Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Langues officielles
Fascicule 21 - Témoignages du 10 juin 2013
OTTAWA, le lundi 10 juin 2013
Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui, à 17 heures, pour poursuivre son étude des meilleures pratiques en matière de politique linguistique et d'apprentissage d'une langue seconde dans un contexte de dualité ou de pluralité linguistique.
La sénatrice Maria Chaput (présidente) occupe le fauteuil.
[Français]
La présidente : Je vous souhaite la bienvenue au Comité sénatorial permanent des langues officielles. Je me présente : Maria Chaput; sénatrice du Manitoba et présidente du comité. Avant de commencer, j'aimerais que les sénateurs se présentent.
La sénatrice Champagne : Bonjour; Andrée Champagne, sénatrice du Québec.
Le sénateur Mockler : Bonjour; Percy Mockler, sénateur du Nouveau-Brunswick.
La sénatrice Poirier : Bonjour; Rose-May Poirier, sénatrice du Nouveau-Brunswick.
La sénatrice Fortin-Duplessis : Bonjour; Suzanne Fortin-Duplessis, sénatrice du Québec. Merci d'avoir accepté notre invitation.
Le sénateur McIntyre : Bonjour; Paul McIntyre, sénateur du Nouveau-Brunswick.
Le sénateur De Bané : Bonjour; Pierre De Bané, sénateur du Québec.
La sénatrice Tardif : Bonjour; Claudette Tardif, sénatrice de l'Alberta.
Le sénateur Robichaud : Bonjour; Fernand Robichaud, sénateur de Saint-Louis-de-Kent au Nouveau-Brunswick.
La présidente : Merci beaucoup.
Nous accueillons aujourd'hui Mme Jocelyne Lalonde, directrice générale de l'Association des universités de la francophonie canadienne et du Consortium national de formation en santé.
Mme Lalonde a demandé à comparaître devant le comité, de sorte à présenter le point de vue des deux organismes dans le cadre de l'étude des meilleures pratiques en matière de politique linguistique et d'apprentissage d'une langue seconde dans un contexte de dualité ou de pluralité linguistique.
Madame Lalonde, au nom des membres du comité, je vous souhaite la bienvenue devant le comité. Le comité vous a demandé de faire une présentation d'au plus sept minutes; je vous invite donc maintenant à prendre la parole et les sénateurs suivront avec des questions.
Jocelyne Lalonde, directrice générale, Association des universités de la francophonie canadienne et Consortium national de formation en santé : Bonjour et merci beaucoup. Au nom du conseil d'administration de l'Association des universités de la francophonie canadienne et du conseil d'administration du Consortium national de formation en santé, ainsi qu'en mon nom personnel, je tiens à vous remercier de votre invitation. Vous me donnez ainsi l'occasion de partager avec vous quelques informations et recommandations conjointes des deux organismes pour lesquels j'assume la direction générale concernant les politiques en place, les défis et les bonnes pratiques pour favoriser l'apprentissage du français comme langue officielle seconde au Canada.
Tout d'abord, j'aimerais vous présenter brièvement l'AUFC et le CNFS. Je partagerai par la suite avec vous quelques informations concernant le sujet d'étude du jour et le rôle que les membres de l'AUFC et du CNFS jouent dans ce domaine pour enfin terminer avec quelques recommandations.
L'AUFC regroupe 14 universités francophones ou bilingues réparties dans sept provinces à l'extérieur du Québec. Les programmes offerts par ces établissements permettent de bonifier l'apprentissage, l'enseignement et la recherche universitaire en langue française et améliorent ainsi la vitalité et le rayonnement des communautés francophones canadiennes.
L'AUFC s'engage à contribuer au développement humain, culturel et économique du Canada, en renforçant la francophonie canadienne par des formations universitaires de qualité et accessibles dans l'ensemble du pays. Plus de 27 000 étudiants s'inscrivent annuellement aux 755 programmes offerts en langue française dans nos universités membres. Cette masse critique d'étudiants est fort importante puisqu'il s'avère impératif de développer une main d'œuvre bilingue au moment où le Canada s'apprête à jouer un rôle de plus en plus important dans l'économie internationale. Ainsi, chaque année, près de 6 000 diplômés hautement qualifiés et bilingues sont diplômes de nos universités.
Le CNFS, pour sa part, est un regroupement de 11 institutions d'enseignement universitaire et collégial, dont sept sont également membres de l'AUFC, qui offrent des programmes d'étude en français dans diverses disciplines de la santé.
Le CNFS compte également un secrétariat national à Ottawa, qui joue un rôle important de leadership et de coordination. Le CNFS permet d'améliorer l'accès à des services de santé en français de qualité dans les communautés francophones en situation minoritaire par la formation de professionnels de la santé francophones et bilingues et par la recherche qui s'y rattache, favorisant ainsi le bien-être et l'épanouissement de ces communautés.
Depuis 2003, les 100 programmes en santé soutenus par le CNFS ont permis de former plus de 4 000 professionnels de la santé aptes à offrir à ces millions de francophones en situation minoritaire des services de qualité en français et, par le fait même, d'améliorer et de renforcer les soins de santé offerts à la population canadienne dans son ensemble.
J'enchaîne maintenant avec le sujet qui nous rassemble aujourd'hui, soit l'étude des pratiques en place qui favorisent l'apprentissage du français langue seconde chez les jeunes et auprès des immigrants, ainsi que pour assurer la promotion des langues officielles au Canada.
À cet effet, plus de 5 500 étudiants inscrits dans nos universités membres proviennent de l'immersion. Comme les dernières données statistiques le démontrent, la connaissance du français comme langue seconde semble diminuer avec le temps en l'absence de cette expérience postsecondaire en langue française qui est pourtant accessible dans l'ensemble du pays. Ce constat confirme donc l'importance de promouvoir davantage les programmes postsecondaires offerts en français partout au Canada, ainsi que de mettre en place les infrastructures nécessaires à ce niveau pour encourager les étudiants à poursuivre leurs études postsecondaires dans un programme en langue française ou d'immersion afin d'enraciner leur bilinguisme.
Présentement, l'offre de programmes et de services de soutien aux étudiants de l'immersion et aux immigrants d'expression française varient d'une institution à l'autre et d'une région à l'autre au Canada.
De façon générale, nos établissements membres sont actifs dans plusieurs secteurs, dont les suivants : l'offre de formation langagière, en français et en anglais; un appui pédagogique du tutorat et du mentorat pour les étudiants d'immersion et les immigrants; l'offre de formation d'appoint, c'est-à-dire de la formation de mise à niveau, particulièrement dans le secteur de la santé pour les immigrants qui nous arrivent d'autres pays avec une formation en santé; des services d'orientation et d'employabilité liés à leur mandat de formation tel que le programme que nous avons au CNFS qui est offert aux professionnels de la santé formés à l'étranger. Nous avons des formations cliniques, des formations continues et des perfectionnements professionnels en français, et nos programmes réguliers de formation postsecondaire.
J'aimerais maintenant brièvement parler du rôle particulier de l'éducation postsecondaire en immigration. Au cours des dernières années, les collèges et universités de la francophonie canadienne ont accueilli de plus en plus d'étudiants internationaux et ont offert divers programmes de formation et d'employabilité aux immigrants d'expression française venus s'établir dans les collectivités francophones. Le portrait démographique de la population étudiante de nos établissements membres a ainsi beaucoup changé au fil des ans et est des plus diversifiés. Les services de soutien qui sont offerts doivent être adaptés aux besoins de leur clientèle étudiante immigrante qui possède des capacités langagières et des cultures des plus variées.
Les collèges et universités de la francophonie canadienne sont bien positionnés pour favoriser l'intégration socioéconomique et culturelle des immigrants de langue française en améliorant l'offre de programmes et de services pour les nouveaux immigrants. Tous offrent de l'information, de la formation et des services en vue de les appuyer dans leur nouvelle vie étudiante canadienne, mais aussi des activités dans le but de leur permettre de vivre une expérience culturelle francophone.
Voici nos deux principales recommandations pour améliorer la situation actuelle en matière d'apprentissage d'une seconde langue officielle. Premièrement, nous souhaitons que votre comité recommande dans son rapport que le gouvernement canadien augmente son appui au système d'éducation en langue française et aux programmes d'immersion en français langue seconde dans l'ensemble du pays pour le primaire et le secondaire, mais également en incluant le postsecondaire pour assurer la continuité et le maintien des acquis langagiers.
À cet effet, avec l'appui du gouvernement fédéral, les institutions membres du CNFS et de l'AUFC pourront ainsi accroître le nombre d'étudiants inscrits à leurs programmes en informant davantage la population canadienne, y compris la population immigrante, de l'existence des programmes offerts en langue française pour que tous et toutes sachent qu'ils peuvent poursuivre leurs études dans cette langue, du primaire au postsecondaire.
À l'heure actuelle, on parle surtout du primaire et du secondaire et très peu souvent du postsecondaire. Nous souhaitons que votre comité recommande un financement accru de la part du gouvernement fédéral afin de renforcer la capacité et les infrastructures des plus petits établissements postsecondaires francophones hors Québec. Cela permettrait de mettre en œuvre davantage de services et d'outils pour accueillir et soutenir les étudiants canadiens en immersion, les étudiants internationaux et les immigrants pendant leurs études en français et s'assurer qu'ils puissent acquérir une pleine maîtrise du français et de la culture française.
Avec l'appui du gouvernement, l'AUFC, le CNFS et nos membres peuvent continuer de jouer un rôle central dans la valorisation de l'apprentissage des langues officielles, du français langue seconde et de l'immersion française dans l'ensemble du pays. Les objectifs du CNFS et de l'AUFC sont ambitieux, mais essentiels au rayonnement de la francophonie canadienne, à l'épanouissement des communautés francophones en situation minoritaire et au renforcement des langues officielles au Canada.
Les besoins en éducation en langue française sont grands et les contributions fédérales prévues à ces fins sont essentielles au déploiement du système d'éducation en langue française, du primaire jusqu'au postsecondaire, afin que le Canada puisse profiter d'une main-d'œuvre bilingue hautement qualifiée.
Encore une fois, je vous remercie de nous avoir invités aujourd'hui et c'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
La présidente : Je vous remercie, madame Lalonde.
La sénatrice Fortin-Duplessis : Madame Lalonde, il y a quelques semaines, nous avons reçu l'Association canadienne des professeurs d'immersion et l'Association des professeurs de langue seconde. Ceux-ci ont témoigné des difficultés de recrutement de personnel et j'aimerais savoir si c'est un constat que vous partagez.
Mme Lalonde : Ils parlaient fort probablement d'enseignants et d'enseignantes pour l'immersion au niveau primaire et secondaire, ce pour quoi leur association existe. Au niveau postsecondaire, l'immersion est très différente du primaire et du secondaire dans le sens que chaque université et collège ont des programmes qui varient d'un endroit à l'autre. Par exemple, il y a des programmes où on s'attend à ce que les étudiants qui nous arrivent de l'immersion suivent au moins quatre de leurs cours en français ainsi qu'une formation linguistique pour les aider. Les besoins des enseignants et enseignantes sont très différents au postsecondaire qu'au niveau primaire et secondaire. Je ne pourrais pas nécessairement répondre à votre question à ce niveau. Par contre, je sais que plusieurs de nos universités forment des enseignants et des enseignantes qui travailleront dans les écoles primaires et secondaires au niveau des classes d'immersion.
La sénatrice Fortin-Duplessis : Depuis les dernières années, constatez-vous un changement dans la composition sociodémographique de votre clientèle au sein des universités de la francophonie canadienne?
Mme Lalonde : Absolument. Il y a eu un très grand changement au niveau des étudiants qui s'inscrivent dans nos universités membres de l'AUFC. Premièrement, les universités travaillent de plus en plus pour impliquer des étudiants internationaux. Je peux vous dire, par exemple, qu'à l'Université de Moncton, entre 18 et 20 p. 100 de la population étudiante proviennent de pays étrangers. Au collège Glendon à Toronto, au niveau de l'immersion, au moins 65 p. 100 de leurs étudiants proviennent du programme de l'immersion. Donc, la population étudiante est très diversifiée selon chaque région.
À l'Université d'Ottawa, la population étudiante vient de partout dans le monde. Il y a une population francophone, ontarienne et canadienne, mais leur cible pour les prochaines années au niveau des étudiants internationaux et des immigrants est très élevée. Chaque université a établi des cibles comme cela. Donc, ils doivent adapter leurs programmes à cette diversité.
La sénatrice Fortin-Duplessis : Avez-vous remarqué des différences entre les garçons et les filles? Y a-t-il plus de garçons ou de filles qui s'inscrivent?
Mme Lalonde : Je ne peux pas dire au niveau de l'immersion et des immigrants, mais sans avoir de chiffres exacts, dans nos universités, de plus en plus de filles s'inscrivent dans différents programmes. C'est sûr que cela dépend des programmes. Certains programmes attirent encore plus de garçons que de filles, mais quand on parle des sciences de la santé, par exemple, il y a plus de filles que de garçons. Généralement, depuis quelques années, il y a plus de filles qui s'inscrivent à l'université et au collège que de garçons.
La sénatrice Fortin-Duplessis : Je vous remercie, madame Lalonde.
La sénatrice Tardif : Bonjour, madame Lalonde. Je connais très bien l'excellent travail du Consortium national de la formation en santé ainsi que l'Association des universités de la francophonie canadienne. J'ai eu l'heureux plaisir d'y œuvrer en tant que chef d'établissement d'une institution postsecondaire francophone et d'avoir vu d'excellents résultats au fil des années de la part de ces deux associations.
Alors que j'y étais, le problème était toujours — et je crois que c'est toujours le cas — la capacité de nos institutions postsecondaires francophones à l'extérieur du Québec d'attirer des étudiants, de recruter un nombre suffisant d'étudiants. C'est toujours un défi, je crois, car un grand nombre d'étudiants ne savent pas qu'ils peuvent continuer leurs études postsecondaires en français dans ces institutions qui sont réparties dans sept provinces canadiennes. Que faites-vous en tant qu'association pour essayer de recruter davantage d'étudiants, non seulement au plan international, mais ici même à l'intérieur du Canada?
Mme Lalonde : L'AUFC, qui représente ces 14 institutions, a tout un plan d'action au niveau de sa visibilité et de la visibilité des universités qu'elle représente. Par exemple, nous travaillons de près avec l'Association canadienne des professeurs en immersion, que vous avez rencontrés. On travaille de près aussi avec Canadian Parents for French. Au niveau des programmes en immersion, on travaille vraiment de près avec ces gens pour pouvoir rejoindre les parents et les informer de ce qui existe au niveau postsecondaire en français.
On fait également partie de la table ronde sur l'éducation. Cette table regroupe tous les organismes nationaux en éducation, du primaire au postsecondaire. Par l'entremise de ces tables, nous travaillons avec la Fédération nationale des conseils scolaires francophones pour rejoindre les écoles françaises partout au Canada et faire la promotion de l'éducation postsecondaire en français.
Nous sommes de plus en plus connus dans ces milieux. Il demeure toujours un travail important à faire valoir aux parents et aux jeunes, car les parents ont encore une grande influence sur leurs enfants lorsque vient le temps de décider où ils poursuivront leur éducation postsecondaire. Il y a des mythes qui persistent et nous devons travailler fort pour démontrer l'excellence des programmes qui existent en français un peu partout. Les universités font beaucoup de promotion partout au Canada. Nous vous avons d'ailleurs remis une fiche décrivant les programmes offerts dans les différentes universités. On a mis sur pied un site web qui nous donne toute une visibilité.
Nous travaillons très fort pour développer et mettre en place la promotion nécessaire pour faire reconnaître les universités.
La sénatrice Tardif : Considérez-vous également des programmes de bourses et d'échanges étudiants pour attirer et recruter les jeunes?
Mme Lalonde : Absolument. À l'heure actuelle, il y a des programmes de bourse qui existent dans chaque université pour les étudiants francophones. Nous sommes bien heureux que le gouvernement fédéral nous appuie pour une deuxième année et qu'il nous finance jusqu'à 25 bourses pour des étudiants en immersion. Depuis deux ans, 25 étudiants de programmes d'immersion du secondaire peuvent avoir accès à des bourses afin de poursuivre leurs études postsecondaires au premier semestre.
La sénatrice Tardif : J'aurais une question complémentaire. Ces bourses font-elles partie de la feuille de route ou proviennent-elles d'un autre programme?
Mme Lalonde : Non, elles ne proviennent pas de la feuille de route. La plupart des bourses que nous avons sont des bourses que les universités elles-mêmes offrent aux étudiants qui commencent en première année dans les programmes spécifiques. Il y a différentes bourses et différentes fondations qui offrent du financement. Les fonds pour la bourse d'immersion dont je vous parle proviennent de Patrimoine canadien et non de la feuille de route.
La sénatrice Tardif : Selon les montants qui ont été dévoilés dans la feuille de route pour les années 2013 à 2018, est- ce qu'il y a des investissements qui viennent appuyer le travail que vous faites?
Mme Lalonde : Je pense que les investissements qui nous appuient pour ce qui est de l'éducation postsecondaire nous proviennent par l'entremise des ententes avec les provinces. Dans le moment, les négociations se poursuivent entre le fédéral, le Conseil des ministres de l'Éducation du Canada et les provinces.
Ce n'est donc pas terminé, mais c'est le même montant qui est disponible dans cette enveloppe pour les prochaines années.
Le sénateur De Bané : Madame Lalonde, on apprend, en lisant votre document, que près de 6 000 étudiants, qui sont diplômés des différentes universités membres de ce regroupement sont bien formés, bilingues, et cetera. Est-ce que ces 6 000 diplômés par année trouvent de l'emploi en tant que professeur d'immersion?
Les différents gouvernements provinciaux ont des programmes pour stimuler la demande dans ce domaine où ces 6 000 diplômés trouvent un emploi. Mais on pourrait l'augmenter beaucoup s'il y avait une bonne promotion de ces cours. Que pourriez-vous dire à ce sujet?
Mme Lalonde : Premièrement, les diplômés des universités travaillent dans une variété de domaines comme la formation, l'éducation, mais aussi dans tout autre domaine. Ces diplômés ont habituellement très peu de difficulté à se trouver un emploi. Lorsqu'on regarde les statistiques et les différentes études faites, il est très clair que les personnes ayant une éducation postsecondaire et étant complètement bilingues sont habituellement des personnes qui sont recherchées sur le marché du travail.
C'est certain qu'il y a de la place pour l'amélioration de la promotion de nos programmes. On a la capacité d'augmenter le nombre d'étudiants que l'on pourrait recevoir. Il s'agit de continuer à travailler pour faire valoir l'importance de l'éducation postsecondaire en français pour tous, que ce soit pour les francophones, pour les étudiants en immersion, pour les étudiants internationaux ou pour les immigrants dans nos communautés.
Le sénateur De Bané : Êtes-vous satisfaite de ce que les gouvernements provinciaux font dans le domaine de la promotion de la langue française? Selon mes chiffres, il me semble qu'à l'exception de l'Alberta, le nombre d'étudiants en immersion française diminue. Ai-je raison ou tort en disant cela?
Mme Lalonde : Vous voulez dire les gens qui sont en immersion française au primaire et au secondaire?
Le sénateur De Bané : Oui. L'Alberta est en hausse, mais dans les autres provinces, il y a un fléchissement.
Mme Lalonde : Je ne pourrais pas vous donner l'information pour ce qui est du primaire et du secondaire. Au niveau du postsecondaire, le nombre d'étudiants augmente, parce que de plus en plus, dans nos universités, on met en place des services d'appui pour les gens qui arrivent de l'immersion. Il ne faut pas oublier que lorsqu'ils arrivent au niveau de l'éducation postsecondaire, c'est la première fois qu'ils sont dans une classe avec des francophones, parce qu'en immersion au niveau secondaire, ce sont des anglophones qui suivent les cours d'immersion, tandis que lorsqu'ils arrivent au niveau de l'éducation postsecondaire, ils se retrouvent souvent dans des classes avec plusieurs francophones et quelques anglophones. Chaque université a des services d'appui pour aider ces gens. Par contre, les services ne sont pas toujours aussi importants qu'on le voudrait. Ils le sont dans les grandes universités telles que l'Université d'Ottawa, qui a un programme très bien pour les étudiants en immersion. Par contre, lorsqu'on a des petites universités, c'est très difficile d'offrir tous les services sans l'appui du gouvernement.
Le sénateur De Bané : Avez-vous avez une opinion personnelle sur le meilleur âge auquel l'enfant doit être exposé à une seconde langue? Certains disent qu'il faut que ce soit avant l'âge de 11 ans pour qu'éventuellement ils maîtrisent à la perfection les deux langues. D'autres disent au contraire qu'il ne faut surtout pas les exposer trop vite à une deuxième langue.
Mme Lalonde : Je ne suis pas experte dans le domaine, mais mon expérience personnelle me dit que plus un enfant est jeune, plus ce sera facile pour lui d'apprendre une deuxième langue. C'est souvent beaucoup plus facile pour un enfant de commencer en immersion au niveau primaire pour acquérir une deuxième langue.
Par contre, j'ai l'exemple d'une personne que je connais bien, à l'Université Sainte-Anne, qui est arrivée avec des cours de français langue seconde et même pas d'immersion et qui présentement enseigne à l'Université Sainte-Anne. C'est peut-être une exception à la règle, mais ce serait ma réponse à votre question.
Le sénateur De Bané : Si vous aviez une recommandation à nous faire, ce soir, quelle serait celle, d'après vous, qui serait la plus importante de garder à l'esprit?
Mme Lalonde : On a parlé beaucoup, depuis plusieurs années, de l'immersion au niveau primaire et secondaire. Mais on a très peu parlé de poursuivre nos études après le secondaire en français, surtout pour les gens qui viennent de l'immersion.
Si on veut avoir une main-d'œuvre bilingue, il faut que ces personnes puissent poursuivre leurs études en français après le secondaire, sinon on s'aperçoit très clairement que cinq ans après qu'ils ont terminé leur secondaire en immersion, s'ils ne poursuivent pas, il y a une diminution de leurs capacités à parler le français.
Si on injecte des fonds dans des programmes d'immersion, il faudrait s'assurer de regarder l'importance sur le continuum de l'éducation et commencer à parler de l'immersion de la première année jusqu'à la fin des études postsecondaires.
La deuxième chose qui est importante, je crois qu'il faut aussi répondre aux besoins des étudiants internationaux et des immigrants. Pour ce faire, il faut mettre en place des programmes qui leur permettront de s'adapter à une nouvelle réalité, à un nouveau pays, à une nouvelle culture.
Le sénateur McIntyre : Récemment, je lisais dans un quotidien qu'il y avait actuellement plus d'allophones que de francophones dans les écoles montréalaises. Autrement dit, le nombre d'allophones dépasse maintenant le nombre de francophones. Dans le réseau scolaire montréalais, 42,6 p. 100 des étudiants sont allophones, alors que 36,7 p. 100 sont francophones.
Cette réalité force les enseignants à concevoir de nouvelles méthodes afin d'assurer la sauvegarde du français en classe. Ce qui est encore plus inquiétant, c'est que les parents d'élèves allophones ne parlent pas français à la maison. Dans certaines commissions scolaires, on n'hésite pas à offrir carrément des cours de français aux parents pour renverser cette tendance.
Selon vous, existe-t-il d'autres moyens pour renverser cette tendance et est-ce que nos établissements postsecondaires font face au même problème?
Mme Lalonde : Vous parlez de la situation actuelle à Montréal en particulier. Il est important de trouver une façon de s'assurer que dans nos communautés francophones hors Québec, la population puisse parler le français.
Vous avez parlé de l'implication des parents et je crois que l'éducation ne peut pas se faire seulement à l'école. Il faut absolument qu'au primaire et au secondaire les parents puissent permettre aux étudiants de bien réussir dans la langue française.
Il faut aussi que le système scolaire puisse obliger les étudiants, quand ils sont à l'école, à parler le français. Au niveau postsecondaire, on doit évaluer le niveau de capacité langagière de l'étudiant dès son arrivée pour pouvoir par la suite lui proposer des cours de français, et tout dépend de ses capacités langagières. Cela lui permettrait de développer des capacités en français et de parler un français acceptable, suivre des cours en français qui vont lui permettre de bien réussir.
La plupart de nos universités évaluent l'étudiant, établissent ses besoins de formation en matière de français et l'étudiant doit suivre ces cours pour pouvoir poursuivre à l'université.
Le sénateur McIntyre : Habituellement, les universités de la francophonie canadienne ciblent les différentes clientèles francophiles immigrantes. Comment ces différentes clientèles interagissent-t-elles entre elles à l'intérieur et à l'extérieur de la classe? Est-ce que le tout se déroule de façon normale ou y a-t-il des conflits au niveau de la langue parlée?
Mme Lalonde : Je n'ai jamais entendu parler de problématiques lors des rencontres du conseil d'administration, lorsque tous les recteurs des universités sont présents. Il n'a jamais été question de difficultés sociales, puisque vous parlez des différents groupes d'étudiants qui sont sur un campus universitaire.
Par contre, je suis certaine que c'est une diversité de personnes avec une diversité de façons de faire. C'est souvent une méconnaissance d'un groupe à l'autre qui fait qu'il peut y avoir certains conflits. Je crois que l'important c'est de permettre aux jeunes de bien apprendre à connaître leur culture pour pouvoir éviter des méconnaissances de l'un ou de l'autre, parce que selon moi c'est ce qui peut occasionner des problèmes.
Le sénateur McIntyre : Dans les établissements postsecondaires francophones, à l'extérieur de la salle de classe, j'ose croire qu'on parle surtout français.
Mme Lalonde : Absolument. Vous devez savoir que certaines universités sont complètement strictement francophones, comme l'Université de Moncton. Par ailleurs, certaines universités sont davantage bilingues, par exemple l'Université d'Ottawa.
Vous avez également l'Université de Hearst qui est complètement francophone; vous avez le Campus Saint-Jean, de l'Université de l'Alberta, où il y a un campus francophone dans une grande université anglophone. Cela dépend un peu du milieu de vie des gens, si on est dans un milieu majoritairement anglophone, ce qui est plus souvent le cas dans l'Ouest canadien et peut-être aussi dans certaines régions du Nouveau-Brunswick.
Selon moi, c'est plus difficile quand on est dans une région majoritairement anglophone si on a une proportion de francophones un peu plus grande, les chances que le français soit plus présent à l'université sont plus grandes.
La sénatrice Poirier : Madame Lalonde, merci d'être ici ce soir. Parmi les étudiants qui ont étudié en immersion, quel est le pourcentage d'étudiants qui vont en éducation postsecondaire et qui vont à l'université francophone?
Mme Lalonde : Je n'ai pas le pourcentage et le nombre dans le moment. Je crois qu'ils sont environ 5 500 dans nos universités. Il faudrait vérifier et je pourrais vous avoir cette information.
La sénatrice Poirier : Il serait intéressant de savoir combien d'entre eux proviennent d'une famille anglophone et combien ont pris l'immersion française durant leurs années à l'école primaire et ont décidé de continuer à l'université totalement francophone.
Mme Lalonde : Je pourrais vous avoir le nombre d'étudiants qui sont en immersion en ce moment au secondaire. Je pourrais fournir cette information, mais je sais qu'actuellement il y en a 5 500, mais ce n'est pas nécessairement dans une année parce qu'ils peuvent être là depuis quatre ans aussi. C'est difficile d'obtenir le pourcentage, mais je pourrais vous fournir certaines statistiques qui vous donneraient une idée.
La sénatrice Poirier : Savez-vous si une province est meilleure qu'une autre et si c'est le cas, que fait cette province pour encourager les gens qui ont étudié en immersion à fréquenter une université francophone?
Mme Lalonde : Cela dépend des endroits où se situé l'université et non l'université comme telle. Par exemple, Toronto est une région assez anglophone mais compte plusieurs francophones. Au collège Glendon, il y a un bon pourcentage de gens qui viennent d'immersion et c'est le seul collège où c'est possible de prendre des cours en français.
En Nouvelle-Écosse, l'Université Sainte-Anne attire beaucoup les jeunes en immersion. Il y a le Campus Saint-Jean en Alberta, l'Université de Saint-Boniface attire aussi un nombre important d'étudiants en immersion.
Par contre, l'Université de Moncton compte un pourcentage beaucoup plus bas de jeunes en immersion et dans les universités complètement francophones, le nombre de personnes en immersion est un peu moins élevé.
La sénatrice Poirier : Pourriez-vous faire parvenir ces statistiques à la greffière?
Mme Lalonde : Quel genre de chiffres voudriez-vous obtenir?
La sénatrice Poirier : Si vous avez des chiffres à savoir combien, parmi les étudiants qui ont étudié en immersion, décident de poursuivre leur éducation au postsecondaire et combien vont à une université francophone versus une université anglophone.
Mme Lalonde : Je vais voir ce que je peux faire.
La sénatrice Poirier : Ma deuxième question est la suivante : on sait qu'il y a beaucoup d'universités francophones mais qu'elles sont dispersées à travers le pays. Les étudiants de ces universités viennent de partout, pas seulement du Canada.
Mme Lalonde : Absolument, oui.
La sénatrice Poirier : À l'Université de Moncton, quel est le pourcentage d'étudiants qui viennent de l'extérieur et qui retournent travailler dans leur communauté par après?
Mme Lalonde : Il faudrait que chaque université puisse fournir ces données; je ne suis pas certaine que les universités disposent de ces données concernant les lieux de travail de tous leurs diplômés. Je ne pense pas qu'ils aient ces informations à l'université. Je ne les ai pas; je peux vérifier, mais cela m'étonnerait que les universités disposent de ces données.
La sénatrice Poirier : Vous parlez des universités francophones et anglophones, mais aussi des universités bilingues. Expliquez-moi ce qu'est une université bilingue? Quels services offrent-elles?
Mme Lalonde : Une université bilingue offre, par exemple, un programme de sciences infirmières complètement en français et un autre programme de sciences infirmières complètement en anglais. Ces universités offrent des programmes en français et des programmes en anglais dans différents domaines.
Le sénateur De Bané : Comme l'Université d'Ottawa.
Mme Lalonde : L'Université d'Ottawa offre la plupart de ses programmes en français et en anglais. Certains décident de suivre deux programmes en français, deux programmes en anglais; il y en a qui ne font pas tout leur cheminement en français et qui prennent certains programmes en anglais, certains en français ou certains cours. Ces universités offrent les deux possibilités.
La sénatrice Poirier : Pour un jeune, par exemple, qui décide de suivre des cours en français ou en anglais majoritairement, savez-vous s'il provient d'un milieu francophone ou d'un milieu plutôt anglophone avec immersion? Existe-t-il des statistiques à ce sujet?
Mme Lalonde : Non, pas du tout. Cela dépendrait aussi de quelle région. Dans certaines régions où le français est davantage minoritaire, l'étudiant peut préférer suivre certains cours en français et d'autres en anglais, mais je suis presque certaine qu'on ne dispose pas de ces données dans les universités.
La sénatrice Poirier : Une université bilingue offre-t-elle plus de choix, plus de services ou plus d'offre de cours ou de services dans l'autre langue? Par exemple, un étudiant anglophone qui fréquente l'université bilingue se voit-il offrir plus d'avantages ou plus de programmes afin de suivre des cours en français? Et l'inverse si un francophone veut apprendre l'anglais.
Mme Lalonde : Sûrement, parce que c'est accessible à la même université. Par contre, un anglophone peut décider de fréquenter l'Université d'Ottawa parce qu'il aime le programme offert en anglais dans cette faculté; ça peut être les deux. Ça peut être quelqu'un qui veut suivre certains cours en français, d'autres en anglais; ça peut être parce que tel programme est reconnu à telle université qui l'offre en anglais et qu'il veut poursuivre à cet endroit. Ça peut aussi être parce que telle université l'offre en français; l'Université Laurentienne à Sudbury offre des programmes en français et en anglais. Les programmes ne sont pas toujours offerts dans les deux langues; certains peuvent être offerts strictement en français et d'autres offerts strictement en anglais.
La sénatrice Poirier : Sont-ils plus avancés dans les programmes pour offrir une deuxième langue à un étudiant, comparativement à une autre université?
Mme Lalonde : Pas nécessairement.
La sénatrice Tardif : Je voulais simplement répondre à ma collègue en disant que, par exemple, au Campus Saint- Jean de l'Université de l'Alberta, pour le programme de baccalauréat en sciences de la santé et pour le programme de baccalauréat en administration des affaires, les étudiants doivent, étant donné la disponibilité des ressources humaines et financières, faire deux années en français et ensuite deux années en anglais. Ces deux programmes sont considérés des programmes bilingues. Évidemment, si les ressources étaient suffisantes pour embaucher les professeurs nécessaires pour offrir l'ensemble des cours en français, ce serait complètement en français. Comme ce n'est pas le cas, une entente a été conclue avec le campus principal et les étudiants font 50 p. 100 de leurs cours en français et 50 p. 100 de leurs cours en anglais.
La sénatrice Poirier : Il faut être vraiment bilingue.
La sénatrice Tardif : Pour plusieurs, l'anglais est dominant et le défi se pose en français pour eux, mais pour certains le français est dominant et le défi est l'anglais. Cela nécessite un appui à l'extérieur de la salle de classe.
La sénatrice Champagne : Vous disiez tout à l'heure que le protocole d'entente entre le gouvernement fédéral et le Conseil des ministres de l'éducation du Canada venait à échéance à la fin mars et qu'ils sont à le renégocier.
Mme Lalonde : C'est exact.
La sénatrice Champagne : Avez-vous été consultés dans le cadre de cette renégociation? Sinon, vous attendez-vous à être consultés? Est-ce qu'on vous a demandé ce que vous en pensiez?
Mme Lalonde : L'Association des universités de la francophonie canadienne n'a pas été consultée concernant les négociations en cours. Je pense toutefois qu'il est possible que certaines universités membres de l'AUFC, par les recteurs de ces universités, aient certainement eu des liens avec leur ministère respectif dans chacune des provinces pour parler de leurs besoins.
La sénatrice Champagne : On ne peut qu'espérer que l'enseignement postsecondaire fera toujours partie de leurs priorités pour la prochaine entente.
Il y a autre chose que j'aimerais étudier avec vous. Des élèves anglophones sont allés en immersion et d'autres ont suivi des cours de français de base. Ceux qui n'ont suivi que les cours de français de base vont-ils poursuivre une éducation postsecondaire en français ou beaucoup moins? Peut-on comparer les résultats des deux?
Mme Lalonde : Certains étudiants de formation française de base ont poursuivi leur éducation postsecondaire en français. Par contre, les étudiants d'immersion sont plus nombreux à poursuivre. À savoir comment ont-ils réussi, je ne pourrais pas répondre à cette question.
La sénatrice Champagne : Dommage. J'aimerais bien savoir si ceux qui n'ont suivi que les cours de français de base réussissent. Parce que finalement, ce sera nous, les Canadiens, qui gagneront la partie du français.
Je ne sais pas si vous avez vu dans les journaux il y a deux semaines; en France plusieurs universités ne donnent des cours qu'en anglais, en disant que leurs diplômés pourront aller ailleurs dans le monde, n'importe où, et ils seront davantage formés s'ils le sont en anglais. Cela me rend absolument folle, mais c'est quand même le cas. Que vous vous occupiez beaucoup des sciences de la santé, cela m'a fait me rappeler une rencontre. Je ne sais pas si le sénateur De Bané était du voyage au cours duquel, avec l'Assemblée des parlementaires de la Francophonie, nous avons fait un petit séjour en Louisiane.
Je me souviendrai toujours d'un petit jeune homme — je pourrais le dessiner si j'avais du talent — qui devait avoir 16 ou 17 ans et qui était au secondaire. À part ses cours au secondaire, il apprenait deux heures par jour de français. Il disait que plutôt que d'aller faire de la musique avec les gars, il suivait ses cours de français, parce que dès qu'il aurait terminé, il voulait devenir infirmier.
Je lui ai demandé s'il y avait une raison particulière pour laquelle il avait choisi ça. Il m'a répondu que c'était très simple, que c'était parce que sa grand-mère ne parlait pas anglais. Ils étaient des Cajuns; sa grand-mère ne parlait que français et il n'y avait pas d'infirmières ou de médecins — nous étions à Lafayette — qui parlait français. Il disait qu'avec le petit peu qu'il avait appris avec des cours deux heures par jour durant deux ans, c'était lui qui devait servir d'interprète. Et s'il y a un moment dans la vie où on a besoin de se faire parler dans sa langue, je pense que c'est quand on est malade.
Si on veut rêver d'avoir une main-d'œuvre bilingue dans notre pays, il faut garder le français. L'anglais, on l'apprend un peu partout, même s'il n'est pas toujours parlé d'une façon impeccable — les Anglais qui parlent notre langue ne le parlent pas toujours d'une façon impeccable non plus —, mais il serait bien d'avoir une main-d'œuvre bilingue, dans tous les domaines, que ce soit celui de la santé ou d'autres.
Il y a deux ans, je suis allée à Montréal où on célébrait le 50e anniversaire des universités de la Francophonie. Il y avait beaucoup de gens des universités canadiennes, mais il y en avait également de partout dans le monde où il y a des universités francophones, de l'Université Senghor, entre autres.
Je pense que nous avons, au Canada, toutes les possibilités pour offrir à nos jeunes les occasions de devenir bilingues, par l'immersion, entre autres. Au Québec, bien sûr, on se bat encore, même s'il y a eu de l'immersion. Il y en avait dans la petite ville de Saint-Lambert. À un moment donné, l'immersion était dans les deux langues, autant en français qu'en anglais, elle l'était dans la rue. La preuve est que deux ans après être déménagés dans cette maison, tous les enfants parlaient les deux langues. Mais si nous faisons tout ce que nous pouvons faire, avec l'aide de gens comme vous, je pense que nous pourrons arriver à avoir des Canadiens bilingues.
En écoutant les entrevues lors des Jeux olympiques de Vancouver, j'ai réalisé que les jeunes anglophones qui viennent de Colombie-Britannique, d'Alberta ou du Manitoba, parlent très souvent un meilleur français que l'anglais parlé par les Québécois. Les cours d'immersion et le français de base, ce n'est peut-être pas suffisant, mais il faut les encourager.
Mme Lalonde : Absolument.
La sénatrice Champagne : Parce que comme vous nous le disiez tout à l'heure, c'est vraiment ceux qui ont fait de l'immersion au secondaire et qui arrivent au postsecondaire et qui sont les plus tentés d'aller à l'université en français. Ceux qui n'ont appris que deux ou trois phrases de français mal construites, dans un français approximatif, seront moins tentés d'aller à l'université en français.
Mme Lalonde : Vous savez, les étudiants qui arrivent au postsecondaire et qui payent leurs études veulent quand même bien réussir leur éducation. Pour eux, c'est important de sentir qu'ils ont l'appui des universités et puis qu'ils ont la capacité de pouvoir poursuivre en français et en immersion au postsecondaire, puisqu'ils ne voudront pas mettre en péril la réussite de leurs études.
La sénatrice Champagne : Espérons que ces négociations se déroulent bien et que l'enseignement postsecondaire fasse toujours partie des priorités de nos ministres de l'Éducation.
Le sénateur Mockler : Madame Lalonde, la sénatrice Tardif a dit plus tôt qu'au Campus Saint-Jean, les étudiants inscrits au bac en sciences de la santé, par exemple, faisaient leurs deux premières années en français et leurs deux dernières années en anglais. Pourrait-on penser que des infirmières ou des gens du système de la santé qui peuvent parler les deux langues officielles bénéficient d'un atout pour avoir de l'emploi et être mieux rémunéré?
Mme Lalonde : Je peux tout d'abord vous dire que le bac bilingue en sciences infirmières au Campus Saint-Jean est un très bon programme. Par contre, dans la majorité de nos programmes offerts un peu partout au Canada, c'est le seul bac bilingue qui existe. Le programme de sciences infirmières est offert partout en français. Par contre, les francophones diplômés de ces programmes sont 98, 99 p. 100 bilingues parce que pour pouvoir travailler dans nos milieux, il faut avoir la capacité aussi de parler l'anglais.
Je peux vous dire que ces personnes qui ont la capacité de parler dans les deux langues sont toujours très recherchées pour les employeurs. L'employeur reconnaît de plus en plus l'importance que les communautés ou les personnes qui parlent français puissent avoir accès à des services de santé en français. Il y a eu beaucoup de sensibilisation dans ce domaine depuis les 10 dernières années. On appuie 23 différentes formations en santé, que ce soient les infirmières, les préposés aux soins de santé dans nos foyers pour personnes âgées, que ce soient les médecins, les physiothérapeutes ou dans les soins ambulanciers, tant aux niveaux collégial qu'universitaire. Je dois dire que pour tout ce qui est du dossier de la santé du CNFS, les fonds proviennent de la Feuille de route pour les langues officielles.
Pour répondre à la question de la sénatrice Tardif, si on touche juste à l'éducation postsecondaire, ce n'est pas la feuille de route, mais quand on parle du consortium, les fonds proviennent de la feuille de route.
Ma réponse est donc oui, les gens qui sont formés dans nos programmes ont beaucoup de facilité à se trouver un emploi parce qu'ils sont recherchés par les employeurs.
Le sénateur Mockler : Selon de nombreuses recherches récentes, l'apprentissage d'une langue seconde peut être bénéfique à plusieurs points de vue. Et on le voit avec l'exemple du bac.
Pourriez-vous nous donner d'autres avantages économiques associés à la connaissance des deux langues permettant d'offrir un service en français et en anglais?
Mme Lalonde : Si on pense au Canada, à notre pays, je pense qu'une main-d'œuvre bilingue est une main-d'œuvre qui peut très bien fonctionner dans une économie mondiale, comme celle dans laquelle on est présentement, et où le gouvernement signe des ententes avec plusieurs pays sur le plan de l'économie. Je pense donc que pour le gouvernement fédéral, puisqu'on parle beaucoup de l'importance de l'économie depuis quelques années, avoir une main-d'œuvre bilingue est une valeur ajoutée très importante pour une économie mondiale dans laquelle doit se positionner le Canada.
La sénatrice Champagne : On va tous vouloir apprendre le mandarin ou le cantonais.
Mme Lalonde : Comme troisième langue!
Le sénateur Mockler : En terminant, je veux vous remercier du rôle que vous avez joué à l'Université de Moncton pour avoir les cours en santé. Je sais que vous avez joué un rôle important, j'étais présent.
J'aimerais ajouter que je viens d'apprendre que jusqu'à tout récemment, le président de l'Agence universitaire de la Francophonie était M. Yvon Fontaine, un Acadien. Et qu'il a fait un excellent travail.
Mme Lalonde : Oui, excellent.
Le sénateur Mockler : Je crois que cela doit paraître dans notre compte rendu. Vous faites de l'excellent travail.
Le sénateur Robichaud : Il venait de Saint-Louis.
Le sénateur Mockler : Yvon Fontaine venait de Saint-Louis. Merci, sénateur Robichaud.
J'allais dire qu'environ 40 p. 100 des étudiants de la faculté d'administration sont de pays étrangers. D'ailleurs, je vous invite fortement à prendre connaissance du rapport intitulé Le Canada, le bilinguisme et le commerce, présenté par le Conference Board du Canada, à Ready Canada, à la SODEC et à Industrie Canada. Le résultat démontre que la langue joue un rôle central dans les relations commerciales. Par exemple, en 2011, les exportations du Québec et du Nouveau-Brunswick vers des pays francophones ont été deux fois plus élevées que ce qu'on aurait pu supposer compte tenu de leur part des exportations à l'intérieur de notre propre pays.
Pour terminer, j'aimerais que vous me donniez votre opinion sur l'éducation à distance. On croit souvent qu'il faut construire des infrastructures pour améliorer l'éducation au pays.
Mme Lalonde : C'est un point extrêmement important. Les communautés minoritaires francophones au Canada sont dispersées et sont souvent dans les régions rurales; la formation à distance rend accessible l'éducation postsecondaire à toute la population et il faut vraiment la développer.
On le fait beaucoup au Consortium national de formation en santé, parce qu'on a des programmes complets offerts à distance. En Nouvelle-Écosse, l'Université Sainte-Anne avait besoin de travailleurs sociaux. Dans le domaine de la santé, c'est important que le patient puisse communiquer avec son soignant dans la langue qu'il comprend le mieux. L'Université Laurentienne en Ontario a donc offert plusieurs cours en ligne que les étudiants pouvaient suivre à partir de leur domicile. Une entente a été conclue entre les deux universités et une trentaine d'étudiants ont reçu leur diplôme de travailleur social sans avoir à quitter la Baie Sainte-Marie.
La formation à distance est de plus en plus considérée par ces 14 universités qui travaillent ensemble pour diminuer les coûts et augmenter les capacités. Vous le savez sans doute, dans certaines régions, il peut y avoir une pénurie de certains profs pour enseigner certains programmes. Cette situation peut parfaitement être améliorée par les programmes universitaires à distance.
Actuellement, on est à mettre en place un programme de mobilité à l'échelle pancanadienne, incluant le Québec, ce qui donnera la possibilité aux étudiants de suivre des cours pendant un semestre dans n'importe laquelle de nos universités, incluant les universités du Québec. On aurait la possibilité de permettre à des enseignants d'aller dans une autre université pour un autre semestre pour offrir leurs services. On aurait la possibilité de faire des recherches à l'échelle pancanadienne, ce qui permettrait à des chercheurs de travailler dans d'autres universités. On est à mettre sur pied ce programme et on espère avoir l'appui du gouvernement fédéral pour nous permettre de travailler en collaboration et pour améliorer l'accès à l'éducation de nos populations.
Le sénateur Mockler : Plutôt que d'investir dans les infrastructures?
Mme Lalonde : On n'a pas besoin de plus d'infrastructures.
La présidente : Sénateur Mockler, vous avez cité l'extrait d'un rapport; pourriez-vous nous en donner le titre au complet et son origine?
Le sénateur Mockler : Je vous en ferai part et peut-être qu'on devrait prendre les mesures nécessaires pour le distribuer à tous les sénateurs.
La sénatrice Champagne : Je ne sais pas si vous avez lu le rapport déposé par le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, de la science et de la technologie déposé au Sénat il y a peut-être un an, un an et demi. On y étudiait les problèmes d'éducation des Autochtones. Dans les bourgades, c'est difficile, mais maintenant, avec l'Internet, ils ont l'électricité, il y a des satellites et beaucoup de cours sont accessibles par Internet. On en a beaucoup parlé, parce que c'est un des sujets qui ont été étudiés en profondeur par le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, de la science et de la technologie. Ce que vous nous dites ajoute à ce rapport et cela devrait convaincre notre gouvernement de faire des efforts.
Nous retrouvons les mêmes problèmes dans le domaine de la santé. Les infirmiers ou les infirmières qui travaillent dans le Grand Nord n'ont souvent pas accès à un médecin dans le village où ils sont, mais ils peuvent s'informer et demander des conseils à un médecin par Internet. C'est une autre forme d'éducation à distance. Ce que vous avez dit m'a rappelée que j'avais travaillé plusieurs mois sur ce comité.
Le sénateur Robichaud : J'aurais un petit commentaire pour appuyer ce qui vient d'être dit sur l'importance de la santé en français.
Au Nouveau-Brunswick, on a deux réseaux : un qui opère dans une langue et l'autre dans l'autre langue, mais on n'offre pas des services identiques dans les deux langues. Certains doivent aller dans un réseau de l'autre langue, parfois. Un ami m'a confié qu'à un moment donné, il a dû faire l'interprétation des commentaires d'un médecin à un patient. Cette personne avait un certain âge et ne comprenait pas très bien l'anglais. On l'a dit, c'est important, lorsqu'on se sent mal, de pouvoir comprendre ce qui nous est dit.
Vous avez fait deux recommandations. Vous dites que le gouvernement canadien devrait augmenter son appui au système d'éducation en langue française et vous parlez également d'un financement accru. On parle de combien? C'est quoi, des ressources, c'est de l'argent? Est-ce considérable?
Mme Lalonde : Moi, je crois que non. Juste pour répondre à votre premier exemple, je veux juste dire que c'est inacceptable qu'on fasse de la traduction comme cela et c'est pour cela qu'on travaille fort à augmenter l'accès à des services de santé en français.
Le sénateur Robichaud : Remarquez qu'il n'y avait pas de mauvaise volonté d'une part ou de l'autre. C'était une situation.
Mme Lalonde : C'est simplement qu'il n'y avait pas le personnel nécessaire.
Pour votre deuxième question concernant les montants, pour vous donner un exemple, on a travaillé avec l'ACPI et Canadian Parents for French. Pour avoir un peu de financement, il faut regarder avec les étudiants leurs besoins s'ils voulaient poursuivre leurs études en français au niveau postsecondaire, et ce qu'on devrait mettre en place dans nos universités pour répondre à ces besoins. On avait fait une demande de financement qui était assez raisonnable. Les fonds sont très limités à ce moment-ci, donc on a reçu un petit financement de Patrimoine canadien pour démarrer le projet et nous en sommes bien contents.
Toutefois, ce serait bien d'avoir un financement de démarrage; c'est le plus difficile à obtenir. Comment obtenir un financement de démarrage avec lequel on prendrait les meilleures pratiques de notre système? L'Université d'Ottawa a de bonnes pratiques, l'Université de Saint-Boniface a des bonnes pratiques au plan des services d'appui. Comment aider les petites universités à mettre en place ces services d'appui? On ne parle pas de montants importants, mais qui pourraient faire une grande différence au plan des études postsecondaires. Ce pourrait être fait avec un montant minime, mais là, je n'ose pas donner de chiffres.
La présidente : Nous voici rendus au deuxième tour de table. J'ai deux sénatrices qui désirent prendre la parole : la sénatrice Tardif, suivi de la sénatrice Fortin-Duplessis.
La sénatrice Tardif : On a beaucoup parlé aujourd'hui des étudiants provenant des programmes d'immersion et de français de base. Il est important d'assurer un continuum d'apprentissage dans la langue seconde. Toutefois, il est également important de nous assurer de garder nos étudiants francophones dans les milieux minoritaires. Il est important que ces étudiants choisissent de demeurer et choisissent de continuer leurs études dans un établissement francophone plutôt qu'un établissement où ils peuvent faire toutes leurs études en anglais. Cela dépend souvent de l'éventail de programmes qui leur sont offerts.
On sait que le CNFS a eu d'excellents résultats et sa création en 2003 est une bonne initiative. C'est alors que les universités se sont mises ensemble pour répondre au besoin de cours et de programmes pour la santé en français. Nos communautés exigeaient des soins dans leur langue. Il n'y avait rien pour répondre aux besoins de ces communautés.
D'après vous, y a-t-il d'autres domaines où il y a des lacunes dans l'offre de programmes en ce qui concerne le postsecondaire francophone pour répondre aux besoins de nos communautés francophones en situation minoritaire et aussi dans notre société?
Mme Lalonde : J'aimerais dire que je n'ai pas mis l'emphase sur les étudiants francophones puisque ce n'était pas le sujet d'aujourd'hui, mais c'est pour moi la priorité. On doit continuer à travailler pour s'assurer que nos francophones poursuivent leurs études en français au niveau postsecondaire.
La Feuille de route sur les langues officielles parle également du domaine de la justice. La justice est aussi importante que la santé. On est dans une position très vulnérable là aussi et on ne demandera peut-être pas pour nos services en français si on a quelqu'un devant nous qui est là pour nous dire si on sera accusé ou non de quelque chose.
De l'excellent travail se fait actuellement, mais on doit poursuivre et augmenter le nombre de formations dans les disciplines et les professions qui touchent à la justice.
La sénatrice Fortin-Duplessis : J'ai regardé l'ensemble de vos programmes d'étude en santé. Avez-vous beaucoup de jeunes médecins, soit homme ou femme, qui viennent apprendre une langue seconde ou si c'est plus dans les autres techniques ou les autres sciences, les soins et autres?
Mme Lalonde : Dans nos programmes en santé, la majorité des étudiants sont des francophones de nos communautés qui poursuivent leurs études en français. Il est évident que dans certains des programmes des gens viennent des programmes d'immersion. Je ne pourrais pas donner les nombres exacts, mais dans des régions comme à l'Université de Moncton, très peu d'étudiants dans les programmes de santé viennent de l'immersion. Dans l'Ouest canadien, au Campus Saint-Jean de l'Université de Saint-Boniface, au programme de sciences infirmières bilingue, 85 p. 100 des jeunes viennent du programme d'immersion. Cela varie beaucoup d'une région à l'autre.
La sénatrice Fortin-Duplessis : Avez-vous remarqué s'il y avait un manque de médecins un peu partout au Canada? Au Québec, on en manque, c'est définitif. On n'a pas assez de médecins, mais pour les autres provinces, je ne sais pas. Je ne me suis jamais penchée là-dessus.
Mme Lalonde : Il y a des besoins pour des médecins et des spécialistes partout au Canada. L'important pour nous est de former un nombre considérable de médecins et d'augmenter le nombre de médecins qui peuvent offrir des services de soins de santé en français. On a du financement pour la médecine. Cela permet de garder huit sièges par année dans les deux programmes qui sont offerts à l'extérieur du Québec en français. C'est-à-dire le Centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick en collaboration avec l'Université de Sherbrooke, l'Université de Moncton et le gouvernement du Nouveau-Brunswick et l'Université d'Ottawa dans ses facultés de médecine. Ces montants n'enlèvent pas le coût du financement pour ces étudiants, on parle du coût de base. Les étudiants paient le même montant pour poursuivre leurs études, mais avec les fonds du gouvernement fédéral, cela nous permet d'avoir des places réservées pour les étudiants des communautés francophones qui veulent poursuivre leurs études. Nous avons donc huit sièges par année pour une durée de quatre ans ce qui nous donne 32 étudiants dans les deux endroits. On parle de 64 étudiants chaque année. Après quatre ans, ils doivent poursuivre leurs études pour des spécialisations, mais on paie la formation de base.
Le sénateur Robichaud : Faites-vous un suivi auprès des personnes qui suivent une formation dans les deux langues pour savoir s'il devient difficile de continuer à travailler dans les deux langues à cause de la langue du milieu de travail?
Mme Lalonde : On parle de plus en plus d'offres actives de services de santé en français. À notre prochaine assemblée générale annuelle, dans deux semaines, tous les présidents et directeurs des universités et collèges membres du CNFS appuieront un énoncé qui exprime le fait que nous inclurons toute la question de travailler dans des milieux bilingues et souvent des milieux anglophones, ce qui fait en sorte qu'il faut former nos gens différemment qu'une personne qui travaille dans un milieu unilingue anglophone et ce, dans tous les programmes de formation en santé.
Si on veut des gens sur le marché de travail qui feront une offre active de services en français, il faut leur donner les outils nécessaires pour faire face à cette situation, qui est très différente de celle d'un autre professionnel de la santé.
La sénatrice Champagne : J'aurais un commentaire à ce sujet. On parle d'une personne qui ne sera utile que dans un hôpital totalement francophone. Toutefois, il faut aussi des personnes anglophones ou qui parlent l'anglais.
J'ai vécu l'expérience l'été dernier, alors que mon mari a été hospitalisé assez longtemps et où la chambre voisine était occupée par une dame qui ne disait pas un mot de français. Elle avait près de 80 ans, alors il est un peu tard pour commencer à apprendre une langue.
Parce qu'il y avait une salle de bain entre les deux, j'entendais les propos. Je me suis donc permise de faire le tour et jouer l'interprète, car elle ne pouvait pas se faire comprendre des infirmières qui étaient là. Il en va de même, quand maman vivait, si vous l'aviez envoyée dans un hôpital où personne ne parlait français, elle n'aurait pu communiquer. C'est l'un des métiers où cette question est critique.
Tout à l'heure, on parlait du secteur de la justice où se pose un peu le même problème. Si on a la chance d'avoir un avocat comme le sénateur McIntyre, il n'y a pas de problème et on peut passer d'une langue à l'autre. La justice et la santé sont des secteurs où il est important d'avoir des Canadiens bilingues. Je m'excuse de ce commentaire.
Le sénateur De Bané : Au contraire.
La présidente : Madame Lalonde, je vous remercie très sincèrement au nom des membres du Comité sénatorial permanent des langues officielles. Ce fut un plaisir de vous recevoir ici en tant que témoin. Vous avez démontré à quel point vous connaissez ces milieux par cœur et aussi à quel point, ensemble, avec les deux associations que vous dirigez, vous travaillez pour trouver les meilleures pratiques avec des résultats concrets pour nos communautés.
En mon nom et au nom des membres du comité, je vous remercie.
Mme Lalonde : Je vous remercie également. Ce fut un grand plaisir.
La présidente : Nous suspendons la séance quelques minutes pour ensuite reprendre à huis clos.
(La séance est levée.)