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OLLO - Comité permanent

Langues officielles

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Langues officielles

Fascicule 7 - Témoignages du 27 février 2012


OTTAWA, le lundi 27 février 2012

Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui, à 17 heures, pour étudier l'utilisation d'Internet, des nouveaux médias, des médias sociaux et le respect des droits linguistiques des Canadiens.

Le sénateur Maria Chaput (présidente) occupe le fauteuil.

[Français]

La présidente : Je vous souhaite la bienvenue au Comité sénatorial permanent des langues officielles. Je suis la sénatrice Maria Chaput, du Manitoba, présidente du comité. Avant de présenter le témoin qui comparaît aujourd'hui, j'aimerais inviter les membres du comité à se présenter.

Le sénateur Fortin-Duplessis : Suzanne Fortin-Duplessis, de la ville de Québec. Je suis enchantée que vous soyez parmi nous.

[Traduction]

Le sénateur Buth : Je m'appelle JoAnne Buth et je viens du Manitoba.

[Français]

Le sénateur Losier-Cool : Rose-Marie Losier-Cool, du Nouveau-Brunswick.

Le sénateur Robichaud : Fernand Robichaud, Saint-Louis-de-Kent, au Nouveau-Brunswick.

La présidente : Le comité poursuit son étude sur l'utilisation d'Internet, des nouveaux médias, des médias sociaux et le respect des droits linguistiques des Canadiens.

Nous accueillons aujourd'hui Mme Deborah Drisdell, directrice générale de la section Accessibilité et entreprises numériques de l'Office national du film du Canada pour nous parler, entre autres, des activités de l'ONF sur le web et dans les médias sociaux. Je vous invite à prendre la parole et les sénateurs suivront avec des questions.

Deborah Drisdell, directrice générale, Accessibilité et entreprises numériques, Office national du film du Canada : Merci de votre accueil. Je suis ravie d'être ici aujourd'hui pour parler de l'expérience de l'ONF qui, depuis 2008, a emprunté la voie du numérique.

L'ONF a été créé en 1939 pour raconter les histoires importantes pour les Canadiens et les Canadiennes à travers le pays. Je ne vous lirai pas tout ce qui est ici puisqu'il y a beaucoup d'informations sur les diapositives que je vais vous montrer. Je vais passer et ainsi, on pourra avoir plus de temps pour la période de questions.

Il était très important d'avoir ces histoires qui sont si importantes pour la fabrique canadienne, et de s'assurer que les Canadiens puissent les voir. Avec les années, et surtout avec la venue de la télévision, on s'est trouvé à disparaître un petit peu pour la population. Souvent, les Canadiens et les Canadiennes nous posaient la question : où peut-on voir les films de l'ONF? On s'est alors donné le mandat, en 2008, de répondre à cette question. On a trouvé que l'arrivée des nouvelles technologies était une avenue importante pour répondre à cette question et pour être davantage disponible.

Le plan stratégique, de 2008, avait deux objectifs : l'accessibilité et l'engagement citoyen. On voulait faciliter et élargir l'accès aux auditoires canadiens et étrangers à l'ensemble des œuvres de l'ONF et de ses partenaires. Depuis les débuts de l'ONF, en 1939, on a produit plus de 13 000 films. Il était aussi important de présenter le Canada et les questions de société pour favoriser un débat public et l'engagement citoyen. On voulait également s'assurer d'être présent dans les communautés rurales et les communautés linguistiques en situation minoritaire. Cette question nous préoccupait beaucoup.

Certains éléments de notre stratégie numérique et d'accessibilité étaient la distribution par Internet, d'autres plates- formes numériques — il y en avait moins à l'époque, mais de plus en plus avec le mobile, ce qu'on appelle le e-cinéma ou le cinéma numérique — et un soutien renouvelé au secteur de l'éducation. L'ONF était toujours très présent dans le domaine de l'éducation à travers le Canada en offrant du contenu canadien important, mais on voulait être renouvelé pour les jeunes, les plates-formes traditionnelles et les projections communautaires.

On a alors commencé avec la diffusion par Internet. On voulait rendre accessibles aux Canadiens plus de 2 000 productions sur une nouvelle plate-forme de visionnement qui s'appelait onf.ca ou nfb.ca, en anglais. On voulait que les Canadiens aient accès sur les plates-formes de leur choix, que ce soit le téléphone intelligent, la plate-forme numérique, maintenant la tablette tactile ou même la télévision interactive qui se développe.

Notre stratégie avait deux axes : la destination, donc toutes les plates-formes qui s'appellent ONF et les plates- formes de nos partenaires, comme YouTube et Dailymotion.

En 2009, on a lancé notre plate-forme de visionnement, onf.ca. Ensuite, ont suivi des applications mobiles pour visionnement comme le iPhone, le iPad, Android, le PlayBook de RIM et, tout récemment, on a lancé des applications afin d'être disponible sur ce qu'on appelle la « télé connectée » ou SMART TV. On a des partenariats avec Dailymotion et Vimeo, entre autres.

Sur onf.ca et les sites de nos partenaires, jusqu'à 2009, on a eu près de 30 millions de visionnements, avec une croissance continue. Lors du lancement, on était très heureux de recevoir des commentaires des Canadiens et des Canadiennes qui disaient redécouvrir un ONF auquel ils n'avaient pas accès. Cela nous a encouragés à continuer dans cette démarche.

Sur l'ensemble des activités des partenaires et de l'ONF, 67 p. 100 est à l'international, 33 p. 100 au Canada, et à peu près 90 p. 100 de tous nos visionnements au Canada se font sur les plates-formes désignées de l'ONF.

[Traduction]

Pour vous donner une idée des plates-formes de l'ONF, sachez qu'environ 20 p. 100 des visionnements au Québec — soit environ 700 000 — se font en anglais, et le reste en français. Environ 17 p. 100 de nos visionnements en langue française se font à l'extérieur du Québec. Pour l'instant, environ 2 000 films sont disponibles sur ONF.ca et les plates- formes mobiles. Le site comme les applications sont complètement bilingues. S'ils ne sont pas identiques, c'est que nous avons des films différents en français et en anglais, et nous fournissons autant que possible des versions sous-titrées dans les deux langues.

Vous voyez ensuite les chiffres approximatifs et la mise en valeur de la francophonie sur notre blogue, avec une sélection de films réalisés par des francophones hors Québec.

Nous nous servons également beaucoup d'un blogue pour prendre contact avec nos clients. C'est la façon idéale de mettre en valeur les activités de l'ONF. Il s'agit d'un site convivial où les cinéphiles et les technophiles de même que les éducateurs — nous avons un blogue éducatif — peuvent afficher des commentaires, interagir et discuter des films. Deux auteurs sont responsables du blogue, l'un francophone, l'autre anglophone. Ils alimentent les sites, qui sont ensuite traduits dans l'autre langue officielle pour être affichés sur le blogue.

Nous ne croyions pas que ce soit suffisant pour attirer les gens. Nous considérions que nous devions également avoir une grande présence dans les réseaux de médias sociaux à notre disposition, alors nous envoyons également un bulletin électronique. Voici certaines des statistiques au 31 décembre. Nous avons deux gestionnaires qui s'occupent de toutes les activités dans les médias sociaux, et encore une fois, l'un est francophone et l'autre, anglophone. Ils aiguillent le contenu vers des groupes d'intérêt dans le domaine des films, documentaires, films d'animation et productions interactives canadiens. Ils participent aux conversations, discutent avec les usagers et font office de modérateurs, que ce soit sur YouTube, Twitter, Facebook ou dans nos bulletins électroniques.

Nous avons parlé du secteur éducatif. Les enfants évoluent, comme nous le savons tous. Dès le lancement du site ONF.ca, nous avons rapidement constaté une augmentation fulgurante de notre jeune public. Traditionnellement, notre auditoire avait 40, 45 ans et même plus. Or, nous avons vu un intérêt marqué chez les plus jeunes, de 17 à 25 ans, dès que nous avons lancé nos applications mobiles. L'éducation évolue grandement partout au Canada. Nous considérions que les enseignants avaient besoin de plus d'outils pour offrir du contenu canadien dans les salles de classe, dans les deux langues officielles, que ce soit au Québec ou partout au Canada, et surtout dans les communautés minoritaires. Nous voulions qu'ils aient accès à cette information pour en faire profiter leurs élèves. Nous avons donc créé CAMPUS, un service numérique en ligne.

Environ huit millions d'élèves canadiens ont accès au service en ligne de l'ONF dans leurs classes. C'est un outil particulièrement utile pour les enseignants qui travaillent dans des communautés linguistiques minoritaires partout au Canada. Ils ont ainsi accès à un riche contenu francophone, ou anglophone dans le cas des communautés linguistiques du Québec. Nous avons maintenant des contrats de concession de licence avec les ministères de l'Éducation de la Colombie- Britannique, de l'Ontario, du Québec — pour l'anglais —, et de l'Alberta. En outre, nous sommes en pourparlers avec les écoles francophones des Maritimes et du Manitoba.

Nous fournissons des guides pédagogiques, des chaînes éducatives et des films, par catégorie. Nous embauchons des enseignants afin de regrouper les films en fonction des programmes scolaires et des groupes d'âge. Nous offrons également aux enseignants des descriptions de film, des ateliers virtuels en ligne, des applications, de même que des blogues et infolettres.

Le cinéma numérique est une façon efficace et abordable d'offrir du contenu, surtout dans les collectivités éloignées. Nous avons mis sur pied un projet pilote en Acadie. À l'origine, cinq cinémas y participaient, mais le projet a pris de l'ampleur et le contenu est maintenant offert sur Internet dans de nombreux autres endroits. Les films sont numériques et sont de la même qualité que la projection en salle. Cependant, ils sont téléchargés d'un serveur numérique, ce qui réduit grandement les coûts et accroît l'accessibilité partout au pays.

Ces initiatives ont vraiment démarré en 2009, et elles nous ont permis d'offrir notre contenu numérique aux Canadiens. Celui-ci est équivalent, comme je l'ai dit, mais pas identique dans les deux langues officielles, puisqu'il reflète l'étendue et la diversité de nos communautés. Nous offrons des films de partout au Canada, des productions interactives et du contenu de l'étranger. Pour resserrer nos liens avec les communautés anglophones et francophones, nous tenons des consultations avec les communautés cinématographiques, avec la FCCF et, plus particulièrement, ELAN au Québec. On leur offre une plate- forme intéressante pour diffuser et faire rayonner leurs oeuvres et appuyer les enseignants. Cela facilite également le partenariat avec différentes communautés, nous permet d'entretenir un dialogue avec les Canadiens et nous permet de rompre l'isolement et de faire disparaître les frontières pour ceux-ci.

Voilà qui met fin à ma déclaration liminaire. Je suis prête à répondre à vos questions.

[Français]

Le sénateur Fortin-Duplessis : Merci beaucoup. Je vous poserai deux brèves questions générales pour commencer. Ensuite, ma troisième question concernera l'Office national du film.

Personnellement, avez-vous remarqué si Internet a permis de développer une nouvelle culture francophone?

À votre avis, la présence francophone est-elle satisfaisante sur le web?

Mme Drisdell : Je crois que les deux questions sont assez liées. Notre point de vue est que la présence francophone est toujours insuffisante sur le web. C'était d'ailleurs l'un des objectifs importants d'ONF.ca d'offrir une place de choix pour la culture francophone sur le web. L'affluence augmente doucement avec les années, que ce soit avec Radio-Canada, Tou.tv ou Dailymotion où l'on retrouve plus de productions francophones, mais nous aimerions en voir plus. Grâce aux outils sociaux, maintenant, l'espace francophone prend de l'ampleur, mais il s'agit souvent de traduction.

Nous étions conscients, à l'ONF, qu'il fallait offrir plus de contenu francophone si nous voulions éviter que les gens prennent d'autres habitudes de consommation sur le web.

Le sénateur Fortin-Duplessis : L'Office national du film est-il actif sur le fil de nouvelles Twitter? Vous avez tout de même 27 000 adhérents. J'aimerais savoir si vous envoyez des messages ou des commentaires en français sur le fil de nouvelles Twitter.

Mme Drisdell : Oui. L'Office national du film a deux gestionnaires de communauté, l'un en français et l'autre en anglais. Ils sont responsables de nos plates-formes Facebook et Twitter. Par exemple, hier, nous avions deux productions en nomination aux Oscars, alors durant toute la soirée, nous avions un fil de nouvelles sur Twitter dans chaque langue.

Le sénateur Fortin-Duplessis : J'ai eu l'impression qu'il y avait plus de messages en anglais sur le fil de nouvelles Twitter de l'ONF. Je ne me suis pas rendue assez loin?

Mme Drisdell : Les gestionnaires de communauté ont constaté que le comportement des abonnés sur Twitter est différent selon leur langue.

Par exemple, nous avions un fil de nouvelles Twitter pour notre événement CIFA et nous avons constaté que les anglophones s'y intéressaient beaucoup plus que les francophones. Nous avons donc réagi immédiatement à cet auditoire. Nous nous ajustons à l'auditoire. Avec Twitter, nous pouvons faire un suivi, ce qui nous permet d'ajuster le nombre de nos tweets selon le goût de nos abonnés. Parfois, c'est moins par le nombre, on s'ajuste plutôt aux gens qui font des retweets. Je suis désolée pour les termes anglophones. Donc, la situation n'est pas nécessairement identique dans les deux langues; les gestionnaires s'ajustent selon l'intérêt de la communauté.

Le sénateur Poirier : La participation est-elle la même de la part des anglophones que des francophones sur vos différentes plateformes — Twitter, blogues et Facebook?

Mme Drisdell : Non. C'est à peu près un tiers, deux tiers, étrangement.

Le sénateur Poirier : Deux tiers anglophone?

Mme Drisdell : Environ deux tiers anglophone, un tiers francophone. Cela dépend s'il s'agit de l'international ou du Canada.

Le sénateur Poirier : Connaissez-vous la raison pour laquelle il y a moins de francophones?

Mme Drisdell : Sur Twitter nous avons à peu près 8 500 personnes qui nous suivent et 24 000 en anglais. Et sur Facebook, c'est 14 000, en date du 31 mars; mais 9 000 nous suivent.

Le sénateur Poirier : Faites-vous quelque chose pour essayer de faire remonter le nombre de participant en français?

Mme Drisdell : Oui, nous tentons de le faire et de suivre certains éléments en français qui pourraient être intéressants pour nos communautés. C'est un équilibre délicat car, si on fait trop de promotion, on s'aperçoit qu'on perd aussi des gens. Il faut trouver de l'intérêt pour eux, et c'est en travaillant avec certains de nos partenaires qu'on pourrait trouver s'il y a des événements intéressants, par exemple en Acadie ou avec la Fédération culturelle canadienne-française, pour voir s'il y a des événements particulièrement intéressants pour les francophones. On tente d'encourager le contenu et pas le contenant. Le tout n'est pas que les gens souscrivent à l'ONF, il faut avoir un contenu intéressant et riche qui fera qu'ils s'abonneront encore plus. Nous avons à peu près le même nombre de discussions sur Facebook; il y en a qui fonctionnent, d'autres qui fonctionnent moins bien.

Le sénateur Robichaud : Vous parlez de faciliter le partenariat au sein des différentes communautés, comme dans le cas du déploiement de la stratégie pour l'épanouissement du français. Mais est-ce que vos efforts visent uniquement la communauté francophone et anglophone? Si on considère les autres groupes, qui parlent une autre langue, s'ils s'en vont uniquement dans une direction, l'anglais ou le français, l'une ou l'autre communauté souffrira. Y a-t-il des efforts faits dans cette direction pour inviter les gens à connaître les deux?

Mme Drisdell : Oui. L'espace francophone, d'ailleurs, représente une tentative en ce sens. On a créé l'espace francophone pour célébrer un peu la francophonie hors Québec, et on a pensé que, pour ce site, qui était originalement prévu pour être uniquement en français, ce serait intéressant de le traduire et de le mettre en anglais, pour les francophiles, pour promouvoir la francophonie au sein de la communauté anglophone et vice versa.

Nous sommes à quelques jours de lancer une nouvelle visionneuse sur onf.ca qui nous permettrait d'avoir plus de sous-titrages, ce qui permettrait aux gens de pouvoir suivre une production avec les sous-titres dans l'autre langue. Aussi, cela permettrait éventuellement de faire des efforts à l'intention des communautés linguistiques non anglophones ou francophones pour les encourager. Nous avions une limite avec notre visionneuse; maintenant nous pourrons ajouter des productions. La presque majorité des productions de l'ONF sont réalisées dans l'une ou l'autre des deux langues officielles. On va pouvoir aller de l'avant, avec des sous-titres, pour toucher d'autres communautés.

Nous faisons aussi un effort concernant les langues autochtones. Nous venons de lancer un coffret inuit et un projet en ligne pour le Nord. Nous sommes très actifs avec ces communautés. Nous avons la plus grande collection de films sur les différents peuples autochtones au Canada. Nous avons traduit un grand ensemble de ces productions en Inuktitut récemment et nous les avons rendues disponibles pour les communautés du Nord, mais également pour celles du Sud, dans les deux langues, pour pouvoir faciliter cette interaction.

Le sénateur Robichaud : Puis-je faire une suggestion? Ce serait de ne pas employer l'expression de « communautés francophones hors Québec », mais plutôt celle de « francophonie canadienne ». Je n'aime pas être dans un groupe qui est en dehors de quelque chose — cela dit si vous le voulez bien, madame.

Mme Drisdell : D'accord.

Le sénateur Robichaud : Merci.

Le sénateur Losier-Cool : Merci, c'est toujours un plaisir personnel de vous revoir, Deborah. J'ai deux questions; la première concerne le budget, les fonds interactifs du Canada. Est-ce que l'ONF craint des compressions? Car c'est l'une des institutions fédérales parmi les plus branchées. Vous parlez de budget ces temps-ci, est-ce que ça va?

Mme Drisdell : C'est la période de l'année où nous sommes préoccupés par les budgets. Nous participons à la revue stratégique qui a eu lieu cette année et nous attendons les nouvelles du budget. L'ONF a toujours, et c'est une de nos forces, travaillé avec de très petits moyens. C'est une des raisons pour lesquelles on ne peut pas promouvoir avec beaucoup de publicité nos actions; cela se fait beaucoup par le bouche à oreille. Le virage numérique, pour une bonne part, s'est fait avec une recherche approfondie de nos dépenses internes, et on a libéré chaque année 5 p. 100 de nos frais d'opérations pour les investir dans ce virage numérique. C'est toujours un défi que nous allons continuer de suivre.

Le sénateur Losier-Cool : Nous suivrons de près cette question pour nous assurer que l'ONF est capable d'atteindre ses objectifs.

Je reviens maintenant au marché éducatif. Tantôt, sur le site, on voyait que les enseignants pouvaient cliquer ici ou là pour s'abonner. La majorité des enseignants sont-ils abonnés à l'ONF?

Mme Drisdell : Il y a un bon pourcentage. Il y a une offre pour le professeur individuel qui veut s'abonner; mais il y a aussi beaucoup de ministères de l'éducation, au complet, qui se sont abonnés. Entre autres, la province de l'Ontario, au complet, de la maternelle jusqu'à la 12e année, a abonné l'ensemble de ses professeurs. Cela se fait beaucoup avec les regroupements éducatifs. Nous avons signé aussi avec la Colombie-Britannique pour l'ensemble de la province. Beaucoup des commissions scolaires de l'Alberta se sont abonnées. C'est donc souvent par grands regroupement. Il y a certains professeurs d'écoles qui se sont abonnés individuellement, mais ce sont surtout les ministères de l'éducation qui ont reconnu la valeur d'être abonné et l'on demandé.

Le sénateur Losier-Cool : On dit que les enseignants ont certaines craintes concernant ce virage technologique. Vous avez beaucoup de programmes, beaucoup de projets pour les élèves, une techno-pédagogie pour ainsi dire. Dans les maisons de formation en éducation, il devrait y avoir des cours pour mettre les enseignants en confiance et les inciter à s'abonner. Y a-t-il quelque chose au niveau de l'ONF?

Mme Drisdell : Oui. Au cours de la dernière année nous avons vu que certains professeurs étaient plus ou moins à l'aise pour utiliser les médias en classe. C'est très important pour les élèves d'apprendre la critique des médias. Durant la dernière année, nous avons organisé des ateliers pour les étudiants. Nous sommes allés à la majorité des congrès d'étudiants et dans certaines régions à travers le pays pour tenir des ateliers avec les enseignants et expliquer comment utiliser le média dans les classes, particulièrement dans les endroits où tous les enseignants étaient inscrits. On pouvait aider les professeurs à comprendre comment utiliser les médias dans leur classe.

Cela a demandé beaucoup de travail, mais nous en sommes très fiers. Durant l'été nous avons embauché des enseignants pour faire les descriptions et catégoriser tous les films, pour les enseignants. C'est fait pour et par eux. Donc les professeurs sont relativement mis en confiance, car ils savent que ce sont d'autres professeurs qui ont fait cette catégorisation disant, par exemple, que tel film est bon pour l'histoire en septième année selon un curriculum provincial. On a vu que cela a beaucoup aidé les professeurs. Avec les ressources possibles, on va continuer cette opération dans la majorité des regroupements de professeurs.

Le sénateur Losier-Cool : Parfois, les professeurs craignent cela, parce que les élèves en savent plus qu'eux, ils sont plus branchés.

Le sénateur Poirier : Dans les écoles, est-ce que ce sont majoritairement les écoles anglophones qui utilisent votre service? Est-ce que le même service est offert dans les écoles anglophones et francophones en ce moment?

Mme Drisdell : Oui, c'est le même service qui est disponible dans les deux cas. En ce moment, il s'agit de l'ensemble des écoles en Colombie-Britannique et en Ontario. C'est un peu différent au Québec de par la façon dont ils acquièrent les médias, mais tout le volet anglophone au Québec est inscrit par regroupements. Nous sommes toujours à négocier avec tous ceux qui achètent ces services pour le volet francophone au Québec, ainsi que pour la province du Manitoba et toutes les provinces maritimes où ils sont regroupés. C'est donc un peu difficile pour moi de dire lesquels sont davantage anglophones ou francophones.

Le sénateur Poirier : Y a-t-il des écoles francophones qui les utilisent ou s'agit-il seulement de négociations jusqu'à maintenant?

Mme Drisdell : Beaucoup d'écoles au Québec sont inscrites, ainsi que des commissions scolaires. Également, beaucoup d'écoles francophones à l'extérieur les utilisent. Dans les provinces, entre autres, ce sont souvent les écoles francophones qui s'y sont intéressées parce qu'elles n'avaient pas beaucoup de contenu disponible pour les élèves. Cela leur permettait alors d'avoir beaucoup de contenu.

La présidente : J'ai une question complémentaire concernant le contenu des ressources pédagogiques. Qu'elles soient en français pour les francophones en milieu minoritaire ou en anglais pour les anglophones du Québec, qui développe ce contenu dans chacune des langues?

Mme Drisdell : Le contenu est souvent développé par notre équipe d'éducation, avec des spécialistes qui sont des pédagogues ou des professeurs. Tout dépend du sujet, mais ces guides pédagogiques sont faits en consultation avec des enseignants.

La présidente : Lorsqu'on parle d'écoles qui peuvent s'abonner, on parle d'écoles françaises, d'écoles anglaises et d'écoles d'immersion?

Mme Drisdell : Oui, toutes les écoles. Le coût est d'environ 25 dollars par professeur et ce coût est établi selon le nombre d'élèves.

La présidente : Par année?

Mme Drisdell : Oui et ça leur donne accès à l'ensemble du contenu de l'ONF mis en ligne.

Le sénateur Fortin-Duplessis : Pouvez-vous nous donner un exemple de réussite à cet égard au niveau de l'éducation? Des enseignants sont abonnés, alors vous devez être au courant de ceux qui réussissent et d'autres qui échouent. Pouvez-vous nous faire part de bons exemples de réussite?

Mme Drisdell : Oui. L'automne dernier, nous avons fait une expérience avec un film sur le 22e Régiment que nous préparons pour l'année prochaine. Nous avons filmé des capsules dans lesquelles figurent des soldats revenus d'Afghanistan. La sortie du film est prévue pour plus tard, mais comme nous disposions de ces courtes capsules nous avons pensé qu'elles seraient intéressantes pour le milieu de l'éducation et que ce serait intéressant pour les jeunes de voir des jeunes vétérans afin d'en discuter. Ces capsules ont été mises en ligne à l'occasion du Jour du souvenir en novembre dernier et les écoles ont beaucoup aimé cela. Comme les enseignants sont très occupés et que le temps de classe est très restreint, le fait d'avoir des capsules de cinq minutes précises leur permettait de parler de différentes histoires. Ça nous a aussi donné une leçon parce que souvent nos films sont très longs. Cela a été une belle réussite pour nous; également, les professeurs avaient de la difficulté à trouver une nouvelle façon d'expliquer le Jour du souvenir.

Nous avons d'autres productions très populaires, entre autres pour l'apprentissage d'une langue seconde. Les professeurs aiment beaucoup les courts-métrages dans une langue et avec sous-titrage.

Le sénateur Fortin-Duplessis : Félicitations.

Mme Drisdell : Merci.

[Traduction]

Le sénateur Buth : Je vous remercie de votre exposé, il était excellent. Pouvez-vous nous parler des types de processus auxquels vous avez recours pour obtenir de la rétroaction sur la qualité de votre programmation? On se fie souvent au nombre de visites et d'abonnements, ce genre de choses, pour mesurer l'intérêt envers la programmation, mais obtenez- vous également de la rétroaction de la part des utilisateurs, et si oui, comment?

Mme Drisdell : Oui. De nombreux sites comptent les visites et les visiteurs, et nous voulions effectivement savoir combien de personnes visionnent les films. Nous nous servons des lectures, c'est-à-dire le temps que les gens passent à visionner un film. C'est une des mesures que nous utilisons. Comme vous l'avez dit, les commentaires dans les médias sociaux revêtent une grande importance pour nous. Nous suivons les abonnés et les désabonnés, les abonnements sur Facebook et le nombre de gens qui affichent des commentaires. Maintenant que ces indicateurs sont en place, nous essayons de trouver de nouvelles façons de mesurer le niveau de participation. C'est une science relativement nouvelle, alors nous essayons de trouver des paramètres sur lesquels nous baser.

Pour l'instant — puisque nous avons adopté une approche novatrice —, nous avons étudié la façon dont les gens nous suivent, s'ils font des commentaires et où ils le font. Par exemple, les gens affichent beaucoup plus de commentaires sur YouTube que sur d'autres plates-formes, alors devrions-nous l'encourager? Comment y arriver?

C'est tout nouveau pour nous. Nous essayons de déterminer si les gens retransmettent notre contenu, puisqu'il peut être intégré sur des pages Facebook et des sites web. L'intégration de notre contenu est importante, parce que les gens font connaître les films qu'ils aiment, leur accordent des votes, et cetera. C'est plutôt hétéroclite. Nous tenons compte des mesures quantitatives, telles que le nombre de visites, de visionnages, d'abonnés et de désabonnés, mais nous tenons compte également de la nature des commentaires et de l'intérêt qu'on nous porte.

Le sénateur Buth : Constatez-vous une différence entre les anglophones et les francophones?

Mme Drisdell : Pas vraiment. Nous sommes étonnés du peu de commentaires sur notre site. C'est plutôt sur notre page Facebook que les gens ont tendance à nous dire ce qu'ils aiment. Cependant, étant donné certains des films que nous proposons, nous nous attendions à ce qu'il y ait des commentaires précis sur ceux-ci, mais ce n'est pas vraiment ce que les gens font. Ils nous félicitent de notre bon travail ou nous remercient d'en parler, mais ils n'entament pas vraiment de conversation. Ça va, tant qu'ils voient le projet et en font mention. Nous essayons de faire le suivi et de trouver sur quel site les gens intègrent notre contenu. Lorsqu'ils le font, nous savons que c'est parce qu'ils ont aimé, même s'ils n'en discutent pas longuement. La tendance se dégage un peu plus depuis six ou huit mois, mais il n'y a pas vraiment de différence entre les anglophones et les francophones pour l'instant.

[Français]

Le sénateur Fortin-Duplessis : Nous entendons très souvent parler au comité du besoin d'élargir l'accès Internet à large bande, ainsi que la nécessité d'élargir l'accès au réseau numérique.

Comment évalueriez-vous l'accès Internet à large bande dans les communautés de langues officielles en situation minoritaire?

Où se situent les communautés les plus désavantagées au chapitre de l'accès à Internet et les plus défavorisées au chapitre de l'accès aux réseaux mobiles?

Mme Drisdell : En ce qui concerne l'accès Internet à large bande, il est certain que les communautés rurales ont un peu plus de difficulté au niveau de l'accès à Internet. Certaines écoles nous avisent qu'ils ont plus de difficulté à voir les films parce que tous nos films sont vus en continu et il n'y a donc pas de notion de téléchargement. Nous avons tenu des discussions avec des écoles au Nunavut et ils nous ont dit qu'ils avaient davantage besoin d'avoir un disque dur pour le partager au sein des écoles. On essaie de trouver des solutions à ces problèmes parce que la vitesse de la bande passante n'est pas suffisante pour bénéficier du visionnement en continu.

Entre autres, ce qu'ils nous ont dit dans le Nord, c'est que l'accès mobile était un peu mieux que l'accès par Internet. C'est peut-être une solution possible pour nous. Pour l'instant, nous tentons de satisfaire à la demande en offrant le téléchargement de l'ensemble de l'offre pour leur envoyer et ils peuvent alors créer un réseau interne au sein des écoles dans une communauté plus petite. Il s'agit donc de tenter de trouver des solutions si la vitesse de la bande passante est insuffisante. Nous voulons nous assurer que les écoles et les bibliothèques avec lesquelles nous sommes partenaires puissent y avoir accès même si la capacité technologique n'est pas disponible en ce moment.

Le sénateur Fortin-Duplessis : Cette question nous a souvent été posée. Certaines communautés n'ont pas accès aux larges bandes. Les gens sont très désolés. Je vous remercie de votre réponse.

La présidente : Une complémentaire à la question du sénateur Fortin-Duplessis. Êtes-vous en mesure de voir là où il y a plus d'accessibilité versus là où il y en a moins quand vous regardez, par exemple, les écoles qui ont des abonnements avec vous, les professeurs? Êtes-vous en mesure de dire que vous vous apercevez que dans certaines régions éloignées il y a très peu ou pas d'abonnement? Cela ne vous donne-t-il pas un portrait de l'accessibilité à travers le Canada?

Mme Drisdell : C'est un service qu'on vient de lancer alors il est peut-être trop tôt pour le voir, car on commence le déploiement du projet. Il serait trop tôt pour voir s'il y a un effet. Généralement, si les commissions scolaires ou les écoles nous disent qu'ils ont un enjeu, on l'accepte et on tente de trouver une solution soit par téléchargement à plus long terme le soir ou autre. Il est trop tôt pour faire une évaluation pour voir où sont les faiblesses.

La présidente : Avez-vous des partenariats avec TV Ontario par exemple qui développe de la documentation pour les enfants et les écoles avec des producteurs indépendants qui développent aussi des outils pédagogiques?

Mme Drisdell : Oui, on a des partenariats avec les producteurs et les cinéastes qui font les projets. On a également des partenariats pour voir certains producteurs qui ont créé des productions et qui aimeraient que ce soit pris en charge par cet outil informatique pour avoir accès aux écoles. On est en discussion avec TV Ontario. On a fait quelques partenariats avec eux sur des projets spécifiques et on discute avec eux parce qu'ils font beaucoup d'événements éducatifs. Il y a peut-être des zones où on peut collaborer ensemble.

Le sénateur Losier-Cool : J'ai vu que l'ONF a été créé en 1939. Nous avons maintenant le nombre d'étudiants, huit millions, qui profitent des services ou des œuvres de l'ONF. Seriez-vous en mesure de nous dire que les personnes nées vers 1939 profitent des œuvres de l'ONF, c'est-à-dire les aînées, les personnes âgées?

Le sénateur Robichaud : Pourquoi avez-vous dit 1939? C'est l'année de ma naissance.

Mme Drisdell : Je ne suis pas certaine pour ceux nés en 1939, en effet. Notre clientèle principale était les 44 ans et plus. On disait qu'on avait notre auditoire à l'école et notre auditoire avec les plus de 45 ans, mais on avait perdu entre les deux. Et là, on le voit. Initialement, on espérait qu'Internet aiderait tout notre auditoire. C'est vraiment les jeunes qui ont développé beaucoup, mais notre auditoire croît aussi dans la catégorie des 44 à 50 ans. Je pense que les gens de notre âge et un peu plus, dès qu'ils sont plus à l'aise avec Internet, cherchent à consommer le documentaire d'auteur et le genre de production que l'ONF peut offrir. C'est un intérêt. On commence à voir que cette génération apprivoise les médias sociaux. D'ailleurs, Facebook a débuté avec les jeunes, mais maintenant, les jeunes le trouvent moins cool parce que ce sont les adultes qui l'utilisent. Avec le temps, cet auditoire qui commence à être habitué à consommer en ligne va retrouver l'ONF parce que c'est notre auditoire un peu traditionnel.

Le sénateur Losier-Cool : Peut-être que les résidences de personnes âgées pourraient être abonnées à l'ONF afin que les personnes âgées s'en servent.

Mme Drisdell : Oui, elles pourraient. D'ailleurs, on a un programme qui s'appelle Les maisons de la culture et on a plusieurs partenariats avec certaines de ces maisons où un film de l'ONF peut être diffusé le mardi soir. Les visionnements communautaires, c'est un peu moins informatique. Il y a encore beaucoup d'activités qui se font hors ligne aussi. Effectivement, les maisons pour personnes âgées peuvent s'abonner comme c'est le cas pour les bibliothèques.

Le sénateur Losier-Cool : Merci. Je me sens mieux.

Le sénateur Robichaud : On parle de 1939, ça me fait penser que le temps passe vite, car c'est cette année-là que je suis venu au monde.

Le sénateur Losier-Cool : Vous êtes jeune.

Le sénateur Robichaud : J'ai commencé en enseignement à Richibucto au Nouveau-Brunswick et on se servait des films de l'Office national du film. Ça prenait des machines.

Mme Drisdell : À grosse bobine.

Le sénateur Robichaud : Ça faisait du tapage, mais quand même, on s'en servait. Vous nous disiez qu'un certain groupe d'âge s'en servait, mais que ça avait changé. Je vois ici que vous nous parlez de Tintin et de l'ONF.

Mme Drisdell : Dans le blogue.

Le sénateur Robichaud : Avez-vous réussi à capter le groupe d'âge qui y va? Un de mes petits-enfants écoute tout ce qui touche à Tintin et suit la série.

Mme Drisdell : C'est lorsqu'on a lancé l'application pour le iPhone qu'on les a vraiment captés. Ils ont redécouvert l'ONF. Autant, on pense que ce sont les productions les plus récentes qui attirent les jeunes, c'était des choses comme The cat came back, des projets d'il y a 30 ou 40 ans, iconiques un peu de l'ONF. Les projets d'animations courtes. Ces projets ont attiré les jeunes. Le mandat de l'ONF est d'être où les gens ne peuvent pas toujours être au début et d'être innovateur. Cela nous a aidés parce qu'on a été l'une des premières applications pour le iPhone qui avait du contenu vidéo en Amérique du Nord. Les jeunes qui cherchaient du vidéo canadien pouvait le voir puisque c'était une application gratuite. Ils l'ont redécouvert par les courts métrages d'animation qu'ils trouvaient bons et de là, ils ont découvert des projets autres, des documentaires, et cetera. C'est une jeunesse qui est quand même assez engagée et dynamique. S'ils voient une courte animation qui les fait rire, ils découvrent un documentaire sur un enjeu social important, ils y retournent.

On voit qu'on a de plus en plus de retour et selon les derniers chiffres de comScore, effectivement, notre clientèle de jeune de 17 à 25 ans augmente avec les œuvres interactives, mais c'est beaucoup dans le mobile.

Étrangement, on commence à voir aussi, parce qu'on projette pour l'avenir, que la télé connectée et le mobile seront probablement les outils de consommation du média encore plus qu'Internet avec un ordinateur.

Le sénateur Robichaud : Vous avez parlé d'interaction. Qu'est-ce que c'est au juste les émissions interactives avec les jeunes?

Mme Drisdell : C'est finalement une nouvelle façon de créer une œuvre. Alors sur www.onf.ca, il y a une chaîne qui s'appelle L'interactif et ce sont des expériences de raconter des histoires de façon différente. On en a fait une intitulée Sacrée montagne sur la montagne de Montréal. Ce sont des capsules, des courts vidéos, des éléments de ce genre. C'est moins comme un documentaire linéaire, mais ça peut être un essai photo. On en a fait un suite au tremblement de terre en Haïti. Ça peut être un mélange multimédia ou avec une expérience comme Bear 71 où on traverse le parc avec les caméras qui deviennent les yeux de l'ours pour expliquer un peu la relation entre l'homme et l'ours et les soucis de l'environnement entre autres. Il faut manipuler avec l'ordinateur certains des éléments et on créé le chemin du projet au lieu de simplement commencer une production et la terminer 30 minutes plus tard. On clique à différents endroits pour avoir la production. C'est un peu difficile à expliquer. Il aurait été plus facile de vous le montrer. Je suis désolée.

Le sénateur Robichaud : C'est la façon d'attirer l'attention des jeunes, en fait. Ils ne se contentent pas de regarder, ils veulent de l'interaction.

Mme Drisdell : Et manipuler également. Nous avons de tels projets. Environ 20 p. 100 de la création des programmes est vouée maintenant à des expériences de productions interactives, soit sur le web ou sur un appareil mobile, mais non destinées nécessairement à la télévision.

Le sénateur Robichaud : Invitez-vous les jeunes à vous faire parvenir des reportages qu'ils auraient créés eux-mêmes?

Mme Drisdell : On fait quelques concours pour les jeunes cinéastes. Nous avons participé à un projet lors des Jeux olympiques de Vancouver, où on pouvait télécharger des reportages photo sur le Canada. Cela a été fait en collaboration avec VANOC et nous allons le reprendre au sein de l'ONF. Nous voulons protéger notre site pour notre clientèle, donc on ne fait pas de production. On ne laisse pas quelqu'un télécharger sans que ce soit encadré. La photo du jeune homme qui est là, d'ailleurs, c'est une application pour iPad2 pour enseigner aux gens à créer de l'animation stop motion et le partager par la suite. C'est une application qu'on avait préparée pour le marché éducatif, et quand on l'a développé, l'équipe était tellement enthousiaste qu'on l'a rendue accessible aux consommateurs. C'est une application gratuite au Canada. Il contient des capsules qui enseignent comment utiliser cette technique pour faire un film. Ils peuvent le faire avec leur iPad. C'est très amusant.

[Traduction]

Cela crée une dépendance, alors soyez prudents.

[Français]

Nous allons organiser des concours dans les écoles également.

Le sénateur Losier-Cool : Est-ce que l'Organisation internationale de la Francophonie profite de votre savoir ou vous consulte à l'occasion? Si je regarde le plan stratégique 2008-2013, on dit « présenter le Canada aux Canadiens ». Est-ce qu'on présente le Canada à la francophonie internationale?

Mme Drisdell : Oui. D'ailleurs, notre stratégie pour l'épanouissement du français inclut des partenariats, entre autres, avec TV5 Monde et l'OIF. Il y aura un événement à Québec au mois d'avril pour la francophonie internationale et il y en aura un autre à l'automne. On est en pourparlers avec eux pour voir comment partager ces informations. Ils peuvent également prendre une partie du site et le rendre disponible sur leur site.

On sera à Durban, en Afrique du Sud, au mois de juillet, à l'occasion d'un congrès des enseignants en français international. On est en pourparlers avec eux et on fera une présentation sur l'utilisation des médias dans les classes. On a plusieurs événements où on tente de faciliter l'utilisation du numérique pour rejoindre les francophones à l'extérieur du pays.

Le sénateur Losier-Cool : Merci et félicitations pour votre beau travail.

[Traduction]

Le sénateur Buth : Avez-vous constaté des différences géographiques dans le nombre d'établissements ou d'enseignants participant au projet CAMPUS?

Mme Drisdell : Quelques-unes. Comme je l'ai dit précédemment, nous commençons à peine. Nous avons vu l'activité s'intensifier quelque peu. L'Ontario a été la première province à s'inscrire — en fait, elle l'a fait avant même que le projet s'appelle CAMPUS. L'Ontario voulait pouvoir utiliser ONF.ca dans ses salles de classe; elle a participé dès le début, puis a été suivie de la Colombie-Britannique. Nous espérons signer une entente avec le Manitoba d'ici peu. De nombreux ministères doivent respecter certaines contraintes, notamment budgétaires, alors nous poursuivons nos réunions. Je dirais que le programme est très prisé dans diverses régions du pays.

Tout dépend de la façon dont chaque province gère l'acquisition de produits médiatiques. Ce processus a été complètement décentralisé dans certaines provinces, mais pas dans d'autres, alors il nous a fallu un peu de temps pour comprendre à qui s'adresser. Par exemple, en Ontario, nous avons dû nous adresser au secteur des technologies de l'information, et non pas aux responsables des acquisitions pédagogiques qui s'occupent normalement de l'achat de manuels. En outre, dans chaque province, le système d'éducation essaie de s'ajuster à ce genre de choses. Nous avons des relations soutenues avec eux, pour essayer de déterminer de quels outils ils auraient besoin.

En ce moment, nous faisons lentement le tour du pays pour offrir des abonnements annuels, puisque ça semble être le modèle privilégié. À l'origine, nous pensions nous adresser à chaque enseignant, mais nous nous sommes rendu compte que ce n'était pas la bonne stratégie. Nous avons constaté qu'il valait mieux s'adresser directement aux commissions scolaires et aux ministères, puisqu'ils souhaitent souvent obtenir un abonnement pour toutes leurs écoles. Nos discussions à ce niveau se sont donc avérées plus fructueuses que celles directement avec les enseignants.

Le sénateur Buth : Avez-vous fait votre lancement au Québec?

Mme Drisdell : Oui. C'était disponible partout au Canada, et Learn Quebec s'y est intéressé dès le début et a fait l'acquisition d'une licence pour toutes les écoles anglophones du Québec. Les écoles francophones au Québec ont un système différent, qui ne fonctionne pas de la même manière, donc il n'y aurait pas qu'une seule licence. Nous devons discuter avec chacune des organisations, et c'est ce que nous sommes en train de faire.

Le sénateur Poirier : J'aimerais poursuivre sur cette lancée. Lorsqu'une école a son abonnement, est-ce que les élèves y ont accès uniquement lorsqu'ils sont à l'école? S'ils utilisent un ordinateur à la maison, y ont-ils accès de là également?

Mme Drisdell : Oui. ONF.ca est accessible aux consommateurs de toute façon, alors les enseignants peuvent toujours dire à leurs élèves de regarder ça à la maison. Il n'est pas question ici des droits de représentation, mais seulement du droit pour les enseignants de montrer ce contenu en classe. Les élèves peuvent toujours visionner des films ou des reportages. CAMPUS permet aux enseignants d'engager la discussion. Dans la prochaine version, nous aimerions créer un environnement semblable pour les élèves afin que les projets scolaires soient faits dans un environnement contrôlé, mais c'est pour plus tard.

[Français]

Le sénateur Mockler : Lorsqu'on parle des médias sociaux, quel rôle joue l'ONF pour venir en aide aux Canadiens et Canadiennes handicapés, peu importe leur langue?

Mme Drisdell : C'est une préoccupation que nous avons. La majorité des projets qu'on avait sont sous-titrés pour les malentendants. C'était inclus dans notre projet lorsqu'on a lancé www.onf.ca. Nous travaillons aussi sur les besoins d'accessibilité pour les gens à mobilité réduite. Plusieurs productions sont disponibles pour les malentendants. On a quelques éléments aussi pour les non-voyants, ce qui est un peu plus complexe et coûteux. On retrouve également de la vidéo description sur le site www.onf.ca, mais en moins grand nombre, compte tenu des coûts élevés. On s'est assuré que le site comme tel était accessible pour les gens à mobilité réduite. C'est un petit peu plus compliqué pour les réseaux sociaux parce qu'on ne contrôle pas cette accessibilité, mais on le fait directement sur la plate-forme www.onf.ca.

Le sénateur Mockler : Le gouvernement en fait-il assez avec l'ONF pour essayer de donner un meilleur service aux gens qui ont des besoins spéciaux?

Mme Drisdell : Je peux seulement répondre pour l'ONF. On tente de le faire et on parle régulièrement avec différents groupes pour essayer de voir ce qui pourrait être amélioré et découvrir les meilleures pratiques internationales.

J'ai rencontré quelqu'un en Suède à ce sujet. Je crois qu'il vaudrait mieux se regrouper si on veut remporter un certain succès. Cela serait plus simple. Je crains parfois qu'on le fasse tous de façon individuelle.

Je pense qu'il y a lieu d'avoir un regroupement pour essayer de trouver les meilleures pratiques dans les médias. Entre autres, l'avenue des tablettes va être très importante, particulièrement pour les gens à mobilité réduite. Il faudrait que ces plates-formes puissent être de plus en plus accessibles. Personnellement, je pense qu'on n'en fait jamais assez.

Le sénateur Mockler : J'ai une dernière question. Je viens de faire une recherche sur l'ONF avec Google. Vous avez parlé des applications à l'intérieur de l'ONF. Combien d'applications avez-vous créées à l'ONF? Et combien de ces applications sont gratuites et combien sont vendues?

Mme Drisdell : On n'en a pas fait beaucoup, mais on a les deux principales qui sont onf.ca et nfb.ca. Ces deux applications sont gratuites. On a créé le Test Tube de David Suzuki et l'éprouvette, qui sont aussi gratuites; cela, c'était pour des projets spécifiques. Il y a PixStop ici, où on a fait une première tentative de monnayer certaines parties. On a décidé qu'on le rendait disponible gratuitement aux Canadiens et Canadiennes, mais on réclame des frais aux gens de l'extérieur.

On a quelques applications qui sont reliées directement à des productions. On en a un qui s'appelle Code Barre, qui est gratuit et utile pour interagir avec la production. Et avant Noël, on a essayé de créer un calendrier de l'avent virtuel où chaque jour on pouvait voir un film de l'ONF — au lieu de manger du chocolat. C'est la première fois où on a fait une tentative de vendre ce calendrier à travers le Canada. On l'a vendu, mais on n'a pas eu un grand succès parce qu'on avait déjà les films en ligne. On s'était dit qu'on les mettrait en ligne dans un autre contexte, celui des Fêtes, pour essayer d'encourager la vente, mais on l'a gardé à un prix assez bas. Donc on fait des expériences.

Le sénateur Mockler : En français et en anglais?

Mme Drisdell : En français et en anglais, toujours.

La présidente : Selon vous, est-ce que le gouvernement fédéral devrait réglementer certains nouveaux modes de communication? On sait qu'il a des obligations à l'égard des communautés de langues officielles en situation minoritaire et qu'il doit promouvoir et appuyer leur développement et leur épanouissement, que ce soit les francophones en situation minoritaire ou les anglophones du Québec. Est-ce que le gouvernement fédéral a la responsabilité de le faire? Et comment cela pourrait-il se faire? La question qui tue!

Mme Drisdell : Je ne suis pas sûre d'avoir l'expertise pour répondre. Selon notre expérience, ce serait très difficile de le réglementer. Quand on a lancé onf.ca, on a parié que si c'était disponible, les Canadiens voudraient le voir. C'était un pari important. Le contenu canadien doit être disponible pour être vu. Notre rôle est de le rendre accessible au public et de s'assurer qu'il y a suffisamment de contenu francophone et anglophone canadien sur toutes ces plates- formes. C'est notre responsabilité.

Je ne suis pas certaine qu'on puisse réglementer cette consommation, peut-être parce que j'ai des post-ados chez moi. Je ne suis pas sûre que la réglementation de l'univers numérique ait eu beaucoup de succès. Il faut plutôt s'assurer d'avoir une offre intéressante qui reflète leur réalité. Les Canadiens veulent se voir, qu'ils soient jeunes ou moins jeunes. On veut se voir dans nos histoires. Et si on peut les rendre disponibles, selon moi, ce serait plus efficace que d'essayer de réglementer.

La présidente : Si je peux résumer un peu ce que vous venez de dire, c'est qu'il faudrait que tous les Canadiens à travers le pays puissent éventuellement avoir accès aux nouvelles technologies numériques. De plus, le contenu devrait être disponible et accessible dans les deux langues officielles du pays. C'est un peu cela?

Mme Drisdell : Oui, c'est plus efficace que d'essayer de réglementer. On doit plutôt s'assurer d'avoir cette offre disponible.

La présidente : Madame Drisdell, au nom des membres du comité, j'aimerais vous remercier très sincèrement pour votre présentation. Cela a été fort intéressant et ce sera certainement très utile pour nous aider dans la rédaction de notre rapport.

Mme Drisdell : Merci beaucoup, madame la présidente.

La présidente : Honorables sénateurs, nous prenons une pause de cinq minutes pour revenir à huis clos pour une ébauche du rapport.

(La séance se poursuit à huis clos.)


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