Aller au contenu
AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule 27 -Témoignages du 6 décembre 2012


OTTAWA, le jeudi 6 décembre 2012

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui, à 9 h 2 pour examiner, afin d'en faire rapport, les efforts de recherche et d'innovation dans le secteur agricole (sujet : la coordination du financement fédéral-provincial et du secteur privé en agriculture et en agroalimentaire).

Le sénateur Percy Mockler (président) dans le fauteuil.

[Traduction]

Le président : La séance est ouverte. Je désire tout d'abord remercier les témoins qui ont accepté de comparaître devant le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts. Je m'appelle Percy Mockler, et je suis un sénateur du Nouveau-Brunswick. Je demanderais aux autres sénateurs de se présenter. Par la suite, nous céderons la parole aux témoins pour qu'ils puissent nous faire de leurs remarques liminaires.

Le sénateur Mercer : Je m'appelle Terry Mercer et je viens de la Nouvelle-Écosse.

Le sénateur Merchant : Pana Merchant, de Regina, en Saskatchewan.

[Français]

Le sénateur Robichaud : Fernand Robichaud, Saint-Louis-de-Kent, Nouveau-Brunswick.

[Traduction]

Le sénateur Callbeck : Catherine Callbeck, de l'Île-du-Prince-Édouard.

Le sénateur Mahovlich : Je m'appelle Frank Mahovlich et je viens de l'Ontario.

Le sénateur Plett : Don Plett, du Manitoba.

Le sénateur Buth : JoAnne Buth, du Manitoba.

Le sénateur Eaton : Nicky Eaton, de l'Ontario.

[Français]

Le sénateur Maltais : Ghislain Maltais, province de Québec.

Le sénateur Rivard : Michel Rivard, Les Laurentides, Québec.

[Traduction]

Le président : Merci. Le comité poursuit son étude sur les efforts de recherche et d'innovation dans le secteur agricole et s'intéresse au point de vue des producteurs.

Nous accueillons aujourd'hui M. Roman Szumski, vice-président de la division des sciences de la vie, dans le cadre du Programme national sur les bioproduits du Conseil national de recherches Canada ainsi que M. Jersy Komorowski, gestionnaire principal de la division de l'aérospatiale au Conseil national de recherches Canada.

Merci d'avoir accepté notre invitation et de bien vouloir nous faire part de vos commentaires, de votre vision et de vos recommandations. Monsieur Szumski, la parole est à vous.

Roman Szumski, vice-président, Sciences de la vie (Programme national sur les bioproduits), Conseil national de recherches Canada : Merci, monsieur le président. C'est un honneur pour moi que d'apporter ma contribution à votre étude sur la recherche et l'innovation dans le secteur agricole.

Je m'appelle Roman Szumski et je suis vice-président de la division des sciences de la vie au Conseil national de recherches du Canada. Médecin de formation, j'ai également apporté au CNRC une expérience du secteur privé acquise à titre de cadre dans le secteur des sciences de la vie lorsque je me suis joint à l'organisme en 2005. Mon collègue, Jerzy Komorowski, qui est gestionnaire principal du secteur aérospatial, m'accompagne aujourd'hui.

Nous profitons du fait que le thème abordé aujourd'hui est la collaboration en ce qui a trait à l'innovation pour vous faire part d'un exemple probant. Certes, vous siégez au Comité de l'agriculture, mais vous allez sûrement retirer quelque chose de votre conversation avec monsieur, qui est ingénieur aérospatial.

Ainsi que le veut la Loi sur le Conseil national de recherches et en tant qu'organisme du gouvernement canadien, le CNRC poursuit, facilite et promeut la recherche pure et appliquée, ou industrielle, dans divers domaines qui présentent de l'importance pour notre pays, de l'agriculture à la santé humaine, en passant par l'aéronautique et la construction. De fait, conformément aux priorités du gouvernement du Canada, le CNRC a entrepris de se restructurer pour devenir un organisme de recherche davantage axé sur l'industrie, qui concentra ses efforts sur la commercialisation des innovations canadiennes. J'aimerais présenter au comité quelques exemples illustrant la portée des engagements du CNRC dans les activités liées à l'agriculture, et plus particulièrement la façon dont il favorise des projets de recherche et de développement en collaboration avec des partenaires des secteurs publics et privés.

Un des partenariats du CNRC a donné lieu à une réalisation remarquable pour le Canada : des semences dans le ciel. Les membres du comité ont peut-être appris que l'avion à réaction Falcon 20 du CNRC est récemment devenu le premier avion civil au monde alimenté au biocarburant pur, donc non mélangé à des produits pétroliers. Ainsi, l'aéroport d'Ottawa est au centre de cette évolution qui a marqué l'histoire de l'aviation.

Agrisoma Biosciences, une entreprise de biotechnologie canadienne en incubation aux installations du CNRC de Saskatoon depuis 10 ans, a créé une nouvelle variété de moutarde, commercialisée sous le nom de Resonance et connue sous le nom scientifique de brassica carinata, d'où on tire l'huile servant à fabriquer le biocarburant.

Le CNRC a complété les capacités de recherche d'Agrisoma en lui offrant l'expertise en génétique végétale nécessaire pour améliorer la plante d'origine. Non seulement la nouvelle variété obtenue produit plus d'huile ayant une bonne composition chimique, mais elle pousse aisément dans les régions semi-arides et sur les sols marginaux. En d'autres termes, les agriculteurs canadiens peuvent cultiver une plante qui servira à fabriquer du biocarburant sur des terres normalement en jachère, sans devoir remplacer des cultures vivrières, contrairement à ce qui se passe avec la majorité des autres plantes employées de nos jours pour fabriquer du biocarburant.

Cette année, Agrisoma a accordé des contrats à une quarantaine de producteurs commerciaux de l'Ouest canadien en vue de cultiver ce nouvel oléagineux destiné à l'aviation sur une superficie d'au moins 6 000 acres. En plus de procurer une nouvelle source de revenus aux agriculteurs, cette variété offrira aussi une source plus durable d'énergie pouvant réduire sensiblement les émissions de gaz à effet de serre associées à l'aviation, tant sur les marchés nationaux qu'internationaux. Outre les essais effectués sur les émissions, les experts en aérospatiale du CNRC ont évalué le rendement des moteurs alimentés avec ce biocarburant dans le cadre d'essais en vol.

Parmi les autres partenaires en matière de recherche ou de financement, mentionnons Applied Research Associates, les initiatives du gouvernement du Canada sur les moyens de transport propres, le Groupement aéronautique de recherche et de développement en environnement, Honeywell, Chevron Lummus Global et l'armée de l'air des États- Unis.

Des cultures comme brassica carinata, qui sont adaptées à des températures plus chaudes et qui utilisent plus efficacement l'eau et les éléments nutritifs, se traduiront par des intrants moins coûteux pour les producteurs et auront comme avantage supplémentaire d'atténuer l'impact environnemental.

En ce qui concerne la collaboration dans le cadre de ce projet, les agriculteurs travaillent avec les biotechnologues du privé comme du public, les ingénieurs en aérospatiale et les pilotes d'essai. Ces grâce à cette grande collaboration que le Canada sera, selon moi, un chef de file dans ce domaine. Vous avez sans doute compris que nous sommes très fiers de ce que nous avons réalisé pour notre pays, et quand je dis nous, ça comprend l'ensemble des collaborateurs.

La situation est semblable pour les cultures vivrières. Nous devons absolument créer de nouvelles variétés à plus haut rendement pour que les agriculteurs canadiens puissent profiter des débouchés associés à la hausse rapide de la demande d'aliments dans le monde. Si la demande d'aliments progresse, il en va autant du raffinement des consommateurs, ce qui a engendré un nouveau marché, aujourd'hui en plein essor, pour les aliments plus sains et les produits de santé naturelle. Ce marché ouvre des possibilités pour les entreprises de biotechnologie canadiennes ainsi que pour le secteur agricole qui procure à ces entreprises les matières premières dont elles ont besoin.

Sevita International Corporation, par exemple, est une entreprise ontarienne spécialisée dans la vente de variétés de soja non génétiquement modifiées, sélectionnées en raison de leurs bienfaits supérieurs pour la santé. Ces variétés sont destinées à l'exportation sur le marché international des aliments et des boissons de spécialité. En plus de donner à Sevita accès à son expertise en recherche et à son installation d'incubation de Charlottetown, le CNRC a conclu une entente avec cette entreprise pour l'aider à cerner les composés phytochimiques de diverses variétés de soja susceptible d'offrir des bienfaits pour la santé humaine et animale.

De plus, le Programme d'aide à la recherche industrielle du CNRC, le PARI, a financé ces recherches et a offert des conseils techniques et commerciaux qui ont permis à un des prédécesseurs de Sevita d'atteindre la réussite commerciale.

Dans le cadre d'un autre projet de collaboration auquel participent le CNRC, l'Université de l'Île-du-Prince- Édouard et Agriculture et Agroalimentaire Canada, et auquel contribue financièrement l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, on a dégagé les composés bioactifs de variétés d'églantiers bien acclimatés aux conditions de croissance des Maritimes. Plusieurs partenaires du secteur privé canadien évaluent les possibilités commerciales de ces composés bénéfiques pour la santé.

Un autre projet de collaboration, celui du réseau canadien BioPotato, piloté par Agriculture et Agroalimentaire Canada et auquel participe le CNRC, a permis d'étudier plusieurs variétés de pommes de terre. Les chercheurs ont constaté que les pommes de terre à chair colorée sont riches en antioxydants. Ces tubercules rivalisent avec le bleuet, mais présentent l'avantage supplémentaire de pouvoir être cultivés à beaucoup plus grande échelle et à moindres frais. De plus, leur concentration élevée d'antioxydants ne diminue lors de la transformation. Ces pommes de terre produisent aussi de la fécule sans gluten.

Outre les équipes de recherche et développement fédérales, six universités de quatre provinces ont participé au projet, de même que le centre Bio Food Tech de l'Île-du-Prince-Édouard et les chefs en recherche culinaire au Collège Holland. Une de nos tâches, c'est de goûter ce qui est produit au collège et ça, c'est tout à fait formidable.

Grâce à ses recherches, le CNRC contribue à la sûreté et à la salubrité des produits de santé naturels venant de l'agriculture parce qu'il fournit aux entreprises canadiennes les preuves scientifiques qui étayeront leurs allégations sur le plan réglementaire. Le CNRC aide aussi ses clients à évaluer la qualité de leurs ingrédients bruts ainsi qu'à effectuer des essais précliniques qui établiront si les produits sont assez sûrs pour qu'on investisse dans des essais cliniques sur des humains.

J'espère que ces quelques exemples auront permis aux membres du comité de mieux comprendre l'importance du rôle que joue le CNRC pour ce qui est de favoriser l'innovation et les débouchés dans les industries agricoles du pays. Pour mettre au point leurs innovations et en prouver la valeur commerciale, les partenaires du CNRC comptent sur cet organisme pour accéder à un coût raisonnable à de l'expertise technique et scientifique très spécialisée ainsi qu'à des installations de recherche. Cet aspect revêt une importance particulière pour les petites et moyennes entreprises, qui possèdent rarement les ressources voulues pour investir dans le personnel de recherche et l'infrastructure physique dont elles ont besoin.

La recherche et l'innovation peuvent rendre les aliments et les produits agricoles du Canada plus compétitifs sur le marché d'exportation, tout en maintenant la production et les bénéfices ici, au pays.

Je vous remercie de m'avoir écouté. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.

Le sénateur Plett : Merci d'avoir accepté notre invitation à venir témoigner devant le comité ce matin. Vous avez dit quelque chose qui a piqué ma curiosité. Combien de temps l'avion au biocarburant a-t-il pu rester dans les airs et quelle distance a-t-il parcourue?

Jersy P. Komorowski, gestionnaire principal, Aérospatiale, Génie, Conseil national de recherches Canada : En fait, il n'y avait qu'une petite quantité de carburant, environ 40 gallons. Le Falcon a la particularité d'avoir des réservoirs distincts, ce qui fait qu'on a pu passer du kérosène au biocarburant en plein vol.

Cette partie du vol a duré environ une demi-heure, mais ce qui est remarquable dans tout ça, c'est que l'avion était à 10 000 mètres d'altitude. C'est l'altitude de croisière d'un avion à réaction de ligne. Nous mesurons les émissions du biocarburant grâce à notre avion T-33, qui est spécialement équipé pour les vols à haute altitude et qui recueille des informations précieuses pour notre recherche. S'il est vrai que l'exploit a été grandement médiatisé, il s'agit tout de même à la base d'une percée scientifique dont nous analysons toujours les données.

Avant l'essai sur le terrain, nous avions testé le même moteur dans notre laboratoire de turbines à gaz. Nous nous étions intéressés au redémarrage d'un moteur alimenté au biocarburant et nous voulions déterminer ce qu'il arriverait s'il y avait un arrêt de moteur et qu'il fallait redémarrer à haute altitude. Tout s'est bien déroulé et les émissions, quant à elles, semblaient être plus faibles.

Le sénateur Plett : L'avion tourne-t-il au biocarburant au décollage?

M. Komorowski : Non.

Le sénateur Plett : Vous avez parlé de la demande mondiale en carburant, sachant que d'ici 2050, il y aura 9 milliards d'habitants à nourrir sur cette terre. J'aimerais vous faire part d'une de mes préoccupations : d'après les éleveurs avec qui j'ai eu l'occasion de discuter, l'augmentation du prix des cultures fourragères s'explique par le fait qu'on réquisitionne de plus en plus de cultures, plus particulièrement le maïs, pour alimenter les usines de production d'éthanol. Bien entendu, les subventions agricoles contribuent également à faire augmenter les prix des aliments pour bétail.

Vous avez dit que la plupart des terres utilisées pour vos cultures resteraient autrement en jachère. Il y a un témoin qui nous a parlé d'un contrat important qu'il avait conclu. Vous avez parlé de façon générale de l'Ouest du Canada, mais l'autre témoin a été un peu plus précis. Il a dit que ma province, le Manitoba, avait conclu d'importants contrats. Évidemment, dans cette province, on ne parle pas vraiment de terres en jachère, mais plutôt de champs qui seraient autrement utilisés à produire des denrées alimentaires.

Pourriez-vous nous en parler un peu? J'appuie la recherche et l'innovation, mais cela m'inquiète que nous utilisions nos aliments pour en faire du carburant.

M. Komorowski : Le débat sur l'utilisation d'aliments pour produire du carburant est très important au CNRC; nous avons donc décidé, il y a un certain nombre d'années, de cesser nos recherches sur la production d'éthanol à partir du maïs, par exemple. Nous nous concentrons sur ce que nous appelons des biocarburants de troisième génération. Nous examinons des plantes — comme celles que j'ai données en exemple — qui peuvent pousser sur des terres marginales, là où elles ne sont pas en concurrence avec des plantes alimentaires. Nous examinons également d'autres possibilités de produire du carburant à partir des algues, par exemple, ce qui n'utiliserait aucune terre agricole.

Je ne suis pas un expert du secteur des graines oléagineuses, mais je crois comprendre que dans ce secteur, on estime que jusqu'à 10 p. 100 des récoltes de canola, par exemple, pourraient servir à produire des huiles industrielles, sans que cela influe de façon perceptible sur le coût des aliments. Au-delà de cette limite, cependant, il pourrait y avoir un problème.

En tant qu'organisme de recherche, nous mettons l'accent sur les biocarburants de troisième génération en tenant compte des possibilités pour ce marché d'utiliser des terres agricoles qui ne servent pas à la production alimentaire ou des technologies de rechange qui n'ont rien à voir avec les terres agricoles, comme dans le cas des algues, par exemple.

Le sénateur Plett : J'appuie cette démarche. Ma collègue est sans doute en mesure de vous en dire davantage sur les graines oléagineuses et le canola, puisqu'elle est une experte du domaine. Je vais attendre ses questions.

Le sénateur Mercer : Merci de votre présence. Je suis un grand partisan du Conseil national de recherches. Les Canadiens ne comprennent pas vraiment les trésors qu'il y a au CNRC, le travail que vous faites et toute la recherche sur la mise au point de produits que le CNRC a réalisés par le passé.

Croyez-vous qu'il soit commercialement viable de produire du carburant à partir des graines de moutarde, plus particulièrement du carburant pour les avions? Les essais ont été concluants. J'en suis bien content, mais qu'en est-il de la commercialisation de ce produit?

M. Szumski : J'ai parlé d'un certain nombre de sociétés importantes qui prennent part dans cet effort de collaboration. Ces sociétés ont appliqué toute la diligence nécessaire pour comprendre s'il vaut la peine d'investir dans cette technologie à l'heure actuelle. Leur réponse — et nous nous guidons sur ce secteur pour la commercialisation — est que le produit intéresse l'industrie. Ces sociétés font des investissements dans le domaine.

Le sénateur Mercer : L'un de vos partenaires est l'armée de l'air américaine — un partenaire non négligeable. Les partenaires ont-ils des droits de propriété à l'égard de la technologie? Seraient-ils propriétaires d'une partie de la technologie si elle était commercialisée?

M. Szumski : Une technologie comme celle-là comporte de multiples éléments. Certains composants appartiennent à la Société canadienne de biotechnologie; c'est le cas des principaux éléments, y compris de la plante elle-même. Certaines des technologies de conversion appartiennent à d'autres sociétés que nous avons mentionnées, dont Honeywell et ARA. Le partenariat de l'aviation américaine porterait sur l'application et la compréhension des résultats. L'aviation s'intéresse aussi au carburant de rechange.

Le sénateur Mercer : Vous avez dit qu'une quarantaine de producteurs commerciaux de l'Ouest du Canada ont semé environ 6 000 acres de ces graines oléagineuses. Serait-il possible de faire pousser ces graines oléagineuses ailleurs au Canada? Nous n'avons pas beaucoup de terres arables en Nouvelle-Écosse, mais nous avons beaucoup de roches.

M. Szumski : Je ne crois pas qu'on puisse les faire pousser dans la roche.

Le sénateur Mercer : Moi non plus, mais avez-vous examiné s'il serait viable pour des agriculteurs d'autres régions du pays de les produire? S'ils peuvent utiliser des terres qui ne servent pas actuellement à d'autres récoltes, c'est d'autant plus avantageux.

M. Szumski : Oui. Je ne suis pas agronome. Je n'ai donc pas les compétences nécessaires pour répondre à cette question. Je crois savoir qu'à l'heure actuelle, ces plantes sont particulièrement bien adaptées aux provinces de l'Ouest.

Le sénateur Mercer : Tant mieux pour ces provinces. Enfin, ma dernière question est très simple : qu'est-ce que l'églantier?

M. Szumski : C'est une plante à fleurs.

Le sénateur Eaton : Non, ce sont les graines des roses rugosa, des roses anciennes. À la fin de la saison, en août ou en septembre, elles ressemblent à des petites boules d'un rouge rosé.

Le sénateur Mercer : Je siège à ce comité pour apprendre de telles choses.

Le sénateur Eaton : Ces rosiers poussent le long des routes et dans les jardins. Ce sont des roses anciennes.

Le sénateur Mercer : Merci à nos témoins et merci à vous, sénateur Eaton.

M. Szumski : C'est très utile. Vous avez des experts pour nous aider.

Le secteur des produits naturels de santé est un secteur considérable au Canada. Ces ventes annuelles sont d'environ 4,7 milliards de dollars. Les produits sont principalement exportés et rapportent beaucoup au producteur, car ce sont des produits de grande valeur. C'est un marché intéressant.

Le sénateur Mercer : Merci.

Le sénateur Eaton : Merci, messieurs. La première question porte sur le carburant. Avez-vous fait des expériences sur le gras animal ou sur les produits forestiers, sur la façon dont on fabrique maintenant de la cellulose à partir des produits forestiers? A-t-on essayé de produire du carburéacteur à partir de ces produits?

M. Szumski : Non, nous n'avons pas fait cette recherche.

Le sénateur Eaton : Je crois comprendre qu'on fait maintenant des biocarburants pour les voitures à partir des déchets d'équarrissage des animaux.

M. Szumski : Oui.

Le sénateur Eaton : On n'a rien essayé d'autre?

M. Szumski : Comme je l'ai dit, nous nous intéressons aux denrées non alimentaires, à la production qui n'utilise pas d'aliments. Pour ce qui est de produire du carburant à partir de déchets, ce qui comprendrait les déchets d'équarrissage des animaux ou même les déchets municipaux, les algues, que j'ai données en exemple, il s'agit d'un organisme qu'on peut faire pousser sur les déchets municipaux. Ce serait une façon de convertir les déchets municipaux en carburant. En ce qui a trait aux déchets animaux, le CNRC n'a fait aucune recherche dans ce domaine.

Les biocarburants de troisième génération sont tout nouveaux. C'est un peu comme dans le cas des VHS et des Beta; on ne peut pas savoir ce qui l'emportera sur le marché au bout du compte. Ce qui déterminera le gagnant, c'est en partie des éléments comme les possibilités de cueillette et de transport, de même que la façon dont fonctionne toute la chaîne d'approvisionnement. Nous prévoyons également que lorsque le secteur du transport aérien se mettra à consommer des quantités toujours croissantes de biocarburant, ce carburant viendra probablement de diverses sources. Aucune source ne sera en mesure de fournir, à elle seule, tout le carburant nécessaire en aérospatiale.

Le sénateur Eaton : Existe-t-il des organismes aux États-Unis qui essaient de faire des recherches semblables aux vôtres, dans la mise au point, et y a-t-il des échanges d'idées, pour ainsi dire?

M. Szumski : Il existe une forte collaboration. Dans le domaine des biocarburants, nous collaborons avec le département de l'Énergie des États-Unis dans le cadre de multiples projets.

Le sénateur Eaton : Y a-t-il aussi des universités?

M. Szumski : Au CNRC, dans le cas des États-Unis, nous travaillons principalement avec les grands laboratoires du gouvernement.

Le sénateur Eaton : Et au Canada?

M. Szumski : Au Canada, nous collaborons avec un certain nombre de chercheurs universitaires qui nous aident dans ce domaine. Il y a une grande diversité d'un bout à l'autre du pays.

Le sénateur Eaton : Autrement dit, vous ne travaillez pas en vase clos?

M. Szumski : Non, le CNRC est contre les vases clos. Nous travaillons dans l'optique inverse.

Le sénateur Eaton : Dans nos études, tant dans le secteur des forêts que de l'agriculture, nous constatons parfois que les mêmes recherches sont réalisées à différents endroits du pays, mais qu'il n'y a pas de communication.

Je voudrais vous parler de Sevita International. Cette société travaille à la commercialisation de soja non génétiquement modifié. À cause de la levée de boucliers en Europe contre les semences génétiquement modifiées, levée de boucliers qui se fonde probablement sur des raisons plus commerciales que scientifiques, croyez-vous que ce soit une solution d'avenir? Croyez-vous que cela pourrait s'appliquer au canola et au blé? De telles recherches pourraient-elles s'étendre à d'autres denrées agricoles?

M. Szumski : C'est là l'exemple d'une entreprise qui vend un produit spécialisé dont la valeur est beaucoup plus élevée en raison de l'intérêt que lui portent les consommateurs. Comme les membres du comité le savent sans doute, au Canada, la vaste majorité du canola produit est génétiquement modifié. Pourrait-on produire des denrées non modifiées? On peut imaginer qu'il pourrait y avoir un intérêt dans des marchés spécialisés ou de créneaux, mais pour répondre aux exigences de production, les variétés actuelles de canola sont énormément plus productives. Je ne crois pas que l'on puisse choisir cette autre option, non. Les anciennes variétés non modifiées ont une production beaucoup trop faible.

Le sénateur Eaton : Merci.

Le sénateur Mahovlich : Vous avez parlé d'une variété de pommes de terre qui remplace les bleuets. Je suis grand amateur de bleuets; j'en mange tous les matins dans mes céréales. De quelle couleur est la pelure de ces pommes de terre?

M. Szumski : Ces pommes sont mauves ou bleues.

Le sénateur Mahovlich : Ce qui est populaire cette année, ce sont les frites de patates douces. Tout le monde en réclame. Si nous avions des pommes de terre de la couleur de bleuet, elles feraient rage sur le marché. Pour revenir aux bleuets eux-mêmes, je paie actuellement 28 $ pour un petit panier. C'est très cher, car la valeur des bleuets est très élevée. Ils sont très bons pour la santé.

M. Szumski : De bonnes recherches l'ont prouvé.

Le sénateur Mahovlich : Y avait-il une forte demande pour les plantes de moutarde? Quand je passe près d'un champ en voiture, les gens disent : « Oh, c'est un champ de moutarde. » La moutarde a-t-elle la cote par les temps qui courent?

M. Szumski : Je vous prie de m'excuser, une fois de plus. Vous parlez d'un domaine dont je ne suis pas un expert, mais je dirais que le Canada fournit un pourcentage important des graines de moutarde utilisées dans le monde — 80 p. 100. Dans la plupart des cas, la moutarde produite en France est fabriquée à partir de graines canadiennes.

Le sénateur Mahovlich : La moutarde de Dijon doit bien venir de France. On la cultive là-bas en abondance dans les champs.

M. Szumski : La moutarde est fabriquée là-bas, mais les fabricants se procurent les graines de moutarde ici, dans la plupart des cas.

Le sénateur Mahovlich : C'est intéressant.

M. Szumski : Le Canada produit 80 p. 100 de toutes les graines de moutarde utilisées dans le monde. C'est une denrée très importante.

Le sénateur Mahovlich : Je crois qu'on en cultive beaucoup en Ontario.

M. Szumski : Oui.

Le sénateur Mahovlich : Il y aura maintenant une demande accrue pour les graines de moutarde.

M. Szumski : Il s'agit de graines expressément mises au point pour la fabrication de biocarburant. Elles sont dérivées des graines de moutarde.

Le sénateur Mahovlich : C'est une graine de moutarde particulière?

M. Szumski : C'est exact.

Le sénateur Mahovlich : Je vois. Elle ne serait peut-être pas populaire en Ontario. Le relief est assez accidenté dans le nord.

M. Szumski : Oui.

Le sénateur Mahovlich : Il faudra voir, je suppose.

M. Szumski : Effectivement.

Le sénateur Buth : Merci beaucoup de votre présence. Ma première question porte sur les différents organismes de financement et de recherche en agriculture et la place que vous y occupez. Pourriez-vous nous parler un peu du CNRC comparativement à Agriculture et Agroalimentaire Canada et nous décrire les différences, et la même chose au sujet du CRSNG, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie?

M. Szumski : Oui, avec plaisir. En ce qui concerne les conseils subventionnaires, ils financent les recherches effectuées dans les universités. Il s'agit d'un petit groupe de gens qui disposent de sommes énormes, et c'est eux qui fournissent le financement. Le CRNC, pour sa part, ressemble davantage à Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Nous sommes une organisation « d'exécution ». Nous avons nos propres installations, notre équipement et nos professionnels pour nos recherches. Nous n'offrons pas le financement, nous faisons les recherches.

Quant à la différence entre le CNRC et Agriculture et Agroalimentaire Canada, le ministère a du personnel qui travaille en agronomie et en phytogénétique. Il dispose de phytogénéticiens qui travaillent sur le terrain et mettent à l'essai de nouvelles variétés. Au CNRC, nous avons les compétences pour comprendre la biologie des plantes. Nous faisons, entre autres, du séquençage génétique et nous étudions la chimie et le profil hormonal des plantes.

Nous travaillons de concert avec Agriculture et Agroalimentaire Canada dans le cadre d'un nombre important de projets pour accélérer le travail en phytogénétique. Nous fournissons au ministère des scientifiques qui possèdent des renseignements essentiels sur le séquençage génétique des plantes ou sur leur profil hormonal, et le ministère utilise cette information pour accélérer la mise au point de nouvelles plantes. Cela lui permet de mieux comprendre les différences entre les plantes et de choisir les traits qu'ils souhaitent réunir.

Pour mettre au point une nouvelle variété de plantes, il faut se livrer à toute une gamme d'activités, et nous participons à différentes activités de ce spectre.

Le sénateur Buth : C'est intéressant. Vous nous parlez de la recherche fondamentale que vous faites, mais les projets que vous nous avez signalés vont bien au-delà. Quel est l'équilibre entre la recherche fondamentale et certains des projets dont vous nous avez parlé aujourd'hui?

M. Szumski : Le projet appelé « semences dans le ciel » est très intéressant, car il a réuni toutes ces activités, depuis la phytogénétique qui a permis de créer la plante jusqu'à sa production en carburant et son utilisation dans un avion, et ce, en l'espace de quelques années.

La recherche fondamentale n'est pas la production de connaissance aux seules fins de la connaissance. Pour nous, cette recherche a une valeur pour la prospérité si elle peut être convertie en produits commercialisables. Ce carburant en est un bon exemple.

Le sénateur Buth : L'un de nos témoins qui représentait les universités, je crois, nous a signalé à un moment donné qu'on envisageait de financer des recherches en agriculture, mais que le CRSNG ne considérait plus l'agriculture comme un secteur prioritaire. Qu'en pensez-vous?

M. Szumski : Ce que je pense du CRSNG? Je ne peux pas me prononcer là-dessus.

Pour le CNRC, puisque nous nous concentrons de plus en plus sur des recherches qui sont pertinentes pour l'industrie, l'agriculture est importante car les investissements dans ce domaine ont tendance à demeurer au Canada. On ne peut pas déménager ailleurs les terres agricoles. Nous estimons qu'il est commercialement bien justifié d'utiliser les dernières technologies dont nous disposons pour accroître la valeur de l'agriculture. Nous prévoyons continuer nos investissements dans ce domaine.

Le sénateur Buth : Est-ce que vous êtes l'organisation qui examine des programmes phares?

M. Szumski : Oui, nous examinons un certain nombre de programmes qui visent à avoir un effet important.

Le sénateur Buth : En agriculture, quels seraient ces programmes?

M. Szumski : Je ne sais pas si on peut vraiment parler de programmes « phares » à ce moment, mais avec des collaborateurs, comme Santé Canada et d'autres partenaires semblables, nous examinons sérieusement le développement de variétés améliorées de blé.

Le sénateur Buth : Je trouve fort intéressant cet argument d'aliment par rapport au carburant, notamment en ce qui concerne l'utilisation de la variété de moutarde appelée Resonance, puisqu'elle ne sera pas cultivée dans les terres où on cultiverait des aliments. Nous devons faire attention à la façon dont nous présenterons cela. Vous avez dit que 10 p. 100 des terres servant à la culture de canola pourraient être utilisées pour le carburant. Il s'agit d'une culture vivrière. On a aussi affirmé que les cultivateurs pourraient économiser sur le coût des intrants comme l'eau. Habituellement, les cultivateurs ne font pas d'irrigation dans l'ouest du Canada. Je ne crois pas qu'il soit très convaincant de dire que c'est complètement différent des aliments. Qu'auriez-vous à dire à ce sujet?

M. Szumski : Nous convenons que c'est un sujet très important. Les exemples que j'ai donnés démontrent qu'il y a un certain nombre de domaines de recherche sur lesquels nous ne nous penchons pas parce que nous ne voulons pas faire de recherche là où il y aurait un conflit direct entre les aliments et le carburant. Par exemple, nous ne nous occupons tout simplement pas de l'éthanol provenant du maïs. En tant qu'organisme de recherche, nous concentrons nos efforts sur les domaines qui nous permettent de faire des travaux sans faire concurrence aux aliments. Voilà l'un des thèmes et l'un des filtres que nous utilisons pour choisir les domaines sur lesquels nous mettrons l'accent.

Au bout du compte, il faudra des discussions et de la surveillance pour décider comment tout cela s'appliquera, et je suis d'accord pour dire que nous devons être prudents.

M. Komorowski : Nous avons également examiné les domaines où les biocarburants pourraient être importants. Dans le domaine de l'aérospatiale, les carburants de remplacement ne se pointent pas à l'horizon. On parle de quantités limitées. L'aérospatiale ne contribue que 2 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre, mais l'aérospatiale a besoin de carburant à haute densité énergétique. Les avions sont généralement remplacés à chaque 30 ans. Le cycle de vie normal d'un aéronef est de 30 ans. En gros, tout ce que l'on voit dans les airs aujourd'hui le sera toujours dans 20 ans. Les voitures, quant à elles, sont remplacées beaucoup plus facilement. Elles sont remplacées environ tous les 10 ou 15 ans. Nous pourrions tous conduire des véhicules électriques d'ici 10 ou 15 ans.

Du point de vue du CNRC, lorsque l'on songe à l'avenir, investir dans le carburant automobile manquerait de vision, alors que c'est très différent pour l'aérospatiale.

Le sénateur Buth : Je comprends. Je dis simplement que vous devez faire attention aux justifications que vous utilisez en disant que cela ne fera pas concurrence aux cultures vivrières sur le plan de l'utilisation des terres.

M. Komorowski : Au départ, lorsque nous avons discuté avec Agrisoma pour qu'elle oriente ses travaux vers les biocarburants d'avion, nous avons rencontré des représentants du secteur de la graine de moutarde, et ils nous ont dit que les agriculteurs avaient besoin de faire de la rotation des cultures. Parmi les cultures qu'ils peuvent inclure à celles dont ils ont besoin, ils ne peuvent pas faire pousser du blé année après année. Je m'éloigne grandement de mon domaine d'expertise, mais je vous transmets les connaissances que j'ai acquises. Ils ont besoin de quelque chose. Ce qui les a attirés vers cette culture, c'est que le monde ne peut consommer qu'une certaine quantité de moutarde. À ce qu'il paraît, il faut exactement la même chose pour faire pousser du canola, alors les agriculteurs n'ont besoin de faire que très peu de changements pour cultiver le brassica carinata.

Le sénateur Buth : Je comprends, mais je dis qu'il faut être prudent en présentant l'argument que cela n'occupera pas les terres des cultures vivrières.

M. Szumski : Nous sommes sensibles à cet enjeu, oui.

Le sénateur Buth : Merci.

Le sénateur Callbeck : Merci d'avoir accepté notre invitation ce matin. Votre exposé m'a ravie parce que vous avez parlé de la recherche à l'Île-du-Prince-Édouard non pas une fois, mais deux. Au cours des années, nous avons construit là-bas quelques installations fantastiques, dotées de chercheurs très distingués.

Le premier projet dont vous avez parlé est l'églantier. Vous avez dit que certaines personnes du secteur privé s'y intéressent. J'aimerais que vous nous parliez du projet en général et que vous nous disiez quand nous saurons si le secteur privé prendra la relève.

M. Szumski : Il est difficile de prévoir le moment où l'intérêt commercial se développe pour un projet comme celui- ci. Dans le domaine des produits de santé naturelle, le cycle de développement normal dure environ huit ans, de la gestation d'une idée à la reprise par un acteur commercial.

Le sénateur Callbeck : Lorsque le secteur privé s'en occupera — dans le cas en question, je pense que l'université y a participé, en collaboration avec le Conseil national de recherche, Agriculture et Agroalimentaire Canada et grâce à un financement de l'APECA —, est-ce que ces organisations recevront en retour des ressources financières du secteur privé?

M. Szumski : Oui, c'est normalement le cas. Par exemple, lorsque le CNRC élabore une nouvelle technologie, c'est la Couronne qui possède la propriété intellectuelle. Cela nous donne l'occasion de négocier un contrat de licence pour la propriété intellectuelle; il y a donc un rendement au bout du compte pour le CNRC pour toute technologie qui est commercialisée.

Le sénateur Callbeck : En termes d'argent, les dépenses représentent-elles un pourcentage important pour le secteur privé?

M. Szumski : Pour la propriété intellectuelle, il y a normalement des normes dans l'industrie pour les droits de licence, les redevances ou les paiements d'étape qui sont négociés avec les entreprises. Est-ce un pourcentage important? Si vous mettez au point quelque chose de vraiment très gros, comme, disons, un médicament vedette dans le domaine des soins de la santé, vous obtiendrez normalement un rendement de 1 à 3 p. 100.

Le sénateur Callbeck : Avez-vous dit de 1 à 3 p. 100?

M. Szumski : Oui, dans ces eaux-là, si vous avez la technologie centrale.

Le sénateur Callbeck : Vous avez dit que l'églantier convient très bien aux Maritimes. Que voulez-vous dire?

M. Szumski : La plante avec laquelle nous travaillons vient de cette région, alors elle pousse naturellement là-bas.

Le sénateur Callbeck : Est-ce la seule région où elle pousse naturellement?

M. Szumski : C'est là que nous travaillons avec ce groupe.

Le sénateur Mahovlich : Il s'agit d'une plante sauvage.

M. Szumski : C'est une plante sauvage, en effet.

Le sénateur Callbeck : Vous avez parlé de variétés de pommes de terre à chair colorée et vous avez dit que vous obtenez de la fécule sans gluten. Au cours des 10 dernières années, certaines épiceries ont élargi leur section de produits sans gluten; il devrait donc y avoir un marché potentiel. Où s'en trouve ce projet actuellement? Est-ce que le secteur privé s'y est intéressé, ou est-il assez avancé pour cela?

M. Szumski : C'est un projet pour lequel nous cherchons toujours un partenaire du secteur privé, mais cela devrait se produire bientôt.

Le sénateur Callbeck : Vous n'en êtes pas encore au point où le secteur privé a fait part de son intérêt?

M. Szumski : C'est exact. J'ai présenté divers exemples de projets où il y a une forte participation du secteur privé et d'autres qui sont préparés et prêts à être transférés au secteur privé.

Le sénateur Callbeck : Dans combien de temps environ pensez-vous que vous serez prêt à le transférer au secteur privé?

M. Szumski : Pour ce projet, les discussions sont déjà en cours.

Le sénateur Callbeck : Très bien. Savez-vous s'il y a des entreprises du secteur privé qui sont intéressées?

M. Szumski : Nous savons qu'elles sont intéressées, mais le projet ne sera pas considéré comme une réussite tant que l'une d'entre elles ne l'aura pas adopté.

Le sénateur Callbeck : Très bien. Merci.

[Français]

Le sénateur Maltais : Vous faites de la recherche et on a vu les résultats avec le biodiesel, le biocarburant qui a servi à faire voler un avion pendant 30 minutes. D'après vous, cela peut prendre combien de temps avant que ce soit commercialisé?

[Traduction]

M. Szumski : Les compagnies aériennes s'y intéressent grandement, alors il y a une forte demande de la part de l'industrie. Les associations internationales des compagnies aériennes ont choisi comme impératif d'affaires des échéanciers très courts pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre; elles cherchent donc activement des façons différentes de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, que ce soit en allégeant leurs aéronefs ou en trouvant d'autres carburants.

À l'heure actuelle, nous en sommes à l'étape des démonstrations, c'est-à-dire des mises à l'essai. Combien de temps avant qu'il y ait une utilisation commerciale des biocarburants dans les avions? Selon mon jugement professionnel, j'imagine qu'on commencera à les utiliser dans environ 10 ans.

[Français]

Le sénateur Maltais : Avez-vous des relations avec les fabricants d'automobiles?

[Traduction]

M. Szumski : Oui, nous en avons. Nous avons des programmes destinés au secteur automobile; alors, oui, le CNRC collabore grandement avec ce secteur.

[Français]

Le sénateur Maltais : Pour tout le matériel que vous nous avez décrit à partir de la moutarde et des boutons de rose, sauf les algues parce que les algues on peut en trouver ailleurs que dans l'Ouest canadien, comment vous êtes vus par vos compétiteurs extracteurs de pétrole dans l'Ouest? Travaillez-vous main dans la main? Allez-vous déjeuner ensemble de temps en temps?

[Traduction]

M. Szumski : C'est intéressant d'être au CNRC, parce que la réponse est oui. Nous collaborons avec l'industrie pétrolière, les agriculteurs et, en somme, tous les différents secteurs de l'économie canadienne. Comment perçoivent-ils ces technologies? Comme vous le savez, il y a souvent des exigences pour qu'on ajoute des biocarburants au mélange; alors, oui, les compagnies pétrolières s'intéressent, elles aussi, à ce genre de technologies.

Est-ce qu'on se trouve parfois à créer des technologies qui servent à différents concurrents? Oui, cela arrive aussi. Cela fait partie du jeu.

[Français]

Le sénateur Maltais : Si on voit des programmes d'expansion des pétrolières vers l'Est du Canada, je n'ai pas l'impression que la moutarde va bien couler dans l'Est du Canada. Ils investissent des milliards de dollars, que ce soit dans l'Est ou dans l'Ouest, vers les Rocheuses ou vers les États-Unis pour leur projet global, même si ce n'est pas encore fait. Comment resterez-vous compétitifs, une fois que le biocarburant sera au point?

[Traduction]

M. Szumski : Ce que je prévois avec cette industrie, c'est qu'il y aura une demande. Comme je l'ai dit, les compagnies aériennes cherchent à ajouter du biocarburant à la combinaison de carburant qu'elles utilisent. Nous avons vu certains exemples, comme Virgin Airlines et d'autres compagnies très connues qui ajoutent déjà du biocarburant à leur mélange. Quelle que soit la situation des marchés mondiaux du pétrole, il y aura une demande pour une certaine quantité de biocarburant. Des occasions existent, même s'il n'y a pas une plus grande disponibilité de l'essence et d'autres carburants.

Le sénateur Merchant : J'ai une autre question à propos de la nouvelle graine de moutarde dont vous avez parlé. Lorsque nous sommes allés récemment à Saskatoon, je pense que nous sommes allés visiter Bayer CropScience. On nous a montré différentes plantes, et je ne suis pas certaine si cette entreprise participe à ce projet. Vous avez parlé d'une autre entreprise.

M. Szumski : Non, elle n'y participe pas.

Le sénateur Merchant : Je vois que vous êtes conscient du débat entre les aliments et les carburants, et j'en suis ravie. Cependant, pour le biocarburant à base de canola, de nombreuses personnes diront que les émissions créées dans l'ensemble de la chaîne de production ne sont pas vraiment plus basses que pour le carburant classique, si l'on tient compte du tout.

En ce qui concerne les nouveaux biocarburants avec lesquels vous travaillez, c'est-à-dire les biocarburants de troisième génération, quel est le niveau d'émissions dans l'environnement? Lorsque vous tenez compte de toute l'équation, est-ce que ces biocarburants représentent un avantage? Peut-être que ces graines poussent dans des terres arides, mais qu'en est-il de l'engrais et de ce genre de choses, qui produisent aussi beaucoup d'émissions?

M. Szumski : Voilà ce qu'on appelle l'analyse du cycle de vie entier, qui est de mise pour ce genre de carburant.

Pour en revenir aux filtres ou aux thèmes que nous utilisons au CNRC afin de déterminer dans quels secteurs nous ferons des recherches, nous sommes sensibles à l'enjeu des aliments et du carburant. C'est pourquoi nous nous penchons sur les biocarburants de troisième génération.

Nous tenons aussi compte de l'analyse du cycle de vie. Nous cherchons à comprendre si l'empreinte écologique sera plus ou moins importante qu'avec les autres options. Si l'empreinte écologique est plus importante, comme c'est le cas, par exemple, avec l'éthanol provenant du maïs, alors nous ne nous en occuperons pas. Si nous croyons qu'il y a lieu de réduire l'empreinte écologique grâce à certaines améliorations technologiques, alors nous ferons des recherches là- dessus.

Le sénateur Merchant : Dans ce cas, est-ce que vous avez fait ce genre d'analyse avec Resonance?

M. Szumski : Ce genre de travail a été fait, et on estime que cette plante pourrait avoir une meilleure empreinte écologique.

Il y a un autre facteur qui entre en jeu relativement aux biocarburants : le biocarburant pour avion a une densité énergétique un peu plus élevée que le carburéacteur normal; il s'agit d'une augmentation d'un peu moins de 1 p. 100 de la densité énergétique. Cela améliore aussi un peu l'efficacité. C'est minime, mais c'est un facteur qui s'ajoute à l'équation.

Voilà le genre d'éléments dont on tient compte dans l'analyse du cycle de vie entier. C'est un point très important qui doit entrer en ligne de compte pour savoir ce que l'on finira par choisir afin d'obtenir des avantages sociaux ou environnementaux.

Le sénateur Merchant : Bien. Merci beaucoup.

[Français]

Le sénateur Rivard : Merci, monsieur le président. Encore une fois, merci pour votre présentation. Je pense que toutes les questions techniques ont été soulevées. Vous avez très bien répondu.

Je vais vous poser une question qui n'est pas en rapport avec votre présentation mais qui est importante pour l'avenir de votre centre de recherche. On sait qu'on s'en va vers un budget équilibré pour 2014-2015. Tous les ministères et les agences gouvernementales sont invités à proposer des réductions dans les budgets. Est-ce que vous êtes touchés par ce programme? Avez-vous été avisés par le Conseil du Trésor ou le ministère des Finances à savoir que votre financement et vos ressources humaines pourraient subir des réductions? Comment envisagez-vous l'avenir à court terme?

[Traduction]

M. Szumski : Oui, comme tous les ministères gouvernementaux, le CNRC est touché par le budget d'une façon ou d'une autre. Dans le budget de cette année, le CNRC a participé à l'examen stratégique et opérationnel; alors, cela a bel et bien eu un effet. De plus, le budget du PARI du CNRC a été doublé, ce qui signifie qu'il y a eu un investissement dans le CNRC également.

Le concept de cible est important pour le CNRC. Les domaines dont j'ai parlé aujourd'hui ne sont pas touchés par ces changements.

[Français]

Le sénateur Rivard : Je suis très heureux de l'entendre parce que je reconnais le rôle extrêmement important de votre mission, et tant mieux si vous pouvez avoir des contributions d'entreprises pour vous aider à recueillir le financement dont vous avez besoin, ce serait merveilleux.

Le sénateur Robichaud : J'ai deux dernières questions. D'une part, pourriez-vous me parler des algues? D'autre, j'aimerais parler des OGM pour produire des biocarburants.

[Traduction]

M. Szumski : Les algues présentent un grand potentiel pour être une source de carburant et de protéines alimentaire.

Le type d'algues dont nous parlons ne constitue pas des algues que l'on récolterait dans l'océan, mais plutôt des algues que l'on cultive dans un réservoir, un peu comme pour le brassage de bière. On a un gros réservoir que l'on éclaire, puis on prend le dioxyde de carbone par un procédé industriel et on le fait entrer dans le réservoir sous forme de bulles. Les algues croissent avec la lumière et convertissent le dioxyde de carbone en huile.

C'est un processus très efficace : les algues n'ayant pas de racines, le processus peut se faire de façon continue. Autrement dit, au lieu de s'en tenir à une récolte une fois par année, on peut le faire chaque semaine et avoir un processus continu de conversion du CO2 en produits qui ont de la valeur. Ce domaine fait l'objet d'une recherche active au CNRC, et nous collaborons avec des partenaires du secteur privé pour mettre au point des technologies qui s'y grefferont. Les grands émetteurs finaux seront les véritables bénéficiaires de cette technologie.

Nous sommes très emballés par ce projet. Nous ne sommes pas encore rendus au point de produire assez de carburant pour propulser un avion chasseur, mais nous espérons concrétiser cette idée dans quelques années.

Le sénateur Robichaud : C'est un système autosuffisant, n'est-ce pas? Disons que vous n'envisagez pas une application en matière d'aquaculture.

M. Szumski : Non, le système serait autosuffisant. Au Canada, si vous construisez un bassin, il serait gelé pendant quatre mois de l'année, donc cela ne fonctionnerait pas. Oui, nous envisageons un système autosuffisant.

Pour vous donner une idée de l'aspect technique du fonctionnement de ce système, si vous avez un processus industriel qui rejette de la chaleur — de la chaleur qui s'échapperait normalement dans l'atmosphère —, vous pouvez vous servir de la chaleur pour réchauffer les organismes dans le réservoir. De plus, vous pouvez vous servir des effluents municipaux pour nourrir l'organisme. Cela vous donne une bonne idée de la façon dont tous ces éléments peuvent être rassemblés dans le but d'utiliser les effluents et le CO2 pour créer une chose qui a de la valeur. C'est un domaine très palpitant.

Le sénateur Robichaud : Cela ressemble à l'exploitation agricole que nous avons visitée au Nouveau-Brunswick et où on se servait des effluents pour produire du gaz et générer de l'électricité. C'était très intéressant.

Est-ce que la moutarde Resonance est génétiquement modifiée?

M. Szumski : C'est effectivement une plante oléagineuse génétiquement modifiée.

Le sénateur Buth : La moutarde Resonance n'est pas génétiquement modifiée; elle a été conçue par voie de sélection traditionnelle. C'est apparenté au canola.

Le sénateur Robichaud : N'y a-t-il pas un grand potentiel pour transformer les organismes génétiquement modifiés en combustibles, plutôt que de les utiliser dans le secteur agroalimentaire? Il y a toujours un débat dans le secteur agroalimentaire quant à l'utilisation des organismes génétiquement modifiés et s'ils sont propices à la consommation humaine.

M. Szumski : C'est possible. Aujourd'hui, il existe des technologies qui permettent une sélection à l'aide de marqueurs moléculaires et grâce auxquelles la composition génétique de l'organisme nous permet d'établir certaines caractéristiques et de les insérer assez rapidement dans un organisme, au moyen de méthodes traditionnelles. Donc, on peut prendre plusieurs approches.

C'est une technologie dont on se sert de plus en plus. En fait, le CNRC fait beaucoup de travail dans ce domaine avec Agriculture et Agroalimentaire Canada, l'Université de la Saskatchewan et d'autres institutions. Nous leur donnons ces renseignements afin qu'ils puissent travailler avec une méthodologie de sélection traditionnelle plus rapide.

Le sénateur Robichaud : Mais c'est génétiquement modifié, n'est-ce pas?

M. Szumski : Non, il s'agit d'une sélection traditionnelle.

Le sénateur Robichaud : Ce n'est donc pas modifié génétiquement?

M. Szumski : C'est exact.

Le sénateur Robichaud : Est-ce que les organismes génétiquement modifiés ont un grand potentiel? C'est ma dernière question.

M. Szumski : Oui, nous avons tous lu des rapports sur le soja et le canola; lorsque ces derniers sont génétiquement modifiés, leur production augmente considérablement. C'est le cas pour d'autres plantes génétiquement modifiées. Il y a toujours ce potentiel.

La question qui se pose est la suivante : est-ce que les consommateurs vont accepter ces produits? Dans certains cas, ils ne sont pas prêts à acheter des produits génétiquement modifiés.

Le sénateur Robichaud : Pour ce qui est des aliments.

M. Szumski : Du côté de la production industrielle biotechnique, y a-t-il un potentiel pour les organismes génétiques modifiés? Je dirais que oui, et c'est même très possible. Par contre, on peut se servir des deux méthodes.

Le sénateur Robichaud : Merci.

Le président : Avant de lever la séance, chers collègues, j'aimerais remercier les témoins d'avoir partagé leurs observations avec nous; c'était très instructif. Vous pouvez rester avant qu'on ne lève la séance, parce que vous allez faire partie de l'histoire.

Chers collègues, un des joueurs de notre équipe — je dirais que c'est le meilleur joueur lorsqu'il chausse ses patins — va nous quitter. En fait, cette réunion est sa dernière. Comme vous le savez, notre collègue est un ami de tous les Canadiens. Je dois dire que nous sommes tristes que le sénateur Mahovlich nous quitte.

Le sénateur Plett : Permettez-moi de faire écho aux paroles du président. C'est un plaisir pour moi d'avoir travaillé pendant trois ans et demi avec Frank Mahovlich, surtout en comité. Le sens de l'humour de Frank nous manquera, surtout lorsqu'il parle des bleuets qu'il mange pour le petit déjeuner. Moi, je mange des framboises pour le petit déjeuner, plutôt que des bleuets.

J'ai toujours eu beaucoup de plaisir, sénateur Mahovlich, à voyager avec vous. Lorsque j'ai été nommé au Sénat, j'ai senti que c'était tout un exploit et que les gens seraient contents de nous voir lors de nos voyages. Cependant, lors de bien de ces voyages, quand nous entrions quelque part, les gens cherchaient à savoir où était le grand M. Peut-être une fois que vous aurez quitté cet endroit, sénateur Mahovlich, quelques-uns d'entre nous seront reconnus pendant nos voyages; mais je n'en suis pas certain.

Je vous souhaite mes meilleurs vœux, peu importe les activités que vous choisirez, parce que je sais que vous n'allez pas prendre votre retraite. Je veux vous dire à quel point j'ai été honoré et ravi de travailler avec vous ici. Je vous ai encouragé pendant toutes les années que vous étiez à Toronto, mais je ne vous ai plus encouragé quand vous étiez à Montréal. Vous étiez mon héros à cette époque-là, et vous l'êtes toujours.

[Français]

Le sénateur Robichaud : Je dois dire que la présence du sénateur Frank Mahovlich a certainement donné une autre dimension au comité. Lorsque le comité arrivait dans un village ou dans une ville, le comité attirait beaucoup d'attention, sauf que les membres du comité restaient dans l'ombre — et on n'en a jamais voulu à Frank de nous laisser dans l'ombre.

Le sénateur Mahovlich était un travailleur et un collaborateur au sein du comité. Il faisait ce qu'il avait à faire et commandait beaucoup de respect des gens qui témoignaient devant nous ou que nous allions rencontrer.

Honorables sénateurs, même si je chaussais des patins, je ne pourrais, d'aucune façon, arriver à commander tout le respect que le sénateur Mahovlich commande actuellement.

[Traduction]

Frank ,vous nous manquerez. Revenez nous voir si vous avez le temps.

[Français]

Le sénateur Maltais : Sénateur Mahovlich, ce fut un privilège pour moi de travailler, au cours des 10 derniers mois, avec vous. Il est quand même assez rare qu'on ait l'occasion de travailler avec une figure emblématique de héros canadien. Vous avez été, comme sur la glace, un parfait gentleman. Pendant votre carrière de 20 ans et plus au hockey, et votre carrière au Sénat, vous avez acquis le respect des Canadiens par conviction, et vous vous êtes toujours donné entièrement à ce que vous avez entrepris. C'est une leçon que vous nous avez donnée, à nous tous, les sénateurs, par votre travail, votre respect de l'institution et surtout votre grand respect des Canadiens. Je déplore de ne pas vous avoir connu avant que vous soyez devenu sénateur. J'aurais été un bon agent pour vous.

Je vous souhaite une seconde carrière très longue et fructueuse, près de votre famille et de vos petits-enfants que vous aimez tant. Et si jamais vous songez faire un retour politique, un poste de lieutenant-gouverneur est ouvert à Québec. Vous pourriez avoir vos bureaux dans le nouveau colisée.

Bonne chance, sénateur Mahovlich!

[Traduction]

Le sénateur Mahovlich : C'est un honneur pour moi d'avoir été nommé au Sénat et de siéger au Comité de l'agriculture et des forêts, qui est un de mes comités préférés et dont les membres font un travail acharné. Nous avons fait un excellent travail, comme les témoins ici aujourd'hui le diront sans doute. On qualifie le Canada de « grenier du monde », et nous continuerons de l'être si nous continuons à faire du bon travail comme on en fait au comité. L'avenir est prometteur.

Mesdames et messieurs les sénateurs, je vais bientôt chercher un agent.

Des voix : Bravo!

Le président : Au nom de tous les sénateurs et du personnel, que Dieu vous bénisse, sénateur Mahovlich, et votre famille aussi. Vous serez toujours un ami de ce comité.

(La séance est levée.)


Haut de page