Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Langues officielles
Fascicule 3 - Témoignages du 14 novembre 2011
OTTAWA, le lundi 14 novembre 2011
Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui à 17 heures pour étudier l'utilisation d'Internet, des nouveaux médias, des médias sociaux et le respect des droits linguistiques des Canadiens, ainsi qu'étudier les obligations d'Air Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles.
Le sénateur Maria Chaput (présidente) occupe le fauteuil.
[Français]
La présidente : Je vois que nous avons le quorum, je déclare donc la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue au Comité sénatorial permanent des langues officielles. Je suis le sénateur Maria Chaput du Manitoba et je suis présidente du comité.
Avant de présenter les témoins qui comparaissent aujourd'hui, j'aimerais inviter les membres du comité à se présenter.
Le sénateur Champagne : Bonjour. Andrée Champagne, du Québec.
Le sénateur Fortin-Duplessis : Suzanne Fortin-Duplessis, de Québec.
Le sénateur Tardif : Claudette Tardif, de l'Alberta.
Le sénateur Losier-Cool : Rose-Marie Losier-Cool, du Nouveau-Brunswick.
La présidente : Merci. Le comité a entamé une étude approfondie portant sur l'utilisation d'Internet, des nouveaux médias et des médias sociaux, et le respect des droits linguistiques des Canadiens. Il se penche également sur les obligations d'Air Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles.
Le comité accueille aujourd'hui les représentants des communautés de langue officielle en situation minoritaire sur ces enjeux.
Il entendra d'abord des représentants de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, qui sera suivie du Quebec Community Groups Network.
La FCFA, qui fut fondée en 1975 et qui regroupe 22 organismes, a pour rôle de défendre et de promouvoir les droits et les intérêts des francophones à l'extérieur du Québec.
Nous avons le plaisir d'accueillir Mme Diane Côté, directrice des liaisons gouvernementales et communautaires, et M. Serge Quinty, directeur des communications.
Merci à vous deux d'avoir accepté de comparaître aujourd'hui. Les membres du comité ont hâte de vous entendre sur les deux études, et suite à votre présentation suivra une période de questions. La parole est à vous.
Diane Côté, directrice des liaisons gouvernementales et communautaires, Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada : Merci. Honorables sénateurs, c'est avec grand plaisir que la FCFA du Canada répond à votre invitation de comparaître.
Je débute en vous transmettant les regrets de la présidente et de la directrice générale qui ne pouvaient malheureusement pas être ici ce soir.
Vous étudiez, en ce moment, deux thèmes qui, à notre avis, sont tellement importants qu'ils méritent chacun un traitement spécifique. Compte tenu du fait que le projet de loi du gouvernement, par rapport à Air Canada et à ses filiales, est toujours à l'étude, nous serions heureux de revenir devant vous à une date ultérieure pour parler de ce dossier plus en détail. Nous aimerions consacrer aujourd'hui le temps qui nous est imparti à la seconde thématique qui, vous ne serez pas surpris de nous entendre le dire, est cruciale pour la vitalité présente et future de nos communautés.
La révolution qui se produit depuis une décennie et qui s'accélère de plus en plus dans les technologies de l'information touche de façon très directe les façons dont nos communautés communiquent, s'informent, se divertissent et reçoivent des services dans leur langue.
Cette lame de fond présente certainement des occasions pour nos communautés. Si la FCFA et un nombre de plus en plus élevé de ses organismes membres et même de leurs membres sont maintenant actifs et suivis sur Facebook et sur Twitter, c'est parce qu'il s'agit là d'un moyen extraordinaire pour rejoindre le citoyen, informer les francophones sur les activités qui se passent chez eux, interpeller la population canadienne quant aux enjeux de la francophonie et de la dualité linguistique, et promouvoir tout ce que nos communautés contribuent à l'essor de ce pays.
Les médias sociaux permettent aux organismes et institutions des communautés de joindre et de mobiliser les gens comme jamais auparavant. Notre réseau a reconnu cette occasion à sa juste valeur, et nous avons entrepris d'occuper cet espace.
Cela étant dit, il n'y a pas que des occasions, il y a aussi de grands défis. Abordons la question, dans un premier temps, du point de vue de l'utilisateur. Le web présente, il est vrai, des possibilités sans précédent, en ce qui a trait à des continus vidéo et audio en français, des sites où commander des produits culturels en français.
Toutefois, de nos jours, la grande majorité des applications web nécessitent une connexion haute vitesse qui, dans nos communautés, n'est pas accessible à tous. À cet égard, nous étions très contents d'entendre le président du Conseil du Trésor, l'honorable Tony Clement, parler devant ce comité du programme mis sur pied lorsqu'il était ministre de l'Industrie, afin d'étendre l'accès à la large bande à 98 p. 100 de la population canadienne d'ici 2012.
Si on a fait de grands progrès au cours des deux dernières années, pour améliorer la couverture large bande en milieu rural, il reste encore des régions francophones qui sont mal desservies. Je pense à la péninsule de Port-au-Port à Terre- Neuve, où se trouve une grande partie de la communauté francophone de la province. Je mentionnerais aussi la région de Prince-Ouest, à l'Île-du-Prince-Édouard, ainsi que les régions rurales du sud du Manitoba. Pour ces francophones qui, souvent, utilisent encore une connexion 56 K, comme il y a 10 ans, l'accès est la base de tout. On a beau être assis dans le siège du conducteur, si on n'a pas la clé, on n'ira nulle part.
Industrie Canada pourrait, dans le cadre de son programme d'amélioration d'accès à la large bande, cibler comme priorité les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Il s'agirait là d'une belle mesure positive sous la partie VII de la Loi sur les langues officielles.
Mais quand on parle d'accès, on ne parle pas que du web. De plus en plus, nos citoyens, en particulier les jeunes, se tournent vers leur iPhone ou leur iPad pour obtenir des contenus par le biais d'applications mobiles moins coûteuses à consulter que des sites web.
Qu'en est-il du reflet de nos communautés sur cette plate-forme? Quelques joueurs ont fait des avancées remarquables. Par exemple, TFO offre un bon nombre d'applications, dont une application mini-TFO pour les enfants de deux à six ans. Toutefois, nos médias communautaires ne sont pas en mesure de faire de même. Les grands radiodiffuseurs privés de langues française et anglaise y sont déjà, mais pas nos radios communautaires, faute de ressources et de capacité.
Ceci nous amène à vous parler du point de vue du producteur de contenu. Dans nos communautés, lorsqu'on parle de web et d'applications interactives, ce ne sont pas les idées qui manquent. L'ingrédient manquant, c'est la capacité et les ressources. Pour les organismes et institutions des communautés, qu'il s'agisse de l'association francophone provinciale ou du théâtre local, occuper l'espace virtuel nécessite un investissement de temps, d'énergie, d'argent et de connaissances. Or, les appuis sont peu nombreux.
Jusqu'à son abolition en 2008, le programme Francommunautés virtuelles d'Industrie Canada soutenait le développement du contenu web par les communautés francophones et acadienne. En parcourant Internet, on voit encore ici et là les sites qui ont été développés grâce à l'appui de ce programme. Il s'agit d'infrastructures vieilles de cinq ou six ans qui, souvent, n'ont pas été mises à jour faute de moyens ou faute de savoir-faire.
C'est là que se situe justement le principal besoin de nos communautés en termes d'appuis pour occuper l'espace virtuel. Un programme comme Francommunautés virtuelles a toujours sa pertinence. Mais ce qu'il faut appuyer, ce n'est pas le développement de sites web, qui tomberait ensuite en désuétude.
Il faut plutôt investir, d'une part, dans l'amélioration des compétences et du savoir faire des producteurs de contenu dans les communautés en ce qui a trait aux divers aspects de l'univers Web 2.0. D'autre part, il faut également investir dans le développement des services en ligne qui rejoignent le citoyen francophone et d'applications mobiles qui assurent un reflet de notre culture sur les plates-formes de demain et non celles d'hier.
Il y a 15 ans, lorsque Internet est né, on parlait déjà dans les milieux universitaires des enjeux de l'accès et de la capacité de produire du contenu dans l'univers virtuel. On en parlait en termes de danger d'un clivage entre les info- riches et les info-pauvres. En termes d'accès à des contenus de langue française et de capacité de produire ces contenus, les communautés, à l'heure actuelle, sont davantage du côté des info-pauvres. La volonté et les idées originales ne suffiront pas à elles seules à les placer du côté des info-riches.
Le dernier point que j'aimerais aborder dans le temps qui nous est imparti est celui des communications et services des institutions fédérales sur Internet par le biais des médias sociaux. Les obligations linguistiques prévues par la Loi sur les langues officielles sont claires et le médium qu'on utilise ne fait aucune différence : soit qu'on s'y conforme soit qu'on ne s'y conforme pas.
Cela étant dit, l'extension de ces obligations à l'univers web montre de façon criante la désuétude du Règlement sur les langues officielles — communications avec le public et prestation des services. Ce règlement, comme vous le savez, date de 1991, une époque où Internet n'existait pas. Lorsqu'on a introduit le concept de bureau désigné, on n'entrevoyait pas que 20 ans plus tard on ne pourrait plus parler de bureau qui s'adresse à un public ciblé. Sur le web, il s'adresse à un public mondial auprès duquel ils sont les ambassadeurs de la dualité linguistique canadienne.
En ce sens, il serait inconcevable en 2011, qu'un bureau désigné bilingue ou non publie sur le web dans une seule langue. Voilà, à notre avis, un argument de plus pour une révision en profondeur du règlement, recommandation que nous avons déjà faite en 2009 dans notre mémoire La mise en oeuvre de la Loi sur les langues officielles : une nouvelle approche — une nouvelle vision. Je vous remercie, et nous sommes prêts à répondre à vos questions.
La présidente : Merci, madame Côté. La première question sera posée par le sénateur Fortin-Duplessis.
Le sénateur Fortin-Duplessis : Merci à vous deux de comparaître devant notre comité pour nous donner votre point de vue. J'ai écouté attentivement votre exposé liminaire. Cela rejoint les témoignages que nous avons déjà reçus. On peut donc dire que, on en est bien conscient, toutes les communautés en milieu minoritaire ne peuvent avoir Internet haute vitesse. Les Acadiens ne peuvent pas toujours utiliser les nouveaux médias et les médias sociaux en français, parce que souvent ils vivent en régions éloignées. Cela rejoint ce que vous avez mentionné tout à l'heure.
Est-ce que les médias sociaux et les nouveaux médias qu'utilise le gouvernement sont adéquats selon vous?
Serge Quinty, directeur des communications, Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada : Il faut dire que, jusqu'à maintenant, les médias sociaux demeurent encore une nouveauté que les communautés sont en train d'investir, tant du point de vue des organismes communautaires que des citoyens eux- mêmes. Dans une certaine mesure, l'enjeu consiste à faire connaître aux citoyens et aux organismes le fait que les institutions fédérales, par exemple, sont sur les médias sociaux, et qu'il y a, dans une certaine mesure, des services, des renseignements sur les services également, qui sont disponibles.
Je ne suis pas sûr dans quelle mesure les gens sont au courant du fait que les institutions fédérales sont présentes et actives dans les deux langues officielles.
Le sénateur Fortin-Duplessis : Pourriez-vous dire que peu importe l'endroit, au Nouveau-Brunswick, en Acadie, les gens seraient capables d'aller chercher de l'information concernant les différents ministères du gouvernement fédéral s'ils étaient au courant que cela existe?
M. Quinty : Il y a un certain nombre d'institutions présentes actuellement sur Internet qui le font dans les deux langues officielles dans plusieurs cas. Mais ce n'est pas quelque chose que nous avons exploré, à savoir que nous n'avons pas nécessairement fait une recension des médias sociaux, à savoir qui est là, quels services sont offerts à nos communautés et quelle visibilité ces institutions ont auprès de nos citoyens. Mais c'est certainement un aspect que nous pourrions étudier plus en profondeur et sur lequel nous pourrions revenir avec d'avantage de réponses. Avec grand plaisir.
Le sénateur Fortin-Duplessis : Cela est très intéressant. L'Université Harvard n'est pas tendre envers le service Internet offert au Canada. Selon une étude dévoilée par l'institution en 2009, le pays a un des systèmes les plus pauvres du monde développé. Selon Harvard, le Canada est un exemple à ne pas suivre lorsqu'on examine les politiques en ce qui concerne l'Internet haute vitesse et l'accès au sans fil. L'université prétend aussi que le Canada se classe au 22e rang sur 30 pays ciblés par le sondage du Howard H. Baker Centre for Internet and Society. Le Canada est au 16e rang concernant l'adoption du système haute vitesse, au 20e concernant la vitesse et la capacité, et au 25e pour les questions de prix.
En effet, il y a plusieurs années, il y a environ 12 ans, les compagnies de téléphone et d'Internet avaient eu l'autorisation de charger un petit peu plus cher pour l'implantation des services en milieux urbains afin de pouvoir installer les services en milieux ruraux pour donner un bon service. Mais on sait que ce n'est jamais arrivé.
Pensez-vous que les gouvernements auraient dû être plus durs encore et faire en sorte que les compagnies offrent Internet haute vitesse dans les régions du Nouveau-Brunswick?
M. Quinty : J'irais même plus loin que le Nouveau-Brunswick, pour répondre à votre question, jusqu'à l'ensemble du pays. Le CRTC a fait une étude, il y a deux ans, sur les services de radiodiffusion offerts aux communautés. Lorsque nous, la FCFA, avons comparu, ainsi que d'autres organismes de notre réseau, on nous a demandé si, au plan du reflet des communautés, de l'accès des communautés à du contenu télévisuel, par exemple, de langue française, Internet ne pourrait pas être une solution. Nous leur avions présenté cette problématique à ce moment, et le CRTC, dans son rapport publié le 31 mars 2009, avait recommandé fortement que le gouvernement agisse dans ce dossier pour étendre l'accès à large bande aux communautés de langue officielle à la grandeur du pays. À la lueur de cela, est-ce qu'une action des gouvernements était nécessaire et demeure nécessaire? La réponse pour la FCFA demeure clairement que oui.
Le sénateur Fortin-Duplessis : Merci beaucoup.
Le sénateur Tardif : Je sous souhaite la bienvenue. Vous avez indiqué dans votre présentation qu'un des principaux enjeux pour les communautés francophones était toute la question de l'amélioration du savoir-faire et du développement de contenu pour les producteurs, et que cela est un enjeu très important. Vous avez aussi indiqué qu'il y avait le programme Francommunautés virtuelles, qui appuyait financièrement des projets visant à répondre aux besoins spécifiques des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Maintenant, si je comprends bien, ce programme n'a pas été reconduit dans la feuille de route allant de 2008 jusqu'en 2013.
Ce programme avait-il été un succès pour vos communautés francophones en situation minoritaire?
Mme Côté : À l'époque, il avait définitivement été un succès. Au moment de réexaminer le programme, on a dû revoir un peu les objectifs. Au point de départ, on visait à mettre la francophonie canadienne sur le web. Ce fut réalisé avec succès. D'importantes occasions furent données aux communautés et aux organismes des communautés. Toutefois, ce qui a manqué, et on l'ignorait à l'époque, c'est la formation pour faire en sorte que les gens soient outillés par la suite pour continuer à mettre à jour leurs sites web ou en améliorer le contenu. C'est ce sur quoi nous aimerions voir l'accent dans un nouveau programme du genre. Nous pensons que c'est quelque chose d'important et de nécessaire pour l'avenir.
Le sénateur Tardif : Savez-vous pourquoi le programme a été annulé?
M. Quinty : Le programme avait un cycle de 10 ans. Il a été en place de 1998 à 2008. Selon ma compréhension, au cours des cinq dernières années, une bonne partie du financement du programme provenait du Plan d'action pour les langues officielles, qui a pris fin le 31 mars 2008. La feuille de route, à cet égard, s'est dirigée vers d'autres priorités. Par conséquent, le financement s'est terminé le 31 mars.
Le sénateur Tardif : Savez-vous si un autre programme appuie le développement du contenu en ligne en français?
M. Quinty : Il en existe un seul, mais il s'adresse à un public différent. Le Fonds interactif du Canada vise le développement de contenu culturel dans le Web 2.0 très avancé. On parle, par exemple, de communautés virtuelles de type Second Life et de jeux interactifs en ligne. On ne parle pas nécessairement de sites web ou de médias sociaux s'adressant au grand public.
Le sénateur Tardif : Vous souhaitez donc un financement du gouvernement fédéral pour appuyer la formation technologique et améliorer le savoir faire dans le domaine des nouveaux médias?
M. Quinty : Ce serait définitivement une recommandation que nous ferions à votre comité.
On parle d'amélioration des compétences. Lorsque le programme Francommunautés virtuelles était en place, il y a sept ou huit ans, on construisait les sites web de façon différente. À cette époque, on confiait le projet à quelqu'un qui bâtissait le site web. De nos jours, le processus est plus flexible. Il existe plusieurs modèles d'applications disponibles en ligne pour constuire soi-même un site web très flexible. Toutefois, nos communautés n'ont pas le savoir faire pour faire ce travail.
Le sénateur Losier-Cool : Je veux être certaine que j'ai bien compris la réponse que vous avez donnée à la question du sénateur Tardif concernant les programmes de la Feuille de route sur la dualité linguistique canadienne. Y a-t-il dans cette feuille de route un programme pour appuyer les communautés qui désirent participer aux nouvelles technologies?
M. Quinty : À notre connaissance, pas spécifiquement. Effectivement, il n'en existe aucun qui s'apparente au programme Francommunautés virtuelles ou qui rencontrerait ces objectifs.
Le sénateur Poirier : Ma question touche le même sujet. J'aimerais tout d'abord vous remercier d'être avec nous aujourd'hui.
A-t-on envisagé la possibilité d'offrir cette formation, dans les différentes provinces, à travers les collèges communautaires qui ont des programmes sur la création de sites web? Nos communautés ont-elles accès à de la formation à travers les collèges communautaires? Au Nouveau-Brunswick nous avons des collèges communautaires. Je présume qu'il existe de telles institutions à travers le Canada.
Mme Côté : On ne parle peut-être pas du même type de formation. Nous sommes conscients que les collèges communautaires peuvent offrir de la formation pour bâtir des sites web ou produire des techniciens en informatique. Ce n'est pas ce dont les communautés ont besoin. Il arrive fréquemment que, dans nos communautés, une ou deux personnes travaillent dans l'organisme. Ces personnes doivent avoir les ressources nécessaires. Ces compétences n'existaient pas auparavant. On n'en avait pas besoin il y a cinq, sept ou 10 ans. Ce sont de nouvelles compétences.
Ces compétences sont nécessaires pour la mise à jour ou la mise à niveau de sites web. C'est ce dont, bien souvent, les gens ont besoin. Or, ces connaissances ne sont pas toujours disponibles dans le cadre d'une formation collégiale, mais plutôt dans le cadre d'une formation d'appui ou d'appoint. On a utilisé le mot « formation », ce n'est peut-être pas le terme approprié. On parle plutôt de mentorat ou d'un travail de développement de nouvelles approches par rapport à la capacité des communautés et des nouveaux médias.
Le sénateur Poirier : Par « formation » je n'entendais pas la création de sites web non plus. Je crois qu'à certains endroits on offre la formation, une fois le site web créé, pour continuer à l'améliorer et rajouter du contenu. Je croyais qu'au sein de certaines communautés cette formation était offerte par des collèges communautaires, dans le cadre de cours du soir, ou par des centres d'accès ou des entreprises locales. C'était l'objet de ma question.
Mme Côté : Effectivement, cela existe.
La présidente : Comparons les besoins pour une telle formation il y a plusieurs années avec aujourd'hui. Si un nouveau programme était offert par le gouvernement fédéral pour appuyer ce genre d'initiative, la formation nécessaire en 2012 serait-elle la même qu'il y a quatre, cinq ou six ans?
M. Quinty : Non, pas du tout. On est passé à un web où l'utilisateur est très important, ce qui n'était pas le cas il y a sept ou huit ans. La construction des premiers sites web, à la fin des années 1990, était confiée à des spécialistes. Une fois le site web sur pied, si on voulait ajouter du contenu, on appelait le spécialiste, on attendait quelques jours ou quelques heures et le contenu était mis en ligne.
Aujourd'hui, le contenu est généré par l'utilisateur et le processus est rapide. Les compétences requises de nos jours pour être présent, actif et intéresser les gens sont donc de mise. Nous savons pertinemment bien, par exemple, que si la page de la FCFA sur le site de Twitter ou de Facebook n'est pas mise à jour pendant une semaine, les gens s'ennuieront et quitteront. Les choses vont vite à ce point.
C'est ce genre de compétences qu'il faut pour nos communautés.
Le sénateur Losier-Cool : Ma question suivra un peu votre remarque sur le genre de formation. Les écoles des minorités se servent-elles de la nouvelle technologie? Et dans l'affirmative, à quel point?
M. Quinty : L'intensité varie à travers le pays. À certains endroits, les élèves se présentent en classe avec leur iPad 2. Les enfants des générations futures en sont là, effectivement, et utilisent de plus en plus ces technologies. La question est à savoir dans quelle mesure ils sont capables d'aller chercher du contenu en français sur de telles plateformes.
Le sénateur Losier-Cool : C'est précisément où je voulais en venir. En d'autres mots, les éducateurs, enseignants et pédagogues sont-ils formés pour rester à jour? On peut suivre une formation à l'université et, deux ans plus tard, une fois en salle de classe, on est déjà dépassé.
Quel est le pourcentage des minorités des communautés isolées qui n'ont pas accès à Internet?
M. Quinty : Le pourcentage est un peu difficile à établir à cette étape-ci parce qu'en 2007, selon une étude citée par le CRTC dans l'examen dont je vous ai parlé plus tôt, seulement 65 p. 100 des communautés rurales avaient accès à Internet haute vitesse. Donc, 35 p. 100 ne l'avaient pas. Une partie de cette situation a été corrigée depuis.
Cela étant dit, à certains endroits soit Internet n'est pas du tout disponible, soit il l'est, mais il faut payer très cher pour l'obtenir ou on utilise le réseau mobile qui n'est pas toujours disponible pour les cellulaires. La réponse n'est pas simple.
Le sénateur Losier-Cool : Les données ne sont pas simples non plus. Est-ce que les écoles reflètent les données de la communauté? Les communautés anglophones sont-elles différentes des communautés en situation minoritaire?
Mme Côté : OCGN pourrait mieux répondre à votre question. La communauté de la majorité anglophone, dans nos communautés vous voulez dire?
Le sénateur Losier-Cool : Oui, au pays.
Mme Côté : Non. S'il y a une communauté rurale, qu'elle soit anglophone ou francophone, elle n'a pas plus accès. C'est un fait. Sauf que la réalité est que nos communautés, traditionnellement, sont beaucoup plus installées en milieu rural et donc, la pénalité, si vous voulez, est plus grande à cause de cela en termes de proportion.
M. Quinty : En ce qui a trait à la question des enseignants et de leur capacité à utiliser ces nouvelles technologies, certaines applications sont disponibles en français dont l'application Mini-TFO. C'est encore une certaine rareté en ce qui concerne les applications de nos communautés, mais la question reste à savoir dans quelle mesure les enseignants peuvent trouver un nombre intéressant d'applications en français pour leurs élèves en salle de classe.
Le sénateur Losier-Cool : C'est cela. Ils vont le trouver en anglais.
La présidente : J'ai une question complémentaire. Il n'y a aucun doute qu'il s'agit là d'un problème d'accès. Tous n'ont pas accès à parts égales si on parle des communautés francophones et acadienne du Canada. Dans les régions éloignées, rurales, on n'a pas la large bande ni Internet haute vitesse, et cetera.
Si toutes les communautés francophones et acadienne du Canada avaient un accès égal, quelle serait la prochaine étape? Est-ce que ce serait de développer du contenu afin que le français et l'anglais, et je parle toujours seulement des communautés francophones et acadienne, soient de qualité égale ou qu'il y ait un contenu égal?
M. Quinty : Ce serait définitivement la production de contenu. Les grands médias, les grandes chaînes de télévision et de radio ont déjà, par exemple en ce moment, des applications mobiles. Nos radios communautaires n'en ont pas parce qu'elles n'en ont pas les moyens. Leur grand défi est de pouvoir être sur les plateformes que nos jeunes utilisent, et ce, de plus en plus jeunes. Ma collègue a une petite fille de deux ans qui joue déjà avec le iPad de son père. C'est là qu'il faut être et qu'il faut produire du contenu en français pour nos jeunes, et on n'en est pas là à l'heure actuelle.
La présidente : Comment et qui pourrait créer ce contenu en français pour nos jeunes?
M. Quinty : Nos artistes, nos musiciens, nos médias communautaires produiraient ces contenus. On a plein de gens qui ont des idées dans nos communautés, mais qui n'ont pas nécessairement les ressources pour concurrencer avec tout ce qui est produit par le secteur privé et pas toujours en français.
La présidente : Alors, il y aurait l'accès et ensuite le contenu?
M. Quinty : Oui.
La présidente : Dans un monde où l'économie est moins forte, lorsqu'il faut choisir, ce serait peut-être accès et contenus versus formation.
M. Quinty : Le contenu et la formation vont en tandem, dans le sens où il faut que les gens dans nos communautés soient outillés pour transformer les idées qu'ils ont pour rejoindre les jeunes, les gens qui sont sur ces plateformes en réalité, en application, en présence web, en présence sur les médias sociaux.
Mme Côté : Il y a dix ans, alors qu'on commençait à jouer sur le web, on avait l'impression de transposer nos écrits et de les coller sur le web. C'était comme si c'était un nouveau livre. On a appris que le web était un médium différent et qu'il fallait l'utiliser de façon différente. Il fallait le rendre interactif. Il fallait que l'on puisse permettre une qualité de contenu différente, c'est-à-dire qu'on ne tourne pas les pages comme avec un livre. On est rendu au Web 2.0 et Web 3.0 et on a passé une autre étape qui est encore plus avancée que juste la question d'un site web et d'un site web interactif. On est rendu dans l'application pour les outils mobiles et dans plein de choses. Nos jeunes sont là et c'est là qu'il faut leur parler. Dans ce sens, il y a une importance de faire les deux.
Les artistes se produisent sur la scène, mais ils peuvent développer pour faire connaître leur art sur des applications mobiles.
La présidente : Nos radios communautaires et nos journaux communautaires auraient un grand rôle à jouer, n'est-ce pas? Présentement, ils n'y ont peut-être même pas accès.
M. Quinty : Dans une vie antérieure alors que je travaillais avec l'Alliance des radios communautaires du Canada, des statistiques révélaient que depuis que les radios communautaires s'étaient mises en place au Nouveau-Brunswick, l'industrie de la musique avait connu un essor incroyable. Il s'était produit à l'intérieur de trois ans, 29 à 30 quelque disques en Acadie. Alors, si les radios communautaires peuvent avoir un tel impact simplement en étant en ondes, si on transpose ça aux nouvelles plateformes là où les jeunes sont, imaginez ce qu'on peut faire. Cela devient très intéressant.
La présidente : Avant de commencer la deuxième ronde de questions, y a-t-il des sénateurs qui n'ont pas posé de question et qui aimeraient le faire?
Le sénateur Mockler : Madame la présidente, j'ai aimé quand vous avez dit qu'on a beau être assis sur le siège du conducteur, mais si on n'a pas la clé, on ne va nulle part.
Il est certain que l'on veut obtenir la plus grande pénétration. Tout à l'heure vous avez parlé d'un rapport de 2007, qui disait que 65 p. 100 seulement des communautés rurales avaient accès à Internet haute vitesse. Savez-vous si le pourcentage est le même aujourd'hui? Que recommanderiez-vous au gouvernement pour accélérer le processus de la large bande et Internet haute vitesse dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick comme dans la péninsule acadienne et d'autres régions comme Terre-Neuve-Labrador, l'Île-du-Prince-Édouard et même dans l'Ouest canadien?
M. Quinty : C'est une très bonne question. Je dirais que, de façon générale, étant donné que les communautés francophones sont souvent en milieu rural, il y a matière à focaliser sur ces communautés et à trouver des façons innovatrices d'offrir le service. On pourrait mettre en place des mesures incitatives pour les entreprises privées. On est conscient que le lien avec l'entreprise privée dans cette initiative est essentiel. Il y a peut-être des mesures incitatives qui pourraient être prises pour amener la large bande aux régions rurales.
À l'heure actuelle, on est dans une période de reprise économique et la reprise va grandement dépendre de deux ingrédients. D'une part, l'acquisition de savoir-faire par les citoyens canadiens et, d'autre part, la revitalisation des régions rurales. Je pense que ces deux ingrédients sont présents lorsqu'il est question de rejoindre les régions rurales avec la large bande.
Le sénateur Mockler : Vous avez parlé de mesures incitatives. Vous êtes les représentants de nos communautés et, comme on dit par chez nous, vous êtes « dans le champ ». Avez-vous des exemples d'incitatifs qu'on pourrait utiliser?
M. Quinty : Je serai très honnête avec vous, à l'heure actuelle, non. Par contre, ce n'est pas quelque chose qu'on a nécessairement exploré au niveau de l'entreprise privée.
Ma collègue m'indique qu'en Saskatchewan, l'Assemblée communautaire fransaskoise a décidé de prendre le taureau par les cornes et a créé elle-même une petite entreprise qui s'est faite fournisseur d'Internet auprès des citoyens d'un village francophone entier en milieu rural. Comme vous le savez, les organismes des communautés font beaucoup de travail de développement, souvent avec des fonds assez limités. Si on veut un exemple d'un bel effet levier des investissements du gouvernement en matière de langues officielles, en voilà un qui a eu un impact auprès des citoyens. Cependant, il reste qu'avec les ressources dont l'Assemblée communautaire fransaskoise dispose à l'heure actuelle, c'est sûr que cela demeure limité. Donc il y a peut-être des pistes à explorer sur des façons de faire qui peuvent également impliquer les communautés pour trouver des solutions locales aux problèmes locaux.
Le sénateur Mockler : Intéressant.
Le sénateur Losier-Cool : Pour ajouter à la question du sénateur Mockler, et pour de nouvelles pistes à explorer, est- ce qu'on ne devrait pas aller plus loin que de seulement demander l'accès à Internet pour toutes les communautés? Maintenant, ce n'est plus simplement Internet, ce sont aussi les téléphones intelligents, Facebook et Twitter sur ces téléphones.
Cela fait penser à l'expérience de l'Afrique. En Afrique, ils n'avaient pas de téléphone. Ils ont passé ce stade et ils sont tout de suite allés aux téléphones cellulaires. Alors peut-être qu'on pourrait demander plus que l'accès à Internet, c'est-à-dire l'accès aux téléphones intelligents. Le téléphone intelligent, je ne suis pas assez intelligente pour le comprendre, mais mes petits-enfants le sont! Et ils en auront besoin aussi.
M. Quinty : On arrive à la problématique de la tour. C'est sûr et certain que lorsqu'il y a un signal G3 qui rentre sur mon BlackBerry ou sur votre iPhone, c'est qu'il y a une tour quelque part pas loin. Il y a quelques semaines, ma collègue est allée visiter de la famille à Coaticook, au Québec, et rien ne rentrait sur son cellulaire parce qu'il n'y a pas de couverture.
La présidente : On a du travail à faire!
Le sénateur Losier-Cool : Cela va tellement vite!
Le sénateur Tardif : J'aimerais changer un petit peu l'orientation de la discussion. Vous avez indiqué, dans votre rapport, que le cadre législatif et réglementaire qui est en vigueur actuellement ne répond pas aux besoins et n'a pas prévu l'utilisation des nouvelles technologies, des médias sociaux, et cetera. Vous avez même fait une suggestion selon laquelle il fallait revoir les règlements. Vous avez d'ailleurs proposé, dans un de vos rapports, qu'il y ait une nouvelle réglementation et que le règlement soit revu. C'est exact?
M. Quinty : C'est ça, oui.
Le sénateur Tardif : Le président du Conseil du Trésor était ici il y a quelques semaines et il nous a indiqué qu'ils sont en train de développer de nouvelles lignes directrices à l'égard des nouveaux médias et des médias sociaux. En tant que représentants des communautés francophones de langue officielle, est-ce que vous avez été consultés à cet égard?
Mme Côté : On a été consulté, à quelques reprises, par le Secrétariat du Conseil du Trésor sur le développement de leurs nouvelles politiques sur les langues officielles et sur les directives qui y sont afférentes. C'est une étape de renouveler les politiques, mais cela ne répond pas au problème fondamental que nous avions identifié dans le document auquel nous avons fait référence, qui porte sur la nouvelle approche et la nouvelle vision des langues officielles.
Le sénateur Tardif : Pourriez-vous répéter quel était le problème fondamental?
Mme Côté : L'approche par rapport à la Loi sur les langues officielles, actuellement, et compte tenu du Règlement, c'est une approche en silo. Il y a la partie IV, la partie V, la partie VI et la partie VII. L'argument qu'on présente, c'est que la Loi sur les langues officielles a des objectifs et que ces objectifs veulent donner un sens à la loi quand elle est regardée dans son ensemble. C'est dans ce sens-là qu'on avait proposé que la réglementation soit révisée pour inclure l'esprit et les objectifs de la Loi sur les langues officielles, donc l'ensemble des parties de la loi, pas juste un petit créneau.
Le sénateur Tardif : Si on pousse un peu plus loin, comment est-ce que votre vision, telle que vous l'avez élaborée et présentée, s'appliquerait maintenant à toute la question des médias sociaux et des nouveaux médias?
Mme Côté : Comme on le disait dans notre présentation, je crois que c'est un peu un non-sens de parler de nouveaux médias, de médias sociaux et de parler en même temps de bureaux unilingues. Tout ce qui est sur Internet ou dans les nouveaux médias est accessible à l'ensemble de la population, mondialement, pas juste régionalement. Alors, à moins qu'on veuille créer des créneaux à accès limité, genre Intranet, des choses comme ça, tout ce qui est publié sur le web au Canada par le gouvernement fédéral devrait l'être dans les deux langues officielles et devrait être accessible dans les deux langues officielles et ce, qu'on parle de web, de nouveaux médias ou de quoi que ce soit parce qu'on ne peut pas imaginer l'avenir dans deux ans. Il y aura sûrement d'autres plates-formes.
Le sénateur Tardif : Est-ce que vous trouvez que ce n'est pas le cas présentement?
Mme Côté : En ce moment, je n'ai pas fait l'examen par rapport aux nouveaux médias, Twitter ou Facebook. Je sais que les institutions nous disent qu'elles publient en même temps dans les deux langues officielles sur ce plan. Ça va, mais les principes sont toujours là quand on regarde un créneau. On regarde la partie IV de la loi, on regarde l'accès aux langues.
On ne regarde pas le fait que, par exemple dans certaines régions du pays, l'employé a le droit de travailler en français. Et qu'est-ce que ça veut dire au niveau de Twitter, de Facebook et d'autres médias sociaux? Je crois qu'il y a d'autres aspects dont il faut tenir compte en même temps.
M. Quinty : Si vous permettez, je rajouterais que dans une telle vision, où on perçoit la loi comme un tout, la réglementation devient également un tout. Un bureau régional qui communique tombe également sous la partie VII, promotion de la dualité linguistique, parce qu'il devient automatiquement ambassadeur de la dualité linguistique au Canada auprès d'un public d'internautes mondial. Ce n'est plus simplement de la partie IV dont on parle à ce moment- là.
La présidente : Je crois que c'est un des fonctionnaires du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada qui a mentionné que la majorité, sinon tous, des sites web des institutions fédérales offrent des informations dans les deux langues officielles. Il s'agit là d'une réalité.
Est-ce que vous êtes satisfait? Avez-vous eu la chance d'examiner l'information présentée et la qualité de la langue utilisée? D'après vous, est-ce que ça semble de qualité égale? Est-ce que le français est assez bien rédigé?
Mme Côté : Pas toujours.
La présidente : Vous ne savez pas?
Mme Côté : Non, je dis que ce n'est pas toujours le cas. Disons qu'il peut y avoir des exceptions. Généralement il y a un effort de fait, il faut le reconnaître, mais il y a encore des problèmes et le commissaire les relève lors de ses vérifications. Pour le client francophone qui veut trouver des renseignements sur le web et qui y a accès, il y a quand même moyen de trouver sur la plupart des sites web des institutions fédérales.
La présidente : Si la grande majorité des sites web des institutions fédérales offrent de l'information dans les deux langues officielles, ça peut donc être offert à peu près partout à travers le Canada, excepté peut-être les régions les plus éloignées. À ce moment-là, s'il est déjà disponible, le service pourrait être offert sans nécessairement dire que c'est uniquement dans une région désignée ou non désignée?
Mme Côté : Effectivement. Je crois que dans la réalité on a devancé ce qui est dans la réglementation actuelle et que cela limite la capacité d'agir de certaines institutions fédérales.
En tentant d'adopter une politique pour élargir l'accès à l'autre langue officielle, Service Canada, suite aux incidents du printemps dernier, a invité des gens de bureaux unilingues à offrir de téléphoner ou à indiquer sur Internet l'accès que la personne pourrait avoir dans l'autre langue officielle.
Il y a des choses qui se font, mais c'est à l'encontre de la réglementation actuelle. C'est pour cela que je dis qu'il faut la moderniser.
La présidente : Est-ce qu'il y a d'autres questions?
Le sénateur Tardif : Ma question est peut-être un peu hors-sujet. Il y a quelques semaines, vous avez émis un communiqué dans lequel vous indiquez que vous remarquez une tendance alarmante au sujet de la place du français sur le plan de l'appareil fédéral.
Je crois que votre communiqué reflète votre préoccupation par rapport à certaines décisions qui ont été prises dernièrement quant à la place du français dans l'appareil gouvernemental fédéral. Est-ce que vous voulez commenter sur cela?
Mme Côté : Je crois que les communiqués parlent par eux-mêmes. Il y a des préoccupations qui ont été exprimées sur le plan des nominations. Je pense qu'il serait du ressort de nos politiciens de commenter à ce sujet et je préférerais leur céder le droit de parole lorsqu'ils vous rencontreront la prochaine fois.
La présidente : Je vous remercie beaucoup d'être venus nous rencontrer et je vous souhaite bon succès dans votre travail.
[Traduction]
Tel que mentionné au début de la réunion, le comité étudie actuellement l'utilisation d'Internet, des nouveaux médias, des médias sociaux et le respect des droits linguistiques des Canadiens. Il se penche également sur les obligations d'Air Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles. Aujourd'hui, nous accueillons des représentants des communautés minoritaires de langue officielle relativement à ces questions.
Le comité accueille maintenant le Quebec Community Groups Network, qui est composé de 38 groupes communautaires anglophones qui se trouvent partout au Québec, et qui a comme mission de développer, appuyer et accroître la vitalité des communautés minoritaires de langue anglaise.
Au nom du comité, je suis ravie d'accueillir Mme Sylvia Martin-Laforge, directrice générale, et M. Sthephen Thompson, directeur de la politique, de la recherche et des affaires publiques. Je vous remercie tous les deux d'avoir accepté de comparaître aujourd'hui. Vous avez la parole, et les sénateurs vous poseront ensuite des questions.
Sylvia Martin-Laforge, directrice générale, Quebec Community Groups Network (QCGN) : Bonsoir sénateur Chaput, sénateur Champagne et honorables membres du Comité sénatorial permanent des langues officielles. Nous sommes ravis d'être ici pour vous aider dans votre travail. Je vous transmets les salutations du Conseil du QCGN et de notre président intérimaire, Noel Burke.
Au nom des communautés minoritaires de langue anglaise du Canada et de la communauté anglophone du Québec, nous aimerions vous témoigner notre profonde reconnaissance pour le rapport intitulé La vitalité des communautés anglophones du Québec : Du mythe à la réalité. Vous avez fait preuve de prévoyance en entamant cette étude historique l'an dernier. Votre engagement personnel à l'égard du projet, votre persévérance afin de vous assurer que le rapport puisse profiter à la communauté, mais par-dessus tout, la sagesse et l'expérience contenues dans les recommandations, font en sorte que ce rapport est pratique, profond et personnel. C'est pourquoi notre conseil et notre communauté vous remercient.
Cette étude fournit non seulement une superbe description de notre communauté, mais elle formule également des recommandations normatives qui arrivent à un moment où le gouvernement du Canada examine sa stratégie sur les langues officielles et planifie son soutien continu aux deux langues officielles et aux communautés linguistiques minoritaires.
Le QCGN a été invité à comparaître aujourd'hui pour offrir son opinion sur deux études menées par le comité. L'une porte sur l'utilisation de l'Internet, des nouveaux médias et des médias sociaux, ainsi que sur le respect des droits linguistiques des Canadiens. L'autre porte sur les obligations d'Air Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles. Nous nous sommes préparés à comparaître aujourd'hui en examinant, entre autres, les témoignages des réunions du comité des 24, 27 et 31 octobre, ainsi que les vérifications et rapports pertinents du commissaire aux langues officielles. Nous avons communiqué avec le directeur général des services linguistiques d'Air Canada et examiné le Plan d'action linguistique d'Air Canada. Nous avons également recueilli les commentaires du English Language Arts Network qui a comparu l'an passé dans le cadre de votre étude.
Nous allons maintenant vous faire part de nos réflexions quant au respect des obligations d'Air Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles. Nous savons que la Loi sur les langues officielles s'applique à cette société en vertu de l'article 10 de la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada. Le QCGN remarque qu'on s'est concentré sur la partie IV de la Loi sur les langues officielles, Communications avec le public et prestations des services, ainsi que sur la partie V, Langue de travail, afin de déterminer si Air Canada satisfait aux obligations fixées par la loi. Bien sûr, nous en comprenons les raisons. Nous appuyons fermement et entièrement le droit des Canadiens et Canadiennes d'être servis et de travailler dans la langue officielle de leur choix au sein des établissements fédéraux, là où cela est prévu par la loi et les règlements.
Je vous assure que le QCGN n'a aucune preuve selon laquelle Air Canada manque à ses obligations en vertu des parties IV et V relativement à la langue anglaise. Pour nous, l'enjeu n'est pas la langue, ciblée par les parties IV et V, mais plutôt la vitalité et la durabilité de nos collectivités.
Le QCGN se préoccupe du respect par Air Canada de ses obligations conformément à la partie VII de la Loi sur les langues officielles qui prévoit que les institutions fédérales doivent veiller à ce que des mesures soient prises pour faire la promotion de l'anglais et du français. Comme nous le savons tous, Air Canada doit favoriser l'épanouissement de la minorité anglophone du Canada dans notre province et appuyer son développement. Air Canada ne semble pas comprendre qu'il s'agit là d'une obligation. Par exemple, Air Canada en réponse à la recommandation 11 du rapport du commissaire aux langues officielles sur la vérification de la prestation des services en français et en anglais aux passagers d'Air Canada a mentionné :
Air Canada consulte les communautés de langue officielle en situation minoritaire et collabore avec elles à l'occasion d'initiatives et d'événements spéciaux, comme les Jeux olympiques à Vancouver, la Place de la francophonie, les Rendez-vous de la francophonie et le Festival du Voyageur. Elle s'adresse également à elles en ce qui concerne les activités de recrutement. Air Canada est à l'écoute des besoins des membres de la collectivité et recherche constamment à améliorer son service et à satisfaire les besoins des clients.
Le QCGN ne sait pas quand Air Canada a consulté la communauté anglophone du Québec. Notre directeur de la politique, M. Thompson, qui m'accompagne ce soir, a envoyé à Air Canada un message pour vérifier s'il y avait eu consultation. J'aimerais vous lire une partie de la réponse reçue d'Air Canada :
Air Canada n'a pas encore prévu rencontrer les communautés anglophones du Québec puisque nos efforts portent principalement sur les groupes minoritaires francophones à l'extérieur du Québec. Cette décision s'explique par le fait que nous cherchons à assurer un service égal à la population francophone.
Encore une fois, cela touche les parties IV et V de la loi.
Nous sommes heureux de vous annoncer qu'Air Canada a accepté de rencontrer le QCGN afin de discuter des façons dont la société pourrait offrir de meilleurs services et mieux répondre aux besoins de la communauté anglophone du Québec. Le QCGN est d'avis que la consultation par Air Canada des communautés anglophones du Québec saura être à l'avantage des deux groupes. N'oubliez pas — et certains d'entre vous le savent déjà — que nous sommes la communauté linguistique minoritaire la plus diversifiée au Canada. La moitié de la population anglophone de Montréal est née à l'extérieur du Québec, et le tourisme est un élément économique très important pour les communautés anglophones régionales au Québec. Nous sommes convaincus que nous saurons trouver une façon mutuellement avantageuse d'aider Air Canada à respecter ses obligations en vertu de la partie VII de la loi. Nous serons heureux de fournir au comité un rapport sur les résultats de cette rencontre.
Nous aimerions maintenant dire quelques mots sur la question sur laquelle se penche le comité, soit l'utilisation d'Internet, des nouveaux médias et des médias sociaux, ainsi que le respect des droits linguistiques des Canadiens. Il s'agit donc, si nous avons bien saisi, du respect des droits linguistiques des Canadiens qui sont garantis par la Constitution, et du fait que les langues officielles « ont un statut et des droits et privilèges égaux pour ce qui est de leur usage dans les institutions du Parlement et du gouvernement du Canada ».
Le président du Conseil du Trésor et les hauts fonctionnaires qui ont rencontré le comité ont bien confirmé le désir du gouvernement du Canada de veiller à ce que l'accès aux programmes et services du gouvernement dans les deux langues officielles soit garanti grâce aux nouveaux outils de communication du Web 2.0. Nous sommes convaincus que ce sera fait compte tenu des pratiques actuelles du gouvernement du Canada et des objectifs qu'il vise.
Nous avons également noté lors des discussions du 31 octobre dernier que le Web 2.0 devrait assurer un meilleur accès aux services dans les langues officielles et accroître la possibilité de travailler dans la langue officielle de son choix, peu importe où on se trouve au Canada. Cependant, cette promesse nous amène à nous poser certaines questions.
Comment, par exemple, l'information ou les communications propres à une région seront-elles gérées? Est-ce qu'un bureau fédéral basé à Rouyn-Noranda pourra avoir ses propres comptes Twitter ou Facebook? Dans la négative, comment l'information et les services régionaux seront-ils offerts dans le cadre de ce média émergent, et avec quelle souplesse? Dans l'affirmative, les services seront-ils offerts en français et en anglais? Si ce n'est pas le cas, parce que le nombre ne le justifie pas, les services en français seront particuliers à une région, et les services en anglais, offerts depuis Montréal ou Ottawa, seront généraux et offerts par une personne qui n'est pas au courant de la perspective locale. C'est déjà le cas. Des membres de notre communauté et du secteur communautaire à l'extérieur de Montréal nous ont dit que c'était le cas. Est-ce là une violation des dispositions d'égalité réelle de Desrochers c. Canada?
Finalement, nous voulons discuter du rôle joué par le gouvernement à titre de partenaire dans l'utilisation d'outils disponibles au moyen de réseaux de communication numérique modernes. Le comité connaît les centres d'apprentissage communautaires qui servent nos communautés. Ces centres sont liés au moyen de réseaux de vidéoconférence qui permettent à nos jeunes en région isolée de communiquer avec des endroits remarquables, y compris l'espace. Les travailleurs communautaires et les bénévoles peuvent échanger des idées, travailler en collaboration à des projets, et participer à des discussions et consultations communautaires élargies.
Le site web et les comptes Facebook et Twitter du QCGN sont maintenus grâce à un soutien fédéral. Grâce à ces outils, nos dirigeants et intervenants restent en contact, et nous sommes en mesure d'atteindre de nouveaux publics et de faire de l'innovation dans le cadre de nos propres communications. Parfois, ces plateformes constituent le meilleur moyen de communiquer avec certains de nos intervenants, de faire la promotion de nos activités d'envergure ou de retenir l'attention des médias et des politiciens.
Il y a un autre point très important pour nos communautés : les réseaux sociaux sont à la disposition de tous les organismes, ce qui nous permet de mieux faire la promotion des activités de nos membres et de soutenir nos régions.
Des coupures de presse électroniques propres à la collectivité d'expression anglaise du Québec et aux langues officielles en général sont compilées quotidiennement par le QCGN. Je crois que certains sénateurs sont abonnés à cette note d'information quotidienne, comme on l'appelle. Elle est distribuée à plus de 800 clients, dont bon nombre sont des intervenants gouvernementaux fédéraux, comme les sénateurs, et provinciaux. En fait, nous recevons souvent des demandes de la part de nos intervenants gouvernementaux qui souhaitent que nous publiions de l'information sur leurs ministères dans nos coupures de presse. Nous sommes devenus un centre de diffusion d'information aux communautés.
Nous remarquons que de plus en plus de gens sont intéressés par ce que nous faisons. Nous le constatons grâce aux pages de notre site Web les plus visitées ou aux recherches par mots clés.
Pourquoi vous dire tout cela? Pour démontrer que notre communauté et nos intervenants gouvernementaux sont déjà des participants d'envergure dans Internet, les nouveaux médias et les médias sociaux pour soutenir nos droits linguistiques.
Je vous remercie encore une fois de nous avoir donné l'occasion de comparaître ici aujourd'hui. Il nous tarde de répondre à vos questions. Je peux vous dire que mon collègue, M. Thompson, est beaucoup plus chevronné que moi au sujet du Web 2.0. Il n'a pas terminé de me montrer comment utiliser mon iPhone. Il sera certainement mieux placé que moi pour répondre à certaines de vos questions.
La présidente : Merci beaucoup.
Je vous ai entendu dire que vous vous servez des médias sociaux et que vous avez des comptes Facebook et Twitter. J'aimerais en savoir plus. Que faites-vous? Comment procédez-vous? Interagissez-vous avec la communauté ou les gouvernements?
Mme Martin-Laforge : Nous avons quelqu'un au bureau qui s'occupe de nos comptes Facebook et Twitter. Je crois que nous avons apporté des statistiques, monsieur Thompson.
Stephen D. Thompson, directeur de la politique stratégique, de la recherche et des affaires publiques, Quebec Community Groups Network (QCGN) : Nous avons 1 300 visiteurs sur notre site web chaque mois. Trois cent cinquante-sept personnes sont abonnées à notre compte Twitter, y compris le Sénat, des organisations politiques, tout comme nos membres, et des institutions, ministères et organismes gouvernementaux qui ont également créé des comptes Twitter.
Nous suivons 221 comptes Twitter, y compris des organisations politiques et votre comité, des institutions, ministères et organismes gouvernementaux qui sont liés à notre compte.
Nous affichons surtout des nouvelles liées à la communauté anglophone du Québec, à la politique canadienne, à la politique québécoise et les nouvelles de nos membres.
Il y a 147 personnes qui aiment la page Facebook du QCGN; elles s'y sont abonnées.
Mme Martin-Laforge : Nous avons des amis.
M. Thompson : Nous avons 147 amis. Parmi ceux qui nous suivent, il y a des membres de notre communauté, tels que des organisations communautaires qui ne sont pas membres du QCGN, de même que les membres du QCGN eux- mêmes, des politiciens, des personnes qui s'intéressent aux communautés de langue officielle en situation minoritaire au Canada, des partenaires et d'autres parties intéressées.
Pour vous donner un exemple de comment cela peut nous être utile, l'un des membres du Parti québécois, François Rebello, nous a contactés par l'entremise de notre compte Facebook. Il s'est informé sur le QCGN par les outils du Web 2.0 et a demandé à nous rencontrer. C'est une façon pour nous de nous faire connaître et aussi de connaître les politiciens.
La présidente : Est-ce que c'est comme de la promotion?
M. Thompson : Oui.
Mme Martin-Laforge : Notre site web est entièrement dans les deux langues. Contrairement à nos membres qui n'ont pas la capacité ou les ressources — j'imagine que c'est toujours une question de ressources — pour traduire leur site web, nous croyons que le QCGN, à cause de la place qu'il occupe dans la société québécoise, doit avoir sur son site web tout son matériel traduit, et nous essayons de respecter cela. Bien sûr, nous ne pouvons pas faire cela sur Twitter, mais sur notre site, nous sommes très conscients de la dualité linguistique dans toutes nos activités.
La présidente : Est-ce que les groupes communautaires anglophones que vous représentez au Québec ont accès au site Web?
Mme Martin-Laforge : Nombre de nos groupes ont des sites Internet. Certains n'en ont pas parce qu'ils n'ont pas la capacité ou les ressources nécessaires. Parfois, ce n'est même pas une question d'argent; il s'agit d'avoir des jeunes qui peuvent ouvrir le compte Twitter et le garder actif.
Comme nos collègues de la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada l'ont dit plus tôt, il faut s'en occuper. Cela ne vaut pas la peine de l'ouvrir s'il n'y a pas d'engagement à long terme pour s'en occuper.
La présidente : Si le gouvernement fédéral mettait en place une sorte de programme pour vous aider, quels seraient les deux besoins principaux de votre communauté; serait-ce l'accès?
Mme Martin-Laforge : Avant que nous nous attaquions à notre site Web il y a environ deux ans pour le rendre plus attrayant sur le plan visuel et interactif, et que nous commencions à nous en occuper réellement chaque jour, nous ne recevions pas beaucoup de visites sur ce site. Il nous a fallu des ressources.
Dans notre communauté, mettre sur pied un site web, le garder à jour et l'organiser, c'est une chose. Pour nos membres qui reçoivent du financement de base, les sites web ne sont plus acceptés comme en faisant partie. Nous avons songé à deux ou trois façons de peut-être demander la traduction à la province. Certains ont un site Web en anglais mais pas en français. Pour les mêmes raisons qui font que je crois que notre site web doit être dans les deux langues au Québec, nous aimerions aider nos membres à faire traduire le matériel sur leurs sites web.
Rafraîchir les sites web, les rendre plus conviviaux et les traduire sont des choses importantes. La traduction est constante, parce que dès que vous recevez du nouveau contenu, il faut s'en occuper. C'est une entreprise. C'est important de s'en occuper.
L'accès, le développement des capacités et le contenu sont importants. Nous créons souvent du contenu. Mais il faut traduire ce contenu.
La présidente : Est-ce qu'il y a un accès à l'Internet et aux médias sociaux dans vos écoles?
M. Thompson : Nous ne savons pas, nous ne pouvons nous prononcer sur cette question. Il faudrait vous adresser à l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec.
Pour ce qui est de l'accès général à la large bande, j'attire l'attention du comité sur le Programme Large bande Canada : Un milieu rural branché, qui a été annoncé par le ministre Clément en 2010 alors qu'il était ministre de l'Industrie. Le ministre Paradis a effectué une mise à jour l'an dernier. Il a déclaré en janvier 2011 que les Québécois qui vivent en région devraient avoir les mêmes occasions que ceux qui habitent dans les grandes villes. Nous savons que le gouvernement du Canada offre des programmes dans le cadre du Plan d'action économique pour que tous les Canadiens en milieu rural puissent enfin avoir accès aux services à large bande.
Pour ce qui est du contenu, comme le comité l'a appris l'année dernière, il existe une présomption selon laquelle tout le contenu anglophone est pertinent dans notre milieu, ce qui est tout à fait faux.
Une émission anglophone constituant une comédie de situation ayant lieu à Los Angeles et présentant des personnages américains n'a pas plus de pertinence à mes yeux qu'aux vôtres. Non, pas du tout. Ce n'est pas parce que c'est en anglais que cela a un sens dans notre communauté.
Le contenu présenté doit être représentatif de notre communauté. Voilà ce qui importe.
Le sénateur Mockler : Quel pourcentage des membres de votre communauté au Québec dans les milieux ruraux aurait la plus grande incidence en ce qui a trait à l'Internet à haute vitesse?
M. Thompson : Relativement au programme dont j'ai parlé plus tôt, vous pourrez trouver des cartes de référence. Vous y verrez les collectivités au Québec où il y a ou non un accès à l'Internet à large bande qui est offert.
Quant à nos communautés, celles qui sont plus susceptibles de ne pas y avoir accès sont situées à l'extrémité est de la province, soit la Basse-Côte-Nord, les îles de la Madeleine, la Gaspésie ainsi que les Cantons-de-l'Est, rien qu'en raison de leur situation géographique. Dès que vous sortez de la région métropolitaine de recensement de Sherbrooke et que vous vous rapprochez de la frontière américaine, la large bande constitue toujours un problème.
Le sénateur MacDonald : Quel est le pourcentage?
M. Thompson : Je ne sais pas.
Le sénateur Mockler : Y a-t-il une façon de le savoir?
M. Thompson : Oui, il faudrait consulter les cartes sur l'accès à la large bande sur le site web Large bande Canada : Un milieu rural branché. Je viens de le consulter sur mon iPhone pendant que M. Quinty en parlait, alors je confirme que ces cartes existent et qu'elles ont été mises à jour.
Le sénateur Mockler : Elles sont actualisées.
M. Thompson : Oui.
Le sénateur Mockler : Avez-vous ce type de renseignement pour votre communauté?
M. Thompson : Je peux vous dire qu'actuellement, 90 p. 100 de notre communauté habitent en milieu urbain. Par conséquent, 90 p. 100 des membres de la communauté anglophone du Québec vivent dans des régions métropolitaines de recensement. Nous vivons principalement en milieu urbain et non pas rural. Cela étant dit, il y a cependant des groupes importants et vitaux d'anglophones au Québec qui vivent en milieu rural ou éloigné, par exemple aux îles de la Madeleine, en Gaspésie et dans la Basse-Côte-Nord.
Mme Martin-Laforge : On entend souvent dire dans nos communautés que les anglophones qui y vivent sont les plus vulnérables. Il importe de le noter. Par exemple, s'il y a un endroit où le taux de réussite scolaire est faible, c'est sans doute en Gaspésie. Je crois que vous en avez entendu parler lors de la préparation de votre rapport également. Parfois, il y a une grande vulnérabilité chez ceux qui vivent à l'extérieur, même s'ils ne sont pas nombreux. Moins ils ont de moyens, plus ils sont vulnérables.
[Français]
On entend parler de la feuille de route.
[Traduction]
À ce sujet, nous entendons parler de la feuille de route, et vous avez été consultés avant qu'elle ne soit annoncée en 2008. Compte tenu de votre expérience actuelle, que nous recommanderiez-vous comme prochaine étape ou ajout éventuel à la feuille de route? Qu'est-ce que vous nous recommanderiez à ce sujet?
Mme Martin-Laforge : Monsieur le sénateur, votre question est intéressante. Je crois qu'il faudrait une combinaison d'initiatives de la part de différents ministères. Prenons par exemple TPSGC et les services de traduction. Dans notre communauté, il est absolument important de pouvoir joindre la majorité à l'aide de nos sites web pour mieux nous faire connaître de celle-ci. Nous avons demandé d'avoir recours à ces services, et nos membres nous ont indiqué qu'ils voudraient voir leurs sites web traduits et entretenus. Par conséquent, l'argent destiné à la traduction des sites web les rend accessibles, visibles et connus. Cela permet de partager son expérience. Nous faisons le récit de nos expériences en anglais, mais il serait nécessaire de pouvoir les raconter à la majorité francophone du Québec. Par conséquent, ce serait mieux de pouvoir les diffuser également en français. Voilà un exemple d'initiative. Je ne sais pas si c'est possible, mais j'essaie de me rappeler si cela pourrait être réalisé dans le cadre de la feuille de route.
Je ne sais pas ce qu'Industrie Canada pourrait faire de plus au sujet de la large bande. Une intervention précise pourrait sans doute être réalisée à cet égard.
Toutefois, en ce qui a trait à la feuille de route, peut-être que nous pourrions consulter d'autres ministères, outre ceux qui sont déjà des participants, car le gouvernement compte plus de 200 ministères et organismes. Ce serait une démarche intéressante pour nous que d'étudier la question pour évaluer ce que nous pourrions faire avec peu d'argent ou peut-être même avec des contributions en nature qui seraient utiles à nos communautés.
Le sénateur Mockler : Je crois qu'il est juste d'affirmer qu'en 2008-2009, au moment de mettre en œuvre ce programme, il s'agissait d'un dérivé de programmes précédents et on ne disposait pas du pouvoir de pénétration que permettent les réseaux sociaux aujourd'hui. Les choses évoluent si rapidement. Je crois que vous en faites l'expérience, d'ailleurs vous êtes des vecteurs. Cela fait partie de la réflexion sur les prochaines étapes, car les médias sociaux ont un rôle important à jouer.
Mme Martin-Laforge : Sénateur, je crois qu'il y a possibilité d'entamer une réflexion novatrice et, peut-être, des projets pilotes, car il y en avait dans le cadre de la dernière feuille de route.
[Français]
Le plan d'action précédent contenait des projets pilotes pour vérifier et tester. On n'en sait pas tout à fait assez. On pourrait en savoir un peu plus sur l'impact véritable sur les jeunes. Il ne fait aucun doute que si on n'explore pas des façons de rejoindre nos jeunes, avec le « gazouillage » et le reste, ils ne viendront pas voir ce que la communauté a à offrir.
[Traduction]
Je crois que ce serait utile à quiconque désire réfléchir aux combinaisons de possibilités, aux différents ministères ou à l'exécution de projets pilotes quelque part.
Le sénateur Mockler : Aujourd'hui, j'ai pris comme passager dans ma voiture un enseignant en français qui se rendait à Ottawa, et nous avons eu une discussion au sujet des réseaux sociaux. Je lui ai posé la même question qu'aux groupes précédents : sommes-nous en train de perdre notre capacité de rédiger en français ou en anglais? Je sais ce que font mes fils et ma fille, mais ce n'est pas vraiment du français ou de l'anglais. Qu'en pensez-vous?
Mme Martin-Laforge : Je ne sais trop comment répondre à votre question. Il y a 10 ans, savait-on ce que signifiait « LOL » en anglais? On aurait pu l'interpréter comme « lots of love », ce qui n'est pas le cas évidemment. Je ne sais pas.
Il s'agit d'une question complexe, mais si nous ne trouvons pas de façons intéressantes d'intervenir auprès des jeunes d'aujourd'hui, c'est que nous avons perdu notre influence sur cette question.
Le sénateur Mockler : Vous parlez de la qualité de la langue?
Mme Martin-Laforge : Pour ce qui est de la qualité, peut-être que cela justifie une intervention dans les écoles.
Le sénateur Poirier : Nous voyons nos jeunes utiliser des iPods, et nous avons parlé des enseignants et de l'accès à l'information dont ils ont besoin pour l'enseigner. D'après vous, est-il réaliste de penser que, compte tenu de la vitesse à laquelle le monde se transforme et l'âge de nos enfants, les adultes seront capables de maintenir le rythme et de leur offrir ce qu'il y a de mieux? Qu'en pensez-vous?
Mme Martin-Laforge : Je ne pense pas que cela soit une affaire de langues officielles. C'est une affaire de génération et de société.
Vous avez raison. Nous devons décider de la cible de nos efforts. Dans nos communautés de langue anglaise, nous devons trouver des moyens d'encourager les jeunes anglophones à rester au Québec, et il faut leur donner du contenu québécois et leur insuffler un sentiment de fierté, peu importe leur façon d'écrire à ce sujet. Qu'ils écrivent « LOL Québec », ce n'est pas grave, car ce qui importe, c'est ce qu'ils éprouvent à son sujet.
Il faut que les jeunes anglophones du Québec se sentent en contact avec du contenu qui ne vient pas des États-Unis, mais bien des anglophones ou des francophones du Québec. Il faut les amener à sentir ce lien.
Nous devons faire tout ce qu'il faut pour que les jeunes Québécois anglophones veuillent rester au Québec, trouvent qu'il est intéressant de le faire dans notre communauté minoritaire. Qu'ils utilisent le sigle « LOL » ou autre chose est sans importance; ce qui importe, c'est qu'ils sentent de l'attachement pour le patrimoine et la culture du Québec et leur situation minoritaire dans cette province.
Le sénateur Poirier : Je n'envisageais pas la question d'un point de vue linguistique. Je soulignais la vitesse à laquelle les jeunes s'approprient une langue complètement nouvelle, qui n'est ni l'anglais ni le français : la langue des médias sociaux comme Twitter ou Facebook. Étant donné l'engouement des jeunes pour ce nouveau langage, est-il réaliste de penser que nous les adultes ou les enseignants serons capables de suivre l'évolution de ces médias au Canada et dans le monde? Le sujet me semble intéressant.
Le sénateur Tardif : Permettez-moi de revenir à la question des langues officielles. J'ai posé la question suivante au groupe de témoins précédent, la Fédération des communautés francophones et acadiennes : le Conseil du Trésor a-t-il consulté votre organisation avant de formuler de nouvelles lignes directrices relatives à l'utilisation de l'Internet et des médias sociaux au travail?
M. Thompson : Oui, nous avons été consultés. On nous a consultés au sujet de divers changements qu'on envisageait d'apporter aux règlements, et on a demandé notre avis sur les médias sociaux dans ce contexte. Nous avons transmis notre avis la semaine dernière.
Le sénateur Tardif : Les suggestions que vous avez formulées à cette occasion allaient-elles dans le même sens que celles que vous venez de nous présenter?
M. Thompson : Non. La présentation des médias sociaux dans les règlements n'était pas au centre de nos observations sur l'ensemble des modifications à apporter aux règlements qu'on nous a soumis pour examen. On nous a invités à commenter un document volumineux, d'environ 70 pages, et nous ne nous sommes pas attachés à cet aspect- là.
Nous sommes heureux de constater que les principes sur lesquels les règlements reposent sont restés les mêmes. Les principes régissant la promotion des droits linguistiques des Canadiens dans l'administration fédérale et les institutions fédérales, et au Parlement, sont demeurés dans les nouveaux règlements, et c'est ce qui nous importe.
Le sénateur Tardif : Vous ne seriez donc pas en faveur de modifier les règlements pour y inclure la partie VII, par exemple?
M. Thompson : C'est un des sujets que nous avons mentionnés ce soir. Nous savons, naturellement, qu'on envisage de fondre ensemble les parties IV, V et VII. Nous sommes d'accord.
Le sénateur Tardif : Autrement dit, vous souhaitez que la loi soit un tout plutôt qu'une juxtaposition de parties?
M. Thompson : Effectivement. Comme nous l'avons également expliqué, nous attachons beaucoup plus d'importance à la partie VII qu'aux parties IV et V de la loi.
Le sénateur Tardif : Je crois que nous en avons déjà parlé, mais quelles recommandations adressez-vous au gouvernement pour améliorer les communications?
M. Thompson : Nous avons posé une série de questions dans notre exposé. Quand nous avons entendu les experts du Conseil du Trésor qui témoignaient devant le comité le 31 octobre, il y a eu un moment d'euphorie technologique lorsqu'on s'est rendu compte que grâce au Web 2.0, on pouvait offrir des services à tous les Canadiens en français et en anglais, peu importe où ils se trouvaient.
Toutefois, tout cela est possible parce qu'il y a un modèle très centralisé et très contrôlé d'information à la base : la tenue du site Internet et tous les ajouts et retraits se font ici à Ottawa ou à l'administration centrale de l'organisme en question.
La gestion des comptes Twitter et des pages Facebook est centralisée. Le président du Conseil du Trésor se réjouit de ce que les gazouillis nous arrivent simultanément dans les deux langues; or, cela est possible parce que deux personnes sont assises côte à côte, ici à Ottawa, dans un bureau, et qu'elles contrôlent cette information.
Qu'en est-il cependant de l'accès régional à de l'information qui touche particulièrement une région, surtout là où le nombre ne justifie pas la prestation de services en anglais et en français? Cela s'applique à nos communautés anglophones au Québec tout comme aux communautés francophones à l'extérieur du Québec.
Si je ne peux pas avoir de compte Twitter ou Facebook à cause d'un règlement ministériel, alors que je travaille dans un bureau de développement économique au Québec, les lignes directrices du Conseil du Trésor à l'étude reposent sur le contrôle centralisé de l'information. Dans ce cas, comment puis-je communiquer mon message par Web 2.0 à mes clients, aux membres de la communauté que je sers et aux organisations sectorielles locales qui comptent sur moi? Voilà pourquoi nous avons posé ces questions ce soir, car elles n'avaient pas encore été soulevées. Une mise en garde s'impose en ce qui concerne l'euphorie technologique : les outils ne sont efficaces que dans la mesure où la structure dans laquelle ils s'inscrivent le permet. Si cette structure repose sur la centralisation de l'information à partir d'Ottawa, d'une administration centrale, l'information communiquée sera générale et non adaptée aux différentes régions. Dans ce cas, elle risque de ne pas être très utile aux gens sur le terrain.
Le sénateur Tardif : Je me réjouis que vous ayez soulevé cet aspect parce qu'il est très important. J'aime bien l'exemple que vous avez donné parce qu'on ne se rend pas toujours compte que si un service est offert dans les deux langues, c'est parce que des employés assis côte à côte l'offrent dans les deux langues. On ne songe pas souvent à ce que cela suppose comme infrastructure, comme capacité et comme ressources. Par contre, cela comporte l'inconvénient d'une perte de souplesse et de contenu régional. Comment concilier tous ces besoins?
Mme Martin-Laforge : Il y a fort longtemps, j'ai travaillé pour le fédéral dans un bureau où les employés qui offraient les services en anglais et en français travaillaient côte à côte. On écrit toujours le message français et le message anglais en même temps. Il arrive qu'on n'utilise pas exactement les mêmes mots dans les deux langues parce que cela ne rendrait pas l'esprit du message qu'on veut communiquer. Ce sont des gens très compétents qui comprennent le contenu et la langue en même temps qui offrent ces services. Il serait très difficile de faire la même chose à Rouyn-Noranda, par exemple, sauf tout le respect que je dois aux gens de Rouyn-Noranda. Ce serait bien difficile à faire.
Le sénateur Tardif : Quelle solution proposez-vous pour remédier aux problèmes que vous avez décrits?
M. Thompson : Lorsque les chiffres ne le justifient pas, je pense que les clients doivent être patients. Il faut établir un équilibre. Voulez-vous le service dans votre langue? Si oui, si les chiffres ne sont pas suffisants, êtes-vous prêts à attendre la traduction? Êtes-vous prêts à accepter un produit qui, peut-être, n'est pas dans un anglais ou un français parfait, mais avec lequel vous pouvez travailler?
Comme toutes les grandes organisations, les gouvernements n'aiment pas faire des erreurs et n'aiment pas qu'on les voit faire des erreurs. J'imagine qu'ils n'aimeraient pas du tout qu'un de leurs produits ne soit pas dans un anglais ou un français parfait. Cela ferait les manchettes.
Le Web 2.0 peut parfois être assez informel. Le sénateur Poirier l'a mentionné. Lorsque nous discutions, enfants, nous le faisions dans un langage informel. En ce qui concerne les outils, le Web 2.0 est une façon de communiquer qui, tout simplement, reflète le caractère informel du langage et y est reflété.
Le caractère informel du langage et de communication dans le Web 2.0 ne s'inscrit pas dans le type de communications structurées et formelles auquel s'attend le gouvernement. Pour répondre à votre question par une question : comment le gouvernement pourrait-il accepter le niveau de risque et de familiarité des communications qui accompagne naturellement ces types d'outils?
Mme Martin-Laforge : Je pense aussi que si on se comprend ou qu'on veut décentraliser les partenariats créatifs, soit avec la collectivité, soit avec les entreprises, ou autres, l'objectif est de fournir à chaque Canadien des renseignements exacts et raisonnables. Comme M. Thompson l'a indiqué, quelle est la norme de service, par exemple, pour transmettre de l'information à une personne? En ce qui concerne les partenariats et les protocoles comportant des normes de service, je ne veux pas parler de transfert des responsabilités, mais je pense que ce concept doit être étudié un peu plus du point de vue de la mise en œuvre. Si l'objectif consiste à atteindre chaque Canadien dans sa propre langue, comment pouvons-nous y arriver et quels sont les risques?
Je suis certaine que quelqu'un, quelque part, doit avoir étudié ce concept. On ne peut pas s'attendre à ce que la communauté le fasse. Nous avons des idées à ce sujet. Nous avons des exemples sur le terrain, là où les chiffres le justifient. Nous avons des exemples des stands et des services. Nous n'en avons pas nécessairement dans le domaine du Web 2.0, mais je pense qu'il faut réfléchir davantage et préciser les priorités actuelles afin d'y arriver grâce, peut-être, à des partenariats novateurs.
[Français]
Le sénateur Champagne : Madame Martin-Laforge, il me fait plaisir de vous revoir. Je me souviens que lors de cette dernière rencontre, vous nous parliez des problèmes que certaines communautés loin des grands centres rencontraient. Si, partout, tout le monde pouvait avoir accès facilement à Internet et à cette large bande, dans la langue de leur choix, on faciliterait les choses. Je songe à des problèmes de santé, par exemple, où une infirmière, sur la Basse-Côte-Nord, aurait besoin d'un conseil ou de s'informer, si elle pouvait le faire via Internet, auprès d'un médecin qu'elle connaît mais qui est loin, et dans sa langue, cela faciliterait les choses. Pour que les personnes des différentes régions puissent communiquer entre elles et avec des gens comme vous.
[Traduction]
Monsieur Thompson, vous avez dit que le ministre Clement et le ministre Paradis ont récemment dit que la large bande serait disponible en 2012. Ai-je bien compris, avez-vous dit qu'Internet haute vitesse serait disponible partout en 2012?
M. Thompson : Non. Je pense avoir dit que le Projet Large bande Canada : Un milieu rural branché a été annoncé en 2010 dans le cadre du Plan d'action économique du Canada. Je ne sais pas exactement quand il prend fin. J'ai cité le ministre Paradis qui, en janvier 2011, a dit que les Québécois vivant en région devraient avoir accès aux mêmes possibilités que leurs concitoyens des grandes villes. À l'époque, il annonçait l'élargissement des services à large bande pour inclure 2 300 familles en milieu rural au Québec.
Le sénateur Champagne : Je trouve incroyable qu'il continue d'être difficile, que ce soit dans l'Est du Québec, dans le Nord de l'Ontario, ou au Nouveau-Brunswick, d'obtenir Internet haute vitesse ou par satellite et de recevoir de l'aide lorsqu'on en a besoin, en particulier si on vit dans une communauté éloignée. Parfois, c'est la seule façon de faire. Par Internet, grâce à une caméra, on peut montrer à un autre médecin ce qui se passe, chose qui est impossible par téléphone.
M. Thompson : Certaines de nos communautés les plus éloignées utilisent les équipements de vidéoconférence auxquels ils ont accès dans les centres d'apprentissage communautaires pour obtenir ce type de services liés à la santé.
Le sénateur Champagne : Je me demande ce qui est le plus important : avoir accès à l'aide dont on a besoin dans une langue ou dans l'autre, ou y avoir accès, point. Ai-je tort?
Mme Martin Laforge : Je pense que cela dépend, ici aussi. Au Québec, le français de nombreux aînés n'est pas suffisant pour comprendre un médecin ou une infirmière ou leur expliquer ce qui ne va pas. En personne, parfois, au moins on peut faire des gestes.
Je pense que cela va pour certaines choses, mais pas pour d'autres. Nous avons de nombreux exemples, que vous avez entendus. Ces exemples nous viennent des îles de la Madeleine ou des gens habitant sur la côte, à Harrington Harbour. Souvent, l'accès est inégal parce que les lignes sont en panne. Même lorsqu'ils ont accès au service, parfois, en raison des conditions météorologiques, cela ne fonctionne pas.
C'est une question compliquée. Pour bon nombre de nos communautés, les gens pourraient s'accommoder de ce qu'ils ont, comme la majorité de la population, pour ce qui est d'avoir accès à des services en français. Toutefois, pour de nombreux aînés ou pour les personnes vulnérables dans nos communautés, le français, cela ne suffit pas; ils ont besoin de la communication ou du service en anglais.
Le sénateur Champagne : Je comprends très bien. Mon père est décédé il y a quelques années seulement. S'il devait expliquer à un médecin ce qu'il avait en anglais, il serait mort bien avant 97 ans. Je peux comprendre ce que vous dites, mais en quelque sorte, le fait de pouvoir communiquer avec les gens est, selon moi, très important, pour s'assurer que tous aient accès aux services.
Mme Martin Laforge : Je suis d'accord. Pour régler les problèmes entourant le fait, pour quelqu'un, de ne pas parler français, il serait important de faire appel à des interprètes. Aucun programme ne prévoit d'interprète. Au Québec, vous pouvez trouver des interprètes dans d'autres langues, mais il est très difficile d'en trouver qui font le contraire. Il n'existe pas de programme officiel d'interprète anglophone et francophone. Il faut se fier à un fournisseur de soins, et c'est compliqué. S'il s'agit d'une situation médicale, il se peut que je ne connaisse pas les termes, moi non plus.
Si vous pensez à l'interprétation, cela n'a pas nécessairement à être de la traduction simultanée, mais il est important d'avoir ce type de soutien pour obtenir des services dans une langue donnée. S'il y a des services d'interprétation, je suis d'accord avec vous. Ce seraient des solutions hybrides qui rendraient la vie des Québécois et des Canadiens acceptable.
[Français]
La présidente : Puisqu'il n'y a plus de questions, j'aimerais remercier Mme Martin Laforge et M. Thompson de leur comparution devant le comité. Merci pour votre présentation et pour vos réponses.
Honorables sénateurs, la séance est suspendue pour quelques minutes et reprendra à huis clos.
(La séance est levée.)