Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles
Fascicule 2 - Témoignages du 29 septembre 2011
OTTAWA, le jeudi 29 septembre 2011
Le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd'hui, à 8 h 5, pour étudier l'état actuel et futur du secteur de l'énergie du Canada (y compris les énergies de remplacement).
Le sénateur W. David Angus (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Bonjour, mesdames et messieurs, téléspectateurs sur le réseau CPAC et sur Internet. J'aimerais souhaiter la bienvenue aux personnes qui visitent notre site web spécial consacré à l'étude de l'avenir des énergies propres au Canada et du cadre stratégique pour un consensus national.
Nous sommes heureux d'accueillir ce matin comme témoins des représentants des industries solaires. Une partie de notre étude sur le secteur énergétique du Canada porte sur les sources d'énergie de remplacement par opposition aux combustibles fossiles traditionnels. Nous sommes très intéressés par ce que nos témoins ont à dire.
Il s'agit de la deuxième réunion du comité depuis le retour des vacances d'été. Nous avons eu le privilège d'accueillir l'honorable Joe Oliver, ministre des Ressources naturelles, mardi soir. Nous allons entendre son collègue, l'honorable Peter Kent, ministre de l'Environnent, mardi prochain. Le nom de notre comité, à savoir le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles, semble contradictoire, mais en réalité, nos secteurs et nos défis en matière d'énergie et d'environnement sont inextricablement liées ensemble. Nous traitons de ces deux questions.
Nous avions prévu la comparution de l'Association des industries solaires du Canada plus tôt cette année. Nous avons eu des élections générales et diverses autres questions, mais notre comité a voyagé partout au pays pour entendre les Canadiens. Je pense que nous avons réussi à promouvoir un dialogue et une discussion au niveau national au sujet du secteur de l'énergie et de nos sources d'énergie. Nous voulions dissiper certains mythes qui existent très clairement au sujet de l'énergie. Nous voulions également amener les Canadiens à reconnaître la nécessité d'adopter un cadre énergétique plus propre, plus durable et plus efficace pour notre grand pays, qui a la chance inouïe d'avoir des ressources naturelles et des sources d'énergie.
Je m'appelle David Angus et je suis un sénateur de Montréal, au Québec, et je suis aussi le président du comité. Sont également présents le sénateur Grant Mitchell de l'Alberta, qui est vice-président du comité, le personnel de la Bibliothèque du Parlement, Mark LeBlanc et Sam Banks, le sénateur Peterson, de la Saskatchewan et le sénateur Paul Massicotte, de Québec. Le sénateur Colin Kenny est ici pour représenter un de nos collègues, le sénateur Tommy Banks, qui a dû se rendre à l'extérieur de la ville. Le sénateur Kenny possède beaucoup d'expérience dans le secteur énergétique et, dans le passé, a été membre du comité.
Sénateur, nous sommes heureux que vous soyez parmi nous.
Notre merveilleuse greffière, Lynn Gordon, est ici également.
Le sénateur Richard Neufeld vient de la Colombie-Britannique. Le sénateur Judith Seidman, du Québec. Le sénateur Fred Dickson est d'Halifax, Nouvelle-Écosse. Le sénateur John Wallace est du Nouveau-Brunswick. Le dernier, mais non le moindre, le sénateur Bert Brown, de l'Alberta, notre seul sénateur élu, est parmi nous.
Monsieur Young, vous êtes dirigeant d'une des entreprises membres de l'Association des industries solaires. Je crois que cette entreprise s'appelle Enfinity Canada, et que vous en êtes le directeur général. Votre collègue est M. Bateman, et c'est avec lui que nous avons traité pendant assez longtemps pour tenter d'organiser ces réunions.
Monsieur Bateman, je sais que vous êtes membre de l'équipe d'analyse de la politique et de la recherche de l'Association des industries solaires du Canada. À ce titre, vous travaillez avec les acteurs de l'industrie, des organisations et les gouvernements à renforcer et à élargir le marché de la technologie solaire au Canada. Vous êtes titulaire d'une maîtrise en énergies renouvelables de l'Université de Reading au Royaume-Uni. et d'un baccalauréat en biologie environnementale du Collège universitaire de Dublin, en Irlande.
Messieurs, soyez les bienvenus. Je suis désolé que nous soyons en retard ce matin. Nous espérons avoir une séance à la fois productive et intéressante. Je sais que vous avez des déclarations préliminaires. Tous mes collègues du comité ont reçu la documentation qui a été distribuée et nous aurons des questions à vous poser par la suite.
[Français]
Patrick Bateman, analyste de la politique et de la recherche, Association des industries solaires du Canada : Bonjour. Je m'appelle Patrick Bateman. Je suis analyste de la politique et de la recherche à l'Association des industries solaires du Canada.
Chris Young, directeur général, Enfinity Canada Ltd. : Bonjour. Je m'appelle Chris Young, directeur général d'Enfinity Canada Ltd.
[Traduction]
Enfinity est l'un des plus grands promoteurs des technologies solaires dans le monde, ayant des projets en cours d'une valeur de plus de 3 milliards de dollars. Ici au Canada, nous avons en ce moment un projet de construction de 150 millions de dollars à un endroit situé à mi-chemin entre Ottawa et Montréal.
M. Bateman : CanSIA est une association commerciale nationale qui représente quelque 650 entreprises du secteur de l'énergie solaire au Canada. Elle s'efforce depuis 1992 d'assurer l'épanouissement d'une industrie canadienne de l'énergie solaire forte, efficace, éthique et professionnelle capable de fournir des solutions novatrices et de jouer un rôle déterminant dans la transition mondiale vers un avenir énergétique propre et durable.
Au nom de nos membres, je vous remercie de l'invitation à comparaître aujourd'hui devant le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles.
[Français]
CanSIA appuie les objectifs de cette importante étude.
[Traduction]
Nous nous estimons privilégiés d'être les premiers témoins au cours de cette nouvelle session du Parlement et de comparaître entre l'honorable Joe Oliver et l'honorable Peter Kent, ministre de l'Environnement.
L'énergie solaire reçoit un appui important de la part du public partout au Canada. Mardi soir, nous sommes devenus une question nationale, du fait que les vedettes de la télévision Rick Mercer et Mike Holmes, en compagnie de David Suzuki, ont installé des panneaux solaires sur une résidence d'Oshawa, en Ontario. Bientôt, les technologies solaires sur les toits des maisons pourraient être répandues, constituant un rappel visuel constant de la transition globale du Canada comme superpuissance des énergies renouvelables propres et de position à cet égard.
L'industrie solaire canadienne est en croissance. Elle a fait des progrès remarquables en une période de temps relativement courte, à partir de rien. Les réussites de nos membres ont accéléré la croissance de l'industrie au cours des dernières années, mais le rythme de croissance demeure néanmoins trop lent, globalement, et notre efficacité est moindre, car nos efforts ne sont pas suffisamment concertés. Si l'industrie solaire du Canada entend tirer parti de ses réalisations et être compétitive sur la scène mondiale, avec tous les avantages qui en découleront pour les Canadiens, nous devons continuer à renforcer la collaboration entre le gouvernement du Canada, les municipalités, les provinces et les territoires.
Le document qui a été distribué aux membres du comité avant la présente réunion, intitulé Vision du solaire 2025, est une feuille de route préparée par Ernst & Young pour l'industrie solaire canadienne, traçant une voie pour notre industrie jusqu'à l'an 2025.
Notre vision, c'est que d'ici 2025, l'énergie solaire sera largement déployée à la grandeur du Canada; elle sera déjà concurrentielle, de sorte que ce secteur n'aura plus besoin d'incitatifs gouvernementaux, et elle sera reconnue comme une composante établie du panier d'énergies du Canada. L'industrie solaire créera plus de 35 000 emplois dans l'économie et permettra de supprimer de 15 à 31 millions de tonnes d'émissions de gaz à effet de serre par année, offrant ainsi aux prochaines générations un environnement plus sécuritaire et plus propre.
Nous aimerions transmettre une idée aux membres du comité : la présente génération sera témoin de l'avènement de la technologie de l'énergie solaire comme un phénomène courant et répandu. Pour ce qui est de savoir si cela surviendra au cours de la prochaine décennie ou non, cela dépend en partie de la nature des décisions qui font l'objet des discussions aujourd'hui. L'industrie canadienne de l'énergie solaire veut faire partie de la vision commune du ministre Oliver, des principes partagés et des objectifs clairs vers la confirmation de notre position en tant que superpuissance des énergies propres et renouvelables.
Au cours du présent exposé, nous allons donner de l'information générale sur les technologies solaires courantes utilisées aujourd'hui au Canada ainsi qu'un aperçu de leur situation sur le marché, ainsi qu'une description de ce que l'accélération du déploiement de ces technologies entraînerait pour le Canada et les Canadiens.
L'énergie solaire constitue la réserve d'énergie prouvée la plus importante du Canada. Comme nous pouvons le voir sur la carte présentée sur cette diapositive, dérivée des données de Ressources Naturelles Canada, une grande partie du Canada a des ressources solaires supérieures à celles de l'Allemagne. Or, l'Allemagne est le pays qui déploie plus de 50 p. 100 de technologies solaires mondiales, soit plus que tout autre pays.
L'énergie solaire est vaste, omniprésente et pratiquement inépuisable. On peut la capter de manière efficace à l'aide des technologies qui existent aujourd'hui, qui ont fait leurs preuves et qui sont fiables. Les hivers canadiens sont froids, mais le soleil brille toujours.
Partout où le soleil brille, on peut déployer la technologie solaire pour obtenir une énergie de faible incidence et de valeur élevée. Au Canada, les technologies solaires comprennent, typiquement, l'énergie solaire photovoltaïque pour la production d'électricité et l'énergie solaire thermique pour la production de chaleur et d'eau. Elles peuvent fournir de l'énergie à différentes échelles comme nous pouvons le voir sur les images de cette diapositive, variant de la production de chaleur ou d'électricité pour des habitations individuelles, pour des immeubles commerciaux de plus grande taille ou pour des collectivités entières.
Chaque unité d'énergie solaire déplace une unité d'énergie provenant d'une autre source qui pourrait être utilisée à meilleur escient, pour une utilisation finale différente ou à un moment différent.
Les avantages de l'énergie solaire sont bien documentés. Nous aimerions discuter des avantages du point de vue de notre approvisionnement énergétique et de notre environnement au cours de la discussion qui suivra cet exposé. Pour le moment, nous aimerions nous concentrer sur l'importance des avantages socio-économiques que l'accélération du déploiement des technologies de l'énergie solaire apporterait au Canada et aux Canadiens.
Par le passé, les ressources énergétiques et les compétences humaines du Canada se sont révélées un de nos plus grands avantages concurrentiels et un des principaux piliers de notre force économique. Pendant que le monde se tourne vers le système financier stable du Canada et son potentiel économique supérieur pour les occasions, le développement, la commercialisation et le déploiement des technologies et des services fondés sur l'énergie solaire au Canada offrent des occasions importantes de croissance économique durable, de diversification et de création d'emplois spécialisés et d'entreprises à valeur ajoutée.
Les énergies renouvelables continuent d'attirer de plus en plus d'investissements à l'échelle mondiale, 2010 étant une année record à cet égard et la première année où les nouveaux investissements dans les énergies renouvelables étaient supérieurs aux investissements dans les centrales à combustibles fossiles. Comme c'est le cas des énergies renouvelables dans leur ensemble, les investissements dans l'énergie solaire ne représentent plus un créneau modeste. On s'attend à ce que l'industrie solaire canadienne emploie plus de 8 000 Canadiens et génère des revenus de placement approchant les 2 milliards de dollars en 2011.
L'investissement brut mondial dans la recherche et le développement des énergies renouvelables a grimpé de 40 p. 100 pour atteindre 9 milliards de dollars en 2010, les technologies de l'énergie solaire s'appropriant à elles seules 40 p. 100 des fonds investis en recherche et développement dans les énergies renouvelables.
En 2010, dans le domaine des énergies propres, les brevets enregistrés portant sur l'énergie solaire arrivaient au deuxième rang, devancés uniquement par les brevets portant sur les piles à combustible. La R et D en entreprise dans le domaine du solaire était quatre fois plus importante que la R et D portant sur son plus proche concurrent, l'énergie éolienne. Ces faits reflètent le rythme de l'innovation technologique et la course pour s'accaparer des parts de marché alors que les entreprises du secteur de l'énergie solaire continuent de se concentrer sur l'amélioration des procédés et la réduction des coûts de production.
Nous allons maintenant donner un bref aperçu des différentes technologies utilisées au Canada et de leur situation sur le marché.
Nous allons commencer par les technologies de thermie solaire. Il s'agit de technologies visant à capter le rayonnement solaire, à en extraire la valeur énergétique thermique et à la transférer soit à la chaleur soit à l'eau pour utilisation dans les foyers pour chauffer l'eau, dans les immeubles commerciaux pour chauffer l'eau et également pour le chauffage des espaces et dans les procédés industriels. Dans l'avenir, au fur et à mesure de la maturation de nouvelles applications, la chaleur solaire sera utilisée pour alimenter des moteurs de refroidissement afin d'assurer le refroidissement des immeubles.
Le président : Je vois que le drapeau est en berne ici. Est-ce que cela signifie qu'il n'y avait pas de soleil ce jour-là?
M. Bateman : Comme nous pouvons le voir, de 2000 à 2011, le marché de la thermie solaire au Canada a connu une croissance continue, année après année. Entre 1995 et 2007, le marché était dans un état d'immaturité, la majorité des technologies déployées était simple et à faible coût. Entre 2008 et 2011, grâce en grande partie au programme écoÉNERGIE du gouvernement du Canada, le marché s'est beaucoup raffermi. En ce qui concerne les autres marchés internationaux, il est devenu un joueur important sur la scène mondiale.
Autre élément à noter à partir du deuxième graphique sur cette diapositive, c'est que la technologie du chauffage de l'air par énergie solaire est l'une des forces du Canada en matière d'énergie solaire. Nous avons aujourd'hui les fournisseurs de technologies les plus innovateurs et les installations les plus innovatrices au monde.
Nous aimerions vous présenter une des grandes réussites de la thermie solaire au Canada. Sur cette image, nous voyons la communauté à énergie solaire de Drake Landing, en Alberta. Il s'agit d'une première en Amérique du Nord. C'est un quartier de 52 maisons desservi par un réseau de chauffage de district alimenté à 90 p. 100 par l'énergie solaire. La chaleur captée durant l'été est stockée dans des puits souterrains pour être utilisée l'hiver pour le chauffage des maisons.
Ce projet a bénéficié encore une fois d'un appui important de la part du gouvernement du Canada. Nous croyons savoir qu'il servira de projet de démonstration pour un projet dont la taille sera peut-être 20 fois plus grande dans les années à venir.
L'avenir de la technologie de l'énergie solaire fait des avancées importantes en Europe, où l'on explore de nouvelles applications de la technologie et où l'on procède à la maturation de nouvelles applications. Si une petite installation peut répondre aux besoins en eau chaude d'une famille unique, de grands parcs, comme celui de Drake Landing à Okotoks, en Alberta, peuvent fournir de la chaleur à une collectivité entière, à une ville entière, et peut-être pour des procédés industriels allant jusqu'à 250 degrés, ce qui représente une partie importante de la demande de chauffage en Europe et ce qui pourrait également contribuer grandement à la demande en énergie au Canada.
Dans le document Vision du solaire 2025 auquel j'ai fait allusion plus tôt, nous parlons de notre vision pour 2025. Pour le secteur de la thermie solaire, CanSIA prévoit que nous atteindrons 10 gigawatts de technologie de chaleur solaire installée, prévision fondée sur la capacité du secteur à continuer de gagner en envergure et de réduire les coûts grâce à l'innovation, et de concevoir des solutions énergétiques qui aideront le secteur industriel à remplacer le gaz naturel, améliorant ainsi sa compétitivité sur la scène internationale.
M. Young décrira la situation de l'industrie de la technologie de l'hélioélectricité au Canada.
M. Young : Veuillez s'il vous plaît vous rendre à la diapositive intitulée « Technologies de l'énergie solaire ». L'énergie hélioélectrique est la production d'électricité à partir du matériel photovoltaïque. Comme c'est le cas des technologies de thermie solaire, la technologie photovoltaïque est évolutive et peut être déployée de manière à fournir une énergie de faible incidence et de haute énergie directement là où la demande se fait sentir.
Vous pouvez constater sur ces images un champ couvert de panneaux solaires, à droite, et le toit d'un immeuble commercial couvert de panneaux solaires, à gauche, dont on peut également réduire l'échelle jusqu'au niveau résidentiel.
Passez maintenant à la diapositive intitulée « Tendances du marché canadien des PV solaires ». Durant la période de 1995 à 2005, le marché canadien des PV solaires a connu une croissance annuelle moyenne de 28 p. 100. Le marché a été dominé par les installations éloignées et hors réseau.
Durant la période de 2006 à 2011, l'apparition de priorités nouvelles en matière énergétique, la sensibilisation croissante des consommateurs et la réduction rapide des coûts ont entraîné une croissance importante du marché, dont la valeur a été multipliée par 2,8 en moyenne.
J'aimerais faire une observation au sujet des graphiques figurant sur cette diapositive. Dans le graphique du haut, l'unité de mesure est le kilowatt tandis que dans le graphique du bas, il s'agit du mégawatt. Pour convertir les valeurs du graphique du haut en mégawatts, il s'agirait d'environ 1 mégawatt installé dans cette échelle du haut. Vous pouvez constater qu'avec le temps, nous avons enregistré une croissance importante au Canada, d'environ 2 mégawatts à bien au-delà de 100 mégawatts cette année.
Vous pouvez maintenant passer à la diapositive suivante, « Une grande réussite du PV solaire au Canada ». First Solar et Enbridge ont un projet de 97 mégawatts à Sarnia, ce qui constitue le plus grand parc solaire de ce type au monde et il est situé dans le sud de l'Ontario. Il produit chaque année 120 000 mégawatts-heures, soit suffisamment d'électricité pour alimenter 12 800 foyers. L'installation de 950 acres compte une superficie de panneaux solaires de 966 000 mètres carrés. Le projet a créé 800 emplois durant la phase de construction.
Passez maintenant à la diapositive intitulée « Marché canadien du PV solaire ». Grâce, en partie, au projet solaire de Sarnia et à un certain nombre d'autres installations de plusieurs mégawatts, des contrats mis en oeuvre en Ontario, la province est passée de l'obscurité au troisième rang en Amérique du Nord en tant que producteur d'installations de PV en 2009, et au second rang en 2010.
Je vous demanderais maintenant de vous rendre à la diapositive suivante, « Futur de l'énergie solaire ». Les PV solaires arrivent rapidement à maturité. L'innovation continue et les progrès scientifiques amènent les coûts des PV solaires à parité avec le réseau dans de nombreuses administrations, et on s'attend à ce que le coût des modules de PV solaires au Canada soit divisé par 10 entre 1999 et 2012.
La diapositive 19 s'intitule « Vision du solaire 2025 : photovoltaïques ». La vision de CanSIA, c'est que d'ici 2015, le PV solaire sera une industrie stratégiquement importante au Canada, favorisant l'innovation un niveau mondial. En 2025, le PV solaire représentera 14,7 gigawatts, ce qui apportera une contribution de 17,7 térawatts-heures à l'approvisionnement énergétique du Canada. On peut trouver les hypothèses utilisées pour les calculs dans ce scénario dans le document intitulé Vision du solaire 2025.
À la prochaine diapositive, il est question de rendre l'énergie solaire accessible à tous. Pour que ce soit possible, tous les intervenants des secteurs public et privé vont devoir travailler ensemble à l'atteinte d'objectifs communs. Les organismes publics doivent s'engager à mettre en place des politiques et des programmes stables d'incitation à l'investissement, afin de paver la voie à des investissements de longue durée par le secteur privé. L'industrie doit accroître sa productivité, réduire les coûts, créer de nouvelles possibilités grâce à la collaboration, améliorer la formation et l'enseignement, ainsi que mieux informer le public.
Vous pouvez maintenant passer à la diapositive 21, « Rendre l'énergie solaire accessible ». Pour rendre l'énergie solaire accessible à tous, notre industrie doit se donner comme priorité de continuer à prendre de l'expansion et à réduire les coûts. Vous constaterez que c'est ce qu'on tente de faire avec les coûts liés à la production d'électricité.
La diapositive 22 porte sur l'avenir de l'énergie solaire au Canada. Pour diversifier le mixte énergétique du Canada et laisser plus de place à la thermie et à l'énergie solaires, le gouvernement fédéral devra adopter une stratégie nationale qui pourra attirer des investisseurs à long terme dans le secteur des énergies propres. Le gouvernement devrait envisager la mise en place de mécanismes fiscaux et d'instruments financiers afin d'accélérer le déploiement des technologies et de poursuivre les investissements dans la recherche, le développement et la démonstration.
M. Bateman : En terminant, nous vous remercions de nous avoir permis de participer à ces importantes délibérations. Nous espérons que le dialogue entourant l'avenir énergétique du Canada permettra à l'énergie solaire de se tailler une place d'importance au sein de notre portefeuille grandissant d'énergies renouvelables et d'assurer sa prospérité de façon durable.
Nous aimerions vous laisser sur l'image se trouvant à la fin de la présentation, qui illustre un parc solaire de 23,4 mégawatts situé à 44 km seulement de la colline du Parlement. Ce parc produit suffisamment d'énergie pour alimenter 7 000 foyers annuellement. M. Young, l'association et moi-même souhaitons tous vous inviter à venir visiter avec nous, au moment qui vous semblera opportun, quelques-unes des nombreuses installations solaires de la région.
Le président : Merci à vous deux. C'était extrêmement intéressant.
J'ai une liste d'intervenants devant moi, mais avant de commencer, j'aimerais qu'on regarde la diapositive 22 de plus près.
Le ministre de RNCan vient de nous annoncer que la stratégie et les politiques mises de l'avant par le gouvernement portent sur ces questions. Vous nous dites que pour que la technologie de la chaleur solaire et votre industrie puissent faire des progrès, il faudra que le gouvernement s'engage clairement à faire ce que vous nous décrivez dans la diapositive 22.
Comment réagit le gouvernement à l'heure actuelle? Sentez-vous de la réticence? Obtenez-vous des réponses positives et le financement dont vous avez besoin?
Je vous pose la question à titre d'entrée en matière seulement. Vous savez, à l'instar de toutes les sources d'énergie alternatives connues (énergie marémotrice, éolienne, solaire, fluviale, centrale au fil de l'eau, et cetera.), les opinions divergent à propos de l'énergie solaire. Nous espérons que vous pourrez nous éclairer sur le sujet.
M. Bateman : Je crois que nous traversons une période de transition. Pour ce qui est du soutien du gouvernement du Canada à l'égard de la production d'énergie renouvelable, on insiste surtout maintenant sur l'innovation et la mise en oeuvre de projets de démonstration innovateurs. Des membres de l'Association des industries solaires du Canada ont reçu du financement pour mener à bien ce genre de projets, ce qui favorise grandement la culture de l'innovation et des nouvelles technologies, de même que la collaboration entre les universités et l'industrie. Nous pensons que ces investissements produiront d'importantes retombées positives dans les années à venir.
Cependant, il existe déjà des technologies commercialisables, et nous souhaitons explorer différents mécanismes pour accélérer leur déploiement, de façon à ce que l'industrie puisse suivre le pas par rapport à ce qui se fait ailleurs dans le monde lorsque les nouvelles technologies seront mises en marché.
Le sénateur Mitchell : Cet aspect de la capacité énergétique m'intéresse beaucoup, et votre présentation a été très inspirante pour moi. Comme le sénateur Angus l'a mentionné, toutes les solutions proposées pour atténuer les changements climatiques sont critiquées et présentent certaines lacunes, et j'ai l'impression que l'argument qui est sans cesse invoqué contre l'énergie solaire, c'est qu'elle coûte cher.
J'aimerais remettre les choses en perspective. Vous avez soulevé un point particulièrement intéressant selon moi dans votre présentation. Si je ne me trompe pas, vous avez indiqué que votre industrie serait autonome d'ici 2025. Cela ressemble beaucoup à l'industrie des sables bitumineux. Pendant 20 ou 30 ans, le gouvernement a dû investir massivement dans cette industrie et remanier la structure fiscale pour lui venir en aide, et les prix du pétrole ont dû grimper de façon exponentielle avant que l'industrie ne devienne autonome. Votre industrie se trouve peut-être dans la même position que l'industrie des sables bitumineux en 1976 ou même en 1985.
M. Young : Vous frappez en plein dans le mille. Les tarifs d'électricité doivent augmenter. Parmi tous les pays du G8 et du G20, c'est au Canada, en Ontario particulièrement, qu'on trouve les tarifs les plus bas. En réduisant les coûts rattachés aux installations, en reconnaissant le prix réel de l'électricité et en augmentant les tarifs à la consommation, nous pourrons arriver à parité d'ici 2025.
Le sénateur Mitchell : Pouvez-vous nous énumérer les éléments qui permettront d'y arriver? Il y a notamment l'augmentation globale du prix de l'électricité, de même que les économies d'échelle découlant de l'innovation. Y a-t-il autre chose?
M. Young : Je pense, entre autres, à la structure tarifaire. Les tarifs aux heures de pointe en Ontario pourraient atteindre 1,50 $ le kilowattheure lors des chaudes journées d'été. Actuellement, en Ontario toujours, il est possible de répondre à la demande aux heures de pointe à un tarif économique. Il faut reconnaître que la capacité électrique fluctue selon la demande, et la grille tarifaire s'y appliquant doit être absolument transparente. Tout compte fait, je crois que nous arrivons à être concurrentiels dans certaines conditions et à certains jours.
Le sénateur Mitchell : Vous nous avez dit que le projet d'Arnprior produisait 23,4 mégawattheures d'électricité, je crois. Pourriez-vous nous indiquer comment cela se compare à la production d'une centrale électrique alimentée au charbon? Je suis originaire de l'Alberta, voyez-vous. Quel est le coût par unité par rapport au coût du charbon en ce moment?
M. Young : Je pense que certaines des centrales au charbon qu'on s'apprête à fermer produisent quelque 600 à 1 000 mégawattheures chacune. Donc, 23 mégawatts, c'est vraiment très peu en comparaison.
Par contre, quand on parle d'installations de 18 000 mégawattheures d'énergie solaire, comme en Allemagne, c'est une toute autre histoire. Le courant est bien réparti. Il n'y a pas de point unique de défaillance. C'est très important, parce qu'un réseau bien distribué permettra d'éviter des pannes généralisées. Il ne peut y avoir que des pannes localisées. Si le réseau a été pensé pour offrir plus flexibilité, le mixte énergétique est beaucoup plus sûr.
Le sénateur Mitchell : Et quel est le prix par unité?
M. Young : Le prix par unité est de 42 cents le kilowattheure. En ce qui a trait au charbon, même si nous n'en sommes pas encore là, si on tient compte des coûts rattachés aux problèmes de santé et des frais liés aux émissions de carbone, on arrive pratiquement au même résultat.
Le sénateur Mitchell : Avez-vous des statistiques comparatives concernant la création d'emplois?
M. Bateman : La CanSIA a récemment commandé une étude sur les répercussions économiques pour l'industrie de l'énergie solaire de l'Ontario, pour la période 2011-2018. L'étude a conclu que la technologie de l'énergie solaire permet de créer plus d'emplois par mégawatt produit et par dollar investi que toute autre source d'énergie. À l'heure actuelle, l'industrie de l'énergie solaire emploie quelque 8 000 personnes en Ontario. Nous prévoyons avoir fait l'installation de 300 à 400 mégawatts d'ici la fin de l'année. C'est beaucoup plus que toute autre technologie offerte en ce moment.
Pour les gigawattheures, la technologie des PV solaires crée près de 1,6 emploi par gigawattheure produit. L'énergie éolienne, qui arrive en deuxième place au chapitre de la création d'emplois par gigawattheure produit, en crée moins de 0,4. On trouve le charbon au bas de l'échelle, avec 0,1 emploi créé par gigawattheure produit.
Le sénateur Mitchell : Ce qui est intéressant aussi, c'est que cela permet de développer les régions, les communautés rurales, puisque les installations sont réparties un peu partout sur le territoire. Les emplois créés ne sont pas centralisés en un seul endroit. Des emplois sont aussi créés dans les régions rurales qui ont de la difficulté à survivre et que nous tentons de soutenir. C'est peut-être une solution. Pensez-y. Je suis sûr que vous y avez réfléchi.
M. Bateman : En ce qui concerne les coûts, dans les endroits éloignés et non desservis par un réseau, le PV solaire s'avère souvent plus économique que les carburants de remplacement. Aussi, certains de nos membres ont pénétré les marchés américains avec la technologie de la thermie solaire, et leurs niveaux de prix sont établis de façon contractuelle en fonction du prix des carburants de remplacement. Ils sont nombreux à avoir des accords d'achat à 5 p. 100 sous le tarif courant de l'huile de chauffage. L'énergie solaire offre donc maintenant des tarifs plus concurrentiels que d'autres sources d'énergie.
Le président : Y a-t-il la liste de vos membres dans les documents que vous nous avez remis?
M. Bateman : Je peux fournir la liste à la greffière.
Le président : Pouvez-vous nous donner une idée du nombre d'entreprises qui font partie de votre association?
M. Bateman : Il y en a entre 600 et 650. Il y en avait moins de 200 il y a trois ans.
[Français]
Le sénateur Massicotte : Je vous remercie de votre présence ce matin. Je voudrais m'assurer que je comprends bien. Effectivement, nous sommes tous d'accord, l'énergie solaire, c'est propre. Elle nous apporte beaucoup d'avantages de société, et cetera, mais le point sensible, c'est le besoin de subvention.
Je voudrais connaître la différence. Sommes-nous bien loin d'être rentables? Sommes-nous bien loin d'être rentables sans subvention? Et le coût moyen de l'énergie solaire, est-ce que c'est 0,42 $ du kilowatt? C'est ce que vous avez dit? Est-ce que c'est possible de séparer cela? Je crois que le thermique coûte beaucoup moins cher que le photovoltaïque. Je veux comparer les coûts de production, tout inclus, du thermique et du photovoltaïque. Quel est le coût et comment cela se compare-t-il au coût moyen au Canada ou même en Ontario, où le secteur est très actif?
[Traduction]
M. Young : Je peux vous parler de l'électricité photovoltaïque. En ce moment, des tarifs d'incitation sont appliqués en Ontario. Ils varient entre 44 et 80 cents le kilowattheure. Ces tarifs visent à permettre au propriétaire d'une résidence ou d'une entreprise de rentabiliser son investissement, en obtenant un rendement ciblé de 10 p. 100.
Dans d'autres marchés et ailleurs dans le monde, selon l'ensoleillement et la disponibilité du matériel, il peut en coûter moins cher pour être rentable, comme il peut en coûter plus cher. À l'heure actuelle, nous estimons le coût de la nouvelle énergie nucléaire, par exemple, à quelque 33 cents le kilowattheure. Je parle de frais dégroupés.
Un des obstacles auxquels nous sommes confrontés au Canada, c'est que nous avons des centrales électriques bien établies dont les coûts ont été amortis sur plusieurs années. C'est quand de nouvelles centrales sont construites que nous avons une idée plus précise de ce que devraient être les prix. Je pense qu'il est tout à fait possible d'offrir de l'énergie solaire au Canada à 21 cents le kilowattheure.
[Français]
Le sénateur Massicotte : Je ne comprends pas. On parle de 0,44 $ à 0,80 $ par kilowatt en Ontario. Toutefois, dans votre dernier commentaire, vous semblez indiquer 0,22 $?
[Traduction]
M. Young : Oui. L'Ontario a adopté une approche de type jardin fermé par rapport aux tarifs incitatifs, qui est assortie d'exigences relatives au contenu d'origine ontarienne. Il ne s'agit donc pas de fabricants d'envergure internationale et leurs coûts sont plus élevés, alors la livraison de matériel dans le marché ontarien requiert des incitatifs plus intéressants.
Dans d'autres marchés où l'ensoleillement est meilleur, comme en Saskatchewan ou en Alberta, et qui n'ont pas de restrictions relatives au contenu, il est tout à fait possible d'établir des tarifs moins élevés.
[Français]
Le sénateur Massicotte : En comparaison avec les autres sources d'énergie, quel est le coût moyen pour les Canadiens aujourd'hui? Je remarque qu'au Québec on est rendu entre 0,06 $ et 0,08 $ le kilowatt/heure. Quel est le coût moyen actuel de l'énergie au Canada pour les consommateurs?
[Traduction]
M. Young : Je peux vous dire qu'en Ontario, les prix à la consommation se situent à environ 10 cents le kilowattheure dans le mixte énergétique actuel.
Relativement à la puissance installée, la province de l'Ontario, en 2009, envisageait d'acheter des réacteurs nucléaires au coût d'environ 10 000 $ par kilowatt installé. Avec les PV solaires, le coût est d'à peu près 5 000 $ par kilowatt installé.
[Français]
Le sénateur Massicotte : Si je comprends bien, les Canadiens, par le biais des tarifs à la consommation ou du gouvernement, doivent payer le double, soit 120 p. 100 du coût moyen existant, pour permettre à votre industrie d'être rentable dans le reste du Canada, et un autre 100 p. 100 pour être rentable en Ontario et permettre la non-compétitivité des fournisseurs. Est-ce un bon résumé de la situation?
[Traduction]
M. Young : C'est un résumé que j'hésite à commenter.
Dans la situation actuelle, personne ne sait vraiment combien coûte la production d'électricité à partir d'une source en particulier, parce qu'elles font toutes partie d'un mixte énergétique. On parle d'hydroélectricité à 60 p. 100, ou 100 p. 100 au Québec. Mais les installations du Québec sont payées depuis longtemps. Il s'agit maintenant d'accroître la capacité d'un réseau qui prend rapidement de l'âge.
Pour être juste envers toutes les industries, nous devrions nous demander quel est le coût lié à la construction de nouvelles installations aujourd'hui et le coût actualisé de l'électricité qui sera produite. Dans bien des pays, notamment en Allemagne et en Italie, on a constaté qu'il était plus économique d'installer des parcs solaires que de construire de nouvelles centrales au charbon ou nucléaires.
[Français]
Le sénateur Massicotte : Je remarque dans votre brochure un village en Ontario où, pendant une certaine période de l'année, l'énergie solaire est entreposée dans un puits d'eau, si je comprends bien? Une des difficultés avec l'énergie, aujourd'hui, est liée à l'entreposage, sans quoi on règlerait bien des problèmes. Pouvez-vous nous parler de ce point? Peut-on entreposer l'énergie efficacement?
[Traduction]
M. Bateman : La communauté en question se trouve à Okotoks, en Alberta, et est habitée depuis 2007. Depuis quatre ans, le sol s'approche de plus en plus de sa capacité maximale de stockage. Je crois qu'après environ trois ans, le sol avait atteint sa masse thermique maximale. Depuis, le réseau couvre chaque année de 90 à 95 p. 100 des besoins en chauffage de l'ensemble des foyers qu'il dessert.
Le sénateur Massicotte : L'énergie est entreposée dans le sol? Est-ce qu'on emmagasine la chaleur très profondément dans le sol? Est-ce comme l'énergie thermique?
M. Bateman : Il s'agit d'énergie thermique. Je crois que les puits peuvent atteindre une profondeur de 60 mètres. On emploie différents types d'échangeurs de chaleur sous le sol, qui sont en fait de simples tuyaux à l'intérieur desquels on fait circuler des liquides. Pendant l'hiver, alors que le niveau d'eau souterraine monte, on récupère la chaleur en faisant circuler un liquide plus froid, qui absorbe la chaleur.
Le sénateur Massicotte : Quel est le pourcentage de chaleur récupérée? Si on entrepose 100 unités de chaleur, quel pourcentage allons-nous pouvoir récupérer ou quelle quantité se trouve encore là? À quel point le processus d'extraction est-il efficace?
M. Bateman : On procède à de nombreux exercices de mesure et de surveillance en ce moment, et le réseau a offert le rendement prévu par les plans de conception technique. Toutefois, comme nous ne disposons que de deux ou trois ans de données in situ, il n'est pas possible à ce stade-ci de déterminer exactement le rendement actuel, ni de savoir à quoi on peut s'attendre à long terme. Nous savons que les ministères fédéraux concernés, de même que leurs partenaires de l'industrie, sont particulièrement satisfaits des résultats.
Le président : Je suis heureux que vous ayez abordé le sujet.
Le sénateur Brown : J'allais poser essentiellement la même question à propos de la communauté solaire en Alberta. Êtes-vous en mesure de me dire combien de temps il faudra pour rembourser la facture totale et commencer à produire de l'électricité à moindre coût?
M. Bateman : Les puits devraient avoir une durée de vie de 60 à 80 ans; et les insolateurs, peut-être de 20 à 25 ans. La majeure partie du capital investi a servi à forer les puits, c'est donc un investissement à long terme dans la communauté elle-même. Je n'ai pas les chiffres exacts, mais je pense que puisqu'il s'agit d'un projet de démonstration, il faudra près de 50 à 60 ans. Lorsqu'on aura étendu le projet de démonstration à 1 000 foyers, c'est du moins ce qui est prévu, on s'attend à ce que le volume permette de réduire les frais d'investissement de presque 50 p. 100 et d'écourter de beaucoup la période d'amortissement.
Le sénateur Brown : On a installé 150 panneaux solaires sur une école secondaire située près de Tucson, en Arizona. L'école a ainsi pu réduire ses coûts. Il y a beaucoup de sable et de poussière dans cette région désertique, et je me demandais quel genre d'entretien cela nécessitait. Même chose si un morceau devait être arraché par la pluie ou le vent.
M. Young : Les études menées dans des emplacements semblables indiquent que l'accumulation de poussière et de sable occasionne une perte d'environ 6 p. 100 par année. Il est donc nécessaire de nettoyer les panneaux une fois ou deux par an, selon le cycle saisonnier.
Si vous entretenez bien votre système et que vous en prenez soin, vous pourrez préserver son rendement maximal uniquement en nettoyant les fenêtres.
Le sénateur Brown : On peut se servir d'un nettoyeur à haute pression pour les laver.
M. Young : Oui, ou même d'une raclette en caoutchouc.
Le sénateur Seidman : Il n'y a pas de doute, l'énergie solaire, telle que vous nous la présentez, est une option très attrayante en théorie. C'est à tout le moins de cette façon que je perçois les choses pour le moment.
Dans votre vision pour 2025, vous dites très clairement que vous souhaitez voir votre industrie faire concurrence aux autres producteurs sur les marchés mondiaux. J'aimerais que vous nous parliez un peu plus en détail de l'aspect concurrence par rapport à la rentabilité. Vous avez déjà entendu les questions qui ont été posées à ce sujet aujourd'hui.
Récemment, en Ontario, une province qui est à bien des égards le porte-étendard du développement de l'énergie solaire, on a pu lire des manchettes assez décourageantes, et c'est le moins qu'on puisse dire. On a rapporté qu'il serait très difficile pour toute nouvelle entreprise canadienne de faire concurrence aux producteurs chinois, qui offrent de meilleurs prix. En fait, un article paru tout récemment dans la section affaires du journal nous annonçait qu'une entreprise américaine avait dû déclarer faillite, elle qui était pourtant considérée comme un chef de file de la production d'énergie solaire. Et on entend sans cesse ce genre d'histoires.
Pourriez-vous nous parler, si possible, de l'aspect rentabilité et de la compétitivité de cette industrie au Canada?
M. Young : Je vais d'abord parler de la faillite à laquelle vous faites référence.
Je crois que l'entreprise en question se spécialisait dans un segment très étroit du marché. C'était une entreprise jeune et ambitieuse. Essentiellement, elle ne pouvait pas concurrencer avec les approches établies par rapport à cette technologie. Elle s'attaquait à un très petit segment du marché des panneaux solaires sur toits.
Son plan d'affaires était mal conçu. Les sociétés de capital de risque qui l'appuyaient et qui ont incité le gouvernement à lui offrir des garanties de prêts ne comprenaient pas la nature du marché dans lequel elles investissaient. J'ai visité l'usine et je connais cette technologie.
En ce qui a trait au marché ontarien, il existe 39 000 applications différentes pour l'énergie solaire, que ce soit dans la cour des particuliers, sur les toits des entreprises ou dans les champs des agriculteurs. Cela témoigne du désir des Ontariens à investir dans l'infrastructure. Ce sont les citoyens qui réalisent cet investissement. C'est une chose que l'on ne peut pas sous-estimer. Les six employés de l'organisme gouvernemental qui administrent ce programme sont dépassés, c'est vous dire. Cela témoigne de l'intérêt des consommateurs envers cette technologie.
Comment faire pour être compétitif? Il faut simplifier le processus d'approbation, réduire les frais juridiques et diminuer les coûts de raccordement. Il faut comprendre combien coûtent les nouvelles sources d'électricité. Nous sommes en concurrence avec les prix, pas avec la centrale électrique des chutes Niagara, qui a 80 ans, ni avec celle des chutes de la Chaudière, qui elle a 120 ans. Ces centrales sont payées depuis longtemps.
Nous ajoutons de nouvelles sources d'énergie pour répondre à la demande générée, entre autres, par l'arrivée des véhicules électriques. Les scooters électriques sont partout en ville. Nous assistons à un changement de paradigme. Nous nous dirigeons vers le transport électrique.
Le sénateur Seidman : Vous dites que, comparativement au marché ontarien, les autres ne sont pas prêts, et vous soulevez maintenant la question des véhicules électriques. Je sais qu'au Québec, par exemple, le gouvernement fait beaucoup la promotion de cette option.
Avez-vous exploré le marché québécois? Avez-vous discuté de la possibilité d'accroître cette promotion?
M. Bateman : Je pourrais fournir une réponse à la greffière plus tard. Je ne connais pas très bien la nature et le niveau des relations du gouvernement du Québec jusqu'à maintenant.
Le sénateur Seidman : Ce serait apprécié.
Avez-vous discuté avec d'autres gouvernements provinciaux? Mis à part le marché ontarien, pourriez-vous nous dire ce que vous faites pour développer d'autres marchés?
M. Bateman : Certainement. Pour le moment, selon nous, la Saskatchewan est un marché très prometteur. Le gouvernement provincial offre un programme de rabais pour les PV solaires. Ce programme a été prolongé pour une autre année en raison de la demande.
Le programme offre un rabais de 35 p. 100 sur l'installation du système. Nous avons organisé une table ronde en mai et nous espérons en organiser une autre en novembre afin de discuter d'autres possibilités.
Nous entretenons de bonnes relations avec la société d'État responsable de l'électricité en Saskatchewan, la SaskPower. Nous espérons que le gouvernement continuera d'appuyer la mise en place accélérée des systèmes.
Les tarifs d'électricité en Saskatchewan sont parmi les plus élevés au pays. Ce serait donc une des premières provinces où les PV solaires pourraient concurrencer le réseau provincial.
Aussi, en Alberta, nous avons discuté récemment avec l'alliance pour le développement économique du Sud-Est de l'Alberta. Celle alliance est formée de cinq organismes représentant, entre autres, les villes de Medecine Hat et de Lethbridge. Grâce au soutien du gouvernement du Canada, l'alliance a développé une stratégie d'investissement pour le secteur de l'énergie solaire et cherche à embaucher un expert-conseil pour examiner les avantages concurrentiels régionaux de l'énergie solaire.
Il y a deux semaines, nous avons participé à une table ronde en compagnie d'Alberta Energy. C'est une des premières étapes dans l'élaboration d'un livre blanc en vue de la création d'un cadre provincial pour l'énergie renouvelable.
Nous avons aussi eu de nombreuses discussions avec d'autres municipalités et provinces, et ces discussions se poursuivent. L'Alberta, la Saskatchewan et l'Ontario sont les provinces où les discussions sont les plus avancées.
Le sénateur Peterson : La plupart de mes questions ont été répondues, mais en ce qui concerne le projet pilote de Drake Landing, y a-t-il un système d'énergie d'appoint ou est-ce uniquement de l'énergie solaire?
M. Bateman : Une petite quantité d'électricité provient d'un système d'énergie d'appoint, mais j'ignore quelle en est la source. Je crois que c'est un système électrique, mais il faudra que je confirme cette information avant de vous répondre.
Concernant le volume d'énergie, le chauffage d'appoint fournirait environ 10 p. 100 de la demande annuelle.
Le sénateur Peterson : Un système d'énergie d'appoint serait toujours nécessaire, non? On ne pourrait pas dépendre uniquement de l'énergie solaire.
M. Bateman : Tout dépend du ratio entre la surface du capteur solaire et la demande énergétique. Si le capteur est surdimensionné, il pourra répondre à 100 p. 100 de la demande. S'il ne répond qu'à un peu moins de 100 p. 100 de la demande, il n'y aura pas d'excédent et le prix de chauffage sera plus élevé compte tenu de l'inefficacité du système ou des pertes.
Le sénateur Peterson : Il faut donc tenir compte de ces chiffres. C'est ce que vous faites?
M. Bateman : C'est exact.
Le sénateur Neufeld : J'ignore quel est le numéro de la diapositive, mais c'est celle intitulée « Pour que le solaire devienne une tendance dominante ». Cette diapositive présente deux scénarios : un où le coût de production est faible, soit 300 $ le mégawatt, et un où le coût est plus élevé, soit 400 $ le mégawatt. À mon avis, c'est davantage 440 $.
C'est chiffres sont-ils représentatifs du marché ontarien? Tiennent-ils compte des rabais et des programmes offerts ou s'agit-il de coûts bruts, et oui, pour quelle région?
M. Young : Il s'agit des coûts en capitaux, incluant les coûts de l'argent investi dans un projet. Ce serait le coût de production si vous l'installez vous-même.
Le sénateur Neufeld : C'est le coût de production. Le système ne doit-il pas être raccordé à un réseau électrique ou de distribution?
M. Young : Non. Il peut l'être, mais il peut aussi fonctionner seul.
Le sénateur Neufeld : Que voulez-vous dire?
M. Young : Les deux options sont possibles.
Le sénateur Newfeld : Qu'est-ce qui explique le faible coût de production?
M. Young : Le faible coût de production dépend de votre coût d'installation et du coût de l'argent. J'aimerais ajouter que, concernant les projets de grande envergure, le coût de l'argent est la deuxième dépense en importance. Aucun organisme gouvernemental ne nous offre des options sur garanties de taux. Nous devons nous tourner vers le marché commercial et amasser les capitaux nécessaires pour l'installation des systèmes destinés à la production commerciale d'énergie. Dans certains cas, les coûts en capitaux peuvent atteindre 8 ou 9 p. 100, comparativement aux centrales nucléaires qui bénéficient d'un soutien gouvernemental et dont le coût de l'argent n'est que de 2 p. 100. C'est donc un compromis.
Si je dois rivaliser avec quelqu'un qui bénéficie de garanties du gouvernement et qui reçoit des fonds pratiquement gratuitement, c'est difficile pour moi d'être compétitif.
Le sénateur Neufeld : Oui, je comprends. C'est la même situation en Colombie-Britannique. Cependant, les intervenants dans le secteur de l'énergie éolienne — ou les centrales électriques au fil de l'eau — empruntent sur le marché. Tous les nouveaux achats d'électricités faits par BC Hydro dans le secteur privé au cours des dernières années ont été faits sur le marché commercial, comme c'est le cas pour vous, mais le coût est beaucoup moins élevé que 300 $ le mégawatt.
C'est un peu le problème. Je ne dis pas que l'énergie solaire n'est pas une bonne option. C'est simplement une question économique.
M. Young : Super.
Le sénateur Neufeld : En tant que ministre responsable du prix de l'électricité, si vous achetez de l'électricité à 400 $ le mégawatt au lieu de 125 $ le mégawatt, quelle sera la réaction du public, vous croyez? Les citoyens veulent que leur électricité leur coûte le moins cher possible. C'est une partie du problème, non?
Je comprends tout ce que vous faites. J'imagine qu'à un certain moment, le secteur de l'énergie éolienne se trouvait dans la même situation, et les prix vont finir par baisser. En Allemagne, une grande partie de l'électricité provient des centrales au charbon. C'est une des principales raisons pour laquelle l'électricité est plus dispendieuse. C'est la même chose en Saskatchewan et en Alberta. En Ontario, il y a eu toutes sortes de sources d'énergie au fil des ans.
J'aimerais passer à autre chose. Vous parlez de l'alimentation dans les régions éloignées, et je crois que l'énergie solaire pourrait être une bonne solution à ce chapitre. Il y a beaucoup de communautés éloignées dans ma province et je crois que l'électricité provenant de centrales d'énergie solaire pourrait répondre à une partie de la demande, et elle serait moins dispendieuse que celle provenant de centrales diesel. Mais tout dépend de l'emplacement de ces centrales. La région de Prince Rupert sur la côte ouest profite d'environ 25 jours de soleil par année. La situation est semblable dans le Haut-Arctique, à Rankin Inlet. Est-ce possible de produire beaucoup d'électricité pendant toute l'année à Rankin Inlet?
Quand vous comparez le prix de l'alimentation dans les régions éloignées, il faut tenir compte du transport du diesel dans ces régions, et les coûts de transport sont élevés. Je comprends cela. Mais, je ne crois pas qu'il soit possible de produire de l'électricité toute l'année dans les communautés éloignées du Nord, car elles reçoivent très peu de soleil. Même où j'habite il y a peu de soleil pendant l'hiver.
M. Young : Sénateur, vous soulevez un point important. Un kilowattheure provenant d'une centrale diesel coûte environ 1 $, peut-être même 1,20 $ si l'on tient compte des coûts d'entretien.
J'aimerais réfuter un mythe. Il n'est pas nécessaire d'avoir une lumière solaire directe pour produire de l'électricité. C'est simplement moins efficace lorsque c'est nuageux. Je vais vous donner l'adresse d'un site web qui permet de voir la production d'énergie solaire en Allemagne en temps réel. La production varie d'un jour à l'autre, mais elle ne cesse pas. Lorsque c'est nuageux, sur la capacité de 18 gigawatts, la production est d'environ 4 gigawatts. En été, lorsqu'il n'y a aucun nuage, la production est de 13 gigawatts.
Tout dépend de la puissance attribuée. Si la capacité du système est suffisante, vous pouvez répondre à la demande.
Le sénateur Neufeld : C'est bien de faire une comparaison avec l'Allemagne, mais j'aimerais faire une comparaison avec le Nord canadien. Ces communautés, Rankin Inlet, par exemple, ne reçoivent que deux ou trois heures de lumières du soleil. Même où j'habite, en plein hiver, on reçoit environ huit heures de lumière du soleil. Il faut donc avoir des piles ou une source d'appoint, non? Cela augmente les coûts.
M. Young : En effet. Je vais demander à mes ingénieurs de vous faire un modèle de ce qui se passe à diverses latitudes. Le gouvernement a mis sur pied un projet très innovateur sur un édifice dans les Territoires du Nord-Ouest. Les fenêtres extérieures de l'édifice ont été recouvertes d'une matière photovoltaïque. Les résultats de l'expérience ont été présentés lors d'une conférence en Italie et les participants étaient stupéfaits de voir qu'il était possible de produire de l'électricité à une latitude aussi nordique.
Le sénateur Neufeld : Ce serait très bien. Si cela permet de réduire les coûts d'électricité, je crois que le gouvernement serait très intéressé, car peu importe de quel angle on regarde la situation dans le Nord, c'est le gouvernement qui paie. Je crois que, s'il est possible de réduire ces coûts, ce serait un bon début.
Concernant le projet d'énergie solaire à Arnprior, quelle sera la superficie couverte par les panneaux solaires pour la capacité prévue de 23 mégawatts?
M. Young : Ce n'est pas mon projet, alors, je ne pourrais pas vous répondre.
M. Bateman : C'est un champ de 200 acres.
Le sénateur Neufeld : Il faut 200 acres pour produire 23 mégawatts?
M. Bateman : Oui.
Le sénateur Neufeld : Le terrain peut-il servir à autre chose?
M. Young : On peut y mettre des petits animaux d'élevage, mais cette pratique n'est pas encore totalement acceptée. Nous avons un projet de 30 mégawatts à Hawkesbury où les panneaux solaires couvriront une superficie de 250 acres. C'est une technologie différente qui demande moins de panneaux, mais qui produit plus d'électricité. Un des problèmes, c'est que les citoyens s'opposaient à ce qu'un élevage de moutons soit installé sur le terrain; ils craignaient que cela attire des loups. C'est un problème connu : pas dans ma cour. Avec l'appui du public et un soutien communautaire, il est possible d'utiliser ces terrains pour faire autre chose.
Le sénateur Neufeld : Les gens installent des panneaux solaires sur leur toit, entre autres, pour leur eau chaude. Je crois que c'est un excellent secteur à explorer.
Je me souviens d'une entreprise en Colombie-Britannique — je ne vais pas la nommer — qui voulait qu'on lui garantisse de l'électricité à 3,5 cents pendant 20 ou 25 ans afin de produire des panneaux solaires pour le marché de l'énergie solaire de la province. Impossible ensuite d'acheter la technologie ailleurs. Vous êtes coincé.
Un gouvernement ne peut pas faire cela, à tout le moins du point de vue des tenants de la libre entreprise. C'est un commentaire que je vous fais. Vous savez probablement de quelle entreprise je veux parler. Merci beaucoup d'être venus.
Le président : Nous entendrons deux autres intervenants, puis nous passerons au prochain point.
Le sénateur Kenny : Merci de me donner l'occasion de prendre la parole. Je vous souhaite la bienvenue.
Que pensez-vous du travail du gouvernement en ce qui concerne la promotion de l'électricité dans ces édifices et pour sa flotte de véhicules? Avez-vous suivi l'évolution de la Loi sur les carburants de remplacement adoptée il y a environ 15 ans? Le comité a joué un rôle important dans l'adoption de cette loi. C'était mon projet de loi. Selon cette loi, 75 p. 100 des véhicules fédéraux doivent fonctionner à l'éthanol, au méthanol, au gaz naturel, au propane ou à l'électricité. C'est la loi du pays et un rapport est publié chaque année sur cet aspect de la loi. En ce qui a trait aux véhicules fédéraux, qu'en est-il de l'utilisation de l'électricité?
Le président : Cela me semble loin du dossier de l'énergie solaire, mais si vous voulez répondre, allez-y.
Le sénateur Kenny : Peut-être que l'énergie solaire ne s'applique pas à la loi en question. Mais elle est certainement pertinente en ce qui a trait aux édifices gouvernementaux et au rendement global du gouvernement dans ce domaine.
Le président : Comme je le disais, si les témoins veulent répondre, ils le peuvent.
M. Bateman : Je ne m'y connais pas beaucoup à ce sujet, mais je sais que le gouvernement du Canada parraine plusieurs programmes différents visant à améliorer la durabilité des édifices. Grâce aux Fonds municipaux verts, administrés par la Fédération canadienne des municipalités, des panneaux solaires ont été installés sur de nombreux édifices du secteur public.
Aussi, de nombreuses dispositions des politiques d'achat durable du gouvernement fédéral exigent un certain rendement, en vertu du programme LEED, le Leadership in Energy and Environmental Design. Grâce à ce programme, les architectes et les administrateurs d'édifices peuvent ajouter des panneaux solaires à leurs édifices afin d'atteindre un rendement énergétique écologique. Le gouvernement peut alors acheter ces édifices.
Le sénateur Kenny : Le gouvernement semble acheter des édifices assez régulièrement à Ottawa. Pourriez-vous nous donner des exemples d'édifices dans la région de la capitale nationale qui utilisent principalement de l'énergie solaire?
M. Young : Nous avons un projet en attente avec le Musée de l'aviation du Canada. Nous venons tout juste de recevoir l'autorisation de construire. Il s'agit essentiellement d'une entente commerciale entre Enfinity Canada Ltd. et la société responsable du musée. Enfinity Canada investit dans la technologie, et l'hôte reçoit un loyer pour l'espace sur le toit.
Notre entreprise ne vend pas de systèmes comme tels. Nous investissons dans le capital. C'est nous, et non le propriétaire de l'immeuble, qui assumons les risques. C'est là un domaine dans lequel Travaux publics et Services gouvernementaux Canada a du mal à manoeuvrer. D'autres organismes ont un peu plus de latitude à ce chapitre. C'est une chose qui vaudrait la peine d'être explorée dans les années à venir.
Le sénateur Wallace : Monsieur Bateman, vous avez dit au début de votre exposé que globalement, l'énergie solaire connaît une croissance plus lente que ce que vous auriez espéré. Il y a évidemment des obstacles, dont un grand nombre ont été examinés aujourd'hui.
Je vous ai écouté et j'ai lu votre document. Vos membres semblent aborder cette croissance en tenant compte d'un certain nombre de marchés potentiels. Selon moi, il existe au moins trois catégories de marché. Au niveau du consommateur, il y a le client commercial industriel individuel, le client résidentiel et le grand producteur d'énergie industriel connecté à un réseau.
Toute initiative de marketing nécessite une approche ciblée, et je comprends que chacun de vos membres puisse avoir un intérêt particulier. Si vous examinez ces trois débouchés dans le contexte canadien, lequel, selon vous, serait le plus prometteur à court terme pour accroître la part du marché qu'occuperait l'énergie solaire? Je comprends que des changements sont nécessaires pour faire des percées dans l'un ou l'autre de ces marchés. Compte tenu des règles du jeu actuelles, considérez-vous que l'un de ces marchés a, à court terme, plus de chance de connaître une croissance immédiate?
M. Bateman : En allant de l'avant sans rien changer?
Le sénateur Wallace : Oui, telle que la situation existe présentement.
M. Young : Dans un monde idéal, nous aurions accès aux réseaux d'électricité dans l'ensemble de la province ou du pays.
Un des problèmes que nous avons au Canada, c'est que le marché de l'électricité est fractionné. Il n'y a pas de vision uniforme d'un bout à l'autre du pays. C'est là où nous souhaitons que le gouvernement fédéral fasse preuve de leadership, ce qui pourrait donner au moins une vision globale et permettre aux gens de dire : « Nous avons le droit d'alimenter le réseau. »
En Ontario, le programme Tarifs de rachat garantis part de la base. Des particuliers assument l'investissement avec un accès au réseau. Je crois que nous pouvons faire cela, avec la collaboration du gouvernement fédéral, et présenter cette initiative comme une politique viable.
Nous parlons des coûts, et je crois que le succès du programme allemand vient du fait qu'il est lié à la régression du prix. La voie est clairement tracée vers la parité avec le réseau. Pour ce faire, les Allemands ont le volume nécessaire. À l'échelle nationale, j'aimerais que nous ayons une envergure semblable pour diminuer nos coûts. C'est très inefficace de devoir composer avec les exigences de chaque province et essayer de comprendre le cadre législatif. Je crois que CanSIA et le gouvernement du Canada pourraient joindre leurs efforts pour en arriver à une approche uniforme sur l'ensemble du territoire.
M. Bateman : J'adhère à ce qui a été dit.
Le sénateur Wallace : Je suis originaire du Nouveau-Brunswick. Pouvez-vous nous parler de l'état du développement de l'énergie solaire au Nouveau-Brunswick?
M. Bateman : CanSIA a participé récemment aux travaux de la Commission de l'énergie du Nouveau-Brunswick. Nous espérons poursuivre le dialogue et prendre part au processus. À l'heure actuelle, le développement de l'énergie solaire dans la province est lent. Dans un avenir prévisible, à moins que le dialogue ne devienne plus ciblé, la situation pourrait rester la même à court terme.
Le sénateur Brown : J'aimerais faire un commentaire. En Arizona, une entreprise fabrique une couverture solaire pour l'armée. Cette couverture est ingénieuse, en ce sens qu'elle permet aux soldats de rester au chaud lorsqu'ils travaillent dans certaines conditions climatiques. Elle sert aussi à la transmission de leurs communications.
Je crois que l'énergie solaire a un brillant avenir. Toutefois, j'ai lu qu'il y avait toutes sortes d'énergies différentes dans les pays d'Europe, et cela m'inquiète. Malgré l'énergie solaire et l'énergie éolienne, le rapport disait qu'ils devaient construire quatre nouvelles centrales traditionnelles au charbon et au gaz parce qu'un système d'appoint était nécessaire. Lorsque le recours à des moteurs et des centrales électriques augmente en flèche, la production est en marche et nécessite un système d'appoint. La mise en garde que je ferais, c'est de ne pas aller trop loin, trop vite parce qu'il faut prévoir aussi un système d'appoint.
Le président : Merci beaucoup, sénateur Brown, pour votre observation. Je demanderais au sénateur Mitchell de conclure.
Le sénateur Mitchell : Je ne peux m'empêcher de dire que nous avons évidemment été très loin avec les combustibles fossiles sans nous soucier de toutes ces questions à propos des systèmes d'énergie d'appoint. Nous commençons maintenant à nous en préoccuper.
Chose intéressante et tout à fait à propos, je viens de recevoir sur ma tablette électronique — sur laquelle j'ai aussi tous vos documents pour la présente séance, ce qui est très efficace du point de vue de l'environnement — un rapport que vient de publier la Table ronde nationale sur l'environnement, dans lequel on peut lire que des coûts énormes liés au changement climatique auront une incidence sur l'économie du Canada, et les auteurs du rapport précisent ensuite que leurs estimations sont probablement faibles.
J'imagine qu'il s'agit d'une question primordiale, mais c'est dommage que lorsque vous évaluez les coûts de production de votre énergie par rapport aux autres formes d'énergie, en particulier des combustibles fossiles, on ne puisse pas vraiment ajouter, au kilowattheure, le coût des changements climatiques à celui de la production d'électricité à partir du charbon ou d'autres sources d'émissions. Est-ce que j'ai raison?
M. Young : C'est une situation délicate. Le captage et le stockage du CO2 est une approche possible, qui s'accompagne de coûts. Les gens essaient d'échanger des crédits de carbone, et c'est là une mesure incitative. Certains mécanismes aux États-Unis permettent de gérer des crédits solaires, mais parce que les gens se précipitent, le prix baisse, ce qui crée une instabilité dans le mécanisme d'établissement des prix. Il faut réfléchir davantage aux frais fixes et les ajuster en fonction du prix de production et non des crédits échangés sur un marché ouvert.
Le président : Sur ce, messieurs, nous allons mettre fin à la présente séance. J'aimerais vous remercier, monsieur Bateman et monsieur Young, de votre présence. Je sais que vous avez eu quelques problèmes qui ont compliqué un peu les choses, mais vous êtes ici. Je pense que nous avons eu une bonne séance et je suis certain que nous pourrons nous entretenir de nouveau avec vous si vous avez d'autres questions. S'il y a des aspects que vous aimeriez ajouter à la discussion d'aujourd'hui, vous pouvez communiquer avec la greffière, Mme Gordon, en suivant la procédure habituelle.
(La séance se poursuit à huis clos.)
(Le comité reprend ses travaux en séance publique.)
Le président : Nous reprenons nos travaux en séance publique. Nous examinons le budget. Nous demandons l'approbation de la motion suivante :
Que la demande de budget pour l'étude spéciale, secteur de l'énergie, pour l'année financière se terminant le 31 mars 2012, soit approuvée;
Que le président et le vice-président soient autorisés à apporter des modifications à la demande, au besoin;
Que le président soit autorisé à présenter la demande au Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l'administration.
Le sénateur Massicotte : J'en fais la proposition.
Le président : La motion est proposée par le sénateur Massicotte et appuyée par le sénateur Dickson. Voulez-vous en discuter? Vous êtes tous en faveur?
Des voix : D'accord.
Le président : Quelqu'un est contre?
La motion est adoptée, à l'unanimité.
Y a-t-il d'autres affaires à traiter aujourd'hui?
Merci, chers collègues. Nous allons continuer nos travaux. Le comité de direction est ouvert aux suggestions concernant les témoins et les groupes à rencontrer au cours de ces voyages. Nous comptons sur vous.
Vous nous avez remis une lettre, sénateur Peterson, et nous avons dû retrancher cela. Nous devons rester probablement à Regina. Nous pouvons en parler et régler cette question.
(La séance est levée.)