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ENEV - Comité permanent

Énergie, environnement et ressources naturelles

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles

Fascicule 17 - Témoignages du 13 mars 2012


OTTAWA, le mardi 13 mars 2012

Le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd'hui, à 18 h 4, pour étudier l'état actuel et futur du secteur de l'énergie du Canada (y compris les énergies de remplacement).

Le sénateur W. David Angus (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Bonsoir, chers collègues, mesdames et messieurs les internautes sur le Web et les téléspectateurs du réseau CPAC, ainsi que, de façon générale, toutes les personnes qui consultent le site web consacré à cette étude particulière. La présente est une séance du Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles.

Ce soir, nous aurons le privilège de nous entretenir par vidéoconférence avec l'honorable Brad Cathers, MAL et ministre de l'Énergie, des Mines et des Ressources du Yukon, ainsi que son sous-ministre, Greg J. Komaromi.

Bienvenue à vous deux. Je suis désolé de commencer la séance avec quelques minutes de retard, mais nous sommes tous ici, au centre d'Ottawa, pour essayer de sauver la nation. L'aide que vous nous fournirez sera grandement appréciée.

Nous poursuivons notre étude, qui en est presque à sa troisième année, sur le thème de l'élaboration d'une stratégie ou d'un cadre de travail énergétique, dans le cadre de laquelle nous essayons de tracer la voie stratégique pour l'avenir en ce qui concerne les divers réseaux énergétiques des provinces et des territoires qui font partie de notre fédération.

Nous sommes conscients du fait que l'énergie et les ressources naturelles relèvent de la compétence des provinces et non de celle d'Ottawa, mais le gouvernement fédéral peut jouer un rôle dans de nombreux domaines, dont certains vous intéressent, messieurs, j'en suis certain. Nous réalisons cette étude pour essayer de faire prendre conscience aux Canadiens des ressources merveilleuses que nous avons dans notre pays. Le degré de littératie énergétique des Canadiens, aussi bien les jeunes que les vieux, n'est peut-être pas aussi élevé qu'il devrait l'être. La grande majorité des Canadiens ne savent pas pourquoi il y a de la lumière lorsque l'on allume l'interrupteur. Nous essayons, par ce dialogue que nous avons lancé, d'accroître la littératie énergétique. Cela a des effets, puisque nous savons que 18 ou 19 autres groupes, environ, réalisent maintenant des études semblables d'un bout à l'autre du pays. Il y a six à huit semaines, environ, le National Post a lui-même annoncé : « Nous tenons un dialogue sur l'énergie avec les Canadiens. » J'ai dit à ces gens qu'ils accusaient un retard d'environ trois ans. Il est intéressant de voir que ce sujet suscite maintenant l'attention de nos médias et des Canadiens dans leur ensemble. C'est un sujet très important.

Nous avons entendu des témoins de partout au pays. Nous nous sommes rendus dans toutes les provinces. Notre étude tire à sa fin, et nous avons réalisé que nous ne nous étions pas rendus dans le Nord. Le sénateur Dan Lang siège à notre comité, et il nous a dit qu'il avait hâte de vous rencontrer ce soir. Il n'a pas assez souvent l'occasion de rentrer chez lui et de parler aux intervenants là-bas. Il est un membre actif de notre comité et du Sénat, et je vous assure qu'il représente habilement les intérêts du Yukon depuis son arrivée au Sénat.

Nous avons reçu certains de vos collègues des Territoires du Nord-Ouest et nous comptons parmi nous un sénateur de ce territoire, qui n'est pas présent pour l'instant, à savoir le sénateur Sibbeston. Nous avons demandé à divers représentants des territoires de nous faire part de leur point de vue pour le compte rendu.

L'objectif de l'exercice de ce soir est de vous permettre de nous dire comment vous voyez les choses. Le matériel que vous nous avez fourni nous a beaucoup plu. Nous avons un document orange intitulé Stratégie énergétique du Yukon. Nous savons que votre territoire compte d'innombrables ressources et, quoi qu'il arrive à l'avenir, nous espérons qu'une série de réseaux énergétiques beaucoup plus efficaces et durables découlera d'une collaboration entre les provinces et les territoires, d'une part, et le gouvernement fédéral, d'autre part. L'objectif ultime est d'accroître la prospérité de toutes les régions du Canada grâce à ces ressources d'une grande richesse.

Jusqu'à ce jour, notre étude nous a permis de constater que le Canada est pratiquement un géant de l'énergie et que nous avons de quoi être fiers. Il y a eu trop de récriminations dernièrement, et il est grand temps que nous criions haut et fort que le Canada est un grand pays, mais, parfois, le message ne passe pas.

Cela dit, messieurs, bienvenus. Je crois que le ministre Cathers parlera en premier. Votre sous-ministre est là pour vous aider à répondre à nos questions mordantes et pointues.

L'honorable Brad Cathers, MAL, ministre de l'Énergie, des Mines et des Ressources, gouvernement du Yukon : Merci de vos mots de bienvenue et merci de l'occasion de comparaître devant le comité grâce au miracle de la technologie moderne. Je n'ai pas d'image de ce qui se passe là-bas, alors si vous faites des gestes ou des mouvements de votre côté, je ne vous verrai pas. Toutefois, vous devriez être capable de me voir.

Je m'appelle Brad Cathers et je suis ministre de l'Énergie, des Mines et des Ressources, ministre responsable de la Société d'énergie du Yukon et de la Société de développement du Yukon, et leader parlementaire du gouvernement yukonais.

Le président : Pardonnez-moi un instant. Avez-vous dit que vous ne nous voyez pas?

M. Cathers : Je ne vous vois pas, mais cela n'a pas d'importance, à condition que vous puissiez m'interrompre, au besoin. Si vous me voyez bien, je ne vois aucun inconvénient à continuer.

Le président : Nous avons tenu un certain nombre de téléconférences. Je me demande si ce problème peut être réglé. Est-ce que le problème est de votre côté? Le savez-vous?

M. Cathers : Je ne le sais pas et, en toute franchise, compte tenu du temps — je sais que vous êtes tous très occupés — je ne pense pas que nous devons nous inquiéter du fait que nous n'avons pas d'image de notre côté.

Le président : Comme vous ne vous voyez pas, je vais vous présenter les membres du Comité de l'énergie et des ressources naturelles, dont je suis le président. Je suis le sénateur David Angus, du Québec, et le sénateur Grant Mitchell, de l'Alberta, est le vice-président. Il est juste à côté de moi.

Nous avons également le sénateur Rob Peterson, de la Saskatchewan; le sénateur Richard Neufeld, de la Colombie- Britannique, qui est un ancien ministre, il y a le sénateur Judith Seidman, du Québec, le sénateur John Wallace, du Nouveau-Brunswick, le sénateur Daniel Lang de Whitehorse, et le sénateur Bert Brown, de l'Alberta.

Le comité compte d'autres sénateurs qui pourraient arriver plus tard. Vous ne les verrez pas arriver, mais je mentionnerai leur nom à mesure qu'ils entreront dans la salle.

Notre greffière à temps plein est absente. C'est Mme Shaila Anwar qui agit à titre de greffière pour nous ce soir et elle est en train d'essayer de régler la situation avec nos techniciens. Nous avons une représentante de la Bibliothèque du Parlement qui travaille pour nous en tant que recherchiste et analyste. Elle s'appelle Sam Banks.

Voilà. Je suis désolé de l'interruption. Je suis d'accord avec vous; il est préférable de continuer malgré l'absence d'image. Allez-y.

M. Cathers : Merci beaucoup.

Bonjour à tous les membres que j'ai déjà rencontrés. Pour ce qui est des autres, j'espère avoir l'occasion de vous rencontrer en personne bientôt. J'aimerais également commencer en remerciant particulièrement le sénateur Lang d'avoir aidé à préparer notre participation à la séance d'aujourd'hui.

J'aimerais commencer par vous donner un aperçu de la situation au Yukon, et vous exposer les possibilités qui se présentent à nous et les défis que nous avons à relever, ainsi que notre vision à ce chapitre. Ensuite, nous serons heureux, mon sous-ministre et moi, de répondre à toutes vos questions.

L'expression qui me vient en tête pour décrire notre situation actuelle au Yukon serait « gérer la réussite ». Depuis 2002, la croissance économique et démographique du Yukon a été spectaculaire, et il s'agit d'une situation enviable, certes, particulièrement compte tenu des défis qui se présentent dans le reste du monde. Les régions qui ont connu une croissance économique au cours des dernières années sont peu nombreuses, comme vous le savez, mesdames et messieurs les sénateurs. C'est pourquoi nous devons gérer notre réussite. Il y a des défis qui découlent de cette croissance économique, mais, bien sûr, cette dernière crée également nombre de possibilités.

J'aimerais vous dresser un tableau général du Yukon, avec données et chiffres à l'appui. Le Yukon doit sa réussite économique actuelle principalement à l'essor fulgurant que connaît le secteur minier dans le territoire, aussi bien sur le plan de l'exploration que de l'exploitation, ainsi qu'à l'ouverture de nouvelles mines. Depuis 2007, trois mines en roche dure sont en exploitation au Yukon et elles emploient directement plus de 600 personnes. On estime à près de 600 millions de dollars la production minérale de ces trois mines en 2011. Cependant, il y a plus ou moins neuf ans, nous n'avions aucune mine en roche dure en exploitation. Les répercussions importantes de ces entreprises sur notre réussite économique sont donc évidentes.

À ces trois mines déjà en activité s'ajoutent quatre mines engagées dans un processus d'obtention de permis. Ensemble, ces mines pourraient créer jusqu'à 1 000 nouveaux emplois, ce qui aurait des retombées économiques avantageuses pour les résidents et les entreprises du Yukon et, bien sûr, favoriserait la création d'emplois dans d'autres domaines.

Du côté de l'exploration, plus de 300 millions de dollars ont été dépensés au Yukon en 2011, ce qui constitue un record, et les activités d'exploration ont entraîné la création directe de plus de 1 200 emplois, et de quantité d'autres emplois de façon indirecte.

Le gain de population qu'a enregistré le Yukon de 2006 à 2011, soit 11,6 p. 100, était le plus élevé au Canada. En 2011, la population du territoire a atteint 35 818 habitants, ce qui bat tous les records enregistrés. C'est à Whitehorse que la croissance a été la plus forte, puisqu'elle représentait 80 p. 100 de la croissance globale. La demande de logements et de lots dans le secteur résidentiel n'a pas cessé de s`intensifier en conséquence, surtout à Whitehorse. Cette prospérité est une bonne chose pour notre économie, mais elle fait aussi surgir certains défis.

La croissance qu'enregistre le secteur minier, tant en quantité qu'en intensité, et l'expansion que connaissent les secteurs résidentiel et industriel exercent une pression accrue sur nos sources d'approvisionnement énergétique. En particulier, tout indique que la demande d'électricité va continuer de s'intensifier.

Jusqu'à la fin des années 1980, la majorité des installations de production d'électricité au Yukon appartenaient à la Commission d'énergie du Nord canadien, un organisme du gouvernement fédéral. En 1987, la commission a cédé ses installations à la Société d'énergie du Yukon, une société publique de production d'électricité indépendante du gouvernement du Yukon.

Le Yukon n'est pas relié au réseau électrique du sud du pays. La Société d'énergie du Yukon est le principal producteur et transporteur d'électricité au Yukon et s'emploie de concert avec sa société mère, la Société de développement du Yukon, à fournir aux Yukonais un approvisionnement en électricité.

L'autre société de distribution d'électricité est la Yukon Electrical Company Limited, qui appartient à ATCO.

La capacité de production de la Société d'énergie du Yukon est de 125 mégawatts, et celle de la Yukon Electrical Company Limited, de 16 mégawatts environ. Les centrales hydroélectriques produisent 85 mégawatts; le reste, soit 39 mégawatts, est produit par des génératrices diesel, et 0,8 mégawatt, par deux éoliennes.

Pour ce qui est de notre nouveau complexe hydroélectrique, Mayo B, les travaux ont été achevés à la fin de 2011. Je m'en voudrais de ne pas profiter de l'occasion qui m'est donnée ici pour remercier officiellement, au nom du gouvernement du Yukon, le premier ministre Harper, le gouvernement du Canada et les ministres qui ont joué un rôle dans ce projet d'avoir aidé à réaliser cette vision et d'avoir investi 71 millions de dollars dans ce projet.

Outre le financement du gouvernement fédéral, le projet Mayo B a été rendu possible grâce aux contributions du gouvernement du Yukon et de la Première nation des Nacho Nyak Dun.

Cette initiative consistait à construire une deuxième centrale à environ trois kilomètres en aval de celle qui existait déjà. On a ainsi presque triplé la quantité d'énergie produite grâce à la rivière.

Le complexe Mayo B est devenu une composante fonctionnelle du système de transmission d'électricité yukonais à la fin de 2011. Cependant, malgré cet accroissement de notre capacité de production, compte tenu de la croissance du secteur résidentiel et l'augmentation du nombre de consommateurs d'électricité, nous prévoyons que, d'ici deux ans, nous pourrons utiliser pleinement notre capacité énergétique sans dépendre de manière importante du diesel.

La population du Yukon est peu nombreuse, et le territoire n'est pas relié, comme je l'ai mentionné, au réseau nord- américain, mais notre potentiel de production minérale est énorme, et nous ne pouvons pas le réaliser sans investissements importants dans l'infrastructure. La plupart d'entre vous savent déjà que les gouvernements, et plus particulièrement le gouvernement fédéral, peuvent jouer un rôle important dans les activités de construction d'une nation et dans le renforcement de ce potentiel.

À la lumière des investissements de centaines de millions de dollars visant l'exploitation de gisements d'or, de cuivre, de zinc et de tungstène, l'importance d'accroître l'approvisionnement énergétique du Yukon est de plus en plus évidente.

Pour que le Canada puisse tirer profit des possibilités économiques qu'offre le Yukon, il est capital que le gouvernement du Canada joue un rôle de partenaire central dans des projets comme celui du complexe hydroélectrique Mayo B. Cela permettra d'exploiter des possibilités que le gouvernement du Yukon, à lui seul, ne pourrait pas mettre à profit compte tenu de ses ressources limitées, de sa population peu nombreuse et de ses petits budgets.

Le gouvernement du Yukon espère que le gouvernement du Canada continuera de reconnaître l'importance nationale de la croissance économique des territoires et qu'il se montrera prêt à continuer à établir des partenariats pour l'amélioration des infrastructures énergétiques et de transport essentielles.

Même si le Yukon est optimiste en ce qui concerne les possibilités et les avancées futures, il fait de son mieux pour relever les défis économiques et environnementaux que pose son infrastructure énergétique actuelle. J'aimerais attirer votre attention sur les 39 mégawatts produits par les génératrices diesel étant donné que la réduction de cet apport énergétique est l'une des cibles de la Stratégie énergétique du Yukon et de notre stratégie sur le changement climatique.

Pendant la majeure partie de l'année, le Yukon utilise l'énergie hydroélectrique pour produire son électricité, outre une petite fraction produite par l'énergie éolienne. Durant les mois de l'hiver, nous devons en plus utiliser des génératrices diesel pour répondre à la demande. Comme je l'ai mentionné, compte tenu de l'accroissement de la demande d'énergie, nous prévoyons que, d'ici quelques années, nous devrons utiliser le diesel comme source d'énergie de base pendant une plus grande partie de l'année.

La Société d'énergie du Yukon a 19 génératrices fonctionnant au diesel : huit à Whitehorse, deux à Mayo, six à Dawson et trois à Faro. Pour des raisons financières et environnementales, nous préférerions ne pas utiliser de diesel. Nous cherchons diverses options qui nous permettraient de répondre à la demande croissante d'électricité grâce à des sources d'énergie propre et de réduire au minimum ou d'éliminer notre consommation de diesel.

Notre stratégie énergétique oriente nos efforts en matière de conservation de l'énergie et d'efficacité énergétique. Je crois que je vous en ai remis des exemplaires. La stratégie a été adoptée en 2009 et présente la vision globale du gouvernement du Yukon en ce qui a trait à la satisfaction des besoins énergétiques des résidents, de l'économie et des collectivités du Yukon.

Le président : Vous avez peut-être déjà répondu à la question, mais à combien s'élève votre population totale? Vous avez mentionné qu'il s'agit d'une population peu nombreuse, qui n'est pas reliée à l'autre réseau. Combien d'habitants compte le Yukon?

M. Cathers : Un peu plus de 35 000 personnes.

Le président : On nous a dit, je crois, que la population des Territoires du Nord-Ouest est de 43 000 habitants. Vous avez plus ou moins la même population, à quelque 10 000 habitants près.

M. Cathers : Grosso modo. Toutefois, l'étendue du Yukon est beaucoup moins vaste que celle des Territoires du Nord-Ouest. Notre réseau routier est beaucoup plus développé, et notre population est beaucoup plus concentrée autour de notre capitale que ne l'est celle des Territoires du Nord-Ouest. Les possibilités qui se présentent à nous et les défis que nous avons à relever sont donc très différents. Ils sont comparables à ceux des autres territoires, tout en étant distincts.

Le sénateur Lang : Si vous le permettez, j'aimerais ajouter à ce que le ministre a dit. En ce qui concerne la population, il est important de souligner qu'il y a un accroissement important durant les mois de l'été — cinq ou six mois par année — en raison des industries minières, touristiques et de la prospection. Il y a probablement environ 10 000 personnes qui travaillent au Yukon durant les mois de l'été, puis qui repartent.

M. Cathers : Merci, sénateur Lang.

J'aimerais mentionner une autre chose au sujet de la croissance économique du Yukon. En 2003, la population du Yukon était d'environ 28 500 personnes. Un accroissement important de la population a donc accompagné notre croissance économique récente, surtout dans l'industrie minière. D'autres secteurs de notre économie ont affiché une croissance qui, dans certains cas, était liée à l'accroissement dans le secteur minier. L'industrie touristique en est un exemple.

Si j'ai répondu à votre question, j'aimerais simplement poursuivre en mentionnant que le gouvernement du Yukon est partisan d'un virage privilégiant les sources d'énergie moins polluantes et renouvelables qui peuvent remplacer les combustibles fossiles, être produites localement et réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Dans cette optique, nous appuyons divers projets de production d'énergie renouvelable dans les collectivités qui ne sont pas reliées au réseau électrique et qui sont donc actuellement alimentées par des génératrices diesel. Les options que nous envisageons comprennent le vent, l'eau, l'énergie solaire, le bois ou l'énergie géothermique. Le gaz naturel liquéfié est une autre option qui n'a pas encore été utilisée au Yukon, mais qui semble être le choix logique pour répondre à certains des besoins futurs du territoire sur le plan énergétique en raison du temps et de l'argent nécessaires à la mise en œuvre de grands projets hydroélectriques, et du fait que le gaz naturel liquéfié est une source plus propre et moins onéreuse que les génératrices diesel dont nous dépendons actuellement.

Les investissements dans le domaine de l'énergie renouvelable contribuent par surcroît à mettre le secteur énergétique du Yukon à l'abri des fluctuations de prix des combustibles fossiles. Ils visent également à réduire les émissions de gaz à effet de serre associées aux génératrices diesel.

Bien que le territoire possède des réserves de pétrole et de gaz, nous dépendons entièrement de produits importés pour combler nos besoins en hydrocarbures. La quantité limitée de gaz naturel que nous produisons dans le sud-est du Yukon est expédiée en Colombie-Britannique.

Même si nous préférons exploiter des sources d'énergie renouvelable, l'utilisation du gaz naturel liquéfié pour la production d'électricité semble constituer, comme je l'ai mentionné, la prochaine étape pour répondre aux besoins du Yukon en matière d'électricité.

En conclusion, j'ai quelques commentaires à ajouter au sujet des possibilités énergétiques qu'offre le Yukon. Nous visons à adopter une approche équilibrée et proactive du développement et de la gestion de l'énergie, et nous sommes reconnaissants du fait que le gouvernement du Canada nous a fourni un soutien continu et a toujours reconnu les défis uniques que pose l'infrastructure énergétique dans le Nord. Nous espérons continuer de travailler en partenariat avec lui pour assurer la croissance économique du Yukon.

Je dois également souligner que le Yukon fait environ 483 000 kilomètres carrés, ce qui représente plus ou moins 4,3 p. 100 de l'étendue du Canada, et que sa population s'élève à un peu plus de 35 000 habitants.

Cela conclut ma déclaration préliminaire qui visait à vous donner un aperçu de la situation énergétique du Yukon. Je serai heureux de répondre à toutes vos questions.

Le président : Merci beaucoup, monsieur le ministre. Pour vous montrer combien nous sommes aimables et gentils, nous allons permettre au sénateur Lang de poser les premières questions.

Le sénateur Lang : Merci beaucoup, monsieur le président.

J'aimerais souhaiter la bienvenue au ministre et au sous-ministre. Je voulais vous dire que je suis très heureux de vous voir ici ce soir. Nous avons accueilli des représentants des Territoires du Nord-Ouest la semaine dernière. Je crois qu'il est très important que les points de vue du Nord sur l'avenir soient entendus, particulièrement par notre comité. J'aimerais me faire l'écho de vos commentaires sur la « gestion de la réussite » au Yukon.

Au Yukon, nous sommes très chanceux d'être témoins de ce qui se passe et de la croissance au sein de la communauté minière, ainsi que dans les autres secteurs de l'économie. Cela nous amène à la situation actuelle. Peut- être pourriez-vous commenter ce qui suit. Je crois que toute l'énergie renouvelable que nous produisons est réservée à des acheteurs et, comme vous l'avez mentionné, je pense, nous allons devoir commencer à utiliser du carburant diesel comme source d'énergie d'appoint et, dans certain cas, plus généralement pour l'expansion en raison de l'accroissement de la population et de la communauté minière.

L'une des choses qui préoccupent beaucoup les membres du comité est la définition du rôle que jouera le gouvernement fédéral à l'égard des territoires et des provinces et du rôle que nous jouons conjointement avec les représentants des régions, comme vous-même. Peut-être pourriez-vous nous donner plus de détails sur la relation fédérale-territoriale et la manière dont vous concevez votre travail en collaboration avec les divers ministères du gouvernement et le gouvernement, dans son ensemble, pour composer avec la pression qu'on vous fait subir, compte tenu de la population peu nombreuse du Yukon. Il y aura un accroissement important des activités minières. Si les quatre projets dont vous avez parlé sont menés à bonne fin, cela représentera des droits d'exploitation importants pour le gouvernement du Canada. Peut-être pourriez- vous nous donner un peu plus de détails là-dessus.

M. Cathers : Merci, sénateur Lang. Oui. C'est tout à fait exact; nous en sommes arrivés à l'étape où la production d'électricité renouvelable du Yukon, qui est principalement une production hydroélectrique, a presque atteint sa capacité maximale. Nous avons actuellement de l'hydroélectricité excédentaire; toutefois, durant les périodes de pointe, qui surviennent régulièrement au cours de l'année, nous devons utiliser des génératrices diesel, et nous dépendons de plus en plus de cette source d'énergie durant les mois de l'hiver.

Pour le gouvernement fédéral, les investissements dans l'infrastructure énergétique comportent de nombreux avantages, non seulement sur le plan de la construction de la nation, mais également sous forme de recettes provenant de l'exploitation des ressources que constituent les impôts versés au gouvernement du Canada, et, bien sûr, sous la forme d'une réduction de la dépendance des territoires à l'égard des transferts gouvernementaux visant à répondre à leurs besoins. Cet accroissement des recettes en provenance du territoire même réduit la dépendance à l'égard des paiements de transferts fédéraux.

Compte tenu des possibilités dans ces domaines, particulièrement au sein du secteur minier, il y a des cas où la disponibilité ou le manque d'approvisionnement énergique et d'une infrastructure de transport peut constituer un facteur décisif relatif à la possibilité d'exploiter une mine, en raison des coûts de ces infrastructures. Dans certains cas, les projets d'exploration avancée donnent lieu à des possibilités de projets multiples qui peuvent, en fait, se concrétiser si l'on investit dans le transport, la production énergétique et les installations de transmission. C'est ça, la situation, en général. Voulez- vous ajouter quelque chose?

Greg J. Komaromi, sous-ministre, ministère de l'Énergie, des Mines et des Ressources, gouvernement du Yukon : Je peux peut-être fournir un exemple de la relation existante entre le Yukon et le Canada, des avantages économiques que présentent pour le pays certaines choses qui se passent au Yukon. Le Projet casino, par exemple, est une initiative très importante de Western Copper and Gold, au nord-est de Whitehorse, qui en est actuellement à l'étape de l'analyse de la faisabilité financière. Le promoteur de ce projet a réalisé la composante socioéconomique de ce travail d'analyse de manière à quantifier certains des avantages qui découleraient d'un projet comme celui-là.

Pour vous donner une idée, le coût des immobilisations liées au Projet Casino s'élève à un peu plus de 2 milliards de dollars, et, selon les estimations du promoteur, le projet pourrait ajouter 9,8 milliards de dollars au PIB du Canada; créer 54 000 emplois canadiens dans divers programmes; générer des traitements et salaires de 2,8 milliards de dollars au Yukon et dans le reste du pays, et des impôts de 2,8 milliards de dollars pour les gouvernements fédéral, provinciaux et autres. Il y a une corrélation très forte entre les possibilités qui s'offrent au Yukon, et les avantages pour le territoire et le gouvernement fédéral. Toutefois, pour tirer profit de ces possibilités, il faut des partenariats créatifs qui permettront de mettre en place l'infrastructure nécessaire.

M. Cathers : J'aimerais ajouter quelque chose à cela. Comme une grande partie du comité, voire tout le comité, le sait, le visage du secteur des ressources canadien a changé au cours des dernières décennies. Auparavant, tous les employés d'une mine vivaient généralement dans la ville minière. Pour ce qui est des mines en roche dure actuelles, une partie de l'effectif est local, tandis que le reste arrive par avion d'autres régions du pays, où il paie ses impôts. Une croissance économique plus poussée ne ferait qu'amplifier ce phénomène. Nous prévoyons un accroissement de la population du Yukon ainsi qu'un accroissement du nombre de travailleurs venant d'autres régions du pays en raison de la nature de plus en plus flexible de ce secteur de l'économie.

Le président : Monsieur le ministre, si j'ai bien compris, vous n'étiez disponible que pour une heure; est-ce exact? Je vous le demande parce que j'ai toute une liste d'intervenants, et je suis certain que le sénateur Lang ne veut pas accaparer tout le temps consacré aux questions.

M. Cathers : Selon mon agenda, j'ai une heure et demie. Je peux donc donner tout ce temps au comité s'il le souhaite.

Le président : C'est très généreux de votre part, monsieur le ministre. Nous allons laisser le sénateur Lang continuer encore un peu dans ce cas.

Le sénateur Lang : Merci beaucoup, monsieur le président.

Je voudrais continuer à examiner les options qui se présenteront au Yukon pour l'avenir sur le plan de l'approvisionnement énergétique nécessaire pour la mise en œuvre de ces projets énormes qui se profilent à l'horizon.

Peut-être pourriez-vous nous en dire un peu plus sur les deux possibilités qui s'offrent à vous; d'abord, le gaz naturel : où l'obtiendriez-vous au Yukon et combien de temps cela prendra-t-il? Et ensuite, la possibilité de vous relier au réseau de la Colombie-Britannique. Cela est-il praticable, et où en êtes-vous en ce qui concerne cette possibilité et l'approvisionnement énergétique?

M. Cathers : Pour ce qui est des possibilités relatives au secteur pétrolier et gazier, il y a de plus en plus de travaux en cours dans le Nord du Yukon, aux alentours de la région d'Eagle Plains. Il s'agit d'un exemple des avantages à long terme des investissements dans la construction de la nation. Ce projet est adjacent à la route de Dempster, qui, vous vous en souviendrez, était une initiative du premier ministre Diefenbaker. Elle a donné lieu à de tels avantages économiques à long terme.

De nos jours, cette région se montre très prometteuse. Les travaux n'ont pas encore permis de déterminer la taille exacte des réserves pétrolières et gazières dans la région. Il s'agit principalement de gaz naturel. Les choses semblent très prometteuses. Si l'on réussit à réaliser le potentiel apparent de cette région, elle pourrait répondre à la majorité des besoins énergétiques du Yukon en fournissant un approvisionnement local de gaz naturel liquéfié. Même si on n'arrive pas à un stade avancé de ce projet, le gaz naturel liquéfié demeurera la meilleure solution à moyen terme pour accroître la capacité de notre réseau, puisque les projets hydroélectriques exigent des investissements considérables. Le gouvernement du Yukon n'a tout simplement pas les ressources nécessaires pour investir dans de grands projets hydroélectriques. Il s'agit d'un domaine dans lequel l'infrastructure bénéficierait grandement des investissements du gouvernement fédéral, lesquels créeraient beaucoup de possibilités.

En ce qui concerne votre question, sénateur Lang, sur le raccordement au réseau de la Colombie-Britannique, le gouvernement de cette province travaille effectivement à étendre son réseau vers le nord. À ce jour, l'intervalle est toujours énorme. Le site de production électrique le plus rapproché se trouve dans la région du lac Watson. Le lac Watson, lui-même, n'est pas relié à notre unique réseau existant, qui s'étend — si vous jetez un coup d'œil à la carte qui accompagne la stratégie énergétique du Yukon, laquelle est devant vous — entre Dawson, Mayo, Whitehorse et Faro. Il y a donc un vide important à combler à cet égard. Il est également question, à long terme, de l'énorme potentiel hydroélectrique du Yukon. Si nous étions reliés au réseau de la Colombie-Britannique, nous pourrions, un jour, exporter de l'énergie propre vers le sud du Canada.

Le sénateur Lang : Dans un autre ordre d'idées, peut-être pourriez-vous prendre le temps de nous donner un aperçu du processus de réglementation qui est en place au Yukon parce qu'il s'agit d'une préoccupation qui touche tout le pays. Je sais que nous avons un processus qu'un grand nombre d'autres provinces et territoires aimeraient adopter, si possible. Peut-être pourriez-vous nous parler un peu de cela.

M. Cathers : Le processus qui est en place au Yukon, comme vous le savez, se distingue de celui des autres provinces et territoires, ce qui est dû, en partie, aux accords définitifs conclus avec les Premières nations du Yukon et à la délégation du pouvoir de gestion, qui appartenait autrefois au ministère des Affaires indiennes et du Nord, aujourd'hui appelé Affaires autochtones et Développement du Nord Canada. Je crois que c'est maintenant le nom de ce ministère. Jusqu'en 2003, le régime de réglementation au Yukon relevait principalement de ce ministère. Le Yukon en a assumé la responsabilité au moment de la délégation, en 2003. Cela a beaucoup amélioré notre capacité de prendre des décisions à l'échelon local et de stimuler l'économie yukonaise.

Le processus d'évaluation auquel le sénateur Lang a fait allusion découle d'un texte de loi fédérale, à savoir la Loi sur l'évaluation environnementale et socioéconomique du Yukon. Cette loi prévoit un processus d'évaluation unique qui permet aux gouvernements et aux organismes de réglementation de fournir des commentaires sur lesquels les décideurs qui ont la compétence dans cette région peuvent fonder leurs décisions. Dans la plupart des cas, c'est le gouvernement du Yukon qui prend des décisions relatives à son territoire et à ses ressources, mais il existe des exceptions. Par exemple, le ministère des Pêches et des Océans et Transports Canada peuvent être l'organisme décisionnel dans certains cas prévus par la loi.

Même si le processus n'est pas parfait, il donne lieu à des examens beaucoup moins longs que ceux qui sont généralement réalisés dans les autres provinces et territoires. De plus, il permet une clarté beaucoup plus grande en ce qui concerne l'échéancier du processus. Le temps nécessaire à chaque étape est établi dans la loi fédérale et dans le règlement connexe. Cela fournit un avantage concurrentiel important au Yukon, qui peut attirer des investissements et des activités responsables en fournissant des renseignements plus clairs aux entreprises sur ce qu'elles devront faire pour satisfaire les organismes de réglementation et répondre aux normes appropriées relatives à la protection de l'environnement et aux besoins socioéconomiques.

Veuillez me le dire, sénateur Lang, si vous voulez que je fournisse plus de détails ou si j'ai bien répondu à la question.

Le sénateur Lang : Cette réponse me satisfait tout à fait. Je voulais tout simplement faire savoir aux autres sénateurs qu'il s'agit d'un processus de réglementation qui se distingue de celui qui est en place dans d'autres parties du pays. Comme le ministre l'a dit, ce processus a fourni une certaine certitude et une certaine clarté, et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons vu un accroissement des investissements dans le Yukon. À la lumière de notre potentiel minier, les investisseurs éventuels sont en mesure de voir que, si les choses vont bien et qu'ils respectent toutes les exigences et tous les délais établis dans le processus de réglementation, ils pourront procéder à l'extraction.

Le sénateur Mitchell : Nous sommes très heureux de vous accueillir, messieurs. Nous apprécions beaucoup votre participation. J'aimerais remercier le sénateur Lang d'avoir travaillé avec vos collaborateurs pour organiser la séance d'aujourd'hui. C'est très bien. Nous aimons bien le sénateur Lang. Ma première question est la suivante. Que pensez- vous de lui? Est-ce que c'est un bon gars?

M. Cathers : Nous sommes obligés de le penser, mais nous l'aimons bien.

Le sénateur Mitchell : Je n'aurais pas pu dire mieux.

Il y a une imposante documentation très impressionnante concernant votre plan en matière d'énergie, et une bonne partie de ce plan porte sur la coordination avec votre plan en matière de changements climatiques. J'ai deux ou trois questions là-dessus.

Pouvez-vous décrire la façon dont vous composez avec les changements climatiques et leurs répercussions? Remarquez-vous ces changements? Est-ce que vous insistez beaucoup sur les changements climatiques, et ainsi de suite? Est-ce parce que vous en constatez les répercussions et parce que vous vous rendez compte qu'il faut faire quelque chose? Par ailleurs, est-ce que les mesures d'atténuation sont une question qui se pose pour vous en matière de politiques publiques, et est-ce qu'elles ont une quelconque importance pour vous sur le plan budgétaire?

M. Cathers : En ce qui concerne les changements climatiques, surtout dans les régions les plus au nord, nous en constatons bel et bien les effets sur le pergélisol et voyons effectivement des indices de changement de température. Comme vous le savez, dans certains cas, établir une distinction précise entre ce qui constitue des fluctuations d'une année à l'autre et ce qui relève des changements climatiques n'est pas toujours tout à fait clair. Nous avons été témoins de fluctuations de température. Le climat du Yukon est fortement influencé par les courants océaniques, ce qui fait qu'il est parfois difficile, à cause d'El Niño et de La Niña, de déterminer ce qui est attribuable aux courants dans le Pacifique et ce qui relève des changements climatiques.

La réponse simple, c'est que oui, il y a des preuves des changements climatiques. Nous avons fait un but prioritaire de l'adaptation en ce qui a trait à des choses comme l'infrastructure routière affectée par la fonte du pergélisol. Les mesures d'atténuation sont également décrites dans le plan d'action du Yukon en matière de changements climatiques, et elles portent sur les objectifs comme ceux que j'ai mentionnés et qui ont trait à la réduction de notre utilisation de moyens de production d'énergie à fortes émissions de carbone, comme la production d'énergie à partir du diesel.

Le sénateur Mitchell : Vous faites remarquer que vous avez créé des mesures d'incitation dans tous les secteurs qui font la promotion de la conservation de l'énergie et de l'efficacité énergétique, et certaines de ces mesures sont assez importantes. Pouvez-vous décrire ce programme un peu pour les membres du comité, s'il vous plaît?

M. Cathers : Dans certains domaines, nous offrons le remboursement d'une partie du coût d'achat d'appareils efficaces sur le plan énergétique et encourageons ce genre de choses. Je vais laisser M. Komaromi vous en parler plus en détail.

M. Komaromi : Le gouvernement du Yukon fait un certain nombre de choses. Il y a un service que nous offrons par l'intermédiaire du ministère de l'Énergie, des Mines et des Ressources qui s'appelle le Centre de solutions énergétiques, et celui-ci offre toute une gamme de services aux familles, aux propriétaires, aux municipalités et aux entreprises du Yukon, comme les programmes de remboursement pour des choses comme les appareils ménagers à efficacité accrue. Deux ou trois fois par année, par exemple, les responsables de ce centre offrent la possibilité aux habitants du Yukon de changer leur vieux réfrigérateur ou leur vieille cuisinière et d'obtenir un rabais sur l'achat d'appareils plus efficaces.

Nous faisons plusieurs autres choses. Nous sommes en train de travailler en ce moment à une politique de facturation nette.

Certains d'entre vous qui viennent du Sud du Canada connaissez peut-être la facturation nette, mais il s'agit pour nous d'une façon d'encourager les propriétaires, les entreprises et d'autres gens à produire de l'énergie à partir de sources renouvelables pour eux-mêmes et de revendre tout surplus dans le réseau. Nous sommes en train de travailler à la mise en place de cette politique.

L'autre chose que nous faisons, et qui constitue dans une certaine mesure un changement de paradigme pour le gouvernement du Yukon, c'est que nous examinons la possibilité de mettre au point une politique concernant les producteurs d'électricité indépendants. Depuis longtemps, la production d'énergie dans le territoire relève en grande partie du gouvernement et de ses services publics. Nous envisageons maintenant l'adoption d'une politique de production d'électricité de façon indépendante qui permettrait au secteur privé et à l'industrie de faire preuve d'innovation et de créativité pour répondre à une partie de nos besoins en matière d'énergie dans l'avenir.

Le principal obstacle, c'est que, même si toutes ces options sont évidemment bonnes, elles s'assortissent d'un coût. Dans le contexte yukonais, comme le ministre l'a laissé entendre tout à l'heure, lorsqu'il n'y pas d'interconnexion entre les réseaux, il faut toujours que nous gérions tous les risques associés à la mise sur pied de nouveaux projets, qu'il s'agisse de projets d'exploitation de ressources renouvelables ou de projets d'énergie de remplacement du diesel comme les projets de gaz naturel. Nous aimerions tous utiliser des sources d'énergie renouvelables et avoir un portefeuille qui inclut les sources d'énergie renouvelables, mais il est également important de nous assurer que la chose est réaliste et abordable et que la marge de manœuvre est suffisante.

Le sénateur Mitchell : Le comité a fait un très beau voyage dans le Nord et s'est rendu au Yukon il y a un certain nombre d'années. Je pense que la plupart des membres actuels du comité n'en étaient pas encore membres alors. L'expérience a été extraordinaire pour tous ceux d'entre nous qui étaient du voyage. L'une des choses qui sont ressorties des discussions que nous avons eues à l'époque, c'était la question du chauffage à distance. Je pense qu'il y avait des projets qui étaient envisagés ou qui étaient en cours. Avez-vous fait des progrès dans le cadre de ceux-ci? Quel est le statut de ces projets?

M. Cathers : Nous avons du travail de fait dans ce domaine. Il y a une municipalité qui utilise la chaleur résiduelle des génératrices au diesel. Certains progrès ont été réalisés dans le cadre des travaux que nous avons financés à Whitehorse, mais, pour l'instant, il n'y a pas de nouvelles installations de chauffage à distance. C'est une chose que nous envisageons pour Whitehorse, qui est notre plus grande ville, et il y a du travail qui se fait pour déterminer le potentiel dans d'autres régions.

Le sénateur Peterson : Vous avez dit que vous prenez rapidement de l'expansion. Avez-vous suffisamment de main- d'œuvre qualifiée pour répondre à vos besoins?

M. Cathers : C'est une autre chose qui pose problème : fournir les gens de métier qualifiés qui sont nécessaires pour ce genre de choses. Nous avons tenu des discussions avec les ministres concernés au sujet de l'importance du financement continu de la formation dans les mines, parce que, comme vous l'avez souligné, c'est un défi à relever, et nous voyons cela comme une occasion à offrir aux citoyens qui n'ont pas d'emploi dans leur région à l'heure actuelle ou qui pourraient se recycler dans un domaine leur offrant de meilleures perspectives, ce qui serait avantageux pour le Yukon, c'est-à-dire le développement de la main-d'œuvre locale, surtout dans les collectivités rurales qui ont un taux de chômage plus élevé que Whitehorse en tant que tel.

Le sénateur Peterson : Devez-vous verser une prime pour inciter les gens à venir au Yukon?

M. Cathers : Nous savons que les entreprises qui font venir des employés en avion ont différentes mesures, qui varient en fonction de l'entreprise. C'est quelque chose qui, comme je l'ai dit rapidement tout à l'heure et comme beaucoup d'entre vous le savent, fait partie du secteur canadien des ressources. En raison de la nature changeante du marché, il y a maintenant un pourcentage accru de travailleurs dont on a besoin pour des projets liés aux ressources, comme l'exploitation minière, pétrolière et gazière, et même dans le Sud du Canada, et, de plus en plus, les entreprises doivent faire venir les gens d'autres régions du pays en avion parce qu'une possibilité s'est créée pour la main-d'œuvre en raison de la demande élevée en matière d'emplois, surtout dans le Nord et l'Ouest du Canada. Je suis sûr que vous savez que la demande est très élevée du côté des emplois et que la capacité locale est insuffisante pour répondre aux besoins.

Le président : Sénateur Peterson, avez-vous terminé?

Le sénateur Peterson : Oui, j'avais terminé.

Le sénateur Brown : Merci, messieurs, de votre exposé. Je jetais un coup d'œil sur la stratégie en matière d'énergie pour le Yukon. Vous y parlez de l'énergie géothermique, et j'ai remarqué qu'il y a des symboles de géothermie à Whitehorse, Mayo et Haines Junction. Avez-vous mené des projets pilotes pour déterminer dans quelle mesure la géothermie va vous être utile et l'ampleur que vos projets dans ce domaine prendront?

M. Cathers : Pour l'instant, nous avons fait des travaux visant à vérifier la faisabilité de ce genre de projet. Mis à part l'utilisation à petite échelle de thermopompes dans certaines maisons, nous n'avons pas commencé à produire de l'énergie au moyen de la géothermie. Nous avons envisagé, dans le cadre de notre projet d'énergie de remplacement dans une école secondaire, la possibilité d'utiliser la géothermie dans ce contexte comme source de chaleur. Dans certains cas, la chose en est plus ou moins aux premières étapes. Les régions que vous pouvez voir sur la carte dans le document de la stratégie sont les régions dans lesquelles nous croyons qu'il y a un potentiel d'utilisation de la géothermie comme source de chaleur et/ou d'énergie.

Le sénateur Brown : Pouvez-vous faire des comparaisons avec d'autres endroits où l'on a fait l'expérience de la géothermie et déterminer jusqu'à quelle profondeur il faut creuser au Yukon pour trouver la chaleur?

M. Komaromi : La géothermie s'inscrit dans deux ou trois contextes différents : il y a la géothermie qui a le potentiel, comme le ministre l'a dit, d'être une source de chaleur pour notre projet de remplacement de la source d'énergie pour une école secondaire. Il s'agit en général dans ce cas d'eau qui n'est pas aussi chaude que l'eau dont on aurait besoin pour générer de l'électricité, par exemple, mais cela peut être utile comme moyen de chauffage d'appoint. Nous envisageons ce genre de projet à Whitehorse ainsi qu'à Haines Junction, où il y a des aquifères passablement chauds assez près de la surface. Il y a là un potentiel d'utilisation de cette eau chaude comme source de chaleur complémentaire.

L'autre option, c'est de l'eau beaucoup plus chaude pour la production d'électricité. Nous sommes en train de faire du travail de reconnaissance sur le terrain pour déterminer si l'empreinte géochimique nous indique que le potentiel existe. La Commission géologique du Yukon a fait des travaux pour déterminer s'il y a des régions où cette empreinte existe et s'il y a des possibilités d'investissement pour explorer ce domaine plus avant. Comme vous le savez probablement, je crois, sénateur, l'utilisation de la géothermie pour la production d'électricité exige des températures de l'eau que l'on trouve normalement à des profondeurs assez grandes. Le simple fait de vérifier si le potentiel existe est une entreprise très capitalistique. Essayer de forer un puits, par exemple, pour explorer l'activité géothermique à des profondeurs de 2 000 à 3 000 mètres serait un investissement assez important, qui se calculerait en millions de dollars. Nous voudrions nous assurer que l'empreinte géochimique nécessaire existe avant de faire ce genre d'investissement.

Comme le ministre l'a dit rapidement tout à l'heure, avant que le gouvernement du Yukon envisage de forer un puits au coût de 10 à 15 millions de dollars pour évaluer quelque chose qui, de par sa nature, comporte un risque, il faudrait que nous y réfléchissions soigneusement.

Le sénateur Brown : Je voulais simplement savoir si le Yukon jouissait d'un avantage par rapport à d'autres régions où l'on a essayé d'exploiter la géothermie.

Le sénateur Wallace : La région qu'il faut couvrir pour étendre le réseau de distribution de l'électricité au Yukon est assez grande, évidemment, et la population est relativement petite. D'après ce que le sénateur Lang m'a dit, les coûts liés au réseau ne posent pas de problème à l'heure actuelle. Les tarifs sont comparables à ceux en vigueur dans le Sud du Canada. D'où viendra la demande qui fera augmenter vos besoins en électricité? Si vous êtes autosuffisant, si vos coûts sont comparables, si vous êtes concurrentiel et si vous voulez attirer de nouvelles industries, et surtout favoriser l'expansion dans le domaine de l'exploitation minière, quelle est la force motrice qui vous poussera à étendre le réseau de distribution d'électricité, en particulier dans les régions éloignées — des mines qui seraient situées au loin du réseau actuel. Qu'est-ce qui vous poussera à étendre votre réseau de distribution d'électricité?

M. Cathers : Il y a deux ou trois choses qui concernent l'utilisation du réseau à ce moment-ci. Nous atteignons tout juste les limites de la capacité de notre réseau. Sans investissement du gouvernement fédéral à la centrale Mayo B, nous aurions atteint cette limite plus tôt. L'autre élément, c'est que cela a été un facteur important relativement à l'expansion des activités d'exploitation minière dans la région de Mayo, à Alexco et à Victoria Gold, projet qui utilisera le réseau de distribution d'électricité du Yukon. Essentiellement, le projet utilisera la capacité électrique résiduelle. Cette énergie abordable est importante par rapport à la capacité d'expansion de la mine. Pour ce qui est des retombées au sein de l'économie du Yukon, il s'agit d'environ 400 millions de dollars relativement à l'expansion des activités de la mine, de beaucoup d'emplois et de retombées secondaires. Même si la mine va utiliser cette capacité énergétique, elle va engendrer des retombées importantes pour l'économie du Yukon.

Je pense que le fond de votre question concerne les nouvelles mines et le moment où il devient faisable d'étendre le réseau de distribution d'électricité à de nouveaux projets miniers. Il est clair que ce n'est parfois pas le cas. Cela dépend de l'endroit où la mine se situe. Pour ce qui est du potentiel, du point de vue hydroélectrique, comme je l'ai dit en passant tout à l'heure, le Yukon dispose bel et bien d'un potentiel hydroélectrique important qui, à un moment donné, pourrait nous donner la capacité d'étendre notre réseau. Si notre réseau était connecté au réseau de la Colombie- Britannique, nous pourrions exporter une certaine quantité d'électricité et profiter de cela. Pour ce qui est de l'infrastructure nécessaire pour les mines, s'il est suffisamment près d'un projet minier, un projet hydroélectrique pourrait être adéquat, et ce serait le cas. La réponse simple à votre question, c'est que cela dépend du projet et de la mine lorsqu'il s'agit de savoir s'il est sensé, du point de vue économique, d'étendre le réseau de distribution d'électricité et d'investir dans une capacité hydroélectrique ou dans une autre source d'énergie pour répondre aux besoins de cette mine en particulier.

Le sénateur Wallace : D'après les chiffres que vous connaissez sûrement, pourrait-il être viable économiquement pour chacune des mines d'exploiter sa propre source d'énergie de façon indépendante? Ce pourrait être une combinaison d'énergie éolienne et d'électricité produite à partir de la combustion du diesel. Pourrait-elle faire cela de façon indépendante de la Yukon Electrical Company qui fournit l'électricité? Ont-elles le droit de le faire de façon indépendante, ou doivent-elles faire partie de votre système territorial? Si elles ont ce droit, est-ce que ce serait viable économiquement et est-ce qu'elles pourraient donc simplement cogénérer leur propre électricité? Vous n'auriez pas à ce moment-là l'obligation de leur fournir de l'électricité, et peut-être que cela donnerait une meilleure répartition des coûts entre tous les résidents du Yukon.

M. Cathers : Assurément. Pour clarifier cela, lorsque nous envisageons d'étendre le réseau de distribution d'électricité pour répondre aux besoins de nouveaux clients, y compris les mines, nous voyons cette expansion comme étant justifiée seulement lorsqu'il est sensé pour le gouvernement du Yukon ou le gouvernement fédéral d'investir et s'il doit y avoir des retombées à long terme découlant de cet investissement.

Si cet accroissement de la capacité hydroélectrique répond aux besoins futurs de l'économie ou nous fournit, au bout du compte — et, encore une fois, avec la connexion au réseau de la Colombie-Britannique, il s'agit de milliards de dollars — il s'agit non pas d'un projet à court terme, mais bien d'un projet à long terme qui consiste en la définition de la vision du point de vue du pays à bâtir. Le Yukon a la possibilité de profiter de retombées permanentes de l'exportation d'énergie verte vers d'autres provinces.

À court terme, oui, les mines peuvent produire leur propre électricité. En ce moment, elles le font à l'aide du diesel. Nous envisageons des mesures pour les encourager à produire leur électricité à l'aide d'une source d'énergie renouvelable lorsque c'est possible, mais, de façon plus probable, et plus réaliste, dans la plupart des cas, l'option du gaz naturel liquéfié en est une qui, pour renforcer le réseau principal et donner de l'expansion à notre charge de base et pour répondre aux besoins des mines au Yukon... le gaz naturel liquéfié est ce qui est le plus indiqué. Dans le cas où les mines produisent leur propre électricité, elles devront assumer entièrement le coût de cette infrastructure de production d'énergie. Nous ne sommes intéressés que par les projets de production d'énergie pour lesquels nous entrevoyons un bénéfice net pour le Yukon et pas par ce qui ne présente qu'un intérêt à court terme.

Le sénateur Wallace : Évidemment, comme le Yukon a une population de 35 000 habitants, les économies d'échelle de tout grand projet ont une dynamique différente de ce qu'elle est dans les régions plus populeuses du Sud. Comme vous l'avez dit, vous évaluez cela en fonction d'autres retombées économiques découlant de ce projet en particulier.

Les économies d'échelle pour vous posent un défi qui ne se poserait pas si le projet était mis sur pied dans le Sud.

M. Cathers : Assurément. Cela devient une situation où il y a des possibilités; nous avons une capacité limitée d'en tirer parti. Le projet de la centrale Mayo B, par exemple, a donné lieu à la connexion de deux réseaux de distribution d'électricité qui n'étaient pas connectés auparavant, ce qui nous a permis de mieux distribuer l'électricité aux clients résidentiels, aux mines et aux autres clients commerciaux. Sans l'investissement du gouvernement fédéral dans ce projet, le gouvernement du Yukon n'aurait pu le réaliser.

Le sénateur Wallace : Merci beaucoup.

Le sénateur Neufeld : Merci, monsieur le ministre. Vous nous avez très bien expliqué certains des problèmes que vous avez pour ce qui est de distribuer l'électricité au Yukon. C'est un très grand territoire qui est très peu peuplé, alors vous avez fait du bon travail.

Pouvez-vous me dire quel est le prix de l'électricité à l'heure actuelle, c'est-à-dire le tarif résidentiel, le tarif commercial et le tarif industriel? Est-ce que c'est le même tarif dans tous les cas, ou est-ce que cela varie? Je crois que ce qui m'intéresse, c'est le tarif du réseau.

M. Komaromi : Bonjour, sénateur. Je suis heureux de vous voir.

D'abord, le prix de l'électricité n'a pas beaucoup changé au Yukon depuis 1998. Il est relativement stable. Nous avons été en mesure d'assurer cette stabilité en grande partie à l'aide de ces anciennes installations de production d'hydroélectricité dont nous profitons, et nous avons été en mesure de répondre à nos besoins. Comme le ministre l'a fait remarquer, la capacité de ces installations tire à sa fin. Ces anciennes installations de production d'hydroélectricité ne vont bientôt plus suffire. La question de savoir quelle sera l'incidence des nouvelles façons de générer de l'énergie sur les tarifs est une question que nous nous posons en ce moment même.

À l'heure actuelle, le tarif industriel dans le territoire est de 10 cents le kilowattheure; le tarif résidentiel est un peu plus élevé, soit 14 cents le kilowattheure. Nous avons examiné une comparaison entre les tarifs au Yukon et ceux en vigueur à différents endroits ailleurs au Canada, et nos tarifs sont exactement au milieu. Le coût par kilowattheure est plus élevé à Yellowknife qu'ici, et il y a des provinces du Sud où le prix de l'électricité au kilowattheure est plus élevé que chez nous. En règle générale, pour l'ensemble du pays, nous sommes presque exactement au milieu.

Le sénateur Neufeld : Si l'on prend le coût moyen pour l'ensemble du Canada, celui-ci est d'environ 9,5 cents dans le domaine résidentiel, alors votre tarif est très près de cela.

Je connais les politiques que vous êtes en train d'élaborer à l'égard de la facturation nette, de la production d'électricité de façon indépendante, de la gestion et d'une stratégie en matière de bioénergie, parce que j'étais en Colombie-Britannique lorsque nous avons fait ces choses. Collaborez-vous avec la province de la Colombie- Britannique? Je sais que c'est différent, mais il y a certaines choses qui sont identiques. Les responsables de la province collaborent-ils avec vous pour vous aider? Si ce n'est pas le cas, je devrais peut-être parler aux gens de BC Hydro de façon à ce qu'ils collaborent un peu avec vous et que vous n'ayez pas à réinventer la roue. Est-ce que c'est ce qui se passe? Collaborent-ils avec vous?

M. Komaromi : Oui, sénateur, ils le font. Nous avons une bonne relation de travail avec le ministère de l'Énergie de la Colombie-Britannique et avec BC Hydro. En fait, nous obtenons de retraités de BC Hydro certains des conseils techniques et autres dont nous avons besoin pour appliquer ces politiques de façon adéquate. Certaines de ces personnes étaient là lorsque vous étiez ministre, sénateur. Elles nous aident. La réponse est que oui, nous recevons le genre de soutien externe dont nous avons besoin pour bien faire ces choses.

M. Cathers : Pour ajouter quelque chose à ce que M. Komaromi a dit, ces installations de production d'hydroélectricité qui ont été mises en place dans le passé, en grande partie par l'intermédiaire de la Commission d'énergie du Nord canadien, et cet investissement qui a été fait par le gouvernement fédéral par l'intermédiaire de la CENC et de la centrale Mayo B sont ce qui nous a permis de continuer d'offrir des tarifs relativement bas. Comme nous avons de plus en plus besoin de notre capacité de production d'énergie d'urgence et de pointe à partir du diesel, nous envisageons un coût de production d'énergie de 35 à 38 cents par kilowattheure. C'est la raison pour laquelle nous voyons le gaz naturel liquéfié comme étant la prochaine étape. Les investissements nécessaires à cet égard sont importants si l'on veut prévoir l'augmentation de la charge. Le coût par kilowattheure est d'environ 15 cents pour la production à partir du gaz naturel liquéfié, mais le Yukon aura de la difficulté à faire les investissements nécessaires pour prévoir l'augmentation de la demande résidentielle ainsi que de l'activité économique au Yukon, y compris dans le secteur des services et de l'approvisionnement, l'augmentation du besoin en énergie et de l'utilisation de l'énergie provenant du réseau. C'est de là que viendra la difficulté, en plus de ce que les mines feront, c'est-à-dire cette augmentation générale de la charge de base dans les domaines commercial et résidentiel.

Le sénateur Neufeld : Je comprends qu'il ne sera pas facile de régler ce problème.

Sur un autre sujet, je ne sais pas si vous en avez parlé, mais, en ce qui concerne les mines en production au Yukon et celles dont vous prévoyez l'entrée en production, où expédiez-vous le minerai? Ce n'est probablement pas tout le monde ici qui sait où vous l'expédiez. Moi je le sais, mais vous pourriez peut-être l'expliquer aux gens ici présents, puisqu'ils ont une carte devant eux pour suivre le trajet.

M. Cathers : Cela dépend de la région. Nous expédions maintenant une partie du minerai à partir de Skagway. Dans le cas des nouvelles mines, selon la mine, on envisage de l'expédier soit à partir de Skagway, qui est un port de l'Alaska situé à environ 110 milles de Whitehorse; soit à partir d'installations portuaires du Nord de la Colombie-Britannique. Cela dépend des projets. Dans certains cas, les responsables de projets miniers qui vont bientôt être des mines en exploitation envisagent encore les deux possibilités.

Le sénateur Neufeld : Merci.

Le sénateur Seidman : Merci d'avoir toléré le fait de ne pas nous voir pendant un bout de temps.

J'ai une question qui est liée à celle qu'a posée le sénateur Neufeld, et elle concerne le fait qu'une très grande partie du Canada est nordique, et que chaque province a une région nordique importante.

J'aimerais savoir s'il y a un échange de pratiques exemplaires entre toutes les régions nordiques du pays, autrement dit, entre toutes les provinces.

M. Cathers : Je pense que la réponse simple à votre question serait oui. Est-ce que cela a trait à un domaine ou à une question en particulier? Il y a plusieurs domaines dans lesquels nous collaborons avec nos homologues territoriaux ou provinciaux à l'égard de toute une gamme de politiques publiques. Voulez-vous dire en ce qui concerne précisément l'énergie?

Le sénateur Seidman : Pour ce qui est de l'énergie, bien sûr. En lien avec ce dont nous avons parlé aujourd'hui et toutes les difficultés auxquelles vous faites face.

Je viens du Québec. Nous disposons d'une énorme capacité de production d'hydroélectricité dans le Nord du Québec, mais il est clair que nous faisons face aux mêmes problèmes que ceux qui se posent dans le Nord de l'Ontario et dans d'autres régions nordiques du pays.

J'aimerais savoir dans quelle mesure on échange des pratiques exemplaires pour ce qui est des solutions aux problèmes et peut-être de l'aide dans le cadre du processus d'innovation et d'investissement, ou de quoi que ce soit d'autre.

M. Cathers : Nous avons travaillé, à l'égard de l'élaboration de nos politiques en particulier, à des choses comme notre politique relative aux producteurs d'électricité indépendants et la facturation nette. Nous avons compté sur l'aide d'autres provinces et l'avons obtenue, et nous avons examiné ce qui se fait dans les Territoires du Nord-Ouest ou au Nunavut.

Dans certains domaines, les détails des problèmes auxquels nous faisons face sont à la fois similaires et très différents de ceux qui se posent dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, puisqu'il y a là-bas beaucoup plus de production d'électricité à partir du diesel et qu'une proportion plus importante de la production d'énergie exige le transport par avion.

En ce qui concerne les collectivités du Yukon, il y en a une qui dépend du transport aérien pour l'accès à la nourriture, au carburant, aux services et ainsi de suite, et le reste des collectivités ont accès à notre réseau routier. Voilà une partie de la réponse simple.

Je vais laisser M. Komaromi vous donner des précisions à l'égard de certains détails liés aux politiques pour mieux répondre, peut-être, à votre question.

M. Komaromi : Nous prenons aussi part activement aux comités conjoints FPT, comme la Conférence des ministres de l'Énergie et des Mines. Nous participons à cela, et il y a plusieurs sous-comités qui relèvent de la CMEM. C'est là-dessus que nous axons une partie de nos travaux, et le débat qui commence concernant un cadre national en matière d'énergie a lieu dans ce contexte.

Nous participons au Groupe intergouvernemental sur l'industrie minérale, qui fait partie de la Conférence des ministres de l'Énergie et des Mines et qui se réunit régulièrement, et nous mettons au point un plan de travail commun.

Nous sommes en contact constant avec d'autres provinces et territoires, notamment le Québec, en ce qui concerne les questions liées à l'énergie et à l'industrie minérale, dans le cadre de ce groupe aussi.

Le sénateur Seidman : Je remarque dans votre livre, intitulé Stratégie énergétique du Yukon, qu'il y a un petit texte sur les pratiques exemplaires, qui porte précisément sur deux priorités. Vous dites qu'il faut en priorité mettre à jour les pratiques exemplaires pour que les activités d'exploration et de mise en valeur des ressources pétrolières et gazières respectent l'environnement et mettre au point des pratiques exemplaires pour minimiser les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur du pétrole et du gaz naturel.

Je poursuis la série de questions sur l'ampleur des échanges dans le Nord, entre les régions et les provinces.

M. Komaromi : Le Yukon a sa propre loi en matière d'exploitation pétrolière et gazière. Nous assumons la responsabilité dans ce domaine depuis 1998, et nous essayons toujours d'améliorer notre cadre réglementaire.

Nous sommes en train de discuter, en ce moment, avec les provinces avec qui nous avons des frontières, de notre réglementation en matière d'exploitation pétrolière et gazière, de forage et de production, de traitement du gaz naturel et ainsi de suite. C'est une discussion que nous avons avec les gouvernements de la Colombie-Britannique et de l'Alberta.

Le sénateur Seidman : Merci beaucoup.

Le président : Messieurs, je pense que cela nous amène à la fin de ma liste. Je voulais vous poser deux ou trois questions à titre de président.

On parle toujours de l'utilisation du diesel pour produire de l'électricité. Où prenez-vous le carburant? Comment l'acheminez-vous jusque chez vous?

M. Cathers : Une partie du diesel que nous utilisons passe par Port of Haines, et l'autre partie vient du sud et passe par la route de l'Alaska.

Le président : Surtout dans des barils?

M. Cathers : Ce serait surtout des trains doubles de type B et de type super B. Ce serait la source. Le transport se fait surtout par camion.

Le président : J'ai aimé, dans votre rapport, le passage où vous dites que le gouvernement du Yukon aimerait déclarer officiellement qu'il appuie la stratégie nationale en matière d'énergie et l'excellent travail du comité sénatorial.

L'expression « stratégie nationale en matière d'énergie » a une forte connotation, comme vous le savez. Vous avez indiqué dans votre témoignage qui figure au compte rendu que vous êtes en faveur d'une stratégie nationale en matière d'énergie.

Comment envisagez-vous cette stratégie? Quelle forme prendrait-elle? Ensuite, trouvez-vous que, depuis un an ou deux, les provinces et les territoires font preuve d'une volonté nouvelle de collaborer à l'élaboration de cette stratégie?

M. Cathers : Dans le contexte global, nous apprécions le travail qui s'est fait. Peut-être que le mot « cadre » serait plus approprié dans ce cas-ci.

Je pense qu'il est important d'avoir une approche permettant une certaine connectivité sur le plan des politiques provinciales, territoriales et fédérales en matière d'énergie, qu'il y ait, dans la mesure du possible, une vision commune et une relation de travail fondée sur des problèmes communs. C'est le cas dans une certaine mesure, mais il serait bénéfique de déployer des efforts pour renforcer cette relation de travail. Je pense que ce serait une meilleure façon de le dire.

Malheureusement, vous avez devant vous une version antérieure de ma déclaration préliminaire. Je formulerais la chose différemment, pour ce qui est de soutenir un cadre national en matière d'énergie auquel toutes les provinces et tous les territoires ainsi que le gouvernement fédéral travailleraient ensemble, dans le respect des champs de compétence des autres, mais en collaboration et de façon efficace.

Le président : Cela m'est utile, parce que j'ai suivi attentivement lorsque vous avez lu votre déclaration préliminaire, et, en fait, vous n'avez pas lu le paragraphe qui figure dans ma version.

« Cadre » est le genre de mot que nous utilisons pour essayer de travailler de façon harmonieuse comme organisme du gouvernement fédéral, et non d'une province ou d'un territoire. Cette précision est très utile.

Avant que je ne suspende la séance, chers collègues, est-ce que tout le monde est content? Y a-t-il d'autres questions?

Merci beaucoup à vous deux. J'aimerais vous remercier, sénateur Lang, de tout ce que vous avez fait pour que la séance d'aujourd'hui puisse avoir lieu. Nous sommes désolés qu'elle n'ait pas pu avoir lieu une autre fois lorsque vous étiez à Ottawa et auriez pu être ici en personne, mais nous espérons que cela pourra se faire à un moment donné.

Les membres du comité vous souhaitent bonne chance. Nous vous remercions de votre contribution et de votre collaboration.

Aimeriez-vous dire une dernière chose, monsieur le ministre?

M. Cathers : Si je puis. Merci, sénateurs.

Je vous présente mes excuses. Une version antérieure de ma déclaration préliminaire vous a été transmise, à la suite d'une erreur de notre part. Je vous remercie de m'avoir permis de le préciser, surtout en ce qui concerne le cadre national en matière d'énergie.

Je vous remercie tous d'avoir pris le temps de participer à la séance de ce soir. Merci de l'intérêt que vous portez au Yukon et à notre rôle au sein du Canada en tant que partenaire dans la construction de l'avenir de notre pays et la définition de la vision du Canada pour le XXIe siècle.

Le président : Merci beaucoup, monsieur Cathers, et merci à vous, monsieur le sous-ministre.

(La séance est levée.)


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