Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Langues officielles
Fascicule 10 - Témoignages du 7 mai 2012
OTTAWA, le lundi 7 mai 2012
Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui, à 17 heures, pour faire une étude sur l'utilisation d'Internet, les nouveaux médias, les médias sociaux et le respect des droits linguistiques des Canadiens ainsi qu'une étude sur les obligations de CBC/Radio-Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles et de certains aspects particuliers de la Loi sur la radiodiffusion.
Le sénateur Maria Chaput (présidente) occupe le fauteuil.
[Français]
La présidente : Je déclare la séance ouverte. Je vous souhaite la bienvenue au Comité sénatorial permanent des langues officielles. Je suis la sénatrice Maria Chaput, du Manitoba, présidente du comité. Avant de présenter les témoins qui comparaissent aujourd'hui, j'aimerais inviter les membres du comité à se présenter. Je commencerai à mon extrême gauche.
Le sénateur Fortin-Duplessis : Je suis le sénateur Suzanne Fortin-Duplessis, du Québec.
Le sénateur Poirier : Je suis le sénateur Rose-May Poirier, du Nouveau-Brunswick.
Le sénateur Mockler : Je suis le sénateur Percy Mockler, du Nouveau-Brunswick.
Le sénateur Robichaud : Bonjour, je suis le sénateur Fernand Robichaud. Je représente le Nouveau-Brunswick et je suis de Saint-Louis-de-Kent. Comme vous voyez, le Nouveau-Brunswick a la majorité ici.
La présidente : Le comité poursuit son étude sur l'utilisation d'Internet, les nouveaux médias, les médias sociaux et le respect des droits linguistiques des Canadiens, ainsi que son étude sur les obligations de CBC/Radio-Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles et de certains aspects particuliers de la Loi sur la radiodiffusion.
Le comité s'intéresse aujourd'hui aux médias et entendra, dans le cadre des deux études, des représentants d'organisations de communautés francophone et anglophone en situation minoritaire.
C'est avec plaisir que nous accueillons M. Francis Potié, directeur général de l'Association de la presse francophone et M. Simon Forgues, agent (développement et communications), de l'Alliance des radios communautaires du Canada.
[Traduction]
De plus, nous avons M. Richard Tardif, directeur exécutif de l'Association des journaux régionaux du Québec.
Au nom du comité, je vous remercie d'être venus comparaître aujourd'hui. Vous avez désormais la parole et les sénateurs vous poseront ensuite leurs questions.
[Français]
Le sénateur Robichaud : J'aimerais avoir une information. Sur l'avis de convocation que nous avons, M. Potié est présent à 17 heures ainsi qu'à 18 h 30? Est-ce que je comprends bien?
La présidente : Oui, nous avons une deuxième table après la pause pour discuter d'une lettre que M. Potié a envoyée au comité concernant le Fonds du Canada pour les périodiques.
[Traduction]
M. Tardif a accepté de participer aussi à la seconde série de questions.
[Français]
Le sénateur Robichaud : Je vous remercie pour l'information, madame la présidente.
La présidente : Monsieur Potié, la parole est à vous
Francis Potié, directeur général, Association de la presse francophone : Bonjour à tous. Je tiens d'abord à vous remercier de cette invitation. Nous sommes heureux de partager avec vous nos observations et perspectives, notamment sur la question de l'utilisation d'Internet, des nouveaux médias, des médias sociaux et le respect des droits linguistiques des Canadiens.
L'APF n'a pas vraiment de position par rapport aux obligations de Radio-Canada.
Avant l'entrée en matière, quelques mots au sujet de notre association, l'Association de la presse francophone et le réseau des journaux francophones en situation minoritaire au Canada : sa mission est de rassembler, d'appuyer, de servir et de représenter ses publications membres afin de contribuer au développement et au rayonnement de la presse francophone, mais aussi à la vitalité des communautés francophones et acadienne du Canada. Nous avons actuellement 22 membres.
Cela fait une douzaine d'années maintenant que l'APF et ses membres travaillent à offrir des médias Web aux communautés francophones et acadienne. Notre aventure a commencé autour de l'an 2000. On a lancé un site qui s'appelait journaux.apf.ca. Ce site offrait du contenu à saveur nationale rédigé par le journaliste du service des nouvelles de l'APF et offrait la possibilité aux membres d'y construire leur propre site Internet. À l'époque, tous les sites Internet des membres de l'APF étaient logés à un même endroit et utilisaient le même programme de mise en ligne.
Au cours des 10 dernières années, les choses ont évolué, de sorte que l'outil que nous avions construit a été délaissé graduellement par les membres. Ils ont construit leur propre site, dans l'intérêt d'avoir leur propre marque de commerce, leur propre identité et desservir les besoins des communautés des marchés qu'ils desservent.
Être présent sur le Web, c'est une chose; être pertinent et viable financièrement, c'est autre chose.
Le niveau de développement des plateformes numériques de nos membres varie considérablement d'un journal à l'autre et je dirais même, pour chaque journal, la performance sur le Web connaît des hauts et des bas, selon les ressources humaines et financières en place à tout moment donné.
Créer et alimenter un site web pour un journal de taille, des hebdomadaires et des bimensuels n'est pas toujours une tâche aisée. La plupart de nos membres disposent de petites équipes dont la principale responsabilité demeure la publication d'un produit imprimé. Et jusqu'à présent du moins, les plateformes numériques, c'est un surplus de travail qui génère peu ou pas de revenus additionnels. On comprend donc le défi qui guette les journaux qui doivent, d'une part, créer un site, l'alimenter sur une base régulière avec un budget limité et avec — c'est triste de le dire — des résultats financiers décevants. La rentabilité n'étant pas au rendez-vous, le Web demeure un complément pour le journal et parfois même un fardeau.
Malgré tout, les journaux membres de l'APF se font de plus en plus présents et dynamiques sur le Web. La présence sur les médias sociaux ou les profils sur les médias sociaux sont de plus en plus courants, notamment Facebook et Twitter, chez nos membres, chez les lecteurs, les internautes.
Les membres de l'APF sont conscients qu'il faut développer le Web. Cela fait partie des priorités de l'association. L'association est mandatée de développer une programmation pour appuyer le développement des membres. On l'a fait avec les moyens que nous avions.
On veut aider nos membres à atteindre certaines normes de l'industrie ou des plateformes numériques. On veut les aider à développer leurs compétences et surtout, à développer des stratégies pour générer des revenus.
À court terme, on espère amener tout le monde à avoir un bon site qui est visité et que le public apprécie. Je vais vous donner quelques statistiques.
On sait, par exemple, par un sondage réalisé avec Léger Marketing auprès de 5900 francophones en situation minoritaire que 78 p. 100 de la population francophone dans nos communautés naviguent sur Internet, et les principales utilisations qu'ils en font sont les médias sociaux à 57 p. 100, et la consultation de site de nouvelles en anglais et en français, à peu près à parts égales, 40 p. 100 et 37 p. 100 et le visionnement de films et vidéos. Soixante- deux p. 100 d'entre eux ont un compte sur les médias sociaux, surtout Facebook à 60 p. 100, mais aussi Twitter et LinkedIn et les francophones en situation minoritaire utilisent autant le français que l'anglais sur les médias sociaux. C'est à peu près égal, 38 p. 100 en français, 37 p. 100 en anglais et 25 p. 100 utilise les deux.
Toujours selon ce même sondage, 20 p. 100 des lecteurs de journaux viennent sur nos sites. Ce n'est pas énorme, mais on a à peu près la moitié des gens qui sont sur les sites de nouvelles en français.
Les conclusions que nous tirons de ces données, c'est que, d'une part, on a tout à fait raison d'être actifs et de mettre une priorité sur le développement du Web et, d'autre part, on a beaucoup de travail à faire pour aller chercher ces francophones pour qu'ils se sentent interpellés par l'offre qu'on leur fait sur le Web.
Comme je l'ai mentionné précédemment, il est probable que le principal obstacle au développement de l'Internet, la presse francophone, est que le revenu n'est pas au rendez-vous. On y travaille et cela s'améliore, mais c'est très lent. Ce n'est pas propre qu'à notre industrie; beaucoup de médias traditionnels ont trouvé le temps long pour générer un revenu suffisant pour justifier l'investissement.
Je vais vous donner deux exemples. On parlera du gouvernement fédéral et de ses obligations linguistiques. Historiquement, les articles 11 et 30 de la Loi sur les langues officielles ont fait en sorte que les médias francophones en général, les journaux en particulier, ont pu bénéficier d'un appui du gouvernement fédéral. L'obligation de communiquer en français a beaucoup contribué au développement de la presse francophone.
En 1978, l'APF avait moins de dix membres. Aujourd'hui, elle en a 22, certains journaux ne sont pas membres. Une trentaine de journaux francophones d'une certaine taille au Canada et l'obligation fédérale de communiquer en français auprès de la population francophone y sont pour beaucoup.
À l'heure actuelle, selon la direction de la coordination de la publicité et des partenariats de Travaux publics et Services gouvernementaux, en 2010 et 2011, les ministères fédéraux ont dépensé 1 790 000 dollars sur un budget de 76 millions de dollars en publicité dans les médias de langues officielles. On en voudrait plus, mais quand même, il y a un investissement systématique. Toujours selon le même bureau, les ministères fédéraux ont investi 12 p. 100 de leur budget publicitaire, soit 7 780 000 dollars, en publicité Internet. Le pourcentage de ces campagnes qui s'est retrouvé sur les sites Internet des journaux communautaires est zéro.
Autrement dit, lorsqu'il s'agit de publicité Web, le gouvernement fédéral ne passe pas par les médias établis dans les communautés. Lorsque les ministères planifient leurs placements de publicité Web, il ne semble pas que de joindre les communautés de langue officielle en situation minoritaire par le biais des journaux établis dans les communautés soient pris en compte et pourtant la partie VII de la Loi sur les langues officielles engage la loi à favoriser l'épanouissement des minorités francophones et anglophones du Canada en appuyant leur développement et ainsi promouvoir la pleine reconnaissance de l'usage du français. Je suis en train de citer la loi. Vous la connaissez sans doute mieux que moi.
En conclusion, nous sommes d'avis que, sur ce point de publicité, les articles qui touchent aux communications avec le public — et cela fait un bout de temps qu'on le présente à la direction de la publicité — la loi devrait être interprétée de façon à ne pas désavantager les communautés francophones. Ainsi, le gouvernement fédéral communiquerait avec nos lecteurs et tout en appuyant concrètement le développement des plateformes numériques dans nos communautés et en évitant systématiquement de placer de la publicité sur ses sites Internet, le fédéral mine leur développement et par extension, le développement dans les communautés.
La présidente : Merci, monsieur Potié. Je vais maintenant donner la parole à M. Forgues.
Simon Forgues, agent (développement et communications), Alliance des radios communautaires du Canada : Merci, madame la présidente. L'Alliance des radios communautaires du Canada vous remercie de votre invitation.
Il nous fait plaisir de prendre part à cette étude sur l'utilisation d'Internet, des nouveaux médias, des médias sociaux et du respect des droits linguistiques des Canadiens. Je vais aussi effleurer la question des obligations de CBC/Radio- Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles et certains aspects de la Loi sur la radiodiffusion. Je ne m'y attarderai pas nécessairement pour les raisons que je vais vous expliquer.
Notre organisation est active sur la scène nationale depuis qu'elle a été fondée en 1991, et découle directement de la volonté des radios communautaires francophones et acadiennes de prendre en main leur propre développement et d'assurer leur autonomie. On est gestionnaire global du dossier de la radio diffusion communautaire en milieu minoritaire francophone au pays et notre organisation fournit à ses membres divers services que ce soit de la consultation, de la formation, de la communication, de la liaison ou des services techniques dans tous les aspects qui touchent à l'implantation et à la gestion d'une radio communautaire.
Nous comptons à ce jour 28 stations de radio en ondes et deux projets au stade de développement. Les communautés desservies sont réparties aux quatre coins de la Francophonie canadienne depuis l'Ouest, les Territoires du Nord-Ouest et la Colombie-Britannique jusqu'à la Nouvelle-Écosse. On est présent en tout et pour tout dans neuf provinces et deux territoires à l'exclusion du Yukon et du Québec.
Au fil de nos 20 ans d'existence, on a développé une solide expertise en matière de radiodiffusion. Je crois que nous sommes à même de témoigner de la transformation de notre secteur depuis tout ce temps. On ne vous apprendra rien si on vous dit que les médias sont en profonde mutation depuis l'avènement d'Internet et la tendance s'accentue avec l'émergence de plus en plus marquée des nouvelles plateformes de diffusion comme les téléphones intelligents, les tablettes tactiles ou encore les baladeurs numériques.
La première chose dont il faut bien prendre conscience, c'est que la notion de communauté n'est plus du tout la même qu'il y a une vingtaine d'années. Internet a permis à des communautés, qui ne se distinguaient autrefois que par des frontières géographiques, de s'étendre aussi maintenant à une notion de champ d'intérêt. C'est très distinct de ce qu'on avait lorsqu'on a été fondé dans les années 1990. C'est-à-dire qu'on n'est plus tributaire des distances pour appartenir à une communauté comme on l'était à une certaine époque. On peut très bien faire partie d'une communauté de quelques centaines de francophones dans son village de la Saskatchewan ou de l'Ontario et, en même temps, appartenir à une grande communauté d'amateurs de jazz fusion qui sont disséminés partout sur la planète, mais qui sont pourtant très près les uns des autres et, parfois même, je vous dirais davantage qu'au sein même de leur propre village. C'est une notion qui n'existait pas il y a 20 ou 25 ans. Comme les frontières se sont toutes grandes ouvertes et que la communauté s'est étendue, on ne s'étonne plus que cet amateur de jazz fusion dont je parlais, qui attendait autrefois avec impatience son émission du jeudi soir à la radio communautaire, trouve aujourd'hui plusieurs autres canaux de réception pour assouvir sa soif de musique spécialisée. Je parle de musique, mais on pourrait très bien parler d'un paquet d'autres sujets vers lesquels se tournaient justement ces gens pour y avoir accès. C'était à la radio jadis et aujourd'hui, ils peuvent trouver ces informations et combler leur appétit à travers d'autres médias.
La radio, la télé, le cinéma et la presse écrite, qu'on qualifie souvent de média traditionnel, donc par opposition aux nouveaux médias ont subi un profond bouleversement de leur modèle d'affaires à cause d'Internet qui n'est pas à proprement parler un média, mais plutôt tous les médias en même temps. On parle souvent d'Internet comme d'un média, mais Internet, c'est l'image, c'est le son, c'est l'écrit. C'est tout un paquet de choses.
Pendant que le modèle d'affaires des médias traditionnels s'était toujours appuyé sur la consommation et la publicité, donc la croissance économique, le modèle d'affaires du Web est venu jouer dans nos pattes un petit peu.
En étant intimement lié à la culture du tout gratuit, cela a changé l'écosystème médiatique de fond en comble. Les géants des médias sont devenus de plus en plus gros et puissants, entre autres à cause de la concentration verticale et multisectorielle qui s'est accentuée plus que jamais. Les technologies ont fait entrer dans nos vies des notions qui étaient encore relativement peu connues jusque-là : l'interactivité, le nomadisme ou encore le multitâche. Malheureusement, pour des petites organisations comme les nôtres, ce sont des principes — ces principes de concentration verticale ou multisectorielle — que peuvent s'approprier les grands conglomérats, c'est des choses qui peuvent difficilement être appliquées dans nos petites organisations, du moins pour l'instant.
Actuellement, on assiste à l'émergence de certains projets qui pourraient effectivement prendre des allures d'activités multisectorielles, avec du Web, de l'écrit, de l'audio, même dans certains cas de la vidéo. On a vu, par exemple, un journal et une radio s'associer pour partager leurs ressources journalistiques afin de pouvoir tirer leur épingle du jeu.
Mais attention, cela a peut-être l'air alarmiste, mais il ne faut pas céder non plus à la panique, car cette ouverture du marché n'a pas que du mauvais pour nous, évidemment. Il ne faut pas perdre de vue que Miramichi, au Nouveau- Brunswick, où on trouve la station CKMA, ou encore Saint-Boniface, au Manitoba, où on trouve CKXL, ce sont d'abord et avant tout, elles aussi, des communautés. On appartient d'abord à des communautés physiques, en l'occurrence notre ville, notre province, notre pays, avant d'appartenir à ces fameuses communautés virtuelles. Je ne vous dis pas que les communautés virtuelles ne peuvent pas être plus importantes aux yeux de quelqu'un que leur communauté physique, mais lorsqu'on veut connaître la météo, par exemple, quand on veut savoir l'état des routes qu'on va emprunter pour se rendre au travail et payer nos taxes et impôts à notre municipalité, tout cela, ce sont des champs d'intérêt ou des sujets qui touchent à notre communauté physique. C'est pour cela que nos radios communautaires, qui sont toutes bien ancrées au sein de leur communauté, ont un rôle essentiel à jouer pour l'épanouissement des francophones, malgré tout le bien que l'on peut dire d'Internet. Il y en a qui disent que c'est la panacée, mais enfin.
Nos radios communautaires sont de plus en plus conscientes qu'elles ont tout intérêt à embrasser ou à prendre à bras-le-corps cette philosophie de communauté élargie, car elles comprennent de mieux en mieux que même si la personne est en voyage tout l'hiver en Floride, par exemple, le type de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, peut vouloir prendre la météo de chez lui ou peut vouloir écouter ses artistes préférés et tout cela, donc il vaut mieux que la radio soit présente sur Internet. Les services rendus à la communauté physique n'empêchent pas la prestation de services aux membres de la communauté étendue.
Il y a assez peu de radios parmi nos membres actuellement qui n'ont pas de service de diffusion en ligne, elles sont presque toutes sur la diffusion en flux sur Internet et elles sont aussi de plus en plus présentes dans les médias sociaux — Facebook, Twitter, Google plus, par exemple, LinkedIn et tout cela — et elles y partagent justement du contenu à des gens qui sont évidemment de plus en plus mobiles.
Nous, de l'Association des radios communautaires du Canada, allons créer d'ici très peu de temps des applications mobiles pour permettre aux gens d'écouter nos radios sur les appareils Androïd, iPhone, Blackberry et Windows Phone. On est quand même à la page à ce niveau. Il nous reste encore quelques détails à finaliser et on se mettra en chantier pour avoir éventuellement quatre applications dont les gens vont pouvoir se servir pour écouter nos radios un peu partout non seulement du pays, la francophonie canadienne, mais à travers le monde.
Pour pouvoir poursuivre notre mission de façon efficace en même temps qu'on adhère à ces nouvelles technologies, encore faut-il avoir les ressources humaines, techniques et financières. Sauf que, non seulement on ne dispose pas des mêmes possibilités financières que ces grands conglomérats, dont je parlais tout à l'heure, qui ont la possibilité d'aller sur Internet, mais vraiment à fond de train, non seulement on ne peut pas suivre la parade, mais en plus, on est assujettis à des règles en vertu de notre statut de média communautaire. Cela n'enlève rien à l'importance de notre rôle pour les communautés linguistiques minoritaires au pays, mais certaines contraintes liées à du contenu spécialisé, les choses du genre, peuvent entraver notre mandat un peu. Notre rôle est essentiel et est reconnu par l'ensemble du secteur des médias tout comme l'État canadien, mais on regrette de ne pas disposer de tous les outils nécessaires à l'atteinte de nos objectifs dans un univers médiatique en pleine mutation et compétitif comme rarement auparavant.
Depuis sa fondation, en novembre 2007, par les trois principales associations de radios communautaires et de campus au pays, le Fonds canadien de la radio communautaire a fait beaucoup de progrès. On est conscients que CBC/ Radio-Canada a un rôle qui est le sien, on ne veut pas la dépouiller, on ne veut pas que de l'argent soit pris de cette société, on ne veut pas déshabiller Jean pour habiller Pierre, finalement, si je peux me permettre l'expression; on ne demandera donc pas de soutirer du financement à Radio-Canada, mais j'aimerais porter à votre attention que le gouvernement du Canada tire des droits de ce qu'on appelle la Partie II, la somme annuelle de 100 millions de dollars payée par les radios privées en droits de licence, et cela, c'est dans le fonds consolidé du gouvernement canadien, du Secrétariat du Conseil du Trésor. Nous demandons que le gouvernement du Canada tire de ses droits de la Partie II la somme annuelle de 7 millions de dollars qu'il destinerait au Fonds canadien de la radio communautaire pour assurer un financement de base aux quelque 140 stations communautaires au pays qui sont un service essentiel, qui promeuvent la culture et la langue française dans les communautés en situation de minorité et, une fois qu'il y aura un financement de base pour établir des assises solides, on pourra à ce moment-là développer les nouvelles plateformes et les choses du genre pour s'épanouir.
La présidente : Merci beaucoup.
[Traduction]
Richard Tardif, directeur exécutif, Association des journaux régionaux du Québec : Honorables sénateurs, merci de m'avoir invité à comparaître ici, ce soir. Je suis très heureux d'être ici pour parler de votre étude sur l'utilisation d'Internet, des nouveaux médias, des médias sociaux et le respect des droits linguistiques des Canadiens.
Lily Ryan, membre du conseil d'administration qui devait comparaître à mes côtés aujourd'hui, a une date d'échéance très serrée et inhabituelle au Bulletin d'Aylmer et elle m'a chargé de vous exprimer ses regrets et ses excuses. Elle aurait voulu être ici.
Je vais vous parler de l'Association des journaux régionaux du Québec. Nous sommes des publications bilingues et anglophones. Nous distribuons des hebdomadaires, des mensuels et des quotidiens à quelque 700 000 lecteurs à travers la province de Québec. Nous desservons un lectorat exclusif anglophone et bilingue dans les communautés, en nous concentrant sur les nouvelles locales pertinentes et un rapport élevé entre la publicité et le contenu éditorial.
Cela m'amène directement à la question de savoir comment nos membres utilisent Internet et les médias sociaux, particulièrement parce qu'il s'agit de desservir leurs communautés et leurs droits linguistiques. Comme nous le savons tous, et comme mes estimés collègues l'ont fait remarquer, l'Internet et la prévalence de sites de nouvelles payants, y compris les sites de journaux et les sites de réseaux de plus grande taille comme CNN, MSNBC et Yahoo, pour n'en nommer que quelques-uns, ont été accusés d'avoir joué un rôle majeur dans les problèmes que vit aujourd'hui l'industrie des journaux. L'utilisation que l'on fait d'Internet aujourd'hui est vaste et inclut tout un éventail d'outils Web tels que des blogues de journalistes, des vidéos, des bots, des podcasts, des iPod, iPhone et les fils RSS, et Dieu sait ce que nous réserve l'avenir. Et maintenant, nous avons le Web 2.0, un attribut qui rend l'information internationale davantage accessible dans le contexte social et qui est à la portée de tous, où qu'on soit du point de vue géographique.
J'estime que le plus grand défi pour ce qui est de présenter les nouvelles et l'information par le biais de ces différentes plateformes pour nos membres, dans les langues officielles, n'est pas l'accès à Internet ni même à Internet haute vitesse. C'est plus fondamental à deux égards : où est-ce que l'éditeur a trouvé les ressources pour traduire le contenu comme les articles de nouvelles, les éditoriaux et les chroniques? Deuxièmement, si un éditeur dessert principalement un lectorat fidèle anglophone ou francophone, quelle est la nécessité ou l'incitatif d'avoir un site dans une seconde langue, dans cette communauté?
Permettez-moi d'aborder le premier point, la question des ressources applicables. L'AJRQ a un site web bilingue. Nous avons les ressources pour la traduction; nous avons les ressources pour entretenir rapidement les textes dans les deux langues officielles. J'applaudis la dualité que l'on retrouve dans notre Québec. Je suis d'accord avec Sylvia Martin-Laforge, qui est la directrice générale du Réseau des groupes communautaires du Québec, qui a comparu devant le comité le 11 novembre. Elle a dit que, étant donné notre place dans la société, nous devons complètement traduire le matériel sur le site et nous essayons d'entretenir le site.
L'AJRQ est membre en règle du RGCQ et nous sommes d'accord avec Mme Martin-Laforge. Nos membres sont conscients de la dualité linguistique, mais ils manquent de ressources pour la mettre en oeuvre. Cela nécessite, dans la plupart des cas dans nos journaux, d'affecter un journaliste, un concepteur ou un autre employé pour gérer le site et inciter plus fortement ceux qui payent les factures à trouver un traducteur professionnel qualifié.
Un exemple d'un membre qui maintient une présence élevée dans les médias sociaux à travers Facebook est le Eastern Door à Kahnewake, au Québec. Leur compte Facebook affiche près de 3 000 amis. C'est assez formidable pour un journal. Le site web lui-même, qui fêtera ses trois ans en novembre, n'est pas souvent mis à jour.
Cela n'est pas la faute de l'éditeur car le fait d'allouer du travail supplémentaire au personnel ou aux autres employés réguliers, généralement sans rémunération, serait un stress supplémentaire pour les employés qui sont déjà surchargés. Ainsi, dans ce cas-ci, l'éditeur va plus loin et donc tout avancement dans le royaume des médias sociaux s'arrête à ce point-là.
Nous avons toutefois un excellent exemple, de réussite Internet au sein de nos membres et je crois qu'il serait pertinent que je vous en parle rapidement. Le site web Laval News a reçu des prix pour sa présentation et est un bel exemple d'interaction avec les clients et les visiteurs par le biais de rétroactions, sondages, lettres à l'éditeur en ligne, et cetera. Le Laval News a en fait un webmestre, dont le travail consiste uniquement et précisément à s'occuper du site. La question est de savoir combien de nos membres peuvent en fait se permettre d'avoir un site web, sans parler de le traduire ni même de l'avoir dans les deux langues officielles.
Deuxièmement, le public cible de nos membres détermine la langue de leurs médias sociaux et de leur contenu Web. De nos 30 journaux membres de l'AJRQ, 29 maintiennent une forme de présence Internet. De ces 29, 4 ont un contenu en français et en anglais.
Je vous dis tout cela pour montrer que nos membres sont déjà profondément investis dans Internet, les nouveaux médias et les médias sociaux, en ce qui a trait à leurs besoins locaux, et nous, en tant que leurs représentants à l'AJRQ, nous nous investissons pour appuyer les droits linguistiques et avoir une dualité sur notre site web et nous le faisons donc en leur nom.
Dans les deux cas que j'ai cités précédemment, les deux publications sont des hebdomadaires anglophones qui ont des sites en anglais exclusivement. Dans le cas du Bulletin d'Aylmer, dont 30 p. 100 des lecteurs sont anglophones, les versions papier et en ligne du journal sont dans les deux langues. Le Bulletin d'Aylmer emploie des journalistes anglophones et francophones pour sa version papier. Les articles et les éditoriaux qu'il publie sont versés au site web à la même vitesse et au même moment que la version imprimée, en l'occurrence, il s'agit tout simplement de charger un contenu qui est déjà prêt, en se servant de ressources minimes et donc c'est rapide à charger sans traduction.
Stephen Thompson du QCGN est venu au mois de novembre dernier devant le comité et il a fait remarquer que la traduction pourrait en fait prendre un certain temps et que dans le domaine de l'actualité, une heure peut faire toute la différence entre de vieilles nouvelles, des nouvelles de dernière heure, des nouvelles pertinentes ou des nouvelles tout court.
M. Thompson demande ceci : les lecteurs seraient-ils prêts à attendre une traduction pendant qu'elle se fait? Êtes- vous prêts à vivre avec un produit qui ne soit pas en anglais ou en français parfait? Est-ce quelque chose que vous pouvez accepter?
En tant qu'ancien journaliste et rédacteur en chef, tout contenu, sans aucun doute, dans sa version papier, en ligne ou traduit, doit être quasiment parfait. Je ne voudrais pas insulter ni mécontenter qui que ce soit qui parle une langue parce que j'ai dû me dépêcher à faire traduire quelque chose pour le mettre sur le site web. En tant que professionnels de la presse écrite, nous ne ferons jamais cela.
L'AJRQ sait également que les anglophones et les francophones lisent les journaux et les sites Web dans les deux langues. Le Bulletin d'Aylmer en est un exemple.
Demander à tous nos membres d'avoir un site web dans les deux langues officielles, je pense, est la forme la plus élevée de respect pour un pays qui honore la dualité linguistique. Toutefois, une telle démarche attirerait des lecteurs et des revenus publicitaires pour nos journaux. À une époque où les publicités sont à la baisse dans la presse écrite, cela pourrait aider. Je serais assez fier d'entreprendre un tel projet pour approcher tous nos journaux dans les deux langues, mais je me demande quelle en est la nécessité et combien de ressources seront nécessaires pour continuer à faire cela si les fonds venaient à tarir. Si les fonds s'épuisent, reviendrons-nous à un seul site et une seule langue?
D'abord, je pense qu'il faut aider les institutions à rattraper leur retard. Un de nos journaux, le Spec, un journal sans but lucratif, est un bon exemple du retard qu'on peut accuser en matière de technologie. Situé à New Carlisle, en Gaspésie, le Spec se sert d'ordinateurs très désuets, des Mac bubbles, si quelqu'un sait ce que ça veut dire. Ces ordinateurs sont tellement désuets que le Spec ne peut même pas participer à des webinaires, qui sont un outil nouveau média très important. Nous avons commencé à faire des vidéoconférences à partir de nos centres d'apprentissage communautaires et c'est quelque chose que nous sommes en train de négocier avec le Spec. Entre-temps, toute traduction sur le site actuel, l'impartition ou l'embauche de quelqu'un est totalement hors de question.
En effet, Internet et les médias sociaux deviennent des moyens favoris et indispensables d'échanger des renseignements, de communiquer et d'offrir des services. Ces moyens sont là pour rester, et nous n'arrivons pas à rattraper la technologie. Certains journaux disposent des ressources nécessaires, alors que d'autres donnent l'impression d'être restés au Moyen Âge.
Citons un fait inévitable au sein de l'industrie de la presse écrite : la presse en ligne gagne du terrain, mais ne rapporte qu'une maigre part des revenus, alors que la presse imprimée qui est beaucoup plus lucrative est en recul constant. C'est un paradoxe, mais il est difficile de résister à une offre de publicité sur un site web.
On a constamment l'impression que, après 15 années de transition numérique, nos cadres et éditeurs croient encore que nous en sommes aux premiers balbutiements et qu'il faut définir la façon de s'y prendre. La technologie évolue assez rapidement. Six mois après l'introduction de la baladodiffusion, c'est déjà obsolète, et il faut passer au flux RSS. Ils en sont encore à essayer de comprendre cette réalité.
Le coeur de votre étude porte sur la question suivante : les droits linguistiques des Canadiens sont-ils respectés? Je crois que oui, par le biais de nos membres, soit l'Association des journaux régionaux du Québec, compte tenu de notre emplacement et rôle au sein du Québec dont nous nous acquittons. Or, pour nos membres, c'est une tout autre histoire.
J'aimerais que l'on s'attaque à la question des ressources. En résumé, il faudrait mettre à jour la technologie, répondre aux besoins linguistiques et offrir un financement durable plutôt que de lancer de l'argent à l'aveuglette pour régler le problème et attendre cinq ans avant de s'apercevoir que le projet se termine. Peut-être faudrait-il qu'une partie des fonds soit destinée à la formation ou à un autre type d'initiative pour assurer la pérennité du système.
Encore une fois, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion d'être ici aujourd'hui. Je répondrai avec enthousiasme à vos questions, et n'hésitez pas à communiquer avec moi à l'avenir pour de plus amples renseignements.
La présidente : Merci beaucoup.
Le sénateur Fortin-Duplessis a l'honneur de poser la première question.
[Français]
Le sénateur Fortin-Duplessis : En premier lieu, nous sommes bien heureux de vous avoir avec nous aujourd'hui. Mes questions vont porter sur Radio-Canada.
Parallèlement au travail effectué par les médias communautaires, les communautés de langues officielles en situation minoritaire insistent sur le rôle que joue CBC/ et Radio-Canada dans leur développement.
Dans les communautés francophones et acadienne, il arrive souvent que le radiodiffuseur public soit le seul média à assurer une présence en français. Dans les communautés anglophones du Québec, le radiodiffuseur public est aussi appelé à jouer un rôle important, notamment pour l'information et le reflet de la culture. Les communautés de langue officielle en situation minoritaire insistent sur l'importance de voir leur réalité reflétée dans la programmation régionale et nationale de CBC/Radio-Canada.
Pouvez-vous nous parler des lacunes qui persistent encore sur ce plan ou en avez-vous détectées ou selon vous, c'est correct?
M. Forgues : On n'a jamais remis et on ne remet pas et on ne remettra pas en question le mandat de la société d'État CBC/Radio-Canada qui joue un rôle, qui remplis un mandat qui lui est destiné, qui est celui de servir les Canadiens en information, en culture, en art, ainsi de suite, sur la scène internationale ou nationale ou même, dans une certaine mesure, provinciale ou supra régionale. Ils ont le mandat, ils le remplissent.
En tant que média communautaire, nous pouvons difficilement remplir ce mandat de la même façon. On ne leur demandera pas de passer maître dans l'art de faire de la nouvelle nationale et internationale, malgré que notre mandat soit de servir les communautés. Nous sommes la base. Ce sont les radios communautaires qui font le babillard social pour annoncer, par exemple, des cliniques de vaccination ou des séances du conseil municipal et des choses du genre.
Radio-Canada, dans les communautés francophones à travers le pays, a son mandat et ce n'est pas de faire des babillards sociaux ou des trucs du genre. Radio Canada va véhiculer des nouvelles de conseil municipal, mais encore faut-il qu'il vaille la peine de dépasser le strict cadre de la petite municipalité. Alors, nous ne voyons pas de lacune dans le mandat qu'accomplit Radio-Canada et nous, les médias communautaires, accomplissons le nôtre. Notre charge est tout de même considérable.
Le sénateur Fortin-Duplessis : Quand nous avons tenu nos audiences dans la province de Québec dans la communauté anglophone, on avait entendu des reproches de la part des anglophones. Ils étaient déçus. Ils trouvaient qu'au Québec, surtout à Montréal, ils n'étaient pas bien couverts par CBC parce qu'il y avait toujours plus de nouvelles de Toronto ou d'ailleurs. C'est la raison pour laquelle je vous ai posé cette question.
Ma deuxième question se rapporte au CRTC. Au cours de la prochaine année, le CRTC procédera au renouvellement des licences de CBC et de Radio-Canada. On peut s'attendre à ce que plusieurs organismes issus des communautés de langue officielle en situation minoritaire participent aux audiences publiques. À la première date limite, le 18 juillet 2011, je pense, 1 318 interventions avaient été déposées au CRTC. Pour moi, cela rejoint la réponse que vous m'avez donnée. Selon l'information disponible sur le site web, il me semble que les organismes représentant les médias communautaires n'ont pas soumis d'interventions au CRTC à ce moment-là. Est-ce que vous avez l'intention d'inciter vos membres à présenter des mémoires ou bien la réponse que vous m'avez donnée fait en sorte que vous n'avez rien à dire là-dessus?
M. Forgues : On ne cassera jamais du sucre sur le dos de CBC/Radio-Canada. Je vais répéter ce que je disais tout à l'heure : ils ont leur mandat, ils l'accomplissent mieux qu'on ne saurait jamais le faire comme média communautaire. Ce n'est pas de notre ressort de faire ce genre de contenu. On a un mandat et on peut difficilement l'accomplir en toutes circonstances pour les raisons que je vous ai un peu expliquées tout à l'heure.
M. Potié : Ce n'est pas un sujet sur lequel l'APF s'est attardée. Ceci étant dit, comme association, on est membre de la Fédération des communautés francophones et acadienne et nous endossons sa position. Plusieurs de nos membres — pas tous — sont impliqués d'une façon ou d'une autre dans des organismes ou ils sont porte-parole dans leur province respective. Pas tous parce que plusieurs sont des entreprises privées et elles ne font pas cela. Cela me surprendrait qu'on prépare un mémoire pour le CRTC et, puisqu'il y en a 1318 probablement que cela reflète les opinions dans les communautés francophones de façon assez fidèle. Je pense qu'on partage les mêmes points de vue qu'on entend depuis toujours par rapport à Radio-Canada : on veut se retrouver davantage sur les ondes, sur la programmation de Radio- Canada; on veut que plus de productions locales, plus de productions reflétant nos communautés soient diffusées à l'ensemble des Canadiens.
Je résume beaucoup, mais je pense que je n'apporte pas grand-chose de nouveau; c'est toujours la grande frustration dans les communautés. On comprend les impératifs de cotes d'écoute, de marchés et de population concentrée à Montréal, mais on trouve décevant que la chaîne nationale, payée par tous les contribuables canadiens, ait une programmation qui se concentre pas mal sur la métropole en termes de contenu et de gens.
Le sénateur Fortin-Duplessis : Pour les francophones, mais pas pour les anglophones.
M. Potié : On entend la même chose en anglais, que c'est pas mal concentré sur Toronto, mais c'est moins accentué. C'est une question de nombre.
M. Forgues : On a parfois l'impression, lorsqu'on écoute des gens de Moncton ou de Winnipeg, qu'ils n'entendent parler que de Montréal. Si vous faites le tour de la province de Québec et allez vous enquérir auprès des francophones de Chicoutimi ou de Rimouski, demandez-leur s'ils trouvent qu'on parle beaucoup trop de Montréal à Radio-Canada; peut-être qu'ils vous diront eux aussi, comme les gens de Moncton ou de Winnipeg, qu'ils ont l'impression qu'on parle beaucoup de Montréal dans les bulletins d'information.
Le sénateur Fortin-Duplessis : On l'a entendu souvent.
La présidente : Voulez-vous entendre M. Tardif, pour les anglophones du Québec?
[Traduction]
Monsieur Tardif, voulez-vous intervenir?
M. Tardif : Je travaille exclusivement dans la presse écrite. En ce qui concerne la radio, je ne suis pas au courant, alors je ne peux répondre au nom du groupe des radiodiffuseurs anglophones du Québec pour l'instant.
La présidente : Merci.
[Français]
Le sénateur Robichaud : Vous avez tous les trois terminé votre présentation en parlant de ressources financières, d'un appui fédéral. Vous avez parlé d'aller chercher 7 millions sur les 100 millions de dollars exigés pour les droits.
[Traduction]
Monsieur Tardif, vous avez employé le terme « financement durable ».
[Français]
Parce qu'on entend cela ailleurs aussi. Je fais partie du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts et lorsqu'on parle d'appui ou de soutien, les périodes sont trop courtes, lorsqu'on met un projet en branle et qu'on arrive à l'exécuter, et le financement semble tarir. Quelles sortes de ressources aimeriez-vous avoir et quelle période de temps vous permettrait de mener vos projets à bon terme?
M. Potié : Ça fait un bon bout de temps que le programme Francommunauté virtuelle n'existe plus et ce programme comportait un gros défaut : il était entièrement axé sur des projets spéciaux. Comme on le sait, tout ce qui est nouvelle technologie évolue très rapidement, les connaissances et les compétences requises changent constamment, alors je pense que le long terme n'est vraiment pas la bonne approche. Un appui continu et soutenu à moins de frais serait une approche beaucoup plus réaliste afin qu'un journal ou une radio puisse, avec le temps, bâtir ses compétences et être en mode amélioration continue. Cela vaudrait mieux que de faire un gros coup d'éclat et se retrouver, six mois plus tard, avec une technologie désuète. Souvent, ce qui semble être la bonne approche cette année ne vaut plus rien l'année suivante.
Je vais revenir à la publicité. Je pense que c'est fondamental. Il y a un gros trou dans la façon dont la Loi sur les langues officielles est interprétée. Il y a un nouveau média qui s'appelle Internet téléphone mobile et dans lequel le gouvernement fédéral commence à investir. Cela échappe à nos médias et, en échappant à nos médias, c'est un appui qu'on n'a pas pour pouvoir offrir mieux, pour pouvoir être plus performant sur le Web. Un journal qui ne réalise pas de revenus avec son site, dans une période de débordement, va se concentrer sur son journal écrit au détriment de son site Internet. C'est la nature humaine. Alors, je crois que si le gouvernement fédéral pouvait s'assurer que les dispositions de communication de la Loi sur les langues officielles soient interprétées de façon à appuyer ces médias, à s'en servir pour rejoindre le public, cela changerait la culture dans nos journaux et dans les radios; on ne délaisserait pas notre site, puisque nous pourrions y vendre de la publicité.
Le sénateur Robichaud : Vous vous serviriez de votre site pour faire de la publicité, ce qui rendrait votre site payant, si je comprends bien?
M. Potié : Oui.
Le sénateur Robichaud : Alors qu'actuellement, ce n'est pas payant.
M. Potié : Ce n'est pas très payant. C'est mieux que c'était, mais il faut opérer un changement de mentalité; pas seulement de notre part, mais de celle de nos clients également. Les gens dans nos communautés n'ont pas l'habitude de faire leur publicité sur Internet, mais plutôt dans les journaux et la radio. Cela prendra tout un changement de mentalité. En ce moment, cela ne joue pas dans les choix de placements des ministères, d'être sûr d'utiliser les médias que les communautés se sont donnés. On met cela sur TSN, sur Cyberpresse, parfait, j'ai rien contre, mais l'outil que les communautés se sont donnés, c'est La Liberté, puis L'Eau vive, puis Le Moniteur Acadien.
Le sénateur Robichaud : Vous me dites que vous ne recevez pas votre part de cette publicité.
M. Potié : On reçoit zéro.
M. Forgues : On parle de Web. Dans le cas des radios communautaires, on a eu des années de vache maigre avec les publicités gouvernementales. Ce ne sont pas les meilleures années. J'ai déjà eu des échanges à ce sujet avec des gens qui travaillent dans des médias traditionnels quand même très bien connus et très bien pourvus. On parle de portails, comme Cyberpresse et d'autres, qui ne réussissent pas nécessairement à faire monts et merveilles avec leur site Internet. Quand, il y a quelques jours, Rogers a décidé de fermer plusieurs de ses sites Internet qui existaient depuis plusieurs années comme Branchez-vous, il ne l'a pas fait parce que ça roulait sur l'or. Si de grandes entreprises comme celles-là sont obligées de « tirer sur la plug », imaginez dans les petites stations comme la notre qui doit faire de la radio, s'occuper de ressources bénévoles, faire de la collecte de fonds, de la bande publicitaire locale, de la cueillette de nouvelles, et cetera. Alors, quand arrive le temps de se destiner aux nouveaux médias comme aux sites Internet, Facebook et compagnie, je peux vous dire que c'est relégué un peu en arrière.
[Traduction]
M. Tardif : Je crois que l'un des problèmes, c'est qu'il y a plusieurs études qui ont été faites récemment — je les transmettrai au comité — et qui indiquent que pour une perte de 7 p. 100 de revenu publicitaire dans la presse imprimée, la presse en ligne ne récupère que 1 p. 100. Comment les éditeurs peuvent-ils assurer un équilibre? Ils doivent se concentrer sur la survie de leur journal.
Nous avons envisagé la possibilité de créer un site unique qui serait géré par l'AJRQ et où tous les journaux et toutes les collectivités seraient regroupés sous un même logo. L'idée n'était pas mauvaise, mais elle ferait perdre les collectivités locales. Les journaux Bulletin d'Aylmer, Eastern Door et The Low Down to Hull and Back de Wakefield sont publiés sur des sites Web différents et expriment des réalités locales différentes. Si nous devions suivre cette idée de regroupement, et que nous devions gérer le soutien, nous enlèverions la couverture locale à nos propres membres.
Le deuxième problème, c'est que lorsqu'on constate que les revenus publicitaires sont en déclin, comme M. Potié l'a dit, on ne veut plus travailler sur son site web. S'il faut embaucher quelqu'un d'autre pour le faire, comme un journaliste, la plupart du temps, l'employé a déjà une lourde charge de travail et met de côté le site web.
Pour ce qui est de la pérennité, nous devrons surmonter le problème de la charge de travail et nous demander quel est l'avantage à l'échelle locale de faire traduire une page Web. Si votre lectorat se compose de 75 p. 100 d'anglophones, vous réfléchirez deux fois avant d'investir des ressources dans la traduction. Je n'ai pas vraiment de réponse à vous donner au sujet du financement durable, parce que le financement prend fin de temps à autre, et cela ne signifie pas toujours que le journal sera capable d'amasser lui-même les fonds nécessaires sur une période de deux, trois, quatre ou cinq ans. Comme vous le savez, beaucoup d'organisations reçoivent du financement sur 10 ans, et une bonne partie de cette période est consacrée à trouver d'autres sources de financement pour remplacer celui qui vient à échéance.
Peut-être que je pourrais le faire au nom des journaux. C'est en effet mon travail, mais cette tâche est colossale, et je devrai répondre à chaque besoin, de chaque journal, dans chaque collectivité. Ce serait loin d'être une sinécure. Lancer un site web et ne pas le soutenir à long terme mène à son échec.
[Français]
Le sénateur Robichaud : Dans mon coin, l'Étoile Kent est distribué gratuitement pour ce que j'en sais. Ça arrive chez nous toutes les semaines. Ce sont principalement des nouvelles du coin avec des petites histoires et de la publicité des gens du coin aussi.
La présidente : C'est local.
Le sénateur Robichaud : Perdez-vous beaucoup de gens qui normalement vont vers la radio communautaire ou les petits hebdos? J'aurais plutôt tendance à penser qu'on voudrait dépendre de vous plutôt que d'aller sur le Web pour ce qui est national et moins pour les nouvelles locales.
M. Potié : Graduellement, des choses se déplacent vers le Web au niveau local beaucoup moins que les gros annonceurs nationaux. Le Web a affecté tous les médias traditionnels. Prenons l'exemple des petites annonces; on va sur qui Kijiji. Pour l'achat d'une maison, on va sur mls.ca et pour l'achat de voitures d'occasion, on va aller sur Autonet.ca Ce sont des réalités. Il y a des secteurs de publicité qui se sont beaucoup affaiblis pour les journaux et il doit en être de même pour la radio. Ce sont des secteurs qui auparavant étaient des sources de revenus importantes. Le Droit maintient ses petites annonces, mais dans le Ottawa Citizen, il n'en reste pas beaucoup.
Le sénateur Robichaud : Vous avez raison.
M. Potié : Et c'est beaucoup de sous. Cela dit, il est vrai que l'impact sur les petits journaux locaux se fait sentir plus lentement, mais ça s'en vient quand même. Et j'irai de l'autre côté. Ce n'est pas juste nous autres. Nous on parle pour les journaux, mais les journaux répondent à des communautés et à une francophonie qui veut être vitale et dynamique et nos jeunes, nos adultes et nos aînés sont sur le Web et Internet. Nos communautés ont besoin que nous soyons performants pour eux, pour que les organismes, les commerces puissent communiquer avec le public et que les francophones puissent vivre une expérience en français semblable à celle qu'ils vivent en anglais. On parle de revenu parce que si on n'a pas de revenu, on ne peut pas remplir ce mandat, mais c'est un enjeu communautaire. C'est un enjeu de vitalité de la communauté et nous en sommes un symbole de cette communauté.
Le sénateur Poirier : Je remercie les témoins de leur présentation. Dans le secteur de l'Alliance des radios communautaires du Canada, vous avez mentionné offrir de l'aide ou de la représentation en consultation, de l'aide technique, de l'entraînement et de l'aide financière. Sur vos 27 stations membres, 10 sont au Nouveau-Brunswick, ce qui est une grosse partie.
Dans ces radios communautaires, est-ce vous qui leur donnez de l'aide pour développer leur site web ou avoir un format pour utiliser Twitter, Facebook et iPhone?
M. Forgues : On a commencé récemment à fournir ce service à certaines de nos radios qui n'avaient pas de site Internet ou qui n'étaient pas très bien pourvues. On leur a installer un site Internet qui va pouvoir être mis à jour facilement, rapidement et qui va pouvoir agréger du contenu qui va arriver de façon automatique soit par des fils RSS ou des playlists YouTube ou des trucs du genre.
Le mandat premier de nos radios communautaires est de faire de la radio. Quand les gens se réveillent le matin pour avoir la météo avant de partir travailler, ils ouvrent la radio, ils écoutent la météo et si c'est l'hiver, ils veulent savoir s'il y a une tempête et si l'école sera ouverte ou fermée et si le chemin va être beau pour aller travailler. On est une radio de premier service. Donc, notre première préoccupation est de nous assurer d'offrir un service de radiodiffusion. Et l'Internet et tout ça, oui, on se fait pousser de plus en plus. On le sait que les gens veulent de l'information sur une flopée de sujets dont on peut aller prendre des nouvelles sur Internet. Il faut y être aussi, mais notre préoccupation première en tant qu'association de radios communautaires, les premiers services qu'on offre sont liés à la radiodiffusion.
Le sénateur Poirier : Y a-t-il un coût attaché à l'aide que vous offrez aux radios communautaires qui vont vers vous?
M. Forgues : Non.
Le sénateur Poirier : Donc c'est gratuit.
M. Forgues : Nous leur proposons de leur créer un site Internet gratuitement avec la cotisation qu'ils paient annuellement pour être membres de notre association. On leur offre également la formation pour qu'ils puissent faire la mise à jour.
Ils bénéficient aussi d'un webmestre national, en l'occurrence moi-même, au développement et aux communications. Je leur viens en aide pour approvisionner le site Internet ou si jamais il y a un petit pépin technique ou des choses du genre.
Le sénateur Poirier : À la vitesse à laquelle les médias sociaux évoluent, est-il réaliste de croire que de petites radios communautaires pourront continuer à évoluer elles aussi?
M. Forgues : J'écoutais un spécialiste qui fait le tour des diverses régions à travers le Québec pour brancher les entreprises à Internet. Il disait récemment : « Trouvez-moi une petite entreprise ou une PME qui a réussi à faire des affaires sur Facebook et qui a réussi à croître avec les réseaux sociaux. » Il n'y en a pas beaucoup.
On veut s'investir dans les médias sociaux. On sait que c'est important pour véhiculer nos nouvelles et faire rouler nos trucs. En tous cas, je pourrais m'avancer plus avant sur ma perception des médias sociaux pour nos radios communautaires et nos médias communautaires et on serait encore ici ce soir à 20 heures. Je ne dis pas que c'est une mauvaise chose, Facebook. Lorsqu'on regarde des compagnies comme Coca-Cola qui ont je ne sais combien de millions d'abonnés sur leur page ou encore McDonald ou d'autres, c'est bien beau, c'est bien le fun pour eux autres, puis ça fait parler de leur marque et tout ça; mais pour nos petites radios communautaires, ça gruge beaucoup de temps.
Le sénateur Poirier : J'ai une dernière question.
Les gens sont habitués d'acheter de la publicité dans les journaux et changer notre façon de faire est parfois un peu difficile. Vous dites que vendre de la publicité vous aide à réussir financièrement et que vous encouragez les gens à continuer à investir dans la publicité. Mais avec les médias sociaux, il y a aussi de la compétition avec d'autres sites; pensons à Kijiji et à d'autres. Est-ce qu'en réalité on peut vraiment être en compétition avec ces sites? Pensez-vous qu'un jour il y aura autant de publicité pour nous aider financièrement dans les médias sociaux qu'il y avait dans les journaux?
M. Potié : C'est sûr que ça change. Le domaine de la vente de publicité sur le Web a beaucoup changé par rapport au domaine des journaux papier. Avant, tout passait par le journal : les petites annonces, les annonces pour les ventes d'automobiles, et cetera. Maintenant, cela a changé et il y a des sites dédiés. Je pense qu'on est comme tous les autres, on essaie de trouver notre chemin puis de trouver des façons de répondre aux besoins de nos communautés.
Il y en a pour qui ce sera de la publicité traditionnelle comme des bannières et pour d'autres ce sera des annuaires de commerces ou de services en français dans une communauté. Les recettes ne sont pas identiques sur les plateformes numériques comme sur les imprimés et il faut trouver les façons de faire. Cela vient du revenu et du développement des compétences. Chacune des associations essaie d'appuyer ses membres, mais ce qu'on peut faire est limité et ce que nos membres peuvent consacrer en temps est limité également. Ils sont deux, trois ou quatre et ne peuvent pas toujours être en formation.
M. Forgues : Nous sommes des radiodiffuseurs communautaires. Quand on embauche des jeunes diplômés des écoles de radio, on embauche des jeunes qui sont formés en radiodiffusion avec l'espoir qu'ils puissent faire de l'encadrement des bénévoles et des choses du genre. On ne les engage pas — quoique c'est maintenant important puis on sait que les jeunes sont de plus en plus portés vers les nouveaux médias — en se disant que oui, il est capable de faire ça aussi, de faire de l'Internet. Nous sommes des radiodiffuseurs. Notre première réflexion lorsqu'on embauche des gens, c'est d'avoir des gens qui sont bons en animation radiophonique et qui seront capables de bien informer les gens par le biais d'un média qui est le nôtre : la radiodiffusion.
Le sénateur Poirier : Quel pourcentage de votre budget provient des fonds du gouvernement fédéral?
M. Potié : Vous parlez de l'association ou des journaux?
Le sénateur Poirier : De votre budget d'opération en tant que groupe.
M. Potié : L'APF, c'est probablement 60 p. 100.
M. Forgues : Je pourrais difficilement répondre à cette question. Toutefois, au chapitre de la publicité nationale qu'on vend au gouvernement, c'est quand même assez négligeable depuis quelques années.
M. Potié : Vous parlez du budget d'opération pour l'ARC du Canada ou pour les membres?
Le sénateur Poirier : Non, pour votre réseau.
La présidente : Si vous n'avez pas la réponse, pourriez-vous nous faire parvenir l'information?
M. Potié : Oui, absolument.
Le sénateur Poirier : J'imagine qu'une partie de votre financement provient du gouvernement, une partie provient de vos membres et de la publicité vendue. Avez-vous d'autres sources de revenus?
M. Potié : L'association, c'est à peu près ça. Pour les membres, pour la plupart c'est de la publicité puis de l'abonnement.
M. Forgues : Une chose est certaine, c'est que pour nos radios communautaires — je ne parle pas de l'association nationale —, il n'y a pas de subsides gouvernementaux.
Le sénateur Poirier : Je parlais de l'association en tant que telle.
M. Forgues : Oui, je peux vous trouver la réponse.
[Traduction]
M. Tardif : Environ 60 p. 100 de mon financement provient du gouvernement, 10 p. 100 des annonces classées et le reste provient des publicités nationales, des collectes de fonds habituelles et des frais d'abonnement. Cette ventilation est approximative, mais je peux vous transmettre les chiffres exacts.
[Français]
Le sénateur Mockler : J'écoutais attentivement ce que vous disiez. Vous dites considérer mettre en place des applications mobiles pour que les gens écoutent davantage nos radios communautaires. C'est ça?
M. Forgues : Oui.
Le sénateur Mockler : Cette fin de semaine, j'ai été témoin d'un incendie qui a ravagé deux édifices à Grand-Sault au Nouveau-Brunswick. Les jeunes se sont branchés sur les médias sociaux : Facebook, Twitter, nommez-les. En moins de trois heures, il y avait des centaines de dollars d'amassés et cela a dépassé 2 000 dollars en peu de temps. Les gens ont reçu des vêtements pour les petits enfants, les bébés et autres. On a une station de radio à Shippagan dans notre coin de l'Acadie qui est très écoutée et présente sur Internet.
Tout à l'heure, je vous écoutais parler et j'ai regardé pour le Nouveau-Brunswick les stations de radio qui sont présentes sur Internet. J'ai eu l'occasion de parler à ces gens et je leur ai demandé comment ils amassaient de l'argent. Ils m'ont dit que c'était par le biais des annonces électroniques. On peut voir ici l'objectif à deux volets. Premièrement, c'est que les gens écoutent davantage avec les nouvelles applications. Je suis d'accord avec vous, il faut le faire. J'aimerais savoir de quelle manière vous pouvez le faire ou si vous avez besoin du gouvernement ou des gouvernements en tant que partenaires avec vous afin de vous assurer de prendre avantage de ce nouveau réseau social et de faire en sorte que vous pourrez ainsi augmenter vos revenus?
M. Forgues : Ces applications mobiles qu'on va constituer et fabriquer auront la possibilité d'afficher, entre autres choses, des bandeaux qui vont permettre de faire de la publicité.
Maintenant, avec les nouvelles technologies, il y aurait moyen, si on voulait, d'insérer un petit message ou une petite commandite de cinq secondes avant que commence la diffusion en flux. Les possibilités sont quand même assez nombreuses avec les nouvelles plateformes et les nouveaux médias.
La présidente : Monsieur Potié, voulez-vous répondre pour la presse?
M. Potié : De notre côté, c'est pareil. Il y a des formats d'annonces standards et il faut amener nos membres à les offrir et à les maîtriser.
Il y a un certain nombre de standards d'annonces qui sont établis par IAB, mais il y a également des initiatives, du moins dans le monde des journaux, qui peuvent être envisagées et qui dépendent de l'initiative du journal, des bases de données, des commerces locaux, une section d'offre d'emplois, mais là encore, c'est une question de compétence, de connaissance et d'achalandage. Si les gens ne visitent pas votre site, c'est difficile de vendre de la publicité.
Alors nous on doit appuyer nos membres dans le développement pour qu'ils offrent de bons sites et de bons produits.
Le sénateur Fortin-Duplessis : Dans Le Devoir du 24 avril dernier, j'ai lu un article d'Éric Desrosiers dont le titre extrêmement alarmant, L'État et les entreprises sont victimes des médias sociaux, a attiré mon attention. Je citerai deux extraits et j'aimerais ensuite vous poser une question brève.
Il n'y a pas si longtemps, tous les grands débats de société se tenaient principalement dans des journaux, des postes de radio et des chaînes de télévision, a rappelé M. Dorval. Ces médias étaient soumis à des règles professionnelles et juridiques visant à assurer la rigueur, l'équilibre et la véracité des informations rapportées.
Il prétend que :
L'arrivée d'Internet a amené l'explosion de médias sociaux où l'information se fait plus personnalisée, mais aussi beaucoup moins objective, rigoureuse et fiable, estime-t-il. Or, une proportion grandissante de la population — particulièrement chez les 35 ans et moins — s'informe désormais principalement auprès de ces médias. Cette évolution pose un problème particulier au gouvernement et aux entreprises qui sont soumis à des règles très strictes de communication.
Est-ce que, selon vous, les radios et les journaux communautaires sont prêts à faire face à cette nouvelle réalité?
[Traduction]
M. Tardif : Je sais de quel article vous parlez. Nos journaux vous donneraient une réponse franche et directe : non. Nous ne sommes pas en mesure de nous occuper de cela. Tout ce que nous pouvons faire, c'est d'envisager de langer une page Facebook de l'association, ce qui ne me coûtera pas un sou et ne me prendra que 10 minutes par jour. Il est difficile de croire que nos journaux feraient cela. Nous n'en sommes même pas encore à nous attaquer à ce type de situation parce que nous ne sommes pas rendus là, et nous ne le serons pas avant un certain temps.
[Français]
M. Forgues : C'est sûr que nous sommes assujettis à des règles et à des codes de déontologie auxquels on adhère. On fait notre travail du mieux qu'on peut. Est-ce qu'on peut se battre? Est-ce qu'on peut faire la lutte à Facebook et à Twitter? C'est difficile.
Je sais à quel article vous faites référence. Il y a un constat qui ressort avec les médias sociaux. Oui, cela a l'air parfois un peu incontrôlé et incontrôlable, mais il ne faut pas oublier que de grandes choses ont été réalisées avec les réseaux sociaux.
On n'a pas à reculer très loin; il y a à peine un an, au Proche-Orient ou encore au Moyen-Orient, je vous ferai remarquer que s'il n'y avait pas eu Twitter ou Facebook, il y a des régimes totalitaires ou dictatoriaux qui n'auraient pas été renversés grâce à ces outils sociaux qui font quand même de bonnes choses. Mais il y a toujours deux revers à une médaille, il y a de bons comme il y a de mauvais côtés. Il s'agit pour nous de travailler sur le bon côté et d'essayer de faire reluire notre côté de la médaille.
La présidente : Aviez-vous quelque chose à ajouter, monsieur Potié?
M. Potié : Je n'ai pas les données devant moi, mais je sais que le public a grandement confiance dans les marques de commerce traditionnelles. Quand ils veulent des nouvelles dont ils peuvent être certains de la véracité, qu'elles ont été vérifiées et qu'il ne s'agit pas de libelle, ils vont se tourner vers les sites de journaux et le site de Radio-Canada. La confiance en ces sites est beaucoup plus élevée que dans les réseaux sociaux.
Mais c'est sûr que la donne a changé. Nous ne sommes plus seuls. Avant, on avait un genre de monopole sur l'information dans notre communauté. Là, on la partage avec le monde entier.
Le sénateur Poirier : J'ai deux questions, une pour M. Potié et l'autre pour M. Tardif.
Monsieur Potié, en ce qui concerne la presse acadienne francophone, vous avez le Moniteur Acadien, à Shediac, et le Weekender, à Madawaska, au Nouveau-Brunswick.
Est-ce que ces journaux sont offerts sur les médias sociaux et les sites Web ou ne sont-ils distribués que par livraison à domicile?
M. Potié : Ils ont chacun un site Internet. Particulièrement dans le cas du Moniteur Acadien, avoir un site Internet, c'est une obligation. Mais comme c'est un journal de petite taille, ils font ce qu'ils peuvent.
Le sénateur Poirier : Est-ce que les gens doivent payer des frais d'abonnement pour consulter ces médias écrits — les journaux, par exemple — qui sont offerts sur les réseaux sociaux?
M. Potié : Non. Il y a quelques journaux qui vendent un abonnement en ligne. C'est la copie intégrale du journal et on peut acheter un abonnement, mais pour accéder au site comme tel, il n'y a pas de frais. Cela a été un peu délaissé. Ce n'est pas une recette. Il y a quelques journaux qui réussissent à vendre du contenu comme cela, mais ils ne sont pas nombreux. Il y a Le Devoir qui réussit, mais la plupart des journaux sont contraints de publier leur contenu en ligne gratuitement.
[Traduction]
Le sénateur Poirier : Je sais que récemment, des changements ont été apportés au Nouveau-Brunswick. Ceux qui veulent lire certains journaux en ligne grâce aux médias sociaux doivent maintenant s'abonner.
Dans la zone que vous desservez au Québec, est-ce qu'il faut s'abonner pour avoir accès aux articles en ligne?
M. Tardif : Oui, pour certains membres. Le public a accès aux sites Web, mais s'il veut lire la version complète du journal en format PDF, il faut payer des frais d'abonnement. Dans la plupart des cas, l'édition du vendredi coûte 2 $ en kiosque, par exemple, mais il est possible de lire les articles en ligne le jeudi soir pour 1 $. Il y a environ cinq journaux qui procèdent ainsi en ce moment, mais à l'avenir, les autres vont leur emboîter le pas.
Plus il y a d'abonnements en ligne, et moins les coûts d'impression sont élevés, et certaines personnes aiment cette façon de faire. Toutefois, plus l'âge du lecteur avance, et plus c'est compliqué. Les jeunes ont tendance à choisir la version en ligne, mais à Kahnewake, par exemple, Internet n'existe pas pour les plus vieux. Ils aiment lire leur journal imprimé sur du papier. Donc, le numérique, ce n'est pas pour tous les journaux, car cela dépend des collectivités.
Le sénateur Poirier : À l'avenir, disons d'ici beaucoup d'années, croyez-vous que la presse imprimée disparaîtra?
M. Tardif : Cela fait une bonne quinzaine d'années que je me pose la question, depuis l'apparition du format numérique. Wow. Nous pourrions passer le reste de la soirée à en débattre. Pour vous donner une réponse brève, je vous dirais que cela n'arrivera pas dans les 10 prochaines années. Au-delà de cette période, au moment où les médias seront bien adaptés à la technologie que tout le monde emploiera, et au moment où on en arrivera à une autre génération, j'envisage tout de même des problèmes. Pour l'instant, je crois que les éditeurs continuent de travailler fort sur le format imprimé et n'accordent pas beaucoup d'attention à cette réalité. Pour conclure, je dirais qu'il faudrait qu'ils accordent progressivement de l'attention à cette réalité au fil des ans. Donc, c'est non pour l'instant, mais c'est une possibilité pour l'avenir.
[Français]
Le sénateur Robichaud : On a vécu la même chose au début des radios communautaires. Il en a été de même pour les petits journaux, les hebdos qu'on avait dans notre coin. Dans le temps, on disait qu'on avait besoin de ce mode de communication pour que la communauté se retrouve et surtout les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Tout était dominé par les grands médias et les gens n'avaient pas d'outils pour communiquer entre eux. A-t-on perdu ce besoin? L'avez-vous rempli suffisamment que maintenant la communauté dit ne pas avoir vraiment besoin de vous et veuille passer à autre chose?
Je vois que les gouvernements, autant national que provincial et même municipal, ont un rôle à jouer pour sauvegarder ces moyens de communication pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
M. Forgues : C'est drôle, les gens ont développé un réflexe ou sont de plus en plus conditionnés à aller chercher du contenu sur Internet peut-être au détriment des médias traditionnels comme les nôtres. Toutefois, lorsqu'arrive une panne de courant, ils ne peuvent pas aller chercher la nouvelle sur Internet alors ils allument la radio qui est là pour les servir. On reste quand même un média qui, à la base, fondamentalement, est un média de première ligne dans les communautés, plus particulièrement dans les communautés de langues officielles comme les nôtres. Notre présence est importante. On ne peut pas pallier aux radios communautaires. Internet c'est bien beau, mais ce n'est pas la panacée universelle à tous besoins des communautés.
M. Potié : On parle du Canada. Il y a plus de journaux aujourd'hui qu'il y en avait il y a un an, cinq ans et dix ans. Transcontinental et Quebecor n'arrêtent pas de créer des journaux et les grosses compagnies n'arrêtent pas d'en acheter. Il s'en achète et s'en vend tous les jours. Nos journaux restent des outils essentiels dans les communautés. Personne ne remet cela en question, en tout cas pas nous. Est-ce que les journaux disparaîtront? Peut-être, mais il y en a plus aujourd'hui qu'il y en a jamais eu.
À un moment donné, on a dit que la radio disparaîtrait à cause de la télévision et les journaux à cause de la radio et on est tous encore là. À mon avis, tout ce qui est média numérique, mobile, tablette, Internet et autres va s'additionner et en tant que communauté francophone, on a besoin d'occuper cet espace. On a besoin d'offrir quelque chose de pertinent à nos communautés, sans cela, ils iront ailleurs et dans ce domaine, c'est facile d'aller ailleurs, mais les journaux restent pertinents dans les communautés. Ils sont lus et appréciés.
Le sénateur Robichaud : Je ne conteste pas ce fait.
M. Potié : J'espère qu'on va rester.
Le sénateur Robichaud : L'hebdo qui entre chez nous, reste là jusqu'à l'arrivée du prochain et c'est vrai pour la majorité des foyers dans notre coin. C'est pour cette raison que je dis que, pour les gouvernements, annoncer dans les hebdos a plus de portée chez les gens parce que cela reste plus longtemps et ils ont plus de chance qu'ils soient plus nombreux à les lire.
Les communautés ont un effort à faire pour conserver les services que vous procurez. La langue d'une communauté ne se perd pas tout d'un coup, elle se perd graduellement.
[Traduction]
M. Tardif : Bien souvent, avec les médias sociaux, un événement se produit le mardi et un journal de la communauté n'est imprimé que le vendredi. Entre-temps, pendant ces deux ou trois jours, un grand nombre de nos journaux donnent tous les détails concernant cet événement. Ils en font tout un article. Le vendredi matin, ce n'est plus vraiment une nouvelle car cela s'est produit mardi, mais vendredi matin, d'autres événements se sont déroulés, ce qui s'est déroulé, des nouvelles détaillées.
Il y a quelques années, ComBase a fait une étude portant sur les médias auprès des lecteurs anglophones du Québec, et trois résidents anglophones sur cinq lisent toujours le journal communautaire local. Trois sur cinq n'est pas si mal. Je viens d'effectuer une visite à Wakefield. Alors que nous passions la soirée dans la communauté avec certains journalistes ainsi que l'éditeur en chef, tout le monde parlait du journal et des histoires qu'ils allaient y raconter. Je pense que la communauté est encore importante. Il y a une légère perte d'intérêt, mais les gens aiment toujours boire leur café et lire le journal le matin. C'est mon cas.
Je crois toujours au journal à l'heure actuelle, et je pense qu'il y a toujours une place pour le journal communautaire.
[Français]
La présidente : Au nom des membres du comité, j'aimerais vous remercier messieurs pour vos bonnes présentations et vos très bonnes réponses aux questions des sénateurs et sénatrices. Il est évident que vous savez ce que vous faites et connaissez vos membres et votre association.
Honorables sénateurs, l'Association de la presse francophone a fait une demande de comparution auprès du comité pour partager son point de vue au sujet du Fonds du Canada pour les périodiques. Le comité a accepté de les entendre, et puisque M. Tardif était avec nous, nous l'avons invité. Il a gracieusement accepté de demeurer pour cette partie de la réunion et de répondre aux questions des sénateurs.
J'inviterais maintenant Francis Potié, directeur général de l'Association de la presse francophone à prendre la parole. Nous suivrons avec des questions. Pourriez-vous nous expliquer brièvement pourquoi vous nous avez envoyé la lettre? Nous allons prendre 30 minutes pour les questions et les réponses.
M. Potié : Merci encore pour l'invitation.
On parle d'un programme qui s'appelle le volet Aide aux éditeurs du Fonds du Canada pour les périodiques. C'est un nouveau programme. Il succède au programme autrefois connu comme le Programme d'aide aux publications, qui était le plus ancien programme gouvernemental qui date d'avant la Confédération canadienne.
Le Programme d'aide aux publications subventionnait les frais postaux des revues et des journaux non quotidiens, donc les hebdos, vendus et non pas les gratuits, des journaux ou revues d'abonnement. Il y a eu une révision assez importante dans les années 2008-2009. Le ministère de Patrimoine canadien, par le biais des programmes de l'édition, a mis en place un processus de consultations auquel on a participé. On préconisait que les critères d'admissibilité de ces programmes tiennent compte des réalités de nos publications.
Quelles sont-elles? On dessert, dans certains cas deux, trois, quatre et même 10 p. 100 de la population. Notre réalité n'est pas la même qu'un journal qui touche à toutes les portes dans une municipalité. Nous on touche à une, deux ou cinq portes sur 100, ce qui fait que les défis de distribution ne sont pas les mêmes.
Le résultat de la révision qu'a faite le ministère a été la création du volet d'Aide aux éditeurs, et on a changé le programme Fonds du Canada pour les magazines pour Fonds du Canada pour les périodiques.
Le plus important changement a été d'enlever le lien avec Postes Canada. C'est-à-dire que dorénavant on subventionnait des copies vendues d'un journal ou d'une revue qui pouvaient être distribuées par les deux moyens que l'on connaît le plus, la poste ou le camelot et aussi, j'imagine, tout autre moyen existant mais moins connu. Dans toute cette révision, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures d'exception qui avaient l'air de vouloir appuyer davantage les publications de langue officielle en situation minoritaire. Par exemple, on avait une exemption pour le prix minimum de l'abonnement, pour le seuil minimum ou pourcentage minimum de copies vendues pour être admissible, le tirage certifié, sans entrer dans tous les détails.
Quand on a vu la révision du programme, quand le ministre l'a annoncé, on a applaudi. On appréciait la plus grande flexibilité et les différentes exemptions qui semblaient être à l'avantage de notre réseau. C'est ce qu'on a compris tout au long de l'exercice lors de nos échanges avec les gens du ministère, à savoir que l'on voulait aider davantage les petites publications, et les publications de langue officielle. On parlait des publications aussi qui visaient les communautés autochtones plutôt que de donner un appui aux très grosses publications comme Maclean's, L'Actualité ou Reader's Digest.
En 2010-2011, c'était l'année de transition. Il y avait le nouveau programme. Ils ont dit, okay, on n'est pas tout à fait prêts, mais voici votre financement pour 2010-2011. C'est une année de transition. On a regardé cela et on s'est dit que c'était une bonne affaire.
Tous les membres de l'APF recevaient 20 p. 100 de plus de revenus. Il y avait quatre journaux, qui avant ne pouvaient pas être admissibles, qui le devenaient grâce aux différentes mesures d'exemption. On trouvait que c'était un bon coup. Tous nos membres en avaient un petit peu plus à l'exception de deux. Dans l'ensemble, on trouvait que ce programme avait été révisé à l'avantage des publications de langues officielles. On l'a applaudi et on a émis un communiqué à cet effet.
Entre-temps, pour l'année 2011-2012, on a reçu la formule définitive. Ils ont dit voici comment sera réparti l'argent entre les revues, les journaux agricoles, les revues sur demande. Et nous, nous tombions dans la catégorie des journaux non quotidiens. On a vu que c'était bon pour les journaux qui avaient de très petits tirages, 500, 600, 700 copies. Un de nos membres, qui a un journal agricole, gagnait et les journaux qui n'étaient pas admissibles avant partaient de zéro. Forcément, c'était bon. Et enfin, les journaux qui avaient des copies qui n'étaient pas Postes Canada.
Je prends l'exemple du Moniteur acadien. Des copies sont distribuées par Postes Canada et d'autres par camelot. La même chose pour le Nord de Hearst, qui a vu ses revenus augmenter. On était contents.
Toutefois, les fonds qui revenaient aux journaux francophones, aux membres de notre réseau, baissaient de 27 000 dollars dans la première année et, d'ici trois ans, baisseront de 82 000 dollars annuellement. Ce qui est le plus troublant pour nous, c'est que quatre de nos membres, de nos journaux, devront éponger ensemble d'ici trois ans un déficit — ce sont mes calculs. Le ministère a peut-être fait des calculs différents de quelques dollars —, d'après les résultats de 2011- 2012, qui nous disent comment ce sera appliqué pour les trois prochaines années, de 180 000 dollars. Le plus gros est Le Voyageur, 96 000 dollars par année, suivi de La liberté, 60 000 dollars par année, et Le Franco et Le Courrier à moindre échelle, mais ce sont de plus petits journaux avec de plus petites équipes.
La Présidente : Pourriez-vous jumeler les régions avec le nom des journaux?
M. Potié : Le Voyageur, c'est la région du grand Sudbury; La liberté, c'est le Manitoba, c'est un journal provincial; Le Franco, c'est l'Alberta, un journal provincial; et Le Courrier de la Nouvelle-Écosse, je vais vous laisser deviner dans quelle province c'est.
Je veux juste rajouter, s'agissant du Franco, que sa perte de 11 300 dollars ne semble pas énorme; cependant, entre- temps, il a doublé son tirage. Donc, ses frais postaux sont deux fois plus élevés alors que sa subvention va diminuer, grosso modo, de 30 p. 100 sur les trois ans.
Le problème qu'on constate, nous, c'est que les nouveaux critères d'éligibilité permettent à des journaux de changer leur mode de distribution et quand même profiter de la subvention. On n'a rien contre cela, on est en faveur, on a été en faveur et on le reste, mais le problème, c'est qu'on a des journaux pour lesquels ce n'est pas une possibilité.
Vous savez, au Manitoba, envoyer des copies à Sainte-Rose-du-Lac, à Pine Falls et Saint-Claude, cela se fait par la poste. C'est la même chose en Alberta et en Nouvelle-Écosse, distribuer 30 copies par-ci, 20 copies par là, cela ne se fait pas par camelots, mais par la poste. Notre prétention, c'est que dans tout cet effort de révision dans lequel le gouvernement a démontré une volonté d'appuyer nos journaux, quand ils ont développé la formule, ils n'ont pas tenu compte de la réalité de certains marchés. La subvention par exemplaire fait en sorte que 2 à 15 p. 100 de la population perd la moitié, le tiers du financement alors que les frais ne changent pas; de plus, on n'a pas la possibilité, dans ces milieux, de réduire les frais, tandis que dans d'autres milieux ils vont laisser tomber Postes Canada et s'organiser autrement.
Notre intervention se résume un peu à cela. On voudrait que le ministère revoie le niveau de financement, du moins pour les publications de langue officielle, pour faire en sorte que cela reflète les défis de distribution et les coûts associés dans nos communautés. On parle de montant — une cenne là, une cenne là — et on va compenser le 200 000 $ à peu près annuellement, ou 180 000 $ annuellement dans notre cas.
Je ne sais pas si M. Tardif a quelque chose à ajouter. Je vais m'arrêter là.
[Traduction]
La présidente : Merci. Autre chose à ajouter, monsieur Tardif?
M. Tardif : Si je puis me permettre. Nous avons environ huit journaux qui reçoivent actuellement ce type de fonds. Ce n'est pas si mal. Pour The Canadian Jewish News, par exemple, on s'attend à une perte approximative de 31 p. 100 au cours des prochaines années tandis que d'autres journaux connaissent une perte de 8 p. 100, mais il y en a qui affiche des gains de 9 p. 100 et de 4 p. 100. Ce n'est pas si mal. En 2010-2011, The Canadian Jewish News avait 513 000 lecteurs; cette année, 460 000; et d'ici 2014, environ 353 000. C'est le journal qui reçoit le plus, et il est donc durement frappé.
Pour ce qui est de The Equity à Shawville, ce journal va perdre environ 4 000 $. Comme l'a dit M. Potié il s'agit d'un tirage pour The Equity. Vous savez, ils assistent à une augmentation de leurs coûts, et doivent donc se diversifier afin de compenser leur perte, et ils ne s'en sortent pas trop mal ces derniers temps, avec une diminution de 1 p. 100, mais 4 000 $ est considérable.
Nous avons seulement huit inscriptions payées, donc bien que cela n'ait pas de répercussions dans l'ensemble, cela a des conséquences négatives sur un certain nombre de nos journaux.
[Français]
Le sénateur Fortin-Duplessis : J'ai deux brèves questions. Quelles recommandations auriez-vous à faire aux ministres du Patrimoine canadien et des langues officielles pour assurer à long terme la survie des journaux francophones en situation minoritaire?
M. Potié : La survie, c'est une grosse question. C'est évidemment un soutien constant. Par rapport à ce programme, c'est sûr que c'est un niveau de financement à la hauteur des revues qui ont une réalité de distribution un peu comme la nôtre. Ils touchent aux gens qui ont une clientèle spécifique. Notre clientèle spécifique, c'est la francophonie, tandis que les magazines, je ne sais pas, quelqu'un qui aime le bricolage, il y en a un ici et là, et le niveau de subvention reflète cette réalité. C'est ce qu'on envisagerait pour ce programme.
Le sénateur Fortin-Duplessis : Merci, et cela répond aussi à ma deuxième question.
Le sénateur Poirier : La nouvelle formule a donné comme résultat que ces quatre journaux ont perdu leur financement. Savez-vous pourquoi une telle formule a été envisagée?
M. Potié : Je vais l'expliquer comme je peux et il se peut que les gens du ministère l'interprètent autrement, mais essentiellement, c'est la subvention par copie. En enlevant cela d'un lien direct avec Postes Canada et en rendant des copies admissibles comme celles livrées par des camelots par exemple, ou autres, j'estime qu'il doit y avoir plus de copies admissibles et ils doivent jouer avec la subvention par copie.
Dans le cas des journaux non quotidiens, la subvention par exemplaire commence à 0,27 $ l'exemplaire et, auparavant, je n'ai pas le chiffre exact, mais c'était autour de 0,40 $ par exemplaire. C'est en décroissant, selon le nombre de copies. Dans notre cas, c'est aussi simple que cela, la subvention par exemplaire est plus basse et on a le même montant d'exemplaires; donc, on a moins d'argent.
Le sénateur Poirier : Avez-vous communiqué vos inquiétudes au ministère?
M. Potié : On a discuté avec les gestionnaires, puis on a envoyé une correspondance au ministre. Avec les gestionnaires, on a l'impression que c'est le programme pour les prochains trois ans et qu'il y aura une autre ouverture à la fin de 2013-2014. Nos membres les plus affectés aimeraient qu'on essaie de les convaincre autrement avant 2013- 2014.
Le sénateur Poirier : Avez-vous une idée de l'impact de cette formule sur l'avenir de ces quatre journaux?
M. Potié : À 60 000 $, je prends le cas de La Liberté, dépendant des salaires, c'est deux employés, c'est un stress financier. Ce que je ne peux vous dire, c'est si tel journal va fermer à telle date. Ces journaux pourront en offrir moins. Ils vont vivre des stress financiers plus grands. Est-ce qu'ils vont fermer? C'est une autre question. Cela demeure toujours un défi. On n'a pas de journal francophone en Colombie-Britannique à l'heure actuelle. Ce ne sont pas des machines à imprimer de l'argent. Ce sont des marchés dans lesquels il est difficile d'offrir un journal à la communauté. Ce sont des journaux qui ne sont généralement pas profitables. Ils sont viables. Ils en viennent à bout, mais ce ne sont pas des journaux qui génèrent de grands surplus à la fin de l'année.
Le sénateur Poirier : Hormis ces quatre journaux, si j'ai bien compris, la nouvelle formule a été bénéfique pour tous vos autres membres?
M. Potié : D'autres perdent des petits montants, mais on ne va pas se chicaner pour 1 000 $. On le dit, le programme et la volonté du gouvernement semblaient être d'en faire davantage et je dirais que la majorité de nos membres qui bénéficient du programme ont fait un peu mieux.
La présidente : Ma question fait suite à celle de la sénatrice Poirier. Si je comprends bien, monsieur Potié, ces quatre journaux que l'on vient de mentionner subiront les pertes les plus élevées. La difficulté est liée au fait qu'ils doivent distribuer le journal par l'entremise de Postes Canada?
M. Potié : Le problème vient du fait que la subvention par exemplaire est plus petite.
La présidente : Et les coûts avec Postes Canada ne diminuent pas.
M. Potié : Le défi que doivent relever ces journaux en particulier est le suivant : on entend qu'au cours des trois prochaines années, la première année, ils recevront 20 000 $ de moins, la suivante ce sera 40 000 $ en moins, et la troisième ce sera 60 000 $ en moins. Il faut donc faire quelque chose et réduire les coûts. Ces journaux n'ont pas 100 façons de faire.
La présidente : Ils n'ont pas d'autres avenues.
M. Potié : Il n'y a pas 100 façons de distribuer un journal. Nous prétendons que la formule de financement ne reconnait pas le manque de flexibilité qu'ont ces journaux en particulier pour rejoindre les gens qui veulent les lire.
La présidente : À moins de me tromper, il y a bien des années, Postes Canada avait un programme qui aidait à subventionner les coûts?
M. Potié : Oui.
La présidente : Ce programme a été aboli ou il a disparu. Puis, Patrimoine canadien a-t-il pris cette responsabilité?
M. Potié : C'est un peu compliqué. Le programme d'aide aux publications était financé par Patrimoine canadien, et Postes Canada en ajoutait. Postes Canada a ensuite affirmé qu'il ne voulait plus le faire. Il y a quelques années, dans un budget du gouvernement, on a annoncé qu'on remplacerait la contribution de 15 millions de dollars par année, et celle- ci viendra dorénavant du budget de Patrimoine canadien. Le niveau global de financement reste identique à celui de l'époque où Postes Canada était impliqué.
[Traduction]
La présidente : Autre chose à ajouter, monsieur Tardif?
M. Tardif : Oui. Nous avons dit que si des journaux perdent de l'argent dans ce processus, et que d'autres y gagnent, on peut retourner à la première séance sur les médias et Internet. L'une des premières choses qui va être réduite — et je le sais d'après mes membres qui vont le perdre, et qui ont déjà fait part de leur opinion — est ce qu'ils affirment sur leur site Internet.
La présidente : Oui.
M. Tardif : Bien que ces deux problèmes puissent sembler distincts, le problème concerne véritablement les fonds perdus. Ceux qui affichent des gains peuvent avoir recours à Internet, mais les journaux qui affichent des pertes ont déjà suggéré qu'ils vont limiter cet aspect en premier. Bien qu'il s'agisse d'un problème distinct, les deux sont liés.
La présidente : C'est lié.
M. Tardif : Oui.
La présidente : Merci.
[Français]
Le sénateur Robichaud : Vous dites que vous avez participé aux consultations en ce qui a trait au changement de programme ou au nouveau programme.
M. Potié : Oui.
Le sénateur Robichaud : À ce moment, vous a-t-on parlé de cette réduction qui vous attendait?
M. Potié : Les choses se sont faites sur une certaine période de temps. Je me souviens d'une rencontre, à un certain moment, où on mentionnait que le processus avait été long et ardu pour le ministère afin de trouver une nouvelle formule de financement.
Le sénateur Robichaud : Étiez-vous impliqué?
M. Potié : Dans la rédaction de la formule de financement?
Le sénateur Robichaud : Oui.
M. Potié : Non. Nous nous sommes impliqués en leur indiquant que, à notre avis, la formule de financement devrait refléter la réalité de nos marchés et les circonstances dans lesquelles une copie devrait être admissible ou non. Toutefois, nous n'avons pas été impliqués dans la question à savoir si une copie aura 0,27 $ et une autre 0,42 $. Nous avons été avisé et nous avons compris que l'année de transition présageait de ce qui s'annonçait — c'est après tout le but d'une année de transition. Lorsqu'on a vu que presque tout le monde avait plus, nous avons décidé de faire une transition vers quelque chose de mieux — alors que, comme on sait, ce ne fut pas le cas. Lors de consultations on nous disait que la formule n'était pas encore définie, mais on anticipait que nos journaux, dans l'ensemble, seraient gagnants. Nous croyions que nous allions être gagnants.
Le sénateur Robichaud : Le montant d'argent en question est de quel ordre? Vous indiquez 178 000 $?
M. Potié : Le montant d'argent, dans l'ensemble, pour tout le monde, n'est pas considérable. On parle de 80 000 $ au bout de trois ans. Le problème est lié au fait que quatre journaux reçoivent 80 000 $ de moins. Le problème n'est pas tant le montant global mais le fait qu'il touche quatre journaux.
Le sénateur Robichaud : Quatre journaux en particulier.
M. Potié : Évidemment, nous ne souhaitons pas de réduction. Le problème est dû au fait qu'on amasse le montant dans des communautés en situation minoritaire. Vous n'êtes pas sans savoir qu'en Nouvelle-Écosse, au Manitoba et en Alberta, le pourcentage de francophones n'est pas très élevé. Ces communautés sont plus fragiles et ont plus besoin d'un média dynamique. Or, on voit une réduction de services, de contenu et de capacité du journal. On ne compte pas cinq journaux francophones en Alberta, mais un seul. Il faut donc également tenir compte de cette réalité.
Le sénateur Robichaud : Ces communautés ne jouissent pas de la même marge de manœuvre non plus.
M. Potié : Le Franco a trois employés.
Le sénateur Robichaud : Ils en perdent un et les choses ne vont pas bien.
M. Potié : Il reste peu d'endroit où couper. Je parlais avec la directrice du Courrier aujourd'hui, et je crois qu'ils ne sont que trois ou quatre. Nous vivons une année difficile avec aucun excédent.
Le sénateur Robichaud : Vous avez demandé à comparaître devant notre comité pour que l'on essaie de rétablir la situation?
M. Potié : Nous voulons convaincre le ministère et le ministre que la formule a accroché au passage des journaux qui desservent des communautés francophones importantes, non pas en nombre mais en valeur. Le niveau de financement pour ces milieux devrait être plus élevé que 0,27 $ l'exemplaire. On devrait parler de 0,40 $, 0,50 $, comme pour les magazines. Idéalement, le niveau devrait être le même que celui des magazines car les défis de distribution sont les mêmes.
La présidente : Les magazines reçoivent environ combien?
M. Potié : C'est quand même pas mal plus que pour nous. On parle d'environ 1,24 $.
La présidente : On parle de 1,24 $ la copie.
M. Potié : C'est le point de départ, et le montant va en décroissant. Ce serait un bon point de départ.
Le sénateur Robichaud : Quelles sont ces revues qui reçoivent ce montant?
M. Potié : On parle de n'importe quelle revue qui est éligible, telles L'Actualité ou Maclean's. Ce sont des petits et des grands. On parle de revues canadiennes françaises ou anglaises. Certaines reçoivent de gros montants car ils ont beaucoup d'exemplaires, d'autres reçoivent 10 000 $ par année. La liste complète des bénéficiaires est affichée sur le site du ministère.
Le sénateur Poirier : Il semble que la nouvelle formule bénéficie davantage à la majorité. Peut-on faire quelque chose pour aider les quatre journaux affectés à se qualifier en vertu de la nouvelle formule?
M. Potié : Les journaux se qualifient déjà sous la nouvelle formule. Le problème est que la subvention par exemplaire est moins élevée.
Le sénateur Poirier : Peut-on faire quelque chose pour les aider à se qualifier, en vertu de la nouvelle formule, à obtenir une subvention équivalente à celle des autres journaux?
M. Potié : C'est juste le montant par exemplaire.
La présidente : Il suffirait d'augmenter la formule?
Le sénateur Poirier : C'est la seule solution?
M. Potié : C'est la seule solution car ils ont le même nombre de copies qu'avant, mais la subvention a baissé de moitié. C'est à peu près la seule chose. Si on veut rester à l'intérieur du même programme, c'est la seule chose.
Le sénateur Poirier : Pour quelle raison la formule bénéficie aux autres?
M. Potié : Dans le cas des quatre journaux en question, ils n'étaient pas éligibles auparavant, étant donné que les critères d'admission ont changés. Ces copies n'étaient pas distribuées par Postes Canada.
La présidente : Ce sont les gagnants; les quatre nouveaux?
M. Potié : Ce sont les quatre journaux, qui pour différentes raisons n'étaient pas éligibles. Il y a eu plusieurs mesures d'exception pour nos publications. Soit qu'il n'y avait pas 50 p. 100 de copies vendues, ils n'étaient pas éligibles avant, maintenant ils le sont. Un de mes membres est un journal agricole. Donc là, il y a une catégorie de journaux agricoles où la subvention est plus élevée, alors il s'en sort mieux.
Le sénateur Poirier : Comme on dirait en anglais, overall it's a winner, mais malheureusement, cela cause des problèmes à certains.
M. Potié : Actuellement, overall, si on compte l'argent de tous nos membres, il y en a moins et d'ici trois ans, il y en aurait 82 000 $ de moins, qui est partagé par quatre journaux de plus. Donc en résumé, c'est partagé. C'est gagnant pour certains journaux et perdant pour d'autres et overall, il y a moins d'argent.
La présidente : Il y a quatre perdants si je comprends bien.
M. Potié : Il y a quatre gros perdants.
Le sénateur Poirier : Et quatre gagnants?
La présidente : Et plusieurs gagnants.
M. Potié : Il y a sept gagnants, mais les gains ne compensent pas pour les pertes.
Le sénateur Robichaud : On parle de combien d'argent pour ces gens, est-ce 178 000 $?
M. Potié : C'est 180 000 $ d'ici trois ans. La formule s'applique sur trois ans. Un tiers, un tiers, un tiers.
Le sénateur Robichaud : Donc 60 000 $ par année?
M. Potié : Pour La Liberté, c'est 20 000 $ cette année, 40 000 $ l'an prochain ou l'année en cours et 60 000 $ en 2013- 2014. Pour les quatre ensembles, ce serait 180 000 $ en 2013-2014.
Le sénateur Robichaud : Si on augmentait le programme de 180 000 $, cela réglerait tous les problèmes.
M. Potié : Je ne sais pas si cela règlerait les problèmes de M. Tardif, mais ça règlerait les nôtres.
[Traduction]
M. Tardif : J'ai huit journaux qui connaîtront des pertes approximatives de 170 000 $. Le Canadian Jewish News et le Quebec Chronicle-Telegraph auront des pertes de 50 p. 100 en quatre ans. J'avais deux employés. Il faut que je voie avec la personne qui s'en occupe, mais cela est considérable pour un journal qui connaît actuellement des problèmes, et 170 000 $, c'est beaucoup d'argent. Dans le secteur de la presse, chaque dollar compte. Nous avons des gagnants et des perdants.
[Français]
La présidente : Encore une fois, je vous remercie, messieurs, d'avoir répondu à nos questions. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. On vous a entendu et le comité se penchera sûrement sur la question à un moment donné.
Le sénateur Robichaud : Madame la présidente, avant de lever la séance, si le comité devait agir, il devrait le faire dans les plus brefs délais. S'il y a quelque chose à rectifier, c'est maintenant qu'il faut le faire, car une fois que le mal aura été fait et que les gens seront partis, on aura manqué le bateau. Alors n'étant pas membre du comité, je ne peux pas faire de recommandation, mais je vous invite à en faire.
La présidente : Je comprends, sénateur Robichaud. Je soumettrai le sujet au Sous-comité du programme et de la procédure et nous reviendrons à ce comité avec une recommandation.
(La séance est levée.)