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ENEV - Comité permanent

Énergie, environnement et ressources naturelles

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles

Fascicule 20 - Témoignages du 26 avril 2012


OTTAWA, le jeudi 26 avril 2012

Le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd'hui à 9 h 1 pour étudier l'état actuel et futur du secteur de l'énergie du Canada (y compris les sources d'énergie de remplacement).

Le sénateur W. David Angus (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Bonjour à tous. Je déclare ouverte la réunion ordinaire du Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles; nous poursuivons l'étude approfondie du secteur de l'énergie du Canada, que nous avons commencée il y a trois ans, mais qui s'achèvera bientôt, car nous déposerons notre rapport final vers la fin juin.

Nous sommes très chanceux ce matin d'accueillir des hommes qui représentent un groupe appelé Innovation et technologie de l'énergie Canada, qui est également lié à l'industrie canadienne du gaz en général. Ils étaient censés venir témoigner devant le comité avant aujourd'hui, mais, pour un certain nombre de raisons, ils n'ont pas pu le faire, et, par conséquent — et il s'agit d'une exception, pour ainsi dire —, vu la réputation de ces trois hommes, la profondeur de leur savoir et, j'oserais dire, les talents de persuasion de leur représentant, M. Brendan Hawley, le comité a accepté d'entendre le témoin aujourd'hui.

La séance est diffusée sur le réseau de CPAC et sur le Web, et nous souhaitons la bienvenue à tous les téléspectateurs qui suivent ce matin nos délibérations sur l'énergie; notre but est de parvenir à une meilleure compréhension des richesses du pays dans ce domaine et de la nécessité pour les provinces de collaborer de façon plus efficiente et, peut- être, de manière plus durable afin d'exploiter nos sources d'énergie et de créer un environnement plus propre pour nous-mêmes et pour les générations futures.

Chers collègues, je crois que vous utilisez votre iPad, ici ou à votre bureau. Le comité — qui, bien entendu, étudie des questions liées non seulement à l'énergie, mais également aux ressources naturelles et à l'environnement — a décidé de mener un projet pilote dans le but de réduire sa dépendance au papier, et il semblerait que tous les membres du comité téléchargent la documentation sur leur iPad. C'est ce que nous faisons tous depuis six heures ce matin. Nous avons appris à allumer notre iPad et à cliquer sur « Comité ». Je peux vous assurer que les libéraux comme les conservateurs achoppent sur les mêmes problèmes.

Plus sérieusement, il serait si simple pour les Canadiens d'utiliser moins de papier. Aujourd'hui, les personnes qui possèdent un BlackBerry ou un iPhone disposent d'applications qui leur évitent de télécharger des documents si cela n'est pas absolument nécessaire.

Il y a tant de choses que nous pourrions faire pour rendre notre production d'énergie plus efficiente. Il y a tant de choses que nous pourrions faire pour la rendre plus propre et plus durable, et les témoins que nous entendrons aujourd'hui s'intéressent avant tout à l'innovation, à la recherche et à la technologie. C'est la raison pour laquelle j'étais particulièrement enchanté de savoir que nous serions honorés de la présence de M. Egan, président et chef de la direction de l'Association canadienne du gaz, et de MM. Ydreos et Goldberger, président et directeur général, respectivement, d'Innovation et technologie de l'énergie Canada.

Chers collègues, vous avez tous reçu la biographie des témoins, alors je vais m'en tenir là pour ce qui est de la présentation des témoins.

Je devrais vous dire qui nous sommes. Vous savez évidemment qu'il s'agit du Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles. Je suis David Angus, sénateur du Québec, et j'assure la présidence. Le vice-président, Grant Mitchell, de l'Alberta, est en déplacement et ne peut donc pas être avec nous ce matin. Toutefois, il est ici en pensée, et ses représentants sont dans la salle, alors j'ai toujours l'impression qu'il n'est pas bien loin. À ma droite se trouvent Marc Leblanc et Sam Banks, de la Bibliothèque du Parlement; ils sont nos spécialistes de la recherche de données, et ils s'occupent également de préparer nos rapports. Ensuite, il y a Richard Neufeld, sénateur de la Colombie-Britannique; Judith Seidman, sénateur de Montréal, au Québec; le sénateur John Wallace, de la merveilleuse province du Nouveau-Brunswick, pôle de l'exploitation du gaz de schiste, du raffinage du pétrole et de toutes sortes d'autres choses extraordinaires — même la construction navale. À ma gauche se trouve Lynn Gordon, notre fantastique greffière. À sa gauche, au bout de la table, il y a le sénateur Robert Peterson, de la Saskatchewan. Le comité compte un nouveau membre, George Baker, un Canadien d'exception de Terre-Neuve-et- Labrador. Le sénateur Dan Lang, du Yukon, est assis à sa gauche.

Monsieur Egan, je crois comprendre que vous ouvrirez le bal.

Timothy M. Egan, président et chef de la direction, Association canadienne du gaz : Je vous remercie, monsieur le président et tous vos collègues, de me donner l'occasion de m'adresser à vous. En ce qui a trait à ce que vous avez dit sur la technologie, que vous soyez libéral ou conservateur, je crois que, pour réussir à maîtriser la technologie, vous devez trouver un jeune de moins de 16 ans qui vous aidera à la comprendre, alors, habituellement, je demande à l'un de mes enfants de m'aider. Je serais ravi de les mettre à votre disposition.

Le président : Nous pourrions en avoir besoin.

M. Egan : Vous avez souligné que nous essayons de trouver une façon plus efficace et plus durable d'exploiter nos ressources naturelles, et cette volonté est au cœur du mandat de l'Association canadienne du gaz.

Vous vous rappellerez peut-être que j'ai eu l'occasion de témoigner devant vous l'an dernier; j'avais alors dressé un portrait global de l'industrie du gaz et présenté certaines des choses prometteuses qui se déroulaient d'un bout à l'autre du pays. Vous avez fait mention de deux ou trois d'entre elles, plus particulièrement de ce qui se passe au Nouveau- Brunswick, lequel est rapidement en train de devenir l'un des nouveaux centres d'exploitation du gaz naturel au Canada. D'ailleurs, certains de mes collègues participent aujourd'hui à une séance au Nouveau-Brunswick où on discutera du rôle du gaz naturel dans la province. J'ai assisté, mardi, à des réunions en Colombie-Britannique qui portaient sur le rôle du gaz naturel dans cette province, et, demain, je vais en Nouvelle-Écosse pour participer à une séance où on abordera aussi les possibilités qu'offre le gaz naturel dans cette province. Cela témoigne de la possibilité extraordinaire que représente en ce moment le gaz naturel aux quatre coins du pays.

ETIC est un projet lancé par mon association qui vise à tirer parti de cette nouvelle possibilité. ETIC désigne Innovation et technologie de l'énergie Canada. Je suis accompagné aujourd'hui du président d'ETIC, M. Ydreos, qui est vice-président aux affaires gouvernementales et autochtones pour l'une de nos plus grandes sociétés, Union Gas. M. Ydreos est le cerveau derrière le projet ETIC, et cela reflète ses dizaines d'années d'expérience dans l'industrie. Je suis ravi qu'il ait pu se joindre à nous aujourd'hui. Il abordera quelques-uns des aspects internationaux du projet et des débouchés qui s'offrent au Canada.

À sa gauche se trouve M. Goldberger, qui exerce depuis peu les fonctions de directeur général du projet. Il met à contribution une vaste expérience acquise dans le secteur financier et grâce aux activités qu'il a réalisées dans le secteur énergétique au cours d'une vingtaine d'années. Nous sommes heureux de pouvoir compter sur lui pour faire avancer le projet.

Je voudrais faire quelques remarques générales sur l'industrie. Vous avez tous sous les yeux ou dans votre iPad une présentation PowerPoint. Je dois toutefois vous avouer que j'utilise actuellement la version papier.

Je veux d'abord parler du client. Dans notre industrie, nos activités sont axées sur le client. Dans la chaîne de valeur du gaz naturel, l'Association canadienne du gaz se situe du côté de la prestation des services, alors nous sommes en contact direct avec le client, et nous en comptons environ 6,3 millions dans le pays. Cela représente 6,3 millions de mètres, et chaque mètre peut se trouver dans votre maison, votre entreprise, ou vos installations industrielles. Selon nos estimations, cela signifie que quelque 20 ou 25 millions de Canadiens utilisent chaque jour du gaz naturel. Cela signifie également que nous communiquons chaque mois avec 20 à 25 millions de Canadiens au sujet du gaz naturel, lorsqu'ils reçoivent leur facture pour ce service. Par conséquent, notre industrie entretient une relation très personnelle et très directe avec un nombre incroyable de Canadiens.

Actuellement, le gaz naturel comble 30 p. 100 des besoins énergétiques du Canada. Ce pourcentage est supérieur à celui de l'électricité, ce que nombre de personnes ignorent. Nous considérons le gaz naturel comme le « géant silencieux » de l'éventail des sources d'énergie. La plupart des gens ne pensent jamais à cela; ils ne font que l'utiliser jour après jour. Évidemment, les chiffres varient d'une province à une autre, mais le gaz naturel gagne rapidement en popularité partout au pays.

La diapositive montre de quelle façon se répartit l'utilisation du gaz naturel au Canada actuellement. Je ne vais pas vous décrire ce diagramme circulaire, mais vous l'avez devant vous.

Je vais mentionner quelques-unes des possibilités d'avenir que nous avons décelées et qui nous ont amenés à concevoir ETIC en tant que projet distinct. Il y a de plus en plus de foyers et d'entreprises qui utilisent le gaz naturel, alors on découvre rapidement de nouvelles applications au gaz naturel à la maison et dans l'industrie. Cela tient en grande partie au fait que le profil de l'offre a changé considérablement depuis deux ou trois ans. Il y a quelques années, nous aurions dit avoir des réserves pour 30 ans; aujourd'hui, nous parlons plutôt d'un siècle. Les gens de l'industrie de la production vous diront que cette estimation est peut-être même trop modeste. Quoi qu'il en soit, c'est sans commune mesure avec ce que nous vous aurions dit il y a quelques années.

L'évolution du profil de l'offre a eu une incidence sur l'abordabilité du gaz naturel. Il a toujours été abordable, mais il l'est devenu encore plus. À notre époque, où la conjoncture économique est difficile et où le coût de l'énergie augmente — de façon générale —, c'est un message encourageant.

Le président : J'ai la fâcheuse habitude d'interrompre les témoins de temps à autre, étant donné que je ne pose habituellement pas de questions.

En ce qui concerne le prix du gaz, on entend dire qu'il est passé sous la barre des 3 $, puis qu'il est tombé à 2,50 $, et il est maintenant inférieur à 2 $. Vous soulignez le fait qu'il est « abordable ». En quoi le prix courant du gaz naturel a- t-il un lien avec ce que vous êtes en train de nous expliquer, si tant est qu'il y en ait un?

M. Egan : La facture de gaz naturel que la société de distribution envoie au consommateur comporte trois éléments. Il y a le coût du produit lui-même — c'est-à-dire le coût du combustible —, le coût de distribution et le coût de transport. La facture indique ce qu'il en coûte pour assurer la prestation de ce service à votre domicile. Le coût de transport se rapporte au transport du gaz naturel par gazoducs à travers le pays; le coût de distribution et le coût de livraison jusqu'à votre domicile par le réseau de distribution local; et le coût du produit est le prix courant du gaz naturel.

Le président : Bref, à la tête du puits.

M. Egan : Exactement. La loi oblige les sociétés de distribution à vous facturer ce prix, alors, contrairement à ce que facturent de nombreux autres fournisseurs de services énergétiques, le consommateur paie le prix courant du gaz naturel.

Je peux laisser à M. Ydreos le soin d'expliquer comment cela fonctionne, mais le prix est rajusté de façon périodique par un organisme de réglementation qui veille à ce que les consommateurs paient le prix réel du produit. La facture reflète l'évolution du prix sur le marché, ce qui, selon moi, est propre à ce type d'énergie.

Le président : Voilà pourquoi j'ai soulevé ce point. Je voulais que vous fassiez ressortir cet aspect. Merci.

M. Egan : L'une des principales choses sur lesquelles nous aimons insister, en ce qui concerne le gaz naturel, c'est que nous parlons à la fois du produit et de la façon dont il est distribué au consommateur. Il est distribué partout dans le pays par des services publics de distribution de gaz naturel. Ces services publics remplissent un mandat à deux volets : ils veillent, d'une part, à ce que le gaz naturel soit distribué de façon sûre et fiable et, d'autre part, à ce que les consommateurs reçoivent en tout temps le meilleur service possible. Cela signifie que l'accent est constamment mis sur l'efficacité. C'est la raison pour laquelle les sociétés de gaz naturel sont très souvent des chefs de file dans des domaines comme la gestion de la demande ou le fait de trouver des moyens de combiner le gaz naturel et d'autres sources d'énergie, qu'il s'agisse de sources d'énergie renouvelable, de systèmes énergétiques de quartier ou de toutes sortes de choses semblables. Il s'agit de tirer profit des solutions originales qui existent afin qu'on puisse faire en sorte que les Canadiens obtiennent les services énergétiques dont ils ont besoin.

Lorsqu'on pense aux services énergétiques, il y en a en fait trois types pour chaque consommateur : le chauffage et la climatisation en est un, la charge des prises de courant ou l'électricité est le deuxième type, et le troisième est le transport. Le gaz naturel est utilisé avant tout pour le chauffage et la climatisation, mais on s'en sert de plus en plus pour l'électricité, et les débouchés les plus prometteurs sont dans le domaine du transport.

Il est important d'établir ce genre de structure une fois qu'on comprend la filière énergétique.

Le président : Vous avez parlé des services publics, et, lorsqu'on pense aux fournisseurs d'électricité, on pense habituellement à des sociétés d'État. Je crois que, au Canada, c'est un mélange des deux, est-ce exact? Au Québec, il y a Gaz Métro, qui appartient à des actionnaires.

M. Egan : Cela varie d'une province à une autre. Au Canada, dans l'ensemble, l'industrie de la distribution du gaz appartient davantage à des intérêts privés que l'industrie de l'électricité. Les services publics de distribution que représente mon association sont présents dans les dix provinces. Les seules exceptions — sans vouloir offenser votre collègue de Terre-Neuve — sont Terre-Neuve et l'Île-du-Prince-Édouard. Toutes les autres provinces comptent des services publics de distribution qui ont des franchises dans la province.

Actuellement, au Canada, dans l'industrie du gaz, toutes ces sociétés sont privées, sauf en Saskatchewan et au Manitoba. En effet, nous représentons SaskEnergy ainsi que Manitoba Hydro, société de service de gaz naturel et d'électricité. Sinon, notre industrie ne regroupe que des sociétés privées. Au Canada, il tend à y avoir plus de sociétés d'État dans l'industrie de l'électricité.

Il y a deux autres aspects à souligner lorsqu'on pense aux consommateurs et aux nouvelles possibilités d'avenir. J'ai mentionné une de ces possibilités, le transport. Les choses évoluent vraiment de façon marquée dans ce domaine. Les décideurs et le public ont commencé à s'intéresser aux applications du gaz naturel dans l'industrie du transport il y a des décennies. Il y a eu quelques tentatives, mais elles n'ont pas été très fructueuses. La technologie n'était pas au point. La volatilité du prix du combustible a eu un effet dissuasif. Les choses ont maintenant changé, et, aujourd'hui, l'essor dans le secteur du transport offre des débouchés importants.

L'autre aspect est la production d'énergie et la possibilité d'accroître l'utilisation du gaz naturel dans la production d'énergie.

D'abord et avant tout, plusieurs provinces cherchent à réduire graduellement leur dépendance au charbon. Cela va même plus loin que ça : il y a des débouchés dans les collectivités éloignées, il y a de nouvelles possibilités de développement industriel dans le nord des provinces, où on cherche à intensifier considérablement les activités industrielles, qu'il s'agisse du Plan Nord — dans votre province, monsieur le président —, du cercle de feu en Ontario ou du développement du Nord des Prairies ou de l'Ouest du Canada. L'utilisation du gaz naturel pourrait aider ces projets à décoller, alors les débouchés sont considérables là-bas.

Le président : Permettez-moi de faire une autre intervention ici. Nous avons amorcé cette étude il y a déjà maintenant trois ans; il y a tant de choses qui se sont passées en trois ans. Au début, on nous disait qu'il y avait un grand mouvement, que les réserves de combustible fossile s'épuisaient. C'est une bonne chose, car les combustibles fossiles produisent du CO2, qui est nocif pour l'environnement, et il ne s'agit pas de ressources durables et tout le reste.

Nous savons que le gaz naturel est un combustible fossile. Comment pouvons-nous concilier le fait que la population souhaite se détourner des combustibles fossiles — du moins dans certaines régions — et la nécessité d'exploiter des sources d'énergie de rechange plus durables ou de satisfaire à la demande en ce sens?

M. Egan : D'abord, pour ce qui est de l'épuisement des combustibles fossiles, je crois qu'on a pu constater, au cours des dernières années, que la situation est tout autre. Dans le cas du gaz naturel, nous savons en fait depuis très longtemps à combien sont estimées les réserves, mais nous pensions que leur exploitation n'était pas rentable. Or, des percées technologiques ont complètement changé la donne, et c'est pourquoi nous parlons maintenant de plus de 100 années de réserves au lieu de 30. Les réserves de gaz de schiste situées partout en Amérique du Nord ont changé du tout au tout le profil de l'offre, et ce, à l'échelle mondiale. Aujourd'hui, l'Agence internationale de l'énergie soutient que nous sommes entrés dans l'âge d'or du gaz naturel parce que le profil de l'offre s'est transformé partout dans le monde.

Et il n'est même pas question de ce qu'on appelle les hydrates de gaz, qui constituent une tout autre source de gaz naturel emprisonné généralement sous forme de glace dans l'eau, au large des plateaux continentaux. Les réserves sont estimées à des milliers d'années. C'est tout simplement ahurissant. Pour l'instant, la technologie ne nous permet pas de l'extraire de façon rentable, bien que, actuellement, plusieurs pays déploient beaucoup d'efforts à ce chapitre. Le Japon et la Norvège figurent parmi les chefs de file dans ce domaine. Les perspectives de l'offre de ce combustible fossile sont excellentes. Celles liées au pétrole, au charbon et à d'autres combustibles fossiles sont tout aussi bonnes, et, à mesure que la technologie évoluera, ces autres types de combustibles fossiles offriront eux aussi des possibilités énormes. Je crois que cela réfute l'idée selon laquelle les ressources ne sont pas disponibles.

Cela dit, les gens se préoccupent des répercussions environnementales liées à l'utilisation de ces ressources. L'un des avantages du gaz naturel, c'est qu'il produit beaucoup moins d'émissions que tout autre combustible fossile. Qu'il s'agisse des NOx, des SOx, du mercure ou des particules attribuables à la combustion du gaz naturel, cette source d'énergie est beaucoup plus propre. Elle produit également beaucoup moins d'émissions de CO2. Tout dépend de la façon dont on le brûle. Il existe différents procédés technologiques, mais, dans l'ensemble, le gaz naturel est beaucoup plus propre.

Comme je le disais tout à l'heure au sujet du gaz naturel, l'un de ses immenses avantages, c'est qu'il est polyvalent et qu'il peut être combiné à d'autres sources d'énergie afin qu'on puisse, au fil du temps, réduire notre empreinte écologique.

En ce qui a trait aux applications réelles du gaz naturel, cela signifie que les émissions par habitant diminueront à mesure que nous utiliserons cette ressource de façon plus efficiente. Utilisons-nous encore les combustibles fossiles? Oui. Son utilisation a-t-elle des répercussions sur l'environnement? Oui, mais est-ce que la situation s'améliore, et est-ce que notre productivité économique augmente du fait que nous utilisons cette ressource de façon plus efficiente? Oui.

Le président : Monsieur Egan, je vous ai envoyé une balle facile, et, à titre de porte-parole de l'industrie du gaz, vous venez de frapper un coup de circuit.

M. Egan : Je vous en suis reconnaissant, car je n'avais pas apporté de gant, alors c'est très gentil de votre part d'avoir envoyé une balle facile.

J'ai parlé de ce que nous sommes. Je n'entrerai pas davantage dans les détails au sujet des entreprises membres de notre association ou de l'utilisation du combustible au pays. En ce qui concerne la diapositive suivante, j'ai parlé des nombreuses caractéristiques du produit. Ce sont les points que nous faisons ressortir chaque fois que nous menons nos activités de sensibilisation dans le pays. Nous soulignons le fait qu'il s'agit d'une ressource canadienne, abondante, propre, polyvalente, abordable et fiable. La dernière caractéristique sur laquelle nous insistons, c'est qu'elle est sécuritaire. La sécurité est la priorité de l'industrie.

Nous assurons la prestation d'un produit aux domiciles des gens, et nous voulons nous assurer que la population sait comment utiliser ce produit de façon sécuritaire et judicieuse; c'est la priorité de notre industrie.

Nous avons abordé cet aspect pendant nos échanges, mais je vais me pencher sur certains des problèmes environnementaux et sur la façon dont nous entendons améliorer l'utilisation de ce combustible et tirer parti des possibilités qu'il offre. Le Canada est un petit marché. Nous disposons d'une quantité incroyable de ressources naturelles pour combler nos besoins en énergie, et nous sommes très déterminés à favoriser une meilleure utilisation et une utilisation novatrice de ces ressources, mais il y a une diversité de joueurs sur le terrain. Leurs intérêts ne sont pas toujours compatibles, et il s'agit pour la plupart de joueurs plutôt modestes par rapport au marché mondial. Ce que nous essayons de faire, c'est entre autres de nous poser les questions suivantes : « Comment pourrait-on réunir ces joueurs et aligner certains de leurs intérêts sur le but commun d'innover davantage et de trouver des façons de mieux exploiter la technologie? Que peut-on faire pour améliorer la coordination et l'optimisation des ressources? » C'est ce qui a incité l'ACG à créer le projet ETIC. Pour l'instant, ce projet relève de l'association et n'est pas une entité juridique distincte, mais c'est un projet que nous trouvons très prometteur et qui nous tient beaucoup à cœur. Nous sommes particulièrement déterminés à le mener à bien en collaboration avec le gouvernement et d'autres intervenants.

Sur ce, je vais céder la parole à mon collègue, M. Ydreos, qui vous en dira un peu plus sur les tenants et les aboutissants de ce projet.

Mel Ydreos, président, Innovation et technologie de l'énergie Canada : Je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole. M. Egan a été beaucoup trop élogieux dans sa déclaration préliminaire. J'ai bel et bien joué un rôle important dans la création de ce projet, mais j'ai acquis tout ce savoir parce que j'ai eu la possibilité de participer à des travaux internationaux qui ont grandement façonné mes vues sur la façon dont nous pouvons faire progresser des questions semblables.

Je suis membre depuis longtemps d'une organisation appelée l'Union internationale de l'industrie du gaz. C'est l'organisation mondiale qui représente tous les maillons de la chaîne de valeur du gaz naturel. Je suis le représentant canadien dans cette organisation depuis plus de 12 ans maintenant. L'organisation mène ses activités sur une période triennale — un cycle de trois ans — durant laquelle un pays a l'honneur d'assurer la présidence de l'Union et de tenir une conférence internationale sur l'industrie du gaz, qui a lieu tous les trois ans.

Durant la présidence argentine, de 2006 à 2009, j'ai eu l'honneur d'être invité à assurer la vice-présidence d'un groupe de travail spécial de l'Union internationale de l'industrie du gaz constitué pour examiner la situation mondiale au chapitre de l'innovation et de la R et D. Pour ce faire, nous avons voyagé partout dans le monde et exploré les enjeux et les débouchés se rattachant à l'industrie du gaz naturel afin d'évaluer l'état des investissements en recherche et en innovation. Nous avons tenté d'apprendre des meilleurs dans le domaine et essayé de formuler un certain nombre de recommandations sur la voie que devrait adopter l'industrie au chapitre de la recherche et de l'innovation.

C'est de cette expérience que je tire les idées et la vision à la base de l'établissement d'ETIC. Je suis revenu et j'ai dit à mes collègues canadiens : « Nous devons établir une organisation qui collaborera et rassemblera tous les joueurs de notre pays afin d'optimiser l'innovation et la R et D au moyen d'investissements et d'efforts concertés au lieu d'être divisés par province, par entité. »

À l'époque, nous avons également constaté qu'un accroissement considérable des efforts et des ressources était nécessaire pour aller de l'avant avec certaines de ces innovations dont nous avons besoin pour nous assurer que le gaz naturel continue de faire partie du bouquet énergétique et y joue un rôle très important.

C'est là où est née l'idée. Nous en avons discuté pendant longtemps, puis nous avons enfin décidé de lancer l'initiative.

La vision autour de laquelle s'articulent l'initiative et le mandat consiste à rassembler tous les joueurs, à collaborer et à faciliter la réalisation des innovations technologiques nécessaires pour que l'on puisse s'assurer que le gaz naturel joue un rôle clé dans notre avenir énergétique.

C'était à l'époque où l'essentiel de la discussion tenait à l'établissement de réseaux intelligents. Ce qui était intéressant des discussions à l'époque, c'est que tout était centré sur l'électricité et que, au bout du compte, toute la consommation reposerait sur l'électricité, de sorte que nous nous retrouvions en quelque sorte en amont : nous avions un rôle à jouer au chapitre de la production d'électricité, mais, pour les usagers, tout serait sous forme d'électricité.

Notre vision à cet égard était très différente, et nous appuyons la création de réseaux énergétiques intelligents — plutôt que de réseaux électriques intelligents — qui combinent toutes les sources énergétiques disponibles de façon à améliorer l'efficience globale de nos systèmes et la façon dont nous utilisons l'énergie dans nos entreprises et dans nos foyers et la façon dont nous la générons.

Notre vision était beaucoup plus ouverte et ne supposait pas que l'on choisisse des gagnants et des perdants au moment de déterminer quelles sources d'énergie nous finirions par utiliser.

De fait, dans environ quatre semaines, au Congrès mondial du gaz, nous présenterons une vision mondiale du gaz naturel dans le cadre d'un rapport que j'ai aidé à créer. L'une des choses que nous disons dans ce rapport, c'est que le gaz naturel est le carburant « sans regret ». Il est « sans regret » en raison de l'énorme flexibilité qu'il nous offre pour l'avenir, car le réseau actuel, par exemple, peut être réaménagé pour offrir d'autres formes d'énergie si, un jour, dans un avenir lointain, la consommation de gaz naturel accusait un déclin important. Par exemple, si nous passons à une économie axée sur l'hydrogène — et c'est très loin —, le réseau grâce auquel on distribue actuellement le gaz naturel peut être utilisé pour distribuer cette ressource.

ETIC a pour mandat de favoriser l'investissement et l'innovation sur les marchés d'utilisation finale en aval dans le domaine du gaz naturel. Pour ce faire, nous croyons que le pays et les sociétés membres doivent pouvoir compter sur un processus où on peut établir une collaboration et en tirer profit en formant des partenariats avec d'autres entités du secteur énergétique afin de multiplier les investissements et de créer une approche beaucoup plus efficace à l'égard de l'innovation et de la R et D. Cela pourrait se faire en collaboration avec le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux, les organismes de recherche et les joueurs internationaux qui s'intéressent aux mêmes technologies que nous.

La masse critique est importante, et je crois que c'est l'une des grandes conclusions à l'origine de l'établissement de l'initiative : chacun pourrait faire cavalier seul et exploiter des ressources très limitées d'une façon qui n'a en fait aucune répercussion importante. La seule façon de faire progresser l'innovation est de concentrer les efforts, d'avoir une masse critique et d'investir stratégiquement dans les bonnes technologies.

L'un des problèmes auxquels nous faisons face, c'est que toutes nos sociétés membres sont des services publics réglementés et que nous devons en conséquence convaincre les organismes de réglementation qu'il est acceptable de faire payer aux contribuables des investissements en innovation et en R et D. Cela pose un peu problème.

Le défi consiste à déterminer le rôle que les services publics en aval ont à jouer dans cet espace, et, en faisant cela, nous nous assurons de préciser que nous n'avons pas l'intention de nous lancer dans la mise au point de nouveaux produits ni dans la fabrication. Si nous faisons ce que nous faisons et sommes si importants, c'est parce que nous sommes un lien crucial dans le déploiement de la nouvelle technologie; nous pouvons relier les clients en aval à ces produits novateurs actuellement mis au point, de sorte que nous puissions intégrer ces deux entités de façon — idéalement — à propulser et à améliorer la commercialisation des produits.

Nous ne sommes pas placés pour nous lancer dans la fabrication ou la conception de nouveaux produits. Nous laisserons ces activités se produire là où il se doit. Nous sommes simplement le véhicule qui permet aux clients en aval d'accéder aux nouveaux produits novateurs; ainsi, nous facilitons l'accès des adopteurs précoces et éliminons certains obstacles systémiques parfois présents dans le déploiement de nouveaux produits. Ces obstacles peuvent correspondre à des règlements, à des normes ou à quelque chose qui restreint la commercialisation de ces nouveaux produits. Dans une certaine mesure, nous nous voyons comme des acteurs absolument essentiels aux initiatives de transformation du marché et au soutien de ce processus.

L'autre point clé en ce qui concerne notre mandat, c'est que nous ne voulons pas établir un autre organisme de recherche ou de R et D. Nous avons établi une organisation virtuelle très efficiente et efficace; elle est petite et utilise un minimum de ressources, mais a le mandat de rassembler les joueurs et de les amener à collaborer pour que ces choses se réalisent.

Voilà la vision et le mandat de l'organisation.

Je vais passer à la prochaine diapositive. Quels sont les services et les produits qu'offrira cette organisation virtuelle? Eh bien, il y a essentiellement trois grands secteurs : les activités de sensibilisation et d'échange d'information — sensibiliser les gens à ce qui évolue, à la source des produits, à l'endroit où ils sont mis au point et aux possibilités de déploiement de certains d'entre eux; les services habilitants stratégiques — la facilitation de la gestion de projets, surtout ceux qui exigent la collaboration d'un grand nombre de joueurs; puis les services de défense des intérêts de l'industrie, ce qui consiste à aller sur le terrain et à s'assurer que nous sommes tous bien sensibilisés à la fonction de l'organisation et à ce qu'elle doit faire.

Compte tenu de tout cela, lorsque nous avons réfléchi à l'organisation, nous voulions qu'elle demeure très ciblée. À cette fin, nous avons défini quatre secteurs clés sur lesquels nous axerons nos activités initiales, et je vais donner la parole à M. Goldberger, qui expliquera quels sont ces secteurs.

Dan Goldberger, directeur général, Innovation et technologie de l'énergie Canada : Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs, de nous accueillir ici aujourd'hui.

À ma droite se trouvent les visionnaires d'ETIC et de l'industrie du gaz dans son ensemble, et je suis chargé de mettre en œuvre leur vision et de livrer la marchandise.

L'essentiel pour ETIC est de favoriser — comme on l'a expliqué plus tôt — la collaboration nationale des services publics de distribution du gaz naturel et de proposer des projets qui, selon chaque administration, vont dans l'intérêt supérieur des contribuables et des clients, alors voilà pourquoi nous avons ces quatre secteurs. Essentiellement, mon propos d'aujourd'hui portera sur ces quatre secteurs.

Premièrement, les SEIC, Systèmes énergétiques intégrés pour les collectivités; cela nous permettrait d'examiner une collectivité particulière, d'essayer de trouver la synergie qui se rattache à l'utilisation du gaz naturel dans cette collectivité — il peut s'agir d'une collectivité aussi grande que la ville d'Ottawa ou d'une collectivité plutôt éloignée — et de tirer profit de l'infrastructure de gaz naturel particulière qui se trouve à cet endroit. Les projets peuvent être extrêmement diversifiés et reposer sur des procédés comme la mesure de l'énergie calorifique ou la production combinée de chaleur et d'électricité, porter sur une technologie à vocation industrielle ou sur une application résidentielle à plus petite échelle de quatre à six kilowatts, comme le stockage thermique ou l'utilisation combinée du gaz et d'une source d'énergie renouvelable au moyen d'une technologie.

Jusqu'à maintenant, nous avons vu plus d'une vingtaine d'initiatives différentes, allant de projets modestes à des initiatives d'une valeur de plusieurs millions de dollars. Certaines se rattachent à la technologie du stockage, comme la transformation de l'électricité en gaz à des fins de stockage; à des technologies de chauffage de l'eau, comme différentes technologies dont je parlerai plus tard; à des appareils intelligents au gaz; à des commandes intelligentes; et à des façons d'alimenter des collectivités éloignées en électricité.

Comme vous le savez, le problème des collectivités éloignées au Canada — et il en existe plusieurs centaines —, c'est qu'elles dépendent d'un approvisionnement en diesel habituellement assuré par avion ou par barge. Nous croyons qu'il serait extrêmement intéressant de les amener à cesser de dépendre du diesel au profit du gaz naturel, ce qui aurait moins de répercussions sur l'environnement et serait plus efficient.

Le prochain secteur que j'aimerais aborder est le transport, auquel M. Egan a fait allusion plus tôt. Des possibilités fantastiques se présentent au Canada, surtout dans le secteur des camions lourds alimentés au diesel et des véhicules de desserte. Cela comprend une foule de véhicules — des camions à ordures jusqu'aux camionnettes de livraison, comme celles de Fedex — susceptibles de bénéficier de l'adoption du gaz naturel. Il s'agit d'un carburant très pratique et économique, et, comme je l'ai mentionné plus tôt, le profil d'émissions est extrêmement avantageux. Nous croyons que nous devons nous concentrer sur ce secteur. Il y a eu beaucoup d'activités de promotion dans ce secteur, mais il faut poursuivre le travail de sensibilisation. Actuellement, le camion lourd alimenté au diesel, compte tenu de la vaste étendue du Canada et des grandes routes comme la 401 en Ontario, est responsable d'environ 30 p. 100 de nos émissions de gaz à effet de serre globales provenant de véhicules. Il est crucial que nous tentions de faire évoluer ce secteur, que nous sensibilisions les gens et que nous fassions fond sur des projets qui permettront de voir l'utilisation du gaz naturel comme étant une réussite; et c'est ce que nous projetons de faire.

Quant aux autres applications dans le domaine des transports, hier, j'ai assisté à un atelier sur le gaz naturel liquéfié pour des applications maritimes, et j'assisterai demain à un autre atelier qui porte sur les traversiers de la Colombie- Britannique et le GNL. Le sujet de l'atelier d'hier est d'autant plus important lorsqu'on songe aux Grands Lacs et aux provinces et États avoisinants. J'estime que nous entreprendrions une initiative binationale fantastique sur les applications de l'énergie propre si nous pouvions trouver le moyen de faire fond sur la promotion des applications du GNL pour remplacer le combustible de soutes lourd et ce genre de choses. Cela pourrait avoir d'énormes retombées en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

Un autre secteur que nous espérons pouvoir cibler — et nous avons déjà vu un certain nombre de projets potentiels sur la question — est le gaz naturel renouvelable. Beaucoup de gens seront peut-être étonnés par cette appellation. Essentiellement, nous envisageons des façons de nettoyer le gaz naturel et de le remplacer par d'autres sources naturelles, comme le biogaz et ce genre de choses. Vous avez probablement déjà entendu parler de digesteurs anaérobies. Nous examinons de nouvelles technologies qui se prêteraient à la gazéification et à la production de carburants plus propres. Certaines n'ont pas le potentiel commercial que les digesteurs anaérobies que je viens de mentionner ont. Essentiellement, il est question d'utiliser des déchets organiques qui capturent le méthane — ce dont nous avons parlé plus tôt — dont l'effet de serre est 24,4 fois supérieur à celui du CO2. Il s'agit là d'un autre secteur très important où nous avons créé un partenariat avec CANMET et Ressources naturelles Canada. Nous espérons faire beaucoup de travail dans ce domaine.

Le quatrième secteur que nous avons retenu est l'industrie, qui revêt une importance cruciale pour l'avenir du Canada, comme nous le savons tous. Environ 40 p. 100 de la consommation de gaz naturel au Canada est attribuable au secteur industriel. Il y a une quantité presque infinie d'industries qui dépendent du gaz naturel pour alimenter toute une gamme de processus chimiques, dont la production de plastique, les applications de chaleur industrielle, les raffineries et la production d'acier, de ciment et d'engrais. Toutes ces industries dépendent fortement du gaz naturel comme combustible d'entrée. Nous travaillons avec eux pour améliorer le profil d'émissions, le rendement combustible et peut-être même les produits auxiliaires, le cas échéant, qui découlent de ces nouveaux procédés. Nous prenons des mesures plutôt dynamiques dans le secteur industriel afin d'accroître son efficience et d'améliorer son profil environnemental. Voilà les quatre secteurs sur lesquels nous nous concentrons.

M. Egan : Si vous permettez que je vous interrompe un instant; je regarde le temps, et je sais que vous en faites autant. Nous avons quelques points précis que nous aimerions aborder, mais les sénateurs ont les documents, alors je me demande si vous voulez qu'on passe aux questions.

Le président : Eh bien, c'est ce que je voulais dire. C'est à votre discrétion, parce que nous avons la documentation. Peut-être que vous pourriez nous donner un exemple pour commencer, mais je sais que les sénateurs ont hâte de poser des questions, et il est presque dix heures moins quart. Nous avons une bonne vingtaine de minutes.

M. Egan : Peut-être que nous pourrions prendre encore une minute pour parler d'un projet international, après quoi nous serions heureux de répondre aux questions.

Le président : C'est parfait.

Le sénateur Baker : Je me demande si M. Goldberger pourrait formuler quelques remarques pour conclure son résumé. Je suis resté sur ma faim.

M. Goldberger : Nous travaillons dur dans le cadre d'une collaboration nationale pour faire progresser ces projets. Comme l'ont déclaré plus tôt mes collègues, nous collaborons non seulement avec les services publics de distribution de gaz naturel à ce chapitre, mais aussi avec les gouvernements, le milieu universitaire, des partenaires industriels locaux et ce genre d'entités. Cela présente une excellente occasion de démontrer le caractère novateur et l'application de ces nouvelles technologies, par opposition au volet de R et D, car nous nous situons davantage du côté de la démonstration et de la précommercialisation de ces nouvelles technologies.

M. Ydreos : Je vais vous donner un exemple : notre premier projet de collaboration internationale. Nous avions l'ambition de tendre la main à des partenaires étrangers et de commencer à établir des efforts de collaboration internationale. L'idée semblait très bonne, mais nous n'étions pas certains qu'elle soit faisable. Nous étions ravis d'annoncer, il y a quelques mois, notre premier projet de collaboration internationale, auquel participent GDF Suez, en France; l'Advanced Energy Research and Technology Centre de l'Université Stony Brook, à Long Island, dans l'État de New York; ETIC, qui a joué un rôle de catalyseur pour la formation de cette collaboration; RNCan; et le Saskatchewan Research Council. Nous avons pu rassembler ces organisations. Actuellement, nous investissons dans des technologies de cogénération qui pourraient soutenir la mise au point des réseaux énergétiques intelligents dont j'ai parlé. Il est intéressant de noter que, dans le cadre des efforts de collaboration, la même technologie est mise à l'épreuve, mais pour trois applications différentes. Nous mettons en commun les leçons dégagées et l'information. De ce point de vue, la collaboration permet de tirer le maximum de cette occasion et de partager le fardeau du coût de cette innovation et de ces travaux de recherche parmi tous les membres participants. Nous sommes très fiers d'avoir établi notre premier projet de collaboration internationale, qui est décrit sur la diapositive.

Le président : C'est à la diapositive 12, je crois.

M. Ydreos : C'est exact.

Le président : Est-ce un point de départ?

M. Egan : Tout à fait, monsieur le président. M. Goldberger a fait quelques commentaires sur les objectifs que nous voulons atteindre avec cela. La seule chose que j'ajouterais, c'est qu'il s'agit d'un fonds virtuel de sociétés membres, mais que nous essayons de recueillir d'autres engagements du milieu de l'investissement et des universités ou des gouvernements. Notre premier projet montre comment nous pouvons travailler avec d'autres joueurs voulant faire fond sur cela le plus possible. Il s'agit d'une initiative du secteur privé qui tend la main à d'autres joueurs à un moment où les gouvernements se serrent la ceinture. Lorsque le secteur privé entreprend d'offrir ce type d'initiative, il s'agit d'une occasion fantastique de renforcer notre secteur énergétique pour le bien de tous les Canadiens.

Le sénateur Seidman : J'ai une question complémentaire. Tout cela est fort louable et très enthousiasmant, mais nous savons tous que les défis de l'innovation viennent après l'innovation. Ils résident dans la commercialisation et dans l'accès du produit au marché. Pourriez-vous nous parler un peu de vos projets à ce chapitre ou de la façon dont vous croyez que cela se déroulera et de la coopération et de l'ouverture ou, en fait, de la coordination et de l'intégration de tous les partenaires pour arriver à ce résultat.

M. Ydreos : Vous avez absolument raison. C'est tout un défi. Les enjeux liés à la propriété intellectuelle, par exemple, prennent une immense importance lorsque nous essayons de faire évoluer un produit et de le commercialiser.

Nous tentons de collaborer de façon à rendre le déploiement de ces produits beaucoup plus efficient qu'il ne l'est dans le réseau décentralisé actuel, où chacun fait comme bon lui semble. Nous croyons que, en concentrant nos efforts, nous pouvons y arriver.

Je crois que le projet de chauffe-eau — dont nous n'avons pas vraiment parlé — est un très bon exemple, car il s'agit d'un projet national. Nous avons entrepris un projet qui avait pour but d'élever la norme de rendement en matière de chauffe-eau. Auparavant, un certain nombre de services publics déploieraient deux, trois ou quatre de ces unités dans leur zone de concession et essaieraient tant bien que mal d'apprendre à gérer ces problèmes.

Nous mettons actuellement en œuvre un projet un peu partout au pays. Nous sommes dans différentes provinces, et, dans le cadre de nos activités, plutôt que de faire une, deux puis trois unités, nous faisons 100 unités à l'échelle du pays. Nous pourrons ensuite apprendre quels sont les gains en efficience possibles et les stratégies de déploiement qui permettent d'aplanir les obstacles, entre autres. C'est pourquoi je dis que nous avons besoin d'une masse critique. La masse critique est importante, car elle permet d'axer ses efforts sur la chose que l'on tente d'accomplir.

Le sénateur Seidman : Merci.

Le sénateur Lang : Monsieur le président, j'aimerais poser une question générale qui s'adresse à tous. Nous menons actuellement une étude visant à éclaircir la question de l'approvisionnement énergétique à l'échelle du pays — donc à déterminer les ressources disponibles pour l'ensemble des provinces et territoires et pour le gouvernement du Canada — et à définir le rôle du gouvernement fédéral dans le cadre de son travail concerté avec les provinces, compte tenu des responsabilités constitutionnelles respectives de chacun de ces ordres de gouvernement.

Ma première question serait la suivante : si vous étiez le gouvernement fédéral et que vous deviez élaborer un cadre énergétique national pour l'ensemble du pays, que feriez-vous?

Par ailleurs, comme je sais que le temps presse, j'aimerais qu'on aborde la question des changements apportés dans le budget actuel en vue de mettre en œuvre les processus de réglementation que le gouvernement du Canada recommandera au Parlement. C'est un aspect important. L'autre aspect — et j'aimerais entendre vos observations à ce sujet — concerne l'avenir de l'industrie du gaz naturel, vu sa très grande abondance. À l'heure actuelle, on exploite énormément de gisements de gaz naturel à l'échelle mondiale — pas seulement au Canada. Nous devons comprendre quelles conséquences cela entraîne pour le Canada sur le plan des revenus, car je me demande durant combien d'années encore les États-Unis achèteront du gaz naturel. Vous pourriez peut-être commenter ces deux brèves observations.

Le président : Monsieur le sénateur, je ne pense pas que ces questions soient directement liées aux exposés, mais est- ce que les témoins souhaitent y répondre?

C'est ainsi que nous nous y prenons pour rédiger notre rapport.

M. Egan : Je vais essayer de réagir à la première. On m'a envoyé une balle facile tout à l'heure, et là, j'ai l'impression qu'on vient de m'en lancer 30.

Monsieur le sénateur, qu'a dit Tom Sawyer? « Si j'étais Dieu », qu'est-ce que je ferais?

À mon avis, il y a trois mesures qui seraient très bénéfiques pour l'industrie du gaz naturel. Certaines d'entre elles sont actuellement mises en œuvre, mais j'en ferais des priorités. Premièrement, le gouvernement fédéral a un rôle à jouer pour ce qui est d'informer les Canadiens des ressources disponibles, et je pense qu'il pourrait remplir ce rôle mieux qu'il le fait actuellement. Plusieurs autres pays où l'exploitation du gaz naturel constitue une industrie importante sont dotés de services étendus qui informent la population des ressources disponibles sur leur territoire. Le principal service à l'échelle mondiale est l'Energy Information Agency des États-Unis. Nous n'avons rien de comparable. Ressources naturelles Canada est une mine de ressources, et ce ministère compte un grand nombre de fonctionnaires des plus compétents. Toutefois, je pense qu'il faut améliorer notre capacité de parler des ressources disponibles, de les expliquer aux Canadiens et de rédiger de la documentation à ce sujet. Voilà quelque chose que le gouvernement peut faire, car, quand l'industrie le fait, les gens pensent que c'est seulement dans son propre intérêt. Nous pouvons en parler, mais notre discours est perçu comme étant intéressé.

Deuxièmement, vous avez posé une question concernant la réforme de la réglementation. Le gouvernement fédéral a un rôle à jouer à l'égard de l'énergie, surtout au chapitre de la réglementation environnementale. Un certain nombre de lois — à savoir la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, la Loi sur les espèces en péril, la Loi sur les pêches, la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs et la Loi sur la protection des eaux navigables — sont des instruments habilitants fondamentaux à l'échelon fédéral. Tout effort visant à assurer une meilleure harmonisation de ces lois entre elles et avec la législation provinciale est crucial. Nous avons hâte d'examiner les nouvelles dispositions législatives que le gouvernement propose d'adopter à ce chapitre. Il s'agit d'une initiative fondamentale pour favoriser une meilleure utilisation de nos ressources énergétiques, et c'est quelque chose que le gouvernement fédéral peut faire.

Troisièmement, le gouvernement doit non pas choisir des gagnants, mais s'assurer que les divers secteurs jouissent de conditions qui favorisent l'innovation. À mon avis, il est crucial que le gouvernement fédéral dispose d'un programme visant à encourager l'innovation dans le cadre duquel on établira des mesures à prendre pour mieux utiliser nos ressources et des aspects précis sur lesquels se concentrer. En ce qui concerne l'innovation, la question en soi n'est pas de débloquer des fonds. La question est de s'assurer que les conditions adéquates sont réunies pour que l'industrie aille de l'avant. Pour ce qui est de notre initiative, nous sommes particulièrement intéressés par la possibilité de tenir des discussions avec le gouvernement. Quand il y a des priorités en matière d'innovation, nous aimerions pouvoir nous asseoir avec le gouvernement et dire : « Bon, voici ce que nous proposons. Que pouvons-nous faire pour améliorer le travail que nous réalisons ensemble? » Encore une fois, la question n'est pas d'obtenir des subventions ou de l'aide pour un projet particulier. La question est d'aligner nos priorités en matière d'innovation sur l'orientation actuelle de l'industrie et de trouver les mesures que nous pouvons prendre pour mieux les réaliser. Voilà ma réponse à votre première question.

Je ne sais pas si M. Ydreos aimerait répondre à la deuxième.

M. Ydreos : Quelle était la deuxième question?

J'ai quelque chose à ajouter à ce sujet. Quand je voyage à l'étranger, je suis toujours honoré de constater le respect énorme que les autres habitants du monde ont pour les Canadiens et le très grand nombre de pays qui désirent vivement passer des marchés avec nous sur le plan de l'énergie.

Ils encouragent cela. Ils aimeraient faire affaire avec nous. Ils sont un peu déroutés, si je puis dire, par nos processus réglementaires actuels. Ces processus sont devenus encombrants et compliqués, et c'est la raison pour laquelle la réforme de la réglementation constitue une initiative merveilleuse, car les projets sont assujettis à un trop grand nombre de niveaux d'approbation. C'est une formidable initiative que d'accroître l'efficience de ces processus de réglementation et d'établir des objectifs précis assortis d'un échéancier d'une façon qui respecte les intérêts des divers intervenants. L'industrie appuie assurément cette initiative.

La question de l'augmentation par les États-Unis de leur propre approvisionnement, de la possibilité qu'ils deviennent autonomes et des moyens de gérer l'exploitation du gaz naturel au Canada est très importante et pertinente.

C'est pourquoi, selon nous, il devient extrêmement important d'encourager une plus grande utilisation de ce merveilleux produit au Canada, particulièrement au chapitre de la production de l'électricité, du secteur des transports et des activités en aval. En outre, les exportations de GNL vers l'Asie pourraient également fournir des revenus considérables au Canada. Voilà les deux aspects sur lesquels nous devrions axer nos efforts, selon moi, pour assurer l'exploitation de nos ressources dans le contexte très changeant de l'Amérique du Nord.

Le président : Merci, monsieur le sénateur. Vos questions ont permis aux témoins de livrer des observations très éclairantes.

Le sénateur Neufeld : Messieurs, merci de votre présence. Comme je viens de la Colombie-Britannique, vos propos me réjouissent au plus haut point, et j'apprécie votre exposé.

Il y a seulement deux ou trois points que j'aimerais soulever. Vous avez parlé de déchets organiques liés à la technologie et de premiers domaines d'intérêt. Il y a cinq ou six ans, je pense, dans notre plan d'action concernant les changements climatiques pour la province de la Colombie-Britannique, nous avons dit aux localités qui émettaient un certain nombre de milliers de tonnes de gaz par année qu'elles devaient le capter et l'utiliser, sinon la province le ferait. Donc, la technologie existe déjà. Cela ne signifie pas pour autant qu'on ne peut pas l'améliorer. J'aimerais savoir ce que vous avez à dire à cet égard pour ce qui est de la situation dans l'ensemble du pays.

L'autre concerne le diesel destiné aux moteurs lourds. Je ne connais pas l'étendue de vos liens avec des entreprises comme Westport — qui fait la promotion de ce produit depuis probablement une dizaine d'années et qui exerce maintenant des activités à l'échelle mondiale —, comme Transport Robert, au Québec, et comme Vedder Transport, en Colombie-Britannique. Je ne sais pas dans quelle mesure vous êtes en communication avec ces entreprises. Il en va de même des chauffe-eau instantanés; j'utilise un tel chauffe-eau chez moi depuis environ huit ans.

Comment toutes ces choses fonctionnent-elles ensemble? C'est très bien de parler d'accroître la technologie, mais comment vous y prenez-vous pour harmoniser toutes ces choses à l'échelle du pays pendant qu'on réalise déjà des progrès en ce sens? C'est une des questions que je vous pose.

Le président : Vous avez sûrement déjeuné avec le sénateur Lang.

Le sénateur Neufeld : Non, nous n'avons pas déjeuné ensemble, mais nous surveillons l'heure.

J'ai une autre question. Je suis ravi d'entendre que, quand vous voyagez à l'étranger, les gens vous disent qu'ils veulent passer avec le Canada des marchés en matière d'approvisionnement énergétique, mais nous aimerions que cette question suscite le même engouement au pays. Nous voulons qu'il en soit ainsi non seulement à l'étranger, mais ici même également, car la population canadienne est plutôt divisée. En effet, certains citoyens pensent que c'est terrible d'utiliser des combustibles fossiles et que nous détruisons la planète en continuant à le faire. Que faites-vous ou que ferez-vous pour changer cette perception à l'échelle du pays? Réussissez-vous à susciter une discussion à ce sujet au sein de la population?

La chaîne de valeur dont vous avez parlé est importante pour moi, car je ne pense pas que les gens connaissent celle du gaz naturel. Les habitants de l'Ontario ne savent probablement pas quelle quantité de gaz naturel est utilisée par leur secteur industriel, par exemple dans leur industrie pétrochimique. Pourriez-vous clarifier tout cela pour nous? Plus précisément, pourriez-vous nous dire quelle quantité de combustibles fossiles est utilisée à cette fin par les provinces centrales du Canada, c'est-à-dire l'Ontario et le Québec?

De cette façon, nous pouvons commencer à faire comprendre aux gens que le gaz naturel est important et qu'il n'est pas seulement utilisé pour chauffer les maisons. Il est également utilisé dans les voitures. Si, de nos jours, on donne un coup de pied à une auto, on va probablement briser un bout de plastique. Voilà le genre de choses dont je parle.

Je pense que nous devons commencer à réfléchir à cette question et aux mesures à prendre pour y parvenir. Je sais que c'est toute une affaire, mais est-ce que quelqu'un pourrait dire quelques mots à ce sujet?

M. Egan : Je vais répondre à votre première question concernant le fait de combiner toutes les choses que vous avez évoquées. Vous avez parlé de gaz naturel renouvelable — de GNR —, des transports et de chauffe-eau. Pour ce qui est du gaz naturel renouvelable, nous procédons au lancement d'un plan indiquant la marche à suivre. Nous avons communiqué avec Ressources naturelles Canada. Nous travaillons de concert avec CANMET et avons signé un protocole d'entente avec cet organisme.

Nous avons lancé un plan concernant l'utilisation du gaz naturel renouvelable qui indique la façon dont cette ressource est utilisée au sein des diverses administrations ainsi que les codes et les normes qui doivent être élaborés afin de l'exploiter plus rapidement et efficacement, et ce, de façon rentable. L'élaboration de ce plan sera dirigée par Sophie Brochu, présidente de Gaz Métro — qui, si je ne m'abuse, a comparu devant le comité l'an dernier.

Voilà ce que nous faisons au chapitre du gaz naturel renouvelable afin de tirer parti des efforts déployés par des provinces telles que la Colombie-Britannique — comme vous l'avez mentionné, étant donné qu'il n'existe aucune stratégie nationale à l'égard du GNR et qu'il serait utile, à notre avis, d'en établir une.

Concernant les transports, vous avez mentionné que Westport joue un rôle clé pour ce qui est de faire évoluer les technologies dans ce secteur et que cette entreprise constitue un des principaux fournisseurs mondiaux de produits technologiques liés à l'utilisation de gaz naturel dans les véhicules. Le marché canadien est bien plus petit. L'an dernier, Ressources naturelles Canada a d'ailleurs lancé un plan en matière de transports, et nous procédons actuellement à son implantation. Nous travaillons de concert avec nos collègues de l'Alliance canadienne de véhicules au gaz naturel afin de l'implanter le plus rapidement possible et de cerner des occasions de faire progresser l'utilisation de gaz naturel dans le secteur des transports dans tout le pays.

Comme je l'ai dit, en ce qui a trait aux mesures concrètes qui peuvent être prises à l'échelle nationale, quels sont les codes et les normes en vigueur qui doivent être modifiés afin de faciliter cette avancée; quelles sont les choses qui peuvent être faites en vue de faciliter la transition vers des infrastructures permettant d'exploiter le gaz naturel; et quelles sont les infrastructures existantes — qu'elles concernent l'exploitation de GNL ou de GNC — sur lesquelles nous pouvons faire fond afin de réunir des éléments plutôt disparates pour réaliser une vision collective?

Encore une fois, un processus est en cours à cet égard.

La troisième chose que vous avez mentionnée était les chauffe-eau. Vous possédez un chauffe-eau instantané. Tout cela découle en fait d'un règlement fédéral visant à accroître l'efficience des chauffe-eau à l'échelle du pays. Au cours de la phase d'élaboration du règlement, nous avons dit au gouvernement que le marché n'était pas encore prêt pour ces nouvelles dispositions législatives et que nous devions nous y préparer. Nous avons dit que nous étions disposés à le faire au moyen d'un projet pilote. C'est ce qui a stimulé la création de notre projet pilote dont M. Ydreos a parlé et dans le cadre duquel une centaine de mises à l'essai ont été effectuées dans l'ensemble du Canada.

Pour revenir à la question que le sénateur Seidman a posée à ce sujet, cela englobe des utilisations précises de technologies à l'étape de la démonstration afin de permettre une commercialisation efficace. Bien souvent, quand on met en place des cadres de réglementation, le marché n'est pas prêt. Dans ce cas-ci, nous vous demandons de nous laisser vous aider à faire en sorte que le marché soit prêt. Nous avons des liens directs avec un nombre extraordinaire de clients que nous pourrions mettre à profit.

Pour ces trois aspects, un plan est en place. Nous nous servons de nos liens avec les clients pour contribuer à son exécution.

Je vais laisser mes collègues répondre à votre deuxième question concernant les moyens de créer une unité à l'échelle nationale.

M. Ydreos : Je pense que cette question est très importante et légitime. Parmi les initiatives que nous avons lancées, il y a l'Initiative canadienne pour le gaz naturel. Les principaux membres en sont l'Association canadienne des producteurs pétroliers en amont, l'Association canadienne de pipelines d'énergie à mi-chemin et l'Association canadienne du Gaz en aval. Pour la première fois, les trois associations travaillent de concert pour s'assurer que les communications et les dialogues qui ont lieu permettent à toute la population canadienne de mieux comprendre l'importance des combustibles.

L'une des initiatives imminentes à ce chapitre consiste à tenir ce que nous appelons des « dialogues provinciaux ». Nous nous rendons dans chacune des provinces et veillons à ce que ses décideurs clés aient un dialogue sur le gaz naturel afin qu'ils déterminent la quantité disponible, la façon dont le produit circule au pays, ses utilisations potentielles et les réductions d'émissions qui peuvent être réalisées grâce à lui. Nous essayons de mieux faire comprendre l'importance du produit à un bien plus haut niveau.

Le sénateur Neufeld : J'ai bien d'autres questions, mais d'autres sénateurs en ont aussi.

Le sénateur Lang : Pour revenir à la question du sénateur Neufeld, nous devrions tous être préoccupés par le fait que le débat au pays devient très polarisé. D'un côté, il y a les entreprises, de l'autre, il y a les personnes pour qui la protection environnementale est très importante, et il semble que les deux parties n'arrivent jamais à s'entendre.

Avez-vous invité les syndicats à participer à ces discussions, et est-ce qu'ils prendront la parole également? Il y a beaucoup d'emplois en jeu et bien des gens concernés.

M. Egan : Les invitations à prendre part au dialogue varient selon les provinces. Je ne suis pas certain que les dirigeants syndicaux soient invités. Les syndicats jouent un rôle important dans l'industrie, car nous employons des milliers de Canadiens de partout au pays dont un grand nombre sont syndiqués. Les syndicats ont grandement encouragé l'exploitation du gaz naturel, car ils y voient une occasion de créer plus de débouchés et d'emplois dans le secteur des matières premières.

En ce qui concerne l'engagement de la communauté environnementale, le gaz naturel représente, pour un grand nombre des personnes de cette communauté qui sont disposées à le décrire comme un combustible de transition, un moyen de progresser vers un avenir plus propre. Nous apprécions leur engagement et nous travaillons à divers projets conjointement avec elles. Un de ces projets s'intitule « QUEST », ou « Systèmes d'énergie de qualité pour les villes de demain. QUEST a déjà comparu devant le comité. Nous travaillons de concert avec divers organismes environnementaux militants afin de trouver des moyens de continuer à améliorer le rendement en matière d'émissions de l'industrie de l'énergie et du Canada lui-même.

Nous avons pour approche de travailler avec tout le monde. Le gaz naturel est utilisé par énormément de gens. Nous voulons continuellement améliorer l'utilisation des infrastructures qui sont déjà en place et qui ne disparaîtront pas — quelles possibilités s'offrent à nous pour ce faire et pour tirer parti de ce que cela représente?

Nous sollicitons la participation de toutes les parties et nous nous ferons un plaisir de travailler avec elles.

Le sénateur Peterson : Merci, messieurs, de votre exposé. Vous avez certainement eu du succès pour ce qui est de trouver du gaz naturel, comme en fait foi son prix de vente actuel. Maintenant, le défi, c'est de trouver comment l'utiliser. Vous avez déclaré que seulement 1 p. 100 du gaz naturel actuellement consommé est consacré aux transports. J'ai lu récemment que, si un propriétaire de camion lourd décidait de convertir son véhicule afin qu'il puisse fonctionner au gaz naturel, il lui faudrait 15 ans pour amortir les coûts. Comme les transports sont un des secteurs qui émettent le plus de CO2, avez-vous pris des mesures afin d'accélérer l'amortissement, étant donné que le véhicule émettra moins de CO2?

L'autre problème, qu'une grande compagnie de transport a soulevé plus tôt, c'est celui du ravitaillement, qui devient maintenant du ressort municipal. Comment le surmonter afin d'accroître l'utilisation du gaz naturel par l'industrie des transports routiers?

En outre, à quel point l'industrie du gaz naturel est-elle disposée à faire des ventes à terme pour vous permettre d'effectuer une planification à long terme?

M. Ydreos : En réponse à votre dernière question, la durée habituelle des contrats est actuellement de cinq ans, bien que certains producteurs semblent de plus en plus désireux de passer des contrats de dix ans, compte tenu surtout des prix actuels et des quantités disponibles. Le secteur de l'énergie est très intéressé par de tels contrats et, évidemment, trouve cela important.

M. Goldberger : Si nous voulons que le secteur des transports se mette à utiliser du gaz naturel, nous devons nous concentrer sur les types de projets les plus pertinents possible. En réponse à la question que vous avez posée au sujet des incitatifs, l'Alliance canadienne de véhicules au gaz naturel a exercé des pressions pour qu'on améliore les incitatifs financiers et qu'on établisse un corridor pour les camions qui feraient le trajet de Québec à Windsor — cette mesure figurait d'ailleurs dans le plan mentionné plus tôt par M. Egan. Une autre initiative importante consiste à construire des postes de ravitaillement à des endroits stratégiques tout en travaillant avec les équipementiers, car il s'agit non seulement d'examiner les modifications à apporter, mais aussi de travailler avec les fabricants d'équipement afin de doter les véhicules de moteurs fonctionnant d'emblée au gaz naturel, entre autres choses. Des progrès sont en cours à ce chapitre.

Pour ce qui est du secteur maritime, je vais mentionner encore une fois la possibilité que BC Ferries se mette à utiliser du GNL pour sa flotte de la Colombie-Britannique et, peut-être, des Grands Lacs — c'est une initiative fantastique. Cela prendra du temps. Le changement ne se produira pas du jour au lendemain, mais il est extrêmement important de tenir de telles discussions et de proposer de telles collaborations et nous essayons de faire tout cela en même temps.

M. Ydreos : Un aspect intéressant de l'industrie des transports, c'est qu'une très grande partie des trajets relient une plaque tournante à une autre. Ainsi, il est possible de placer les postes de ravitaillement à des endroits très stratégiques. Pour vous donner un exemple, aux États-Unis, il y a six millions et demi de camions-remorques sur les routes. Selon mes prévisions, il faudrait environ 1 200 postes de ravitaillement pour répondre aux besoins de tout ce parc de véhicules. Encore une fois, c'est parce que les trajets s'effectuent d'une plaque tournante à une autre. On n'a qu'à déployer des postes de ravitaillement le long de ces corridors; on n'a pas besoin d'en construire ailleurs.

Le président : Nous menons notre propre initiative ici avec Transport Robert, au Québec, et Westport, et le comité est allé visiter les installations de ces deux entreprises, mais, comme nous en avons parlé, l'initiative est menée à une petite échelle à l'heure actuelle.

Toutefois, aux États-Unis, on avance à pas de géant. Ai-je raison de dire que, là-bas, de nombreux postes de ravitaillement sont en place, que la technologie a été intégrée aux camions et qu'ils utilisent du GNL à grande échelle?

M. Ydreos : Le pays est essentiellement en transition, mais je dirais qu'il procède assez activement à la mise en œuvre de ces mesures. Les changements vont au-delà du secteur des transports lourds et touchent également les VGN — les petits véhicules fonctionnant au gaz naturel, les parcs de véhicules —, et on construit des infrastructures.

Le président : Messieurs, je pense que vous pouvez sentir notre enthousiasme. Nous sommes ravis que vous ayez pu comparaître ce matin et nous apprécions beaucoup les documents que vous nous avez fournis. Je sais que M. Egan est toujours joignable si nous avons des questions additionnelles à poser par l'intermédiaire de M. LeBlanc et des autres membres de notre équipe de recherche.

Au nom de tous les sénateurs, je tiens à vous remercier d'être venus aujourd'hui et à vous féliciter de cette initiative, car, manifestement — et comme vous l'avez expliqué, monsieur Egan —, si la responsabilité allait seulement aux entreprises individuelles, les changements souhaités ne se produiraient pas. Il faut avoir une certaine approche collective — à l'échelle non seulement nationale, mais aussi internationale — afin de bénéficier d'une masse critique qui permettra d'introduire des innovations et d'élaborer les produits nécessaires pour réussir.

Merci beaucoup.

Chers collègues, les choses avancent à toute allure, et je pense qu'il serait très important que tout le comité se réunisse mardi prochain afin de tenir une séance de remue-méninges générale concernant le rapport. Nous avons beaucoup travaillé — je pense au comité directeur, à M. LeBlanc et à d'autres personnes —, alors si la greffière peut organiser cette réunion, je vous enverrai sous peu un courriel pour vous aviser du plan.

Cela dit, la séance est levée.

(La séance est levée.)


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