Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Langues officielles
Fascicule 16 - Témoignages du 4 mars 2013
OTTAWA, le lundi 4 mars 2013
Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui, à 17 heures, pour étudier les obligations de CBC/Radio-Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles et de certains aspects particuliers de la Loi sur la radiodiffusion.
La sénatrice Maria Chaput (présidente) occupe le fauteuil.
[Français]
La présidente : Je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent des langues officielles.
Je me présente, je suis la sénatrice Maria Chaput, du Manitoba, présidente du comité. Avant de présenter les témoins qui comparaissent aujourd'hui, j'invite les membres du comité à se présenter en commençant, à ma gauche, avec la vice-présidente du comité.
La sénatrice Champagne : Bonjour, je m'appelle Andrée Champagne, sénatrice du Québec.
La sénatrice Poirier : Bonjours, je m'appelle Rose-May Poirier, sénatrice du Nouveau-Brunswick.
Le sénateur McIntyre : Paul McIntyre, Nouveau-Brunswick.
Le sénateur Robichaud : Je vous salue, Fernand Robichaud, sénateur de Saint-Louis-de-Kent au Nouveau- Brunswick.
La sénatrice Tardif : Bonjour, je m'appelle Claudette Tardif, sénatrice de l'Alberta.
La présidente : Merci. Le comité poursuit son étude des obligations linguistiques de CBC/Radio-Canada en vertu de Loi sur les langues officielles et de certains aspects particuliers de la Loi sur la radiodiffusion.
Nous accueillons aujourd'hui des représentantes de l'Association franco-yukonnaise. Nous avons avec nous, par vidéoconférence, Mme Angélique Bernard, présidente, et Mme Nancy Power, directrice des communications et relations communautaires.
Au nom des membres du comité, je vous remercie, mesdames, de prendre le temps de nous présenter le point de vue de l'association dans le cadre de notre étude et de répondre à nos questions.
Le comité a demandé aux témoins de faire une présentation d'au plus sept minutes, et les sénateurs suivront avec les questions.
Angélique Bernard, présidente, Association franco-yukonnaise : Merci beaucoup pour cette invitation. L'Association franco-yukonnaise est l'organisme porte-parole officiel des francophones du Yukon et le pilier du développement de la communauté franco-yukonnaise depuis 1982. Notre mandat est d'améliorer la qualité de la vie en français des francophones du Yukon.
Selon le recensement de 2011 de Statistique Canada, le Yukon compte 33 897 habitants. Les francophones qui ont le français comme langue maternelle représentent 4,8 p. 100 de la population yukonnaise. Avec une augmentation de 33 p. 100 de Yukonnais et Yukonnaises de langue maternelle française depuis 2006, notre communauté est en pleine croissance. Également, 4 510 personnes parlent français. Cela représente plus de 13 p. 100 de la population yukonnaise. Le Yukon a donc le plus fort pourcentage de francophones et de personnes qui peuvent soutenir une conversation en français dans l'ensemble de la francophonie minoritaire canadienne après le Nouveau-Brunswick.
L'obtention du signal français de Radio-Canada sans câble est la première revendication de l'AFY. En fait, c'est la raison pour laquelle un groupe de pionniers s'est regroupé pour former l'association. Après 12 ans de négociations infructueuses avec la SRC, l'AFY a obtenu une subvention de 60 000 $ du ministère de Patrimoine canadien, appelé alors le Secrétariat d'État. Elle a versé l'argent à la SRC pour acheter et installer l'équipement nécessaire pour retransmettre le signal français de la radio. Une entente signée le 28 mars 1991 entre l'AFY et la SRC a fait de l'AFY le rediffuseur officiel du signal français de Radio-Canada à Whitehorse. Jusqu'à ce jour, l'AFY est propriétaire de l'antenne et du certificat de radiodiffusion pour la fréquence 102,1 FM, la Première Chaîne de Radio-Canada à Whitehorse. Captant d'abord le signal de Montréal depuis 1992, les auditeurs de Whitehorse peuvent capter la Première Chaîne de Vancouver depuis 1997 grâce à notre entente avec la SRC; Radio-Canada nous fournit le signal en échange de sa diffusion par notre émetteur.
Radio-Canada n'opère ni un bureau journalistique, ni une station de radio francophone au Yukon. Le territoire compte une seule vidéojournaliste francophone basée à Whitehorse et chargée de couvrir l'ensemble du territoire. Il y a plus de 500 kilomètres entre Whitehorse et Dawson City. L'actualité qui parvient aux Franco-Yukonnais et Franco- Yukonnaises est donc principalement à saveur franco-colombienne, nationale et internationale, à moins qu'ils ou elles ne se tournent vers les médias anglophones.
Cela dit, la SRC joue un rôle essentiel et primordial pour notre communauté. Elle représente pour les francophones du Yukon un lien important entre le monde qui les entoure et toute la richesse de leur culture. Elle permet à notre communauté d'être informée et de demeurer connectée en français sur des sujets qui la concernent. Nous reconnaissons les efforts déployés par la SRC pour inclure le Yukon dans sa programmation et rendre l'information accessible sur Internet. Mentionnons le succès de la nouvelle page Zone Yukon qui offre aux Yukonnais un accès direct aux dossiers, reportages et entrevues qui parlent des réalités de notre territoire.
Nous tenons toutefois à attirer l'attention sur le taux élevé d'analphabétisme dans nos communautés. L'Enquête internationale sur l'alphabétisme et les compétences des adultes (EIACA) révélait en 2003 que 56 p. 100 des francophones au Canada éprouvent des difficultés sérieuses avec la lecture et l'écriture. La prochaine enquête de ce genre est prévue en 2013, mais l'on anticipe que ce niveau demeurera constant.
Les Canadiens et Canadiennes analphabètes cherchent souvent à éviter les situations où ils ont à lire et lorsqu'ils parviennent à décoder une phrase, ils n'en saisissent pas forcément le sens. Même si le Web regorge de ressources vidéo et audio, il faut savoir lire et écrire pour pouvoir en profiter.
La radio et la télévision demeurent donc des outils privilégiés pour informer et faire connaître notre communauté et les activités qui y sont organisées. Il est indéniable que la SRC a un impact majeur et bénéfique sur la vie de l'ensemble des Canadiens et Canadiennes de langue française. De manière générale, la SRC remplit très bien son rôle de radiodiffuseur public national.
Cependant, il est clair qu'en matière de représentation des communautés francophones en situation minoritaire dans les régions du Nord, beaucoup de travail reste à faire pour que son plan stratégique 2011-2015 : Partout, Pour tous — Renforcer, renouveler et étendre les liens dans les espaces régionaux, prenne tout son sens.
Bien que nous soyons conscients de l'appui du personnel de la SRC et de leur volonté à répondre aux besoins de notre communauté, particulièrement au cours des dernières années, la place du Yukon demeure insuffisante tant à la radio qu'à la télévision. Les actualités locales et régionales yukonnaises sont peu nombreuses et ne reflètent pas la réalité de notre communauté francophone, tant à la télévision qu'à la radio française. Cela inclut les bulletins de nouvelles, l'émission radiophonique matinale et celle du retour à la maison en fin de journée.
Deux ou trois fois par année, une équipe de Vancouver se déplace pour couvrir un événement au Yukon, comme ce fut le cas en 2012 pour les Jeux d'hiver de l'Arctique et le Chant'Ouest/Contact Ouest. Ces visites ponctuelles permettent la couverture d'événements d'envergure, mais n'assurent pas une couverture quotidienne adéquate et représentative de notre communauté.
Nous souhaitons que la SRC maintienne ses engagements comme coproducteur et diffuseur privilégié d'événements et activités culturelles à la grandeur de la francophonie canadienne, comme le concours-spectacle Chant'Ouest, et qu'elle s'engage à diffuser ces contenus au réseau national, pour renforcer son rôle d'appui au développement des arts et de la culture des communautés francophones en situation minoritaire.
Nous souhaitons que la SRC contre, par tous les moyens, la « montréalisation » des ondes et s'assure d'une diffusion accrue des artistes et de la culture franco-canadienne au réseau national.
Nous souhaitons que la SRC diversifie la production télévisuelle de langue française réalisée dans les régions à l'extérieur du Québec. À cette fin, l'AFY recommande que la SRC entreprenne la production de tous les genres d'émission dans les régions hors Québec : dramatique, documentaire, variétés et enfant-jeunesse, et ce en collaboration avec les producteurs indépendants de la francophonie canadienne.
Nous souhaitons que la SRC maintienne le poste de vidéojournaliste francophone au Yukon et qu'elle appuie le renforcement des ressources humaines afin d'augmenter, de façon significative en quantité et en qualité, la couverture franco-yukonnaise en français.
Nous comprenons la réalité budgétaire de la SRC, mais croyons que des solutions peu coûteuses pourraient être mises en place. Par exemple, convenir d'une entente avec CBC North pour embaucher un ou deux journalistes bilingues pour appuyer l'unique vidéojournaliste francophone et prévoir systématiquement son remplacement lorsqu'elle est absente.
La SRC pourrait également assurer de la formation locale pour outiller les personnes qui, au Yukon, sont intéressées par les médias et s'appuyer sur un réseau de chroniqueurs. Cela pourrait se faire par l'entremise de cours à l'école secondaire francophone ou de formation offerte aux bénévoles de Rencontres qui est notre émission radiophonique en français. Cette émission d'une heure par semaine sur les ondes de CBC North est produite par l'Association franco-yukonnaise et est animée par des bénévoles francophones.
Nous souhaitons que la SRC assure une représentation légitime de la communauté francophone du Yukon, à travers des mécanismes formels de consultation des communautés francophones en situation minoritaire, tant sur le plan national que sur le plan des directions régionales.
Finalement, nous souhaitons que la SRC réserve au moins un siège à un représentant ou une représentante de la francophonie canadienne en situation minoritaire à son conseil d'administration.
En conclusion, il est primordial que la SRC assume aussi davantage les responsabilités découlant de son mandat en ce qui a trait aux communautés de langue officielle en situation minoritaire, et qu'elle demeure un réseau diffuseur national qui reflète la vitalité et la diversité du pays.
La présidente : Merci, madame.
Le CRTC annoncera sous peu sa décision concernant les conditions des licences et les attentes qui seront imposées aux radiodiffuseurs publics au cours des prochaines années.
Avez-vous des attentes précises à ce sujet? Si oui, lesquelles?
Mme Bernard : Lors de notre comparution en novembre dernier, nous avons mentionné deux conditions : le renforcement des ressources humaines pour appuyer, en gros, l'unique vidéojournaliste et prévoir systématiquement son remplacement. Parce que lorsqu'elle quitte pour des vacances ou parce qu'elle est malade, il n'y a pas de reportage en français. L'autre condition concernait la représentation légitime de la communauté francophone du Yukon à travers des mécanismes formels de consultation des communautés francophones, tant sur le plan national que sur le plan des directions régionales. Ce sont les deux conditions.
La sénatrice Poirier : Merci pour votre présentation et merci d'être avec nous pour nous aider à mener à bien notre démarche dans le cadre de cette étude.
Vous avez parlé d'une possible solution : une entente avec CBC North visant l'embauche d'un journaliste bilingue. Avez-vous déjà fait part de ces idées à la SRC afin de voir s'il y avait une ouverture?
Mme Bernard : Le poste de vidéojournaliste vient d'une demande de l'AFY faite à la fin des années 1990. C'était la solution proposée par CBC North, c'est-à-dire d'obtenir un poste de vidéojournaliste bilingue. Comme je l'ai mentionné, lorsqu'elle est absente ou qu'elle a trop de travail, certaines nouvelles francophones doivent passer sous le tapis.
La sénatrice Poirier : Avez-vous des radios communautaires francophones dans la région?
Mme Bernard : Nous disposons d'une heure à la radio communautaire anglophone les mardis après-midi, mais nous n'avons pas de radio communautaire francophone au Yukon.
La sénatrice Poirier : Avez-vous tenté des partenariats pour voir s'il y aurait un esprit d'ouverture afin d'obtenir l'installation d'une radio communautaire dans votre région?
Mme Bernard : Je crois que cela ne passerait pas par le gouvernement. Il y a des groupes de radio amateur au Yukon, mais ces stations fonctionnent indépendamment du gouvernement. Pour des questions liées à du financement, on ne pourrait pas passer par le gouvernement et ils nous disent que c'est du ressort de Radio-Canada ou des radios communautaires.
La sénatrice Poirier : Il n'y a donc pas d'esprit d'ouverture. Au Nouveau-Brunswick, nous avons des radios communautaires régionales qui réussissent extrêmement bien. Parfois, ils reçoivent des subventions qui les aident. Je sais également qu'il existe des partenariats, dans d'autres provinces, concernant les installations des postes de radio communautaire des régions qui sont parfois partagées avec d'autres journalistes de Radio-Canada, par exemple. Cela rend la situation plus facile et moins coûteuse. Je me demandais donc si quelque chose de similaire existait au Yukon.
Nancy Power, directrice des communications et relations communautaires, Association franco-yukonnaise : Nous avons, au cours des deux dernières années, rejoint le réseau de l'Arc du Canada et nous en avons parlé. Il s'agirait de faire une étude de faisabilité. Notre communauté est dynamique, mais quand même relativement petite. Cela serait un défi de taille que d'assurer la vitalité d'une radio communautaire francophone au Yukon, mais cela ne serait pas impossible.
La sénatrice Poirier : Le comité vient de terminer une étude sur les médias sociaux; pensez-vous que cela pourrait faire partie de la solution? Radio-Canada pourrait-elle mieux remplir son mandat envers votre population en utilisant davantage les médias sociaux?
Mme Power : Les médias sociaux sont une possibilité intéressante et permettent de rejoindre une clientèle peut-être plus jeune ou différente. Mais la radio demeure, généralement, un média vraiment apprécié de la communauté et qui est un média privilégié. Je ne pense pas que les médias sociaux pourraient éventuellement remplacer la radio. Il faut aussi dire que tout ce qui se fait par Internet au Yukon coûte extrêmement cher. C'est pour cette raison également que la radio demeure un moyen de communication privilégié.
La sénatrice Poirier : Vous n'avez donc pas vraiment de représentation régionale au travers de Radio-Canada à l'heure actuelle?
Mme Power : Je suis désolée, mais nous n'avons pas entendu la question.
La sénatrice Poirier : Si je comprends bien, vous ne bénéficiez pas tellement de représentation régionale provenant de Radio-Canada, que ce soit par le biais de la télévision ou celui de la radio?
Prenons, par exemple, les nouvelles régionales.
Mme Power : Je suis désolée, mais la communication ne nous permet pas de saisir ce que vous dites, car l'information sonore qui nous parvient est très fragmentée.
La sénatrice Poirier : Je vais tenter de reformuler ma question : croyez-vous que Radio-Canada, soit à travers la radio ou la télévision, vous représente suffisamment en ce qui concerne les nouvelles régionales?
Mme Power : Voulez-vous savoir le pourcentage de la couverture journalistique du Yukon aux nouvelles régionales?
La sénatrice Poirier : Oui, cela pourrait aider.
Mme Power : En fait, c'est difficile. Je ne pourrais pas vous dire à ce point-ci le pourcentage de la couverture journalistique yukonnaise par rapport à celle de Vancouver ou de la Colombie-Britannique. Je ne pense pas qu'il y ait de données en ce sens. Il faudrait tout écouter ou tout regarder pour faire une approximation. Cependant, on n'est pas systématiquement couvert, tous les jours.
Mme Bernard : C'est selon les activités ou ce qui se passe dans la communauté.
La sénatrice Champagne : J'espère que vous me comprenez bien. Vous avez un peu répondu à ma première question. Je me demandais comment était la réception d'Internet au Yukon. Vous disiez que c'est coûteux, mais pour ceux qui peuvent se le payer, la connexion est-elle au moins facile à obtenir, par exemple, pour aller sur le site de Radio-Canada ou d'une autre chaîne pour avoir certaines nouvelles de ce qui se passe dans le monde? Peut-on facilement avoir, par exemple, des nouvelles d'un peu partout, et au Canada et dans le monde?
Mme Bernard : Oui.
La sénatrice Champagne : Cela va bien ou est-ce que l'on n'arrive pas à se brancher sur le satellite?
Mme Power : Oui, cela va bien. Est-ce que vous parlez particulièrement de la Zone Yukon de Radio-Canada ou en général?
La sénatrice Champagne : En général.
Mme Power : Oui, cela fonctionne bien.
Mme Bernard : Ici, au Yukon, on perd trois heures, alors quand il est six heures dans l'Est, les connexions sont moins rapides. Les gens se branchent après le travail dans l'Est, donc cela réduit un peu.
La sénatrice Champagne : La semaine dernière, nous recevions des gens du Nunavut qui font le même travail que vous. Ils ont réussi à organiser un réseau de radio communautaire qui les sert très bien, ce qui leur permet au moins de se parler entre eux de leurs nouvelles locales.
Ils parlaient aussi — et vous en parlé un peu aussi — de CBC North qui a une émission radiophonique en français. Ils nous disaient que cette émission hebdomadaire était en onde le vendredi soir à 23 heures ou 23 h 30, ce qui est absolument ridicule. Les enfants ou même les parents ne vont pas rester debout jusqu'à cette heure pour écouter une petite demi-heure de radio en français via CBC North. Est-ce la même situation chez vous ou si vous pouvez profiter de cette demi-heure en français via CBC North à une heure raisonnable — pour ne pas dire catholique, comme disait ma mère.
Mme Bernard : C'est le vendredi, mais c'est à 10 heures. C'est une heure avant le Nunavut. Nous, on a notre émission radiophonique Rencontres, le samedi. Suite à une demande de l'AFY, dans le milieu des années 1980, on a approché CBC North pour avoir une émission d'une heure en français faite par des bénévoles francophones du Yukon. Cela a passé d'une demi-heure à une heure. On a fêté les 25 ans en 2010 et cela fonctionne très bien.
La sénatrice Champagne : À quelle heure cela passe-t-il?
Mme Bernard : C'est le samedi à 17 heures, l'émission de l'AFY. L'émission de Radio-Canada en français, c'est le vendredi à 10 heures le soir.
La sénatrice Champagne : Je reviendrai plus tard.
Le sénateur McIntyre : Merci pour votre présentation. Je trouve que vous travaillez fort. Vous avez les reins solides, comme on dit en Acadie. Je remarque que l'Association franco-yukonnaise en est à sa 31e année d'existence. Je remarque également que l'organisme assure un nombre de services importants aux Franco-Yukonnais dans de nombreux secteurs.
Cela dit, malgré tout ce beau travail, il n'en demeure pas moins que votre organisme rencontre et continue de rencontrer plusieurs embûches, par exemple, aucune accessibilité à un signal régional propre à votre territoire; l'absence d'une radio communautaire francophone et d'un bureau journalistique; publication du journal communautaire L'Aurore Boréale que deux fois par mois et la disparition prochaine de FAPL et j'en passe. Tous ces facteurs, selon moi, font en sorte qu'un grand nombre de francophones du Yukon ne s'informe pas en français et se tourne vers des médias anglophones.
Une station régionale de la CBC existe dans le Nord. Quel type de relation entretenez-vous avec le réseau CBC/ Radio-Canada et diriez-vous que la réalité des francophones de votre territoire est adéquatement représentée sur le réseau anglais?
Mme Power : On a un excellent partenariat avec CBC North. En fait, c'est eux qui nous permettent d'avoir une heure de radio en français. Ils font aussi la couverture de nos événements. Parfois, ils viennent nous voir sur le site pour des entrevues en direct. Aussi, par exemple, lors des Rendez-vous de la francophonie, ils nous permettent de diffuser des capsules pour en faire la promotion gratuitement.
Je ne sais pas si, au Nunavut ou ailleurs dans le Nord, ils ont cette même entente avec CBC North.
Est-ce que cela répond à votre question?
Le sénateur McIntyre : Oui. Ce qui m'inquiète énormément, c'est qu'il y a beaucoup de francophones qui se tournent vers CBC, étant donné le peu de ressources que vous avez à votre disposition.
Mme Power : Oui. Si on veut savoir ce qui se passe au Yukon, si on veut être informés des nouvelles de l'actualité, nous devons nous tourner vers les médias anglophones.
Le sénateur McIntyre : Vous avez répondu à ma question, je vous remercie.
La sénatrice Tardif : Bonjour. Vous avez indiqué dans votre présentation qu'il est clair qu'en termes de représentation des communautés francophones en situation minoritaire dans les régions du Nord, la Société Radio- Canada a encore beaucoup de travail à faire afin que son plan stratégique 2011-2015, Partout, Pour tous — Renforcer, renouveler et étendre les liens dans les espaces régionaux, prenne tout son sens.
Si je comprends bien, vous n'êtes pas très satisfaite de l'efficacité de la stratégie 2011-2015 de la Société Radio- Canada, n'est-ce pas?
Mme Power : Son implémentation, non. En fait, on ne se retrouve pas souvent à la radio de Radio-Canada ou à la télévision de Radio-Canada. Le Yukon est peu présent.
Nous faisons face à un double défi : nous sommes confrontés à la « montréalisation » des ondes et, en plus, on partage avec la Colombie-Britannique où les francophones sont en plus grand nombre. C'est un peu la situation dans laquelle on se trouve au Yukon.
La sénatrice Tardif : Il y a un panel des régions qui est utilisé comme mécanisme. Est-ce que vous avez fait partie de ce panel des régions? Avez-vous été convoqués ou consultés? Est-ce que vous saviez qu'il y avait un panel des régions qui était mis sur pied?
Mme Power : C'est une information qui a été partagée par la Fédération canadienne culturelle française. Mais jusque-là, je n'en avais aucune idée; nous ne savions pas qu'il y avait un panel des régions.
Mme Bernard : Pour les consultations de rue, on n'est pas appelés à participer.
La sénatrice Tardif : Vous avez dit que la Société Radio-Canada pouvait jouer un rôle important en tant que partenaire pour le développement des arts et de la culture. Est-ce qu'il y a eu des partenariats qui ont été faits dans le passé ou qui se présentent dans l'avenir par rapport au développement des arts et de la culture en français au Yukon?
Mme Bernard : En septembre nous avons été les hôtes de Contact Ouest et Chant'Ouest. Les journalistes sont venus de Vancouver pour couvrir l'événement. Également, lorsque nous faisons nos galas de la Francophonie, chaque année, certains directeurs de Radio-Canada viennent au Yukon pour notre assemblée générale annuelle et certains animateurs participent aux galas aussi. Il y a donc des collaborations de faites de ce côté-là, mais cela porte plutôt sur l'animation et la couverture d'événements. Nous aimerions pousser un peu plus pour offrir de la formation aux gens sur place qui pourraient être intéressés à devenir, par exemple, chroniqueur. De même, les jeunes, avec l'école, ont une radio étudiante, ils ont des cours en médias; donc on pourrait essayer de voir quelle genre de collaboration pourrait se faire de ce côté-là pour former des gens sur place.
La sénatrice Tardif : Ce serait le type de partenariat que vous envisageriez avec la Société Radio-Canada?
Mme Bernard : Oui.
La sénatrice Tardif : Est-ce que vous leur en avez parlé?
Mme Power : Au fil des ans, oui. Nous avons eu de la formation certaines années. Par exemple, en 2007, les animateurs de l'émission Rencontres ont été formés. Pendant peut-être trois années consécutives, il y a eu de la formation. Mais cela fait quelques années qu'il n'y en a plus.
La sénatrice Tardif : Vous avez une personne présentement? Est-ce que c'est une personne du Yukon qui fait des reportages?
Mme Power : Oui, nous avons une vidéo-journaliste.
La sénatrice Tardif : Est-ce qu'elle est du Yukon ou est-ce qu'elle vient de Montréal?
Mme Power : Je ne pourrais pas vous dire, mais ça fait des années qu'elle est dans la communauté.
La sénatrice Tardif : Alors il y a quand même une bonne connaissance de la communauté de la part de cette personne.
Mme Bernard : Oui, elle participe aux activités, elle vient faire des reportages, elle nous appelle pour avoir des citations. Elle est très présente de la communauté. Seulement, comme je le mentionnais, lorsqu'elle part en vacances ou qu'elle est malade, il n'y a plus de couverture journalistique en français.
La sénatrice Tardif : Dernière question : combien d'heures — ou de minutes — par jour avez-vous une émission en français à la télévision?
Mme Bernard : Ça dépend. Parfois, au téléreportage de 18 heures on peut avoir trois ou quatre petites minutes, mais c'est selon ce qu'il s'est passé dans la journée, s'il y a eu des évènements marquants. Sinon, souvent, il y a des journées où il n'y a rien sur le Yukon en français.
La sénatrice Tardif : Par rapport aux nouvelles nationales ou internationales, ou par rapport à d'autres provinces?
Mme Power : C'est une chaîne que nous partageons avec Vancouver.
La sénatrice Tardif : Vous avez combien de pourcentage offert en français? Si je voulais écouter la télévision en français, combien de minutes par jour est-ce que j'aurais, par exemple? Est-ce qu'il y a un bulletin de nouvelle de 30 minutes par jour au Yukon en français?
Mme Bernard : Ça vient de Vancouver. Et si notre vidéo-journaliste a un reportage, il va se faire dans le cadre de ce téléjournal de Vancouver. Elle envoie ça par Internet. Mais, comme je l'ai mentionné, s'il n'y a pas d'activité ou si elle est absente, il n'y aura pas de segment de trois ou quatre minutes sur le Yukon en français au téléjournal.
Mme Power : Nous recevons le Téléjournal de Colombie-Britannique et nous n'avons pas toujours une présence du Yukon dans ce téléjournal.
La sénatrice Tardif : Merci de vos clarifications.
Mme Bernard : On n'a pas de téléjournal du Yukon encore!
Le sénateur Robichaud : Vous parlez dans votre présentation du taux d'analphabétisme au niveau canadien. Est-ce qu'il y a une différence avec votre région sur ce plan? En fait, vous dites que les gens ont de la difficulté à accéder et comprendre ce qui se passe sur le Web. On doit pouvoir lire et écrire pour bien comprendre.
Mme Power : Je crois qu'on se situe dans la moyenne canadienne. En fait, ce qui est alarmant c'est que, lorsqu'on parle de 56 p. 100, il s'agit des niveaux 1 et 2. Ce sont des gens qui ont de la difficulté à lire des documents imprimés, qui ont besoin d'intermédiaires pour accomplir certaines tâches de lecture. Ils ont des lectures peu variées. Ils peuvent lire des textes clairs, simples et directs. Parfois, pour aller chercher l'information sur Internet, c'est difficile. C'est difficile de bien comprendre les textes aussi. Ce sont souvent des personnes qui, selon leur profil, vont se fier aux autres, et vont se limiter à une tâche à la fois. Par exemple, pour quelqu'un qui commence à lire une phrase, une fois rendus à la fin, il n'est pas dit que cette personne en saisisse le sens.
Le sénateur Robichaud : Est-ce que ces gens se tournent vers les réseaux ou les reportages de langue anglaise, étant donné qu'ils ont de la difficulté?
Mme Power : La radio anglophone.
Mme Bernard : Oui, la radio en anglais.
Mme Power : Ou en français s'ils veulent la radio de Vancouver ou de Montréal.
Le sénateur Robichaud : Vous dites que de façon générale la SRC remplit très bien son rôle de radiodiffuseur public national. Mais dans un des souhaits que vous avez formulés plus loin, vous dites : « Nous souhaitons que la SRC contre par tous les moyens la montréalisation des ondes et s'assure d'une diffusion accrue des artistes. »
Le fait que sur Radio-Canada on reçoive — c'est la même chose en Acadie — des nouvelles qui sont principalement de Montréal et du Québec, cela ne vous satisfait pas, n'est-ce pas?
Mme Power : Non.
Mme Bernard : Non.
Le sénateur Robichaud : C'est en contradiction avec le fait de dire que la SRC joue son rôle de radiodiffuseur public national. Dans mon livre à moi, elle ne joue pas bien son rôle de radiodiffuseur public national. Est-ce que je comprends mal?
Mme Power : En fait, vous avez raison. Nous croyons que la volonté est là, mais peut-être que les moyens n'y sont pas; et peut-être que la volonté n'y est pas non plus. C'est seulement Radio-Canada qui pourrait répondre à cela. Mais il est certain que nous ne nous retrouvons pas à la télé et à la radio de Radio-Canada. Et nous ne sommes pas la seule communauté dans cette situation. Et si cela veut dire que Radio-Canada ne remplit pas son mandat, alors Radio- Canada ne le remplit pas.
Le sénateur Robichaud : Merci pour cette réponse. Vous avez aussi formulé trois souhaits, autres que celui que j'ai mentionné relativement à la montréalisation. Est-ce que les gens de Radio-Canada sont au courant de vos souhaits et est-ce qu'il y a eu des réactions? Savez-vous à quoi vous pouvez vous attendre de la part de Radio-Canada?
Mme Power : En 2007 nous avons relancé le dossier sur la question d'avoir une station de radio, un bureau journalistique à Whitehorse. En fait, la réponse est très claire : Radio-Canada n'a pas l'intention d'ouvrir un bureau au Yukon. À partir de là, il faudrait travailler sur des alternatives pour assurer une meilleure présence du Yukon à la radio et à la télévision.
Le sénateur Robichaud : Concernant le fait que vous souhaitez maintenir le poste de vidéo-journaliste, est-ce que vous avez des indications sur le fait qu'il va rester pour un certain temps ou pour toujours?
Mme Power : Nous n'avons aucune indication quant au fait que Radio-Canada pourrait vouloir mettre fin à ce poste.
Le sénateur Robichaud : Mais vous aimeriez en revanche avoir des ressources humaines supplémentaires, n'est-ce pas?
Avez-vous reçu des indications que cela pourrait peut-être se réaliser? Vous demandez le renforcement des ressources humaines pour le poste de vidéojournaliste, parce que vous avez dit à plusieurs reprises que lorsque cette personne est absente pour cause de maladie ou parce qu'elle part en voyage, vous restez sans service. Avez-vous des indications de la part de Radio-Canada selon lesquelles vous pourriez avoir des ressources humaines qui pourraient complémenter son rôle?
Mme Bernard : Il n'y a pas eu d'indication en ce sens.
Le sénateur Robichaud : Je vous remercie.
La présidente : J'aurais une question additionnelle aux questions du sénateur Robichaud. Si je comprends bien, Radio-Canada ne vous a jamais ou à peu près jamais consultés. Et s'il y a eu des consultations, vous n'y avez pas été invités ni n'en avez-vous fait partie?
Mme Bernard : Je suis présidente depuis 2010, mais je participe à l'AFY depuis longtemps. Jamais nous n'avons reçu d'invitation aux consultations.
La présidente : Merci. J'ai une autre question. Il y a le Fonds pour l'amélioration de la programmation locale, le FAPL. Le CRTC a récemment annoncé la fin prochaine de ce fonds. Ces fonds permettaient une programmation locale. Avez-vous accès à ce fonds et avez-vous pu obtenir une programmation locale additionnelle grâce à ce fonds?
Mme Power : Nous n'avons pas bénéficié de ce fonds local au Yukon, mais, par exemple, cela a permis à la Colombie-Britannique d'avoir un téléjournal la fin de semaine.
La sénatrice Champagne : Vous disiez tout à l'heure que Radio-Canada avait quand même aidé à former certaines personnes autour de vous pour la radio. Vous avez dit que, malheureusement, ce programme où on formait des gens qui auraient pu éventuellement faire de la radio communautaire ou préparer des reportages que Radio-Canada pouvait envoyer, même si c'était fait à Vancouver, n'existe plus.
Cependant, est-ce que les gens qui ont été formés grâce à ce programme songent à partager ce qu'ils ont appris avec d'autres afin que la formation se poursuive? Est-ce une chose que vous avez envisagée?
Mme Bernard : Je fais aussi partie de l'équipe d'animateurs et d'animatrices de Rencontres. Lorsque des personnes sont intéressées à participer à l'émission, elles doivent participer à deux émissions avec des animateurs différents. On fait de la coanimation. C'est un genre de formation quant à la façon dont fonctionne l'émission Rencontres, comment on fait le choix des chansons et on planifie notre 54 minutes, mais cette formation se termine là quand des gens sont intéressés à faire partie de l'équipe d'animation. Cependant, je suis certaine que les animateurs seraient prêts à faire une formation un peu plus formelle, mais au Yukon, les gens se déplacent beaucoup, et la communauté se renouvelle souvent parce beaucoup d'entre eux ne sont que de passage. C'est pour cela qu'il est intéressant d'avoir des formations un peu plus formelles de temps à autres pour amener de nouvelles personnes à la table d'animation.
La sénatrice Champagne : Si vous avez des gens qui savent vraiment ce qu'ils font lorsqu'ils arrivent derrière un micro, une table de travail, ce serait peut-être une excellente idée de s'assurer que ce savoir soit transféré, parce qu'à un moment donné les gens vieillissent, leur travail les font partir de chez vous et retourner dans le Sud quelque part.
On a connu la même chose à une certaine époque. J'ai vécu dans le monde du théâtre et de la musique, à une époque où tous nos musiciens qui avaient un certain talent étaient envoyés en Europe pour apprendre. Mais après 30 ans, ces gens qui étaient allés et qui étaient revenus pouvaient ensuite partager leur savoir appris là-bas. Donc que la formation se transmette. Parce que si vous attendez après Radio-Canada pour vous donner une autre série de cours pour ce faire, vous pouvez attendre longtemps. Donc ceux qui en ont bénéficié fassent bénéficier ceux qui sont intéressé. C'est une suggestion que je me suis permise de vous apporter.
Mme Power : Je vous remercie.
Le sénateur McIntyre : Vous avez soumis un mémoire au CRTC dans le cadre du renouvellement des licences du radiodiffuseur au mois de novembre dernier dans lequel vous faites plusieurs demandes telles qu'assurer la présence, au minimum, de deux journalistes francophones au Yukon.
Avez-vous fait acte de présence à Gatineau au mois de novembre dernier pour répondre aux questions soulevées par votre mémoire?
Mme Bernard : On a fait une téléconférence à la fin du mois de novembre.
Le sénateur McIntyre : Avez-vous été rassurés suite à cet appel téléphonique ou avez-vous eu l'impression que le CRTC faisait la sourde oreille?
Mme Power : L'une des préoccupations qu'on a pu sentir était au niveau de la consultation, sur la façon dont Radio- Canada a eu cet échange avec les communautés, mais pour ce qui est des recommandations, je crois que cela a été pris un peu comme une liste d'épicerie. Alors à savoir si cela a bien été entendu ou pas, je ne pourrais pas vous dire.
Le sénateur Robichaud : Vous nous dites que vous avez un minimum de programmations en langue française. Craignez-vous l'assimilation des jeunes qui, du fait d'entendre peu la langue française, se dirigeraient vers la langue anglaise, ce qui accélérerait le processus?
Mme Power : Tout à fait.
Le sénateur Robichaud : Il n'y a pas beaucoup de façons d'encourager les jeunes à utiliser la langue française, surtout si les moyens n'y sont pas pour communiquer avec d'autres communautés du Canada, n'est-ce pas? J'ai compris par un hochement de tête que vous dites oui en fait.
Mme Bernard : Oui, c'était un gros oui.
La sénatrice Tardif : La situation du Yukon est particulière parce que l'Association franco-yukonnaise est propriétaire du signal radio de la SRC, si je comprends bien. Pouvez-vous nous indiquer quels sont les défis logistiques et financiers que cela vous impose?
Mme Power : En fait, il n'y en a plus. Depuis plusieurs années, c'est CBC/Radio-Canada qui entretient l'équipement. Ils sont donc responsables des frais.
La sénatrice Tardif : Vous n'encourez donc aucuns frais du fait que vous êtes propriétaires du signal?
Mme Power : En fait, une des dernières factures qu'on a reçues, c'est une facture moratoire au montant d'un dollar, qui couvrait les frais d'entretien jusqu'au 1er octobre 1996. On voit donc que cela remonte à plusieurs années. L'association a refusé de couvrir ces frais.
La sénatrice Tardif : Ce sont donc des ressources qu'ils vous offrent, finalement? C'est gratuit présentement, si je comprends bien? C'est vous qui l'avez acheté?
Mme Power : Oui.
La sénatrice Tardif : Et les frais d'opération sont maintenant gratuits?
Mme Power : Oui.
La sénatrice Tardif : Et il vous revient de vous occuper de la logistique? C'est vous qui devez trouver le personnel? Comment faites-vous?
Mme Power : Pas du tout. Ça doit être CBC North. En fait, la seule chose dont nous sommes responsables est de nous assurer que notre licence est en règle auprès du CRTC.
La sénatrice Tardif : D'accord. Et les animateurs de votre émission sont des bénévoles?
Mme Bernard : Oui, pour l'émission Rencontres du samedi après-midi, ce sont des bénévoles. Seuls les techniciens sont payés parce qu'ils travaillent avec les consoles de Radio-Canada.
La sénatrice Tardif : Vous avez parlé de Zone Yukon. Pouvez-vous nous dire de quoi il s'agit? Est-ce que c'est un programme, une émission?
Mme Power : C'est une nouvelle page sur le site web de Radio-Canada qui permet aux gens, au moyen d'un simple lien, d'avoir accès à des actualités sur le Yukon, en français. Ce site est tout nouveau, il a été lancé il y a à peine deux mois.
La sénatrice Tardif : Est-ce que cette nouvelle initiative connaît un certain succès? Est-ce que c'est apprécié?
Mme Power : Oui, ça a été bien reçu dans la communauté.
La sénatrice Tardif : Merci.
La présidente : Est-ce qu'il y a d'autres questions, sénateurs?
Le sénateur Rivard : Madame la présidente, je suis désolé pour mon retard. J'espère que ma question n'a pas été posée.
Pour faire une comparaison avec votre situation, il y a trois quarts de siècle, lorsque les Québécois ont immigré au Massachusetts, par exemple, ils se sont désintéressés de la langue française parce qu'il n'y avait pas de stations francophones. Et finalement, après une ou deux générations, ils étaient complètement assimilés.
Pouvez-vous me dire si les francophones et les francophiles de votre région veulent conserver une télévision francophone?
Mme Bernard : Oui. Selon les dernières données du recensement, il y a une augmentation de francophones et de francophiles au Yukon, en nombre et en pourcentage. Il y a beaucoup d'élèves en école d'immersion au Yukon. Je crois qu'ils cherchent toutes les voies pour avoir plus d'informations, plus de contenu en français.
Le sénateur Robichaud : Bravo!
Le sénateur Mockler : Bonsoir. Je suis Percy Mockler de Saint-Léonard, au Nouveau-Brunswick. Pourriez-vous nous expliquer le fonctionnement du programme d'immersion dispensé par vos écoles?
Mme Bernard : Oui. C'est un programme du gouvernement qui est offert aux niveaux primaire et secondaire aux parents anglophones qui veulent que leurs enfants apprennent le français. Nous avons une école de langue française première, de la maternelle à la douzième année, pour les parents francophones. Mais à l'école Émilie-Tremblay, 80 p. 100 des jeunes viennent de familles exogames, donc français-anglais. Donc quand on parle de contrer l'assimilation, c'est aussi avec nos jeunes de langue première.
Mais l'immersion est très populaire. Il y a des listes d'attente au niveau primaire, puis il y a des cours d'immersion française tardive à partir de la sixième et la septième année qui se poursuivent au secondaire. Donc, c'est très populaire ici.
On observe aujourd'hui une deuxième génération d'enfants qui vont en immersion. Leurs parents y sont allés fin 1970 et début 1980, et c'est maintenant leurs enfants qui y vont.
Le sénateur Mockler : Je connais un peu l'école Émilie-Tremblay. Je sais qu'elle joue un rôle important soit celui de faire connaître davantage les côtés culturel et communautaire de l'école.
Pouvez-vous me dire quel rôle joue l'AFY à l'intérieur de la programmation de l'école? Et est-ce que vous faites la promotion de Radio-Canada à l'école Émilie-Tremblay?
Mme Bernard : À l'école, l'AFY a un secteur jeunesse qui intéresse plus les jeunes du secondaire. Ils font beaucoup d'activités avec l'école. L'école a un coordonnateur d'intégration culturelle. Et avant que cette personne n'entre en poste, c'était notre agent-jeunesse qui jouait ce rôle et qui faisait le lien entre l'AFY et l'école. C'est très important, il fait beaucoup de radio communautaire avec les jeunes. Donc lorsqu'on parlait de la formation, il y a certains animateurs bénévoles de rencontres qui sont allés donner de la formation aux jeunes. On continue de ce côté, et c'est sûr que de promouvoir Radio-Canada aux jeunes de l'école, c'est primordial aussi.
Le sénateur Mockler : Les services dont nous parlons peuvent être probablement dispensés à trois niveaux, soit au public, au privé et communautaire. D'après votre expérience, quel niveau serait le plus propice pour assurer le développement de la francophonie dans votre territoire?
Mme Bernard : Je crois que ce serait plutôt au niveau communautaire, travailler avec les communautés francophones et acadienne du Canada. On se fait souvent dire du côté de Radio-Canada que ce sont les ressources humaines qui manquent; et c'est partout, il n'y a pas qu'au Yukon où les ressources humaines manquent. Et de là vient notre recommandation de former des gens sur place, d'aller dans les écoles avec les jeunes pour assurer une relève de ce côté. Ce serait une des façons créatives et novatrices de combler ce manque du côté des ressources humaines.
La présidente : J'aurais une question complémentaire, mesdames. Avez-vous déjà reçu dans le passé, chez vous au Yukon, des ressources additionnelles provenant de Radio-Canada, en plus de celles que vous avez présentement?
Mme Power : À ma connaissance, non.
La présidente : Donc vous n'avez jamais été consultées et vous partagez avec l'équipe — si je peux m'exprimer ainsi — de la Colombie-Britannique pour quelques heures de français par jour. Vous n'en avez pas tellement chez vous, si je comprends bien.
Mme Bernard : Pas tellement, en fait.
La présidente : Mesdames, au nom des membres du comité j'aimerais vous remercier de votre comparution et vous encourager à continuer vos efforts. Je vous félicite également pour l'excellent travail que vous accomplissez. Durant les prochains jours, si vous avez d'autres idées que vous aimeriez partager avec le comité pour l'aider à l'ébauche de son rapport, je vous demanderais de les faire parvenir à la greffière.
Encore une fois, merci beaucoup mesdames.
Mme Bernard : Merci à vous.
La présidente : Honorables sénateurs, lors des réunions du 18 et du 25 mars, nous recevrons des panels de jeunes. Nous arrivons à la fin de notre étude et j'aimerais vous rappeler qu'il est prévu que ces réunions débutent plus tôt, exceptionnellement, et se terminent un peu plus tard. Nous pourrions commencer soit à 16 heures et terminer à 19 heures, ou commencer à 16 h 30 et terminer à 19 h 30.
Nous recevrons deux panels de jeunes et ensuite nous entendrons quelques témoins. Par la suite nous aurons terminé et passerons à l'ébauche du rapport.
Le sénateur McIntyre : Je préférerais que les réunions débutent à 16 h 30.
La présidente : Très bien, 16 h 30.
(La séance est levée.)