Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles
Fascicule 9 - Témoignages (séance de l'après-midi)
VANCOUVER, le mardi 29 novembre 2011
Le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd'hui, à 13 h 12, pour étudier l'état actuel et futur du secteur de l'énergie au Canada (y compris les énergies de remplacement).
Le sénateur W. David Angus (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Bon après-midi, chers collègues, mesdames et messieurs, et bienvenue tout particulièrement à nos témoins, Robert Spitzer et Natalie Poole-Moffatt.
Nous poursuivons notre séance spéciale à Vancouver. Jusqu'ici, nous avons entendu d'excellents témoins. Nous sommes prêts pour l'histoire d'Apache. Nous avons très hâte de vous entendre.
Chers collègues, nous accueillons Rob Spitzer, vice-président de l'exploration chez Apache Canada Limited. Il est accompagné de Natalie Poole-Moffatt. Nous l'avons déjà vue, mais dans un autre film. Elle a été adjointe spéciale du ministre Richard Neufeld, quand il portait un autre chapeau. Il a tenté en vain de l'attirer dans la capitale du pays. C'est vous qui en profitez.
M. Spitzer est donc vice-président de l'exploration chez Apache Canada, une filiale d'Apache Corporation. Il possède 30 ans d'expérience dans le bassin sédimentaire de l'Ouest canadien. Il est entré chez Apache en 1999, en qualité de gestionnaire de l'exploration, chargé du programme d'exploration et de forage. M. Spitzer a fait partie de l'équipe qui a découvert Ladyfern, un champ de gaz de 6 000 milliards de pieds cube en 2000. M. Spitzer a dirigé le programme d'exploration et de développement jusqu'en 2008. Durant cette période, il est devenu VP de l'exploration et a participé à l'exploration et au développement du bassin de Horn River depuis 2001.
En 2007, en collaboration avec les principaux pairs de l'industrie, M. Spitzer a créé le Horn River Basin Producers Group, qu'il préside depuis. En 2008, l'équipe Canadian New Ventures a été créée et M. Spitzer en a pris la tête. Cette équipe a pour but d'acheter d'importantes accumulations rentables de pétrole et de gaz naturel au Canada. En 2010, le rôle de M. Spitzer a été élargi de manière à inclure la gestion et la croissance des activités mondiales d'Apache relatives au pétrole classique.
Avant de travailler chez Apache, il a passé 18 ans chez Shell Canada. Il a alors notamment travaillé à l'injection de CO2 à Midale, Saskatchewan, à des projets d'exploration dans tout le Canada et à la gestion des nouvelles activités de Shell.
En 1981, il a obtenu une maîtrise de McMaster. Il est né à Hamilton, en Ontario.
Nous sommes heureux de vous avoir ici. Vous avez la parole, monsieur.
Robert Spitzer, président du conseil et vice-président, New Ventures, Apache Canada, Horn River Basin Producers Group : Merci beaucoup. Je me sens privilégié d'avoir été invité à prendre la parole devant vous cet après-midi.
J'ai du matériel pour une vingtaine de minutes, puis je serai heureux de répondre aux questions.
À la page 2, il y a le plan de mon exposé. Je vais parler un peu du Horn River Basin Producers Group, des fondements, de la manière dont le groupe définit le succès, de notre façon de fonctionner et de quelques projets environnementaux que nous avons réalisés, de notre façon de communiquer avec la collectivité, de nos activités depuis six ou sept ans, de l'avenir, et des gens dévoués qui rendent tout cela possible.
Je vais tenter de tracer les grandes lignes de ce que nous faisons et de nos motivations. Je suis géologue de formation. Je vais décrire 10 000 ans d'histoire en 30 secondes. Soyez patients, parce que c'est important pour comprendre le contexte dans lequel nous fonctionnons. Il faut remonter en réalité à une dizaine de milliers d'années, quand les glaces se sont retirées et que des Asiatiques ont traversé le pont terrestre ou ont suivi la côte pour migrer au Canada. Par la suite, pendant quelques milliers d'année, les Premières nations ont été les seuls habitants ici. Ils ont vécu près des rivières et ont chassé. Ensuite, à cause des Vikings ou de Christophe Colomb, les Européens sont arrivés il y a 500 à 1 000 ans, selon ce que vous croyez, et les choses ont changé. Des explorateurs sont venus, depuis Cartier et Champlain, se déplaçant d'est en ouest. Il y a eu ensuite des commerçants dans la baie d'Hudson qui ont suivi les rivières, comme les Premières nations l'avaient fait pendant des milliers d'années. Il y a eu Alexander MacKenzie, Thompson, Fraser, Henday, tous ces explorateurs qui ont navigué sur ces rivières pour faire du commerce et bâtir des forts. Je vous raconte tout cela, parce que cette histoire est présente là où nous travaillons.
L'exploration du pétrole en Amérique du Nord a commencé dans les années 1860, quand les premiers puits ont été forés, et elle s'est répandue dans l'Ouest au début des années 1900. Turner Valley a été découvert dans les années 1930, Leduc en 1947. Puis, il y a eu Clarke Lake en Colombie-Britannique, près de l'actuelle ville de Fort Nelson, en 1954, où les premières grandes accumulations de gaz naturel ont été découvertes dans le bassin que je vais décrire.
Récemment, les technologies ont changé et ont grandement accru l'exploration dans le bassin de Horn River au nord-est de la Colombie-Britannique. Nous sommes dans une région vierge depuis des milliers d'années. Il y a eu évidemment des marchands de fourrures et des habitants dans la région. Ce qu'il importe de souligner, lorsque cette nouvelle technologie arrive, il y a beaucoup d'incertitude à l'égard de la technologie et de ce que représentent la mise en valeur et l'exploration pour les habitants. Le Horn River Producers Group essaie de tenir compte de toute cette histoire et, de manière positive, je crois, de faire avancer le développement tout en étant conscient de l'histoire qui remonte à des centaines, voire des milliers d'années. Voilà 10 000 ans d'histoire résumés en une minute.
La page sur la prémisse, je crois que c'est la troisième page, est importante. Pour assurer le succès des grands projets pétroliers et gaziers, il faut définir très rapidement ce qui sera une réussite. Nous savons alors ce qui constituera un succès, à quoi il ressemblera. Ce n'est pas simplement un taux de rendement pour l'industrie. C'est plus que cela, mais j'y reviendrai plus longuement un peu plus tard. Cela veut dire entendre et dissiper les préoccupations des parties intéressées et des Premières nations, communiquer et tisser des liens.
Il faut communiquer au début du développement et communiquer souvent. C'est probablement le moment le plus difficile pour communiquer, mais c'est le meilleur. On ne communique jamais assez. Pour réussir à communiquer, il faut travailler avec des gens très dévoués qui croient en la cause, si je peux dire. C'est une espèce de préambule.
Le groupe de producteurs a été formé en novembre 2007, il y a quatre ans ce mois-ci. Il comprend 10 sociétés pétrolières et gazières actives, de taille, de culture et de formes différentes. Elles sont toutes différentes.
Le président : Vous êtes toutes des sociétés ouvertes.
M. Spitzer : Oui. Il y en a probablement une qui ne l'est pas, Stone Mountain, mais les autres sont des sociétés ouvertes. J'ai la liste de ces entreprises.
Les sociétés représentent au moins 95 p. 100 de l'activité dans le bassin de Horn River. Tout le monde n'en fait pas partie, parce que certains ne voulaient pas, mais la plupart y sont. Il y a des réunions mensuelles depuis quatre ans. Un vaste éventail de parties intéressées et de Premières nations assistent à nos réunions mensuelles. Le groupe comprend les 10 sociétés indiquées ici. Elles vont d'une très petite société fermée à l'une des plus grandes entreprises de la planète, Exxon Mobil; il y a toutes les teintes de gris entre les deux, de sorte que le groupe est très varié.
Le groupe a été créé principalement pour faciliter la coopération et la communication entre les entreprises, les Premières nations, la collectivité, le gouvernement et les autres parties prenantes. Il repose en grande partie sur l'idée que la coopération et la communication entre nous pouvaient apporter de bonnes choses.
La structure du groupe est assez simple. Il y a un président, et chaque entreprise est représentée au conseil de direction, en jaune ici. Il y a cinq sous-comités : Premières nations, opérations, réglementation, environnement et communications. Ils découlent surtout du fait que ces cinq domaines couvrent la plupart des sujets à aborder pendant la phase de l'exploration et de la mise en valeur.
À quoi ressemble le succès? Voilà une question énorme, à mon avis. Peu importe qu'il s'agisse du pétrole et du gaz. C'est presque sans importance. Ce qui importe, je pense, c'est que très tôt à l'étape de la mise en valeur ou de l'exploration, il est absolument essentiel de comprendre à quoi ressemble le succès et d'être sur la même longueur d'onde à ce sujet. Ce n'est pas facile, parce que toutes les entreprises ont une idée différente de ce qui constitue une réussite. Je le répète, ce peut être le taux de rendement, la valeur pour l'actionnaire, toutes sortes de résultats financiers. J'ai presque tout vu.
C'est très difficile. C'est presque ce qui a été le plus difficile pour notre groupe, définir à quoi ressemble le succès. Il nous a fallu deux semaines pour le faire et le mettre par écrit. Nous sommes assez bavards, alors cela prend du temps, mais ce n'est pas sans importance, parce que finalement, le résultat permet au groupe de très bien fonctionner et reconnaît que ce n'est pas seulement une question de profit et qu'il faut que les préoccupations de chaque grande partie prenante, la ville de Fort Nelson, devenue maintenant la municipalité régionale de Northern Rockies, le gouvernement qui représente les citoyens de la Colombie-Britannique, les Premières nations et l'industrie, soient comprises et apaisées tout en exploitant le bien de manière responsable. C'est ainsi que nous mesurons le succès.
Le président : Dans ce groupe de 10 et au sein du groupe de direction, y a-t-il des entreprises ou des représentants des Premières nations?
M. Spitzer : Le groupe est un groupe sectoriel, alors il n'y a pas d'autres entreprises. Il n'y a pas d'oléoducs, ni rien d'autre. Ce sont purement des producteurs.
Le président : Non, je pensais que certaines bandes et organisations des Premières nations au moins, avaient des sociétés de mise en valeur des ressources, mais elles ne participent pas.
M. Spitzer : Elles participent, mais ce groupe est de nature sectorielle, seulement des producteurs, au début. Nous invitons des entreprises, mais c'est la structure du groupe.
Voici un petit modèle que j'ai imaginé, une illustration de la manière dont les idées s'élèvent vers l'exploration et la mise en valeur, du point de vue technique. L'axe des X représente l'évolution d'une idée, le gaz de schiste dans cet exemple, vers l'étape de l'évaluation qui indique si l'idée fonctionne économiquement. Si la réponse est positive, elle passe à ce qu'on appelle l'étape de la mise en valeur. Si vous allez un peu plus loin, et ce n'est pas sans importance, il y a une fin, la mise en valeur se termine. C'est l'axe des X.
Une partie de l'axe des Y porte sur les facteurs humains. Il n'y a donc pas que les facteurs techniques et économiques. Il y a une intégration de ces facteurs et des facteurs humains.
Les facteurs humains vont un peu comme ceci. On a la même idée, il faut définir les parties prenantes, écouter leurs préoccupations, établir un processus et des valeurs et élaborer des solutions, souvent inventives. Elles doivent avoir leur mot à dire tout au long de la mise en valeur et aussi lorsque la mise en valeur prend fin. Les facteurs humains et les facteurs techniques doivent être intégrés. Tant que ces deux aspects sont communiqués, il y a des chances de réussite. C'est un modèle très simple. Ce n'est pas compliqué. C'est élémentaire.
Le président : Un grand nombre d'acteurs s'unissent.
M. Spitzer : Oui, et la tâche est parfois dantesque, mais finalement, il n'y a pas grand-chose dans le monde qui n'est pas compliqué. Je pense que l'essentiel, c'est de simplifier ce qui est compliqué. Cela ne veut pas dire que c'est simple, mais si vous l'exprimer simplement, la plupart des gens que j'ai rencontrés comprennent et apportent leur aide.
C'est un processus continu. Ce graphique avec les quatre cercles orange identifie les principales parties prenantes et leurs préoccupations. Pour la collectivité, l'emploi local était une grande préoccupation, il l'est probablement encore, mais moins qu'il y a quatre ans. Il y a évidemment des préoccupations environnementales.
Cette question revenait souvent dès le début : Quel est ce projet? À quoi ressemblera-t-il? Nous voulons savoir en quoi il consistera parce qu'il touche nos vies.
Pour le gouvernement, il y avait un thème, une nouvelle technologie, la fracturation hydraulique et les changements à apporter à la réglementation ou d'autres aspects que le gouvernement doit examiner afin de pouvoir apporter les changements nécessaires.
Pour les Premières nations, les préoccupations étaient évidemment surtout environnementales et portaient plus précisément sur l'incidence sur les terres ancestrales et le mode de vie, aussi sur l'emploi, l'inclusion et une voix au chapitre concernant l'exploitation et le développement.
Pour l'industrie, c'est l'accès à la terre. Nous ne pouvons pas faire grand-chose si nous n'avons pas accès à la terre. Là encore, c'est une question de taux de rendement et de meilleure façon de faire avancer le projet.
Il y a une interaction entre tous ces types de préoccupations, et si nous sommes au courant, nous pouvons les apaiser. Il suffit d'être ouverts et francs les uns avec les autres et de faire preuve d'imagination pour trouver des solutions.
Une bonne partie de l'exposé montrera quelques-unes des mesures que nous avons prises pour dissiper certaines de ces préoccupations.
La première, et probablement la plus vive, a été l'emploi local. Je précise, et c'est important de le faire, que je dois féliciter la ville de Fort Nelson pour s'être exprimée haut et fort à ce sujet. Mais pas seulement la ville. D'autres aussi, dont certains sont peut-être présents dans cette salle, expriment un certain intérêt pour cette question. Il est clair que lorsqu'on se retrouve devant 250 personnes dans une salle et que ces gens disent que l'emploi local est important, l'industrie a le devoir d'écouter et de tenter de trouver une solution.
En tant que groupe, nous nous concentrons donc sur les problèmes. Nous avons entendu les préoccupations. Nous avons rédigé une série de principes sur l'emploi local. Au fond, nous disions que nous ferions ce que nous pourrions pour qu'un grand nombre des employés de nos entreprises viennent de la population locale, parce que c'est une question de bon sens en affaires. C'est tout simplement la bonne chose à faire.
Voilà nos principes. Nous avons eu de nombreuses foires de l'emploi depuis quatre ans pour arrimer les gens qui cherchaient du travail avec ceux qui pouvaient leur en offrir. L'interaction s'est faite dans des foires de l'emploi parrainées par l'industrie où les deux parties pouvaient se rencontrer. Quand la formation était insuffisante, nous avons cherché comment permettre aux travailleurs d'obtenir cette formation.
Nous avons aussi contribué à un bureau d'emploi local, parce que, pour dire la vérité, la plupart de ces entreprises, sinon toutes, ont leur siège social à Calgary, soit à 600 milles de Fort Nelson. Il importait que, par l'entremise de Energy Services B.C. et d'un petit appui financier du groupe, une personne travaille à plein temps à l'arrimage des employés potentiels avec l'industrie, ce qui est bien, et à la formation.
Nous avons financé et offert un programme de formation à Fort Nelson, parce que le plus proche se trouvait à Fort St. John, soit à cinq heures de route de Fort Nelson. Nous l'avons financé par l'entremise de Northern Lights College et nous avons offert un programme de formation. Il y avait une longue liste d'attente de personnes qui voulaient être formées. Le programme s'adressait surtout aux jeunes de la région, parce que, comme parent, on veut que ses enfants travaillent et, de préférence proche de la maison. C'est une bonne chose.
Nous avons financé un programme de formation au Northern Lights College à Fort Nelson pour que ces jeunes apprennent comment travailler dans l'industrie pétrolière et gazière. Je pense qu'il y avait une liste d'attente d'une vingtaine de personnes; 16 se sont inscrites et 16 ont obtenu leur diplôme. De ce nombre, huit se sont trouvé un emploi, ce qui était une bonne nouvelle. Si nous en avons besoin, nous le referons encore.
Un grand nombre de ces entreprises ont maintenant des bureaux à Fort Nelson. Le tableau de l'emploi local s'est donc nettement embelli. Ce n'est pas parfait, mais c'est certainement mieux que lorsque les gens criaient et se plaignaient. Ils ne le font plus. De fait, ils viennent me montrer leur voiture neuve et ils en sont tout fiers. Donc, en général, la situation s'est améliorée au fil des années.
Du point de vue de l'environnement, évidemment associé à la technologie que j'expliquerai dans un instant, nous avons pris quelques mesures que je crois novatrices afin d'apaiser les préoccupations environnementales. Le procédé demande beaucoup d'eau et nous travaillons avec les gens de Geoscience B.C., qui me suivent comme témoin, si je ne m'abuse, pour exploiter des sources d'eau non potable au lieu des sources d'eau de surface. Nous avons construit une station de pompage qui utilise de l'eau non potable puisée en profondeur. Nous avons utilisé un procédé sismique, ce qui est novateur par rapport au procédé classique, et j'y reviendrai. Nous avons aussi réduit l'empreinte de surface.
Tournant la page, je parlerai maintenant de ceci pendant une minute seulement, parce que la fracturation hydraulique, la fracturation hydraulique à étapes multiples est ce qui a révolutionné l'exploration et la mise en valeur du pétrole et du gaz naturel en Amérique du Nord et probablement dans le monde entier. Pour ce faire, on allie deux technologies. On peut forer des puits horizontaux; c'est ce que montre cette image. On fore à la verticale, puis à l'horizontale. On peut forer à l'horizontale à une certaine distance, bien souvent à trois ou quatre kilomètres. Cette technologie existe depuis une soixantaine d'années.
La fracturation hydraulique est essentiellement ceci : la roche est tellement dense et serrée que les molécules de gaz ne peuvent pas se rendre jusqu'au puits de forage de manière économique. Ce qui a été inventé il y a une quinzaine d'années, c'est la fracturation hydraulique, qui casse la roche et permet aux molécules de se rendre dans le puits de forage et de produire du gaz à une échelle économique.
En tant qu'industrie, nous avons perfectionné cette technique au cours des 15 dernières années. C'est ce qui a permis l'exploitation d'une grande quantité de gaz en Amérique du Nord depuis cinq à dix ans. Avant, on pensait qu'il y avait une pénurie de gaz. Il y a probablement maintenant un excédent de gaz, et pas des moindres.
Le sénateur McCoy : Monsieur Spitzer, je n'ai jamais entendu d'explication ou de description aussi claire jusqu'ici, et vous pourriez peut-être aller un peu plus loin pour moi. Je vois toutes ces petites lignes rouges, la fracturation hydraulique.
M. Spitzer : Oui.
Le sénateur McCoy : Qu'est-ce que c'est exactement? Ce n'est pas du TNT je suppose. Ce n'est pas une explosion.
M. Spitzer : Non. C'est un procédé vieux de 60 ans. On injecte sous pression de l'eau à laquelle on a ajouté des produits chimiques, et cette pression fait éclater la roche comme une vitre.
Le sénateur McCoy : Cela descend à l'extérieur?
M. Spitzer : Sur le diagramme, cela descend sous pression dans ce tube central, et cette pression fait éclater la roche. C'est en gros ce qui se passe. Cela fait éclater la roche. Si vous pouvez l'imaginer, c'est comme s'il y avait des molécules de gaz en bas et que, tant que la roche n'est pas fracturée, les molécules de gaz ne peuvent pas monter dans le puits de forage.
Le sénateur McCoy : J'ai compris cet aspect. Vous avez l'eau, qui brise le schiste.
M. Spitzer : Exactement.
Le sénateur McCoy : Qu'est-ce qui arrive à l'eau?
M. Spitzer : Le puits produit du gaz et une grande partie de l'eau qui a été injectée remonte. C'est ce qui remonte en premier, avant le gaz.
On entend beaucoup parler de la fracturation hydraulique. La préoccupation est qu'elle nécessite une assez grande quantité d'eau, cela ne fait aucun doute, et des produits chimiques qui sont ajoutés à l'eau. Quand on se renseigne sur la fracturation hydraulique, les deux plus grandes préoccupations sont l'eau de surface et les produits chimiques dans l'eau.
Le président : Le méthane.
M. Spitzer : Le méthane est le produit, c'est exact. Dans cette eau, qui constitue habituellement environ 99 p. 100 du liquide, il faut ajouter des produits chimiques pour que l'eau puisse se déplacer facilement dans le tuyau, avec moins de friction.
Le sénateur McCoy : De l'eau savonneuse.
M. Spitzer : Oui, exactement.
Le puits de forage illustré descend à environ 8 000 mètres. Il est habituellement assez profond. Il y a eu des problèmes par le passé aux États-Unis, où ces puits de forage ne sont pas beaucoup plus profonds que l'eau de surface et les puits d'eau. Il y a des problèmes parfois, parce que ce n'est pas bien. La plupart du temps, il y a facilement un mille de roche entre l'endroit où les gens puisent leur eau et celui où cette activité a lieu.
À droite de cette image, nous avons une image des levés microsismiques indiquant les fracturations de la roche. Vous pouvez voir par les couleurs que chaque fracturation est surveillée. La plupart d'entre elles ne mesurent pas plus de 100 mètres. Donc, à 8 000 mètres sous terre, ces fractures ouvertes de 100 mètres ne posent aucun problème de sécurité.
Je pourrais parler de ce sujet pendant le reste de la réunion, mais je vais me retenir, parce que je veux avancer.
En ce qui concerne la gestion de l'eau, parce que ces fractures hydrauliques consomment beaucoup d'eau, nous avons reconnu très tôt qu'il fallait faire preuve d'imagination pour trouver des sources d'eau. Étant donné qu'une grande partie de l'eau à Horn River est de l'eau de surface, que pouvions-nous faire pour mieux comprendre l'eau de surface et y avait-il d'autres sources d'eau que nous pouvions utiliser?
Nous avons formé un partenariat avec Geoscience BC pour surveiller l'eau de surface, pour comprendre les eaux souterraines, non salines et salines, et aussi pour travailler avec d'autres producteurs afin de recycler une partie de cette eau dans un réservoir et de l'utiliser à nouveau.
Quelques mesures ont été prises relativement tôt pour dissiper certaines de ces préoccupations. L'une d'elles est la station Debolt. C'est une grande station de pompage qui est illustrée à gauche sur cette page. Au lieu de drainer l'eau de surface, nous avons trouvé une source d'eau saline à 3 000 pieds de profondeur. Au lieu d'utiliser l'eau de surface, nous utilisons cette source d'eau saline non potable, nous la faisons passer dans l'usine et nous l'utilisons pour effectuer notre fracturation. Aucune eau n'est extraite de la surface dans cette région immédiate.
C'est une usine de 100 millions de dollars, unique au monde. C'était le prototype. Elle démontre que quand nous nous creusons la tête, nous pouvons trouver une solution avantageuse pour tout le monde.
Les Premières nations et les autres résidants n'ont pas à s'inquiéter de l'eau pompée de la surface, ce qui est une bonne chose, parce que cela les inquiétait. Pomper de l'eau saline à 3 000 pieds coûte finalement moins cher que la pomper de la surface. C'est un exemple classique de situation où tout le monde gagne. Mais sans discussion avec la population locale et sans notre imagination, ce ne serait pas arrivé, parce que ce n'est pas arrivé nulle part ailleurs.
Un autre exemple, ce sont nos plateformes de forage, qui réduisent l'empreinte. Au lieu de déboiser une zone et de forer un puits, et de refaire la même chose 400 mètres plus loin, nous réussissons à forer 16 puits à partir d'une même plateforme. Nous dégageons l'espace pour une plateforme et nous forons 16 puits distants de 10 pieds entre eux. Nous forons le puits vertical, puis nous forons horizontalement sur une distance de 3 kilomètres ou plus, de sorte que la plus grande partie des travaux se font sous terre et non en surface, comme on l'entend habituellement.
La perturbation en surface est réduite de manière spectaculaire grâce à ces plateformes de forage. Nous ne dégageons qu'une concession, au lieu d'en déboiser jusqu'à 16, comme cela se serait fait avant. C'est donc une énorme différence.
En ce qui concerne les lignes sismiques à faible impact, voici une photo de Horn River. Nous avons fait des levés sismiques pour avoir une meilleure image du sous-sol et savoir à quelle profondeur creuser nos puits verticaux et à quelle longueur forer les puits horizontaux.
Voici une photo d'une zone dans le bassin Horn River, en hiver, comme on le voit. Une ligne sismique passe au travers. Habituellement, les lignes sismiques sont de longues lignes de 30 pieds de largeur et qui peuvent atteindre 40 ou 50 kilomètres.
Le groupe de producteurs s'est dit qu'il y avait une autre façon de procéder. Nous pouvions réduire la largeur de la coupe et la faire serpenter, ce qui réduit la perturbation en surface, mais permet aussi de mieux protéger la relation prédateur-proie, parce qu'une horde de loups ne peut pas voir un orignal 100 mètres plus loin si la ligne serpente.
Sur cette diapositive, il y a une ligne sismique qui a été effectuée de cette façon. La page suivante vous montrera où se trouve la ligne. Elle était difficile à voir sur la photo précédente. Tous les producteurs du groupe ont dit qu'ils effectueraient leurs levés sismiques de cette manière et c'est ce que nous faisons.
Nous effectuons également des études de gestion de la faune de concert avec d'autres groupes, des cartographies de l'habitat, et cetera.
En ce qui concerne les communications, nous avons un groupe assez important qui s'assure que nous communiquons d'une voix unique. L'un des plus grands dangers quand 10 compagnies sont actives dans une région est qu'elles ont toutes leurs propres idées et quand elles les expriment à un grand groupe de personnes qui ne sont pas des spécialistes du pétrole et du gaz, cela devient un peu embrouillé. La beauté de la vision commune est que le message est uniforme et que tout le monde peut le comprendre. Les communications visent à rendre le message uniforme et à le communiquer souvent. Nous avons pris plusieurs mesures en ce sens.
En ce qui concerne le soutien communautaire, à la page suivante, nous pensons aussi que, parce que nous travaillons dans la région, nous devons être actifs dans la communauté, et nous le sommes. J'ai déjà parlé un peu du cours de formation des opérateurs et du bureau d'emploi, mais nous faisons aussi de l'éducation publique et de la sensibilisation. Nous avons donné deux cours sur le gaz de schiste. Nous avons des symposiums annuels depuis trois ou quatre ans. Nous avons parrainé des foires commerciales. Nous avons des bulletins publics, des mises à jour annuelles à la Chambre de commerce, et cetera. Nous assistons également aux rencontres estivales annuelles des bandes du traité nº 8 à Petitot River, ce qui est très important parce qu'on y voit directement le contexte des Premières nations. Pas besoin d'être la tête à Papineau pour comprendre.
Nous avons participé au salon du pétrole et du gaz du nord-est de la Colombie-Britannique. Nous avons fait tout cela en plus de ce que font chacune des entreprises. Chaque entreprise est également active de son côté. Il n'y a pas seulement les activités du groupe de producteurs.
La page suivante montre que nous publions des bulletins et des foires aux questions et que nous organisons des ateliers. Nous sommes allés dans les écoles. Nous avons un programme Énergie en action depuis trois ans, et toutes sortes d'autres activités.
En terminant, il est important que vous sachiez, et nous nous sommes certainement assurés que les gens de Horn River le sachent eux aussi, d'où nous venons et où nous allons. Cette diapositive est un histogramme où le bleu et le rouge montrent l'activité depuis 2008. Le groupe a été formé en 2007. Il y a eu relativement peu d'activité en 2007. Le plus gros de l'activité s'est concentré dans les quatre dernières années.
Vous pouvez voir qu'il y a eu une croissance assez constante de l'activité. L'an prochain, en 2012, cela commencera à diminuer. On craint que les faibles prix du gaz influent sur l'ampleur du développement, certainement à court terme, parce que le prix du gaz se situe autour de 3,30 $, ce qui est très bas. En 2012, je ne serais pas du tout étonné que le forage soit le tiers de ce qui est indiqué ici, à cause des prix du gaz.
La diapositive suivante montre le prix du gaz. Nous avons formé le groupe en 2007, quand le prix du gaz se situait entre 6 et 7 $ le millier de pieds cubes. Il y a eu une ruée vers les terres. Je pense que l'entreprise a dépensé entre 1,5 et 2 milliards de dollars pour avoir accès à des terres. L'industrie a très bien réussi à extraire le gaz à l'aide de cette technique et ce succès a entraîné ce qu'on appelle l'étape des préoccupations économiques, lorsque les prix du gaz sont descendus autour de 3 $ et 4 $.
Parce que le bassin de Horn River se trouve au bout de la ligne, pour ainsi dire, en Amérique du Nord, c'est doublement inquiétant pour les entreprises. À court terme, je pense donc qu'il y aura certainement une diminution de l'activité. Il importe pour nous, en tant qu'industrie, de le faire savoir. Tout comme nous avons communiqué très tôt à quoi pourrait ressembler le développement, nous devons aussi communiquer que la route pourrait être un peu cahoteuse à l'avenir.
L'avenir est certainement prometteur si nous continuons de travailler ensemble et de renforcer ces relations et si nous nous efforçons sans cesse de trouver des solutions créatives aux préoccupations. Nous savons qu'il y aura toujours des problèmes. Ce n'est pas ce qui importe. Ce qui importe, c'est comment travailler ensemble avec la collectivité, les parties prenantes et les Premières nations pour les résoudre de manière créative. Je ne pense pas que ce soit très difficile. Quand on a gagné la confiance, que tout le monde comprend la situation et qu'on est passionné, je pense qu'on peut trouver des solutions à presque n'importe quel problème.
Nous avons fait beaucoup de choses. La collectivité nous a aidés, mais nous devons toujours être vigilants, parce que nous savons qu'il y aura d'autres préoccupations à l'avenir.
Tout ce que nous avons accompli, nous l'avons accompli parce qu'il y a des gens dévoués. Pas seulement dans l'industrie, mais aussi au gouvernement, chez les parties prenantes et dans les collectivités des Premières nations. Sans ces personnes dévouées, nous n'aurions pas accompli tout ce que nous avons accompli, et nous n'accomplirions pas ce que nous pensons pouvoir accomplir à l'avenir.
Chez Apache, nous avons appliqué ce modèle au Nouveau-Brunswick. Lorsque nous étions là-bas il y a deux ans, nous avons mis sur pied un groupe de producteurs afin de nous assurer que nous étions sur la même longueur d'onde. Cela a fonctionné remarquablement bien. Les puits n'ont pas fonctionné, mais le processus était formidable.
Nous nous sommes retirés du Nouveau-Brunswick parce que les deux puits ne fonctionnaient pas, mais j'ajoute que nous avons appliqué une méthodologie semblable, formé un groupe de producteurs, très petit, mais qui réunissait toute l'industrie, les Premières nations, un groupe environnemental, et nous avons suivi le même genre de processus. À la fin, quand nous avons vu que les puits ne fonctionnaient pas, nous les avons tous invités à manger et tout s'est bien passé. Il n'y a pas eu tout le bruit associé à un grand nombre de ces projets.
Notre entreprise travaille actuellement en Nouvelle-Zélande et utilise en grande partie le même modèle. Il y a une grande distance entre la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Zélande, mais les problèmes sont presque identiques. Je pourrais remplacer les Maoris de la Nouvelle-Zélande par nos Premières nations ici, et les préoccupations seraient presque identiques.
C'est tout ce que j'avais à dire.
Le sénateur Mitchell : Monsieur Spitzer, vous êtes vraiment passionné et c'est intéressant d'entendre quelqu'un mettre l'accent non pas seulement sur les aspects monétaires, mais aussi sur les incidences et les facteurs sociaux.
D'où est venue cette idée d'un groupe de producteurs? Pour mes amis conservateurs, cela doit faire penser au socialisme, à la Commission canadienne du blé. Est-ce que le gouvernement l'a imposé? Était-ce une condition des concessions ou simplement une décision de votre part qu'un groupe de producteurs fonctionnerait mieux?
Le sénateur Sibbeston : Ne soyez pas humble.
M. Spitzer : Non, je serai gentil. Je pense que l'idée vient de plusieurs personnes, notamment un sénateur ici présent, le sénateur Richard Neufeld. Je pense qu'il y pensait depuis un certain temps. Je sais que Liz Logan, chef de la bande de Fort Nelson à l'époque, voulait un groupe unique.
Avec tous ces signaux positifs, je n'ai eu qu'à frapper aux portes pour tenter de réunir ces entreprises. Ce n'est pas facile, surtout quand on est en pleine vente des terres. C'est très concurrentiel, comme vous pouvez l'imaginer. Mais à toutes les portes où j'ai frappé, on a répondu. Notre première réunion a été très silencieuse, parce que tout le monde s'épiait et ne voulait rien dire. Avec le temps et grâce à la détermination, il est devenu assez évident que malgré les différences de culture dans l'industrie, c'était la bonne chose à faire. Personne ne viendra me dire, je pense, que travailler ensemble très tôt dans un grand projet n'est pas une idée assez simple.
Le sénateur Mitchell : Oui, c'est très intéressant. Évidemment, j'entends toutes sortes d'échos sur le sénateur Neufeld qui ne cessent jamais de m'étonner. Il a fait des choses formidables pour l'environnement en Colombie-Britannique, et maintenant, j'apprends ceci. C'est formidable.
Le président : Il pourrait être consultant en Alberta.
Le sénateur Mitchell : Oui, on pourrait certainement faire appel à ses services là-bas.
Vous pourriez continuer d'acheter vos propres concessions et de soumissionner pour des concessions. Vous restez indépendants, mais vous coordonnez les efforts concernant les Premières nations, l'environnement et les pratiques exemplaires.
M. Spitzer : Les pratiques exemplaires.
Le sénateur Mitchell : Formidable. Soudainement, en quelques années, le gaz de schiste a littéralement explosé, au sens figuré, il va sans dire. Pourtant, vous avez expliqué que la technologie s'était développée pendant 15 ans. J'aimerais savoir ce qui a provoqué cette percée soudaine, et qui a fait qu'un jour il n'y avait pas assez de gaz et que le lendemain, il y en avait tellement qu'on ne savait plus quoi en faire.
M. Spitzer : Je vais vous montrer deux échantillons qui répondront à la question. Je les ai montrés à des Japonais il y a environ un mois et je pense qu'ils expliquent les choses, parce que c'est visuel. Ne tenez pas compte du contenant. Ce sont des emballages pour les bouteilles de vin. Ils sont très bien.
Voici la différence. Voici le gaz de schiste et voici la roche hôte. On dirait une rondelle de hockey. Même avec des yeux de lynx, vous ne pourrez pas y voir un trou. Voici un réservoir classique. On peut voir au travers. Les trous sont gros, alors le gaz peut sortir facilement de ces roches.
La technologie a été développée parce qu'il restait très peu de cette roche qui fournissait les molécules, la roche classique. Un groupe de scientifiques de l'industrie s'est demandé comment extraire le gaz de cette roche.
Je vais les faire circuler pour que vous les voyiez. Essentiellement, c'est la raison.
Le sénateur Mitchell : C'est arrivé tout simplement.
M. Spitzer : Ils ont allié les deux technologies et se sont demandé si cela permettrait d'extraire le gaz de cette roche et la réponse a été oui. Voilà ce qui est arrivé.
Le sénateur Mitchell : Voilà ce qui est arrivé.
M. Spitzer : Oui.
Le sénateur Mitchell : Je vois que vous avez ici le modèle du puits de gaz de schiste de Frederick Brook. Qui est Frederick Brook?
M. Spitzer : Frederick Brook, c'est le puits que nous avons foré, les deux puits que nous avons forés au Nouveau- Brunswick. Nous avons eu des portes ouvertes, assez tôt, pour montrer au public comment cela fonctionne. Sur une grosse échelle, nous avions ce modèle afin qu'on puisse voir comment la technologie fonctionnait.
Le sénateur Mitchell : Y avait-il un M. Brook?
M. Spitzer : J'aimerais bien connaître la réponse à cette question. Je suppose que c'est celle-ci. Les géologues ont trouvé la roche sur les rives du Frederick Brook et c'est pour cela qu'on parle de schiste de Frederick Brook.
Le sénateur Neufeld : Les gens demandent souvent comment on fait pour ne pas polluer les eaux souterraines. Vous êtes passés par là, mais dites-moi, y a-t-il toujours — je pense que vous avez dit un millier de pieds de roche imperméable sous la surface, sous la nappe phréatique où les gens puisent probablement leur eau potable, les aquifères, avant d'arriver à l'endroit où vous travaillez dans le bassin de Horn River ou en Alberta. Est-ce toujours le cas? Expliquez cela un peu.
M. Spitzer : Oui. Je pense que ce qui est important, ce qui est vraiment très important, pas seulement pour l'industrie, mais pour tout le monde, c'est que nous n'avons aucun intérêt à fracturer la roche et à causer des problèmes; ce n'est certainement pas dans notre intérêt. Il y a des règlements et des pratiques exemplaires pour empêcher que cela arrive. En règle générale, nous ne faisons pas de fracturation à moins de 3 000 pieds d'un puits d'eau. Nous savons où se trouve l'eau douce et, en règle générale, nous sommes beaucoup plus creux, bien souvent à un mille et demi au-dessous.
Il est arrivé aux États-Unis que des entreprises ne respectent pas les règlements, tout comme cela arrive dans n'importe quelle industrie. Notre souci, actuellement et quand nous avons formé le groupe de producteurs, c'est de nous assurer que, dans la mesure du possible, nous encourageons la propagation des pratiques exemplaires, parce qu'il suffit d'une pomme pourrie pour pourrir toutes les pommes.
Pour répondre à votre question, nous nous assurons qu'il y a une très grande zone tampon. Le gouvernement s'en assure. Nous mesurons où vont les fractures. Nous modifions continuellement la composition des fluides de fracturation et de la rendre moins polluante. J'espère avoir bien expliqué.
Le sénateur Neufeld : Est-il arrivé en Colombie-Britannique, ou en Alberta, la province voisine, que l'industrie pollue de l'eau potable?
M. Spitzer : Je ne pense pas qu'il y ait un seul exemple où cela aurait été démontré. Aucun.
Le sénateur Neufeld : Très bien.
M. Spitzer : Certainement pas pour le gaz de schiste.
Le sénateur Neufeld : Vous avez fait un excellent travail pour communiquer avec le public dans les régions où vous êtes actifs, mais ce qui me dérange, c'est ce rapport que j'ai trouvé sur un site Internet récemment et qui a pour titre Fracking Up Our Water, Hydro Power and Climate : BC's reckless pursuit of shale gas. C'est une publication du Centre canadien des politiques alternatives et du Wilderness Committee. Ce document est malheureusement truffé d'erreurs.
M. Spitzer : Absolument.
Le sénateur Neufeld : Il est financé en partie par le Canada et par l'université de la Colombie-Britannique. Cela m'ennuie beaucoup. Je constate quelques inexactitudes. Que fait l'industrie pour que nous puissions communiquer des renseignements exacts à la population, peu importe s'ils sont positifs, négatifs ou neutres, pour que nous puissions transmettre le message au public de la même façon que ces gens-là s'adressent, chaque soir, à la télévision, pendant une demi-heure, à un vaste auditoire que cela effraie beaucoup parce qu'il ne comprend pas que c'est en grande partie inexact. Que fait l'industrie à cet égard?
Revenons aux sables bitumineux. J'ai toujours dit que nous aurions dû commencer depuis longtemps dans le cas des sables bitumineux. Nous ne voulons pas perdre cette bataille. Que faisons-nous de ce côté-là?
M. Spitzer : Je pense que l'industrie prend probablement le problème trop à la légère. Je suis simplement honnête. Je crois que c'est largement le cas. Les sables bitumineux sont probablement un bon exemple. En général, notre secteur passe par l'ACPP, l'Association canadienne des producteurs pétroliers, et c'est ce que nous faisons dans le cas présent.
Personnellement, je pense que le mieux que nous puissions faire, c'est d'en parler en public. Nous ne le faisons pas encore suffisamment. Nous ne parlons pas très souvent de nos activités. C'est une des rares occasions où je le fais, sauf peut-être quand je suis à Fort Nelson, mais c'est important, car je pense que c'est la voie de l'avenir. L'industrie doit faire davantage d'efforts sur ce plan et éduquer les gens. En général, nous ne le faisons pas assez tôt.
Natalie Poole-Moffatt, gestionnaire, Affaires publiques et gouvernementales, Apache Canada, Horn River Basin Producers Group : Je pourrais peut-être ajouter à cela le point de vue d'un comité de l'ACPP. Nous examinons aussi la situation et nous la comprenons. Nous espérons qu'au cours des 12 prochains mois, nous allons tous nous faire entendre. Si vous avez entendu Janet Ainslie, de l'ACPP, elle dirige le mouvement. Nous devons devenir plus visibles et vous parler, à vous, au grand public et nous rendre plus disponibles. Maintenant que nous avons les médias sociaux, on ne peut rien cacher et nous ne voulons pas cacher quoi que ce soit. Il est donc temps que nous commencions à parler plus.
Le sénateur Neufeld : Je suis très heureux de l'entendre.
Ma dernière question, monsieur le président, concerne le terminal de GNL. Êtes-vous en train de le construire? Y a- t-il des gens qui travaillent à ce projet actuellement? Votre objectif est-il 2015 ou 2013?
M. Spitzer : Je vais répondre dans les grandes lignes et Natalie pourra fournir plus de précisions.
Je ne suis pas vraiment responsable du projet de GNL. Voici ce que je sais : de nombreuses personnes travaillent très fort actuellement pour assurer le succès de ce projet. Je crois très important pour l'industrie, les Canadiens et l'ensemble du pays que cette installation soit construite, car elle fournira de nombreux emplois aux Canadiens.
Natalie, pourriez-vous dire au sénateur où nous en sommes.
Mme Poole-Moffatt : Le projet en est à l'étude d'ingénierie initiale et à la phase de conception. Nous l'examinons et nous l'optimisons. Lorsque cette phase sera terminée, nous allons prendre la décision définitive concernant l'investissement. Les choses se sont très bien passées jusqu'ici à Kitimat. Nous avons d'excellentes relations avec les élus et la population, en grande partie grâce au Horn River Basin Group de M. Spitzer, car nous nous sommes servis des mêmes modèles. Nous sommes donc très enthousiastes à l'idée de faire la première livraison de GNL en 2015.
Nous avons été en Asie à plusieurs reprises, y compris dernièrement avec la première ministre de la Colombie- Britannique. Elle a présenté son programme pour l'emploi, et le GNL en représente une partie importante. Nous sommes aussi allés là-bas avec quelques-uns de vos homologues fédéraux. Le ministre Oliver était là aussi. Oui, cela se passe très bien.
Le sénateur McCoy : Monsieur Spitzer, je tiens à vous féliciter. En regardant la diapositive où vous mentionnez vos hypothèses de base, j'ai été frappée de voir que vous placez en deuxième position la nécessité d'écouter et de régler les préoccupations des intervenants et des Premières nations. Dans de nombreux mémoires que nous voyons, on dit que l'environnement, les intervenants et les relations avec les Premières nations sont importants, mais cela figure en note de bas de page ou au dixième rang sur la liste. J'apprécie que vous ayez placé ces considérations en haut de votre liste et je pense que vous êtes un des premiers à le faire. Je l'apprécie.
J'aime également votre définition du succès. Quand vous dites « tout en mettant la ressource en valeur de façon responsable », ce n'est qu'une hypothèse, bien sûr, mais je suppose que tout le monde a maintenant compris que c'est ce que nous faisons. Nous mettons une ressource en valeur.
Ce qui m'a également frappée, c'est que les entreprises, l'industrie, participent à cette mise en valeur, de même que le gouvernement de Fort Nelson, le gouvernement de la Colombie-Britannique et je suppose aussi, les gouvernements des Premières nations. Le gouvernement du Canada n'en fait pas partie, et cela m'intrigue.
M. Spitzer : C'est une bonne question. J'avoue que nous pensons rarement au gouvernement fédéral lorsqu'il s'agit de pétrole et de gaz.
Le sénateur McCoy : C'est parce que vous êtes en Colombie-Britannique?
Le sénateur Neufeld : Non, je pense que c'est un domaine du ressort des provinces.
M. Spitzer : Non. C'est que nous n'y pensons pas, tout simplement. C'est peut-être un oubli de notre part.
Le sénateur McCoy : Vous n'avez pas besoin du gouvernement.
M. Spitzer : Je ne dis pas que nous n'avons pas besoin du gouvernement. C'est seulement que nous ne voyons pas le gouvernement fédéral intervenir régulièrement dans nos affaires.
Le président : Même pas pour les évaluations environnementales?
M. Spitzer : Je ne sais pas.
Mme Poole-Moffatt : Surtout dans le cas d'Apache, nous travaillons presque exclusivement en Colombie- Britannique, en Alberta et en Saskatchewan. Il est rare que nous allions plus loin.
Toutefois, pour notre projet de GNL, nous avons passé pas mal plus de temps avec le gouvernement fédéral, car c'est un terminal d'exportation qui relève de différentes autorités. Avant ce projet, tout se passait à l'intérieur des provinces. Les provinces sont les autorités de réglementation et ce sont elles qui font tout le travail.
M. Spitzer : Ce projet visait la rivière Horn. Cela n'allait pas plus loin.
Le sénateur McCoy : Je souris, car j'ai siégé au gouvernement de l'Alberta pendant un certain temps et je pense donc que c'est très révélateur.
J'ai une dernière question qui concerne la photo de Debolt Water Facility. Vous dites que vous forez l'eau à une profondeur de 3 000 pieds, que c'est de l'eau salée et que vous la traitez ensuite dans une usine de 100 millions de dollars. J'ai aligné les zéros. Cela revient quand même moins cher que de prélever l'eau dans ce qui est, je suppose, une rivière, la rivière Horn, où il y a de l'eau de surface. Expliquez-moi cela. Je ne vous suis pas.
M. Spitzer : L'eau n'est pas répartie également. Ce n'est pas vraiment une rivière. Ce sont de très petits lacs de 6 pieds ou peut-être 10 pieds de profondeur, au milieu d'une tourbière. Ils sont éparpillés dans une zone marécageuse et spongieuse. Pour obtenir une source d'eau fiable, il faudrait beaucoup de tuyauterie et toutes sortes de dispositifs pour avoir accès à cette eau. Ce ne sont pas des lacs comme les Grands Lacs. Ils sont très peu profonds et cela exigerait donc beaucoup de tuyauterie. En fin de compte, cette solution est beaucoup plus rationnelle. Elle coûtera moins cher au mètre cube, à long terme.
Le sénateur McCoy : Vous la pompez, puis vous l'envoyez par des tuyaux vers chaque installation.
M. Spitzer : Oui. Est-ce que nous avons des puits de forage dans cette zone? Oui, nous pompons l'eau quand nous en avons besoin, nous l'utilisons pour fracturer la roche, nous la recyclons, nous repompons dans le sol l'eau recyclée et nous utilisons davantage d'eau selon les besoins, en évitant d'utiliser l'eau de surface, ce que je crois vraiment rationnel.
Au Nouveau-Brunswick, nous voulions même envisager d'utiliser l'eau de mer parce qu'on la trouve en bien plus grande quantité que l'eau douce. Ce sont seulement des solutions créatives pour résoudre des problèmes complexes, mais si vous y réfléchissez, vous trouvez une solution.
Le sénateur McCoy : C'est rationnel.
Le sénateur Sibbeston : Je trouve louable que votre entreprise ou votre groupe de sociétés fasse participer les Premières nations à votre projet. Il y a un sous-comité des Premières nations et vous parlez d'inclure les Premières nations ou de leur donner voix au chapitre au sujet de l'emploi. Qu'est-ce que les Premières nations peuvent attendre de ce projet? C'est certainement plus que ces choses-là.
M. Spitzer : Elles obtiendraient de l'argent du gouvernement de la Colombie-Britannique dans le cadre de l'accord sur les avantages du traité 8 qui est, je crois, en cours de négociation. Elles obtiennent de l'argent des autorités de réglementation pour leur travail au bureau du cadastre et pour le traitement des demandes. Elles obtiennent ce genre de choses.
Pour ce qui est des Premières nations, je dirais qu'il s'agit d'une situation continue et à long terme. Nous avons été très honnêtes avec elles. Nous leur parlons d'une même voix et nous avons essayé de nous montrer très coopératifs. C'est un travail continu. Nous n'allons pas régler cette situation en trois ou quatre ans. Cela va exiger beaucoup de temps et de travail, mais nous sommes déterminés à le faire. Nous allons continuer de travailler avec les Premières nations et de les écouter.
Nous envisageons la possibilité de conclure une entente tripartite à laquelle participeraient le gouvernement de la Colombie-Britannique, les Premières nations et l'industrie pour travailler ensemble à ce projet de mise en valeur afin que chacun ait voix au chapitre.
Le sénateur Sibbeston : Faites-vous des affaires avec les Premières nations?
M. Spitzer : Oui, absolument. Il y a des entreprises appartenant aux Premières nations dont nous employons régulièrement les services.
Également, pour ce qui est du programme de formation d'opérateurs, deux personnes des Premières nations y participent.
Le sénateur Sibbeston : La Première nation dont vous parlez est, en fait, la bande de Fort Nelson.
M. Spitzer : Oui. Il y a aussi un groupe de Fort Liard dans la région, de même que d'autres groupes. Nous nous sommes surtout intéressés aux Premières nations de Fort Nelson parce qu'elles possèdent dans le secteur un territoire traditionnel beaucoup plus important que les autres. Nous devons traiter avec la totalité des Premières nations et nos relations ont été bonnes, mais cela prend du temps.
Le sénateur Sibbeston : Je suis allé de Fort Nelson-Nord à Fort Liard et la route traverse le cœur de cette région.
M. Spitzer : Oui, c'est la route 77, du côté ouest.
Le sénateur Sibbeston : Je crois que j'ai vu un pipeline en construction, il y a environ deux ans.
M. Spitzer : Oui.
Le sénateur Sibbeston : Je sais que la carte ne va pas plus loin que la frontière des Territoires du Nord-Ouest, mais je suppose que tous les gisements de gaz et autres s'étendent probablement jusque dans les Territoires du Nord-Ouest. Toutefois, ce n'est pas indiqué ici.
M. Spitzer : Le gisement s'étend probablement dans les Territoires du Nord-Ouest, en effet. Ce doit être exact. Nous traitons également avec les Premières nations de Fort Liard dont le territoire traditionnel s'étend en Colombie- Britannique.
Le sénateur Sibbeston : Je sais qu'il y a eu certaines activités dans les Territoires du Nord-Ouest, mais votre entreprise participe-t-elle à la mise en valeur dans la région de Fort Liard?
M. Spitzer : Pour le moment, il n'y a aucune activité dans ce secteur. Je ne pense pas qu'il soit possible d'obtenir des concessions dans les Territoires du Nord-Ouest pour le moment. Je pense que c'est en préparation. Nous avons eu des discussions avec le chef Harry Deneron, mais pour le moment, rien ne se passe vraiment dans le sud des Territoires du Nord-Ouest. Il y a des travaux archéologiques à Pointed Mountain, très loin à l'Ouest, mais pas dans ce secteur.
Le sénateur Banks : La réponse que vous venez de donner répond en partie à ma question, car tout à l'heure, quand vous avez parlé des efforts admirables que fait votre groupe pour s'assurer que le projet bénéficiera aux personnes des Premières nations qui y participent d'une façon ou d'une autre, vous avez parler de les embaucher et de les employer.
Eric Newell, que vous connaissez certainement, a eu beaucoup de succès. Je pense qu'il a été l'un des premiers à le faire. Il a veillé à ce qu'un grand nombre des activités accessoires associées à la mise en valeur des sables bitumineux soient confiées non pas à des entreprises qui embauchaient des travailleurs des Premières nations selon un système de quotas, mais à des entreprises appartenant aux Premières nations, des sociétés privées ou des entrepreneurs individuels. Et vous venez de dire que vous le faites également.
M. Spitzer : Oui. Il n'y a pas énormément d'entreprises des Premières nations pour lancer le projet dans la région.
Le sénateur Banks : Il suffit d'en avoir une pour commencer.
M. Spitzer : Notre industrie doit s'assurer de pouvoir soumissionner. Si les soumissions sont concurrentielles, nous allons certainement embaucher. Il est dans l'intérêt de tout le monde que nous répartissions le travail et c'est ce que nous faisons.
Le sénateur Banks : Si j'ai bien compris, M. Newell a tenu à mettre en place des mécanismes permettant aux Premières nations de remporter l'appel d'offres pour toutes sortes d'activités accessoires. C'est une bonne chose.
Madame Poole-Moffatt, vous avez mentionné que vous attendiez à ce que les exportations de GNL à partir de Kitimat commencent en 2015, mais qui va acheter ce gaz? Si vous n'avez pas de contrats en bonne et due forme d'ici là, car ce n'est pas certain, y a-t-il quelque part un marché au comptant où vous pourrez vendre le GNL en Orient, en Asie?
Mme Poole-Moffatt : Je ne m'occupe pas du marketing, mais je crois qu'il s'agit de contrats à long terme, et c'est ce que nous visons pour le marché asiatique, pour le Japon et la Corée. Nous pouvons livrer en Chine deux jours avant les Australiens, ce qui est avantageux pour nous et c'est donc de ce côté que nous cherchons. Il est d'ailleurs dans l'intérêt de tous que nous ayons un marché diversifié pour notre GNL et notre gaz.
Le sénateur Banks : L'avantage de pouvoir livrer deux jours plus tôt se trouve-t-il dans la diminution du coût de transport? Je veux dire que la durée ne fait aucune différence. Si j'achète du GNL, peu m'importe s'il est vieux de deux semaines ou d'une semaine.
Mme Poole-Moffatt : En effet. Il y a le coût, mais il y a aussi la rapidité et la ponctualité, car si vous dites que la livraison arrivera un mercredi, il faut qu'elle arrive à temps. Le GNL est généralement vendu selon des contrats à long terme.
Le sénateur Banks : Nous avons entendu dire plus tôt aujourd'hui que la Colombie-Britannique a l'intention de publier tous les éléments constitutifs, les ingrédients qui se trouvent dans les substances utilisées pour la fracturation. Votre groupe est-il d'accord?
M. Spitzer : Oui, absolument.
Le sénateur Banks : Personne n'a peur de divulguer ses secrets de fabrication?
M. Spitzer : Il y a eu une certaine controverse à ce sujet aux États-Unis parce que les fournisseurs de services ont dit qu'ils avaient des recettes secrètes qu'ils ne pouvaient pas divulguer. En fait, nous avons tous accepté de divulguer ces renseignements.
Le sénateur Banks : Un point c'est tout?
M. Spitzer : Oui.
Le sénateur Banks : Sans réserve, y compris le secret grâce auquel mon fluide de fracturation est meilleur que le vôtre et même si je ne veux pas que vous connaissiez ce secret qui m'avantage, je vais vous le révéler?
M. Spitzer : La divulgation est obligatoire. La Colombie-Britannique exige cette divulgation. Les entreprises ont donc dit oui, qu'elles s'y soumettraient, par l'entremise d'un logiciel qui sert à compiler ces données.
Mme Poole-Moffatt : Nous le faisons aux États-Unis.
M. Spitzer : Oui. Je pense que maintenant, étant donné l'attention qu'on nous porte, la plupart des entreprises, sinon toutes, divulguent la composition chimique du fluide de fracturation sur des fiches FDS.
Le sénateur Banks : Ne craignez-vous pas que cela puisse dissuader de faire de la recherche? Je veux dire que la recherche qui est faite dans le secteur pétrolier et gazier vise en grande partie à obtenir des avantages sur la concurrence.
M. Spitzer : Je ne sais pas exactement si cela comprend les concentrations exactes, par exemple. Ce que nous devons divulguer, c'est une liste de substances chimiques. Je ne suis pas certain que ce soit leur concentration exacte. Nous avons fait de gros progrès depuis quelques années.
Le sénateur Banks : Grâce à cela, nous savons tous quelle est la formule du Coca-Cola.
Le sénateur Brown : J'ai trouvé fascinant ce que vous avez dit au sujet du méthane à 8 000 mètres. Vous avez demandé si quelqu'un avait entendu parler d'une fuite de gaz de schiste à 8 000 mètres. Dans le sud-est de l'Alberta, il y a eu énormément de forages à 700 mètres et donc beaucoup plus près de la surface. Je me demande s'il y a une différence entre le méthane qui se trouve dans le gisement houiller du Sud de l'Alberta et celui qui se trouve à 8 000 mètres, là où vous êtes dans le Nord.
M. Spitzer : Je précise qu'il s'agit de 8 000 pieds et non pas de 8 000 mètres. Le gaz de houille du Sud de l'Alberta se trouve généralement à une profondeur beaucoup moins grande que le gaz de schiste et il y a donc eu des opérations de fracturation qui ont dégagé ce méthane dans le Sud de l'Alberta. Le problème est plus grave dans ce cas en raison de la proximité de l'eau douce et de veines de charbon. Par conséquent, la discussion se poursuit.
Ce dont nous parlons ici, c'est du gaz de schiste qui se trouve généralement à plus de 5 000 pieds de profondeur, à une grande distance des sources d'eau potable. Le gaz de houille est une toute autre question.
Le sénateur Brown : La technologie est-elle la même que celle qui est utilisée pour le gaz de schiste où la seule chose qui fore et bouge, c'est le trépan et pas le tube?
M. Spitzer : Oui, la technologie est relativement similaire. Je ne pense pas qu'ils utilisent la fracturation horizontale multistade. Ils cassent un peu la roche, mais en général, le charbon est cassant. Il comporte des fentes qui laissent les molécules de gaz s'échapper beaucoup plus facilement que certains gaz de schiste, et c'est donc un peu différent.
Le sénateur Brown : Faites-vous l'entubage jusqu'au bout des 8 000 pieds?
M. Spitzer : Oui.
Le sénateur Brown : Je sais qu'il n'y a pas eu de plaintes au sujet de ces forages très profonds, mais j'ai eu une entreprise agricole et je réside toujours dans l'une des trois maisons qui se trouvaient là. Un de nos puits s'est asséché et nous avons foré un puits de 300 pieds de profondeur. Au bout d'environ trois ou quatre ans, le gaz méthane a commencé à apparaître dans notre eau. On m'a demandé de témoigner à une audience à Calgary parce que mes voisins éprouvaient à peu près le même problème. J'en ai parlé à un ami géologue avec qui je suis allé à l'université, et il m'a dit que la nature déteste le vide et essaie de le remplir, soit lorsque vous pompez de l'eau et que vous faites remonter le gaz soit lorsque vous injectez beaucoup d'eau et que vous pressez le gaz vers le bas.
En tout cas, c'est une réalité dans la région située une quinzaine de milles au sud-est de l'aéroport de Calgary. Je peux tirer un verre d'eau comme celui-ci du réservoir d'eau chaude, et l'eau aura l'air laiteuse, mais si je la laisse reposer pendant 60 secondes, elle retrouvera toute sa clarté.
M. Spitzer : Oui, c'est intéressant. Quand nous avons travaillé au Nouveau-Brunswick, nous avons échantillonné 300 puits que les gens utilisaient, et cela à l'avance, car il est préférable de connaître la situation avant de commencer à forer. Sur les 300 puits que nous avons testés, 12 contenaient du méthane parce que le méthane est un gaz qui se forme naturellement. Je veux dire qu'au cours des différentes périodes géologiques, une partie de ce gaz a pénétré dans les aquifères.
Par conséquent, 12 de ces puits contenaient du méthane et plus de la moitié, des bactéries E. coli. C'est donc une bonne chose que nous ayons fait ces tests.
Pour répondre à votre question, il y a diverses raisons pour lesquelles vous pouvez trouver du méthane dans l'eau. Cela se produit naturellement.
Je vis dans une propriété à l'extérieur de Calgary où la qualité de l'eau change continuellement sans aucune activité de forage. Mon voisin qui avant n'avait pas de fer dans son eau en a maintenant, alors qu'aucun puits n'a été foré. C'est parfois un peu difficile de l'expliquer, je l'avoue.
D'après ce que je sais et ce que j'ai lu, si le cimentage a été bien fait, je ne pense pas qu'il y ait eu des cas de contamination. Il est très important de respecter la réglementation.
Le sénateur Brown : Je trouvais seulement intéressant que les puits très profonds ne semblent pas causer de problème, mais cela fait très longtemps que nous vivons avec des puits peu profonds.
Le président : Voilà qui met fin à cette session. Je tiens à vous remercier d'être venus, Rob Spitzer et Natalie Poole- Moffatt. Ce groupe de producteurs est certainement le bon modèle pour faire une utilisation plus efficace des terres, c'est certain.
Nous avons eu un entretien officieux, hier soir, avec le ministre. Lors des enchères ou peu importe comment on appelle cela, on a imposé comme condition, n'est-ce pas, que toutes les entreprises ne travaillent pas chacune de son côté.
Le témoin suivant est Donald McInnes.
Monsieur McInnes, nous sommes le Comité permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles. Nous essayons d'y voir plus clair dans le secteur de l'énergie et à lui assurer un avenir plus efficient et plus durable. Nous allons présenter notre rapport à ce sujet en juin prochain, après plus de trois années de débat sur l'énergie pour essayer d'amener les Canadiens à comprendre la situation.
Quand nous parlons de l'électricité, curieusement, la plupart des témoins ont dit qu'elle est invisible, qu'ils ne savent pas ce que c'est ni comment elle arrive là. Chaque école secondaire devrait offrir le cours « Thomas Edison 101 ». Quand vous actionnez le commutateur, pourquoi la lumière s'allume-t-elle?
Je suis certain que votre témoignage va nous aider dans tout ce processus, ce processus avec les Canadiens. Nous ne sommes pas sur le réseau CPAC aujourd'hui, parce que nous voyageons, mais nous avons notre propre site web qui est www.canadianenergyfuture.ca. Je crois que vous savez sans doute tout cela.
Sénateurs, M. McInnes est le vice-président exécutif d'Alterra, une entreprise de génération d'énergie renouvelable établie en Colombie-Britannique, qui a un vaste portefeuille de projets d'énergie propre. Il est actuellement le président de Clean Energy Association, de Colombie-Britannique, un administrateur de Prostate Cancer Canada; récipiendaire du Duke of Edinburgh's Award, Section de la Colombie-Britannique et du Yukon; et il est un gouverneur du B.C. Business Council. Il a participé, l'année où il a été inauguré, en 2010, au programme d'échanges et de leadership de l'Université Simon Fraser au nom de l'Industry Council for Aboriginal Business et il a reçu un doctorat honoris causa en technologie du B.C. Institute of Technology, en 2009. Il a également été un finaliste, en 2008 et un récipiendaire, en 2011, du prix de l'Entrepreneur de l'année Ernst & Young, Section du Pacifique, technologie propre. M. McInnes prend souvent la parole en public et contribue au débat sur la politique publique et l'intégration de l'énergie propre, ce qui correspond exactement aux questions qui nous intéressent. Il est ici à titre de représentant de l'Independent Power Producers Association, de Colombie-Britannique.
La parole est à vous, monsieur, et nous aurons ensuite quelques questions à vous poser.
Donald McInnes, membre du conseil d'administration et vice-président exécutif, Alterra Power Corp., Independent Power Producers Association of BC : C'est un plaisir pour moi d'être ici pour vous rencontrer et vous faire part de mes idées. J'ai eu le plaisir de faire la connaissance du sénateur Neufeld en 1996 ou aux environs de cette date.
Au début du premier mandat du gouvernement libéral, un programme a été mis en place pour produire de l'électricité en Colombie-Britannique avec la participation du secteur privé. Dans le cadre de cette politique, j'ai créé une entreprise appelée Plutonic Power. Je l'ai fusionnée avec une autre entreprise, le printemps dernier, pour créer Alterra Power. Nous employons une cinquantaine de travailleurs de la Colombie-Britannique. Nous avons investi un peu moins de 1 milliard de dollars en trois ans pour construire la plus grande ferme éolienne de la province. Nous avons également construit les plus grandes centrales hydroélectriques au fil de l'eau de la province en partenariat avec General Electric.
Pendant la construction de la centrale hydroélectrique, nous avons employé environ 650 personnes. Nous avons créé à peu près 225 emplois pendant la construction de notre ferme éolienne. Voilà donc quelques renseignements au sujet d'Alterra.
Le président : Est-ce une société publique?
M. McInnes : Oui, vous pouvez nous acheter ou nous vendre quotidiennement à la Bourse de Toronto, monsieur.
Le comité a certainement beaucoup entendu parler de la nécessité d'une stratégie énergétique canadienne. Récemment, la première ministre de l'Alberta a parlé éloquemment des avantages d'une telle stratégie, surtout dans le contexte de la récente décision concernant le pipeline Keystone et de ses répercussions sur le pipeline Northern Gateway.
Je sais que vous entendrez bientôt le coprésident d'EPIC, David Emerson. Plutonic, ou maintenant Alterra, est un cofondateur d'EPIC. Nous appuyons entièrement la nécessité de tenir un dialogue plus vaste au sujet de l'énergie et plus précisément de l'électricité, car comme vous le soulignez, les gens l'allument en actionnant un commutateur sans penser plus loin.
Le Canada est actuellement confronté à d'énormes possibilités et problèmes en ce qui concerne l'électricité. Nous devons réfléchir et ne pas seulement opter pour l'énergie thermique ou l'énergie propre. Nous allons avoir besoin d'un bon mélange d'énergie renouvelable et non renouvelable pour avoir une bien meilleure approche qui nous permettra, en fin de compte, d'intégrer davantage d'énergie renouvelable dans le réseau énergétique.
J'ai trouvé intéressante la façon dont Danny Williams s'est arrangé pour acquérir une participation dans Hibernia. Il s'est servi des recettes de ce projet thermique pour payer l'investissement de la province dans l'énergie propre à long terme que les chutes du Bas-Churchill apporteront à la population de Terre-Neuve. Nous avons également la possibilité de nous servir de l'énergie thermique pour financer l'énergie propre en Colombie-Britannique.
Je voudrais maintenant parler un peu de l'idée fausse selon laquelle l'énergie thermique et l'énergie propre ne font pas bon ménage et que c'est dangereux pour le développement de notre pays. Je pense que les deux peuvent donner des bons résultats ensemble.
Je voudrais répondre à la question du sénateur McCoy qui a dit qu'elle n'entend pas le gouvernement fédéral parler beaucoup du GNL. Je pense que cela résulte de la différence entre le champ de responsabilité des provinces et celui du gouvernement fédéral. En réalité, l'énergie et les ressources naturelles sont plus de la compétence des provinces.
Toutefois, le fédéral a une excellente occasion et d'excellentes raisons de jouer un rôle si l'on pense aux questions d'aménagement du territoire, d'émission de permis et d'accès aux terres. C'est pourquoi le gouvernement fédéral doit participer au dialogue pour obtenir un meilleur résultat.
Mon sujet d'aujourd'hui portera principalement sur le gaz naturel dans le nord-est de la Colombie-Britannique. Cela représente des possibilités énormes et sans précédent, et nous avons besoin de diversifier nos marchés.
Ce qui est particulièrement intéressant pour moi, c'est que pour exploiter les possibilités qu'offre le GNL, nous allons avoir besoin de beaucoup d'énergie ou d'électricité pour produire le GNL et l'exporter vers le marché asiatique. Cela offre d'énormes débouchés aux promoteurs de projets d'énergie propre.
C'est la raison pour laquelle le gaz naturel intéresse beaucoup les entreprises d'énergie propre. Il va falloir d'énormes quantités d'énergie pour liquéfier le gaz et l'envoyer vers les marchés. Si je comprends bien, il y a trois ou quatre bons projets de production de GNL qui, d'après nos estimations, exigeront plus de 3 000 mégawatts d'électricité.
Pour vous donner une idée de ce que cela signifie pour la Colombie-Britannique, à l'heure actuelle, nous générons juste un peu moins de 12 000 mégawatts d'électricité dans notre province. C'est donc une augmentation de 25 p. 100 de notre réseau actuel. Cela exigera probablement un investissement de l'ordre de 30 milliards de dollars d'ici 2020. Le facteur temps est donc très important. Compte tenu de la croissance générale en Colombie-Britannique, nous aurons besoin de générer 1 000 mégawatts de plus pour répondre à une croissance normale faible et il faudra donc produire 4 000 mégawatts supplémentaires.
Il y a deux solutions pour répondre à cette énorme croissance de la demande : construire des centrales à cogénération ou se tourner vers l'énergie renouvelable de la Colombie-Britannique. On aurait tort de croire qu'il faut choisir l'un ou l'autre. Ce sera finalement un mélange de sources d'énergie. La question est de savoir en quoi ce mélange consistera. Si le Canada et la Colombie-Britannique veulent garder leur solide réputation de producteurs d'énergie propre, nous allons avoir besoin d'un bon apport de ressources renouvelables pour compléter l'énergie thermique. C'est logique financièrement. Nous voulons que nos producteurs de gaz naturel exportent le plus possible au lieu d'utiliser le gaz pour produire de l'électricité.
Cela permet aussi d'obtenir un résultat formidable mais différent. Si nous brûlons du gaz en Colombie-Britannique, ce sera à la place de l'énergie propre dont nous disposons aujourd'hui. Si l'on brûle du gaz pour produire de l'électricité en Asie, ce sera à la place du charbon. Qu'est-ce qui est préférable pour l'environnement? C'est sans doute d'expédier le gaz à l'étranger pour remplacer le charbon.
Le comité semble très intéressé par les questions concernant les Premières nations. La création d'un secteur de l'énergie propre en Colombie-Britannique est assez récente. Aujourd'hui, plus de 125 Premières nations de la Colombie-Britannique participent à des projets d'énergie propre d'une façon ou d'une autre. Comme nous sommes une industrie naissante, nous sommes probablement la première industrie de l'histoire de la Colombie-Britannique à inclure entièrement les Premières nations sans se battre pour savoir qui possède les terres, mais en formant des partenariats très particuliers et novateurs avec les Premières nations afin que nous puissions tous bénéficier de la construction de nos projets.
Nous sommes aussi réalistes. La génération d'électricité à partir du gaz naturel peut jouer un rôle important dans les régions isolées où les lignes de transmission sont extrêmement coûteuses et où on peut avoir besoin de cette source d'énergie pour exploiter les ressources renouvelables.
La situation en Colombie-Britannique est unique en son genre, à bien des égards, et nous sommes confrontés à un manque énorme d'investissement dans l'infrastructure électrique au Canada. La Banque Canadienne Impériale de Commerce a récemment publié un rapport sur l'infrastructure. Elle estime qu'il faudrait investir plus de 195 milliards de dollars dans l'infrastructure d'électricité pour répondre à la demande existante d'ici 2030. Cela correspond aux phases de croissance industrielle des années 1960, 1970 et 1980 et ce n'est donc pas un phénomène nouveau.
Une chose que nous devons bien comprendre, au Canada, c'est que grâce aux énormes ressources hydroélectriques du Manitoba, du Québec et de la Colombie-Britannique, nous avons eu la chance d'obtenir de l'énergie très peu coûteuse pour répondre à nos besoins, mais la possibilité de continuer à construire ces énormes systèmes hydroélectriques n'existe probablement plus, ce qui veut dire que nous devons penser à notre avenir dans ce contexte.
En Colombie-Britannique, l'ancien premier ministre, W.A.C. Bennett, a construit neuf grands barrages au cours d'une période de 25 ans qui s'est terminée en 1984. À l'époque, la province comptait 3 millions d'habitants, et nous avions un énorme excédent d'électricité. Vingt-cinq ans plus tard, alors que notre capacité de génération d'électricité est restée pratiquement la même, notre population a augmenté de 50 p. 100. Nous sommes passés d'un énorme excédent à un important déficit, du moins si nous voulions répondre à nos besoins avec notre propre production d'électricité.
Nous avons maintenant besoin de faire d'énormes travaux de réfection sur le réseau actuel. BC Hydro parle de reconstruire deux de nos barrages traditionnels qui sont en train de tomber en morceaux ou qui ont besoin de travaux importants, et cela exige un investissement de plus de 2 milliards de dollars. Nos ressources patrimoniales, comme on aime les appeler, n'existent plus vraiment et ne fourniront plus d'électricité aux mêmes tarifs.
La situation est la même dans tout le pays. Nous pensons que l'initiative du gouvernement fédéral, qui aide à garantir la dette pour la ligne de transmission entre les chutes du Bas-Churchill et la Nouvelle-Écosse, est une approche très novatrice et qu'il faudrait envisager sérieusement ce genre d'approche pour aider à réduire le coût de la dette pour les autres investissements dans les lignes de transmission du pays.
Après ces généralités, je voudrais parler de choses auxquelles nous avons pris part, en Colombie-Britannique, et dont il vaut la peine de discuter, je pense, avec le comité, à savoir les questions de permis et d'environnement et plus particulièrement, les questions touchant les Premières nations.
L'autorisation des grands projets au Canada est une histoire qui a commencé par des objectifs louables, mais qui a déraillé à cause de l'absurdité du processus et de voies mal définies pour répondre à des exigences contestables.
Dans le cas de notre entreprise, nous avons conduit trois projets d'un bout à l'autre du processus. C'est un processus incroyablement difficile et lourd. Pour vous en donner une idée, deux lois ont besoin d'être réexaminées soigneusement et elles touchent toute mise en valeur des ressources naturelles au Canada et pas seulement l'énergie propre. Il s'agit de la Loi sur les eaux navigables et de la Loi sur les pêches.
Une bonne partie de Richmond où vous avez probablement atterri quand vous êtes venus ici pour ces audiences, serait sous l'eau sans les digues. Il y a beaucoup de bonnes terres agricoles à Richmond. Les agriculteurs ont l'habitude de creuser des fossés autour de leurs champs. Dès qu'ils le font et que l'eau arrive dans le fossé, ils déclenchent la Loi sur les eaux navigables si vous pouvez y faire flotter un canoë, ainsi que la Loi sur les pêches. Cela limite leur capacité d'utiliser leurs terres. Certaines choses ont besoin d'être changées.
À titre d'exemple, le premier projet pour lequel nous avons demandé un permis, le projet hydroélectrique Toba et Montrose, comprenait deux centrales où nous détournons l'eau en hauteur dans un tuyau, l'eau tombe, fait tourner la turbine et nous renvoyons l'eau dans la rivière. Par conséquent, nous empruntons cette eau. Nous ne créons pas un réservoir comme dans le cas d'un barrage traditionnel.
Nous avions donc deux centrales au fil de l'eau, 55 kilomètres de routes à partir de l'océan Pacifique pour aller jusqu'au projet et une ligne de transmission longue de 155 kilomètres. Il m'a fallu trois ans, à compter de la création de cette entreprise, et j'ai dû dépenser 4,5 millions de dollars pour l'obtention du permis et faire toutes nos études de faisabilité.
Dès que ce projet a été en construction, nous avons fait une demande de permis à la province et au gouvernement fédéral pour deux autres centrales au fil de l'eau qui allaient utiliser la même route et la même ligne de transmission. Le premier projet nous a pris trois ans et 4,5 millions de dollars, y compris la ligne de transmission et toutes les routes. Pour les deux autres projets, le processus d'obtention du permis a duré quatre ans et nous a coûté 8 millions de dollars alors qu'il n'y avait aucune infrastructure en jeu. Il y a donc eu un énorme élargissement de la portée de l'examen et ce n'est pas comme s'il s'était écoulé 20 ans entre ces deux processus. Le deuxième a pratiquement commencé dès que l'autre a été terminé. C'est donc un bon exemple d'élargissement de la portée de l'examen qui n'apporte pas vraiment de meilleurs résultats.
Comme je suis le rêveur de cette entreprise, j'étais très enthousiaste quand notre premier projet est arrivé au bout du processus d'évaluation environnementale et j'étais prêt à ouvrir la bouteille de champagne. Mon équipe m'a dit non, ce n'est qu'un début. Nous avons dû ensuite obtenir 55 permis, autorisations et licences, et quand j'ai cru que c'était terminé, on m'a dit que non, qu'il restait encore des formalités.
Quand nous avons terminé la construction de ce projet, nous avions plus de 1 680 permis, autorisations et licences. Je suis certain que cela n'a pas donné de meilleurs résultats sur le plan environnemental que si nous n'avions eu que, disons, 800 permis, licences et autorisations.
Le sénateur Banks : Ou huit.
M. McInnes : Oui, je suis d'accord.
L'industrie et les gouvernements fédéral et provincial n'arrêtent pas de se plaindre que certains ministères manquent de personnel. Pourquoi ne pas mettre en place une réglementation raisonnable afin que ces personnes aient moins de travail à faire pour autoriser les projets.
Égoïstement parlant, je dirais qu'à l'heure actuelle, plus de la moitié des projets qui font l'objet du processus d'évaluation environnementale fédéral se situent en Colombie-Britannique. Nous sommes une province très intéressante, je pense, compte tenu de la part des contrats fédéraux de construction navale que nous avons reçue, mais c'est de l'argent du fédéral. Si vous accélérez le processus de permis, vous débloquerez d'énormes investissements du secteur privé dans les projets miniers, les projets de GNL, les projets de transmission, les projets d'énergie propre qui contribueront à stimuler notre économie.
En ce qui concerne les Premières nations, notre expérience a été une grande réussite. Pour notre projet hydroélectrique, nous avons conclu trois partenariats avec les Premières nations et pour notre ferme éolienne, nous avons quatre partenaires des Premières nations.
Je vous ai dit que c'est assez nouveau pour notre industrie, et c'est pourquoi, quand j'ai démarré cette entreprise, le jour où nous avons demandé nos concessions, j'ai appelé le chef de chaque nation touchée pour lui dire : « Bonjour, c'est Donald, de Plutonic Power, et je rêve de réaliser un grand projet. Je ne sais pas s'il se réalisera, mais je voudrais voir comment nous pourrions travailler avec vous pour construire ces projets d'une façon qui sera avantageuse pour vous comme pour nous. »
Je suis allé voir les gens dès le départ pour aligner nos intérêts. Quand les intérêts sont les mêmes, les choses sont sans doute beaucoup plus faciles. J'espère que le Sénat peut exercer une influence. Il serait absolument tragique que tous ces projets de GNL et d'infrastructure électrique se retrouvent dans la même situation que le pipeline de la vallée du Mackenzie, 20 ans plus tard, à cause du gaz à bon marché. Il y a un règlement, mais pour quoi? Ce projet ne verra probablement pas le jour. La situation changera peut-être avec le temps.
Le président : Vous dites que s'il y avait eu un processus rationnel et si l'approbation avait été obtenue il y a 15 ou 18 ans, la situation serait entièrement différente dans le secteur du gaz?
M. McInnes : Absolument, monsieur.
Droit et titre : Je dis souvent que ce n'est pas un droit, mais la possibilité de perpétuer la pauvreté. Il y a dans notre pays un million de gens des Premières nations qui vivent généralement dans des conditions dignes du tiers monde. L'industrie, les pouvoirs publics et les gouvernements des Premières nations doivent tous faire leur part et comprendre la nécessité de travailler ensemble pour le bien commun.
Ken Brown, l'ancien chef de la Première nation Klahoose, a eu des mots très justes à la cérémonie de la première pelletée de terre à laquelle assistait le sénateur Neufeld en disant que nous avons consacré les 20 dernières années à gérer la pauvreté. Grâce à ce projet, nous pourrions passer les 20 prochaines années à gérer les possibilités. C'était un jeune chef des Premières nations qui n'a pas été victime du désastre des pensionnats. Il essaie de trouver des moyens de promouvoir les intérêts de sa communauté. Sa participation à notre projet lui a permis de créer une entreprise d'exploitation forestière qui produit 130 000 mètres cubes de bois par année. Cette Première nation assure tout le soutien logistique de notre projet. Elle a géré notre chantier de 450 travailleurs.
Peter Kiewit Sons, notre entrepreneur, a très bien réussi à s'entendre avec le conseil scolaire de Powell River pour offrir des emplois, une formation et des débouchés en soudure, comme opérateur d'équipement lourd, en entretien et en construction. Il y a donc beaucoup de possibilités à exploiter si nous y réfléchissons tous comme il faut.
J'aurais une brève observation à faire au sujet de ce que j'appelle « le commerce indien ». C'est un terme très péjoratif, mais le commerce indien est insidieux. J'ai eu le plaisir d'être invité à la cérémonie de signature du traité de Sliammon Nations à laquelle assistait le ministre Duncan. J'ai appris que c'était le couronnement de 17 années de négociation. On m'a demandé de conduire quelqu'un à l'aéroport à la fin de la cérémonie, ce que j'ai fait avec plaisir, car c'était à la demande d'un des membres du conseil de Sliammon. J'ai demandé à cette personne quel était son lien avec la communauté. C'était son avocat. Cela faisait 17 ans que cet homme travaillait pour Sliammon. Ce n'est pas compliqué. Partageons quelques terres, un peu d'argent et mettons-nous au travail.
Jusqu'ici, le gouvernement du Canada a avancé plus de 500 millions de dollars aux Premières nations pour payer leurs frais d'avocats pour ces litiges. Cet argent n'est pas dépensé au bon endroit.
Pour assurer la prospérité du pays, nous devons aligner nos intérêts. Je crois qu'il est extrêmement important que vous formuliez des recommandations pour permettre une réforme de l'évaluation environnementale et continuer d'accélérer la participation des Premières nations et leur contribution directe aux projets énergétiques, qu'ils soient hydrauliques ou thermiques, et que c'est le bon moment pour améliorer les choses.
J'estime qu'il est possible et nécessaire d'accroître la coopération du gouvernement fédéral et provincial pour exploiter ces merveilleuses possibilités. Elles n'existent pas seulement ici, en Colombie-Britannique. Il y a d'excellentes possibilités dans le domaine de l'énergie aux quatre coins du pays.
Le président : Monsieur, vous parlez sans détour, et c'est ce que nous aimons entendre.
Le sénateur Mitchell : Monsieur McInnes, je m'intéresse au travail que vous avez fait avec les groupes autochtones, les Premières nations. C'était très intéressant et très bien expliqué.
Plus tôt aujourd'hui, un témoin a laissé entendre qu'il y a d'énormes débouchés en Chine pour le gaz naturel liquide. Vous avez proposé une alternative intéressante, à savoir que si nous utilisons le gaz ici, nous remplaçons l'énergie propre et que si nous l'envoyons en Chine, nous remplaçons le charbon. Quelles sont les possibilités commerciales d'amener la Chine à remplacer le charbon par le GNL Les Chinois vont-ils acheter ce gaz ou le charbon est-il tellement moins coûteux qu'ils y renonceront?
M. McInnes : Je ne connais pas tous les détails, désolé, mais je sais que les sociétés d'État chinoises, malaisiennes et coréennes — le Globe & Mail annonçait aujourd'hui que le Japon achète une participation dans le projet d'exploitation des gaz de schiste de Nexen. Je pense qu'il en a acheté 40 p. 100.
Les gens recherchent des approvisionnements en gaz, et je crains qu'ils en trouvent ailleurs que chez nous. Nous ne sommes pas le seul pays au monde qui possède d'énormes gisements de gaz naturel.
Si nous ne sommes pas les premiers à nous tailler une place sur le marché, nous nous retrouverons avec d'autres projets comme le pipeline de la vallée du Mackenzie. Je pense que l'Australie a des projets d'une valeur de 160 millions de dollars qui en sont à diverses étapes de la construction pour le GNL, alors que nous n'avons pas vraiment commencé à construire notre premier projet.
Le témoin qui m'a précédé a commencé à faire un peu de déboisement, de dynamitage et autres choses de ce genre, alors que Shell vient de terminer un projet de 30 milliards de dollars en Australie. La patronne de Shell Canada est en concurrence avec son homologue d'Australie pour la construction de la prochaine usine de GNL de Shell.
Shell et un bon nombre de ces entreprises ont une envergure mondiale. Le GNL n'a pas de marque de commerce. Vous ne pouvez pas différencier le gaz naturel canadien du gaz naturel australien. Tous ces gaz brûlent. Si nous ne faisons pas ce que nous devons faire pour répondre à la demande du marché, ce débouché risque de disparaître.
Le sénateur Mitchell : Nous sommes tous assez sensibles, je pense, au problème de la lenteur des processus environnementaux, des dédoublements et tout le reste, mais dans le cas du GNL, du moins pour certains projets, les autorisations sont assez avancées sinon terminées. Je veux dire que l'entreprise n'a pas encore donné suite. Quelle est la cause du retard, et si ce n'est pas le processus environnemental, comment le gouvernement peut-il faciliter les choses ou qui devrait le faire?
M. McInnes : À ma connaissance, le seul projet GNL qui a été autorisé au Canada est celui dont le témoin précédent a parlé, le projet Apache, Encana EOG. Shell n'a pas de permis de construction, pas plus que Nexen ou les autres promoteurs.
Si je comprends bien, les conseils d'administration des sociétés qui parrainent le projet Apache, Encana EOG vont prendre la décision concernant cet investissement au cours du premier semestre de 2012. Je crois qu'ils attendent d'obtenir un contrat à long terme avant de prendre cette décision.
Le sénateur Mitchell : Je me souviens que lorsque j'ai visité les sables bitumineux au début des années 1990, on m'a dit que pour produire un baril, cela coûtait 15 $ de frais d'exploitation et 10 $ d'immobilisations, soit 25 $ en tout, et que ce n'était pas rentable. Pourtant, quelqu'un a eu la bonne idée de continuer en se disant que cela deviendrait rentable. Heureusement, car voyez où nous en sommes aujourd'hui.
Vous construisez des centrales au fil de l'eau et des fermes éoliennes. On n'a pas cessé de nous répéter que ce n'était pas rentable. Comment est-ce rentable aujourd'hui? Est-ce grâce aux tarifs de rachat? Qu'en est-il et quelles sont les perspectives? Quand ce genre de projet deviendra-t-il entièrement rentable en soi?
M. McInnes : Il faudrait d'abord demander par rapport à quoi ce n'est pas rentable.
Le sénateur Mitchell : Oui. Je veux vous encourager, mais j'aimerais savoir comment vous faites dans l'environnement commercial actuel.
M. McInnes : Pour ce qui est du projet hydroélectrique que nous avons construit, nous vendons l'électricité à BC Hydro aux termes d'un contrat fixe d'une durée de 35 ans indexé à la moitié de l'inflation. Nous vendons cette électricité environ 9 cents le kilowatt, ce qui correspond au nouveau tarif résidentiel en Colombie-Britannique. En Colombie-Britannique, tout le monde bénéficie un peu de ce qu'on appelle un tarif patrimonial. Si vous utilisez plus qu'une certaine quantité d'électricité chaque mois, vous payez environ 9 cents pour votre consommation supplémentaire.
Richard Dunn, d'Encana, m'a dit que si l'entreprise générait sa propre électricité au lieu de prendre celle du réseau pour l'usine GNL, cela lui coûterait de 10 cents à 12 cents le kilowatt. Le prix moyen que BC Hydro a payé lors du dernier appel d'offres était de 12,4 cents.
Je pense que nos tarifs correspondent assez bien. Si vous voulez nous comparer avec un prix pour le carbone, nous sommes vraiment concurrentiels.
Je trouve très intéressant que le premier projet de centrale au charbon pour lequel on va complètement capter et séquestrer le carbone au Canada soit une centrale de 450 mégawatts située en Alberta que l'on est en train de rénover. On y consacre 1 milliard de dollars au captage du carbone.
La génération au charbon coûte généralement 50 $ le mégawatt-heure, soit 5 cents à 6 cents le kilowatt. Ce qu'il y a de magique, toutefois, c'est que lorsque cette centrale sera terminée, et que le système de captage et de séquestration fonctionnera à plein rendement, 200 de ces 450 mégawatts serviront seulement à pomper les émissions dans le sol. Cela coûtera presque deux fois plus que les 50 $. Encore une fois, cela donne près de 10 cents le kilowatt.
Quand on dit que l'énergie renouvelable est coûteuse, je demande par rapport à quoi?
Le sénateur Neufeld : Je vous remercie pour votre présence ici, Donald. Il est toujours intéressant d'écouter vos exposés, et je les apprécie beaucoup.
Je devrais peut-être présenter un peu le contexte. Avant le premier programme énergétique de 2002, c'est BC Hydro qui a construit toutes les centrales en Colombie-Britannique, à part deux sociétés qui étaient là depuis longtemps, Fortis, qui a construit une centrale sur la Columbia, et Tech, qui a également construit une petite centrale sur la Columbia. BC Hydro a construit tout le reste.
À l'époque, mon premier programme énergétique a donné pour instruction à BC Hydro d'adjuger des contrats à des producteurs d'électricité indépendants pour tous ses besoins supplémentaires ou de reconstruire ses centrales. En fait, Donald qui était très actif dans le secteur minier, et qui l'est sans doute toujours, s'est empressé de se joindre aux producteurs d'électricité indépendants.
Vous pourriez peut-être nous dire quelle est la taille de votre centrale au fil de l'eau et de votre ferme éolienne et où les deux sont situés.
M. McInnes : La centrale hydroélectrique est située dans la vallée Toba. Si vous pratiquez la navigation de plaisance, vous avez peut-être entendu parler de Desolation Sound. C'est dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique, sur le continent, juste à l'est de Campbell River. C'est une centrale de 240 mégawatts environ qui génère suffisamment d'électricité pour répondre aux besoins d'énergie d'environ 72 000 foyers.
Notre ferme éolienne se trouve près de Chetwynd, dans la région de Peace River où est situé le gisement de gaz Montney. Nous avons construit 48 turbines éoliennes de deux mégawatts et demi chacune. Elles génèrent suffisamment d'électricité pour répondre aux besoins de plus de 30 000 foyers. Par conséquent, notre petite entreprise a dépensé environ 900 millions et alimente en électricité un peu plus de 100 000 foyers.
Le sénateur Neufeld : Ce que vous nous avez relaté brièvement au sujet du temps qu'il vous a fallu pour obtenir des permis est une chose que nous allons devoir rapporter au ministre Oliver et au ministre Kent pour voir s'il n'est pas possible d'agir assez rapidement pour améliorer cette situation insensée. Ce n'est pas seulement le gouvernement fédéral. Le gouvernement provincial a aussi sa part de responsabilité.
Nous avons créé la Oil and Gas Commission. L'industrie paie un droit de permis qui couvre le coût de traitement des permis. C'est une excellente façon de procéder même si certains ne sont pas d'accord et estiment que ce devrait être entièrement financé par le gouvernement, mais je pense que c'est une bonne façon de le faire.
Qu'en penseriez-vous si on faisait la même chose au niveau fédéral, si les promoteurs payaient un droit pour contribuer à financer non pas tout le système, mais au moins le processus d'émission de permis pour faire avancer les projets comme le vôtre, les projets de GNL ou autres afin que nous puissions passer à l'action. J'ai bien peur que nous ne perdions la course parce que nous ne sommes pas assez rapides. Nous ne sommes pas assez souples. Je pense que l'industrie doit se montrer également un peu plus souple à bien des égards. Qu'en pensez-vous?
M. McInnes : Je suis tout à fait pour, sénateur Neufeld, et je vous remercie de soulever cette question. Je fais souvent ce genre d'exposés et j'oublie parfois de mentionner certains détails pertinents.
En ce qui nous concerne, nous avons obtenu le permis provincial à la fin décembre 2007, je crois. J'étais très content et je me suis dit que nous allions pouvoir nous mettre au travail. Non, en fait, c'était en 2006. J'ai estimé que nous pourrions sans doute obtenir le permis fédéral six mois plus tard. En fait, cela a pris un an de plus.
Je peux quantifier la conséquence de ce délai, car les taux d'intérêt ont augmenté pendant cette période de six mois. Nous avons finalement obtenu une facilité de crédit et emprunté près de 500 millions de dollars pour construire ce projet, mais à cause de ce retard de six mois du côté fédéral, nos frais d'intérêts annuels supplémentaires ont été de 1,5 million de dollars.
J'aurais aimé pouvoir donner 1 million à n'importe quel ministère fédéral pour qu'il engage plus de personnel. Je n'aurais pas l'audace d'offrir de choisir le biologiste ou les autres employés, mais si nous pouvons payer pour aider le gouvernement fédéral à acquérir des ressources supplémentaires, je suis tout à fait pour. D'autres membres de l'industrie s'y opposeront probablement, sénateur Neufeld, mais, personnellement, si je peux payer pour obtenir un processus plus rapide, je suis tout à fait pour.
Le sénateur Banks : À ce propos, je ne suis pas d'accord pour décharger les responsabilités des gouvernements sur ceux qui ont besoin de leurs services. On finira par demander aux gens de payer pour l'assurance incendie du gouvernement. Cela pose des problèmes.
Le sénateur Neufeld : Cela marche bien, en réalité, sénateur.
Le sénateur Banks : Monsieur McInnes, vous étiez là quand M. Spitzer a répondu à la question concernant la participation du gouvernement fédéral dans le processus de réglementation pour les projets du Horn River Basin Producers Group en déclarant qu'il n'y avait aucun problème. Nous entendons parler souvent de problèmes de ce genre, et, à l'occasion, nous entendons dire aussi, comme l'a fait M. Spitzer — et je suppose que vous l'avez entendu — qu'il n'y a eu aucun problème. Pourriez-vous nous en dire plus, car, comme l'a mentionné le président, vous avez été très direct. Il est vrai, bien entendu, que si le processus de réglementation était moins lourd, l'investissement serait plus important et plus rapide. Il est vrai aussi que si nous éliminions complètement les processus de réglementation, il y aurait beaucoup d'investissements et cela très rapidement. Il faut un juste équilibre, et je me demande où cet équilibre devrait se situer, selon vous.
M. McInnes : En ce qui nous concerne, Ottawa pourrait aussi bien se trouver sur une autre planète que la Colombie- Britannique en ce qui concerne les permis, car apparemment, les gens des ministères chargés de prendre les décisions qui permettent de réaliser les projets de mise en valeur des ressources naturelles se trouvent à Ottawa et traversent rarement les Rocheuses pour voir ce qui se passe.
Il y a des exemples de processus pour lesquels le gouvernement fédéral peut confier au gouvernement provincial la responsabilité d'émettre les permis, et c'est ce qu'on appelle l'harmonisation. On s'en est servi pour autoriser la construction du terminal de conteneurs de Prince Rupert. Il y a un précédent qui permet au gouvernement fédéral de dire : « Notre processus fait double emploi avec le vôtre, alors pourquoi ne pas vous en charger au nom des deux gouvernements, et nous accepterons votre recommandation finale. »
Pour ce qui est de la participation fédérale au projet de la rivière Horn, je ne sais pas exactement ce pourquoi M. Spitzer a obtenu un permis. Selon la taille d'un projet, vous déclenchez ou non une foule de formalités. Dans le secteur de l'électricité, si vous construisez une ligne de transmission de plus de 200 kilovolts, vous déclenchez une foule de formalités. Si votre projet dépasse 50 mégawatts, vous déclenchez également une foule de formalités. La LCEE prévoit un processus à trois niveaux. Le premier est le rapport d'examen préalable, le deuxième est l'examen complet et le principal et le plus compliqué, est la commission d'examen.
Si je peux me permettre un commentaire général sur la LCEE, le processus devait permettre d'arrêter les projets problématiques. Cela ne veut pas dire qu'une fois que vous avez rempli une foule de formalités, vous obtenez un permis de construire. Comme je l'ai dit, j'étais très content lorsque je suis arrivé au bout du processus, mais j'avais encore un tas d'exigences à remplir. Aux divers stades de la construction, nous avons eu besoin de plus de 1 600 permis pour diverses autres choses.
En ce qui concerne « l'élargissement de la portée », NovaGold and Tech voulaient entreprendre un projet minier dans le Nord de la Colombie-Britannique. Elle devait construire une route jusqu'à la zone du projet, à partir de la route 37, sur une distance d'une centaine de kilomètres. Avant, on pouvait répondre aux exigences environnementales en s'engageant, par exemple, à construire la totalité des routes et des ponts conformément aux normes de la Loi sur les forêts et à d'autres règlements. Pour une raison ou une autre, on a demandé à cette entreprise de se soumettre à une évaluation environnementale. Elle a dû montrer des plans d'ingénierie détaillés pour chaque franchissement d'un cours d'eau au lieu de s'engager simplement, avant de commencer les travaux, à ce que chaque route et pont soient construits en respectant les normes.
L'ACEE n'a plus pour rôle d'arrêter les projets problématiques, mais d'autoriser les projets.
Le sénateur Banks : Il y a eu quelques allégements. Vous avez mentionné la Loi sur les eaux navigables, par exemple.
M. McInnes : Oui.
Le sénateur Banks : Le comité a récemment examiné des modifications à la Loi sur les eaux navigables qui ont eu pour effet de soustraire de son application les ouvrages dits mineurs. Cela a été très contesté, car certaines personnes ont dit qu'il fallait définir les ouvrages mineurs, comme vous vous en souviendrez peut-être.
Êtes-vous satisfait de ce que le gouvernement actuel a fait en soustrayant les ouvrages mineurs à l'application de la Loi sur les eaux navigables. C'est une mesure pour alléger un peu la réglementation, car j'ai l'impression que c'est ce dont vous venez de parler lorsque la route traverse chaque cours d'eau où il y a du poisson.
M. McInnes : Mon projet a eu lieu en 2007.
Le sénateur Banks : Par conséquent, pensez-vous que l'application de la Loi sur les eaux navigables est acceptable maintenant que les ouvrages mineurs ont été supprimés?
M. McInnes : Non, car si votre projet passe par l'ACEE, ce n'est pas un ouvrage mineur. Par conséquent, la Loi sur les eaux navigables va être appliquée rigoureusement. Le critère en fonction duquel l'application d'une loi est déclenchée sera présent.
Le sénateur Banks : Mais la Loi sur les eaux navigables ne s'applique plus aux ouvrages mineurs.
Le président : Elle s'applique aux ouvrages majeurs.
Le sénateur Banks : Oui.
M. McInnes : Je ne suis peut-être pas au courant des modifications que vous avez apportées, mais je sais que les personnes qui s'occupent de l'obtention de mes permis continuent de me dire que c'est une loi difficile. La Loi sur les pêches est pire, alors si le problème est réglé du côté de la Loi sur les eaux navigables, il reste quand même la Loi sur les pêches.
Le sénateur Banks : Oui. Là où il y a du poisson, il y a le fédéral.
Je vais simplement glisser une dernière question dans la même veine que celle du sénateur Mitchell en vous demandant de nous en dire un peu plus. Nous avons beaucoup entendu parler des exportations de GNL, de faire toutes ces choses merveilleuses pour notre pays et son économie ainsi que la mise en valeur de nos ressources et aussi pour l'écologie, car si nous pouvions convertir les centrales au charbon chinoises en centrales au gaz naturel sous n'importe quelle forme, ce serait bon pour la planète.
Au cas où vous ne le sauriez pas, il coûte très cher de convertir une centrale au charbon en une centrale au gaz. Il faut beaucoup d'argent pour le faire. Et comme c'est le cas en Amérique du Nord, il faut prévoir une certaine période pour réaliser un projet, pour obtenir un rendement raisonnable sur l'investissement. Nous devons le faire. Si j'étais l'exploitant d'une centrale au charbon chinoise qui a été construite il y cinq ou dix ans, pourquoi achèterais-je du gaz naturel à vous ou à n'importe qui d'autre?
M. McInnes : Dans mes remarques, je ne parlais pas de l'abandon du charbon actuel, mais de la construction de nouvelles centrales. La Chine construit une centrale au charbon de 500 mégawatts chaque année ou chaque semaine.
Le président : Chaque semaine.
M. McInnes : Bon, ils construisent peut-être une centrale au charbon une semaine et une usine au gaz la semaine suivante. Les centrales au charbon que les Chinois construisent sont très modernes et beaucoup plus propres que la plupart des installations de production de charbon en Amérique du Nord, qui sont vraiment très anciennes.
Le sénateur Banks : C'est vrai. A-t-on de bonnes raisons de croire qu'ils construiraient une centrale au gaz s'ils avaient accès au gaz?
M. McInnes : Eh bien, je pense que oui. Comme je ne travaille pas dans la vente de gaz, je ne peux pas l'affirmer.
Le sénateur Banks : D'accord. On peut se renseigner. Merci beaucoup. Merci monsieur.
Le président : Eh bien, des gens qui sont allés là-bas il y a deux semaines nous ont dit qu'ils veulent acheter notre GNL à cette fin.
Le sénateur Brown : Je sais que les parcs éoliens fonctionnent bien jusqu'à un certain point tout comme les panneaux solaires, mais ils ne sont pas sûrs à 100 p. 100. J'ai lu dans un des grands journaux il y a un mois que l'on avait construit en Europe quatre nouvelles centrales thermiques pour appuyer les parcs éoliens et les panneaux solaires. J'essaie donc de comprendre où se situe la limite.
Pour revenir à la Colombie-Britannique, c'est plutôt facile si on a une centrale hydroélectrique, on peut couper le courant; mais avec une centrale au charbon, c'est impossible. Si on a une centrale énergétique propulsée par réaction, comme celle près de Calgary, on peut la fermer en quelques heures. Comment répondez-vous à la question sur l'aspect économique de la construction de centrales thermiques pour appuyer ces panneaux solaires et ces parcs éoliens?
M. McInnes : Oui, c'est une question que l'on nous pose tout le temps. La réponse est que les énergies renouvelables produisent de l'électricité de façon variable. On ne peut pas compter sur elles 24 heures sur 24, comme vous l'avez fait remarquer. Nous avons beaucoup de chance, en Colombie-Britannique, au Québec et au Manitoba en particulier qui sont alimentés presque exclusivement à l'hydroélectricité, de pouvoir façonner ces énergies renouvelables très facilement.
Nous avons les meilleures batteries au monde, ce qui est le problème avec les énergies renouvelables. On dépense partout des fortunes sur des projets de stockage dans des batteries; nous avons donc de la chance. L'Alberta aura du mal à intégrer des quantités massives d'énergies renouvelables, car elle utilise principalement du charbon. BC Hydro a fait une fortune en jouant l'arbitre dans l'alimentation de jour et de nuit avec l'Alberta, et sa capacité à le faire est seulement limitée par le nombre de lignes de transmission.
Le sénateur Brown : Je pensais bien que c'est ce que vous alliez dire à cause de l'hydroélectricité, mais je sais qu'en Alberta, ce sera un gros problème.
M. McInnes : Oui.
Le président : Merci, monsieur McInnes. C'était fascinant.
Je suis particulièrement heureux d'accueillir le prochain témoin qui nous vient d'Irlande du Nord, mais vous êtes ici depuis 8 heures ce matin, ' Lyn Anglin, et je pense, David, vous aussi, car je vous ai serré la main quand je suis entré. Quelle patience vous avez! Nous devons dire des choses intéressantes pour vous avoir ici toute la journée.
J'attendais que le sénateur Neufeld revienne avant de commencer parce qu'il m'a parlé hier soir, en grand détail, de la création de Geoscience BC et de sa conception originale. Il est très fier du fait que vous êtes né d'une façon aussi extraordinaire.
Nous sommes tous très heureux d'accueillir ' Lyn Anglin, Ph. D., PGO. Elle a été nommée présidente et PDG de Geoscience BC en 2006. Elle était auparavant directrice par intérim de la Division du Pacifique de la Commission géologique du Canada. Elle a passé plus de 20 ans à gérer des projets d'exploration et de recherche géoscientifique dans diverses régions du Canada. Vous avez un curriculum vitae remarquable. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais je vois une maîtrise de l'Université Memorial à Terre-Neuve-et-Labrador.
Vous êtes accompagnée de David Molinski, qui est directeur principal d'OnPoint Consulting, et donc son fondateur. Et David travaille avec des organismes publics et privés en offrant un leadership, des conseils stratégiques et des stratégies efficaces. Vous êtes un autre de ces gourous des politiques et le genre de personne que nous devons écouter au moment où nous essayons de définir un cadre pour une politique sur les énergies naturelles pour notre grand pays.
C.D. ( ' Lyn) Anglin, présidente-directrice générale, Geoscience BC : Monsieur le président, je suis très impressionnée par votre courage à vous tous. Ce fut une longue journée et beaucoup d'information.
Après avoir reçu votre invitation à témoigner devant le comité, j'ai vérifié le site Web et j'ai regardé quelques diffusions web et j'ai lu des transcriptions. J'ai beaucoup appris de ce votre travail. J'espère que d'autres Canadiens profitent du fait que toute cette information est enregistrée. J'ai beaucoup appris aujourd'hui; cela a été très instructif.
C'est un grand plaisir pour moi d'avoir cette occasion de comparaître. J'espère que ce je vais vous raconter de Geoscience BC ressemble globalement à ce que le sénateur Neufeld vous a dit hier soir.
Le sénateur Neufeld : C'est très bien.
Mme Anglin : Je vais essayer de donner un aperçu de Geoscience BC, de ce que nous sommes et de la genèse de notre entreprise, et je vais expliquer pourquoi nous nous sommes lancés dans la recherche de l'eau dans le nord-est de la Colombie-Britannique, la principale raison de ma présence ici aujourd'hui. Je vais ensuite vous donner quelques courtes présentations sur nos projets de recherche de l'eau ou des projets auxquels nous participons actuellement et qui sont liés au développement des gaz non classiques dans le nord-est de la Colombie-Britannique. Je serai ravie de répondre ensuite à vos questions ou si mes propos ne sont pas clairs, n'hésitez pas à m'interrompre pour me demander des précisions.
David a joué un grand rôle dans l'élaboration de nos programmes. Il a participé aux discussions avec l'industrie, avec le gouvernement, avec les collectivités et avec les Premières nations. Nous estimons que ce modèle de partenariat est un élément fondamental de notre travail de recherche à Geoscience BC.
La deuxième page de mon exposé est un aperçu de Geoscience BC. Comme le sénateur Neufeld vous l'a probablement expliqué, nous sommes un organisme de recherche en géosciences appliquées à but non lucratif et non gouvernemental. Nous avons été fondés en 2005 grâce à une importante subvention de la province lorsque le sénateur Neufeld était ministre de l'Énergie, des Mines et des Ressources pétrolières. Nous sommes un organisme unique en son genre. Il n'y a pas d'équivalent au Canada. Nous sommes financés en grande partie par le gouvernement pour travailler en partenariat avec l'industrie, le gouvernement, les collectivités et d'autres afin de fournir des données géoscientifiques qui contribuent à attirer des investissements en Colombie-Britannique et à faciliter la prise de bonnes décisions sur l'exploitation des minéraux, du pétrole et du gaz.
En 2008, nous avons reçu un montant supplémentaire de 5,7 millions de dollars qui devait servir précisément à faciliter l'exploitation responsable des ressources de gaz naturel en Colombie-Britannique. Je dois dire que cette même année, nous avons également reçu 6 millions de dollars pour du travail consacré aux minéraux. Nous ne sommes pas seulement un organisme de recherche sur le pétrole et le gaz.
En fait, dans cette première tranche de 25 millions de dollars de subventions, 20 millions étaient destinés aux minéraux et 5 millions au pétrole et au gaz. Depuis, nous sommes devenus un groupe de recherche qui se partage à égalité entre la recherche sur les minéraux et le pétrole et le gaz.
Cette dernière année, la province nous a également accordé 12 millions de dollars pour que nous puissions poursuivre notre travail dans le nord-est de la Colombie-Britannique et notre recherche sur les minéraux.
Comme je l'ai dit, nous utilisons un modèle de partenariat pour mener notre recherche de façon indépendante et communiquer les résultats. Nous menons nos recherches géoscientifiques en consultation avec les collectivités et les Premières nations.
À la page suivante, pourquoi la recherche de l'eau? Eh bien, comme je le disais, en 2008, la province nous a accordé 5,7 millions de dollars pour contribuer à l'exploitation responsable du gaz naturel dans le nord-est de la Colombie- Britannique. Une des premières mesures que nous avons prises a été de consulter l'industrie et le gouvernement pour savoir quelle était la principale priorité pour faciliter l'exploitation de ces très importantes ressources de gaz non classiques. Sans le moindre doute, ce qui intéressait les entreprises, le gouvernement et les collectivités, c'était la question de l'eau. C'est donc devenu évidemment notre priorité. Tout le monde voulait travailler en collaboration sur cette question et c'est à ce moment-là que nous avons entrepris de développer des programmes.
Nous avons été fortement soutenus, je pense, en ce sens que le gouvernement nous a accordé un financement supplémentaire. L'industrie nous a également accordé un financement important. Et nous avons établi des liens très intéressants avec les collectivités et les Premières nations.
Nous avons donc commencé avec — et je pense que Rob Spitzer d'Apache, qui représente le Horn River Basin Producers Group, l'a mentionné — notre premier projet, qui a été réalisé en partenariat avec ce groupe et qui consistait à chercher des sources possibles d'eau saline en profondeur susceptibles d'être utilisées pour l'exploitation, pour la fracturation hydraulique.
Nous avons ensuite développé un certain nombre d'autres projets. Je vais les passer en revue en vous donnant un peu plus de détails sur chacun, mais nous estimons que nous fournissons des données techniques de grande qualité sur l'eau, sur les sources d'eau et sur les sites d'élimination potentiels dans le nord-est de la Colombie-Britannique. Et comme je l'ai dit, tout ce travail a été fait en partenariat. Je donnerai plus de détails quand je vais parler de chacun des projets.
La diapositive quatre vous donne une indication visuelle de la chronologie et des principaux projets sur lesquels nous avons travaillé dans le Nord de la Colombie-Britannique. Nous avons commencé par les consultations sur notre projet du bassin de Horn River en 2008 avant de le lancer en 2009. Nous voulons que nos résultats soient rapidement communiqués au public, c'est pourquoi le projet a été achevé en un peu plus d'un an, et les résultats ont été publiés et sont accessibles au public sur notre site Web. Nous avons terminé au début de 2010.
Nous avons ensuite développé un projet avec un certain nombre de partenaires dans la région de Montney et sommes revenus à Horn River pour la phase deux du projet. Nous avons également entrepris quelques projets régionaux de plus grande ampleur et nous tenons des consultations pour savoir ce que devraient être les prochaines étapes de ce travail.
La diapositive cinq donne un bref aperçu du projet du bassin de Horn River. Comme je le disais, nous avons commencé à le développer en 2008 et l'avons lancé en 2009. Il s'agit d'un projet en collaboration avec le Horn River Basin Producers Group. Je dois saluer Rob Spitzer et, encore une fois, le sénateur Neufeld et d'autres qui ont contribué à la création de ce groupe. Ce partenariat a été très efficace. Notre travail en partenariat avec le groupe a été très intéressant et efficace dans le cadre de nos projets. Il nous a fourni des données techniques, des données techniques très utiles pour nous et des conseils techniques. Pour la deuxième phase, il nous a également accordé un financement important pour le travail que nous réalisons dans le bassin de Horn River.
Geoscience BC conçoit et exécute les projets. Nous sommes un organisme de recherche indépendant, mais nous avons constaté que les partenariats nous permettent de mieux utiliser notre financement et de communiquer les résultats de façon plus efficace en ayant un large éventail d'intervenants qui participent à l'élaboration et à l'exécution des projets.
Le président : Parmi tout ce que le sénateur Neufeld m'a dit hier soir, il a pu y avoir des fioritures, mais vous avez initialement reçu 25 millions. Vous avez mentionné ensuite cinq ici et six et onze là, mais il m'a dit que vous étiez devenus indépendants, comme vous venez de l'expliquer, et que vous êtes devenus autosuffisants et que vous aviez des revenus, ai-je mal compris?
Mme Anglin : Pour ces projets pétroliers et gaziers, nous avons pu utiliser cet argent mieux qu'à parité. Nous ne vendons pas d'adhésion ni ne recevons actuellement de financement permanent de l'industrie, mais nous avons largement réussi à étirer au maximum les dollars que la province nous a accordés grâce au financement provenant de groupes de développement économique pour nos projets sur les minéraux, et de compagnies pétrolières et gazières et d'autres sources de financement...
Le sénateur Banks : Par projet?
Mme Anglin : En fonction de chaque projet, oui. Nous cherchons des résultats précis. C'est pourquoi nous concevons un projet et trouvons des commanditaires, des participants, des partenaires, comme vous voudrez. Nous présentons parfois des propositions à d'autres organismes ou bien ils nous demandent de devenir nos partenaires. Au départ, nous recevions surtout des subventions provinciales, mais, pour notre premier projet, nous avons reçu d'énormes quantités de données — je pense que cela représentait environ 2,5 millions de dollars — pour notre travail correspondant à la première phase de Horn River. Nous avons obtenu l'équivalent d'environ 5 ou 6 millions de dollars de données de l'industrie dans le cadre de ce projet.
Dans le projet de Montney, je pense que nous dépensons environ 0,30 $, car nous avons des partenariats avec des compagnies pétrolières et gazières, le secteur scientifique, les collectivités et le fonds pour le savoir environnemental qui est également financé par l'industrie.
Désolée, est-ce que cela répond à votre question sur notre structure?
Le président : Oui, je comprends mieux.
Mme Anglin : La première phase du projet, comme Rob Spitzer l'a dit dans sa présentation, a consisté à chercher surtout les fluides souterrains ou salins en profondeur dans le bassin de Horn River. Les résultats de ce travail sont déjà utilisés par l'industrie. Je pense qu'il a mentionné qu'Encana et Apache ont construit une usine de traitement de l'eau. Je pense que dans leurs dernières opérations de fracturation, plus de 98 p. 100 de l'eau utilisée venait de cette usine de traitement.
Notre travail consistait à regrouper toutes les données que les différentes sociétés du Producers Group avaient et à les compiler pour connaitre le substrat de la région et savoir où se trouvaient les aquifères et le potentiel qu'ils représentaient afin que les compagnies puissent prendre leurs propres décisions de développement en choisissant les options permettant de réduire leur utilisation des eaux de surface. C'est ce qu'elles nous ont dit. La principale raison d'obtenir ces données est que leur première étape de recherche de l'eau dans le nord-est de la Colombie-Britannique avait pour but de réduire au maximum leur empreinte environnementale et d'éviter d'utiliser l'eau de surface.
Le sénateur Banks : Nous n'avons pas obtenu cette donnée, mais je suppose que l'usine de traitement de l'eau dont vous parlez convertit de l'eau saline profonde.
Mme Anglin : Oui, en effet. Nous appelons cela l'eau Debolt parce que c'est le nom de la formation rocheuse d'où provient cette eau.
La diapositive six donne une sorte de section transversale colorée de ces unités rocheuses et explique l'intérêt de faire des recherches dans le substrat. Je ne sais pas si vous voyez clairement l'échelle sur le côté, et malheureusement, j'ai besoin de lunettes de lecture et je dois donc enlever les miennes. L'unité bleue qui traverse la partie centrale du diagramme est la formation que nous appelons Debolt Rundle.
En haut, vous voyez une zone qui est ombrée en rose. C'est dans cette zone rose que l'on trouve beaucoup d'eau parce qu'elle est bien en dessous de 500 mètres — en fait, ce diagramme indique qu'elle est à une profondeur qui va jusqu'à mille mètres — je pense que l'usine d'Encana et Apache à Debolt puise l'eau à environ 800 mètres et que cette eau est très saline et ne communique en aucune façon avec l'eau de surface.
Une partie de notre analyse a consisté à faire des essais d'écoulement hydrologique, à percer la tige d'essai des puits que les producteurs avaient forés. Cela fait partie des données qu'ils nous ont fournies. À partir de la chimie de ces eaux et de leurs débits, on peut dire que si elles sont reliées à la surface, c'est à un endroit qui est très éloigné du bassin de Horn River et il ya beaucoup d'eau dans cette zone. Le groupe Encana et Apache a pu ensuite investir en toute confiance dans cette usine de traitement. C'est aussi un endroit où on peut éliminer des fluides en les renvoyant sous terre.
Vous pouvez voir également sur ce diagramme que les schistes auxquels on accède sont à une profondeur de 2 500 à 3 000 mètres, c'est-à-dire deux et demi à trois kilomètres. L'aquifère salin est à plus d'un demi-kilomètre de profondeur. Ce que nous considérons comme de l'eau de surface, de l'eau potable pour la consommation humaine, l'eau des puits forés pour l'agriculture, dépasse rarement 50 à 100 mètres. Si on descend en dessous de 100 mètres, les fluides commencent à devenir généralement de plus en plus salins. Quand ont atteint 300 mètres, ils sont généralement trop salins pour une utilisation humaine ou agricole. Nous sommes donc bien en dessous de ce niveau et nous sommes assez certains que ces aquifères ne sont pas reliés à l'environnement de surface.
Le sénateur Banks : Est-ce que cette ligne presque verticale indique une sorte de cisaillement géologique ou est-ce simplement pour illustrer les deux présentations différentes?
Mme Anglin : Sur cette carte, ce cisaillement est en réalité une grosse faille. Elle est appelée la faille de Bovie et c'est elle qui définit la limite occidentale du bassin de Horn River. Et curieusement, le bassin de la Liard plus à l'ouest, dont vous avez entendu parler à quelques reprises aujourd'hui je crois, est très similaire à la géologie de Horn River, mais il est plus profond et contient d'autres unités près de la surface qui n'existent pas dans Horn River. C'est une importante faille qui a formé ces dépôts de roches.
Sur la diapositive 7, et j'en ai déjà parlé, les résultats de la première phase montrent que cette unité de carbonate de Debolt présente un très bon potentiel. Les eaux sont salines, mais peuvent servir de fluide de complétion, ce que l'usine d'Encana et Apache a prouvé. Je crois savoir que Nexen mène également d'importantes recherches sur l'utilisation de ce même fluide pour leurs opérations.
Cependant, la formation Debolt n'est pas répartie uniformément dans tout le bassin de Horn River. Elle ne va donc pas nécessairement alimenter tous les producteurs qui sont actifs dans le bassin. Elle est située plutôt du côté est. Par conséquent, sur le côté ouest, les entreprises qui s'y trouvent cherchent d'autres solutions pour trouver des fluides, de l'eau pour leurs activités.
Ainsi, la phase deux du projet lancé par Geoscience BC au printemps de cette année consistait en un programme régional de surveillance de l'eau de surface, avec de nouvelles stations climatologiques et hydrologiques. Cela nous aidera à évaluer avec précision combien d'eau il y a dans les zones là où le Debolt ne fournit pas un bon aquifère salin accessible aux compagnies. Nous pouvons ainsi quantifier le niveau de ressource en eau dans le bassin.
Nous avons également entrepris une étude pilote très intéressante en utilisant des outils géophysiques électromagnétiques aéroportés pour savoir si nous pouvions utiliser des instruments de télédétection, c'est-à-dire un détecteur de métaux aéroporté, qui détecte des changements très subtils dans la conductivité des roches ou des matériaux dans le sol. Nous utilisons cet outil pour voir si nous pouvons cartographier les eaux souterraines dans le bassin afin d'aider les compagnies à savoir s'il y a des eaux souterraines en quantité qu'elles pourraient utiliser.
Nous sommes en train également d'actualiser les travaux en substrat que nous avons effectués lors de la première phase, car les compagnies nous ont fourni des résultats de forage supplémentaires. Voilà donc la phase deux de notre projet. Tous les travaux de la phase deux, comme je l'ai déjà dit, ont été réalisés sur une base de partage des coûts à parité ou plus avec les compagnies et les groupes avec qui nous travaillons dans le bassin de Horn River.
Je voudrais dire également, avant d'en finir avec cette diapositive, que comme M. Spitzer l'a mentionné, nous avons voulu aussi établir des partenariats avec les Premières nations. Une bonne partie de notre travail fait appel à des données très techniques qui exigent un diplôme ou une expérience dans les géosciences, mais nous avons estimé que le programme de surveillance de l'eau représentait une excellente occasion d'offrir une certaine formation aux Premières nations et de les faire participer. Ce qui les préoccupait principalement, ce sont les eaux de surface.
C'est surtout ce à quoi David a travaillé. Je vais lui demander de dire quelques mots à propos de la mobilisation de la Première nation de Fort Nelson First et des Acho Dene Koe de Fort Liard et de leur participation à ce projet.
David Molinski, directeur principal, OnPoint Consulting : Très souvent, les organismes élaborent un projet de recherche et communiquent ensuite avec les Premières nations pour parler de l'exécution du projet de recherche, mais nous, nous avons commencé à travailler avec les Premières nations au moment du lancement du projet. Les Premières nations ont participé à l'élaboration du mandat du projet et à l'évaluation des réponses à la DP. Nous avons veillé à ce que toutes les entreprises qui ont répondu réfléchissent bien à la façon dont les Premières nations peuvent participer à ce projet.
Le type de collaboration qu'une compagnie allait avoir avec les Premières nations a été un des critères que nous avons utilisés pour décider à qui accorder ce contrat. La compagnie que nous avons sélectionnée, Kerr Wood Leidal, nous a remis une réponse tout à fait excellente. Elle est en train d'exécuter le projet en ce moment.
Un certain nombre de gens dans les collectivités ont participé activement sur le terrain et ont contribué à l'acquisition d'une expertise sur les projets d'échantillonnage de l'eau. Nous espérons qu'à mesure que les compagnies continuent à rechercher de l'eau, les Premières nations que nous avons aidées à acquérir un certain niveau de compétences pourront continuer à travailler sur ces projets à l'avenir. Il ne s'agit pas seulement de les faire participer à un projet en particulier, mais de renforcer leurs capacités pour qu'elles puissent continuer de travailler dans la recherche de l'eau, car c'est une activité vraiment importante pour ces collectivités.
Mme Anglin : La diapositive suivante contient un bref résumé des travaux que nous avons menés dans ce que nous appelons le projet de l'eau de Montney qui a été entrepris après la publication des résultats de notre première phase, le projet de Horn River. Un certain nombre de producteurs de gaz qui travaillaient dans le bassin de Montney, et plusieurs d'entre eux faisaient également partie du Horn River Basin Producers Group et connaissaient donc bien notre travail, ainsi que quelques autres, ont communiqué avec nous pour savoir si nous pouvions faire le même genre de projet dans le Montney.
La formation de Montney est la zone à proximité de Dawson Creek et de Fort St. John. Le contour de la carte est en fait le contour de la zone qui intéresse notre projet. Elle correspond aux entreprises intéressées et aux zones sur lesquelles nous voulions recueillir des données, notamment sur les eaux de surface. Notre composante en substrat couvre une zone plus large, mais c'est la zone en surface sur laquelle nous avons travaillé.
Dans ce cas, nous avons collaboré avec l'industrie, le gouvernement, y compris plusieurs ministères du gouvernement provincial, les collectivités, la ville de Dawson Creek et le milieu universitaire, l'Université du Nord de la Colombie-Britannique. Deux étudiants en doctorat travaillent sur le bassin versant de Kiskatinaw, la source d'eau potable de Dawson Creek.
Et ce projet a été financé pour un tiers par Geoscience BC; un tiers par le milieu scientifique et le Fonds de l'environnement, le fonds SCEK, et un tiers par sept sociétés distinctes. Nous avons terminé le travail sur ce projet l'été dernier et sommes en train de rédiger le rapport final en vue de sa publication prévue au début de la nouvelle année.
Ce projet se concentre sur un certain nombre d'aspects différents. La diapositive neuf contient un peu plus de détails sur notre travail dans le cadre de ce projet qui a consisté à consulter toutes les données déjà publiées, mais qui n'avaient pas été compilées ou intégrées dans une base de données centrale pour pouvoir être utilisées dans un but décisionnel.
Nous cherchions toutes les données possibles sur les eaux de surface, la topographie et les matériaux de surface. Nous avons examiné toute l'information que nous pouvions obtenir sur les eaux souterraines peu profondes qui provenait en particulier du ministère de l'Environnement, du ministère de l'Énergie et des Mines, Northern Health, et ce qui était alors Healthy Living and Sport. Je ne sais pas comment le ministère s'appelle maintenant. Ce sont ces organismes qui possédaient tous les ensembles de données sur les eaux de surface et près de la surface ou sur les eaux souterraines, sur l'eau potable ou les sources d'eau potable. Ils avaient tous des bases de données séparées et qui, dans certains cas, n'étaient pas à jour.
Notre projet avait notamment pour but de mettre tous ces ensembles de données à jour, de les compiler numériquement afin de pouvoir les intégrer en un seul ensemble de données et de les rendre publiques. On peut déjà consulter la plupart de ces données sur les sites Internet des différents ministères ou sur le nôtre.
Nous avons ensuite inclus un volet concernant les eaux souterraines profondes salines pour les deux, en essayant de voir s'il y avait de bons aquifères salins, comme il y en a dans Horn River, et s'il y avait également de bons sites pour l'élimination des fluides dans le Montney que les entreprises pourraient ensuite utiliser pour éliminer leur eau. Nous avons trouvé de grandes quantités d'eau dans la région de Montney, en particulier à certaines périodes de l'année. Montney ne présente pas les mêmes avantages que l'aquifère de type Debolt. Il existe quelques aquifères isolés qui ont l'air très intéressants. Nous n'avons pas encore suffisamment de données pour savoir à quel point ils seraient productifs sur une longue période, mais certains pourraient déjà être utilisés par l'industrie. Les résultats continuent d'être évalués. Certains sites pourraient convenir pour l'élimination.
Les entreprises nous ont dit qu'elles utilisaient déjà les données que nous leur avons fournies pour les aider à prendre des décisions en matière d'exploitation.
Les collectivités se sont montrées très intéressées. Les habitants de Hudson's Hope et de Dawson Creek ont été très intéressés et heureux d'apprendre que dans le cadre de ce projet, nous avons contribué à mettre à jour le programme de cartographie des eaux souterraines des aquifères du ministère de l'Environnement pour cette zone. Il reste encore beaucoup à faire, mais les choses ont bien avancé depuis que nous avons commencé ce projet.
La diapositive dix sur la modélisation hydrologique régionale du nord-est de la Colombie-Britannique fait suite au projet de Montney. Quand nous avons commencé à compiler toutes ces données sur l'eau de surface, ce qui comprenait les précipitations, les taux d'évapotranspiration et les modèles climatiques de cette région, nous avons pu par l'intermédiaire d'un partenaire au sein de la commission du pétrole et du gaz, son hydrologue Allan Chapman, développer un programme simple de modélisation pour les bassins versants. Il nous a ensuite dit que le moment était idéal pour appliquer ce modèle à l'ensemble du nord-est de la Colombie-Britannique parce que, comme Graham McLaren l'a déjà indiqué je crois, les autres bassins du nord-est de la Colombie-Britannique, l'enfoncement Cordova et le bassin de la Liard, à l'ouest de Horn River, représentent un fort potentiel de ressources gazières.
Pour essayer de prendre un peu d'avance sur les décisions que l'organisme de réglementation, le gouvernement, l'industrie et les collectivités devront prendre en matière de développement, nous avons lancé un projet commun avec la Commission du pétrole et du gaz. Au même moment, le ministère de la Forêt, des Terres et de l'Exploitation des ressources naturelles nous a également accordé des fonds pour effectuer une modélisation régionale hydrologique des quelque 65 bassins versants qui constituent le nord-est de la Colombie-Britannique. Cette information va servir à nouveau à établir un contexte pour permette à l'organisme de réglementation et aux entreprises de prendre des décisions sur l'utilisation de l'eau dans le contexte de leur développement — combien d'eau y a-t-il? Quel pourcentage de l'eau utilisons-nous réellement?
OGC m'a informée récemment que selon son analyse initiale, il s'agit donc d'une information très préliminaire, du bassin de Horn River, si on utilise seulement l'eau de surface comme source d'eau pour l'exploitation du bassin de Horn River, cela représentera moins d'un pour cent des précipitations annuelles dans le bassin. Si les technologies de recyclage et les sources profondes d'eau saline donnent les résultats escomptés, il faudra probablement moins d'un demi pour cent de la pluviométrie annuelle pour assurer, je pense, un développement optimal de Horn River.
Cela nous donne une idée de la quantité d'eau qui se trouve là. Cela ne permettra pas nécessairement de donner toutes les options possibles au cas par cas à la compagnie qui va exploiter ce site ni répondre aux questions que la collectivité se pose sur les questions de développement ni à l'organisme de réglementation de prendre des décisions, mais les choses seront mises en contexte. Les résultats de ce projet devraient être publiés au début de 2012. Encore une fois, nous rendons public dès que possible tout ce que nous faisons, car nous nous considérons comme un organisme public. Nous sommes financés par la province.
Lorsque les entreprises deviennent nos partenaires, nous le précisons clairement. Elles peuvent avoir un accès prioritaire aux données, elles peuvent obtenir trois mois de confidentialité, ou six mois, en fonction des montants qu'elles ont investis, mais ensuite, c'est terminé. Les données deviennent publiques et sont accessibles à tous.
Le sénateur Sibbeston : Pensez-vous qu'il est juste de dire et de faire valoir que seulement un pour cent de la pluie qui tombe dans une année serait utilisé? Il me semble que ce n'est pas nécessairement une méthode précise ou juste parce qu'un pour cent semble un montant très faible, mais dans certaines régions, ce pourrait être essentiel car on va y utiliser toute l'eau. Je me demandais simplement si c'est une bonne façon de procéder; il pourrait être un peu trompeur de dire que ce n'est pas beaucoup, mais dans certaines régions, ce montant peut être essentiel et l'effet pourrait y être catastrophique.
Mme Anglin : Non, et vous avez absolument raison. Comme je le disais, c'est le contexte régional du bassin, mais les décisions de développement, celles qui sont prises par l'organisme de réglementation et les compagnies devront être prises au cas par cas en fonction des détails propres à cette zone. Cette phase du projet a pour but d'indiquer la quantité d'eau qui est consommée ou qui le sera éventuellement.
Le travail de Geoscience BC consiste surtout à essayer d'évaluer la quantité d'eau dans les zones dont on envisage l'exploitation ou qui sont déjà exploitées. Nous ne participons pas à la prise de décisions sur l'utilisation de l'eau. Cela incombe à l'organisme de réglementation, et c'est à chaque entreprise de décider des techniques qui seront les mieux adaptées.
Je trouve très intéressant d'entendre d'Apache et Encana dire que même si l'usine a coûté 100 millions de dollars, ils estiment que cela va leur permettre d'économiser à long terme par rapport à leurs autres options, soit le camionnage ou le pipeline, pour obtenir de l'eau d'autres sources.
Encore une fois, notre travail consiste à donner un contexte qui permet au gouvernement, à l'organisme de réglementation, à l'industrie et aux collectivités de prendre les décisions responsables dont ils vont avoir besoin pour pouvoir exploiter le gaz naturel.
Votre remarque est très pertinente, sénateur, et ces décisions seront prises au le cas par cas.
Je vais conclure en disant que je pense que la Colombie-Britannique a été un leader en ce qui concerne les études sur l'eau liées à l'exploitation du gaz naturel dans le nord-est. Tant le gouvernement que l'industrie reconnaissent qu'il s'agit d'une question fondamentale, une question à laquelle il faut répondre et qu'il faut comprendre pour permettre l'exploitation des ressources gazières.
J'estime également que les projets en partenariat sont probablement l'un des moyens les plus efficaces d'aborder ces questions très compliquées, car, d'après mon expérience, le fait d'avoir un groupe composé de membres de l'industrie, du gouvernement, des collectivités et des Premières nations autour de la table au moment de concevoir un programme et de communiquer les résultats permet une mise en application plus efficace et immédiate en ce qui concerne la production des résultats et leur communication à un plus vaste public.
Comme je le disais également tout à l'heure, nos résultats sont rendus publics. Nous estimons qu'il est très important que l'information que nous produisons soit indépendante et communiquée au public. C'est sur cette base que nous avons été créés.
Le sénateur Neufeld a largement contribué à la création de Geoscience BC pour commencer. Comme je le lui ai dit aujourd'hui, je ne m'attendais pas à ce que nous fassions autant de travail sur l'eau dans le cadre de l'exploitation des gaz non classiques à notre création en 2005, mais je pense que ce modèle s'est avéré très efficace pour mener le type de recherche vraiment essentiel pour exploiter le gaz naturel en Colombie-Britannique.
Ma dernière diapositive contient nos coordonnées. Si quelqu'un veut en savoir plus sur Geoscience BC ou sur moi, notre site Web et mon numéro de téléphone sont là.
Le président : Madame Anglin, cet exposé était magnifique. Sur votre première page, on voit l'eau qui descend d'une rivière et on dirait qu'il y a beaucoup de billots. Je suis du Québec et nous avons beaucoup de rivières là aussi, la topographie est très semblable. Avez-vous des engorgements de billes dans ces rivières qui les bloquent littéralement?
Mme Anglin : Parfois et on a aussi des embâcles.
Le président : Eh bien, les embâcles sont une chose parce qu'ils finiront par fondre et disparaître. Deux de nos rivières à saumon ont été complètement bloquées par des embâcles faisant peut-être deux ou trois kilomètres de long. Il y a tellement de raisons écologiques pour lesquelles le gouvernement a peur de prendre des mesures pour les briser. C'est une question qui n'a rien à voir, mais utilisez-vous des moyens spéciaux ici pour remédier aux embâcles dans ces rivières?
Le sénateur Banks : La dynamite.
Mme Anglin : Je renverrais cette question au sénateur Neufeld qui connaît sans doute mieux que moi l'histoire de la région. Je participe à ces projets dans le nord-est de la Colombie-Britannique que depuis quelques années et je n'ai pas souvenir de problèmes d'embâcle pendant cette période, mais je ne suis pas sûre.
Le président : Bien. Une dernière observation avant de passer la parole au sénateur Mitchell. Il y a environ sept ou huit ans, lorsque le sénateur Banks était président du comité, lors d'une de mes premières séances du comité, Peter Schindler était venu nous parler de l'eau. Je pense qu'il nous avait été présenté comme l'un des plus grands experts en la matière. Il nous avait dit notamment à quel point le Canada était arriéré sur le plan de la cartographie des aquifères. À l'époque, je m'étais demandé si cela relevait du provincial ou du fédéral et quelles mesures il fallait prendre.
Vous avez dit qu'en raison de la présence de gaz de schiste et de l'importance primordiale de son développement, il est devenu tout à coup urgent de cartographier les aquifères en Colombie-Britannique. Il existe donc une motivation et nous devrions peut-être faire en sorte que cette motivation devienne nationale, car votre témoignage est suffisamment éloquent.
Le sénateur Mitchell : Avant de commencer, nous avons eu une petite discussion sur un parent, un parent éloigné de Mme Anglin, qui a été président de la Chambre.
Mme Anglin : Pas le premier?
Le sénateur Mitchell : Il n'était pas le premier. En 1874, il était le second et il est revenu de 1877 à 1879.
Mme Anglin : J'avais raison pour cette partie là.
Le sénateur Mitchell : Oui, c'était plutôt bien.
Le président : Vous le googleur.
Le sénateur Mitchell : Oui, je peux interroger Google sur cette tablette.
Cette entité publique quasi indépendante est un modèle très impressionnant et très intéressant. Encore une fois, c'est une autre réalisation, ou du moins une contribution du sénateur Neufeld. Avez-vous un homologue en Alberta ou en Saskatchewan qui fait la même chose?
Mme Anglin : Personne qui ait la même structure que nous. D'autres organismes ailleurs font le même travail que nous, mais je ne pense pas qu'il existe un autre groupe qui soit un organisme indépendant à but non lucratif comme Geoscience BC.
M. Molinski : PTAC, la Petroleum Technology Alliance du Canada est, je crois, un organisme sans but lucratif et qui est financé par l'industrie. Elle est basée en Alberta et a exécuté un certain nombre de projets de recherche autour de l'eau.
On pourrait également souligner que l'Association canadienne des producteurs pétroliers a fait beaucoup de travail dans le domaine de l'eau et du gaz de schiste. Elle a publié des guides sur les meilleures pratiques en matière de gaz de schiste et d'autres documents pour aider les producteurs à exploiter leurs gisements de façon responsable. Nous avons d'ailleurs travaillé autant que possible avec nos partenaires de l'industrie pour que cela se fasse.
Le sénateur Mitchell : Ce n'est peut-être pas votre domaine, mais la fracturation pose des problèmes et en particulier les fissures et la contamination de l'eau. D'après ce que nous avons entendu aujourd'hui, de façon générale, elle se produit à une telle distance de la nappe phréatique que ce n'est pas un problème. Des travaux sont-ils menés ou l'ont-ils déjà été sur les différents types de schiste et sur la distance en dessous de la nappe phréatique où il faut se situer? Existe- t-il des tolérances qui permettent de dire que si on est à 500 pieds au-dessous, on ne va pas se rapprocher davantage.
Mme Anglin : Pas par nous en tout cas. Il peut y avoir d'autres études. Je pense qu'en Colombie-Britannique, il ne faut pas être à moins de 500 mètres.
M. Molinski : Le règlement en Colombie-Britannique, si je peux me permettre d'intervenir, c'est que l'on ne peut pas fractionner à moins de 600 mètres. Et les entreprises doivent installer des tubages de surface à une profondeur de 600 mètres qui sont cimentés. Il s'agit de protéger l'aquifère de surface.
Le sénateur Mitchell : D'accord.
Mme Anglin : Je voudrais simplement ajouter que les schistes intéressants dans le nord-est de la Colombie- Britannique sont beaucoup plus profonds que 600 mètres. Ceux de Horn River sont entre 2 500 et 3 000 mètres, ils sont donc très loin de l'eau de surface.
Le sénateur Mitchell : Pour faire suite à la question du sénateur Angus sur la cartographie, et ses représentants ont comparu devant le comité deux ou trois fois au cours des dernières années, c'est un ministère du gouvernement fédéral qui reçoit — je pense que c'est aux environs de 10 millions, peut-être 20 millions de dollars par an pour ce projet de cartographie des aquifères. Maintenant que vous connaissez son existence, lui fourniriez-vous vos données dans le cadre de cette activité?
Mme Anglin : Je pense que vous parlez probablement de la Commission géologique du Canada, de Ressources naturelles Canada. Je crois qu'elle a effectivement un programme de cartographie des aquifères. Je pense qu'elle a concentré son travail — je n'en suis pas tout à fait certaine, je ne suis pas au courant des projets sur lesquels elle travaille — sur quelques grands aquifères qui alimentent d'importantes collectivités comme la moraine Oak Ridges, au nord de Toronto, et certains aquifères souterrains au Manitoba et en Saskatchewan dont dépendent beaucoup de gens pour leur eau potable.
Pour ce qui est de la Colombie-Britannique, c'est le ministère de l'Environnement qui a surtout cartographié les aquifères. Il l'avait déjà fait en Colombie-Britannique. Dans le nord-est de la Colombie-Britannique, oui, nous avons actualisé certains de ces travaux et ajouté un grand nombre de données dans le cadre du projet d'eau de Montney, mais c'est surtout le ministère qui a fait ce travail. Il se peut qu'il ait conclu une entente avec la Commission géologique du Canada. Je ne suis pas sûre s'il est ou non en partenariat avec elle en ce moment.
Le sénateur Banks : Pour faire suite à ce que vous venez de dire, monsieur le président, le rapport qui a fait suite à cette étude a été très mordant et très critique à l'égard du gouvernement parce qu'à l'époque, il avait largement abandonné la recherche de l'eau. La recherche de l'eau au Canada était auparavant principalement financée par le gouvernement fédéral. D'autres participaient peut-être aussi, mais c'était principalement financé par le gouvernement. Notre comité avait fortement critiqué le gouvernement pour avoir abandonné ce domaine en avançant l'argument que l'on ne peut pas réparer ou gérer quoi que ce soit si on ne sait pas ce que c'est.
Nous avons notamment parlé du fait que les études longitudinales avaient pris fin. La cartographie des aquifères qui avait été promise pour 1992 n'avait pas encore été faite en 1996. On avait promis. Oui, on le fera en 1999, mais rien n'été fait, et cetera. Est-ce que la situation s'est améliorée et avez-vous maintenant une bonne connaissance, au moins en Colombie-Britannique, des aquifères, tant salins profonds que les autres?
Mme Anglin : Je dirais que nous en avons une meilleure compréhension, mais il reste encore du travail à faire. Je devrais dire, et je l'ai oublié dans ma présentation, qu'un important travail supplémentaire, c'est en réalité presque une deuxième phase du projet de l'eau de Montney, est déjà en cours au sein du ministère de l'Environnement et du ministère de l'Énergie et des Mines en collaboration avec le ministère des Forêts, des Terres et de l'Exploitation des ressources naturelles. Ils ont entrepris des études détaillées sur la région de Groundbirch et l'aquifère Groundbirch. Ils font actuellement un travail de suivi. Ils collectent des données et vont contribuer à la cartographie des aquifères.
Je dirais qu'il reste encore beaucoup à faire, mais je pense que nous avons fait avancer les choses. Mais il est encore possible, en tout cas dans le nord-est de la Colombie-Britannique, d'exécuter un programme de cartographie des aquifères.
Le sénateur Banks : Ces ministères sont provinciaux?
Mme Anglin : Ils sont provinciaux, oui.
Le sénateur Banks : La province est donc en train de prendre en charge ce qui était fait et aurait dû être fait par le gouvernement fédéral?
Mme Anglin : À franchement parler, je ne connais pas l'historique des relations entre la province et le gouvernement fédéral au sujet de la cartographie des aquifères, mais à ma connaissance, c'est le gouvernement provincial qui fait surtout ce travail en ce moment.
Le sénateur Banks : Si vous avez l'occasion de lire ce rapport, intitulé L'eau dans l'Ouest : Une source d'inquiétude, vous verrez qu'il traite principalement des provinces des Prairies, mais que ses recommandations, apparemment tombées dans des oreilles de sourds, étaient que a) le gouvernement fédéral devait rétablir le financement des études longitudinales sur les eaux et de la cartographie des aquifères, en particulier, et b) exactement ce que vous venez de dire, à savoir qu'il existe toutes sortes de données, mais aucun endroit où elles doivent être envoyées et où les chercheurs peuvent aller. Par conséquent, même si l'information n'est pas complète, on peut en trouver beaucoup plus en utilisant un seul répertoire; donc c'est tout à fait vrai.
Si vous trouvez un aquifère d'eau non saline, estimez-vous que l'on peut le pomper au moyen de puits et autre? Je pense à l'aquifère Ogallala en particulier qui a été considérablement appauvri en étant drainé à des fins parfois commerciales. Quel est votre point de vue à ce sujet par rapport à l'utilisation de l'eau de surface?
Mme Anglin : Je suis sûre que dans bien des cas, c'est probablement la seule source d'eau potable de certaines collectivités, de certains habitants des zones rurales. En forant un puits d'eau, par définition, on fore dans un aquifère.
Le sénateur Banks : En allant de plus en plus loin chaque année.
Mme Anglin : Tout dépend de l'aquifère. C'est pourquoi une bonne cartographie est utile dans ce cas, car, tout comme notre travail à une échelle très régionale, il faut comprendre ce qu'il est. Cet aquifère se reconstitue-t-il rapidement? Est-ce une source locale ou très lointaine? Quelle est la composition de l'eau dans cet aquifère? Est-elle bonne à boire? On peut poser toutes sortes de questions au sujet de chaque aquifère. Certains sont réapprovisionnés très localement, ce peut être simplement la fonte des neiges dans les collines derrière votre propriété, auquel cas, c'est certainement une ressource renouvelable.
D'autres peuvent être de très longue durée. Ils peuvent être très lents à se régénérer. C'est pourquoi il faut mener des recherches sur chaque aquifère pour pouvoir prendre ces décisions.
Le sénateur Banks : Précisément. Nous n'en savons pas assez sur ces éléments.
J'ai une dernière question pour m'assurer d'avoir bien compris. Vous parliez tout à l'heure du rapport que vous êtes en train de rédiger. Dans ce rapport, dans la partie traitant de l'étude sur l'eau de la formation de Montney, vous avez dit que vous utilisiez principalement des données accessibles au public. Dois-je comprendre qu'autrement, dans la première partie de votre rapport, vous menez vos propres recherches ou vous utilisez de nouvelles recherches?
Mme Anglin : Oui, c'est le cas du projet sur le bassin de Horn River, car il n'y avait pas vraiment de données antérieures relativement à ce bassin. Il n'y a qu'une localité, Fort Nelson, et cette région n'a pas une longue histoire de données. Les entreprises ont été actives moins longtemps au bassin de Horn River qu'à la formation de Montney parce que — et David peut me corriger si je me trompe — ces entreprises ont exploité l'étendue de Montney de manière classique avant d'exploiter cette zone gazière non conventionnelle qu'est la formation de Montney.
Donc, dans le cas de Horn River, il y avait très peu de données sur lesquelles se fonder concernant les aquifères salins profonds. Ce sont les entreprises qui possédaient l'information dont nous avions besoin, et nous avons recueilli beaucoup de nouvelles données.
Geoscience BC a mené un certain nombre d'études sur l'écoulement de l'eau de l'aquifère de la formation de Debolt pour découvrir notamment les propriétés chimiques de l'eau, la porosité et la perméabilité de cette formation. Ces études avaient pour but d'évaluer la quantité d'eau qui s'y trouvait et l'étendue de cette ressource. Il s'agit donc de recherches initiales de données qui nous ont été fournies par les entreprises qui ont bien voulu collaborer avec nous sur cette question.
M. Molinski : J'aimerais juste apporter une précision. Pour le projet de la formation de Montney, nous savions qu'il existait beaucoup de données accessibles à divers endroits. Avant de commencer à nous demander où nous allions recueillir de nouvelles données, nous voulions déterminer quelles étaient les données existantes pour ensuite relever les lacunes et identifier les renseignements manquants pour avoir un portrait d'ensemble clair. Ainsi, cette première étape visait à comprendre la situation avant de recueillir de nouvelles données.
Le sénateur Banks : C'est une excellente idée.
Je vous félicite, sénateur Neufeld. Vous avez fait preuve d'une grande clairvoyance.
Le sénateur Neufeld : Je vous remercie pour vos témoignages, Lyn et David.
J'aurais peut-être dû poser cette question à M. Spitzer, mais nous n'avions pas assez de temps. Je vais utiliser la diapositive qu'il nous a donnée, où l'on voit un puits, la branche horizontale et la fracturation. Il y avait cinq fractures. Savez-vous combien de gallons d'eau il faudrait utiliser pour cette fracturation? Avez-vous une idée du volume et du taux de récupération de cette eau, car le taux de récupération est relativement élevé? Est-ce que l'un de vous a une idée?
M. Molinski : D'après les dernières données que j'ai vues, c'est entre 4 000 et 5 000 mètres cubes.
Mme Anglin : Il s'agit du bassin de Horn River.
M. Molinski : Ce sont les données pour la fracture du bassin de Horn River. Chaque étendue est différente. Cette quantité d'eau diffère de la quantité nécessaire pour la formation de Montney.
Le sénateur Neufeld : C'est la raison pour laquelle j'ai choisi cette fracturation à cinq branches.
M. Molinski : D'accord. On nous a dit que le taux de récupération peut être aussi élevé que 80 ou 90 p. 100, mais c'est très variable et cela dépend des particularités de la formation en question.
Le sénateur McCoy : J'aimerais revenir sur le commentaire du sénateur Sibbeston à propos de l'une de vos analogies concernant la quantité de pluie reçue. Je me posais la même question. Je vous remercie donc de votre réponse franche. C'est remarquable.
J'aimerais d'abord vous poser une question plutôt simple, après quoi je me laisserai peut-être tenter à jouer au lutin irlandais pour vous poser une question malicieuse. Tout d'abord, cependant, sur la huitième diapositive, il est question du fonds Science Community and Environmental Knowledge, dont le sigle est SCEK. Ce fonds pique ma curiosité, car je n'en ai jamais entendu parler. J'aimerais donc savoir quand il a été établi, qui l'a établi, quel est le montant du fonds, et cetera?
Mme Anglin : Voilà d'excellentes questions auxquelles je ne crois pas pouvoir répondre. David est probablement plus au courant que moi.
Le sénateur McCoy : Le sénateur Mitchell pourra nous trouver la réponse sur Google, sinon.
Mme Anglin : Avez-vous plus de renseignements que moi?
M. Molinski : Je crois que le sénateur connaît beaucoup le sujet.
Le sénateur McCoy : Je n'en sais rien. Je suis juste curieuse.
Mme Anglin : Le sénateur assis à vos côtés a peut-être la réponse.
Le sénateur McCoy : En fait, c'est peut-être un bon modèle. Il a tout de suite attiré mon attention parce qu'il est question de la collectivité, en plus de la science et d'amélioration.
M. Molinski : Je peux vous donner quelques renseignements. Ce fonds a été créé par la Oil and Gas Commission, l'organisme de réglementation des activités pétrolières et gazières de la Colombie-Britannique. Le fonds a été créé par l'intermédiaire des frais de demande de permis et des autres frais payés par les entreprises auprès de l'organisme de réglementation, qui sont bonifiés jusqu'à concurrence de 5 000 $ environ. L'organisme tente de maintenir le financement à ce niveau.
Chaque année, les organisations et les particuliers peuvent présenter des demandes de financement pour divers projets. Geoscience BC a présenté une demande de financement partiel pour ce projet, et elle a été approuvée. Nous en étions très heureux. Je tiens à répéter que ce fonds est entièrement financé par l'industrie.
Le sénateur McCoy : Avez-vous dit 5 000 $? Je doute que ce soit le montant total du fonds.
M. Molinski : Il s'agit de cinq millions de dollars. Au fur et à mesure que le fonds est utilisé, l'organisme fait appel aux entreprises pour réapprovisionner le fonds encore et encore.
Le sénateur McCoy : C'est intéressant. Ma question malicieuse est la suivante. Nous entendons souvent dire que le gouvernement subventionne l'industrie pétrolière et gazière et que les subventions sont convenables, mais il faut que les règles du jeu soient équitables, ce qui est une demande raisonnable. Ces revendications nous proviennent de plusieurs groupes d'intérêt, de même que de sociétés.
Je présume que certaines subventions sont plutôt évidentes, comme le taux d'amortissement accéléré. Cependant, d'autres subventions sont plus indirectes. Par exemple, on peut fournir des renseignements et des données que l'industrie peut ensuite utiliser pour faire de l'argent supplémentaire. J'aimerais en savoir plus sur vos sources de financement, car une grande partie provient du gouvernement, et le reste vient de l'industrie. C'est donc ma question malicieuse. Comment répondre à cette question?
Mme Anglin : On m'a posé cette question à de multiples occasions. Je peux donc vous fournir une réponse. Au départ, quand Geoscience BC a été créée, la société s'était donné pour mandat d'attirer les investissements dans la province, afin de rendre la province plus compétitive, entre autres. Nous voulions attirer les investisseurs dans la prospection minière. Nous voulions aussi les attirer dans l'exploitation du pétrole et du gaz dans différentes régions de la province. À mes yeux, nous sommes vraiment une agence de développement économique qui collabore avec l'industrie, les collectivités, les Premières nations et le gouvernement. Si l'on nous considère comme une subvention, ce n'est pas envers l'industrie. Étant donné que nous développons et attirons des investissements dans la province dans l'intérêt des Britanno-Colombiens, j'estime que ce sont eux à qui nous venons en aide.
Je comprends pourquoi on pourrait croire que nous subventionnons d'une quelconque façon une activité de l'industrie, mais je crois que, dans bien des cas, notre travail permet de produire des renseignements publics qui sont utiles pour le gouvernement, les collectivités et l'industrie dans leur prise de décisions. Nous espérons que ces décisions mèneront à des investissements en Colombie-Britannique, car il s'agit de notre mandat. C'est ainsi que nous dépensons les fonds.
M. Molinski : J'aimerais juste ajouter ceci. Ce matin, M. McLaren vous a annoncé quels étaient les revenus du gouvernement provincial. Pour que le gouvernement soit en mesure d'investir dans des initiatives telles que Geoscience BC, il doit d'abord avoir de tels revenus, auxquels s'ajoute le soutien en matière d'éducation et de santé appuyé par l'ensemble de ces entreprises en Colombie-Britannique. Je crois que nous en bénéficions tous chaque jour.
Le sénateur McCoy : Il ne fait aucun doute que ce sont là des réponses classiques. Je ne vais donc pas pousser plus loin parce que notre temps est limité.
Le sénateur Brown : Madame Anglin, je suis en train de regarder votre présentation. La sixième diapositive illustre-t- elle une faille dans le substrat?
Mme Anglin : Oui. La ligne presque verticale, du côté gauche, représente une grande faille.
Le sénateur Brown : Ma question est d'autant plus importante, alors. À la page 9, il est question des aquifères libres et des aquifères captifs. Si je comprends bien, les aquifères libres sont des rivières souterraines. Autrement dit, une source d'eau les alimente. Si l'on pompe l'eau de ces aquifères, ils continuent de se remplir, est-ce exact?
Mme Anglin : Oui, puisqu'ils sont reliés à l'eau de surface.
Le sénateur Brown : Le dernier schéma de cette page montre donc un aquifère captif. D'après ce que je comprends, l'hydraulique de l'eau se compare à l'oléohydraulique, c'est-à-dire que l'on ne peut pas comprimer l'eau ou les huiles. Je vous pose donc la question inverse : pourrait-il se produire un tremblement de terre si l'on pompait l'eau d'un aquifère captif?
Au cours de mes années universitaires, j'ai visité le parc national de Yellowstone. Depuis un certain temps, les Américains pompaient de très grandes quantités d'eau saline dans des puits souterrains qu'ils avaient forés, pour en faire sortir le gaz. Tout d'un coup, cela a déclenché toute une série de petits tremblements de terre très rapides. Il pouvait y avoir 10, 15 ou 20 secousses par jour. On m'a même dit qu'il y en a eu jusqu'à 80 en une seule journée. La plaque de la Californie essayait d'embarquer sur la plaque sous-jacente dont j'oublie le nom.
L'aquifère captif retient le sol. Si l'on retire l'eau de cet aquifère, qu'est-ce qui l'empêche de s'effondrer et de former sa propre faille?
Mme Anglin : Cela dépend principalement de l'état du roc comme tel et de la taille de l'aquifère en question. Les unités lithologiques comptent énormément de caractéristiques différentes, tout comme un gisement pétrolier ou gazier. Bien souvent, ce n'est pas un grand espace ouvert. Il s'agit plutôt de nombreux espaces infimes qui renferment le fluide qui se trouve dans l'unité lithologique en question.
Il se peut donc que la nature propre de l'aquifère d'où l'on retire l'eau fournisse un soutien remarquable, même dans le cas d'un aquifère captif. Par ailleurs, « captif » est un terme relatif qui signifie que l'aquifère ne communique pas directement avec l'eau de surface. Il est isolé de l'eau de surface ou des nappes phréatiques proches de la surface, en raison d'une faille ou pour une autre raison.
Je crois donc que votre exemple est un cas très particulier où une petite partie d'une unité renferme de l'eau. Pour ce qui est de déterminer si cela déclencherait une activité sismique, il faudrait connaître les diverses caractéristiques de cet aquifère, notamment s'il s'agit d'un espace ouvert et à quelle profondeur il se trouve dans le substrat rocheux. Il ne s'agira pas d'un espace ouvert parce que la pression et surtout la surpression géostatiques vont sûrement fermer des espaces ouverts, même si le roc est très solide.
M. Spitzer a donné deux exemples concernant la provenance d'une zone pétrolière et gazière conventionnelle et d'une zone pétrolière et gazière non conventionnelle. Dans le cas des zones conventionnelles, on trouve beaucoup d'espaces poraux ouverts, mais il s'agit quand même d'unités lithologiques très solides qui ne peuvent être broyées, qu'il y ait un fluide dans cet espace ou non. Je ne suis donc pas certaine. Il peut y avoir des situations où cela peut se produire, mais ce n'est probablement pas souvent le cas. Le tout dépendrait donc de la nature du roc et des caractéristiques structurales.
Le sénateur Brown : Je suis conscient que vous parlez du roc. Cependant, c'est la nappe phréatique qui me préoccupe, car on ne peut pas comprimer de l'eau, d'après ce que je comprends. Si l'on utilise un vérin hydraulique pour enlever tout le pétrole et remplir l'espace d'eau, on a toujours un vérin hydraulique qui peut soulever des tonnes et des tonnes, mais nous n'y avons pas recours parce qu'un vérin hydraulique rempli d'eau casse quand l'eau gèle. Il prend de l'expansion, mais il ne se contracte pas, puisque c'est hydraulique.
C'est la raison pour laquelle j'aimerais savoir ce qui soutient la structure lorsqu'on crée une cavité dans un espace captif. Certes, il y a beaucoup d'unités lithologiques, mais la moindre vibration pourrait causer un effondrement. J'aimerais donc savoir si l'on a effectué des recherches à ce sujet.
Mme Anglin : Nous n'avons pas mené de telles recherches. Je dois admettre qu'il ne s'agit pas vraiment de mon domaine d'expertise. J'ignore jusqu'à quel point cette question a été explorée. Je peux vérifier et vous revenir là-dessus si vous le voulez.
Le président : Nous vous en serions reconnaissants.
Le sénateur Sibbeston : En ce qui concerne votre étude, il est évident qu'il faut procéder à des forages afin d'en savoir davantage sur l'eau qui se trouve dans le sol. Dans quelle mesure dépendez-vous des renseignements de forage des entreprises pétrolières et gazières pour en savoir le plus possible à propos de l'eau souterraine?
Mme Anglin : Beaucoup de renseignements sur les nappes phréatiques en profondeur nous proviennent effectivement de données recueillies par l'industrie. Je crois que les entreprises doivent également fournir cette information à l'organisme de réglementation. Il s'agit d'ensembles de données publiques dans presque toute la province.
Dans le cas du bassin de Horn River, certains de ces ensembles de données étaient confidentiels quand nous avons abordé les entreprises, mais elles nous ont partagé ces renseignements, qui seront rendus publics un jour.
Quant aux renseignements sur les nappes phréatiques proches de la surface, ils sont souvent tirés d'ensembles de données recueillies par Northern Health ou par le ministère de l'Environnement de la province relativement aux puits d'eau qui ont été forés pour des collectivités, des agriculteurs ou des particuliers. Les renseignements utilisés dans le cadre du projet sur l'eau de la formation de Montney sont issus de nombreuses sources différentes.
Le sénateur Sibbeston : Avez-vous procédé à des forages pour connaître la situation des nappes phréatiques?
Mme Anglin : Non, pas encore. En fait, nous avons financé certaines études sur des puits d'eau forés par des entreprises. Comme je l'ai mentionné, le ministère de l'Énergie et des Mines et le ministère de l'Environnement participent actuellement à un projet dans le cadre duquel on prévoit forer des puits de surveillance des eaux souterraines dans le nord-est de la Colombie-Britannique. Cependant, Geoscience BC n'a pas procédé à ses propres forages jusqu'à maintenant.
Le sénateur Sibbeston : Pour connaître la situation des nappes phréatiques, il faut vraiment avoir recours au forage, sinon il n'y a aucun moyen de savoir ce qui se trouve en profondeur. Par conséquent, pour connaître la situation des nappes phréatiques, diriez-vous que vous dépendez des forages effectués par les entreprises?
Mme Anglin : Nous tirons effectivement notre information des données de l'industrie et de tous les renseignements que nous pouvons obtenir de la part de toute personne ou entreprise ayant foré un puits d'eau.
Le sénateur Sibbeston : J'habite dans le nord du pays, et quand on parle de puits d'eau, je pense aux puits qui y sont forés et qui vont seulement jusqu'à 20, 30 ou 40 pieds, tout au plus. Nous n'avons pas les mêmes puits d'eau que dans le sud du pays, qui sont forés par des machines et des tiges de forage minces. Ainsi, du moins dans le Nord, nous n'avons aucune donnée souterraine au-delà des 20 ou 30 pieds de forage, donc nous ne savons rien concernant l'eau souterraine.
Mme Anglin : Effectivement, dans ce contexte, il serait probablement recommandé de forer des puits d'eau plus profonds si l'on voulait dresser une cartographie précise des aquifères relativement à l'eau potable. Par exemple, pour étudier les aquifères salins profonds, il faut vraiment demander des renseignements aux entreprises ou dépenser une fortune en forage d'exploration parce qu'il faut forer des puits beaucoup plus profonds.
Le sénateur Banks : Quand des montants vous sont octroyés pour des projets déterminés, je présume que vous les utilisez pour ces projets. Avez-vous utilisé l'ensemble des 25 millions de dollars qui vous ont été octroyés quand le sénateur Neufeld était ministre? Dépensez-vous ce montant, ou est-ce que vous l'avez mis de côté pour utiliser le montant de 1 075 000 $ que vous recevez de...
Mme Anglin : Non, nous l'avons dépensé. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes présentés devant les autorités provinciales à quelques reprises. Nous leur avons dit que nous serions ravis d'en faire plus si nos réalisations leur ont plu, mais que nous avons besoin de financement supplémentaire. Nous n'avons pas de difficulté à dépenser. J'essaie de me rappeler le montant exact que nous avons dépensé. Je crois qu'il s'agit de 35 ou 36 millions de dollars. Nous sommes presque arrivés au terme des deux subventions initiales, et c'est pour cette raison que nous avons obtenu une somme supplémentaire de 12 millions de dollars cette année, ce qui devrait nous suffire pendant quelques années. Ainsi, nos projets dans le nord-est de la Colombie-Britannique pourront continuer pendant deux autres années, et nous pourrons poursuivre nos projets de prospection minière et de géoscience.
Le président : Merci pour vos témoignages, madame Anglin et monsieur Molinski. C'était très intéressant.
Il nous reste à entendre un dernier témoin, qui a été très patient.
Monsieur Weedon, je vous invite à vous avancer.
Michael Weedon, directeur exécutif, B.C. Bioenergy Network : J'aurai un défi de taille à relever, étant donné que je suis le dernier témoin à l'ordre du jour.
Le président : Vous êtes peut-être le dernier, mais vous n'êtes pas le moindre.
Le comité souhaite la bienvenue à Michael Weedon, directeur exécutif du B.C. Bioenergy Network. Au cours de sa carrière dans l'industrie, il a occupé des postes supérieurs en finance et en gestion intermédiaire. Il compte plus de 25 ans d'expérience auprès de grandes entreprises, dont BF Goodrich, Sherritt Inc. et Loewen Group Inc. Il détient un baccalauréat ès arts de l'Université de Toronto et une maîtrise en administration des affaires de l'Université Western Ontario. Dernièrement, à titre de consultant en environnement, il a évalué un certain nombre de technologies énergétiques de remplacement, dont plusieurs relèvent du domaine de la bioénergie. En plus de ses fonctions de directeur exécutif, M. Weedon siège également au conseil du B.C. Bioenergy Network.
Je voudrais d'abord remercier le comité sénatorial permanent de m'avoir invité à témoigner à cette audience. Vous avez décrit mon parcours et mes activités.
J'ai quitté le milieu des grandes entreprises il y a environ 10 ans, et, depuis ce temps, je travaille exclusivement sur les technologies environnementales et des énergies propres. Il y a trois ans, je suis devenu directeur exécutif du B.C. Bioenergy Network.
Je suis ardemment dévoué à la transition rapide aux sources d'énergies propres et durables. Je suis sérieusement préoccupé par les conséquences du relâchement de dioxyde de carbone, de dioxyde de soufre, d'oxyde de diazote, de mercure et d'autres polluants dans l'atmosphère par les combustibles fossiles. Nous devons revoir nos façons de faire.
Sénateurs, mon exposé portera sur trois sujets. Je vais d'abord vous brosser un portrait des activités du B.C. Bioenergy Network qui vous permettra de constater que nous sommes un exemple bien réel de développement des énergies propres en Colombie-Britannique. Ensuite, je vais vous présenter cinq problèmes majeurs liés à la production et à la consommation d'énergie et je vais vous décrire 10 pratiques qui peuvent y remédier. Puis, je vais terminer en réclamant plus de financement pour ce secteur, et j'irai droit au but en vous demandant de nous donner votre appui et d'user de votre influence pour que le gouvernement fédéral accepte de financer notre ONG à la même hauteur que le gouvernement de la Colombie-Britannique s'est engagé à le faire.
Si nous passons à la diapositive no 2, nous voyons que le développement de la bioéconomie et des énergies propres et durables en Colombie-Britannique et au Canada n'est pas une mince tâche. Il ne peut se faire sans la participation d'entreprises motivées et de collectivités créatives et requiert du leadership, de l'appui et des politiques visionnaires. Ces activités comportent leur part de risques et d'obstacles, mais leurs bienfaits sont nombreux : emplois, croissance économique et sociale, avantages environnementaux, exportation d'énergies propres et accroissement des revenus dans les collectivités rurales.
Je suis privilégié de participer à l'intensification des activités de l'industrie des énergies propres en Colombie- Britannique, de refondre rapidement l'industrie énergétique. Nous nous sommes montrés très efficaces, ici, en en Colombie-Britannique, pour ce qui est de communiquer notre leadership stratégique au secteur et de lui apporter notre appui.
Diapositive no 3. L'émergence de la bioéconomie repose sur le développement, l'intégration et l'usage optimal de la matière biologique. Nous comprenons aujourd'hui que l'énergie abondante et peu coûteuse est un luxe du passé. De plus, on ne peut plus tolérer que la pollution et l'émission de gaz à effet continuent ainsi. Ils doivent en fait être réduits, et c'est maintenant que nous devons agir.
Dans l'avenir, pour être concurrentiel dans cette industrie, il faudra avoir accès à de la masse biologique à faible coût et produire des émissions propres. C'est en recourant à de la matière biologique peu coûteuse, ou dans certains cas à de la matière à coût négatif, comme les déchets municipaux, que la bioéconomie connaîtra ses premiers succès. D'autres produits résiduels peu coûteux et faciles à recueillir, des sous-produits d'autres activités, des déchets agricoles ou animaux et des résidus de culture, des résidus de bois solides en provenance de scieries, des boues de pâtes et papiers ainsi que des résidus forestiers seront ensuite utilisés pour générer de l'énergie.
En Colombie-Britannique, nous devons faire preuve d'imagination puisque l'abondance des sources d'énergie et le très faible coût de l'électricité et du gaz naturel font que seules les technologies, les infrastructures et les matières biologiques de premier choix peuvent être réunies pour offrir des solutions rentables, concurrentielles et abordables.
Diapositive no 4. Laissez-moi s'il vous plaît vous parler du B.C. Bioenergy Network. Il a été fondé en mars 2008 dans la foulée du plan énergétique et de la stratégie bioénergétique de la Colombie-Britannique. Il s'agit d'un organisme à but non lucratif et son mandat bioénergétique fait partie intégrante de sa structure de gouvernance. Il a été mis sur pied grâce à une subvention de 25 millions de dollars du ministère de l'Environnement et du ministère de l'Énergie, des Mines et des Ressources pétrolières.
Nous nous sommes montrés efficaces parce que nous avons un mandat clair, un conseil d'administration restreint et dirigé par l'industrie ainsi que des ressources réelles à déployer. Nous usons de la même rigueur que les banques d'investissements lorsque nous évaluons, dans un contexte de concurrence, les bénéfices financiers et environnementaux que peuvent rapporter un partenariat ou une collaboration. Nous croyons, comme vous le constaterez bientôt, que nous avons généré beaucoup de valeur par rapport aux investissements en faisant le meilleur usage possible de nos ressources et en les mettant à la disposition d'autres entreprises et de partenaires capables de prendre de l'expansion et de reproduire le modèle.
Diapositive no 5. Comme le dicte notre mandat, nous nous concentrons sur trois activités. La première, celle où va la majorité de notre capital, est celle des investissements bioénergétiques de qualité supérieure. Nous sommes maintenant à la tête de 10 grands projets d'une valeur approximative de 1,1 million de dollars chacun.
Nous investissons aussi dans le développement de la capacité, dans des projets conjoints avec d'autres organismes et dans 11 entreprises au sein desquelles nous élaborons des projets, nous menons des recherches et nous créons des programmes.
Enfin, nous contribuons à l'éducation et à la promotion, nous présentons et commanditons des conférences et nous participons régulièrement à des forums et à des ateliers.
Diapositive no 6. En trois ans, le BCBN a effectué des investissements stratégiques pour répondre à son mandat et stimuler la bioéconomie en Colombie-Britannique. L'appui du BCBN à ces projets a également encouragé d'autres organismes à devenir partenaires ou coinvestisseurs. Chaque dollar investi par le BCBN a rapporté presque 6 $ en financement additionnel. En tout, nous avons investi 12,5 millions de dollars en subventions, en prêts ou en droits sur l'actif, sur un total de 74 millions en projets d'immobilisations. Faits à noter, nous disposons d'un protocole d'entente avec Technologies du développement durable du Canada et collaborons avec Ressources naturelles Canada dans une entreprise où nous avons joint nos forces à celles du secteur privé pour financer cinq projets, et nos plus grands projets mobilisent 50 millions de dollars.
Diapositive no 7. Le graphique suivant présente le nom de ces grands investissements réalisés au fil du temps. Nous pourrons parler de ces projets plus tard si vous avez des questions.
Diapositive no 8. En bref, le BCBN évolue en créant à partir de ses forces et de ses réussites passées pour se pencher sur des questions et des possibilités d'importance mondiale en agissant localement en Colombie-Britannique.
Diapositive no 9. Le comité en est conscient, notre société, au Canada et à l'échelle mondiale, fait face à beaucoup d'enjeux et de problèmes majeurs. Ici, nous en avons relevé cinq grands en lien avec l'énergie. Ce sont ces thèmes qui nous occupent et auxquels nous devons trouver des solutions.
Diapositive no 10. Heureusement, il existe des solutions à ces problèmes et des collectivités et des entreprises novatrices de la Colombie-Britannique s'affairent à les appliquer. Ces projets sont autant d'occasions pour le BCBN d'appuyer le travail de qualité de ces entreprises et collectivités et d'en faire la promotion. Nous avons sélectionné cinq de ces solutions afin de vous les présenter. Nous devons redoubler d'efforts dans le soutien et la réalisation des solutions et des investissements qui répondent à ces problèmes.
Diapositive no 11. Voici 10 pratiques à promouvoir que nous avons sélectionnées pour vous. Elles ne sont pas ordonnées selon leur importance, mais nous vous donnons une description de chacune d'elles.
Diapositive no 12. La première pratique, qui est la plus répandue à ce jour, est l'utilisation des flux de déchets pour remplacer les combustibles fossiles. Les installations que nous voyons sont celles du Cedar Road Bioenergy Centre, situées au site d'enfouissement du district régional de Nanaimo, sur l'île de Vancouver. Auparavant, en brûlant ses gaz d'enfouissement, le district détruisait les gaz dont l'effet de serre est 21 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone. B.C. Bioenergy s'est associé à un entrepreneur local qui utilise maintenant ce gaz comme combustible pour faire fonctionner deux générateurs alternatifs G.E. Jenbacher, fournissant à B.C. Hydro une quantité d'électricité suffisante pour alimenter 1 200 résidences de la collectivité. En Colombie-Britannique, 20 municipalités peuvent bénéficier de cette technologie basée sur l'usage des gaz provenant de sites d'enfouissement.
Diapositive no 13. La deuxième pratique à promouvoir est la torréfaction; la prétransformation du bois à des températures élevées dans un milieu dépourvu d'oxygène pour en augmenter la densité d'énergie et réduire les coûts logistiques. Il s'agit d'une avancée technologique très prometteuse dont le potentiel est énorme, surtout en Colombie- Britannique, puisque la province a été qualifiée d'« Arabie saoudite de la biomasse ». Il y a actuellement 17 usines de granules de bois en Colombie-Britannique. Une bonne partie des 2 millions de tonnes métriques qu'elles sont en mesure de produire est vendue en Europe. Cette industrie suit attentivement l'évolution des technologies de la torréfaction pour s'assurer de produire le combustible solide le plus efficace et le plus rentable. Des usines de torréfaction commerciales sont actuellement mises en service en Europe, au Canada et aux États-Unis. Nous comprenons qu'un investissement total de 50 millions de dollars est envisagé pour construire en Colombie-Britannique 15 usines d'une capacité de production combinée de 2 millions de tonnes métriques pour remplacer le charbon que nous consommons ou exportons.
Nous avons récemment envisagé de collaborer avec des entreprises coréennes et chinoises pour développer l'industrie de la torréfaction dans ces marchés, vu leur appétit pour le charbon et les technologies ironiquement qualifiées de propres. L'intérêt est notamment vif du côté de la Corée, qui a réglementé les normes sur l'énergie renouvelable pour ses centrales au charbon.
Diapositive no 14. Il y a très peu de systèmes énergétiques de quartier en Colombie-Britannique et au Canada. Cela va toutefois changer de façon spectaculaire dans les quelques années à venir. Nous commençons à peine à implanter ces systèmes décentralisés de génération d'énergie par combustion de biomasse qui sont tout indiqués pour ces collectivités qui regorgent de ressources et de résidus utilisables. À notre connaissance, il y a 25 projets d'énergie de quartier en construction ou à l'étude en Colombie-Britannique. Leur valeur actuelle totale est d'environ 150 millions de dollars.
Diapositive no 15. Quatrième pratique. Le BCBN travaille de concours avec la Première nation des Kwadacha pour aider ses membres à choisir, à installer et à mettre en marche un système à puissance thermique alimenté par de la biomasse ligneuse pour éliminer la consommation de diésel et de propane. Ce projet sera un modèle pour d'autres collectivités hors réseau semblables en Colombie-Britannique et au Canada. En Colombie-Britannique seulement, il y a 60 collectivités où un tel système pourrait être mis en place. Mais cela nécessiterait un investissement d'au moins 160 millions de dollars.
Diapositive no 16. Il y a plusieurs projets novateurs de bioraffinage thermochimique en cours en Colombie- Britannique. Ils servent à extraire des produits chimiques et des combustibles de grande valeur en utilisant de la biomasse ligneuse plutôt que des hydrocarbures comme charge d'alimentation. Ces technologies renferment un potentiel extraordinaire.
À l'heure où le perfectionnement des énergies thermochimiques et biochimiques progresse, il est fort possible que nous nous trouvions à l'aube d'une révolution énergétique. Comme nous avons vu Steve Jobs et Apple faire évoluer et décentraliser l'industrie de l'ordinateur portable, nous verrons de petits systèmes énergétiques décentralisés évoluer rapidement. C'est maintenant que nous devons appuyer la mise sur pied de systèmes énergétiques autonomes. De plus, il faut voir à ce que les gestionnaires de ces projets aient un accès facile et direct à notre électricité, à nos systèmes de transmission et de distribution du gaz et nous devons aussi éliminer les obstacles bureaucratiques et institutionnels pour bien évaluer les infrastructures publiques existantes.
Diapositive no 17. La voie biochimique, qui utilise des microorganismes pour produire de l'énergie et des produits chimiques spéciaux, est aussi une pratique prometteuse. Voici deux bons exemples qui se trouvent en Colombie- Britannique. Cette technologie peut être incorporée à des infrastructures existantes. Elle est notamment intégrable aux installations de l'industrie des pâtes et papiers, dont les résidus peuvent servir à l'alimenter. Il s'agit là de pratiques révolutionnaires d'une importance considérable pour les industries.
Diapositive no 18. Septième pratique. L'un des aspects clés de la bioénergie est la possibilité d'opérer des systèmes de relativement petite envergure. C'est ce qui rend les projets énergétiques, la transformation des biocarburants et le bioraffinage décentralisés tout aussi viables qu'intéressants. Voici deux projets, un petit et un à grande échelle, où la mise en anaérobie de fumier et de déchets de production de nourriture de qualité produit du biométhane qui est ensuite distribué ou utilisé pour chauffer les lieux et générer de l'électricité.
Diapositive no 19. La huitième pratique est la promotion des meilleures méthodes et technologies de séchage à peu de frais. Elle vise à augmenter les stocks de matière biologique et à réduire les coûts. C'est affligeant à dire, mais la façon dont nous utilisons et alimentons nos systèmes énergétiques actuels gaspille beaucoup d'énergie. Nous devons faire des efforts pour utiliser l'énergie de manière sensée. Le gaspillage d'énergie et de sources d'énergie est inexcusable.
Diapositive no 20. Les changements climatiques ont déjà causé beaucoup de tort en Colombie-Britannique. Cela explique peut-être pourquoi ses politiques sur le carbone sont parmi les plus évoluées en Amérique du Nord. Il n'est pas trop tard pour exploiter l'abondante source de biomasse ligneuse inutilisée tout en éliminant des populations de dendroctone du pin ponderosa et en appliquant des stratégies de limitation et d'enrayement des incendies pour stimuler la création de projets à combustible solide ou de systèmes énergétiques dans les collectivités. Et nous devons ensuite reboiser pour assurer la pérennité de la ressource.
Dixième pratique. Diapositive suivante. En bioénergie, la gestion intégrée des ressources est la clé. C'est la règle d'or pour connaître du succès à long terme. Les industries énergétiques et chimiques en sont des spécialistes. Il arrive toutefois que d'autres industries empruntent cette méthode. Par exemple, au Royaume-Uni, l'entreprise agroalimentaire British Sugar a agrandi son usine de traitement de la betterave à sucre pour y ajouter un module de bioéthanol afin qu'elle serve de modèle à ses autres usines de partout dans le monde. On m'a dit que dans cette usine, tout est utilisé et de façon optimale; c'est le rêve de tout ingénieur. Ils revendent même les cailloux qu'ils récupèrent lors de la réception des betteraves à sucre.
Je suis ravi de constater que le milieu des produits forestiers et les municipalités de la Colombie-Britannique s'intéressent à ces idées. À partir d'un sondage que nous avons récemment effectué, nous estimons que ces deux secteurs veulent investir 1,1 milliard de dollars dans la bioénergie en Colombie-Britannique.
Diapositive no 22. Nous sommes sur la bonne voie. Beaucoup reste à faire, toutefois. Il faudra que de grosses sommes soient investies et que le secteur privé, les collectivités, tous les ordres de gouvernement et les entreprises responsables de cinq grands problèmes coopèrent davantage. La collaboration de plusieurs secteurs de la société dans le but d'arriver à des solutions est le réel moteur du grand projet qu'est le développement des bioénergies propres et durables. L'effort devrait faire partie d'une stratégie à la fois nationale et internationale et regrouper des producteurs, des consommateurs et tous ceux qui souhaitent faire avancer les énergies propres.
Diapositive no 23. Je termine en remerciant le gouvernement du Canada et le comité sénatorial permanent pour leur enquête approfondie sur l'état actuel de la direction future du secteur de l'énergie au Canada. Nous nous engageons pleinement à aider ce comité à achever son évaluation et espérons que le gouvernement fédéral consentira à nous accorder du financement avec une générosité et un leadership allant de pair avec ceux de la Colombie-Britannique.
Le président : Monsieur Weedon, vous avez couvert une quantité de sujets en un temps record. Vous avez commencé en disant que, et je veux vous poser une question à ce sujet, après toutes ces années passées dans l'industrie, au sein de grandes entreprises et dans les affaires, vous avez eu une révélation. Vous vous êtes mis à croire fermement à notre besoin de nous convertir à des systèmes énergétiques durables et propres. On pourrait parler de foi aveugle, mais ce n'est pas ce qui m'intéresse. Je voudrais plutôt savoir quand, comment et pourquoi vous vous êtes converti?
M. Weedon : Ça s'est produit pendant mon dernier mandat dans l'industrie chimique. Je devais m'occuper d'un site hautement contaminé. Nous y avons dépensé des millions de dollars pour répondre aux exigences réglementaires de l'Alberta. Nous avons procédé dans les règles de l'art, mais ça a été un processus très coûteux. À la fin, nous avions atteint les exigences réglementaires et nous reversions l'eau utilisée dans la rivière Fort Saskatchewan. L'eau répondait aux exigences, mais elle contenait encore quelques polluants. Elle n'était pas complètement propre.
Je suis donc allé voir notre président de l'époque et je lui ai demandé de nous laisser faire mieux que le minimum, de nous laisser essayer d'en faire plus. Nous avons donc investi 250 000 $ dans une petite expérience. Nous avons installé une serre derrière l'usine chimique et nous y avons poli l'eau, qui répondait déjà aux normes depuis que nous l'avions traitée. Il était possible de la polir complètement, elle ne contenait plus aucun polluant. À ce moment, l'eau que nous rejetions dans la rivière Fort Saskatchewan était plus propre qu'au moment où nous l'avions puisée pour refroidir notre système.
Cette expérience m'a donc appris que l'environnement et la nature peuvent être vos alliés si vous en prenez soin. En fait, beaucoup de technologies que nous envisageons aujourd'hui, celles qui utilisent de la biomasse ligneuse ou des matériaux torréfiés, polluent considérablement moins que les technologies au charbon, ce qui élimine le besoin de procéder à de gros travaux d'assainissement coûteux. Voilà le genre de choses qui vont amener l'industrie à progresser.
Je l'ai donc vécu directement, et, heureusement, je suis très préoccupé par l'atmosphère et ce que nous lui faisons, alors j'ai en quelque sorte décidé de consacrer le reste de ma carrière à la cause.
Le sénateur Banks : À ce sujet, étiez-vous chez Dow ou chez Sherritt?
M. Weedon : J'étais chez Sherritt.
Le président : Je tiens à vous féliciter pour cela, monsieur. Je trouve que c'est très louable. Depuis le début de nos activités, nous avons constaté que la plupart des entreprises qui commencent à adopter des pratiques durables et des comportements plus écologiques découvrent que ces actions se traduisent rapidement par des gains.
M. Weedon : Absolument.
Le président : Vous aussi vous l'avez découvert et le voyez souvent?
M. Weedon : Oui, mais pas dans tous les cas. Nous ne taxons pas la pollution dès qu'elle est générée. Très peu de gouvernements dans le monde le font.
Je crois que tous les pays du monde doivent s'allier. Nous devons fixer un prix pour le carbone et pour la pollution parce que nous avons tort de continuer à recourir à ces pratiques néfastes.
Le sénateur Mitchell : Je fais continuellement des efforts pour la lutte contre les changements climatiques et je crois sincèrement que nous n'en faisons pas assez. Jusqu'ici, les acteurs importants n'ont pas fait preuve de leadership. Pourquoi croyez-vous qu'il en est ainsi? Pourquoi semble-t-il impossible d'amener le gouvernement à prendre des mesures importantes à propos des changements climatiques?
M. Weedon : C'est parce que la majorité des gens ne le souhaite pas encore. En Colombie-Britannique, le gouvernement a pris les devants en élaborant des politiques et je le félicite d'avoir fait preuve d'autant d'initiative, ça a donné lieu à beaucoup de changements. Et lorsque le reste du pays ou toute l'Amérique du Nord ne se joint pas au processus, on s'inquiète pour les emplois et il y a une limite à ce qu'on peut faire.
Ainsi, tout ce que les organismes comme le nôtre peuvent faire, c'est de repérer les meilleures occasions et d'attendre que quelqu'un décide d'agir.
Je suis allé en Corée et à Beijing pour sonder le terrain et tenter de voir s'il y avait de la volonté d'adopter la nouvelle technologie de torréfaction pour l'appliquer à certaines installations au charbon. J'ai pu rencontrer des gens et je me suis montré raisonnablement insistant. Je suis convaincu qu'il y a 10 ans on m'aurait jeté dehors, mais j'ai pu rencontrer des gens. Ces pays savent qu'il y a de gros problèmes.
Quand j'étais à Beijing, il était impossible de voir de l'autre côté de la rue. Il n'y a pas que du CO2, il y a plein d'autres choses, mais ils savent qu'ils doivent trouver des solutions. Un enseignant de Beijing m'a dit que la densité s'élevait souvent à 200 parties par million. Dans les usines bioénergétiques des basses-terres continentales, la limite réglementaire pour les émissions de gaz d'échappement est de 18 parties par million. Ils fermeraient les écoles.
Les gens des pays émergents sont donc conscients du problème. J'imagine qu'ils n'y sont pas encore, et ils essaient d'atteindre notre niveau de vie; ils y ont bien droit.
Nous devons absolument nous concerter et définir des paramètres pour guider nos investissements à cet égard. Les États-Unis et le Canada doivent faire preuve de leadership, et la Chine et l'Inde doivent suivre le mouvement.
Le sénateur Mitchell : Vous pourriez certainement souligner le fait que nous n'aurions pas exploité les sables bitumineux, du moins pas si tôt, sans que le gouvernement n'investisse de façon aussi généreuse et soutenue. Ils l'ont fait et continuent de le faire.
Votre remarque sur les systèmes d'énergie de quartier qui reçoivent de plus en plus d'attention m'intrigue. Vous dites qu'ils n'en reçoivent pas beaucoup, mais je crois que vous avez dit que le changement serait spectaculaire. C'est très agréable à entendre. Est-ce parce que les systèmes d'énergie de quartier alimentés à la biomasse se commercialisent ou est-ce parce que les gens vont avoir une prise de conscience et souhaiter des changements?
M. Weedon : En Colombie-Britannique, l'intérêt croît en partie parce que le gouvernement a donné le signal avec le plan d'action sur les changements climatiques et aussi à cause de la planification qui a eu lieu dans les collectivités. Nous avons tenté d'appuyer ces activités en offrant beaucoup d'éducation et en participant au développement.
La technologie qui permet d'utiliser de la biomasse pour produire de la chaleur est tout à fait au point. Des techniques de combustion avancées sont accessibles et rentables. L'Autriche a recours à cette pratique depuis 30 ans. Le pays compte plus de 1 600 systèmes d'énergie de quartier, et il s'en construit dans des collectivités de plus en plus petites. Il est impossible d'implanter ces systèmes dans tous les milieux, mais la biomasse ligneuse sert tout de même à produire 30 p. 100 du chauffage utilisé là-bas. Les Autrichiens ont aussi recours à des pratiques forestières durables. Ils cultivent leurs forêts et voient chaque déchet forestier comme une ressource précieuse.
Nous pouvons en faire autant si nous le voulons vraiment. Il faut renseigner les gens et faire circuler l'information. La Colombie-Britannique s'est engagée dans la bonne voie et il y a des signaux intéressants, comme la taxe sur le carbone. Je sais que les entreprises de ciment doivent maintenant chercher des solutions de rechange pour baisser leurs coûts de production. C'est tant mieux. C'est bon pour les projets et ça ouvre les yeux des gens.
Il y a cinq ans, je n'aurais pas cru qu'un produit forestier torréfié pourrait vraiment servir de substitut au charbon, mais ça y est. C'est viable dans certaines circonstances et nous allons le voir. Nous allons voir une nouvelle industrie, à mon avis, mais cela prend de l'argent, et tout le monde veut être le premier à être deuxième lorsqu'il s'agit de développer de nouvelles technologies.
Je suis très reconnaissant de l'argent qui nous a été donné, mais ça demeure bien peu à l'échelle de toute l'opération. Ce qu'il faut, c'est que des gens motivés y mettent davantage de ressources, mais je crois que nous ne devons pas nous en tenir à la frustration à l'égard des émissions de carbone. Il pourra éventuellement s'agir d'une autre subvention versée à l'industrie traditionnelle des combustibles fossiles parce qu'elle produit du CO2 et qu'il faut bien le mettre quelque part. On va donc finir par extraire plus de pétrole. Oui, je crois qu'il faut mener des recherches dans ce domaine, mais nous devrions en mener beaucoup plus dans d'autres domaines, à mon avis.
Le sénateur Mitchell : C'est ce que je pense aussi. Dans le temps, j'avais appuyé le projet de loi du gouvernement sur les carburants à l'éthanol qui avait beaucoup été critiqué parce qu'il était question de brûler des produits alimentaires, mais j'ai toujours cru qu'il faut commencer quelque part, qu'il faut commencer par faire quelque chose. Nous aurions pu lancer ce projet, puis passer à d'autres combustibles qui n'exigeraient pas qu'on brûle des produits alimentaires pour fabriquer de l'éthanol. Vous avez mentionné l'éthanol ici. A-t-on réalisé des progrès sur ce plan?
M. Weedon : Premièrement, le débat sur les produits agricoles : il faudrait utiliser les résidus. Il faut raisonner de façon intégrée. L'utilisation de résidus agricoles sera plus limitée que celle des résidus forestiers. Il y a beaucoup plus de carbone, beaucoup plus de valeur énergétique dans la biomasse ligneuse. Il est beaucoup plus rentable de puiser cette forme d'énergie.
On est en train de travailler sur l'éthanol cellulosique. Nous avons réalisé un investissement très important dans une société appelée Lignol. Il y en a d'autres. Je suis au courant de développements technologiques fort prometteurs. Je dirais donc que c'est en bonne voie, mais on va aboutir à des applications davantage stratégiques consistant à utiliser des résidus et des déchets.
Des exploitations vinicoles et d'autres qui produisent de la matière à base de sucre ou des déchets peuvent être des sources d'approvisionnement pour fabriquer de l'éthanol. Commençons là où c'est facile, développons la technologie, puis passons à ce qui est plus compliqué.
Le sénateur Massicotte : Monsieur Weedon, vous avez reçu 25 millions de dollars.
M. Weedon : Oui.
Le sénateur Massicotte : À quand est-ce que cela remonte?
M. Weedon : À mars 2008.
Le sénateur Massicotte : Et quelle proportion de cette somme avez-vous investie, approximativement?
M. Weedon : Douze et demi.
Le sénateur Massicotte : Donc à peu près la moitié. Vous vous trouvez à doubler l'investissement grâce à l'apport de partenaires.
M. Weedon : C'est plus de six fois.
Le sénateur Massicotte : Et tous ces investissements sont rentables?
M. Weedon : Nous en sommes aux balbutiements, ça ne fait que trois ans. Je dirais que sur 10 projets, nous avons 10 réussites possibles; deux ou trois sont des projets avérés, qui ont très bien fonctionné et qui sont parvenus à leurs objectifs. Dans leur cas, nous sommes passés à la phase suivante et avons créé des sociétés. Dans d'autres cas, on en est encore à l'étape de l'élaboration et du lancement. Nous essayons d'investir dans les technologies les plus prometteuses, mais je dirais que, pour chacun de nos projets, il y a un élément de risque. Nous nous efforçons de tenir notre conseil au courant des risques et de l'importance des fonds à débloquer. L'argent n'est pas là pour être placé en sécurité dans une banque. Il est là pour servir à des fins utiles.
Le sénateur Massicotte : Vos coinvestisseurs sont bien sûr attirés par les bénéfices éventuels. Je suppose que, dans la prochaine phase, les sociétés se débrouilleront toutes seules. Si les projets sont rentables, je suppose que les capitaux seront investis par le secteur privé. C'est ça la prochaine étape?
M. Weedon : Effectivement, c'est le modèle pour lequel nous avons opté. Nous passerons par une phase de démonstration. On pourrait dire que nos critères d'investissement rejoignent ceux du modèle de STTC qui consiste à passer par une phase de démonstration des projets. La Fondation ICE du gouvernement de la Colombie-Britannique, l'Innovative Clean Energy Foundation, administre des projets de démonstration entièrement commerciaux. Nous sommes à cheval sur deux types d'investissement. Ce que nous voulons, c'est financer des projets qui s'avéreront efficaces sur les plans financier et environnemental et qui pourront évoluer sans apport de fonds extérieurs; pour cela, il faudra attirer des capitaux du secteur privé le plus tôt possible et investir dans des équipes et des technologies solides.
Le sénateur Massicotte : Parlons biomasse. Je ne connais pas grand-chose du sujet, mais si l'on considère que la biomasse est une forme d'énergie verte, c'est parce que, durant toute sa vie, un arbre absorbe et émet autant de CO2 — à terme, captation et rejet s'équilibrent. Autrement dit, dans sa phase de croissance, l'arbre absorbe le CO2. Cependant, la biomasse dont vous parlez en rejette. Le gain est nul sur toute la durée de sa vie et c'est d'ailleurs pour cela que vous prétendez que la biomasse est un produit vert, parce que, durant toute sa vie, le bilan des émissions est nul. Ai-je bien compris?
M. Weedon : C'est exact, parce qu'on replante, qu'on reboise et qu'on instaure ce qui correspond à un processus durable, renouvelable.
Le sénateur Massicotte : J'ai lu quelques articles il y a deux ou trois semaines signés par des experts en environnement, je ne me souviens plus de qui il s'agissait, qui se disaient d'accord avec ce raisonnement, avec cette théorie de l'équation nulle, à condition toutefois d'utiliser une biomasse circonvoisine. Autrement dit, ils semblent changer d'avis sur cet aspect de la question. Cette biomasse ne serait acceptable qu'à condition que les végétaux utilisés se trouvent à proximité, contrairement à ce qui se passe avec l'Europe où vous exportez votre biomasse. Si je ne m'abuse, les Européens ne sont pas loin d'être le client le plus important de biomasse en Colombie-Britannique, n'est- ce pas?
M. Weedon : C'est exact. La plupart des clients de granules de bois sont en Europe. Pour tous ces projets, il faut se livrer à une analyse portant sur tout le cycle de vie.
Le sénateur Massicotte : Pourquoi disent-ils cela? Est-ce à cause des coûts de transport et de la pollution occasionnée par le transport?
M. Weedon : Il y a à la fois des obstacles d'ordre économique et des obstacles d'ordre environnemental qui font que ça n'est pas intéressant sur le plan environnemental. Voilà pourquoi nous sommes intéressés par cette forme de torréfaction. C'est parce qu'elle permet d'augmenter l'énergie massique de plus du double pour une même quantité de matière. Croyez-le ou non, le transport par voie maritime est plutôt efficace, comparativement au camionnage. Il faut donc effectuer une analyse sur tout le cycle de vie.
Nous appliquons des critères de décision qui nous amènent à examiner l'ensemble des facteurs économiques d'un projet, mais aussi tous les aspects environnementaux. S'il n'y a pas d'amélioration écologique, nous n'investissons pas. C'est le genre de projet que nous laissons aux autres.
Le sénateur Massicotte : La biomasse expédiée en Europe ménage tout à fait l'environnement, même quand on considère tout le cycle de vie.
M. Weedon : C'est effectivement le cas aujourd'hui, mais ce sera encore plus intéressant quand les technologies d'avenir auront été mises en place. Quoi qu'il en soit, quand on consomme l'énergie produite localement, les résultats sont bien plus satisfaisants au plan écologique.
Le sénateur Massicotte : À ce propos, pourquoi n'y a-t-il pas de clients importants au Canada et pourquoi sont-ils tous en Europe?
M. Weedon : L'Europe a adopté un certain nombre de technologies habilitantes, des tarifs de rachat, des règlements et des stratégies de harcèlement. Ce que je veux dire, c'est que les Européens ont instauré des conditions favorables. Si nous avions le même régime de tarification qu'en Europe, nous pourrions faire beaucoup plus en Colombie- Britannique et régler même l'un des défis auxquels se heurte notre organisation. En Europe, l'électricité coûte beaucoup plus cher, 22 centimes d'euro du kilowatt. En Colombie-Britannique, le prix est de 9 ou 10 cents, parfois un peu plus. Les conditions sont donc beaucoup plus favorables en Europe.
Les Européens ont pris les rênes en main, ce qu'il nous faudrait faire en Amérique du Nord. Tous les pays européens ont décidé de faire front, de conclure un pacte pour promouvoir et développer ces technologies afin que leur industrie ne soit pas menacée. Ils sont contraints d'agir et c'est ce que nous devons faire à l'échelle mondiale.
Le sénateur Massicotte : Dans ce cas cependant, si c'est rentable, c'est parce que les prix des autres formes d'énergie sont comparativement beaucoup plus élevés. Les producteurs de biomasse de la Colombie-Britannique ne sont pas directement subventionnés, même s'ils exportent vers l'Europe. C'est exact?
M. Weedon : C'est exact, il n'y a pas de subventions. Il y a bien sûr le système de plafonnement et d'échange qui se pointe le nez, mais pour le moment, les sommes sont réduites. Ça ne décolle pas vraiment. Les nouvelles technologies présentent la possibilité de miser sur ces valeurs additionnelles.
Certes, il y a la taxe sur le carbone en Colombie-Britannique destinée à promouvoir les carburants devant remplacer les combustibles fossiles, les combustibles à forte teneur en carbone, comme le charbon. Chaque fois que vous pouvez remplacer du charbon par un produit torréfié, vous êtes admissible à un volume de CO2 supprimé qui est de 2,7 fois supérieur, outre qu'il y a d'autres avantages environnementaux. La biomasse ligneuse contient bien moins de soufre et de mercure. Il y a bien sûr des éléments traces de métaux dans l'écorce des arbres, mais elles sont négligeables par rapport au charbon.
Le sénateur Neufeld : Merci de votre visite, Michael. Il y avait une autre partie dans le plan énergétique de 2007, la stratégie sur la bioénergie que nous avions lancée.
Revenons à la diapositive 16, parce que je vous ai peut-être mal compris. Il se trouve que je connais très bien Nexterra syngas et ce genre de choses. D'ailleurs, je connais la plus grande partie de ce dont vous avez parlé. Vous avez parlé de difficultés du côté des services publics ou de la réglementation. Vous avez abordé ce thème et je ne suis pas exactement certain d'avoir bien compris ce que vous vouliez dire. Peut-être pourriez-vous nous l'expliquer davantage.
M. Weedon : Eh bien, les deux grandes entreprises de distribution en Colombie-Britannique sont BC Hydro dans le cas de l'électricité et Fortis B.C. dans le cas du gaz naturel. Il est question de parvenir à conclure des contrats dans les délais; beaucoup de ces nouvelles technologies sont de petite envergure. Vous avez entendu M. McInnes vous parler de certains des grands projets auxquels il participe, des projets qui ont nécessité quatre années et 4,5 millions de dollars. L'efficacité des nouvelles technologies dépend de décisions rapides.
La plupart des projets technologiques et d'innovation sont lancés par de petites entreprises qui n'ont pas accès à d'importants capitaux, d'où B.C. Bioenergy Network, le fonds ICE et STTC qui sont là pour leur donner un coup de pouce; il y a aussi Arcan. Nous travaillons donc avec Hydro et avec Fortis B.C. et nous avons conclu des protocoles d'entente avec les deux. S'agissant de ces projets, nous voulons que les consommateurs puissent se brancher aussi facilement à nos sources d'énergie qu'ils le font avec celles de BC Hydro.
Le sénateur Neufeld : Pourquoi n'optez-vous pas pour les tarifs de rachat, c'est à cela que ça sert, non? En fait, c'est moi qui ai imaginé ça. Le tarif de rachat s'applique à des fournitures d'énergie de 10 mégawatts maximum et il est possible d'obtenir le meilleur prix basé sur la dernière soumission de gens comme Donald McInnes. Le fournisseur obtient ce prix et le réseau peut utiliser cette énergie. Évidemment, c'est différent si la source d'énergie est distante du réseau. Je sais qu'au début, Nexterra était installée à Kamloops, à proximité du réseau. Quel est le problème à cet égard, parce que ça a réduit de beaucoup. Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a plus des ententes sur quatre ans comme avant. Que s'est-il passé? Pourquoi pas?
M. Weedon : Pourquoi pas? Il est nécessaire de mettre la main sur des technologies permettant de se brancher économiquement au réseau de distribution. L'une des raisons pour lesquelles nous nous sommes surtout intéressés aux communautés des Premières nations, c'est qu'elles produisent de l'énergie à quelque 50 cents du kilowatt. Ces technologies sont exploitables dans le contexte économique. Elles ne sont pas rentables avec les tarifs historiques, traditionnels à la UBC, de 2 cents du kilowatt.
Le sénateur Neufeld : Ce n'est pas 2 cents, alors ne mélangez pas tout. Ça s'approche plus de 9 cents.
M. Weedon : Eh bien, à 9 cents, ça fonctionne. Neuf cents, c'est bon si la technologie fonctionne.
Le sénateur Neufeld : Neuf cents, ça fonctionne, parce que ça correspond à la dernière enchère. D'ailleurs, Don McInnes vient juste de le confirmer. Je suis donc étonné que vous n'ayez pas envisagé cette solution, parce qu'elle ne date pas d'hier.
Deuxièmement, il faut exercer un leadership beaucoup plus dynamique pour réaliser ce genre de choses. Je vais vous donner un exemple, celui des déchets municipaux, et vous en avez en partie parlé. Vancouver, le Lower Mainland, génère d'énormes quantités de déchets. Ces déchets sont transportés par camion jusqu'à Cache Creek, par le canyon du Fraser, où ils sont enterrés et confiés aux soins des générations futures, parce qu'ils constitueront alors un problème.
Parlons-en du leadership. Pendant des années, j'ai incité l'administration de Vancouver à brûler ses déchets pour produire de l'électricité. Il y a bien un petit incinérateur à Burnaby. La population ne veut pas en entendre parler et le problème ne se limite donc pas aux dirigeants. C'est la population qui n'en veut pas dans ce cas-là. Il serait pourtant possible de produire énormément d'électricité à partir des déchets municipaux. Avec la technologie actuelle, et vous le savez beaucoup mieux que moi, on peut produire de l'énergie sans émissions ou presque.
Ce n'est donc pas qu'un problème de manque de détermination chez les têtes dirigeantes, car cela peut se régler, mais il faut que la population adhère, ne pensez-vous pas?
M. Weedon : Il est évident qu'il faut mener des consultations publiques au sujet de l'utilisation de toute cette technologie. Il faut aussi choisir la bonne technologie. Je ne crois pas que, pour l'instant, on parviendra à faire accepter l'idée d'un système à combustion dans le Lower Mainland. J'ai assisté aux réunions.
Le sénateur Neufeld : Vous pouvez faire des règlements, mais vous ne pouvez pas faire le public.
M. Weedon : Effectivement. Et pourtant, sénateur Neufeld, la technologie existe et nous venons juste d'investir dans un système de très grande qualité que nous avons fait venir d'Europe par l'intermédiaire d'un fournisseur privé. Ce système sera alimenté avec des déchets alimentaires et certains résidus de bois pour faire du biométhane dans des conditions contrôlées, respectueuses de l'environnement qui nous affranchiront de la nécessité de mettre un incinérateur en place.
Cela étant, il va falloir beaucoup mieux informer le public, et c'est ce que nous avons commencé à faire. La UBC nous a beaucoup aidés. Il y a aussi la UNBC dans le Nord. La technologie de réduction de la pollution s'est considérablement améliorée en 30 ans. Quand la population pense aux incinérateurs, elle se dit que ça va recracher des particules de matière dans l'atmosphère, de la fumée, et qu'on peut très bien s'en passer. Or, de nos jours, il existe de bonnes technologies abordables. C'est tout un travail de conviction qu'il va falloir faire. Il va falloir faire appel à énormément de joueurs.
Le sénateur Neufeld : Une dernière chose, vous n'avez jamais parlé de la UNBC. Pourquoi? La UNBC fait beaucoup sur le plan bioénergétique, mais j'ai peut-être raté quelque chose. Si c'est le cas, vous m'en voyez désolé.
M. Weedon : Je connais très bien la UNBC. En fait, nous avons appuyé certaines de ses activités à Prince George et sommes en relation avec elle. Nous n'avons pas encore investi dans un projet physique à la UBC, mais nous avons investi dans d'autres mécanismes de soutien et nous collaborons avec cette université.
Le sénateur Neufeld : Bien.
Le sénateur Banks : Quand nous sommes allés au Yukon, en compagnie du sénateur Lang, nous avons vu ce qui a été pour nous, je pense, sauf pour le sénateur Lang, une chose que nous n'avions jamais vue auparavant, je veux parler de l'utilisation grand public de granules de bois, pour chauffer les maisons.
Le président : C'était à Halifax. Je n'ai jamais été au Yukon.
Le sénateur Banks : Ah bon, vous n'étiez pas avec nous alors. Quand nous étions là-bas, nous avons vu pour la première fois que Monsieur et Madame Tout-le-monde peuvent chauffer leur résidence avec des petits granules de bois. C'est bien cela. Je n'avais jamais rien vu de tel avant. C'est quoi, la torréfaction? On nous l'a peut-être expliquée sur place à l'époque, mais je ne m'en souviens pas. Comment transformez-vous le bois pour lui donner toutes les qualités que vous nous avez décrites?
M. Weedon : La torréfaction consiste à — il y a une trentaine de façons de s'y prendre, mais essentiellement, on porte la matière à une température de 200 à 300 degrés Celsius en anaérobie. Il se produit alors un triple fractionnement. On obtient de la lignane, de la cellulose et de l'hémicellulose. L'hémicellulose se transforme en gaz qui peut à son tour servir de source de chaleur pour faire monter la température.
Le sénateur Banks : On pourrait dire que c'est de l'énergie captée instantanément.
M. Weedon : Effectivement, et c'est ce gaz qui sert à alimenter le dispositif, à en augmenter la température pour carboniser le bois. La torréfaction peut être légère ou importante. C'est comme pour le café. La technologie la plus prometteuse est celle qui correspond à une torréfaction légère. Elle transforme le bois en une sorte de matière plastique qui devient hydrophobique et qu'on peut alors expédier comme le charbon. C'est un produit foncé qui perd un peu de sa valeur énergétique parce qu'une partie de l'énergie a servi à sa transformation.
D'un autre côté, l'industrie pétrolière n'exploite pas directement les hydrocarbures extraits du sol. Il faut les transformer pour en accroître la densité énergétique et les rendre utilisables. Nous devons faire la même chose.
Le sénateur Banks : Eh bien, c'est certainement mieux que de brûler du bois.
Parlons de matière cellulosique, Iogen est une autre société dans laquelle le gouvernement fédéral a investi énormément d'argent. Je pense qu'on ne considère plus que l'éthanol est la panacée universelle, mais tant qu'à faire de l'éthanol, ne pensez-vous pas qu'il faudrait qu'il soit à base de cellulose?
M. Weedon : Je dirais que tout commencera par là, mais une province qui n'a pas de ressources ligneuses, mais qui a des ressources agricoles, pourrait peut-être utiliser des résidus agricoles.
Le sénateur Banks : C'est déjà le cas, avec la paille qui reste après la moisson.
M. Weedon : C'est un résidu fantastique. Il faut ensuite se poser la question de la rentabilité, du coût de collecte de la matière et de sa transformation.
J'ai lu un rapport d'étude récent émanant du Minnesota. Il portait sur l'utilisation de la canne de maïs, de l'enveloppe fibreuse.
Le sénateur Banks : L'enveloppe fibreuse qui est cellulosique.
M. Weedon : Effectivement, et cette matière est torréfiée. Tout ce que je dis, c'est qu'il existe une autre solution. Votre question portait sur l'éthanol.
Le sénateur Banks : Oui.
M. Weedon : Je crois que les résidus agricoles constitueront une solution, mais on passera d'abord par d'autres applications et par d'autres sources de biomasse.
Le sénateur Banks : Oui et vous avez raison au sujet de la distance par rapport aux sources d'approvisionnement. Pour une usine de production d'éthanol on peut très bien avoir déterminé qu'il n'est pas économique de s'approvisionner au-delà d'un rayon de 60 ou 100 kilomètres; je pense que c'était dans ces eaux-là.
Vous dites que vous allez continuer de réaliser d'importants investissements et que vous allez adresser une demande formelle au gouvernement provincial pour recevoir une rallonge de 25 millions de dollars. Je suppose que vos investissements seront conditionnels à l'obtention de cette rallonge.
M. Weedon : Eh bien, nous avons reçu les 25 millions de dollars et notre conseil nous a demandé de produire un plan d'investissement sur quatre à six ans, et c'est ce que nous allons faire.
Si la province ou le gouvernement fédéral désire poursuivre ce type d'activité, il faudra la financer. Tout ce que nous disons, c'est que si les gens aiment ce que nous faisons, ils doivent nous appuyer avant que nous arrivions à bout de souffle et que nous renoncions au modèle que nous avons conçu.
Le sénateur Banks : Vous venez juste de formuler la plus courtoise requête que j'ai jamais entendue, et le gouvernement fédéral se fait un plaisir d'injecter des fonds de contrepartie en aval des engagements provinciaux.
Merci beaucoup pour cette invitation, monsieur Weedon.
Le sénateur Brown : Je suis d'accord avec les expériences que vous faites et avec l'idée qu'elles vont changer les choses. Les membres du comité ont visité une installation juste en dehors d'Ottawa. Celle-ci exploite une forme de pyrolyse. On amorce le processus de chauffe à l'aide d'un brûleur au propane jusqu'à ce qu'on atteigne 500 degrés Celsius. Tous les plastiques et tous les papiers brûlés se transforment en gaz méthane. Puis, on carbonise tout ce que les gens peuvent jeter à la poubelle, comme des machines à laver et des barbecues, ou de vieilles laveuses et de vieux réfrigérateurs qui sont d'abord réduits en petits morceaux avant d'être passés dans le four qui, si je me souviens bien, a alors atteint plus de mille degrés. Tout ça est vaporisé sur place. Le produit obtenu entre dans la composition du pavage et d'autres dérivés. Ce qui n'est pas calciné est tout de même utile, parce que ça se retrouve sous la forme de soufre entrant dans la composition des engrais. Il ne reste plus qu'une petite bouteille représentant à peu près la moitié de ce verre, remplie de particules provenant de toutes sortes de piles qui sont mises au rebut, que ce soit les piles de téléphones cellulaires ou autres. Donc, ça marche très bien.
Ce que je veux dire, c'est qu'il n'est peut-être pas possible de faire du forcing, mais on peut toujours se servir de ce genre de projets pour montrer ce qui se fait et amener les gens à y croire. C'est ce que nous avons fait en Alberta avec, je pense, l'installation de Red Deer qui est en cours de construction et qui, à moins que je ne me trompe, est destinée à être un projet de démonstration. La dernière fois que j'ai parlé avec le type qui vend ce genre d'installations, il m'a dit qu'elle était en démarrage.
Et puis, il y a aussi l'éthanol qui a fait un tabac à un moment donné en Amérique avec tous les maïsiculteurs qui se sont tournés vers l'éthanol comme débouché. Ils ont fait une erreur, cependant, en se disant qu'il suffisait d'ajouter 2 ou 3 p. 100 d'éthanol à l'essence pour parler de carburant à l'éthanol. C'était assez imaginatif. On se contentait d'ajouter un gallon d'éthanol à 500 gallons d'essence. Puis, des gens ont commencé à se dire qu'on utilisait des produits alimentaires et le mot s'est répandu comme une traînée de poudre au point qu'on s'est peu à peu détourné de cette formule.
Et puis, il y a aussi le cas de Red Deer où des agriculteurs vendaient tous leurs résidus à l'installation de transformation. Quand on fait ça et qu'on ne laisse rien au sol, on se retrouve avec une terre semi-désertique, si bien qu'il a fallu cesser cette pratique aussi. Désormais, l'installation s'approvisionne en véritables déchets.
Tout ce que je veux dire, c'est : ne pourrait-on pas d'abord commencer par des expériences pour montrer que ça fonctionne, avant d'améliorer les systèmes et, éventuellement, de faire le forcing? Je veux savoir comment on pourrait s'y prendre pour forcer ce genre de développement. Quant à moi, je ne pense pas que cela fonctionne.
M. Weedon : Il y a deux solutions et il faudra peut-être recourir aux deux. En général, le milieu des affaires s'intéresse aux résultats nets, aux dividendes et aux bénéfices pouvant être distribués aux actionnaires; c'est la mission de toute entreprise privée. Cela étant, les sociétés ne sont pas dénuées de conscience ou, plus précisément, certaines d'entre elles ont une conscience. Quand il faut effectuer un changement rapide, il peut être nécessaire de s'appuyer sur un régime réglementaire.
Le sénateur Brown : Je ne vais pas polémiquer avec vous. Tout ce que je constate, c'est que les fabricants de voitures ont amélioré la consommation de leurs véhicules de 50 p. 100 en trois ans. On le constate partout en Amérique du Nord et en Europe avec des consommations qui étaient inimaginables il y a à peine trois ans. Je ne sais pas si quelqu'un les a contraints à effectuer ce changement, mais il est certain qu'ils ont senti le vent tourner.
Le président : Merci beaucoup pour ces propos fascinants. Votre enthousiasme et votre détermination font plaisir à voir. Vous nous avez tous inspirés.
Chers collègues, nous arrivons au terme de neuf heures d'audience entièrement consacrées à un sujet que nous avons à cœur. Je tiens à vous remercier pour votre attention.
Je tiens surtout à remercier personnellement le sénateur Neufeld, qui a été jusqu'ici — et beaucoup plus que n'importe lequel d'entre nous — un moteur de progrès dans cette province. Merci, aussi, parce qu'il nous a animés et influencés et qu'il a ainsi permis de vivre une journée bien remplie et fort utile pour le comité.
Je veux également remercier le personnel, les interprètes, les sténographes et tous les autres, surtout notre greffière, Lynn Gordon. Ce fut un tour de force.
(La séance est levée.)