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AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule 25 -Témoignages du 30 octobre 2012


OTTAWA, le mardi 30 octobre 2012

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui, à 17 h 17 pour examiner, en vue d'en faire rapport, les efforts de recherche et d'innovation dans le secteur agricole. Les sujets abordés sont l'innovation dans le système agricole et agroalimentaire de la perspective des producteurs agricoles et la coordination du financement fédéral-provincial et du secteur privé en agriculture et en agroalimentaire.

Le sénateur Percy Mockler (président) assure la présidence.

[Traduction]

Le président : Chers collègues, en qualité de président du comité, j'aimerais remercier les témoins d'avoir accepté de venir aujourd'hui, nous faire part de leurs commentaires, de leurs recommandations et de leur vision sur l'avenir de l'agriculture.

Je suis le sénateur Percy Mockler du Nouveau-Brunswick et je suis le président du comité. Je demanderais maintenant aux sénateurs de se présenter aux témoins.

[Français]

Le sénateur Robichaud : Fernand Robichaud de Saint-Louis-de-Kent au Nouveau-Brunswick. Bonsoir.

[Traduction]

Le sénateur Merchant : Je m'appelle Pana Merchant et je viens de Régina, en Saskatchewan.

Le sénateur Mahovlich : Je suis Frank Mahovlich de l'Ontario.

Le sénateur Callbeck : Catherine Callbeck de l'Île-du-Prince-Édouard.

Le sénateur Plett : Je suis Don Plett et je viens du Manitoba.

Le sénateur Buth : Je suis JoAnne Buth, native du Manitoba.

Le sénateur Duffy : Mike Duffy, de l'Île-du-Prince-Édouard.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Jean-Guy Dagenais, Québec.

Le sénateur Nolin : Pierre-Claude Nolin, province de Québec.

Le président : Honorables sénateurs, aujourd'hui, le comité sénatorial poursuit son étude sur les efforts de recherche et d'innovation dans le secteur agricole. Nous entendront deux panels. L'objet du premier panel est l'innovation dans le système agricole et agroalimentaire, et la perspective des producteurs agricoles.

[Traduction]

Le deuxième panel nous parlera des efforts de coordination du gouvernement fédéral, des provinces et du secteur privé pour ce qui est du financement de la recherche et de l'innovation dans le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire.

Mesdames et messieurs, l'ordre de renvoi prévoit que nous examinions les efforts de recherche et d'innovation, notamment en ce qui concerne le développement de nouveaux marchés domestiques et internationaux, le renforcement du développement durable de l'agriculture, et l'amélioration de la diversité et de la sécurité alimentaires pour les Canadiens et le monde grâce aux exportations.

Chers collègues, avant de présenter le premier panel, en qualité de président, je dois vous aviser que nous passerons à huis clos à 6 h 45 afin que je puisse vous transmettre des renseignements sur nos travaux dans le cadre de notre étude de la Loi sur les grains du Canada.

J'ai l'honneur, mesdames et messieurs, de vous présenter notre premier panel de témoins, M. Jeff Holzman, directeur des études de marché de la Potash Corp, et M. Robert Godfrey, directeur principal de la politique de l'Institut canadien des engrais.

Encore une fois, merci d'avoir accepté de nous présenter vos observations. Une fois que vous aurez fait vos déclarations, nous vous demanderons de répondre aux questions des sénateurs.

Jeff Holzman, directeur des études de marché, Potash Corp : Merci de m'avoir invité à discuter avec vous aujourd'hui, du rôle que joue l'industrie des engrais pour répondre aux besoins alimentaires du monde. Pendant que je ferai mes observations, je vous renverrai aux diapositives que vous avez devant vous.

Une partie du mandat du comité consiste à examiner l'innovation dans le domaine agricole. Je ne vais pas vous parler de nouveaux produits ou de nouvelles techniques de production; je vais plutôt expliquer comment nous pouvons mieux nous servir des produits existants dans le secteur des engrais afin d'améliorer l'agriculture à l'échelle du monde et je vais vous décrire certaines de nos activités de recherche-développement qui visent nos produits existants, à la fois ici au Canada et à l'étranger.

Commençons à la diapositive no 3 qui donne une vue d'ensemble des activités de la Potash Corp. Nous sommes un producteur mondial de nutriments. Nous produisons les trois nutriments de culture primaires nécessaires à la santé des végétaux, à savoir l'azote, le phosphate et la potasse. Comme notre nom l'indique, notre activité principale, c'est la potasse, et nous exploitons cinq usines en Saskatchewan et encore une autre au Nouveau-Brunswick. Nous sommes également un producteur important de phosphate et d'azote, et nous disposons de deux mines de phosphate aux États-Unis ainsi que de deux usines d'engrais azotés, l'une aux États-Unis et l'autre dans l'île de Trinité. Nous avons aussi des intérêts dans des multinationales du secteur de la potasse qui sont présentes en Jordanie, en Israël, en Chine et au Chili.

Sur la diapositive no 4, on voit que nous sommes le plus grand producteur d'engrais du monde en raison de notre capacité, qui dépasse les 20 millions de tonnes de production de nutriments primaires. Nous sommes donc le premier producteur mondial. Au second rang, il y a la société Mosaic, qui dispose d'installations de production considérables en Saskatchewan. La troisième société établie au Canada, Agrium, est en fait une société affiliée. Neuvième en rang d'importance mondiale, elle produit de l'azote, du phosphate et de la potasse au Canada.

Si nous passons maintenant à la diapositive no 5, on voit que le défi actuel consiste à répondre à la demande alimentaire mondiale prévue. Ici, nous voyons les projections de la FAO quant à la hausse de la consommation alimentaire pendant les 20 à 40 prochaines années. Une bonne partie de cette hausse aura lieu dans des pays asiatiques en développement ainsi qu'en Afrique et en Amérique latine. Nous allons donc devoir relever ce défi qui consiste à répondre à la demande accrue.

Ici sur la diapositive no 6, nous voyons comment nous allons répondre aux besoins de consommation et augmenter la production mondiale : 77 p. 100 de la hausse proviendra de l'amélioration des rendements. La plus grande partie de la hausse de la production céréalière sera attribuable à de meilleurs rendements. Dans une moindre mesure, nous allons aussi intensifier les récoltes, c'est-à-dire avoir deux et trois récoltes par année.

Le troisième élément, c'est la progression des superficies. Malheureusement, il n'y a pas beaucoup de possibilités d'accroître les surfaces arables du monde, à part quelques régions au Brésil, dans l'ancienne Union soviétique et, avec le temps, en Afrique. Cette progression sera toutefois effacée par l'urbanisation des marchés comme la Chine et l'Inde, où l'on observera une réduction des superficies arables qui pourraient servir à l'agriculture. Afin de répondre aux objectifs en matière de production, il faudra augmenter les rendements.

Il reste à savoir donc comment le monde améliorera les rendements afin de répondre aux besoins. La recherche montre qu'essentiellement 50 p. 100 de la hausse des rendements a historiquement été attribuable à la fertilisation. C'est le facteur le plus important selon la recherche scientifique. L'autre 50 p. 100 peut être attribué à diverses pratiques de gestion, comme l'irrigation, la technologie des semences, les techniques de culture et la lutte contre les ravageurs. À notre avis, et c'est certainement l'avis de notre industrie, ce sont les éléments nutritifs qui contribueront le plus au rendement. On voit dans le diagramme à droite les grandes cultures du monde. Dans certains cas, les engrais représentent de 50 à 70 p. 100 de la hausse des rendements. Les engrais contribuent donc énormément aux rendements.

En ce qui concerne la contribution individuelle de chaque élément nutritif, qu'il s'agisse de l'azote, du phosphate ou de la potasse, il faut savoir que chaque élément a une fonction différente dans la plante pour ce qui est des besoins nutritifs et de son incidence sur le rendement. Notre élément, la potasse, provient de dépôts minéraux naturels, les vestiges d'anciennes mers qui se sont évaporées. Les dépôts que nous exploitons en Saskatchewan se trouvent à environ 1 000 mètres sous la surface. Nous prenons ces dépôts, nous les raffinons et nous les vendons aux agriculteurs du monde. Il faut avoir le juste équilibre des trois éléments nutritifs pour obtenir la croissance optimale des végétaux. Si l'apport en un élément nutritif est limité, la plante n'atteint pas son plein potentiel de croissance, et c'est ce que nous voyons sur la diapositive no 9.

Comme je l'ai dit auparavant, l'innovation, ce n'est pas le développement de nouveaux produits : c'est tout simplement une meilleure utilisation des produits existants. Si l'on compare les rendements de certains pays comme les États-Unis ou le Canada à ceux de la Chine ou l'Inde, on voit le rapport direct avec la fertilisation équilibrée, exprimé ici à la gauche de la diapositive n 9. On y compare la fertilisation effectuée dans des pays comme les États-Unis ou le Canada, où le dosage est très équilibré, et celle qui est pratiquée en Chine ou en Inde, où l'on se sert de beaucoup plus d'azote que de phosphate ou de potasse. On constate que les rendements dans ces derniers pays sont inférieurs à ceux observés dans de nombreux pays développés. Ce n'est pas le seul facteur qui contribue aux rendements inférieurs, mais c'est bien l'un des facteurs principaux. Lorsque nous étudions ces marchés étrangers, nous cherchons à faire connaître l'avantage de la fertilisation équilibrée par rapport aux rendements.

Passons maintenant au rôle du Canada dans l'industrie mondiale des engrais. Sur la diapositive no 10, on voit qu'à l'échelle mondiale, nous sommes un producteur relativement modeste d'azote et de phosphate, mais notre avantage, c'est la potasse, dont nous assurons presque le tiers de la production mondiale. C'est notre avantage stratégique. Nous sommes un petit consommateur des trois nutriments, mais nous occupons une place stratégique dans l'industrie mondiale des engrais en raison de notre capacité d'approvisionnement en potasse.

L'explication de cet avantage paraît sur la diapositive no 11. Presque 50 p. 100 des réserves connues de potasse se trouvent sur le territoire canadien. Si le Canada assure essentiellement un tiers de la production mondiale de potasse, c'est parce que cette ressource naturelle se trouve dans son sous-sol, essentiellement en Saskatchewan.

La diapositive no 12 dresse le profil de la production mondiale de potasse et de la consommation. La majorité de la production est assurée par le Canada, la Russie et le Bélarus. Ces pays disposent d'énormes gisements de potasse, mais la consommation est assurée par de nombreux autres pays qui n'ont pas cette ressource naturelle et qui doivent l'importer pour répondre à leurs besoins. Des pays non producteurs, comme la Chine, l'Inde, la Malaisie, l'Indonésie et le Brésil, comptent sur le Canada et d'autres pays producteurs afin de répondre à leurs besoins d'engrais.

À la diapositive no 13, on voit que notre consommation de potasse et d'autres nutriments est relativement modeste si l'on se compare à d'autres pays. La majorité de la potasse que nous produisons est écoulée sur le marché des exportations, que ce soit aux États-Unis, au Brésil, en Chine ou en Inde, ou encore dans d'autres pays asiatiques. La majorité de notre production est destinée à l'exportation, et ce marché a connu un essor considérable au cours des dernières décennies. Cet essor n'a pas toujours monté en flèche, il y a eu des replis. Ce sont des marchés en développement dont la demande est en dents de scie. La tendance demeure marquée cependant, car il y a le besoin agronomique et le besoin de répondre à la demande d'une population croissante qui cherche à améliorer son alimentation. On constate une croissance à la fois de la consommation alimentaire et des besoins en éléments nutritifs afin de produire les cultures.

La diapositive no 14 montre bien la croissance exprimée en pourcentage, que ce soit dans divers pays asiatiques ou en Amérique latine. Sur une base historique, on atteste une croissance à long terme fort importante. C'est là également que nous envisageons la plupart de la croissance future et ce sont ces marchés auxquels sera destinée la potasse canadienne.

J'aimerais terminer en vous parlant de la façon dont la Potash Corp se prépare dans cette conjoncture, où il y a à la fois une demande mondiale croissante pour des aliments et un besoin d'éléments nutritifs pour les cultures afin de répondre à la demande. Nous nous préparons en investissant dans notre avantage, c'est-à-dire l'industrie de la potasse. Nous avons lancé un programme d'expansion en 2003, qui est toujours en cours, prévoyant des investissements de 8,2 milliards de dollars dans nos installations afin d'accroître notre capacité de production et de répondre à la demande future. Il s'agit d'un investissement considérable qui s'échelonnera sur plus d'une décennie. Le programme a commencé en 2003 et se terminera vers 2015.

L'industrie de la potasse est marquée par certaines caractéristiques qui lui sont propres, telles que les échéances et les coûts des immobilisations nécessaires afin d'assurer une certaine capacité. Certains de nos projets prennent jusqu'à sept années, depuis le début des travaux de construction jusqu'à la phase de production. Ce sont des projets qui exigent énormément de capitaux et beaucoup de temps. Cependant, nous nous sommes engagés afin d'accroître la production alimentaire et de répondre aux besoins à long terme.

Outre l'accroissement de nos capacités, nous innovons également en améliorant l'efficacité de nos activités sur le plan écologique et sur le plan de la production de nos usines. Il ne s'agit pas forcément de nouveaux produits; nous cherchons plutôt de nouvelles façons d'offrir les produits.

Nous consacrons également du temps et de la recherche aux marchés étrangers afin de souligner, comme je l'ai dit plus tôt, le déséquilibre des éléments nutritifs que nous constatons et de faire connaître à nos clients et aux agriculteurs de ces divers pays les avantages d'un apport en éléments nutritifs correctement dosé.

Le président : Merci, monsieur Holzman. Nous allons maintenant commencer la série de questions.

Le sénateur Plett : Messieurs, merci d'être venus cet après-midi. Nous vous en sommes reconnaissants.

Vous avez parlé longuement des efforts de la Potash Corp pour accroître ses activités, et au tout début de votre déclaration vous avez mentionné la croissance démographique. Nous savons que d'ici 2050, la Terre comptera 9 milliards d'habitants. J'ai parlé l'autre jour à un agriculteur manitobain qui m'a dit que le facteur le plus important pour le prix des aliments du bétail était les biocarburants, surtout le maïs.

Vu qu'il faudra nourrir davantage de personnes et qu'il y aura concurrence avec le secteur des biocarburants et du maïs, comment allons-nous répondre à ces besoins? Il est clair que les rendements doivent augmenter et vous en avez parlé d'ailleurs; les rendements ont monté en flèche au cours des 20 dernières années. Serons-nous capables de continuer cette montée? À quel point devrons-nous fertiliser les sols au maximum afin d'obtenir les rendements nécessaires?

M. Holzman : Comme je l'ai dit, les produits existent et nous avons la possibilité d'accroître notre productivité. Les rendements en Amérique du Nord sont plus élevés que dans le monde en développement, et je suis d'avis qu'une bonne partie de la hausse des rendements aura lieu dans ces marchés étrangers en développement. Il ne s'agit pas uniquement de meilleures pratiques de fertilisation, il y a également l'amélioration des technologies des semences et d'autres percées modernes qui pourront contribuer à la hausse des rendements.

En ce qui concerne l'Amérique du Nord...

Le sénateur Plett : Je voudrais justement en parler.

M. Holzman : Je ne crois pas que nous ayons atteint notre plein potentiel non plus. J'aimerais d'abord parler des États-Unis, puisque la première partie de votre question portait sur les biocarburants et je crois que la plupart de la demande provient des États-Unis.

Les rendements ont plafonné quelque peu au cours des dernières années. Nous ignorons si cette tendance est attribuable aux conditions climatiques ou à d'autres facteurs, mais nous n'avons pas pu maintenir la fertilité des sols souhaitée au cours de la dernière décennie. Nous commençons à en ressentir l'incidence.

Nous avons parlé récemment avec des agronomes et nous avons appris que de nombreux professeurs universitaires transmettent le message selon lequel il faut aborder le problème de la fertilité des sols avant que nous ne mettions à risque les rendements potentiels de l'Amérique du Nord. Nous disposons des technologies et des produits nécessaires qui nous permettraient d'accroître les rendements. Les semenciers parlent du potentiel génétique, mais il faut considérer le système dans son ensemble. La fertilité des sols et d'autres pratiques de gestion exemplaires en font partie. La technologie existe, mais il faut s'assurer qu'elle est utilisée pleinement.

Robert Godfrey, directeur principal de la politique de l'Institut canadien des engrais : J'aimerais donner suite aux observations de M. Holzman. Je représente l'Institut canadien des engrais qui est une association commerciale constituée de sociétés telles que la Potash Corp. Nous représentons les fabricants, les grossistes et les agro-détaillants, c'est-à-dire toute la chaîne d'approvisionnement. Nous comptons quelque 46 membres canadiens, dont un certain nombre qui ont une présence nord-américaine, voire même mondiale.

En ce qui concerne votre question, il a parlé des pratiques de gestion exemplaires. Le 24 novembre 2011, nous vous avons parlé du projet 4R Nutrient Stewardship, un projet d'envergure mis en œuvre à l'échelle mondiale par l'industrie des engrais. Le projet est le fruit du travail collaboratif de l'International Plant Nutrition Institute, de l'industrie des engrais des États-Unis, des conseillers-agronomes, des agro-détaillants et des agriculteurs. Il vise à améliorer l'efficacité des engrais, à accroître les rendements et à protéger l'environnement. Ces efforts sont encadrés par l'initiative 4R Nutrient Stewardship.

J'attire votre attention sur trois projets en cours au Canada. Nous sommes en train de négocier un protocole d'entente avec le Manitoba et l'Île-du-Prince-Édouard, qui sera propre à chacune de ces provinces. Les signataires sont notamment des associations locales d'agriculteurs, telles que Keystone Agriculture Producers, au Manitoba, et la PEI Federation of Agriculture, dans l'Île-du-Prince-Édouard, des agriculteurs locaux, les ministères chargés de l'agriculture et de l'environnement et des associations locales d'aménagement de bassins hydrographiques. C'est pour chercher à améliorer le rendement des engrais et rendre leur utilisation plus efficace.

Dans l'Île-du-Prince-Édouard, par exemple, il arrive que des agriculteurs utilisent trop d'engrais. Dans certaines localités des Prairies, au contraire, on pourrait en utiliser davantage. Nous cherchons à affiner la recherche et les connaissances scientifiques sur la façon d'améliorer l'efficacité des engrais et, en fin de compte, les rendements agricoles.

Le sénateur Plett : Qui finance votre organisation et combien d'argent consacrez-vous à la recherche et au développement?

M. Godfrey : C'est l'industrie elle-même qui finance notre organisation, qui est composée de 46 membres. Toute la chaîne logistique y est représentée, depuis Potash Corp, qui extrait le produit du sol ou qui le fabrique — dans le cas des produits ammoniacaux — jusqu'aux détaillants d'intrants agricoles qui les livrent directement aux exploitations agricoles, en passant par des distributeurs comme Viterra.

Notre budget annuel est de près de 4 millions de dollars. Combien, précisément, vont à la recherche et à l'innovation? Je devrai m'informer, parce que je ne me sens pas à l'aise de chiffrer ce poste budgétaire.

Le sénateur Plett : Merci. Si vous pouvez nous communiquer ce renseignement par l'entremise de notre greffier, nous vous en serons reconnaissants.

Le sénateur Robichaud : Nous sommes très désireux de connaître la réponse à la question du sénateur Plett sur l'intensité de la recherche dans l'utilisation des engrais, particulièrement dans le domaine de l'innovation. Il doit bien y avoir une limite à la quantité d'engrais qu'on applique. Actuellement, quelle proportion de la potasse utilisée est assimilée par les plantes et quelle proportion est simplement lessivée et est donc gaspillée?

M. Holzman : La potasse et les phosphates ne sont pas mobiles dans le sol. La potasse appliquée telle année n'est pas toute assimilée par la plante. Celle qui reste constitue une réserve dans le sol pour servir au cours des années ultérieures. La potasse, notamment, ne présente pas de problème de lessivage. Dans le cas de l'azote, il peut s'en perdre plus dans le sol. Ça dépend des quantités appliquées, de l'humidité ambiante et de différents facteurs de ce genre.

Je pense que le problème de l'azote se réduit à ce que M. Godfrey a dit au sujet des quatre R. Le programme 4R comporte un certain volet écologique, à cause du bon moment, du bon endroit et du bon produit. Il vise, en grande partie, à réduire au minimum les pertes dans le sol, notamment d'azote.

Le sénateur Robichaud : Vous avez certainement effectué la recherche pour que les agriculteurs sachent, la deuxième année, combien d'engrais utiliser. Ils n'ont pas besoin d'en utiliser autant que la première, puis la troisième. Ça s'inscrit dans un cycle. Est-ce que cette information est accessible à l'agriculteur?

M. Holzman : L'agriculteur, ordinairement, effectue ses propres analyses du sol, sur ses terres, pour en connaître les besoins en éléments nutritifs. Il connaît ainsi ses besoins en azote, en phosphates et en potasse, en fonction de la culture et des besoins de cette culture en ces éléments nutritifs. Je dirais que, en Amérique du Nord, c'est la majorité des agriculteurs qui effectue ces analyses pour connaître leurs besoins.

Le sénateur Robichaud : Je suis sûr que vous connaissez la recherche sur les nanotechnologies, qui, à ce qu'on nous a dit, permettraient de réduire considérablement la quantité d'engrais à ajouter au sol parce que l'application serait localisée à la plante, ce ne serait pas simplement un épandage à la grandeur du champ. Vous tenez-vous au courant de cette recherche? Bien sûr, cela voudrait dire que vous vendriez moins de potasse si on pouvait utiliser cet engrais de façon plus efficace. Je ne veux pas vous mettre sur la sellette. Je ne fais que répéter ce que nous ont dit certains témoins.

M. Godfrey : Je mettrais un bémol à cette allégation. L'initiative 4R vise l'emploi du bon engrais, à la bonne dose, au bon moment, au bon endroit et à la bonne température du sol, ainsi qu'au bon moment de l'année et au bon endroit par rapport aux besoins dans le champ. Beaucoup de détaillants d'intrants agricoles collaborent actuellement avec les agriculteurs pour déterminer, en fonction de la culture et de l'endroit, le produit à utiliser, que ce soit un nanoproduit ou de la potasse ainsi que la dose à employer. Peut-être que, cette année, ils en ont utilisé moins. Peut-être que l'année prochaine, ils en utiliseront plus. Cela varie d'une année, d'un champ ou d'une culture à l'autre.

Nous essayons tout simplement de peaufiner notre technique. J'évite de dire « plus » ou « moins ». Je tiens à utiliser le mot « efficace » : l'utilisation efficace des engrais. Dans certaines régions, les quantités utilisées diminueront et, dans d'autres, elles augmenteront.

En ce qui concerne les protocoles d'entente dont j'ai parlé, nous en avons un troisième, en Ontario. Je ne me rappelle pas le bassin hydrographique, mais on parle d'une enveloppe de 50 000 $ par projet et par année. Il s'agit de plus de 150 000 $ par protocole d'entente multiplié par trois. C'est ce que nous faisons, précisément, en ce moment même.

En plus, à l'échelle de l'Amérique du Nord, nous avons un fonds de recherche sur le programme 4R. L'industrie a commencé à l'impulser, et c'est organisé par le Fertilizer Institute, basé à Washington, et l'Institut canadien des engrais. Il est généreusement financé par des sociétés telles que Potash Corp. Il privilégiera le volet scientifique. Il fera appel à des phytotechniciens, qu'on embauchera. Il mettra aussi les universités à contribution. Actuellement, nous parlons d'une mise de plusieurs millions de dollars. Nous essayons de peaufiner l'initiative 4R, parce que nous estimons que c'est une façon innovante de rejoindre et de sensibiliser les agriculteurs et leur communauté à l'utilisation efficace des produits, pour que, avant tout, ils en aient pour leur argent. Une culture la plus efficace et la plus économique possible peut, en même temps, faire rejaillir sur eux des avantages sociaux et écologiques.

Le sénateur Robichaud : Je comprends. Il s'agit d'obtenir le meilleur rendement avec le moins d'intrants nécessaires. Au fond, c'est bien de cela qu'il s'agit. Je suis simplement désireux de savoir quelle recherche vous effectuez. Voilà la question.

M. Godfrey : Nous effectuons des essais en plein champ, par exemple. Dans l'Île-du-Prince-Édouard nous avons embauché un phytotechnicien, Robert Coffin. Nous avons subventionné ses expériences avec les produits, à différentes doses d'application, dans différentes cultures, pour obtenir de lui un rapport. Il utilise beaucoup la pomme de terre, puisqu'il a travaillé avec Cavendish Farms, un important transformateur de cette province. Il est essentiellement en mesure de déposer un rapport, à la fin de l'année, qui montrera ce qu'il a pu réaliser avec ces doses, dans ces conditions d'emploi.

À partir de ces résultats, il communique, d'une année à l'autre, ses constatations aux agriculteurs, en faisant valoir qu'ils peuvent augmenter leurs profits en utilisant telles doses et telles semences. Voilà comment on peut améliorer son exploitation.

Ce n'est qu'un exemple. Nous collaborons aussi avec Mario Tenuta, au Manitoba. Il effectue les mêmes travaux, mais avec le maïs. Nous faisons des essais en plein champ sur des cultures, au moyen des nanoproduits, de potasse ou d'azote. Nous travaillons conjointement avec l'International Plant Nutrition Institute et avec le Fertilizer Institute des États-Unis. Ce travail a une portée mondiale.

Le sénateur Robichaud : Merci.

Le sénateur Nolin : Messieurs, j'ai une question pour vous.

[Français]

Monsieur Holzman, je suis préoccupé par le fait que le potassium soit le résultat d'une extraction minière. Je comprends que vous êtes directeur des études de marché et j'aimerais savoir — et si vous n'avez pas la réponse, peut-être que votre collègue l'aurait — quelle sorte de recherche vous faites. Il y a certainement — à moins que votre témoignage ne soit à l'effet que non, ce n'est pas le cas, mais il y a certainement des gaz à effet de serre qui sont le résultat de votre production d'extraction minière. Quel est le niveau de recherche entrepris par votre entreprise pour tenter de minimiser ces émissions de gaz à effet de serre?

[Traduction]

M. Holzman : Ce n'est pas vraiment mon rayon.

Le sénateur Nolin : Peut-être que votre collègue pourra répondre.

M. Holzman : Je peux vous donner une réponse assez générale. L'un des quatre objectifs centraux de notre entreprise est de réduire au minimum son empreinte écologique. Chaque année, nous fixons pour cela des objectifs qui sont approuvés par la direction et le conseil d'administration. Chaque année, dans nos rapports sur la durabilité écologique, nous en parlons, en insistant beaucoup là-dessus.

[Français]

Le sénateur Nolin : J'apprécie votre réponse, mais j'aimerais avoir un peu plus de détails.

Monsieur Godfrey, avez-vous de l'information à ce sujet?

[Traduction]

M. Godfrey : Ces dernières années, la production de potasse, en particulier, a fait d'eux de gros consommateurs de gaz naturel. Leurs méthodes de production sont très efficaces.

En plus, je peux vous dire que, aujourd'hui, j'ai consacré la plus grande partie de la journée à des discussions avec Environnement Canada et des porte-parole du comité de l'environnement de la ville, qui compte dans ses rangs des membres à nous, pour négocier un accord de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La signature de cet accord n'est certainement pas pour demain, mais nous discutons. Nous avons fait des propositions et, du côté de la potasse, c'est très encourageant. Beaucoup d'émissions, en fait, ont lieu sous terre, ce qui les rend assez faciles à maîtriser.

Du côté de l'ammoniac, c'est un peu moins calme. Au cours des 30 dernières années, l'efficacité de l'utilisation du gaz naturel s'est améliorée de façon très marquée, et nous avons aussi réduit le plus possible notre empreinte écologique.

Je ne peux pas vous révéler la teneur de nos négociations avec Environnement Canada, mais soyez assurés que le dialogue est instauré et que nous espérons conclure un accord dans un avenir plus ou moins proche.

[Français]

Le sénateur Nolin : Je veux explorer avec vous un autre champ d'intérêt. Selon le type d'industrie, un pourcentage de vos ventes est dédié à la recherche et au développement. Je prendrais comme exemple l'industrie des hautes technologies de l'information. Vous ne ratez pas la cible si vous vous concentrez sur un investissement qui tourne autour de 20 p. 100 de vos ventes annuelles. C'est énorme, et dans l'industrie pharmaceutique, c'est encore plus.

Dans votre industrie quelle est la cible pour l'investissement en recherche et développement? Pourquoi sommes-nous intéressés par ces questions? L'étude du comité vise à avoir une meilleure image de l'innovation et de ce que l'industrie fait pour atteindre ces cibles de recherche. Quelle est la cible et quel est le pourcentage de vos ventes chez vos membres qui est réinvesti en recherche et développement?

[Traduction]

M. Godfrey : Comme je l'ai dit, je n'ai pas de chiffre exact en tête. Je ne me sens donc pas à l'aise d'en lancer un comme ça. Je vous promets de m'informer et de faire de mon mieux pour vous communiquer le renseignement. J'ignore si je pourrai vous fournir un pourcentage, mais je ne manquerai pas de faire les recherches voulues pour vous renseigner.

Comme j'ai dit, relativement à l'initiative 4R, actuellement notre plus gros projet, les investissements se chiffrent dans les millions et millions de dollars. Sachez que notre industrie est très désireuse de faire de la recherche- développement sur nos produits.

Le président : Pourrez-vous communiquer au greffier du comité la réponse à la question du sénateur, s'il vous plaît?

M. Godfrey : Oui, bien sûr.

[Français]

Le sénateur Nolin : Il y a un point d'intérêt. Vos membres sont des entreprises commerciales. Leur objectif est de produire un revenu dans l'intérêt de leurs actionnaires. Il a intérêt à investir dans la recherche. Je suis curieux de savoir, lorsque vous n'investissez pas dans la recherche, à quel moment cela vient nocif de ne pas le faire? C'est ce que j'essaie de comprendre. Si vous avez de l'information à ce sujet, s'il vous plaît, la faire parvenir au greffier du comité. Merci beaucoup.

[Traduction]

Le sénateur Merchant : Les consommateurs veulent passer au bio. Est-ce que vous surveillez cette évolution de près, pour en connaître les causes? La vogue des produits bio a-t-elle profité des questions d'environnement? La perception des enjeux pour la santé y est-elle pour quelque chose? Avez-vous fait de la recherche pour expliquer le phénomène? Est-ce qu'il vous préoccupe? Est-ce un phénomène nord-américain ou bien les pays d'Europe s'intéressent-ils plus à ces produits?

M. Holzman : La vogue est surtout européenne et nord-américaine. Quant à déterminer si les avantages du bio pour la santé sont réels ou qu'ils découlent de perceptions qui sont privilégiées, la recherche se poursuit et le débat est ouvert. Je ne me prononcerai pas, parce que, en fin de compte, le consommateur peut décider. Il peut prendre lui-même ses décisions sur les produits bio qu'on lui offre.

Si ce n'était des pratiques de l'agriculture traditionnelle touchant la fertilité, la technologie des semences et les pesticides, la recherche visant à répondre aux besoins de 7 milliards de personnes, actuellement, et de 9 milliards d'ici 2050 aurait tout un défi à relever. D'après nous, le bio est un choix du consommateur. Pour nourrir 7 milliards de bouches, il importe de compter sur une agriculture moderne et d'avoir les moyens de satisfaire cette demande. C'est pourquoi, dans des marchés comme l'Inde ou la Chine, le phénomène est plus discret. Dans ces pays, on ne s'arrête pas nécessairement au choix entre le bio et les produits de l'agriculture traditionnelle. La question se pose davantage dans les pays développés.

M. Godfrey : Plus précisément, nous considérons le bio comme une forme d'agriculture. Dans le sol, un élément nutritif n'est pas autre chose que cela.

Le sénateur Merchant : Participez-vous à la sensibilisation du consommateur pour qu'il comprenne les choix qu'il doit faire? Quel est votre rôle pour expliciter les différences ou l'absence de différences? Avez-vous quelque chose à gagner à interpeler le consommateur de façon intelligente?

M. Holzman : En sa qualité d'organisme de l'industrie, la Fondation canadienne des nutriments pour la vie et d'autres fondations parlent du rôle de la production alimentaire, de l'agriculture mondiale et elles peuvent peut-être dégonfler certains mythes qui circulent parfois sur la salubrité des aliments obtenus par les méthodes traditionnelles. Potash Corp a mis sur pied un processus de sensibilisation par l'entremise d'organisations comme la Fondation canadienne des nutriments pour la vie. Nous avons fait partie des membres fondateurs de ce programme. Il cible les écoliers d'Amérique du Nord pour les informer sur l'origine des aliments et leur salubrité. Je ne sais pas si c'est nécessairement une opposition entre les aliments bio et les aliments traditionnels. Au moins, nous parlons davantage de la salubrité de nos aliments et de l'importance de l'agriculture traditionnelle.

M. Godfrey : Il importe de les sensibiliser aux réalisations de notre industrie et de son rôle mondial dans l'alimentation. Nous ne disputons pas nécessairement, mais nous cherchons certainement à informer.

Le sénateur Merchant : Vous avez mentionné trois grandes sociétés canadiennes : Mosaic, Agrium Inc. et Potash Corp. Comment faites-vous la commercialisation de la potasse? Est-ce par l'entremise de Canpotex? Avez-vous un office de commercialisation? Combien d'argent de plus obtenez-vous ainsi : 5, 10 ou 20 p. 100? C'est plus profitable pour vous, n'est-ce pas? Il y en a certainement, dans le monde, qui jugent que ce n'est pas une pratique équitable de commercialisation de la potasse.

M. Holzman : Canpotex exporte, outre-mer seulement, la potasse pour le compte des trois producteurs de la Saskatchewan. Au Canada et aux États-Unis, les ventes sont faites par chacune des sociétés, qui possèdent également des services de commercialisation. Canpotex s'occupe de toute la logistique du transport et des ventes sur les marchés d'outre-mer. Le transport du produit depuis la Saskatchewan jusqu'à la côte Ouest est rendu efficace par son intervention, sinon il faudrait multiplier le nombre de wagons et les autres équipements nécessaires. Beaucoup de gains d'efficacité profitent aussi au client. Il n'y a pas une réponse à votre question sur le profit que nous ferions grâce à l'utilisation d'une autre méthode. La réponse, c'est qu'il y a un gain d'efficacité pour le producteur et les clients. D'après les réactions de nos clients outre-mer, nous percevons parfois que l'existence d'un organisme de commercialisation leur déplaît. D'après ce que j'ai compris et d'après les discussions que nous avons eues avec eux, il faut compter la qualité du service et du produit qu'ils reçoivent, la rapidité et l'efficacité logistique du service de Canpotex. Cette société a été fondée en 1972, et nous avons des clients depuis le début, qui appuient l'organisation depuis longtemps. Parfois, des idées fausses circulent sur les sentiments peut-être négatifs de nos clients pour cette organisation, mais nous possédons des témoignages qui montrent que, grâce à elle, nous transportons efficacement le produit sur de grandes distances jusque dans ces marchés.

Le sénateur Buth : Il est clair que les engrais sont essentiels aux cultures agricoles partout dans le monde, et nous sommes chanceux au Canada d'avoir les ressources et les investissements que nous avons. Votre exposé en a fait la démonstration.

J'ai une question au sujet de la durabilité. La diapositive 11 montre les réserves mondiales de potasse, les pays où elles se trouvent et dans quel pourcentage. Existe-t-il des estimations du nombre d'années que nos réserves de potasse vont durer et y a-t-il une planification stratégique à long terme sur la façon de gérer ces réserves dans l'avenir?

M. Holzman : Comme nous sommes une entreprise publique, nous calculons la vie de nos mines en années et nous devons en faire rapport chaque année. Beaucoup de nos mines ont des réserves prouvées de 80 à 100 ans, et je dirais même que la durée de ces réserves va bien au-delà, mais je m'en tiens à ce qu'on déclare. C'est ainsi qu'elles sont classées. Ce sont des réserves de longue durée.

L'une des principales priorités de l'entreprise est la planification à long terme. Nous ne pouvons pas planifier pour un mois ou un trimestre à l'avance. Nous établissons des plans de mines sur 25 ans pour définir les emplacements où nous mènerons nos activités sur une période de 25 ans, pour nous assurer de maximiser la longévité de ces réserves et de le faire aussi efficacement que possible. C'est essentiel si nous voulons assurer la bonne intendance de cette ressource à long terme.

Le sénateur Buth : Fait-on des recherches sur les nouveaux gisements de potasse et de phosphate?

M. Holzman : Au cours des dernières années, en Saskatchewan, il y a eu beaucoup d'activités d'exploration de gisement et bon nombre d'entreprises ont fait cette exploration. On sait que les gisements existent, mais il faut faire du travail de développement pour le prouver. Ce travail est en cours, et c'est un processus qui évolue au fil du temps. Comme je l'ai indiqué, c'est un processus capitalistique. C'est une chose de comprendre où se trouvent les réserves; c'en est une autre d'investir pour mettre les gisements en valeur. Ça prend un certain temps. L'obstacle, s'il en est, c'est de trouver les capitaux pour mettre les gisements en valeur.

Le sénateur Buth : Monsieur Godfrey, j'aimerais en savoir davantage sur votre organisation dans son ensemble, non seulement sur l'aspect qui touche à la recherche et au développement. Quels sont les trois principaux enjeux que doit relever votre industrie au Canada et qu'attendez-vous du gouvernement?

M. Godfrey : C'est une grande question. Tout dépend de ce que vous regardez. La durabilité est un sujet d'importance dans notre bureau. Je parle constamment de l'initiative 4R Nutrient Stewardship. Dans le domaine de la recherche et du développement, nous venons de signer un accord avec le gouvernement. Le gouvernement nous a donné une subvention de 700 000 $ sur une période de trois ans dans le cadre du Programme de lutte contre les gaz à effet de serre en agriculture. On regarde comment nous pouvons fournir aux producteurs partout au Canada des données scientifiques et des conseils sur la façon de mettre au point ces pratiques de gestion bénéfiques en utilisant l'initiative dont je viens de parler. On cherche notamment à fournir des renseignements sur les avantages économiques liés au recours aux PGB pour l'application des engrais et d'autres nutriments culturaux. Des outils de collaboration et de diffusion basés sur le Web seront utilisés dans le cadre du projet, et on tiendra des réunions sous forme traditionnelle et on utilisera du matériel imprimé pour rejoindre les agriculteurs dans toutes les grandes régions agricoles. D'autres contributions importantes en nature seront faites par l'ICE, l'International Plant Nutrition Institute et d'autres organisations agricoles. La durabilité et la diffusion du message sur l'utilisation optimale de notre produit sont nos principales préoccupations.

Sur le plan économique, nous avions préparé un mémoire prébudgétaire dont je peux faire part au comité. On y expose bon nombre de nos revendications, en particulier celles faites au gouvernement, sur les mesures d'imposition.

La déduction pour amortissement accéléré est une chose qui nous préoccupe. Nous aimerions que cette mesure soit au moins prolongée, sinon intégrée de façon permanente dans le code des impôts, puisqu'elle a été très bénéfique pour notre secteur.

Nous nous penchons sur l'examen des services de transport ferroviaire des marchandises, une importante initiative entreprise par le gouvernement actuel. Nous avons également présenté des mémoires sur cette question, que je peux fournir au comité. Nous attendons avec impatience de voir le projet de loi qui devrait être présenté, à ce qu'on nous a dit, au cours des 30 prochains jours. Le transport ferroviaire est extrêmement important pour notre industrie. Nous avons hâte que nos producteurs soient autorisés à travailler avec les deux compagnies ferroviaires pour conclure des ententes de service qui seront renforcées par un mécanisme de résolution de conflits, c'est-à-dire une médiation et un arbitrage obligatoires, ce qui nous mettra sur un pied d'égalité. Quelques-uns de nos membres sont assez importants pour que ces accords soient déjà inclus dans leur contrat de transport confidentiel, mais nous aimerions que tous nos membres puissent profiter du même avantage. Nous tenons à la négociation commerciale et nous attendons cette mesure avec impatience.

En outre, le Conseil de la sécurité en fertilisation est un élément important de mon organisation, qui s'intéresse tout particulièrement à l'utilisation sécuritaire de nos produits en s'assurant qu'ils ne tombent pas dans de mauvaises mains. Certains de nos produits ont été utilisés dans des explosifs. Nous avons un code de pratique concernant le nitrate d'ammonium et un code de pratique concernant l'ammonium que nous sommes en train d'examiner. Mon collègue qui est assis derrière nous dirige le Conseil de la sécurité en fertilisation. C'est un projet important.

Il s'agit également d'une initiative mondiale. Voilà quelques-unes de nos principales activités et, afin de gagner du temps, je vous ferai part de mon mémoire prébudgétaire.

Le sénateur Buth : Transmettez-le au greffier. Ce serait bien.

Le président : Compte tenu du temps qu'il nous reste, je demanderais aux sénateurs de s'en tenir au sujet qui nous intéresse et je demanderais aux témoins d'être brefs ou de fournir des réponses par écrit.

Le sénateur Callbeck : Monsieur Godfrey, je suis ravie d'avoir un compatriote prince-édouardien ici. Vous êtes avec l'Institut canadien des engrais, et vous avez dit que vous comptez 46 membres.

M. Godfrey : Au moins.

Le sénateur Callbeck : Les fabricants appartiennent-ils tous à votre organisation?

M. Godfrey : Tous les grands fabricants au Canada, oui.

Le sénateur Callbeck : Vous avez dit que votre budget est de 4 millions de dollars.

M. Godfrey : Oui, environ.

Le sénateur Callbeck : Vous avez dit que votre budget vient des cotisations, puis vous avez parlé des 700 000 $ que vous recevez du gouvernement fédéral.

M. Godfrey : Cette somme fait partie des 4 millions de dollars.

Le sénateur Callbeck : Combien recevez-vous en cotisations de la part des fabricants?

M. Godfrey : Tout repose sur un programme de prélèvement. Je ne sais pas dans quelle mesure cette information est confidentielle, alors je vais devoir vérifier auprès de mon président avant de répondre à cette question.

Le sénateur Callbeck : Vous dites que vous négociez avec l'Île-du-Prince-Édouard. Vous avez mentionné la fédération de l'agriculture et l'office de commercialisation de la pomme de terre de l'Île-du-Prince-Édouard. Vous avez un projet en cours avec M. Coffin, pour des essais au champ.

M. Godfrey : Nous travaillons avec M. Coffin depuis un certain nombre d'années. Concernant l'accord dont j'ai parlé, nous avons une entente de principe concernant l'initiative 4R Nutrient Stewardship. Les signataires de l'entente sont l'office de commercialisation de la pomme de terre, la fédération de l'agriculture, le ministère de l'Agriculture et le ministère de l'Environnement, tous de l'Île-du-Prince-Édouard, la Kensington North Wathershed Association ainsi que l'ICE.

Le sénateur Callbeck : Cette entente est en vigueur depuis un certain nombre d'années.

M. Godfrey : Non. Le 19 novembre, nous allons signer officiellement cette entente à l'Île-du-Prince-Édouard. Ce sera 50 000 $ par année sur une période de trois ans. Le protocole d'entente établira un comité consultatif qui examinera la façon dont nous pouvons améliorer l'efficacité des engrais à l'Île-du-Prince-Édouard.

Le sénateur Callbeck : C'est ce que vous êtes en train de négocier, mais il y a un programme avec M. Coffin.

M. Godfrey : Oui.

Le sénateur Callbeck : Les données que M. Coffin recueille à partir des essais au champ sont-elles mises à la disposition de tous les producteurs de pommes de terre?

M. Godfrey : Je crois qu'il a présenté ces données lors de la journée champêtre de Cavendish, aux producteurs de pommes de terre. Je peux certainement vérifier si M. Coffin pourrait vous faire part de son rapport.

Le sénateur Callbeck : Merci.

Le sénateur Eaton : Si vous voulez envoyer vos réponses au greffier, en raison du temps dont nous disposons, n'hésitez surtout pas à le faire.

Suite à la question du sénateur Plett, pourquoi, selon vous, les agriculteurs nord-américains utilisent-ils moins d'engrais? Est-ce une question de coût? Est-ce par manque d'éducation? Sont-ils désabusés? Avons-nous atteint un plateau? Puisque vous essayez d'encourager les gens à utiliser plus d'engrais, vous devez avoir examiné les raisons pour lesquelles ils en utilisent moins.

Monsieur Godfrey, dans quelle mesure les engrais sont-ils traités au Canada, et quel pourcentage des engrais utilisés au Canada sont fabriqués ici même?

M. Holzman : C'est probablement la grande question sur laquelle notre équipe de gestion s'est penchée au cours des dernières années, pour ce qui est de l'utilisation des engrais en Amérique du Nord. Des quantités de potasse et de phosphate se sont accumulées au cours des dernières années. Pour revenir à l'une des questions précédentes, les substances restent effectivement dans le sol, si bien que les applications faites dans les années 1970, 1980 et 1990 ont créé une accumulation en Amérique du Nord. Cette accumulation au sol s'est en quelque sorte résorbée au cours de la dernière décennie, et ce n'est qu'au cours des dernières années que la question a été soulevée et nous avons constaté que nous pouvons continuer de réduire cette accumulation. Nous commençons à voir certaines incidences sur le rendement, ce qui a attiré encore plus d'attention. Nous croyons que les agriculteurs vont désormais examiner de plus près les analyses du sol et les besoins en nutriments du sol.

Le sénateur Eaton : Avec la machinerie moderne, ces grosses moissonneuses-batteuses, le GPS ne vous dit-il pas que certains secteurs ont besoin de plus d'engrais que d'autres?

M. Holzman : Ce n'est pas tous les agriculteurs qui l'utilisent, mais ils sont de plus en plus nombreux à avoir des dispositifs de contrôle du rendement qui peuvent cartographier un champ en entier et montrer quels secteurs donnent de meilleurs rendements et lesquels donnent des rendements inférieurs. Vous pouvez ensuite utiliser cette carte avec les niveaux de fertilité du sol et avoir ainsi une idée de ce qui peut limiter vos rendements dans certains secteurs. Les agriculteurs peuvent être plus précis dans l'application des engrais mais, de façon générale, nous avons observé une diminution de l'accumulation de nutriments. Il y a la technologie qui peut identifier les secteurs qui en ont besoin, et c'est une chose que nous allons voir à l'avenir.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Je tiens à remercier nos deux invités d'être venus nous rencontrer. Monsieur Holzman, vous avez dit qu'un agriculteur qui utilise de l'engrais peut optimiser sa production, mais est-ce rentable pour lui? Par rapport au coût de la recherche, est-ce que c'est rentable? Bref, est-ce rentable pour l'agriculteur d'utiliser cet engrais, et ensuite par rapport au coût de la recherche?

[Traduction]

M. Holzman : Concernant la rentabilité des cultures en Amérique du Nord, les dernières années ont été parmi les plus rentables. Si on regarde certains revenus agricoles, on constate que ce sont les années les plus rentables que les agriculteurs ont connues depuis longtemps.

Concernant le coût des engrais, nous le mesurons souvent en regard du revenu des producteurs de maïs américains, parce que ce sont eux qui utilisent le plus d'engrais dans le monde. À l'heure actuelle, le coût des engrais correspond à environ 12 p. 100 du revenu des producteurs de maïs. Par le passé, il a été de 18 p. 100, en moyenne. Nous avons l'impression que les engrais, au prix d'aujourd'hui, sont très abordables. Cela fluctue, mais si l'on tient compte des prix d'aujourd'hui, la rentabilité est très élevée.

Je ne suis pas certain de bien comprendre comment la recherche entre en ligne de compte.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Vous dites que c'est rentable pour l'agriculteur d'utiliser ces engrais, mais par rapport au coût de la recherche — vous avez parlé d'un montant 700 000 $ —, la rentabilité de la production est-elle valable?

[Traduction]

Le président : On cherche à savoir comment le coût de la recherche influe sur les coûts ou les profits des agriculteurs.

M. Holzman : Je ne crois pas que cela influe sur la rentabilité des activités agricoles. Les recherches que nous ferions ne représentent qu'une partie minime des goûts globaux des engrais. C'est peu dans l'équation. Beaucoup des travaux effectués en agronomie, dans les universités ou ailleurs, s'appuient surtout sur la recherche publique.

Le président : Pouvez-vous nous dire quel est le pourcentage de vos ventes investi dans la recherche, si c'est bien ainsi que vous le calculez?

M. Holzman : C'est un pourcentage des ventes.

Le sénateur Duffy : Merci aux témoins d'être ici. Je réitère les mots de bienvenue de mon collègue, le sénateur Callbeck, à l'endroit de nos intervenants de l'Île-du-Prince-Édouard. Ils ont toujours de l'information pertinente, éclairante et rafraîchissante à transmettre au comité.

Monsieur Godfrey, vous êtes un jeune homme. Avez-vous hésité à lancer votre propre entreprise agricole à Meadowbank, une des plus belles régions de notre île?

M. Godfrey : Mon frère cadet est toujours dans le domaine agricole là-bas.

Le sénateur Duffy : Il y a une dizaine d'années, on nous disait que l'agriculture était en difficulté et que les agriculteurs étaient au bord de la faillite. Quelles sont les perspectives à l'heure actuelle?

M. Godfrey : Je pense que le Globe and Mail a publié un article à ce sujet récemment. L'agriculture est plus que jamais une industrie florissante.

Le sénateur Duffy : C'est encourageant d'entendre ce genre de choses et de voir que de jeunes gens comme vous prennent la relève comme chefs de file de l'industrie.

Pour revenir au point que le sénateur Callbeck a soulevé, j'ai trouvé votre initiative « 4R » très intéressante. Vous savez que l'utilisation abusive des pesticides et les répercussions des déversements dans quelques-uns de nos cours d'eau ont été dévastatrices à l'Île-du-Prince-Édouard. Nous dites-vous aujourd'hui, que l'Institut canadien des engrais prend maintenant la question au sérieux, et qu'on offre un programme spécialisé qui vise à enseigner aux agriculteurs comment épandre des engrais sans nuire à l'environnement?

M. Godfrey : Pour ce qui est de ces déversements, il s'agissait de pesticides, et nous ne voulons pas nous prononcer à ce sujet.

En ce qui concerne notre recherche sur les engrais, l'initiative 4R Nutrient Stewardship comporte trois volets. Trois types de retombées sont visés, soit les retombées économiques, sociales et environnementales.

L'entente que nous voulons conclure avec l'Île-du-Prince-Édouard se penche certainement sur l'utilisation efficace des engrais, notamment dans le bassin hydrographique de Kensington. C'est probablement par cela que nous allons commencer. La recherche indique qu'il y a une surutilisation des engrais azotés dans ce bassin.

Le sénateur Duffy : C'est rassurant de voir que l'industrie met l'épaule à la roue.

Finalement, monsieur Holzman, je vois un grand vide en Afrique quand je regarde votre carte et vos diapositives. Doit-on craindre que les gouvernements africains s'opposent à l'utilisation des engrais en raison d'une certaine désinformation? Peut-on s'attendre à ce qu'une région qui en a cruellement besoin ne reçoive pas d'engrais et ne bénéficie pas d'autres avancées agricoles à cause des superstitions ou d'un manque d'information?

M. Holzman : C'est difficile là-bas de faire comprendre les avantages non seulement des engrais, mais aussi des techniques agricoles modernes et de la contribution de cette région à la productivité de l'industrie.

Vu la résistance qu'on rencontre à cet égard et les autres défis liés à l'infrastructure, il ne faut pas s'attendre à ce que tout se règle du jour au lendemain. Les organisations touchant de près ou de loin à la production d'engrais d'un peu partout dans le monde tentent certainement de faire avancer les choses, mais ce ne sera pas facile.

Le président : Je tiens à rappeler à tous les membres du comité que la Potash Corp est une excellente entreprise présente à la grandeur du Canada.

Nous vous remercions. Certaines questions vont nécessiter un suivi de votre part, alors je vous prierais de nous transmettre les renseignements demandés. C'est ce qui met fin à la période accordée à notre premier groupe de témoins. Merci encore une fois.

Chers collègues, pour notre deuxième groupe de témoins, nous recevons Stan Blade, chef de la direction, Alberta Innovates Bio Solutions. M. John Jacobson, chef de la direction, British Columbia Innovation Council, se joint aussi à nous par vidéoconférence.

Merci d'avoir accepté de nous faire part de vos commentaires, opinions et recommandations concernant les efforts d'innovation; les marchés émergents, tant à l'échelle nationale qu'internationale; ainsi que les mesures à privilégier pour assurer la salubrité de nos produits alimentaires.

On m'a informé que nous allions commencer par M. Blade. Nous entendrons ensuite M. Jacobson, qui s'adressera à nous par vidéoconférence. Nous avons reçu les copies papier de vos exposés, et je vous demanderais de prendre entre cinq et sept minutes pour votre exposé oral. Nous passerons ensuite aux questions.

Stan Blade, chef de la direction, Alberta Innovates Bio Solutions : Merci beaucoup de m'avoir invité à m'adresser au comité.

J'aimerais d'abord préciser qu'Alberta Innovates Bio Solutions est un organisme gouvernemental, qui a donc pour seul actionnaire le gouvernement de l'Alberta. Dans les diapositives, vous pouvez voir que nous avons pour objectif d'investir dans la science et la recherche pour faire croître la prospérité des secteurs albertains de l'agriculture, de la foresterie et de l'alimentation. Nous investissons donc dans différents secteurs, que j'aimerais vous expliquer. En Alberta, les secteurs de l'agriculture, de l'alimentation et de la foresterie représentent environ 25 milliards de dollars des activités économiques de la province.

Notre société, un organisme du gouvernement de l'Alberta, investit dans ces secteurs. Notre portefeuille gouvernemental actuel s'élève à quelque 70 millions de dollars, pour un portefeuille total affecté aux projets d'environ 170 millions. Notre budget de cette année se chiffre à près de 28 millions de dollars, que nous investirons en vue d'assurer la prospérité des secteurs de l'agriculture, de l'alimentation et de la foresterie.

Notre conseil d'administration est composé de gens talentueux. Comme vous pouvez le voir, la présidence est assurée par M. Art Froehlich, et la vice-présidence par M. Ray Price. Vous constaterez que nous pouvons compter sur l'appui de gens issus de l'industrie, du milieu universitaire et d'autres maillons de la chaîne de valeur de l'agriculture et de la foresterie.

Le gouvernement de l'Alberta a confié au conseil d'administration des responsabilités fiduciaires et des responsabilités en matière de gouvernance. Ce dernier a établi les grands objectifs stratégiques dont je vais vous parler. Nous sommes donc maintenant en mesure d'intervenir à l'égard des objectifs que le conseil a établis pour nous.

On énumère à la diapositive 4 les moteurs de l'agriculture, des éléments avec lesquels les industries agricoles et alimentaires doivent donc composer. Vous conviendrez que nous évoluons dans un milieu très complexe. Nous pensons que les industries agricole et alimentaire doivent assurément agir avec habileté et élégance dans ces secteurs très délicats.

J'ai discuté avec Verlyn Olsen, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural de l'Alberta. Il s'est adressé à différents groupes de producteurs à l'échelle de la province, et il a toujours été question de l'innovation. Nous savons que les 25 milliards de dollars que nous avons pour ces deux industries renouvelables ne sont pas garantis. Ce n'est pas un droit acquis. Nous voulons nous assurer d'investir dans des idées nouvelles, les sciences et les technologies nouvelles qui vont nous permettre d'aller plus loin.

J'ai quelques diapositives de statistiques à vous présenter. La chose à retenir est que l'an dernier, l'industrie agricole a rapporté 10 milliards de dollars aux producteurs albertains. Je signale, surtout à l'intention du sénateur Buth, que l'industrie du canola en Alberta valait 2,6 milliards de dollars, alors ce n'est pas une mince affaire. Ces industries des énergies renouvelables profitent à l'ensemble des agriculteurs de la province, et nous devons absolument nous assurer de pouvoir compter sur cette activité économique durable dans les années à venir.

Nous avons quelques fonctions centrales, mais je n'insisterai pas là-dessus. Il faut essentiellement retenir que notre organisme n'est pas qu'un bailleur de fonds. Le gouvernement de l'Alberta nous a donné le mandat de réfléchir sérieusement à la meilleure façon d'assurer un leadership et d'intégrer toutes les activités liées à l'agriculture et à l'alimentation dans notre province. J'aimerais prendre le temps qu'il me reste pour vous exposer cinq de ces activités et répondre à certaines des questions posées par le comité.

La première activité est la production durable. Cela signifie que nous devons être en mesure de produire chez nous ce que le monde demande, et nous travaillons en très étroite collaboration avec le gouvernement fédéral, notamment avec son réseau de recherche. Nous investissons dans les travaux des chercheurs d'Agriculture et Agroalimentaire Canada qui portent sur la culture des haricots secs dans le Sud de l'Alberta. Nos investissements visent à trouver un traitement contre une maladie qui s'attaque aux céréales, la rouille jaune striée, très problématique pour nous. Nous voulons aussi investir dans de nouvelles idées et de nouveaux produits; nous travaillons d'ailleurs avec les chercheurs d'Agriculture Canada et d'Agrium sur des engrais intelligents, une nouvelle technologie. Nous collaborons de très près avec les chercheurs et le réseau de recherche fédéral, et c'est très important pour nous.

Le prochain secteur d'activité consiste à promouvoir la bioéconomie, en tentant de voir quels autres produits pourraient être tirés de la biomasse dans les secteurs de l'agriculture et de la foresterie — nouveaux types de produits, nouveaux produits chimiques, nouveaux matériaux peut-être jamais vus auparavant — en utilisant les coproduits provenant de nos sources agricoles. Nous avons fait divers investissements dans ce domaine. En fait, nous avons investi dans des entreprises privées pour qu'elles développent de nouveaux bioproduits à partir de la biomasse cultivée en Alberta, et nous travaillons en très étroite collaboration, encore une fois, avec différents organismes du gouvernement fédéral. Nous avons fait équipe avec le gouvernement fédéral pour établir un plan d'action à l'égard de la tâche 39, sur la bioénergie, de l'Agence internationale de l'énergie.

Pour ce qui est de votre question sur la propriété intellectuelle, notre société, à titre d'organisme du gouvernement de l'Alberta, ne peut pas avoir d'intérêts financiers à cet égard. En fait, notre législation l'interdit. L'idée derrière tout cela est que plus les négociations liées à la propriété intellectuelle sont complexes, plus il est difficile d'appliquer les résultats de la recherche. Nous investissons dans de bonnes idées, en veillant à ce qu'il y ait des utilisateurs potentiels dans la collectivité — que ce soit pour de nouvelles pratiques ou de nouveaux produits — et en travaillant avec le secteur privé.

Le troisième secteur d'activité porte sur la nourriture saine et la salubrité alimentaire. Le Canada, de par son territoire, ses ressources hydriques, ses ressources humaines et différents autres facteurs, a vraiment tout ce qu'il faut pour être un grand producteur alimentaire. Nous nous intéressons de près à toutes les composantes de la salubrité alimentaire, soit la disponibilité, la nutrition et l'innocuité des aliments. Nous investissons dans la production de produits de viande à faible teneur en sodium. Nous investissons dans la production d'aliments cultivés en Alberta qui pourront avoir des effets bénéfiques sur la santé de la population, notamment les personnes souffrant de diabète de type 2. Nous tentons de voir de quelle manière les producteurs d'aliments et les fabricants de produits alimentaires de l'Alberta pourront répondre à la demande nationale et internationale en aliments sains.

Le quatrième secteur est rattaché aux services écosystémiques. Une occasion en or s'offre aux gestionnaires de terres agricoles. Nous travaillons avec le gouvernement fédéral sur le Programme de lutte contre les gaz à effet de serre en agriculture. Pour l'Alberta, un fonds de 300 millions de dollars a été établi par les principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Alberta Innovates Bio Solutions a ainsi reçu une importante somme d'argent — presque 5 millions de dollars — afin d'explorer des options biologiques pour capter le carbone au lieu des méthodes habituelles. Nous pensons que l'agriculture et la foresterie ont un important rôle à jouer de ce côté.

Je vais conclure, monsieur le président, en parlant des prions. Comme vous le savez, le Canada a traversé une importante crise en 2003 avec l'éclosion de la maladie de la vache folle chez nous. À ce moment-là, l'Alberta n'avait pas la capacité de recherche nécessaire pour traiter avec les prions. La province peut maintenant compter sur un réseau mondial d'intervenants qui travaillent sur les prions et les maladies dues à un mauvais repliement des protéines. D'ailleurs, pour répondre à votre question sur les activités internationales, des chercheurs du monde entier vont se réunir à Banff en mai 2013, non seulement pour en savoir plus sur ce qui se fait en Alberta, mais aussi pour faire connaître au reste du monde les efforts de la communauté scientifique.

Monsieur le président, en résumé, que faisons-nous? Nous travaillons dans le domaine de la recherche et nous collaborons étroitement avec Agriculture Canada et les chercheurs d'autres entités fédérales. Nous avons bien souvent des plans de co-investissement avec des programmes fédéraux. Alberta Innovates Bio Solutions injecte aussi des fonds dans des projets qui permettront de mettre les bonnes pratiques en place. Nous intervenons également dans l'élaboration de politiques sur les bioproduits, par exemple, en participant entre autres à une table ronde nationale dont le mandat est de faciliter la mise en marché des bioproduits. Nous assurons des services écosystémiques et facilitons la recherche sur les prions, et je le répète encore, nous travaillons avec des tierces parties financées par le gouvernement du Canada, comme Génome Canada, pour n'en nommer qu'une.

Je vais m'arrêter ici. Merci beaucoup.

Le président : Je vous remercie infiniment, monsieur Blade.

Je vais maintenant demander à M. Jacobson de nous présenter son exposé.

John Jacobson, chef de la direction, British Columbia Innovation Council : Merci beaucoup. Je suis ravi de vous parler aujourd'hui. Le temps est agréable à Vancouver; il y a certainement moins de vent qu'à Ottawa.

Le British Columbia Innovation Council a pour mandat d'encourager la création et l'application de technologies avancées ou novatrices pour répondre aux besoins de l'industrie en Colombie-Britannique. Nos secteurs prioritaires sont l'agroalimentaire, les forêts, les mines, le gaz naturel, la technologie, la technologie propre, l'économie verte, l'éducation internationale et le tourisme. Notre mandat est donc assez large. Le conseil a été créé par voie législative, et est désigné par la loi comme étant responsable des discussions avec les autres instances gouvernementales. C'est donc à ce titre que je comparais aujourd'hui.

Les programmes que nous offrons nous-mêmes portent sur l'entreprenariat et favorisent l'essor des nouvelles entreprises et des nouveaux secteurs en Colombie-Britannique. Nous n'allons pas jusqu'à investir dans les entreprises, car nous préférons financer la main-d'œuvre. Nous y arrivons au moyen du BCRSTN, le réseau régional de science et de technologie en Colombie-Britannique, de même que des bureaux de liaison entre les universités et l'industrie, grâce auxquels nous dispensons des programmes d'entreprenariat et d'autres programmes visant à accroître la capacité et à transformer l'innovation universitaire en produits et services qui stimulent la croissance économique.

En ce qui a trait à l'innovation agricole en Colombie-Britannique, l'accord-cadre Cultivons l'avenir offre visiblement bien des ressources. Ce cadre nous permet de bénéficier du programme d'innovation en agroalimentaire entre le Canada et la Colombie-Britannique et du programme d'études de faisabilité en matière d'énergie renouvelable. Quant au secteur des gaz à effet de serre, nous avons investi directement dans la taxe sur le carbone, qui gênait les affaires. Enfin, le site Web www.agrifoodbc.ca vise à transmettre de l'information aux agriculteurs et autres producteurs agricoles.

Je vais maintenant répondre sans détour aux questions soulevées dans l'avis de convocation. Je vais expliquer rapidement les diapositives, après quoi je pourrai répondre à vos questions.

Selon nous, le rôle du ministère national Agriculture et Agroalimentaire Canada est de définir le cadre stratégique national et les résultats nationaux pour l'innovation en agriculture, de même que de veiller à atteindre les résultats prévus en évaluant les effets et en contrôlant la qualité des programmes. Il peut y arriver en formant des partenariats qui appuient l'innovation avec le secteur privé et les institutions gouvernementales, y compris les provinces et le secteur de l'enseignement postsecondaire.

Nous favorisons naturellement la création de nouveaux produits au moyen d'une politique fiscale et d'autres mesures incitatives.

À notre avis, le principal rôle de ces programmes est d'élargir la portée du cadre Cultivons l'avenir. Je crois comprendre que celui-ci arrivera à expiration vers la fin de l'exercice financier courant. Quoi qu'il en soit, la Colombie-Britannique est d'avis que le programme est une réussite. Sa souplesse a permis d'appuyer les priorités de la Colombie-Britannique. Il a aussi favorisé la commercialisation et l'innovation, en plus d'encourager le corps professoral ainsi que les étudiants postdoctoraux et de cycles supérieurs de nos établissements d'enseignement à collaborer avec le milieu des affaires sur des sujets de recherche.

En ce qui concerne les conditions de financement des projets de recherche, le British Columbia Innovation Council favorise la collaboration avantageuse en travaillant avec l'industrie et les établissements d'enseignement supérieur et en encourageant les programmes entre les établissements. La province compte un certain nombre de programmes auxquels participent plusieurs établissements. Nous créons aussi un avantage concurrentiel en misant sur les avantages régionaux naturels en matière de produits et de services, en améliorant continuellement la qualité tout en diminuant les coûts et en favorisant la sécurité pendant tout le programme.

En ce qui concerne l'évaluation de la coordination des activités de recherche entre les intervenants, nous misons surtout sur les universités, les collèges et les instituts qui développent la propriété intellectuelle et le savoir, puis qui les mettent au service de la collectivité. Nous cherchons à respecter les priorités tout en évitant les répétitions inutiles entre les différents intervenants ou établissements. Nous voulons aussi optimiser les gains du pays et de la province en élargissant l'assiette fiscale, en appuyant les établissements et en renforçant la capacité des collectivités. Enfin, nous cherchons également à développer la capacité des facultés, des spécialistes de l'industrie et des étudiants, qui sont à l'origine de l'excellence du savoir-faire sur laquelle repose toute la société.

En Colombie-Britannique, ce sont les conseils des gouverneurs qui sont responsables de la propriété intellectuelle des établissements d'enseignement, et chacun a sa propre façon de faire. Quoi qu'il en soit, chaque établissement compte des bureaux de liaison entre l'université et l'industrie, qui diffusent la propriété intellectuelle de façon ordonnée en s'occupant des licences et de l'intégration au sein de la collectivité.

Par ailleurs, la collaboration est possible grâce aux bureaux de liaison entre les universités et l'industrie, justement, et aux programmes d'entreprenariat, qui réunissent les étudiants du premier cycle et des cycles supérieurs, le corps professoral et le milieu des affaires. Les étudiants peuvent ainsi saisir des occasions et mieux comprendre comment la technologie peut contribuer au démarrage d'entreprises et aux affaires.

Nous apportons des solutions interdisciplinaires à un certain nombre d'enjeux commerciaux, sociaux et économiques plus vastes. À elle seule, une faculté pourrait ne pas avoir la capacité nécessaire dans un domaine, contrairement à plusieurs facultés et établissements qui réunissent leurs efforts. Cela inclut les projets de recherche internationaux, compte tenu de la portée fondamentalement mondiale des établissements postsecondaires. La collaboration entre les établissements de l'Europe jusqu'à l'Extrême-Orient est désormais possible grâce à la technologie. Il s'agit là d'une communauté formidablement dynamique qui se penche sur des problèmes dépassant les frontières.

En ce qui concerne nos recommandations, le British Columbia Innovation Council veut bien continuer à commenter les programmes en matière d'élaboration de politiques. Nous recommandons au gouvernement d'accorder une plus grande priorité à la commercialisation à l'intérieur de son cadre politique, ce qui fait partie de notre principal mandat. Il faut prôner la simplicité et veiller à ce que l'innovation ne profite pas uniquement aux universités, mais bien à l'ensemble des collectivités. Nous recommandons également au gouvernement fédéral d'appuyer l'innovation et la recherche dans les domaines déterminants, d'une façon qui soit durable et qui favorise la participation des établissements et du milieu des affaires.

Le président : Merci, monsieur Jacobson.

Le sénateur Buth : Les recommandations sur la poursuite des partenariats avec le gouvernement fédéral sont intéressantes. J'ai toutefois du mal à comprendre des concepts comme « poursuivre sur la même voie » et « former des partenariats ». Je préfère les exemples concrets. Pourriez-vous me donner un exemple où la participation du gouvernement fédéral a été déterminante?

M. Blade : L'exemple qui me vient à l'esprit est une collaboration avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments qui a vu le jour il y a six mois. Il existe de nouveaux outils entourant la manipulation des agents pathogènes. Nous avons formé un partenariat avec Génome Canada et l'ACIA. Après avoir réuni 600 000 $, nous avons posé la question suivante aux chercheurs d'un bout à l'autre du pays, y compris ceux de l'ACIA : quelles nouvelles technologies permettraient au Canada de mieux assurer la salubrité de ses aliments? Voilà un bon exemple de collaboration entre les instances fédérale et provinciale et le milieu de la recherche, qui nous donnera des réponses supplémentaires sur l'utilisation d'une nouvelle technologie visant à garantir la sécurité de l'approvisionnement alimentaire.

Le sénateur Buth : Quelle est la nouvelle technologie en question? De quels agents pathogènes parlez-vous?

M. Blade : La demande porte sur la listériose. Les chercheurs doivent utiliser une technologie génomique pour détecter une présence très faible de listeria dans le procédé de transformation commerciale habituellement employé au pays.

Le sénateur Buth : Quel est votre calendrier, en ce qui a trait au financement et aux résultats?

M. Blade : Dans le cadre du projet, la sélection aura lieu d'ici deux mois. Nous espérons un premier rapport 12 mois plus tard, le temps que les chercheurs évaluent les mécanismes biologiques et scientifiques de cette technologie génomique.

Le sénateur Buth : Si j'ai bien compris, vous avez conclu un partenariat avec l'ACIA, et avez tous deux investi dans le projet.

M. Blade : C'est exact; l'argent provient de l'Alberta et du gouvernement fédéral, par l'entremise de Génome Canada.

Le sénateur Buth : Vous avez donc demandé au milieu de la recherche de proposer des solutions, n'est-ce pas?

M. Blade : Nous avons avisé les chercheurs de la technologie à utiliser et des résultats escomptés. Nous voulions qu'ils trouvent des pratiques exemplaires et des idées novatrices à ce sujet.

Le sénateur Buth : C'était très ambitieux, compte tenu des détails.

M. Blade : Tout à fait.

M. Jacobson : Puisque je ne suis malheureusement pas un spécialiste des produits et du développement agricoles en Colombie-Britannique, je ne pourrai pas vous donner d'exemple. Veuillez m'en excuser.

Le sénateur Robichaud : Pour faire suite à votre réponse à la question du sénateur Buth, cette technologie vise-t-elle la transformation ou bien la vente au détail?

M. Blade : Personne ne peut prédire les découvertes scientifiques. Nous envisageons toutes les avenues, que ce soit du côté de l'animal, de la manipulation, de la transformation ou des consommateurs. Il est toutefois fort probable que la technologie s'applique à la transformation du produit.

Le sénateur Eaton : Ma question s'adresse à M. Blade. Nous avons mené une étude sur le secteur forestier dans le cadre de laquelle nous avons entendu le témoignage de FPInnovations, qui était des plus intéressants. Je me demande si vous ne seriez pas son alter ego du secteur agricole. J'aimerais que vous me parliez du transfert de l'innovation dans le secteur privé, qui semble être le principal obstacle des secteurs forestier et agricole. Comment passer du laboratoire aux détaillants?

M. Blade : Je vous remercie de votre question. Permettez-moi de féliciter le comité pour son rapport sur le secteur forestier, qui véhiculait selon moi des messages essentiels.

Nous nous intéressons davantage à l'échange du savoir qu'à la commercialisation des technologies, par exemple. Par où commencer? Les intervenants du secteur privé doivent être mis à contribution dès le départ. J'ai discuté avec deux ou trois d'entre eux. Il est important que les agriculteurs sachent que nous investissons dans l'amélioration génétique du haricot dans le Sud de l'Alberta. Mais c'est aussi vrai pour Viterra, une des principales entreprises de légumineuses de l'Ouest canadien. Nous l'avons donc mise au courant.

Dès le début, Agrium a fait partie du projet d'engrais « intelligents » dont j'ai parlé tout à l'heure. L'entreprise voulait savoir comme tout le monde ce que la science allait démontrer.

Il faut permettre à l'industrie de travailler avec nous. Puisque notre conseil d'administration se compose de représentants du milieu, il cible très précisément le genre de domaines dans lesquels nous devrions investir. Nous devons ensuite trouver les bons intervenants, qui doivent nécessairement vouloir investir temps et argent dans le développement des projets. La science peut ensuite suivre son cours. Mais loin de moi l'idée d'édulcorer la situation; le processus est très long puisque nous travaillons avec des systèmes biologiques. Nous investissons en génomique; en tant qu'organisme gouvernemental de l'Alberta, nous avons décidé d'investir nous-mêmes dans ce domaine puisque cette science n'arrivera pas sur le marché avant 10 ans. Toutefois, le milieu tient à être mis à contribution dans d'autres secteurs — comme Maple Leaf et d'autres entreprises de l'industrie alimentaire dont j'ai parlé. Nous constatons donc l'arrivée de ce nouveau savoir et de ces nouvelles technologies.

Le sénateur Eaton : Vous dites collaborer avec le milieu de la recherche universitaire en matière d'innovation agricole; ces universités sont-elles situées partout au Canada ou exclusivement en Alberta?

M. Blade : Nos investissements dépassent les frontières. Nous travaillons avec des universités de l'Alberta et de partout ailleurs au Canada. Nous investissons également dans certaines universités étrangères dont la spécialisation ou la capacité ne se trouve pas au Canada. Nous leur présentons un problème rencontré en Alberta — quoique l'enjeu se limite rarement à une seule province — pour être certain d'obtenir des résultats intéressants sur le plan scientifique. Nous pourrons ainsi saisir de nouvelles occasions.

Le sénateur Eaton : Est-ce que ce sont les universités qui font appel à vous, ou bien l'inverse?

M. Blade : C'est une excellente question. Il y a cinq ans, nous nous contentions d'attendre les idées de quiconque, en souhaitant que certaines soient intéressantes. Nous prenons désormais bien plus d'initiatives. L'infrastructure de recherche du Canada et plus particulièrement de l'Alberta est relativement limitée. Nous lançons des appels de propositions sur des sujets précis en plus de consulter des équipes de recherche de haut niveau sur des enjeux particuliers. Nous leur demandons des propositions, des éléments déterminants et des résultats en échange d'un budget donné. Nous investissons de plus en plus dans ce genre de recherche.

Le sénateur Robichaud : Vous avez certainement gagné en productivité.

M. Blade : Je pense que nous répondons mieux aux besoins de tous les maillons de la chaîne agroalimentaire.

Le président : Avant de conclure, monsieur Blade, j'aimerais souligner que le rapport sur le secteur forestier identifiait de nouvelles considérations économiques liées à la biomasse forestière. J'ai remarqué que votre deuxième objectif consiste à trouver de nouveaux produits chimiques, matériaux et formes d'énergie à partir de la biomasse. Vous voulez aussi créer de nouveaux produits et procédés bioindustriels ainsi que stimuler la croissance du secteur.

Pourriez-vous nous donner un aperçu des nouveaux produits qui pourraient arriver sur le marché, d'après vous? Vous pouvez remettre l'information au greffier, si vous préférez.

M. Blade : Nous vous ferons parvenir sans problème des précisions à ce sujet, mais permettez-moi de vous donner un exemple. Nous avons annoncé il y a trois semaines un nouveau projet en collaboration avec Magna, un fabricant de pièces d'automobiles. Des chercheurs de l'Alberta et de l'Ontario tenteront d'utiliser une fibre ligneuse qu'on retrouve en Alberta afin de créer des produits novateurs, résistants, légers et renouvelables qui pourraient un jour entrer dans la composition des pièces d'automobile. L'idée découle de discussions de Magna et de son groupe Interiors, qui cherchaient une nouvelle technologie et un nouveau matériau. Cette fois-ci, on veut déterminer si une fibre du bois pourrait entrer dans la fabrication de pièces d'automobile.

Le président : C'est aussi le cas du secteur des biocombustibles.

M. Blade : Tout à fait.

Le président : Et de l'agriculture.

M. Blade : C'est exact.

Le sénateur Duffy : Je remercie nos deux témoins d'être avec nous. Je sais ce que c'est que de perdre quelque chose. J'ai passé des années à faire des pieds et des mains pour éviter cela.

Monsieur Blade, vous qui observez le milieu scientifique, diriez-vous que les recherches ciblées gagnent en importance aux dépens de la recherche fondamentale sans objectif précis dans le milieu universitaire? La tendance s'observe-t-elle exclusivement en Alberta, ou bien également au Canada ou dans le monde entier?

M. Blade : Je pense qu'il est important de continuer d'acquérir de nouvelles connaissances, et ce genre de recherches sans but pratique représentera toujours une large part des efforts de recherche — les heureux hasards seront toujours les bienvenus. Cela dit, notre budget est relativement serré. Il faut investir judicieusement pour arriver à changer une industrie de 25 milliards de dollars à l'aide de 28 millions. Lorsque nous investissons en science, nous avons commencé à réaliser des gains considérables en formulant des demandes très précises sur les résultats escomptés.

Le sénateur Duffy : Le Canada devrait-il suivre cet exemple et cibler davantage ses recherches puisqu'il n'occupe pas une place prépondérante à l'échelle internationale?

M. Blade : Dans le cadre de mon travail, j'ai la chance de constater ce genre d'investissements dans un certain nombre de systèmes de recherche partout dans le monde. Je dirais même que certains pays versent des sommes colossales. Je crois que le Canada doit absolument trouver des domaines clés où il pourrait réaliser ce genre d'investissements, une pratique qui deviendra indispensable au fur et à mesure que le coût de la science augmentera, mais qui pourrait s'avérer hautement rentable.

Le sénateur Duffy : Merci beaucoup.

Le président : Monsieur Blade, je vous remercie infiniment de nous avoir fait part de vos commentaires. Je suis convaincu que vous pourrez nous donner plus d'information sur la question. Je vous invite à nous transmettre vos remarques d'ici le dépôt de notre rapport final au Sénat.

M. Blade : Merci, monsieur.

Le président : Mesdames et messieurs les sénateurs, nous allons maintenant poursuivre la séance à huis clos pendant cinq minutes.

(La séance se poursuit à huis clos.)


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