculture et du secteur agroalimentaire. Dans un monde où la population ne cesse de croître, où il y a de plus en plus de bouches à nourrir, il nous faudra absolument de jeunes talents pour assumer les fonctions clés dans le domaine de la production alimentaire. Il n'a jamais été aussi important qu'aujourd'hui de faire connaître aux jeunes l'agriculture et les enjeux agricoles.

La tâche d'éduquer les jeunes au sujet de l'agriculture est essentielle à bien des égards. Les jeunes Canadiens de la génération actuelle ne font pas le lien entre les exploitations agricoles et la nourriture qui arrive sur leur table. Agriculture in the Classroom aide les élèves non seulement à comprendre d'où viennent les aliments, mais aussi comment elle parvient jusqu'à eux et quels sont les processus qui interviennent.

Nous parlons des nombreux produits non alimentaires qui nous viennent du secteur agricole et nous soulignons le rôle crucial du Canada lorsqu'il s'agit de nourrir la population mondiale. Nous aidons les jeunes à comprendre que l'agriculture est partout, en permanence. Il ne s'agit pas seulement des aliments qu'ils consomment : sans agriculture, il n'y aurait ni peinture sur les murs ni couvre-sol. À l'heure actuelle, les jeunes Canadiens sont intéressés et confiants, ils aiment faire leurs propres choix, et c'est très positif. C'est une excellente qualité. Les jeunes s'intéressent beaucoup à la sécurité alimentaire, à la durabilité et à l'environnement dans le monde. Leurs idéaux reflètent nombre de ceux qui nous intéressent dans le secteur agricole, par exemple, nourrir la population mondiale, bien gérer les terres, assurer le bien-être animal, et cetera. Il est temps de mobiliser les jeunes.

J'ai parlé précédemment des liens qu'il faut établir avec les programmes et de la nécessité d'intégrer l'agriculture dans les matières de base. C'est un important facteur de réussite pour Agriculture in the Classroom. Outre que nous produisons du matériel destiné aux enseignants, nous considérons comme fortement prioritaire de créer des expériences agricoles liées aux programmes. Nous croyons que la meilleure façon d'intervenir est de permettre aux élèves et aux enseignants de faire directement l'expérience de l'agriculture grâce à diverses activités d'information originales. Ce genre d'interventions s'est avéré important pour nous et a donné aux élèves une expérience directe du secteur, en les mettant en contact avec des gens qui vivent de l'agriculture.

Nous offrons toutes sortes d'occasions à l'école, pour permettre aux élèves de tous les niveaux d'interagir avec des agriculteurs et des gens de l'industrie, essentiellement pour personnaliser la relation avec l'agriculture et présenter l'éventail des carrières agricoles. La réussite de notre programme de petit-déjeuner à l'école, au Manitoba, est une excellente illustration. Nous visitons des écoles partout au Manitoba et à la fin de l'année scolaire 2012 nous aurons rejoint plus de 10 000 élèves. Ce programme comprend trois volets intrinsèques. Les élèves consomment des aliments produits au Manitoba; nous leur présentons des agricultures et des représentants de l'industrie qui leur expliquent d'où viennent ces aliments; nous fournissons du matériel didactique qui aide l'enseignant à faire un lien entre tous ces aspects.

Je pourrais parler longtemps de nos programmes de sensibilisation, mais bien sûr le temps nous est compté. Ces programmes sont ceux qui ont l'effet le plus marqué.

En tant qu'industrie, nous devons réussir à éveiller la curiosité et l'intérêt des jeunes à l'égard de l'agriculture. À l'heure actuelle, ce n'est pas un secteur prioritaire pour les conseillers en orientation du pays. Ce n'est pas que les écoles n'appuient pas l'agriculture, mais plutôt parce qu'elles n'ont pas toujours l'information et les ressources voulues pour le faire.

Honnêtement, les anciens préjugés existent encore. L'agriculture, c'est la ferme, et si vous n'êtes pas né sur une ferme, vous ne pouvez pas espérer y faire carrière. Nous savons tous, ici, que cela est faux, mais le stéréotype a la vie dure. Notre mission est ambitieuse et comporte des défis.

Vous avez peut-être entendu parler d'un site Web troublant qui connaît une vive popularité : c'est un site réalisé par Yahoo et qui mentionne les 10 diplômes les moins utiles aux États-Unis. Parmi les cinq premiers, il y en a trois en agriculture. Le diplôme le moins utile au niveau du baccalauréat est celui des sciences agricoles. Voici ce que Yahoo en dit :

[...] si votre idée du bonheur est une journée où vous vous levez avec le soleil pour travailler jusqu'à son coucher pour gérer une exploitation agricole, un diplôme en agriculture pourrait vous convenir.

Cela illustre bien la nécessité de collaborer pour produire en matière d'agriculture du matériel didactique et des programmes qui diffusent une information exacte, équilibrée et à jour. Si le secteur n'assume pas le leadership pour faire connaître les occasions qui s'offrent, la croissance et l'innovation et tout ce qui se passe d'excitant dans l'industrie, personne ne le fera. De fait, de nombreuses organisations font exactement le contraire — elles diffusent des faussetés au sujet de notre secteur.

Agriculture in the Classroom œuvre dans tout le Canada. Nous menons nos activités au niveau provincial, et nos structures sont différentes. Actuellement, un cadre d'Agriculture in the Classroom Canada est en cours d'élaboration, et un comité directeur se penchera sur cette question au cours des 18 prochains mois. Nous avons l'intention de lancer Agriculture in the Classroom Canada en 2014 dans toutes les provinces et tous les territoires participants. L'existence d'un organisme national nous aiderait à encourager les groupes et les organisations du pays ainsi qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada à collaborer à cette mission importante, et j'ai déjà eu quelques brèves discussions avec le ministre Ritz à ce sujet. Je crois qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada pourrait nous accorder un solide appui.

Pour terminer, vous vous dites sans doute que l'éducation est une priorité et une responsabilité des provinces, et vous avez raison. Je crois toutefois que l'éducation en agriculture est notre mandat particulier. Il incombe à chacun d'entre nous de s'engager dans le secteur agricole et alimentaire. Si nous voulons que l'information soit exacte et équilibrée, nous devons y veiller. Nous tous, ici, comprenons l'importance du secteur agricole et agroalimentaire et nous sommes conscients de ses perspectives extraordinaires. Nous devons collaborer pour faire connaître notre point de vue aux jeunes Canadiens. Au cours des 20 ou 30 prochaines années, nous devrons embaucher et recruter pour combler des postes qui n'existent pas encore, car nous avons un grand défi devant nous, nourrir la population mondiale.

La capacité d'innovation de l'agriculture est infinie. Toutefois, la capacité des jeunes de s'intégrer au secteur ne l'est pas. Il faut commencer dès aujourd'hui à les sensibiliser et à les éduquer. Il faut le faire de façon dynamique, positive et concertée.

Je vous remercie de votre attention et je participerai avec plaisir à la discussion, monsieur le président.

Le vice-président : Madame Ross, vous pourrez poursuivre votre exposé en répondant aux questions qui vous seront adressées. Je vous remercie.

Je donne la parole aux sénateurs dans l'ordre où ils l'ont demandé.

Le sénateur Plett : Merci beaucoup de ces exposés. J'ai une véritable passion pour l'agriculture, mais je n'ai jamais cultivé moi-même la terre. J'ai fait carrière pendant 35 ans dans le secteur de la plomberie et du chauffage, mais en région agricole. Je respecte certainement ce que vous faites.

Je commencerai par une question au sujet des 4-H. Est-ce que le déclin de votre effectif est lié à la taille et au type des exploitations agricoles que nous avons aujourd'hui? Les fermes sont beaucoup plus grandes; leur gestion tient plus de la gestion d'entreprise aujourd'hui qu'en 1913. C'est à cette époque que les 4-H sont nés, n'est-ce pas?

M. Nowosad : Oui.

Le sénateur Plett : Est-ce qu'il y a un lien entre cette réalité et le déclin des 4-H?

Mme Walker : Il y a certainement une corrélation. L'autre cause que nous constatons, c'est que les jeunes ne restent plus à la ferme familiale. Ils partent pour la ville et ils restent en ville. Nos membres les plus âgés nous disent que l'exploitation familiale est trop chère; ils n'ont pas les moyens de l'acheter de leurs parents. Il n'y a pas suffisamment de programmes subventionnaires pour leur permettre de faire un tel choix. Ils croient simplement qu'il n'y a pas beaucoup de soutien et que ce n'est pas une option viable pour eux. Ceux qui se lancent dans l'aventure finissent par établir un partenariat avec d'autres exploitations, par les absorber et fusionner les champs. Cela semble donner de bons résultats pour eux, mais nos membres les plus âgés ne considèrent pas que c'est une option viable.

Quant au déclin des 4-H, les gens s'installent de plus en plus en banlieue et dans les centres urbains, et c'est pourquoi nous concentrons nos efforts de recrutement dans ces milieux, en ce début de siècle. C'est là que nous voyons vraiment l'utilité d'informer les jeunes au sujet de l'agriculture qui produit leurs aliments. Nous avons déjà mené quelques initiatives en ville et en banlieue, et on nous dit que certains jeunes croient que la viande vient de chez Loblaws. Ils ne comprennent pas que c'est la vache qui donne la viande. Nous avons pour mandat, dans ces milieux, d'enseigner l'agriculture, d'enseigner d'où vient la nourriture.

Le sénateur Plett : Évidemment, une exploitation céréalière couvre aujourd'hui 15 000 acres sur lesquelles nous aurions trouvé au moins 15 fermes il y a 20 ans.

Mme Walker : C'est bien vrai.

M. Nowosad : Une partie du problème est que les 4-H sont nés à la fin des années 1800 aux États-Unis, à une époque où les nouvelles méthodes agricoles se multipliaient et que les agriculteurs refusaient de s'y initier parce qu'ils disaient savoir comment cultiver la terre. Notre objectif est d'enseigner aux jeunes les nouvelles méthodes de culture. Il faut éduquer les parents, parce que ce sont les parents qui n'encouragent pas les jeunes à adopter certaines pratiques. Comme le disait Mme Walker, nous voulons intervenir dans de nouveaux milieux où les préjugés sont peut-être moins enracinés.

Le sénateur Plett : Vous avez dit que les 4-H ne voulaient pas s'éloigner de leurs racines agricoles et vous avez mentionné certains secteurs qui vous intéressent. Vous avez entre autres parlé de la communauté autochtone. Évidemment, de nombreux autochtones cultivent la terre, mais on ne les associe généralement pas à cette activité.

En mettant l'accent sur la communauté autochtone, est-ce que vous ne vous éloignez pas de vos racines agricoles? Expliquez-nous cela?

M. Nowosad : Pas nécessairement. Prenons le Manitoba comme exemple. Le Conseil des 4-H du Manitoba a été prié de faire un exposé sur les 4-H dans une communauté qui vit dans une réserve. On attendait 20 ou 30 personnes, et je crois que plus de 150 sont venues, dont des parents et des grands-parents.

Pour ce qui est de l'engagement auprès des collectivités autochtones, nous travaillons depuis quelque temps en partenariat avec l'Association nationale des centres d'amitié, une organisation principalement urbaine. Nous avons ainsi l'occasion de sensibiliser les membres de cette association aux perspectives qu'offre l'agriculture. En milieu urbain, nous ciblons les populations immigrantes et non immigrantes ainsi que la communauté autochtone.

Le sénateur Plett : Madame Ross, quels sont les secteurs qui appuient votre organisation? Vous avez dit que l'éducation est essentiellement une compétence provinciale au Canada, et je reconnais que ce n'est peut-être pas le cas de l'agriculture.

Quels sont les secteurs qui appuient votre organisation et quelle aide attendez-vous du gouvernement fédéral?

Mme Ross : Pour ce qui est de nos appuis actuels, j'ai dit que neuf provinces participaient aux activités d'Agriculture in the Classroom. Nos structures sont distinctes dans chacune de ces provinces. Au Manitoba, en Saskatchewan, en Colombie-Britannique et en Ontario, nos organisations sont toutes sans but lucratif. Dans les autres provinces, elles sont financées par les ministères provinciaux. Les organisations sans but lucratif ont l'appui d'un large éventail de bailleurs de fonds, et le Manitoba se montre particulièrement innovateur en ce qui concerne le soutien. Nous comptons plus de 450 membres dans l'ensemble du secteur. Nous avons des entreprises basées sur les sciences de la vie, des banques, des entreprises céréalières, des groupes de produits, des agriculteurs et des particuliers. C'est un très large éventail, et j'en suis fière parce que le secteur est très bien représenté au sein de notre conseil d'administration. Qui nous appuie? N'importe qui peut devenir membre de notre organisation.

Quant à ce que nous attendons d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, c'est très simple. Nous venons de terminer notre semaine annuelle de rencontres à Winnipeg. Nous définissons actuellement un cadre national et nous y travaillerons avec ardeur au cours des 18 prochains mois, comme je l'ai dit.

À court terme, selon moi, nous voudrions que le gouvernement fédéral nous aide à mettre cette organisation sur pied. Cela serait très important, parce que c'est un peu comme l'œuf et la poule. Il nous faut des fonds pour créer la structure, mais une fois créée, elle a besoin d'un financement viable. Je crois qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada pourrait être un partenaire qui nous aiderait sur les plans de l'orientation, des priorités, et cetera.

À court terme, ce serait bien qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada appuie la définition initiale de l'organisation. Nous avons des gens qui sont prêts à le faire, mais nous travaillons tous si fort dans nos provinces qu'il est difficile de trouver le temps de faire avancer ce projet.

Le sénateur Plett : Monsieur le président, il est toujours agréable de constater que le Manitoba est un leader.

Mme Ross : En effet.

[Français]

Le sénateur Maltais : Je vais m'attarder au club 4-H.

Je suis un ancien 4-H qui a œuvré pendant une vingtaine d'années au Québec. Je ne sais pas si les devises sont toujours les mêmes. Dans mon temps c'était : honneur, honnêteté, habilité et humanité.

Je m'aperçois que les 4-H ont pris le virage du XXIe siècle car à l'époque, au Québec et en Colombie-Britannique, le mouvement était axé sur la forêt, la faune et la flore. La première nécessité, c'était de former de bons citoyens, respectueux de la nature, de la faune et de la flore tandis que chez vous, au départ, je crois que c'était de regrouper des jeunes et leur donner un sens agricole le plus développé possible, tout en faisant d'eux de bons citoyens.

Votre première mission est quelque peu éducative et j'aimerais vous entendre à ce sujet.

[Traduction]

M. Nowosad : Pour ce qui est de l'éducation des membres des 4-H, Mme Walker a décrit quelques-uns de nos programmes. Au niveau de la base, nous offrons plus de 200 projets aux membres des 4-H, et ces projets touchent à peu près tous les aspects de l'agriculture : alimentation, moutons, bovins, produits laitiers, et cetera. Nous offrons encore des programmes de développement des compétences, pour que les jeunes puissent s'initier tant l'agriculture qu'à d'autres activités qui les intéressent. Vous devez offrir des activités qui intéressent les jeunes. Seulement la moitié de nos programmes portent sur l'agriculture. Au bout du compte, il ne faut pas se limiter à la sensibilisation en matière d'agriculture, il faut aussi développer les compétences et le leadership.

C'est au niveau des programmes nationaux que l'éducation entre en jeu et complète ce qui se fait au niveau local. Mme Walker a mentionné le programme de mentorat en agriculture. Ce programme en est à sa deuxième année d'existence. Il offre aux jeunes l'occasion de vivre et de travailler pendant six ou huit mois dans une exploitation agricole au Canada et de s'initier à l'agriculture. Pendant la première année, le programme a été offert aux membres les plus âgés, mais cette année nous organisons un pilote à l'intention des jeunes de 12 à 16 ans. La durée en est plus limitée. Si un jeune de 12, 13 ou 14 ans croit qu'il aimerait faire carrière en agriculture, c'est une bonne façon de le vérifier et d'établir des contacts.

Nous parlons aussi du programme de la Banque de Montréal, un programme qui distribue des subventions pour la réalisation d'initiatives en milieu urbain. J'ai un excellent exemple à vous proposer : à Kingston, en Ontario, nous avons créé un partenariat avec le Club des garçons et filles de Kingston. Les jeunes cherchaient des programmes pour ce club, et nous cherchions de nouveaux membres et de nouveaux marchés. Notre premier projet portait sur les aliments. Comme l'a dit Mme Ross, en milieu urbain bien des enfants ne savent pas ce qu'est l'agriculture, alors le programme a non seulement connu un vif succès dès sa première année, mais il a attiré deux fois plus de participants pour la deuxième année.

C'est ce genre d'activités de sensibilisation que nous tentons d'offrir. En milieu urbain, nous reconnaissons que les jeunes connaissent mal l'agriculture, alors les quatre thèmes fondamentaux des nouveaux programmes que nous offrirons comprennent le leadership et les communications. Un des thèmes les plus importants est celui de l'agriculture durable. Je crois que cela répond à votre question, monsieur?

Le sénateur Buth : Ma question s'adresse à Mme Ross. Je m'étonne que l'agriculture ne soit au programme dans aucune province.

Mme Ross : C'est vrai. C'est parfaitement scandaleux. Il y a 12 ans, quand j'ai commencé, je ne le croyais pas non plus. C'est criminel, selon nous, mais c'est la réalité. Je vous donne un exemple. Nous avons offert pendant trois ans un programme appelé Teacher Learning Adventure. Nous faisions venir des enseignants pendant une semaine, l'été, pour qu'ils se familiarisent avec l'agriculture. Nous les avons emmenés visiter des exploitations agricoles et des installations industrielles; ils étaient plongés dans le milieu. Nous avons pu offrir ce programme par l'entremise des services d'éducation permanente de l'Université du Manitoba. C'était un cours de trois crédits au niveau des études supérieures. Nous avons connu un succès extraordinaire et nous avions une liste d'attente. Tout à coup, après la troisième année, la doyenne de l'éducation permanente m'a appelée et elle m'a dit que les trois crédits ne seraient plus offerts. Je lui ai demandé pourquoi et elle m'a répondu que c'était parce que l'agriculture n'était pas un domaine d'étude.

Évidemment, ces mots nous heurtent, mais c'est la réalité. C'est un défi, parce que l'agriculture ne fait pas partie du programme de base. Je suis retournée rencontrer cette doyenne en compagnie du doyen de la faculté des sciences agricoles et alimentaires, mais nous n'avons pas réussi à rétablir ces crédits. C'est le genre de difficultés que nous rencontrons. Il n'y a aucune province où l'agriculture est inscrite au programme. Il existe un cours facultatif en 11e année, mais il n'y a pas toujours un enseignant en mesure de l'offrir.

Le sénateur Buth : Comment peut-on faire inscrire cette matière au programme?

Mme Ross : Tout le matériel que nous produisons est en lien avec les résultats escomptés du programme. Par exemple, si nous produisons une ressource sur les sols au niveau de la septième année, nous pouvons l'intégrer à l'ensemble d'activités consacré aux sols dans le programme des sciences de la septième année. Comme je l'ai dit, cela ne présente aucune difficulté, parce que l'agriculture s'inscrit dans pratiquement toutes les matières. Pour chaque programme et ressource que nous produisons, même s'il s'agit d'une simple excursion, nous définissons des résultats de programme pour l'enseignant, qui peut ensuite retourner en classe et poursuivre l'apprentissage dans les unités qu'il doit enseigner. De nombreux enseignants aimeraient bien parler d'agriculture en classe, mais ils n'ont pas le temps. Le programme provincial est obligatoire; il faut obtenir un certain nombre de résultats. C'est un fait, ils n'ont pas le temps, alors nous devons intégrer la matière dans le programme existant. Nous pouvons le faire, et c'est pourquoi nous connaissons un certain succès.

Le sénateur Buth : Monsieur Nowosad, je vous pose la question que le sénateur Plett a présentée à Agriculture in the Classroom. Si vous aviez une recommandation à adresser à Agriculture et Agroalimentaire Canada pour appuyer vos activités, qu'est-ce que cela serait?

M. Nowosad : Agriculture et Agroalimentaire Canada est un ami des 4-H. Il nous finance depuis 1933. Nous comptons sur Agriculture Canada et Patrimoine canadien pour nous fournir environ 30 p. 100 de notre financement fédéral. Si j'avais une recommandation à adresser au ministère de l'Agriculture, ce serait de bonifier notre financement pour que nous puissions progresser dans les centres urbains, assurer la croissance de notre programme et aider nos partenaires provinciaux, parce que dans certains cas le financement provincial fait défaut. Je sais qu'il ne faut pas confondre financement provincial et financement national, mais grâce au financement que nous recevons du ministère de l'Agriculture nous pouvons distribuer des fonds. Nous encourageons ainsi les provinces qui ont besoin d'aide.

Mon ambition pour les 4-H dans les centres urbains est d'arriver un jour à offrir sur notre site Web de l'information en 10, 12, 13 ou 14 langues distinctes, pour pouvoir rejoindre de nouvelles générations et cibler de nouveaux segments.

Le sénateur Merchant : Vous avez dit que vous existiez depuis 13 ans?

Mme Ross : Depuis douze ans au Manitoba.

Le sénateur Merchant : Si vous voulez que l'agriculture figure au programme, j'imagine que vous devriez en parler avec le conseil scolaire. Vous devriez présenter certaines preuves en ce qui concerne les résultats. Est-ce que vous compilez des données? Comment pouvez-vous élargir vos activités?

Mme Ross : Les mesures sont extrêmement importantes. Nous procédons à des évaluons et nous recueillons une rétroaction auprès des enseignants et des élèves qui participent à nos programmes. Il est toutefois difficile de mesurer la bonne volonté, de mesurer des résultats qui se manifesteront avec la prochaine génération qui, nous l'espérons, s'intéressera de plus près à l'agriculture et envisagera d'y faire carrière. Tout cela est très difficile à mesurer. Sur le plan des programmes, vous nous demandez si nous devons faire du lobbying auprès des conseils scolaires. C'est auprès du gouvernement provincial qu'il faut faire du lobbying, mais nous travaillons très fort. Je dois corriger un point : j'ai dit 12 ans, mais c'est la durée de mon engagement au sein du programme. Agriculture in the Classroom existe au Manitoba depuis le début des années 1980, mais personne n'y avait jamais travaillé à temps plein avant que l'on m'embauche, il y a 12 ans.

Pour en revenir à notre propos, depuis 12 ans nous entretenons d'excellentes relations avec le ministère provincial de l'Éducation et nous travaillons en étroite collaboration avec les consultants des programmes provinciaux. Ils sont conscients de notre existence et ils se tournent vers nous. Pour mettre au point un programme de sciences pancanadien pour la sixième année, par exemple, ils nous font participer au processus et ils nous demandent si nous avons des ressources liées à certains des résultats qui pourraient être intégrées au programme obligatoire. C'est très bien pour nous, parce que c'est la première fois que nous sommes consultés dans le cadre de l'élaboration de programme. C'est un petit pas en avant, mais en ce qui concerne nos efforts de lobbying au niveau provincial, c'est ce qu'il faut faire, et chaque année, nous leur parlons de cela.

Le sénateur Merchant : Je m'adresse à nos deux autres témoins. Je n'ai pas de question précise à poser, mais je dois dire que je suis très impressionnée par votre mandat, car vous avez une vision du monde. Vous essayez de sensibiliser les jeunes à ce qui se passe au-delà de nos frontières. Avez-vous des programmes d'échange, pour envoyer les jeunes dans des pays pauvres d'Afrique, au Bangladesh ou ailleurs, par exemple? Avez-vous un programme d'échanges? Est- ce que vos clubs œuvrent dans certains secteurs pour pouvoir faire venir des jeunes de ces pays et envoyer certains de vos membres là-bas?

M. Nowosad : Ma collègue et moi-même allons tous deux vous en parler. Je crois que Mme Walker traitera des échanges, puis je répondrai à votre commentaire au sujet de l'activité internationale des 4-H.

Mme Walker : C'est la première année où nous organisons des échanges internationaux. Nous avons surtout travaillé au Royaume-Uni jusqu'à l'an dernier. Nous élargissons maintenant le programme. De fait, c'était non seulement une exigence pour le financement de ce programme, mais aussi une demande présentée par les jeunes du Canada. Ils voulaient aller dans les pays en développement pour voir quels sont les défis et qu'est-ce qui se fait en matière d'agriculture dans ces pays. Nous avons pu élargir notre programme. La demande est forte, et nous pourrions sans doute organiser des échanges avec 15 ou 20 pays distincts. Nous avons une liste d'attente de membres des 4-H qui veulent aller à l'étranger. Nous avons beaucoup de chance de pouvoir offrir cette expérience à nos membres. À leur retour, ils présentent un résumé de ce qu'ils ont appris, ils le présentent à leur club et nous le diffusons dans tout le pays.

M. Nowosad : À l'échelle mondiale, les 4-H sont présents dans plus de 80 pays. Il y a environ un an, le programme 4-H aux États-Unis a convoqué une réunion avec des représentants des 4-H de toutes les régions du monde. Nous nous préparons actuellement à établir un réseau mondial des 4-H.

Nos amis des États-Unis ont obtenu des sommes considérables de la fondation Gates et de la fondation Clinton pour élargir le programme et créer une organisation. Un de leurs premiers projets porte sur l'agriculture durable au Ghana. Nous considérons que c'est une très bonne façon de relier nos organisations.

Je dois dire que lorsqu'on travaille pour l'organisation, on constate que le monde est bien petit. Nous avons très hâte de porter au niveau mondial le programme des 4-H.

Le sénateur Mahovlich : Ma question s'apparente à celle du sénateur Merchant. Est-ce qu'aucun autre pays au monde n'a de programme en agriculture? L'Europe existe depuis longtemps. Quand je vais en France et que je voyage dans ce pays, j'y vois de belles exploitations agricoles. On pratique l'agriculture depuis des siècles là-bas. Est-ce que les Français n'ont pas de programme pour les jeunes?

Mme Ross : Je ne sais pas ce qui se fait en l'Europe, mais aux États-Unis, il y a un excellent programme d'agriculture. De fait, il y a un diplôme en éducation dans le domaine de l'agriculture. Ils sont à ce point avancés.

Le sénateur Mahovlich : Dans quelle université ce programme est-il offert?

Mme Ross : Il est offert partout aux États-Unis.

Le sénateur Mahovlich : À Harvard?

Mme Ross : Peut-être. Je ne sais pas quelles universités précisément offrent ce diplôme. C'est un programme pour les étudiants américains. L'agriculture figure dans la plupart des niveaux. Il y a deux ou trois autres choses très dynamiques en matière d'agriculture, par exemple le programme Future Farmers of America, dans les écoles. Ce n'est pas une activité de l'extérieur. C'est un club qui fait partie du programme, et c'est une autre activité qui se rapporte à l'agriculture.

Le sénateur Mahovlich : Avec la population mondiale qui continue de croître, l'agriculture prendra encore beaucoup plus d'importance, n'est-ce pas?

M. Nowosad : C'est parfaitement vrai.

Le sénateur Mahovlich : Êtes-vous déjà allé en Inde?

M. Nowosad : Pas encore.

Le sénateur Mahovlich : C'est là qu'est la préoccupation, parce que la croissance démographique là-bas se poursuit à un rythme terrifiant.

M. Nowosad : Je crois que le Canada a joué et continuera de jouer un rôle de premier plan pour nourrir la population mondiale. Je crois que c'est un de nos mandats, dans le domaine de l'éducation.

Revenons à votre question initiale, qui portait sur le programme. Dans deux provinces canadiennes, l'Alberta et l'Ontario, les conseils provinciaux des 4-H collaborent avec les conseils scolaires provinciaux pour accorder un crédit aux élèves qui terminent le programme des 4-H. Nous essayons de faire des progrès dans cette direction, et le fait d'offrir offrant ce crédit, je crois, élargirait les horizons des jeunes qui ignorent tout de l'agriculture.

Parallèlement, nous avons modifié notre fourchette d'âge. Nous avons porté l'âge maximum à 25 ans. Autrefois, il était de 21 ans. Pour les plus vieux, les 18 à 25 ans, nous préparons actuellement des programmes au niveau universitaire. Ces programmes feraient connaître les 4-H et l'agriculture. À l'Université du Manitoba, par exemple, il y a le Club Stockman, qui est un club où l'on apprend comment être juge. Ce sont de petits pas, monsieur le sénateur, mais nous progressons.

Le sénateur Mahovlich : Il me semble qu'il y aurait une demande d'enseignants en Chine, si ce diplôme était offert.

M. Nowosad : Certainement.

Mme Ross : J'ai un commentaire à ajouter à ce sujet. Je crois que nous devons être prudents et ne pas accorder trop d'importance au fait que l'agriculture ne soit pas inscrite au programme. L'agriculture est axée sur les sciences, et il faudra faire preuve d'innovation pour arriver à nourrir la population mondiale. C'est sur ce point que nous devons attirer l'attention des élèves; ils peuvent choisir de faire carrière en agriculture à titre de chercheurs, de scientifiques, de spécialistes du marketing ou d'avocats.

Sénateur Plett, vous avez dit que vous aviez fait carrière dans la plomberie. Je mets au défi les étudiants du secondaire de nommer une carrière qui n'ait aucun lien avec l'agriculture. Nous avons besoin de plombiers, en agriculture.

Il nous faut travailler au niveau du programme et intégrer ces concepts, intéresser les jeunes à notre secteur. C'est là qu'il faut commencer.

Le sénateur Mahovlich : Plusieurs de nos joueurs de hockey venaient du monde agricole.

Mme Ross : Tous mes garçons ont joué au hockey et ils sont aujourd'hui agriculteurs.

Le sénateur Plett : J'ai une question au sujet du financement des 4-H. Le sénateur Buth a un peu exploré ce sujet, mais allons plus loin. Vous avez bien dit que 33 p. 100 de votre financement venait du gouvernement fédéral?

M. Nowosad : C'est à peu près cela, oui.

Le sénateur Plett : Y a-t-il des frais pour être membre des 4-H? Quand j'étais jeune, je n'étais pas membre des 4-H, mais nombre de mes amis l'étaient. Je sais que deux ou trois de mes copains voulaient acheter un veau et l'élever pour le vendre aux enchères. Bien sûr ils auraient obtenu des rubans en fonction de la somme recueillie.

Qu'est-ce qu'il en coûte d'être membre des 4-H? Est-ce que l'autre partie de votre financement vient des frais ainsi recueillis?

M. Nowosad : Nous avons exactement la personne qu'il vous faut pour répondre à cette question, et ce n'est pas moi. C'est mon honorable collègue, la directrice du développement.

Mme Walker : Oui, les membres des 4-H doivent payer des frais qui varient selon la province. Certains clubs sont subventionnés par le gouvernement provincial, si le gouvernement s'y intéresse.

Quant au bureau national des 4-H, l'autre partie de son financement vient des dons de sociétés canadiennes et de particuliers. Nous avons beaucoup de chance, nous avons l'appui d'un grand nombre d'entreprises du secteur agricole au Canada, et aussi celui d'institutions financières. J'en ai mentionné quelques-uns : Sears, Loblaws et Cargill, toutes ces entreprises veulent nous aider à remplir notre mandat. Elles ont foi dans ce que nous faisons et elles en reconnaissent la nécessité.

Nous avons aussi de la chance parce que l'an dernier Syngenta était le principal commanditaire de notre conférence nationale, dont le thème était les sciences, l'innovation et la technologie dans le domaine agricole. Des jeunes ont eu l'occasion de conduire des tracteurs munis de GPS dans le stationnement du concessionnaire John Deere. Ils ont aussi visité un laboratoire de biodiversité à l'Université de Guelph. Il y a tout un éventail de soutien pour tous nos programmes nationaux, mais l'essentiel de notre financement nous vient des dons de sociétés et de particuliers.

Le sénateur Plett : Des témoins nous ont dit que l'agriculture n'était pas attrayante. Comment pouvons-nous la rendre attrayante? Vous venez de parler de GPS. Autrefois, vous aviez une fourche et une charrue derrière votre tracteur, mais aujourd'hui l'équipement est sensationnel. J'aimerais bien conduire certaines des grosses machines d'aujourd'hui, et je ne suis pas le seul, j'en suis certain. Comment pouvons-nous rendre ce secteur plus intéressant?

Mme Ross : L'agriculture est attrayante, et il faut commencer à le dire tout haut. C'est en partie notre faute : nous sommes trop humbles, dans ce secteur. Nous ne faisons pas connaître nos bons coups. Nous ne réfutons pas les commentaires négatifs, il nous faut du temps pour réagir. Il nous faut commencer à parler de notre secteur et à dire à quel point il est passionnant.

Je crois que nous devons aussi établir des liens avec les élèves. Quand j'ai parlé de notre apprentissage fondé sur l'expérience, c'était en lien avec les programmes scolaires, mais il faut les amener sur place, leur en parler, leur faire connaître des gens. Et ce ne sont pas que les agriculteurs qui sont importants, il fut aussi qu'ils rencontrent des membres de l'industrie et qu'ils les écoutent expliquer pourquoi ils adorent ce qu'ils font, pourquoi ils ont choisi le secteur agricole et qu'ils gagnent bien leur vie.

Comme vous l'avez dit, les élèves voient la fourche et la balle de foin. Je connais bien des membres de l'industrie qui font beaucoup plus que cela. Il faut que ces personnes viennent parler aux jeunes. C'est ainsi que nous établissons notre programme, maintenant, en tissant des liens personnels.

Le sénateur Buth : Je crois que je vais laisser le sénateur Plett avoir le dernier mot, parce que, selon moi, il a posé la meilleure question au sujet de ce qui rend l'agriculture intéressante. Merci beaucoup.

Le vice-président : Avant de clore la séance, j'aimerais parler un peu de l'agriculture en milieu urbain. J'ai vu un reportage en fin de semaine, à La semaine verte, qui parlait d'utiliser les toits de façon innovatrice. Est-ce que l'on parle aux jeunes de ce genre de choses?

Mme Walker : L'une de nos activités en milieu urbain est financée par RBC. Nous avons formé un partenariat avec le Club des garçons et filles précisément dans ce but. J'aimerais aussi mentionner nos collègues de la Saskatchewan qui font pousser des légumes et des céréales sur les toits de l'hôtel Hyatt. Ils enseignent aux enfants des centres-villes à cultiver des plantes — bon nombre d'entre eux ignorent comment les plantes poussent — ainsi que l'importance de l'agriculture. Nous avons aussi établi un partenariat à Toronto, avec la ferme Riverside. C'est un projet de jardin urbain mené en collaboration avec la communauté libanaise et d'autres groupes d'immigrants pour faire connaître l'importance de l'agriculture, les techniques de culture, les particularités du Canada et les diverses plantes que nous cultivons. Tous ces aspects nous intéressent. Nous n'abandonnons pas nos racines rurales, nous amenons l'agriculture avec nous dans les banlieues et dans les villes. Ce sont certains des secteurs dans lesquels nous nous concentrons.

M. Nowosad : Nous n'abandonnons pas le Canada rural. L'un des plus beaux clubs 4-H que je connaisse — et c'est le plus grand au Canada — se trouve à St. John's, Terre-Neuve, en pleine ville. C'est un club laitier. Une ferme laitière située juste à l'extérieur de St. John's prête les veaux aux enfants, et les enfants les gardent dans leurs cours, en pleine ville. Pour moi, c'est cela, amener l'agriculture en ville. Il y a beaucoup d'innovation. Il ne faut jamais dire non, il faut se demander quelles sont les possibilités.

Mme Ross : Je voulais aussi parler un peu du jardinage. Je crois sincèrement que le jardinage présente de belles occasions, actuellement, pour le secteur de l'agriculture, le jardinage en classe. De nombreux résultats de programme peuvent être obtenus grâce au jardinage. Nous avons instauré un programme scolaire en Saskatchewan, que nous avons lancé aussi au Manitoba, qui s'appelle Little Green Thumbs. Les enseignants entretiennent des jardins qui couvrent environ la moitié de cette table dans la classe. Cette activité transforme l'école non seulement en ce qui a trait aux plans de leçon et aux liens, mais aussi au niveau émotif, cela transforme les résultats que les élèves obtiennent. C'est une excellente façon d'aborder les cultures vivrières. Nous faisons ensuite venir des agriculteurs qui expliquent exactement en quoi consiste leur profession : ils font pousser des plantes pour nourrir la population du monde. Là encore, nous établissons un lien entre ce qui se trouve sous nos yeux, ce qui est personnel, et l'industrie. C'est une initiative très réussie et une excellente occasion que nous nous efforçons d'exploiter.

Le vice-président : Je remercie tous nos témoins de ces exposés passionnants. Il y a encore beaucoup de travail à faire, s'il vous plaît, continuez votre excellent travail auprès des jeunes.

Sur ce, je déclare que la séance est levée.

(La séance est levée.)


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