Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Pêches et des océans
Fascicule 12 - Témoignages du 29 novembre 2012 (séance du matin)
MONCTON, le jeudi 29 novembre 2012
Le Comité sénatorial permanent des pêches et des océans se réunit aujourd'hui, à 9 h 10, pour étudier la pêche au homard au Canada atlantique et au Québec.
Le sénateur Fabian Manning (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue ce matin à la réunion du Comité sénatorial permanent des pêches et des océans. Je m'appelle Fabian Manning et je suis sénateur de Terre-Neuve-et-Labrador. C'est moi qui assure la présidence de ce comité.
Je vais demander aux membres de notre comité de bien vouloir se présenter.
Le sénateur McInnis : Sénateur Tom McInnis de Nouvelle-Écosse.
Le sénateur Unger : Sénateur Betty Unger d'Edmonton, Alberta.
Le sénateur Poirier : Sénateur Rose-May Poirier, Nouveau-Brunswick.
Le sénateur Hubley : Sénateur Elizabeth Hubley, Île-du-Prince-Édouard.
Le président : Le sénateur Mac Harb de l'Ontario nous rejoindra cet après-midi.
Honorables sénateurs, avant de poursuivre, je souhaite demander au comité s'il veut bien autoriser les médias à enregistrer nos délibérations tandis que nous siégeons à Moncton et si nous sommes d'accord pour autoriser le reportage électronique de nos audiences publiques par les médias, à condition que cela crée le moins de dérangement possible à nos travaux.
Le président : Sommes-nous d'accord?
Accord unanime.
Le comité poursuit l'étude de la pêche au homard dans le Canada atlantique et au Québec. Nous nous réjouissons de siéger à Moncton aujourd'hui, et demain afin d'entendre les témoignages de différents opérateurs du secteur de la pêche au homard, ainsi que des représentants du gouvernement provincial, dont la délégation sera la première à siéger devant nous aujourd'hui. Nous entendrons également des pêcheurs, des acheteurs et des expéditeurs; producteurs de fruits de mer, associations professionnelles et chercheurs. Les réunions qui se tiennent à Moncton donnent aux membres du comité l'occasion de mieux comprendre les points forts ainsi que les points faibles de l'industrie du homard, de même que les menaces et les perspectives futures. Nous avons déjà tenu plusieurs réunions à Ottawa et d'autres sont prévues pour le mois de décembre; cependant, c'est toujours une bonne chose pour notre comité que de pouvoir venir sur place afin d'entendre directement le point de vue des personnes de la région.
Je suis donc très heureux d'accueillir ce matin l'honorable Michael Olscamp, ministre de l'Agriculture, de l'Aquaculture et des Pêches du gouvernement du Nouveau-Brunswick ainsi que les fonctionnaires qui l'accompagnent.
Je demande au ministre de bien vouloir présenter ses collaborateurs et de nous faire son exposé liminaire.
L'hon. Michael Olscamp, MAL, ministre de l'Agriculture, de l'Aquaculture et des Pêches, gouvernement du Nouveau- Brunswick : Monsieur le président, merci de nous donner l'occasion de comparaître devant votre comité, dont je connais certains membres depuis déjà quelque temps. Je dois dire que je suis un peu déçu que le sénateur Munson ne soit pas présent, car, croyez-le si vous le voulez, nous avons été camarades d'école. J'ai eu une agréable conversation avec la sénatrice Unger à propos de Gary Unger et elle m'a demandé comment je connaissais tout ça, à quoi j'ai répondu que j'échangeais des cartes de hockey au lieu de faire mes devoirs de géométrie. Ce qui explique pourquoi je suis devenu professeur d'histoire.
Je suis accompagné de Gilles LeBlanc, agent principal du développement de la transformation, Direction du développement des entreprises de notre ministère, et de Joseph LaBelle, directeur, Direction des politiques, de la promotion et des projets stratégiques. Je suis également accompagné de mon adjointe exécutive, Maureen Conley, que certains d'entre vous connaissent peut-être étant donné qu'elle a travaillé à Ottawa pendant assez longtemps.
Permettez-moi de faire un bref exposé, ensuite de quoi nous serons à votre disposition pour répondre à toutes vos questions.
Dire que la pêche au homard est une activité importante pour le Nouveau-Brunswick, c'est énoncer un euphémisme. L'été dernier, nous avons connu ce que j'appellerais la septième vague, si l'on me passe le mot, de problèmes touchant notre industrie du homard, notamment dans notre ZPH 25. C'est pourquoi nous nous réjouissons de pouvoir exposer ici notre situation et de vous décrire les perspectives que nous nous sommes tracées.
Je pense qu'on vous a remis vos dossiers. Nous étions censés faire un exposé audiovisuel, mais en l'absence d'équipement électronique dans ces lieux, je suis certain que vous allez pouvoir suivre de près grâce aux documents qui vous ont été distribués.
Comme je l'ai dit, la pêche au homard joue un rôle important dans l'économie du Nouveau-Brunswick. On compte aujourd'hui, 1 408 permis primaires d'exploitation du homard qui se répartissent entre la pêche du golfe et celle de la baie de Fundy.
[Français]
La pêche au homard joue un rôle important dans l'économie du Nouveau-Brunswick. Non seulement le Nouveau- Brunswick est le plus grand exportateur de produits du homard au Canada, mais il est également l'un des principaux transformateurs du produit.
À l'heure actuelle, il y a 1 408 permis de pêche au homard de base qui sont répartis entre le Golfe du Saint-Laurent et la Baie de Fundy.
[Traduction]
Les débarquements, qui avaient atteint un étiage critique de 6 500 tonnes en 2004, sont passés à 11 000 tonnes en 2011, soit une augmentation d'environ 65 p. 100 depuis 2004, tant dans la baie de Fundy que dans la région du golfe. Comme l'indique cette diapositive, l'activité de transformation du homard est très importante au Nouveau-Brunswick, avec un volume de 65 à 70 millions de livres. Je précise que 21 p. 100 seulement de ce volume proviennent de la côte orientale du Nouveau-Brunswick, là où se trouve la majeure partie de nos usines de transformation. Au cours des deux dernières années, nous avons développé de nouveaux marchés et réussi à augmenter de 50 p. 100 le placement de ce produit de qualité sur les marchés internationaux. Nous pensons aussi que l'on peut tabler sur un important potentiel encore inexploité de croissance économique dans ce secteur.
Il importe d'insister sur le fait que, si nous étions contraints de compter exclusivement sur les prises locales de homard ou si, pour une quelconque raison le homard du Maine n'était plus disponible, on assisterait à une contraction marquée du nombre d'usines de transformation dans notre province. Or, sans le nombre nécessaire d'usines, on verrait s'aggraver les goulots d'étranglement, si bien que les produits qui sont actuellement dirigés vers ces usines devraient trouver des débouchés sur le marché déjà sollicité à l'excès du homard vivant.
On évalue les prises de homard au Nouveau-Brunswick à 84,6 millions de dollars par an. Quant à nos exportations de produits à base de homard, elles se chiffrent à 455 millions, soit 44 p. 100 du total canadien. Le Nouveau-Brunswick est le premier exportateur de produits à base de homard au Canada. Ce classement démontre que nous avons su importer la matière première d'autres régions et la réexporter après en avoir augmenté la valeur. L'année dernière, les États-Unis ont exporté 52 millions de livres de homard au Canada, et la plus grosse part de ce volume a été dirigée vers les transformateurs du Nouveau-Brunswick. Parallèlement, au cours de la dernière année, nous avons diversifié nos destinations d'exportation et réduit notre dépendance à l'égard des États-Unis de 93 p. 100 à 88 p. 100.
L'approche du Nouveau-Brunswick en matière de mise en valeur du poisson et des fruits de mer est illustrée par notre cadre de renouvellement des pêches, dont nous vous avons distribué des exemplaires qui contiennent notamment nos plans d'activité annuels.
[Français]
Le Nouveau-Brunswick a accordé des prêts totalisant 11 millions de dollars à des organisations de pêcheurs de la côte, et afin de réduire les permis au titre du programme de mesures de durabilité pour l'industrie du homard de l'Atlantique du ministère des Pêches et Océans, 161 permis ont été retirés.
[Traduction]
Dans le cadre des mesures de durabilité de la pêche au homard de l'Atlantique lancées par le ministère des Pêches et des Océans, le Nouveau-Brunswick a accordé pour un montant de 11 millions de dollars de prêts aux associations de pêches de la côte atlantique afin de réduire le nombre de permis. C'est ainsi que 166 permis ont été retirés du secteur des pêches.
Nos efforts pour coopérer avec les producteurs à l'ouverture des nouveaux marchés ont été couronnés de succès, en particulier en direction de la Chine où nous sommes passés d'un volume quasi nul de ventes voici quatre ans à des prévisions de 12 millions de dollars de ventes pour 2012. Nous avons mis sur pied des ateliers sur les pratiques propices à la bonne qualité du homard, qui ont été bien accueillis par les pêcheurs, les acheteurs, les travailleurs d'usine et les transformateurs auxquels ils étaient destinés; en outre, depuis le début des années 1990, nous alimentons un mécanisme de financement destiné aux pêcheurs afin qu'ils organisent et financent leurs associations.
Les débarquements de homard ne montrent aucun signe de ralentissement et notre défi consiste aujourd'hui, à placer sur le marché le meilleur produit possible de manière durable.
Parmi les problèmes qu'il convient de régler, je citerai en premier lieu le fait que nos saisons de pêche ne coïncident pas toujours avec la période de meilleure maturité du homard, du point de vue de la taille comme de la qualité, en particulier dans la ZPH 25. Les mauvaises conditions de manutention tout le long de la chaîne nuisent à la valorisation du produit. En outre, le volume important des débarquements quotidiens tend à endommager les homards et, partant, à augmenter les coûts subis par le système. J'ajouterai que selon le produit proposé, nous devons utiliser différentes catégories de homard, notamment au plan de la taille, de la teneur en chair et de la dimension minimum des lots de production. Récemment, nous avons noté une résistance du marché à la diffusion de homards de petite taille. Il s'agit des homards dont la longueur de la carapace est inférieure à 76 millimètres. Le marché des petits homards destinés au boîtage a du mal à absorber la production, exerçant de ce fait une pression à la baisse sur le prix de l'ensemble des homards. C'est donc la demande émanant du marché et la durabilité qui doivent dicter la taille de la carapace.
S'agissant de la conjoncture en matière de débouchés, je dirais que nous nous appuyons davantage sur les tranches de prix inférieures, ce qui tend à nous rendre plus vulnérables au ralentissement de l'économie. Il faut également signaler les difficultés posées par la structure du secteur, étant donné qu'un grand nombre de petites entreprises sous- capitalisées rivalisent pour écouler leurs produits auprès d'un nombre toujours plus restreint de distributeurs importants vers nos marchés de destination. Bien trop souvent, ces entreprises tentent de créer une tête de pont pour écouler du volume, ou elles sont contraintes de vendre leur inventaire pour soutenir leur trésorerie.
La gestion des pêches ne s'attaque pas directement aux problèmes que connaissent les opérateurs qui acheminent le produit depuis le débarcadère jusqu'au marché, et elle ne les implique pas non plus dans la prise de décisions. Dans le passé, la gestion des pêches s'en remettait exclusivement aux pêcheurs pour fixer les paramètres d'adaptation aux besoins du client ou aux problèmes causés par le marché. Cependant, je trouve que les récentes consultations qui ont englobé tous les secteurs, y compris le gouvernement fédéral, constituent un encouragement.
Que convient-il donc de faire? Il faut pêcher lorsque les conditions sont optimales. Il faut organiser la campagne de pêche en fonction de la demande et des conditions optimales du homard, plutôt que d'avoir des dates fixes. Il faut aussi reconnaître que cette qualité optimale peut varier selon les produits et les secteurs. Je citerai, en exemple, les paramètres différents pour le marché de la transformation et celui du homard vivant.
Il faut adapter la taille aux exigences du marché et mieux comprendre la façon dont ce dernier a évolué. La valeur des différentes tailles de homard tient aussi au fait qu'ils sont destinés à des marchés différents. Les réglementations qui fixent les tailles actuelles ne font que refléter les préférences du passé. Si l'on augmente la taille minimale pour tenir compte des nouvelles préférences du marché, on améliorera la commercialisation et on contribuera à une meilleure durabilité de la ressource.
Il faut également maîtriser les crêtes d'activité de débarquement. Lorsqu'il y a goulot d'étranglement par suite de débarquements excessifs, cela risque de provoquer un tassement des cours et d'augmenter de façon marquée les besoins en capital actif afin de répondre à quelques semaines de période de pointe. En outre, ces périodes d'encombrement nuisent à la qualité du homard acheminé vers les marchés.
Il faut améliorer la manutention du homard et renforcer le contrôle de la qualité depuis le bateau de pêche jusqu'au marché.
Que faut-il faire pour améliorer la mise en marché? Je dirais qu'il faut satisfaire à des normes élémentaires : la plupart des gens conviendront que le homard ne doit pas mourir avant d'arriver sur le marché, que la teneur en chair doit atteindre certains niveaux minimums, et que chaque débarquement de homard doit offrir un rendement minimum du point de vue de sa valeur. Il ne sera guère facile de fixer des normes de qualité pour le homard. Ce qui représente une qualité élevée pour un type de produit ou de marché ne se réplique pas sur un autre marché. À titre d'exemple, un homard qui ne tiendra pas le haut du panier dans le marché du homard vivant peut toujours représenter une très bonne qualité pour le marché de la transformation. Ce que l'on appelle haute qualité doit être déterminé par ce que l'on attend du produit final.
Parlons de la diversification du marché : si nous augmentons nos ventes en direction de l'Asie et de l'Union européenne, nous serons ainsi moins dépendants à l'égard du marché traditionnel que constitue le marché américain, et nous serons ainsi mieux préservés non seulement contre les fluctuations économiques dans les différents pays, mais aussi contre les fluctuations des taux de change. Le Nouveau-Brunswick a réussi sa diversification en oeuvrant en partenariat avec nos compagnies productrices de même qu'avec les sociétés d'importation des marchés émergents.
S'agissant du Nouveau-Brunswick, le homard représente la part prépondérante du secteur du poisson et des fruits de mer. Nous connaissons à la fois des difficultés et des succès dans ce secteur. Nos difficultés tiennent au fait qu'à l'heure actuelle, nous ne maximisons pas le potentiel de l'industrie du homard pour qu'elle fournisse le meilleur rendement à notre économie. Il faut apporter des changements, par exemple modifier la saison des campagnes afin de pouvoir récolter le homard lorsqu'il est au mieux de sa condition et présente une taille optimale; il nous faut également, lorsque nous fixons des normes, prendre acte des exigences différentes du marché du homard vivant relativement au marché de la transformation. Il faut aussi que le secteur se prépare davantage à réagir aux événements tels que le changement climatique. Nous devons veiller à améliorer nos méthodes de pêche afin de protéger la qualité du homard, notamment pour raccourcir les délais de débarquement et les modalités d'acheminement, depuis le bateau jusqu'au marché. Et surtout, nous devons améliorer la qualité de nos produits afin de valoriser la transaction pour nos acheteurs.
Pour conclure, je m'en voudrais de ne pas souligner que le homard est l'une des seules ressources économiques pour un grand nombre de nos communautés côtières et rurales du Nouveau-Brunswick. Il faut trouver une solution au problème des ventes des permis d'exploitation de homard à l'extérieur de nos communautés, comme cela s'est récemment produit à Grand Manan. Au cours des 20 dernières années, l'industrie du homard du Nouveau-Brunswick a montré qu'elle était capable de s'adapter à des conditions difficiles et changeantes. Grâce à notre croissance, nous sommes devenus le principal exportateur de produits à base de homard du pays. Nous pensons avoir les connaissances et le savoir-faire permettant de valoriser encore la vente du homard et d'améliorer encore notre adaptation et le coefficient d'innovation dans nos méthodes de pêche, d'expédition, de transformation et de commercialisation, afin de rendre la transaction plus attrayante pour nos clients.
Permettez-moi de vous remercier du temps et de l'attention que vous nous avez consacrés. Mes collaborateurs et moi-même nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
Le président : Monsieur le ministre, vous avez abordé ce matin des sujets d'une grande importance. Je suis sûr que les sénateurs ont déjà plusieurs questions à vous poser, mais auparavant, je précise que notre étude vise à mettre au jour les problèmes et les préoccupations que connaissent les opérateurs du secteur, car nous souhaitons, en fin de processus, être en mesure de formuler des recommandations au ministre en vue d'améliorer les perspectives de ce secteur et de chercher une solution aux difficultés que vous avez évoquées ce matin. S'agissant de la modification du calendrier de pêche, est-ce que des initiatives ont été prises dans ce sens et, dans l'affirmative, selon quelles modalités? J'aimerais aussi savoir si vous avez reçu des réponses ou bénéficié d'une coopération en la matière.
M. Olscamp : Alors que nous traversions la crise de l'été dernier, le ministre Ashfield s'est engagé à mettre du personnel au travail sur la question du calendrier de la saison de pêche et des mesures à prendre. Je n'ai pas d'information concrète à ce sujet, mais je crois comprendre que le processus est lancé. Nous attendons sans aucun doute du gouvernement fédéral qu'il revienne vers nous, en tant que province, avec quelques recommandations. Nous pensons que ces deux domaines sont d'une extrême importance pour la bonne santé de nos pêches, dans la ZPH 25 en particulier.
Le président : Vous avez aussi parlé, dans votre exposé, de l'augmentation de la taille des crustacés, et l'on a également assisté à une augmentation importante du volume des prises au cours des deux dernières années. J'imagine que, parallèlement à l'augmentation du volume, vous vous préoccupez de la qualité et de la durabilité. Avez-vous des échos de la part des pêcheurs sur cette question?
M. Olscamp : En ce qui concerne la ZPH 25, depuis que je suis ministre — et je rappelle qu'avant d'être ministre j'étais porte-parole dans l'opposition — il semble qu'il y ait un intérêt pour l'augmentation de la taille de la carapace. Dans notre secteur tout au moins, les forces du marché tendent à dicter cela, et il n'y a pas beaucoup de demandes pour les homards destinés au boîtage. Par conséquent, l'augmentation de la taille de la carapace permettrait de compenser le fait que la demande est très poussive pour les homards de conserve.
Le président : Vous avez réduit vos exportations vers les États-Unis de 93 à 88 p. 100. Il semble que vous ayez accompli dans ce domaine un effort concerté. Pourriez-vous nous parler plus de vos efforts de diversification?
M. Olscamp : Pendant bien des années, le marché américain a été un débouché lucratif pour le homard, non seulement en provenance du Nouveau-Brunswick, mais également de l'ensemble de la région atlantique. Avec le ralentissement de l'économie américaine, on voit également fléchir la demande pour ces produits. Jusqu'à l'arrivée de la récession, on tendait à prendre pour acquis, pour ainsi dire, le débouché offert par les marchés américains. Mais depuis, nos agents se sont lancés à fond dans la recherche de nouveaux marchés. Nous avons au moins deux personnes qui se consacrent à plein temps à l'ouverture de débouchés en Asie, et notamment en Chine où nos efforts commencent à donner des résultats, comme l'indiquent les statistiques que nous vous avons fournies. Nous avions tendance à nous reposer un peu trop sur le marché américain, et j'imagine que c'est un peu la même chose pour d'autres produits, mais nous avons fait face à la situation en essayant d'augmenter les débouchés dans d'autres parties du monde.
Nous n'avons pas ménagé nos efforts et, jusqu'ici, les résultats sont très bons. Contrairement aux Américains, les Chinois sont très pointilleux sur la façon dont le produit doit être préparé, si bien que nous avons récemment envoyé des chefs cuisiniers chez eux pour apprendre les techniques de préparation et les encourager ainsi à acheter davantage. Nous avons, à St. Andrews, une académie du homard où des acheteurs potentiels du monde entier sont invités à venir voir comment fonctionne notre industrie, depuis la capture jusqu'à la préparation. Et tout cela commence à nous rapporter des dividendes.
Gilles LeBlanc, agent principal de développement de la transformation, Direction du développement des entreprises, ministère de l'Agriculture, de l'Aquaculture et des Pêches, gouvernement du Nouveau-Brunswick : S'agissant du marché asiatique, je voudrais préciser que nos représentants sont allés participer à des foires, à commencer par celle de Hong Kong, depuis 2004 je crois, car Hong Kong c'est tout de même la porte d'accès à la Chine. Dans un premier temps, il s'agissait de produits transformés, c'est-à-dire congelés. Or, la Chine était un marché difficilement pénétrable pour ces produits étant donné l'absence de chaîne du froid, notamment dans les grandes agglomérations, mais aussi dans les villes secondaires, je veux dire celles de moins de 30 millions d'habitants. Depuis 2010, l'infrastructure destinée aux produits congelés s'est développée à une rapidité incroyable. Étant donné que le Nouveau-Brunswick est principalement tourné vers la transformation du homard, il y a là une opportunité pour ce marché.
Pour revenir à la taille de la carapace et à la saison de pêche, je voudrais ajouter à ce qu'a dit le ministre qu'il existe un groupe de travail auquel participent les trois provinces atlantiques et qui réunit des représentants du secteur, du gouvernement et du MPO afin d'explorer les solutions permettant d'éviter ce qui s'est produit l'an dernier dans la ZPH 25. Ce groupe se penche sur tout l'éventail des problèmes, notamment le problème des tailles et des dates de démarrage des saisons. Bien entendu, lorsque vous réunissez trois provinces, vous avez des divergences d'opinions. C'est là le défi à relever, mais le groupe de travail existe et il en existe d'autres dans l'Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau- Brunswick, qui contribuent tous à ce processus.
Le sénateur Hubley : Je vous souhaite la bienvenue et vous remercie de votre exposé. Cela fait plaisir d'entendre parler du homard et de son importance pour notre région.
Il semble que le Conseil canadien du homard réussisse dans sa mission de coopération avec les provinces et avec l'industrie, et j'aimerais que vous nous fassiez part de vos commentaires sur leur travail en général. Je sais qu'ils essaient de mettre sur pied un système de reconnaissance de la marque pour le homard canadien, et je pense en particulier au homard de l'Atlantique, car je crois que c'est le meilleur. À ce propos, j'aimerais savoir quelle influence les importations en provenance du Maine auront sur ce système de reconnaissance de la marque et, compte tenu du volume importé depuis cet État, si l'on fixe des normes de qualité pour ce homard d'importation?
Joseph LaBelle, directeur, Direction des politiques, de la promotion et des projets stratégiques, ministère de l'Agriculture, de l'Aquaculture et des Pêches, gouvernement du Nouveau-Brunswick : S'agissant de la qualité et des normes, nous incorporons effectivement les caractéristiques physiques du homard que nous achetons ainsi que la forme prise par le produit, ainsi que la fiabilité de la distribution et de la production. Pour nous, il faut que la marque représente quelque chose. Elle doit être la garantie que nous donnons à notre client concernant le poisson lui-même et le produit fourni, mais aussi la fiabilité de notre livraison, tout au long de l'année, avec un prix uniforme — autant que possible élevé, mais en évitant les ruptures. D'après notre expérience dans le secteur de la transformation, le homard en provenance du Maine est d'excellente qualité et nous permet d'obtenir le produit que nous visons.
Pour ce qui est des normes, il faut éviter de se laisser piéger par une définition trop restrictive applicable au débarcadère. Un homard qui ne se prête pas à un entreposage pendant trois ou quatre mois, jusqu'au moment où on est prêt à l'expédier, peut servir à fabriquer un produit transformé d'excellente qualité. Nous en avons la preuve, car nous sommes en mesure de fabriquer un produit de qualité mondiale en surgelé, mais ce poisson n'est pas apte à voyager pendant 48 ou 72 heures par avion jusqu'aux antipodes, et on ne peut pas non plus l'entreposer pendant trois, six ou huit mois. Donc, lorsqu'il s'agit de fixer des normes, il est important de comprendre qu'environ 60 p. 100 de la valeur des exportations de homard canadien proviennent du homard transformé. Cela dit, le marché du homard vivant reste très important. Il faut donc que les normes correspondent à la réalité du produit.
Il y a un facteur indicatif, et c'est la dureté de la carapace. Arrivé à un certain stade, un homard dont la carapace est très dure se prête très bien à l'expédition, et à un stade donné, il devient plus difficile de faire de la transformation si la carapace n'est pas très dure. C'est là un cas parmi tant d'autres pour illustrer le fait que nous devons établir des normes qui répondent aux exigences des différents produits que nous fabriquons, à mesure que nous comprenons que la valorisation est liée, pour nous, à l'expansion qu'aura le produit transformé à l'avenir.
Le sénateur Hubley : Il semble qu'il y ait de meilleures périodes pour la pêche au homard. Serait-il difficile de modifier les dates? Quelle structure faudrait-il mettre en place afin d'assurer un suivi permanent pour que les pêcheurs puissent être informés que la saison commencera peut-être avec une semaine d'avance ou de retard; en fonction de la météo, du climat, de la température et des autres indicateurs? Est-ce le cas actuellement? Est-ce que ça devrait être le cas? Quel organisme pourrait prendre en charge ce type de changements ou mettre un tel régime en place?
M. LaBelle : Nos saisons de pêche au homard et notre calendrier font partie des traditions du Canada atlantique qui remontent au XIXe siècle, lorsque la technologie et la chaîne logistique étaient différentes. Le secteur, jusqu'à ceux qui mettent le produit sur le marché, doit définir ses exigences et disposer d'un mécanisme qui vérifie si ces exigences sont respectées avant d'ouvrir la saison. Il y a de nombreux exemples en Amérique du Nord où les dates de début et de fin de saison varient selon l'état du poisson. Hélas les homards ne se préoccupent pas du calendrier et ils ignorent que la saison démarre le 1er mai et qu'ils doivent être en pleine forme ce jour-là. Nous constatons qu'il y a de plus en plus de variabilité, avec les changements de température de l'eau et cetera. Par exemple ce mois-ci, les pêcheurs de crabe dormeur de la côte Ouest de l'Oregon et de l'État de Washington ont retardé l'ouverture de la saison de trois ou quatre semaines après avoir constaté que l'état des crabes ne correspondait pas encore aux exigences du marché. Leurs conseils — composés de pêcheurs, de représentants d'organismes de réglementation et de vendeurs — ont collectivement pris la décision de retarder l'ouverture d'un mois pour s'assurer qu'ils vendraient leur produit à bon prix.
Le sénateur Hubley : Est-ce envisageable pour l'industrie du homard?
M. LaBelle : Cela devrait être possible.
M. LeBlanc : Les saisons sont une chose très complexe et mouvante. La saturation est l'un des paramètres à prendre en compte. Si tout le monde pêchait en même temps, je veux dire si vous rameniez 225 millions de livres sur les côtes nord-est de l'Amérique du Nord au même moment, cela ne serait pas bon pour les marchés, ni pour le secteur en général. C'est l'un des éléments à prendre en compte.
D'autre part, il y a la complexité qui existe au sein même d'une ZPH. Parfois les homards auront une carapace dure dans une partie de la ZPH tandis qu'ils auront une carapace molle dans une autre partie. L'autre variable, c'est que cela peut changer d'une année sur l'autre, par exemple, à cause des effets du changement climatique. Nous constatons également une augmentation exponentielle des prises et nombreux sont ceux à penser que les homards cherchent la température optimale. On trouve de moins en moins de homards dans les États du Sud, tels que New York et le Massachusetts; ils remontent de plus en plus vers le nord, ce qui à long terme est bon pour le Canada, je suppose.
Beaucoup de ces paramètres, qui restent en partie mystérieux même pour les scientifiques qui passent toute leur carrière à étudier la biologie du homard, font que nous sommes confrontés à une situation qui évolue sans cesse.
Il y a un autre aspect : les homards se nourrissent plus, et il est plus facile de les piéger à certaines périodes de l'année, en particulier au moment de la mue, car ils ont faim. Aux États-Unis, la pêche a lieu essentiellement en juillet, août et septembre. D'aucuns diraient que ce n'est pas vraiment le bon moment étant donné que beaucoup de homards ont une carapace molle parce qu'ils viennent de muer.
M. Olscamp : Pour revenir à votre question de départ, bien qu'il y ait eu des turbulences, je pense que les événements de cet été ont constitué un tournant pour l'industrie du homard. J'en suis convaincu. J'ai pris beaucoup de notes sur ce que nous avons fait et sur ce que nous pourrions faire. Pendant trop d'années, il y a eu un manque de communication entre les pêcheurs, le secteur de la transformation, les gouvernements et, avec tout le respect que je vous dois, le gouvernement fédéral, parce que je n'ai aucun contrôle sur les quotas, sur les saisons et sur les permis. Mon rôle est de transformer le produit et de le mettre sur le marché.
Cependant, depuis les événements de cet été — comme pourront peut-être le confirmer les amis qui sont assis à mes côtés — nous avons vu une amélioration des relations entre ces différents groupes. Nous avons eu des réunions très bénéfiques. J'organise une table ronde sur les pêches. La dernière était une réunion agréable comparée aux précédentes, quand chacun pointait son voisin du doigt. Je crois que tous les acteurs de ce secteur ont compris qu'il y a une crise et que désunis, ils ne pourront pas résoudre le problème. Je suis heureux que nous ayons instauré un dialogue de qualité.
Comme l'a suggéré Gilles, il est plus difficile de comprendre la biologie du homard que de réunir cinq ou six groupes, mais au moins cela nous donne l'occasion de nous pencher, par exemple, sur les causes de cette soudaine saturation. Il me semble que les retombées de ce qui s'est passé cet été sont positives.
Le président : Dans votre conclusion, vous avez évoqué la vente de permis de pêche au homard comme on l'a vu récemment à Grand Manan, et The Telegraph-Journal a récemment révélé que le Grand Manan Fishermen's Association a protesté contre le transfert de permis de pêche au homard de la région du Grand Manan au Nouveau- Brunswick vers les pêcheurs de Nouvelle-Écosse. Le ministère des Pêches et des Océans a donné son accord pour un gel temporaire des transferts de permis de pêche au homard. Pourriez-vous éclairer le comité à ce propos, nous dire ce qui s'est passé et nous faire part de vos préoccupations à ce sujet?
M. Olscamp : Personnellement, je suis très inquiet. Le premier ministre et moi-même sommes d'accord sur le fait que perdre des permis équivaut à perdre une ressource naturelle que nous estimons être nôtre. À chaque fois que nous perdons un bateau au profit d'une autre province, nous perdons aussi un permis, comme vous le savez, et donc la possibilité de capturer le produit, que cela soit le homard ou d'autres produits. La conséquence est naturellement la perte d'emplois.
Si vous parlez aux gens de Grand Manan, une petite île qui vit presque exclusivement de la pêche, la perte de quelques dizaines d'emplois est très grave. Par conséquent, nous sommes déterminés à protéger ces permis dans l'intérêt de l'économie de Grand Manan, en l'occurrence, mais cela pourrait se produire n'importe où. À l'heure actuelle, il pourrait y avoir des transferts de permis de mon secteur, sur le détroit de Northumberland, à des gens qui veulent les acheter du côté Î.-P.-É. du détroit et vice versa. Nous sommes très reconnaissants envers la ministre Shea d'avoir imposé un gel temporaire. Cela nous permet de collaborer plus étroitement avec les gens de Grand Manan.
Mon ministère a travaillé de façon très progressive avec eux, en présentant ce que nous pensons être de bonnes idées, mais ils doivent maintenant les assimiler. De mon point de vue, ils tiennent leur destin entre leurs mains. Tout cela n'est pas très rapide, mais tout pourrait être résolu si les permis étaient protégés. Il me semble qu'une étude est en cours pour voir si l'on pourrait les protéger à cause de la perte de ressources naturelles que causerait leur transfert. Certains soumissionnaires de Nouvelle-Écosse par exemple ont les poches bien garnies, et je sais que la province du Nouveau-Brunswick ne peut pas s'investir autant qu'eux.
J'espère avoir répondu à vos questions. La sénatrice Unger est parmi nous. Cela serait comme si la Colombie- Britannique ou l'Alberta permettait que son pétrole soit simplement acheté par une autre province avant que les coûts soient amortis. Ça va encore si vous récupérez votre redevance, mais dans le cas présent nous perdrions tout.
Le sénateur McInnis : Pourquoi les permis ont-ils été vendus? S'agit-il de pêcheurs partant à la retraite qui voulaient engranger ce montant?
M. Olscamp : Oui, mettez-vous à la place du pêcheur qui veut prendre sa retraite.
Je voudrais revenir à la rationalisation dont j'ai parlé dans mon exposé. Elle ne s'est pas appliquée à la baie de Fundy, mais seulement à la partie est du Nouveau-Brunswick. Si vous avez 60 ou 65 ans, que vous voulez cesser votre activité et que quelqu'un vient vous dire : « Je vous achète votre licence pour 400 000 $ », ça fait un joli cadeau de départ à la retraite. Le problème c'est qu'il n'existe actuellement aucun moyen pour la communauté, si l'on parle de Grand Manan, de contrer cette offre. Voilà ce à quoi nous réfléchissons, nous cherchons des exemples pour pouvoir dire aux gens de Grand Manan : « Ne laissez pas partir cette ressource. Rivalisez avec les soumissionnaires d'autres provinces. »
Récemment, il y a eu des pêcheurs autochtones. Il y a eu 10 permis là-bas, je crois. Comme vous le savez, on ne peut pas vendre ces permis, mais on peut les louer. Donc des gens de Nouvelle-Écosse louaient des permis à des Autochtones et pêchaient avec. Le résultat, comme je l'ai déjà dit, est que non seulement les gens de Grand Manan ont perdu les ressources naturelles, mais aussi les ressources humaines, des gens qui auraient péché ou qui auraient travaillé sur les bateaux.
Le sénateur McInnis : Je mesure pleinement le préjudice que cela représente pour les communautés rurales, étant moi-même originaire d'une communauté rurale de la côte est de la Nouvelle-Écosse. Cependant c'est un véritable défi dans la mesure où beaucoup de pêcheurs considèrent que leur bateau, leur permis et ainsi de suite représentent un capital qu'ils ont bâti. Je me demande simplement comment on peut empêcher cela. La solution vient souvent du gouvernement et des contribuables, et quand le gouvernement achète des permis il est généralement difficile de les revendre à une communauté. C'est un véritable défi.
Je comprends tout à fait ce que vous dites. Cela a un effet délétère sur ces communautés rurales étant donné que l'industrie du homard a pris la relève de la pêche de fond. Par conséquent cette situation présente de nombreuses difficultés. C'est pourquoi je demandais dans quelle mesure vous pourriez y faire face.
M. Olscamp : Je ne suis pas expert en ce qui concerne la clause de résidence qui était peut-être préexistante, mais c'est à l'étude. La ministre Shea m'a promis qu'elle allait obtenir un avis là-dessus. Je crois fermement aux coopératives. Moses Coady a été une sorte d'idole pour moi et j'ai proposé que mon équipe soumette aux gens de Grand Manan l'idée qu'ils pourraient mettre leurs ressources en commun et qu'ils pourraient peut-être ainsi réunir suffisamment de moyens pour pouvoir dire : « Le permis de Joseph est menacé. Quelqu'un d'une autre province lui propose de l'argent. Sauvons sa licence. »
En tant que gouvernement provincial, nous avons un programme pour les nouveaux venus. Si un jeune pêcheur aspirait à pêcher au large de Grand Manan, grâce aux ressources mises en commun par la communauté, plus les aides que nous pourrions apporter, nous pourrions peut-être sauver ce permis. J'ai le sentiment que les gens de Grand Manan veulent s'accrocher. Ils militent pour une clause de résidence. S'il est établi d'un point de vue juridique que l'on peut protéger les permis de cette manière, alors il faut le faire. Sinon, il faut une solution de rechange.
Le sénateur McInnis : À mon avis, l'autre danger c'est la concentration des permis entre les mains de quelques grandes entreprises. En tant que sénateur de la Nouvelle-Écosse, voilà ce qui m'inquiète.
[Français]
Le sénateur Poirier : Merci d'être ici monsieur le ministre et les officiers du ministère. C'est toujours un plaisir de revenir au Nouveau-Brunswick travailler et donc, d'être avec vous. J'ai une couple de questions à poser. Je suis vraiment au courant des problèmes, autant que je peux, de ce qui s'est passé cet été. J'ai parlé avec plusieurs des pêcheurs de la région qui étaient préoccupés et concernés par les choses qui se passaient. J'ai une couple de questions que j'aimerais poser.
La première question, c'est à la page quatre de votre présentation, au paragraphe cinq. On parle un peu de ce dont je voulais discuter.
On sait que l'été passé, les problèmes qui sont arrivés et auxquels on a fait face dans la zone 25 avaient certainement à faire avec le prix et aussi avec le nombre de homards qui viennent du Maine, et qui montait dans nos usines de poissons. Donc, dû à ça et au prix qui était là, c'était difficile pour nos pêcheurs d'aller chercher un bon prix et aussi de pouvoir vendre leurs produits à l'usine.
Ici, vous mentionnez, pour quelque raison, si le homard du Maine ne deviendrait pas si disponible, quel en serait l'impact? Je me rappelle durant l'été, quand la crise était en marche, un des commentaires qu'on a entendu à travers les médias et à travers d'autres personnes était que le Maine était aussi en train de regarder au problème qui s'est passé dans la zone 25, parce que ça les affectait eux aussi jusqu'à un certain point. À un moment donné, il y avait des commentaires qui avaient été faits par le Maine eux-mêmes à savoir que peut-être c'était le temps qu'on commence à regarder si ça ne serait pas une solution de bâtir nos propres usines chez nous. C'est certainement pour moi — car je connais beaucoup de gens chez nous qui travaillent dans les usines et qui font leur vie là — un petit peu inquiétant parce qu'automatiquement, s'ils commencent à ouvrir des usines au Maine, ça veut dire qu'ils envoient moins de produits chez nous, et s'il y a moins de produits qui viennent chez nous, ça veut dire que le nombre de semaines ou de mois où il va y avoir de l'emploi disponible dans nos usines pourrait être gravement affecté, et cela va certainement affecter les emplois des gens de chez nous. J'aimerais d'avoir vos commentaires à ce sujet.
M. Olscamp : Merci beaucoup pour la question. Oui, il y a des facteurs qui sont en jeu là. On entend des rumeurs, je crois, et mon personnel peut parler après, qu'il y a au moins une application du Nouveau-Brunswick pour construire une usine de transformation au Maine. Une usine de transformation, on me dit que c'est quelque chose qui est très dispendieux à construire. Aussi, il y a une technologie, si vous voulez, pour la transformation du homard, qui semble exister dans les provinces de l'Atlantique plus qu'au Maine parce qu'ils n'ont pas fait beaucoup de transformation depuis plusieurs années. Puis, n'oubliez pas aussi, madame la sénatrice, que la crise est arrivée durant une période d'élection aux États-Unis et puis, il y avait peut-être des promesses de faite, mais il n'y a pas de preuve. Il faudrait que plusieurs usines soient construites avant que ça ait un effet très marqué sur notre habileté de garder nos plants de transformation ouverts.
L'importance du homard du Maine est très bien calculée, si vous voulez, puisque sans le homard du Maine, nos plants de transformation n'existeraient presque pas. Il n'y en aurait pas plusieurs.
Durant la crise, il y avait toujours toutes sortes d'accusations telles que « pourquoi achetez-vous le homard du Maine? » On ne peut pas arrêter le homard du Maine de bouger entre la borne du Maine et la borne du Nouveau- Brunswick. Le monde ne savait pas ou oubliait que même si on importait 70 pour cent du produit brut du Maine, quand la transformation du Maine était finie, plus de 80 pour cent du produit transformé retournait aux États-Unis, et puis, d'avoir bloqué ça, parce qu'on ne le pouvait pas, aurait eu des implications très sérieuses avec nos échanges avec les Américains.
Il y avait plusieurs gros joueurs américains qui étaient impliqués, des porte-paroles durant la période. J'étais en contact presqu'à chaque jour avec mon homologue au Maine et puis j'ai parlé à M. Binns souvent, qui est à Boston. Mon personnel peut le dire. Même s'ils construisent un plants ou deux plants, je ne crois pas qu'il y aurait des circonstances très marquées sur notre habileté de pouvoir produire. C'est très dispendieux, et nous avons, je crois, beaucoup d'habiletés dans la transformation de poissons.Gilles a déjà été propriétaire d'une usine de transformation, donc je vais lui laisser parler de ça, parce qu'il connait beaucoup plus ça. Bonne question, mais j'avais peur au début, je dois te dire, mais depuis que j'ai parlé à des transformateurs, parce que j'ai fait mon tour après, ils ne semblent pas être très nerveux avec ça. Gilles peut clarifier un peu plus que moi.
M. LeBlanc : Oui, la transformation de homard est concentrée. Si on faisait un rayon d'ici à Moncton, on ferait 400 milles à peu près. Ça couvrirait la région où 95 p.100 du homard de la planète est transformé, le homard gelé, le homarus americanus, le homard américain. Il faut comprendre que le homarus americanus est une espèce. Pour le homard, ils ne sont pas américains ou canadiens. Ils n'ont pas de passeport. C'est une espèce, puis l'industrie du homard est intégrée, canadien et américain. L'industrie est vraiment divisée en deux. C'est l'industrie du vivant, qui est la grosse force de la Nouvelle-Écosse, puis l'industrie de la transformation, qui est la force du Nouveau-Brunswick et de l'Ile du Prince-Édouard.
Dans le passé, il y avait beaucoup de compétition pour le homard parce que les prises étaient limitées, puis il y a beaucoup de transformateurs qui ont fait banqueroute. Depuis 1990, les prises de homard aux États-Unis ont commencé à augmenter. L'augmentation est exponentielle depuis. Ça a donné une opportunité à des usines du Canada de survivre et de se diversifier. Il y avait des usines qui faisaient du crabe des neiges et qui faisaient d'autres espèces. Quand la morue s'est écrasée en 1992, 1993, le crabe des neiges, les crevettes et le homard se sont mis à augmenter, puis ça a donné une opportunité aux usines de l'Île-du-Prince-Edouard, du Nouveau-Brunswick, puis maintenant le Québec et la Nouvelle-Écosse de diversifier sa source de homard. Si ce n'était pas de cette ressource, il y aurait peut-être deux ou trois usines de reste et probablement même pas, et ils fonctionneraient seulement pour six semaines au printemps et de trois à quatre semaines à l'automne. C'est une opportunité. Les augmentations de prises de homard au Canada et aux États-Unis sont une opportunité pour notre industrie. Ça a été le plus gros facteur pour la santé économique de l'industrie de transformation au Canada, de pouvoir s'approvisionner des sources américaines. Mais là, aussi, on voit qu'il y a le même type de croissance au Canada, puis maintenant, il y a un temps que c'était 60 p. 100 du homard qui était pris globalement qui était envoyé sur le marché vivant, puis 40 p. 100 qui était transformé, mais maintenant, ça a changé. C'est à peu près 60 à 65, qui est transformé puis 40 p. 100 qui va sur le vivant. Mais ça ne veut pas dire que les volumes ont diminué, parce qu'il y en a plus. L'industrie fonctionne comme ça. Un complémente l'autre, et c'est important de comprendre ça.
Des gars comme John Risley et Colin MacDonald de Clearwater le disaient souvent à nos réunions. Si ce n'était pas de l'industrie de la transformation, ça serait catastrophique parce que le 30 p. 100 ou 40 p.100 de homard qui est fort assez, basé sur les tests de blood protein ou de coquilles, qui peut aller et être mis sur des avions puis envoyé à faire le tour de la planète, c'est important, puis on devrait maximiser sa valeur, mais il reste le 60 p. 100 qui ne peut pas être mis sur un avion pour faire le tour de la planète. Ce 60 p. 100, il faut faire quelque chose avec. Il faut le valoriser et il faut optimiser sa valeur, et la meilleure manière de le faire, c'est de le transformer en meilleur produit possible, que les meilleurs restaurants, les meilleurs clients de la planète veulent consommer, que ce soit un restaurant à Paris qui veut mettre cette petite patte de homard sur sa bisque de homard, ça vient d'une usine de transformation. Il y a toutes sortes d'opportunités globales. C'est un produit que la planète veut, puis le vivant et le secteur de la transformation se complémentent. C'est comme ça que ça travaille.
Si les usines du Nouveau-Brunswick, et il y 16 relativement grosses usines au Nouveau-Brunswick, se limitaient à transformer le homard du Nouveau-Brunswick, il y aurait assez de travail à peu près, je dirais, pour une usine et demie pour six semaines. Il y en a 16.
Le sénateur Poirier : Dû à l'importance des usines pour la province du Nouveau-Brunswick et pour l'économie de la province, certainement, maintenant que les élections aux États-Unis sont terminées, est-ce qu'il y a des communications qui continuent avec les États-Unis, surtout avec la région du Maine, pour peut-être trouver des solutions autres que les laisser aller de l'avant ou les encourager à aller de l'avant et construire des usines?
Est-ce qu'il y a d'autres solutions, en travaillant avec nos pêcheurs, avec la province, avec tous les partenaires qui sont à la table, pour voir quelle seraient les solutions pour faire face à des problèmes comme ceux qu'on a connus cet été, mais aussi de trouver une solution pour protéger nos usines et pour que nos produits de homard soient traités ici?
M. Olscamp : Durant la crise, il y avait des communications, comme je le disais, à chaque jour. Il faut voir aussi que quand ça vient aux États-Unis, comme ministre des Pêches, ce n'est pas ma place de négocier avec eux. C'est le ministère des Affaires intergouvernementales qui fait cela. J'ai suggéré qu'on devrait continuer. À la fin de la journée, il y a des problèmes associés à cela. Les pêcheurs du Maine pêchent presque huit mois à neuf mois par année. Ils ont l'occasion.
M. LeBlanc : Si je comprends bien, ils n'ont pas vraiment de saison. Ce sont eux qui décident quand ils y vont. L'hiver, ils n'y vont pas en raison de la température. Ils n'ont pas vraiment de saison.
M. Olscamp : Nos pêcheurs pêchent 250 casiers, et dans le nord, ils pêchent 300 casiers. Au Maine, je crois qu'ils ont baissé la limite à 700 ou 800 casiers. Immédiatement, ils ont l'occasion de prendre plus de homards parce que leur saison est plus longue, et ils ont plus de casiers pour pêcher. Ça ne veut pas dire que ça nuit aux le homard, parce que même à 250, ils peuvent pêcher. En anglais, ils disent we fish hard. C'est quelque chose qui devrait être discuté. Le premier ministre est au courant de ce qui s'est passé, parce qu'il parlait au gouverneur Lepage souvent, et moi, j'ai demandé qu'on continue nos pourparlers avec eux, mais c'est intergouvernemental. Joseph pourrait peut-être ajouter à ça s'il le veut.
M. LaBelle : Je pense qu'une des bonnes choses qui est ressorti de cet été, ce sont les discussions entre les gens qui apportent le produit au marché et les pêcheurs. Comme Gilles l'a mentionné, si on se fiait seulement sur le homard qu'on débarque au Nouveau-Brunswick, on aurait très peu d'usines, on aurait très peu de saison. On est maintenant rendus à une saison qui commence au mois d'avril et qui va jusqu'au mois de janvier de l'année suivante. Pour donner un ordre de grandeur, l'ensemble des exportations de poisson et fruits de mer de l'ensemble du Canada est de 4 milliards de dollars à peu près. Ça, c'est la valeur de vente d'une compagnie aux États-Unis, en passant les fruit de mer de Sysco.
Donc, quand on fait affaires avec des chaines de distribution, il faut pouvoir livrer à long terme. Il faut donner assez de travail à nos employés pour qu'ils restent. On a aussi des coûts d'amortissement considérables dans une usine moderne. On s'est adaptés à cette nouvelle réalité là au Nouveau-Brunswick, dans la transformation, en agrandissant notre approvisionnement. Si on n'avait pas fait ça, tout ce coût là, pour emmener le produit sur le marché, on serait confiné à 84 millions de dollars de homard du Nouveau-Brunswick. Donc, l'argent disponible pour les pêcheurs au Nouveau-Brunswick serait beaucoup moindre. Donc, si on perd l'approvisionnement diversifié qu'on a, c'est nos pêcheurs aussi, et non seulement nos employés d'usine qui vont en souffrir, mais nos pêcheurs seront en très grande difficulté.
Sur la question de travailler avec les États-Unis, c'est évident que parmi les plus préoccupés l'été passé, c'était les gens aux États-Unis qui importent nos produits. Il y a de très bonnes relations du côté de la transformation entre les entreprises ici et les entreprises aux États-Unis. Pendant toute cette crise là, le Conseil des pêches du Canada était en très étroite collaboration avec le National Fisheries Institute qui est l'organisation de l'industrie au États-Unis. Il y a des importateurs aux États-Unis assez importants qui ont des usines ici à l'Île-du-Prince-Édouard, puis il y a beaucoup de travail qui se fait du côté de l'industrie pour garder ces frontières ouvertes.
Finalement, comme Gilles et le ministre l'ont mentionné, c'est très difficile de générer un profit à opérer des usines de transformation de homard. Il y a beaucoup de gens qui l'ont essayé. Jusqu'à maintenant c'est surtout au Nouveau- Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard qu'on a les compétences, les employés, qui sont un de nos avantages stratégiques, et les connaissances de traiter cet animal, ce qui est très difficile. Ce n'est pas comme autre chose.
M. LeBlanc : J'aimerais juste ajouter, si possible, aux commentaires de Joseph. La plus grosse crainte des usines de transformation au Nouveau-Brunswick, c'est probablement quand les gouvernements se mettent dans la game. Si aux États-Unis, le gouvernement du Maine et le gouvernement américain donnent des gros octrois pour construire des usines, les usines du Nouveau-Brunswick doivent concurrencer contre l'argent des gouvernements. Ça s'applique aussi aux autres gouvernements. Ça s'applique n'importe où. La plus grosse crainte des entrepreneurs d'usine au Nouveau-Brunswick, c'est de concurrencer contre les gouvernements, que ce soit le gouvernement provincial, fédéral, américain. C'est là que ça change le playing field. Si l'argent est investi par un privé, les usines du Nouveau-Brunswick n'ont pas peur de concurrencer contre n'importe qui sur la planète.
Le sénateur Poirier : Ma dernière question touche un sujet différent. Donc, comme la majorité d'entre nous le réalisent quand on fait notre épicerie, la facture d'épicerie, d'année en année, augmente toujours, ce qui veut dire que les coûts augmentent toujours. Ici, on a une situation où la quantité de homard a monté d'un assez gros montant, un assez gros chiffre. Si je regarde votre présentation, c'est de 6 500 en 2004 à 11 000 à ce point-ci. Je me demandais si vous pourriez me dire, surtout si toute nourriture augmente en prix, quel est le problème de notre homard? Même si on en a une bonne quantité, un produit qui est en demande à la grandeur du monde, qui est vu comme un produit de choix et de qualité, pour quelle raison, quant à vous, le prix n'augmente-t-il pas et que ça reste toujours un facteur et un problème?
M. LeBlanc : La plus grosse raison est très simple et on en a parlé tantôt. C'est l'augmentation exponentielle des débarquements. Depuis 1998, plus ou moins, le montant de homard débarqué aux États-Unis et au Canada a doublé. Ça a bien été jusqu'en 2004, puis ensuite, ce qui est arrivé, c'est que le dollar canadien a commencé à renforcir et le dollar américain à faiblir. Il y a un moment où la différence était de 40 p. 100, elle est même allée jusqu'à 50 p. 100, alors pour chaque dollar américain que tu apportais au Canada, tu avais un 1,50 $ canadien. Tu pouvais mieux payer pour la ressource.
Ensuite, il y a eu le problème économique en Europe, au Canada et partout. Les marchés ont rétréci en même temps que le supply a doublé, puis la seule manière de s'ajuster rapidement, c'était de expander le marché, puis pour expander le marché, il a fallu baisser les prix. Tu avais plusieurs facteurs en jeu en même temps. Un peu comme un perfect storm qui a mis de la pression vers le bas. C'est pour ça que l'Asie et les nouveaux marchés émergeants sont si importants. Tout d'un coup, tu vas dans un nouveau marché qui peut absorber beaucoup de volume. Quand les Chinois vont découvrir la qualité du homard potentiellement, l'idée, c'est que la demande et le prix vont augmenter. Avant 2004- 2005, le prix continuait à augmenter. Le prix est même devenu trop cher et les restaurants aux États-Unis enlevaient le homard de leur menu. Les queues de homard et la chair de homard se vendaient presque 20 $ la livre. Ça, c'est pour le produit gelé. Il y avait trop de résistance à ce prix-là et il y a beaucoup de marchés qui ont reculé. Là, maintenant, à ces nouveaux prix-là, les marchés ont expandé, mais il y a un petit déphasement entre la vitesse de la croissance des prises et à quelle vitesse le marché se développe. Il y a un déphasement. Et à la minute que le homard va commencer à descendre dans les débarquements, le prix va monter. Ça va jumper. Sancton fait son analyse à tous les ans et aussi Michael Gardner avait fait une analyse où tu vois que la majorité, 75 à 80 p. 100 du prix wholesale du homard retourne toujours aux pêcheurs, alors quand le prix va augmenter, les pêcheurs vont avoir un meilleur prix.
Le sénateur Poirier : Est-ce que vous pensez que ça va rester comme ça pour quelques années ou bien est-ce qu'on commence à voir la lumière au bout du tunnel à ce point-ci?
M. LeBlanc : Il y a plusieurs facteurs en jeu, et c'est l'économie américaine, européenne et aussi japonaise, et on voit que nos ventes au Japon sont en train d'augmenter, ça nous aide si ces économies là se renforcissent, ça va être un facteur. L'échange est un facteur. On ne sait pas, mais il faut quand même réaliser que c'est le statu quo. Le gros facteur pour le homard, la grosse opportunité, encore une fois, et puis on l'a tous réalisé dans l'industrie depuis au moins deux ans, ça a commencé peut-être en 2006, c'est le marché asiatique.
Le sénateur Poirier : Merci bien.
M. LaBelle : Aussi longtemps qu'on vend un produit qui est une denrée, on va avoir de la difficulté à faire notre place sur le marché et avoir la valeur. Depuis un an et demi, la valeur sur le marché des queues de différentes tailles est devenue à peu près égale. Une queue de deux à trois onces se vend pour le même prix qu'une queue de quatre onces. Nos clients se disent pourquoi je vais mettre sur l'assiette une queue de deux onces à trois onces quand je peux avoir la même chose pour quatre onces? Et on avait un client très important ce printemps qui nous a dit « bon, cette année, on n'achète pas du tout des queues de deux à trois onces. Organisez-vous avec ça. »
Donc, il n'y a pas nécessairement une solution structurée. Il s'agit d'être sur le marché et de voir quels sont les changements et de pouvoir s'adapter nous aussi au niveau des produits qu'on produit, dans la transformation qu'on fait et ça, ça veut dire aussi certaines fois de changer la manière qu'on pêche. Donc, il faut avoir les pêcheurs, les transformateurs, les gens en marché, qui comprennent les marchés et aussi qui sont habiles à changer avec le temps.
M. LeBlanc : Juste un autre petit commentaire. L'entente canadienne-européenne, est vraiment importante pour le homard car il y a un tarif de 15 p. 100 sur les produits transformés de homard, de crabe des neiges. Je pense que dans cette entente, cette taxe va être enlevée au cours de plusieurs années ou quelques années, et ça, c'est vraiment important car ça pourrait ouvrir le marché européen pour le homard transformé.
M. Olscamp : Je veux juste ajouter en anglais.
[Traduction]
Si les choses se passent comme nous le souhaitons, les discussions qui ont lieu en ce moment même au sujet des marchés européens ouvriront des débouchés pour les poissons et les fruits de mer. Encore une fois c'est une question d'offre et de demande. Comme l'a souligné M. LaBelle, quand un gros acheteur a remporté le gros contrat pour les queues — c'est ainsi qu'un transformateur m'a décrit la chose — l'économie américaine a coulé. L'économie américaine a coulé pour différentes raisons, je ne me souviens plus du nom de ces institutions de prêt, Fannie Mae je crois, cela a été le déclencheur de l'avalanche. Il ne s'agit pas toujours uniquement de ces entreprises.
Il y a eu plusieurs choses qui ont affecté l'industrie du homard à cette époque. Comme l'a dit M. LeBlanc, le climat est un paramètre, cela ne fait plus de doute. Les marchés sont un paramètre de premier ordre. Le déclin de l'économie américaine également. Cette grosse entreprise qui a remporté le contrat a été le catalyseur qui a provoqué une partie de nos problèmes.
En ma qualité de ministre, il m'était difficile de communiquer là-dessus. Comment dire à un pêcheur furieux, et vous les avez vus comme moi, « Vous ne pouvez pas nous balancer du homard américain ». On ne peut pas dire : « Arrêtez d'acheter du homard américain. » Il nous a fallu expliquer que nous avions besoin du homard américain pour faire fonctionner les usines. En un sens, cela nous ramène au fossé qui existe dans la tête des pêcheurs et que nous commençons à rétablir, relativement au fait que, si nous n'avions pas ces usines de transformation, ils ne pourraient pas vendre leur produit. Il y a toujours eu un froid entre pêcheurs et transformateurs, et je crois que nous avons fait des avancées si bien qu'ils assument désormais la responsabilité de la filière entière plutôt que de s'accuser mutuellement et de dire : « Vous nous menez à notre perte. » En tant que ministre, je me réjouis que nous ayons réussi, grâce notamment au travail de mon équipe, à accomplir cela.
Il y a énormément de paramètres à prendre en compte, sénateur Poirier. Le dollar américain s'est effondré. Comme M. LeBlanc vous le dira, bien que nous soyons de gros exportateurs, nous ne pouvons pas déclarer la guerre aux Américains au sujet du homard. Il y a déjà des rumeurs : « Nous allons arrêter de vous acheter des pommes de terre. » Nous sommes de gros exportateurs de pommes de terre, mais on ne peut pas jouer à ce jeu-là. Cela s'appelle du protectionnisme. Je ne suis pas expert, mais selon mon expérience, ça n'a jamais fonctionné. Certains gouvernements s'y risquent un peu plus, mais nous ne devrions pas déclencher une guerre de protectionnisme.
Je reviens à ma thèse sur l'existence d'un tournant, au moins du point de vue humain et nous pouvons espérer que mère Nature se montrera coopérative. Je pense que mon équipe sera d'accord avec moi pour dire qu'il faut continuer à avancer. Cette industrie est trop importante. Il nous reste néanmoins des eaux agitées à traverser.
Le sénateur McInnis : Si j'ai bien compris, 70 p. 100 du homard transformé provient des États-Unis?
M. LaBelle : Non.
Le sénateur McInnis : Quel est le pourcentage alors?
M. LaBelle : Soixante-dix pour cent ne viennent pas du Nouveau-Brunswick.
Le sénateur McInnis : Vous avez dit avoir octroyé des prêts d'un montant total de 11 millions de dollars aux organisations de pêcheurs. Qui rembourse?
M. Olscamp : Le gouvernement fédéral avait proposé une subvention de 11 millions de dollars pour rationaliser. Nous avons contrecarré son offre en proposant un prêt de 11 millions de dollars remboursable sur une certaine période. Je ne vais pas entrer dans les détails. L'Union des pêcheurs des Maritimes a négocié avec nous pour que les paiements soient prélevés sur leur subvention pour le crabe des neiges. Voilà comment la province va récupérer l'argent. Huit communautés de l'Union des pêcheurs des Maritimes reçoivent une subvention pour le crabe des neiges. Ils perçoivent de l'argent et c'est de cette manière que nous sommes remboursés.
Le sénateur McInnis : Vous dites qu'une mauvaise gestion de la chaîne de valeur fait perdre de la valeur au produit et nous fait perdre de l'argent. J'ai lu qu'il fallait réfrigérer les homards le plus rapidement possible, le mieux étant de le faire directement sur le bateau. Est-ce faisable? Est-ce coûteux? Est-ce quelque chose que nous devrions développer?
M. LaBelle : Nous n'avons pas besoin de systèmes de réfrigération sophistiqués. La glace suffit amplement. Ce qui compte c'est l'état du homard à sa sortie de l'eau. Est-il fort et vif? Ensuite il faut le protéger du soleil, de la chaleur et de la pluie ou de l'eau douce. Ce n'est pas très compliqué. Il est indispensable d'avoir des compartiments sur le bateau pour ne pas entasser un grand nombre de homards dans une caisse et les écrabouiller. Ce sont des solutions très faciles à mettre en œuvre pour la plupart des pêcheries. Pour certaines pêcheries du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, c'est difficile la première semaine, cette semaine, car certains bateaux ramènent 6 000 livres par jour, donc ça devient problématique. Mais presque partout ce sont des problèmes faciles à gérer et qui ne sont pas très coûteux pour le pêcheur. Ce qui pose problème, c'est le choix des appâts. Si on utilise du maquereau frais, c'est mauvais pour le homard à cause des histamines qui se développent. Ce qui coûte cher, c'est la fabrication de toute la glace dont nous avons besoin, il y a un problème de capacité pour la fabrication de glace.
Le sénateur McInnis : Est-ce fréquent?
M. LaBelle : Disons que cet été le problème a commencé à se faire sentir sérieusement. Il y a eu par le passé des tentatives d'utilisation de cuves de recirculation sur les bateaux, mais même avec ces systèmes, lorsqu'on entre au port et que l'eau est très chaude, ça ne fonctionne pas.
Le sénateur McInnis : Exactement.
M. LaBelle : Le mieux, c'est la glace. Nous avons organisé environ 18 ateliers sur la côte Est cette année et quelques- uns dans la baie de Fundy. Nous avons fait venir un vétérinaire et il nous a expliqué : « Si vous faites ceci, ça aura tel effet sur le homard. » C'était très bien. Les gens ont bien compris, ils se sont engagés; il y avait les pêcheurs, les acheteurs sur les quais, les gens qui travaillent dans les usines, tous les intervenants de la chaîne de valeur. Il était bien parce qu'il nous a dit : « Je ne vais pas vous apprendre votre métier, mais je peux vous dire que si vous faites telle chose au homard, voilà pourquoi ça va mal se passer. » Nous sommes certains que les pêcheurs vont trouver des solutions innovantes et rentables pour ne pas endommager le homard.
M. Olscamp : Tous les acteurs du secteur s'accordent à dire que la qualité est primordiale. Cet été, au mois d'août, avec le facteur humidex, la température a dépassé les 40 degrés et, dans cette région, c'est incroyable. Dans les Maritimes, c'est inhabituel.
Le sénateur McInnis : La qualité est l'un des trois piliers identifiés par Gardner Pinfold dans le rapport qui a été remis au Conseil du homard. Si vous voulez estampiller votre produit et en tirer un bon prix, la qualité doit être au rendez-vous.
Le calendrier à dates fixes constitue un autre défi, c'est intéressant d'entendre que vous y travaillez. Des dates flottantes seraient-elles plus adaptées? Qui déciderait des dates? Seraient-elles différentes de celles d'aujourd'hui? Les pêcheurs se verraient-ils contraints d'attendre le 1er janvier pour savoir quand ils auront le droit de pêcher cette année? Comment cela fonctionnerait-il?
M. LaBelle : Des travaux très intéressants ont été faits dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Le Centre de la science du homard du Collège vétérinaire de l'Atlantique a fait des recherches avant la mue, en opérant une surveillance tôt dans l'année. Des pièges tests permettent de surveiller la dureté de la carapace, de savoir quand se déroule la mue et de surveiller les taux sanguins. Le suivi a été suffisamment long pour qu'il soit possible de prévoir très précisément la qualité du homard trois semaines à l'avance. Il serait possible pour le secteur de dire, comme c'est le cas dans d'autres pêcheries : « Nous n'allons pas commencer le 8 août cette année parce que le cycle est en retard et nous devrions attendre le 16 août ou le 1er septembre. »
D'autres pêcheries fonctionnent de cette manière. J'ai mentionné la pêcherie de crabe dormeur sur la côte Ouest. À une époque, au Nouveau-Brunswick, nous faisions cela pour la rogue de hareng. Nous en mesurions la maturité avant de pêcher, plutôt que de se fier à un calendrier. Nous ne manquons pas de connaissances scientifiques, de données ou d'informations pour prendre des décisions. Ce qui nous manque c'est la capacité de prendre ces décisions collectivement.
Le sénateur McInnis : Votre province est responsable à compter du moment où le homard est débarqué, et on a constaté que l'APECA a récemment financé des missions commerciales et notamment envoyé des chefs de cuisine en Floride. Certains ont fait remarquer que les entreprises privées doivent elles-mêmes financer de tels voyages. C'est Michael Gardner, je crois, qui a dit qu'il semble injuste qu'elles doivent payer leurs frais alors que le gouvernement du Canada finance des gens pour qu'ils organisent ces missions commerciales. Évidemment, cela rapporte des bénéfices, mais les gens se demandent pourquoi le gouvernement national donne de l'argent alors que le secteur privé doit payer pour ses propres activités.
M. LeBlanc : C'est une bonne question. Nous avons découvert que, même dans notre industrie, en Asie par exemple, en 2006, 2007 et 2008, le gouvernement doit contribuer au développement des nouveaux marchés. Dès qu'un marché commence à bien fonctionner et que les relations entre entreprises sont établies et prospères, il devient très dangereux de laisser le soin au gouvernement de faire la promotion, d'attirer de nouveaux acheteurs et tout cela. Nous avons constaté, ces dernières années, qu'il arrive que nous attirons quelqu'un, que nous le mettons en contact avec beaucoup de transformateurs, par exemple, pour découvrir que ce nouvel arrivant entretient déjà une solide relation d'affaires avec une autre entreprise depuis 10 ans. C'est très dangereux, voilà pourquoi nous misons davantage sur les nouvelles occasions d'affaires et les nouveaux marchés.
Même en Chine, certaines villes représentent des marchés parvenus à maturité, comme Shanghai, et certains préfèrent se concentrer sur des villes de second ordre dont la population est inférieure à 30 millions d'habitants. Certaines villes sont sur la côte, alors leur appétit pour les fruits de mer est déjà développé, si je puis m'exprimer ainsi. Cela se résume à comprendre le marché, à comprendre ce qui y a été fait, puis, à essayer d'ajouter quelque chose ou de diversifier l'offre, mais pas à faire concurrence.
L'un des pires scénarios, c'est quand l'entreprise a déjà du succès au Canada. Tous les autres veulent l'imiter et tenter de séduire le même consommateur. Le marché est suffisamment grand pour cette industrie. La ressource ne se trouve que dans le Nord-Ouest de l'océan Atlantique, seul endroit au monde où l'on trouve du Homarus americanus. Le monde est vaste et nous avons un bon produit, un produit de luxe. Je crois que nous devrions prendre conscience de cela au départ pour ensuite chercher à distribuer notre produit de sorte à profiter des meilleures affaires qu'offre le marché.
M. Olscamp : Je vais simplement vous donner la réponse politique qui s'impose.
Le sénateur McInnis : Bien. J'attendais justement une réponse politique.
M. Olscamp : Nous devons tous composer avec un climat économique tendu. Les gens du fédéral et nous aussi. En ce qui concerne la promotion, nous croyons que notre rôle consiste à ouvrir des portes, mais nous croyons aussi que nous devons nous effacer après un certain temps. Vu le budget limité dont je dispose, j'estime que notre ministère fait preuve d'une grande générosité quand il affecte autant d'employés à la promotion de ce produit en particulier. Je suis tout à fait d'accord avec l'idée que nous devons nous effacer, si vous me comprenez bien. Si seulement j'avais plus d'argent. M. LeBlanc a raison quand il dit que le secteur privé va revenir si on continue de l'appuyer. Je crois que nous avons réussi à créer beaucoup d'occasions parce que nous sommes parvenus à développer les marchés, comme vous l'avez vu dans les statistiques. Si de nouveaux marchés sont découverts, nous serons toujours là pour étudier la possibilité d'y accéder avec les producteurs, mais il y a un moment où nous devons nous effacer.
M. LeBlanc : Nous réussissons quand le gouvernement fait une promotion générale du produit. Si vous faites la promotion du homard canadien en Asie, toute l'industrie peut en profiter. Certaines vidéos ont été diffusées à la télévision chinoise, par exemple. On y voyait des chefs chinois cuisiner du homard canadien et parler du produit. Voilà un exemple de promotion générale. Tout le monde en profite. Vous pouvez voir cela sur Internet, c'est formidable. C'est une émission de cuisine diffusée en Chine, et il y est question du homard canadien. Nous voulons nous concentrer sur ce genre d'activités, car elles profitent à toute l'industrie.
Le sénateur Unger : Quelqu'un a posé ma question avant moi, mais j'aimerais quand même dire, monsieur le ministre, que votre analogie avec le pétrole albertain était très pertinente. De toute évidence, nous avons tous deux de la difficulté à amener notre produit sur le marché. Je vous souhaite donc bonne chance, et je suis sûre que vous nous souhaiteriez la même chose parce que beaucoup de gens de votre région travaillent en Alberta.
Le président : Je remercie le ministre et les représentants. Cet exposé était très instructif, tout comme les questions et les réponses. Tout cela va apporter beaucoup de matière à notre étude. Avec un peu de chance, certaines des idées et des suggestions dont vous nous avez fait part vont se retrouver parmi nos recommandations visant à améliorer cette merveilleuse industrie. Les difficultés sont nombreuses, mais les possibilités le sont tout autant. Merci de nous avoir accordé de votre temps.
Nous savions que la journée serait longue, mais nous avons déjà plus d'une demi-heure de retard après seulement un groupe d'intervenants. Nous nous en excusons et remercions le ministre MacKinley, de l'Île-du-Prince-Édouard, et ses collègues pour leur patience.
Monsieur le ministre, veuillez nous présenter vos collègues et enchaîner avec votre déclaration.
L'honorable Ron W. MacKinley, MAL, ministre des Pêches, de l'Aquaculture et du Développement rural, gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard : Richard Gallant est mon sous-ministre, et Barry MacPhee est le directeur des Services des pêches de l'Île-du-Prince-Édouard.
C'est un plaisir d'être ici aujourd'hui, devant le Comité sénatorial des pêches et des océans, pour présenter certaines des initiatives et des incitatifs adoptés l'Île-du-Prince-Édouard pour appuyer son industrie du homard.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais revenir sur la question de la taille de la carapace dont les représentants du Nouveau- Brunswick ont parlé. Pour autant que je sache, et reprenez-moi si je me trompe, il semble que les transformateurs néo- brunswickois ont demandé au MPO s'il était possible d'augmenter la taille de la carapace parce qu'ils avaient de la difficulté à vendre le homard de conserverie. Je crois que les pêcheurs sont d'accord avec ça. Chez nous, cependant, les transformateurs n'éprouvent aucune difficulté à vendre ces homards ou ceux de petite taille, car ils sont plus délicats et plus pratiques. Dans certains pays, comme en Chine, les repas sont souvent servis dans de petits récipients. On vous sert l'équivalent d'une demi-assiette, vous savez de quoi je parle, pour réduire les coûts. Dans le Canada atlantique, 80 p. 100 des homards de conserverie sont pêchés à l'Île-du-Prince-Édouard et 20 p. 100 au Nouveau-Brunswick. Je crois qu'il n'y en a pas du tout en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador, ou du moins pas suffisamment pour qu'on en tienne compte. Le homard de conserverie est très important pour nous, puisqu'au cours des 10 dernières années, il constituait 65 p. 100 de nos prises, en moyenne.
Imaginez que vous soyez à Terre-Neuve-et-Labrador et que l'Alberta décide que votre province n'a pas le droit de vendre tel ou tel type de pétrole, bien si qu'elle n'en ait pas elle-même à en vendre, ou très peu, mais imaginons que l'Alberta ait décidé d'essayer de faire monter ses prix. La nouvelle risque d'être plutôt mal accueillie dans votre province. C'est le problème que nous avons avec le Nouveau-Brunswick sur cette question. Nous nous entendons sur beaucoup de choses, mais il y a un problème sur ce point en particulier. Puisque ce type de homard ne représente que 20 p. 100 de ses pêches, l'une des solutions pourrait être de proposer au Nouveau-Brunswick qu'il fixe ses propres normes en matière de taille par l'entremise de son association de pêcheurs et qu'il cesse de pêcher ces homards que les entreprises ont de la difficulté à transformer. De notre côté, les homards arrivent à cette période de l'année et nos transformateurs s'affairent à conditionner la totalité des prises.
Je vois un autre problème en ce qui concerne l'industrie du homard. D'importants progrès ont été réalisés pour distribuer le homard du Canada atlantique sur de nouveaux marchés. Le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et même le Québec, aussi loin soit-il, ont accédé à de nouveaux marchés. Par exemple, les États-Unis comptent 330 millions d'habitants. Le Canada n'en compte que 38 à 40 millions. La Chine en a 1,3 milliard, et les Chinois aiment le poisson. Je reviens tout juste de Chine et c'est stupéfiant de voir la quantité de poisson et de différents produits à base de poisson qui y sont consommés.
Nous avançons dans la bonne direction. Ce n'est pas un problème, mais lorsque les pêcheurs du Nouveau- Brunswick et de la Nouvelle-Écosse se sont gardés de quitter le port, à mon avis, et je suis un homme d'affaires, pas un pêcheur, le prix du homard a semblé monter et se maintenir. Ensuite le printemps arrivé, j'ai prié, en tant que nouveau ministre, pas en tant que pêcheur, parce que j'espérais que le prix du homard augmenterait, car cela m'aurait de beaucoup faciliter la vie et mon travail, et le prix a en effet augmenté. Il a fait un bond d'environ 27 p. 100. Au printemps, nous avions environ 1 000 bateaux au large. C'est pendant cette saison que la majeure partie de la pêche se fait. Je crois que le volume total a augmenté de 35 p. 100. Et si le volume augmente de 35 p. 100 à l'Î.-P.-É., il augmente certainement aussi au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse.
Nous en avons beaucoup profité. Tous les homards ont été vendus et transformés. Ensuite, l'automne est arrivé et le prix a chuté. C'est très difficile pour les pêcheurs de cette région en particulier. Le beau côté est que les pêcheurs ne le prenaient pas si mal puisque 160 des 210 bateaux appartenaient à des coopératives. Ce sont des entreprises où les pêcheurs font leur propre comptabilité, je crois. Il y a la Royal Star, qui est une coopérative très prospère, il y a l'Acadian Fisheries, une autre coopérative. De plus, il y avait environ 60 bateaux qui se trouvaient là également et qui opéraient comme des marchés ouverts. Eux aussi ont vu leur nombre de prises augmenter considérablement. Savez-vous de combien?
Richard Gallant, sous-ministre, ministère des Pêches, de l'Aquaculture et du Développement rural, gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard : De 25 p. 100.
M. MacKinley : Les prises ont augmenté et le prix a descendu de nouveau à environ 2,50 ou 2,75 $ la livre. Il est tout simplement impossible de dégager un profit. La promotion est donc la clé du succès pour l'industrie du homard. Je me souviens d'avoir assisté à des réunions avec certains de nos pêcheurs de la ZPH 25. Ils parlaient des changements climatiques, de la chaleur et de tout ça. Il faudrait demander au ministre Sterling Belliveau ou aux pêcheurs du sud- ouest de la Nouvelle-Écosse si le climat a changé depuis qu'ils ont commencé à pêcher, si l'eau est plus chaude, si les poissons sont plus faciles à prendre, si les phoques mangent tous les autres poissons ou si les homards mangent davantage. Je me demande quelle serait leur réponse. C'est quelque chose que nous avons tenté de comprendre. En attendant, nos prises sont à la hausse. Et c'est une bonne chose, car cela nous permet de savoir qu'il y a beaucoup de homard.
J'aimerais aussi dire, et je suis optimisme à ce sujet, que l'industrie du homard va finir par prendre son essor. Certains pêcheurs ne sont pas parvenus à obtenir un bon prix à la vente et les choses sont également difficiles pour la Nouvelle-Écosse en ce moment; le prix est d'environ 3,50 $ la livre. J'aimerais souligner que les pêcheurs et les gouvernements devraient veiller à ne pas trop se plaindre de la faiblesse du prix, car les consommateurs chinois s'attendent à ne pas payer cher. On ne voit pas l'Alberta aller dire que le prix du pétrole est trop bas. On ne verrait pas Shell dire une chose pareille non plus. Le homard, les fermes, la pêche et le tourisme sont pour nous ce que le pétrole est à l'Alberta. Mes fils travaillent là-bas. C'est un bon endroit où travailler pour les jeunes. C'est un endroit incroyable. L'essor est tout simplement fantastique, ils ont beaucoup de mérite. C'est une bonne chose que nous ayons du pétrole au Canada et c'est une bonne chose qu'il y en ait en Nouvelle-Écosse, à Terre-Neuve-et-Labrador et partout ailleurs où nous pouvons l'extraire, car c'est de l'argent qui nous revient.
Ce sont des choses que j'entrevois pour l'industrie du homard. La pêche au homard est une priorité pour notre gouvernement. À une certaine époque, à l'Î.-P.-É., les pêches et le homard relevaient du même ministère que l'agriculture ou un autre secteur. Nous nous étions notamment engagés à créer notre propre ministère des Pêches. Les pêches sont la seconde industrie de la province. Pas seulement le homard, mais les pêches en général. Il est important d'avoir un ministre qui s'occupe uniquement de cela, et c'est l'une des réalisations de notre gouvernement.
Depuis qu'il a nommé un ministre pour s'occuper des pêches et de l'aquaculture, notre gouvernement a fait plus pour ce secteur à lui seul que tous les gouvernements précédents. Ce n'est pas du tout une question de politiques, il ne s'agit que d'avoir un ministre qui s'occupe de l'industrie à temps plein et qui traite ses dossiers avec l'aide directe de ses adjoints et de son personnel. Ainsi, le ministre a plus de temps pour écouter ce que les pêcheurs ont à dire et ce qu'ils veulent. Le caucus libéral compte aussi quelques pêcheurs, et c'est une très bonne chose pour nous. Nous avons Charlie McGeoghegan et Francis Buck Watts. Charlie est un jeune pêcheur qui pratique le métier depuis une dizaine d'années. Je crois que Buck Watts a vendu son équipement. Il a pris sa retraite et vendu son équipement à son fils. Ils font un travail inestimable pour ce qui est d'exposer au gouvernement les questions relatives à la pêche. Les deux sont passionnés par l'industrie de la pêche et travaillent très fort pour leur circonscription et les pêcheurs, et ils font en sorte que le gouvernement entende et comprenne les préoccupations de ceux-ci.
Le homard est le segment le plus lucratif de l'industrie de la pêche à l'Î.-P.-É. Il occupe plus de 1 200 bateaux et représente près de 60 p. 100 de la valeur au quai totale. À propos de la valeur au quai, l'un de nos problèmes vient de la nouvelle réglementation très sévère du gouvernement fédéral en ce qui concerne le chômage. Elle pourrait avoir des effets dévastateurs. Le fédéral nous a aussi frappés durement en ce qui a trait aux quotas. Il a réduit notre quota de flétan. En ce moment, nous pouvons aller pêcher le flétan et remplir notre quota avant le dîner. Comment peut-on continuer à travailler si l'on n'obtient pas sa juste part des quotas? C'est l'une des ombres au tableau pour l'Île-du- Prince-Édouard. L'île n'a ni gaz ni de pétrole. Je ne me plains pas, les choses sont simplement faites ainsi. Nous sommes entourés d'eau et l'industrie de la pêche et les gens qui y travaillent sont extraordinaires. À ce jour, plus de 6 000 personnes travaillent dans l'industrie de la pêche à l'Île-du-Prince-Édouard.
À lui seul, le homard rapporte plus de 250 millions de dollars à l'économie de l'Île-du-Prince-Édouard. Aujourd'hui, nous parlerons du travail que le gouvernement provincial a accompli avec le secteur du homard pour pallier les difficultés qu'a connues l'industrie à la suite d'un ralentissement majeur de nos affaires sur le marché américain. Nous allons également expliquer comment nos programmes d'appui vont rendre les pêches meilleures dans l'avenir. Comme tout le monde le sait, l'un des problèmes réside dans le fait que 80 p. 100 des homards canadiens sont vendus aux États- Unis et que ceux-ci ont connu une récession qui a fait grimper le dollar canadien au pair avec le dollar américain et que tout cela nuit au commerce. C'est probablement là que nous avons commencé à éprouver des difficultés.
Si vous êtes un transformateur et que vous vendez sur le marché en général, vous prenez votre commission, vous empochez des bénéfices, tout va bien, mais nous n'étions pas prêts à avoir les Chinois, et pas si tôt, peut-être si nous étions arrivés plus tôt. Nous sommes là maintenant et nous poussons fort.
Quand nous étions dans l'Ouest du Canada et en Alberta, nous avons fait une démonstration sur le homard là-bas et nous avons découvert qu'ils aiment le homard vivant et qu'ils le veulent dans sa coquille, mais si vous n'avez pas l'expertise pour le cuire, le transport est cher. Il faut maintenant des appareils qui permettent aux transformateurs de ramasser les homards, de les garder frais pendant 32 jours avant de les charger dans la remorque du camion. À propos, nous aurons une tente ministérielle au Stampede de Calgary l'année prochaine. Nous allons bouillir des homards, et j'espère que monsieur le sénateur viendra. Nous nous assurerons de vous envoyer une invitation. Il faut aussi que nous trouvions de nouvelles façons de faire les choses, et c'est à cela que le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux pourraient nous aider. De nouvelles idées, de nouvelles méthodes, et ensuite en discuter. Il faut attirer les pêcheurs et les transformateurs de notre côté.
Vous parlez de qualité, et comme je le disais plus tôt, cette année à cause de la période très chaude, 30 degrés, les pêcheurs sortaient les bateaux et rentraient leur prise au bout d'un certain temps, après avoir récolté une certaine quantité et ils mettaient les prises dans la glace pour que les homards restent en bon état. La qualité est très importante, et elle est très importante quand elle arrive au quai. Ils ont organisé un service de navette. En ce qui concerne la manutention et le maintien des homards en bon état, les pêcheurs sont extrêmement astucieux et ils s'adaptent aux conditions dans lesquelles ils se trouvent.
Nous reconnaissons que la restructuration du secteur, la reprise du marché existant, le développement de nouveaux marchés et les autres améliorations ne se feront pas du jour au lendemain. Nous reconnaissons aussi que nous ne sommes qu'un acteur au sein d'une industrie du homard qui comprend environ 10 000 entreprises de pêche dans les provinces canadiennes de l'Atlantique et un vaste secteur de pêche dans l'État du Maine. Nous nous sommes engagés à collaborer de près avec l'industrie et avec les gouvernements provinciaux pendant cette période d'améliorations.
Nous sommes ici aujourd'hui, pour souligner le rôle important de partenaire que joue le gouvernement fédéral pour soutenir les pêcheurs de homard pendant que le marché reprend et que l'industrie se restructure. Les provinces ne peuvent pas assumer tout le travail à accomplir pour soutenir le secteur en ces temps difficiles. Comme je le disais, le gouvernement fédéral peut nous aider à trouver de nouveaux moyens de livrer du homard qui reste frais plus longtemps. À l'heure actuelle, si vous cuisez un homard à l'Île-du-Prince-Édouard, il faut le conserver au frais et le consommer dans les 72 heures qui suivent. En Europe on obtient ce même homard en 32 jours. Je leur ai parlé, et ils garantissent que leurs clients peuvent l'obtenir en environ 22 jours. Vous obtenez un homard frais sur l'assiette, en coque et tout. Au début, en entendant ça, j'ai pensé que c'était de la viande empaquetée parce que c'est la façon la plus économique de vendre la viande. Quand nous avons mené une étude de marché, surtout dans l'Ouest du Canada, ils veulent le homard en coque, comme en Chine.
Ce sont des choses auxquelles le gouvernement fédéral peut nous aider.
Nous sommes ici aujourd'hui, pour souligner que le gouvernement fédéral devrait réexaminer l'annonce faite dernièrement sur la modernisation des pêches, comme les permis en ligne, la distribution d'étiquettes de casiers et les autres mesures telles que la réforme de l'AE que j'ai mentionnée plus tôt. Ces choses vont rendre la vie encore plus difficile à ceux qui travaillent dans l'industrie des pêches. Il faut qu'au cours des mois à venir, notre gouvernement fédéral, surtout Pêches et Océans, reste à la table et trouve des moyens de soutenir le développement des marchés, la diversification et d'autres mesures.
Le sous-ministre Richard Gallant va présenter quelques diapositives sur certaines de ces initiatives. Après cela, nous répondrons aux questions.
M. Gallant : Monsieur le président, nous sommes très heureux de nous présenter aujourd'hui, devant votre comité, surtout pour parler du sujet très important de l'industrie du homard.
Nous avons un bref exposé en Powerpoint que je vous présenterai rapidement. La première diapositive est simplement un énoncé du mandat du ministère.
Comme l'a indiqué le ministre, nous représentons un ministère distinct, celui de Pêches, Aquaculture et Développement rural. Passons donc la diapositive du mandat et concentrons-nous sur l'industrie du homard. La province compte 1 225 pêcheurs titulaires de permis qui emploient plus de 1 800 aides. Nous avons donc plus de 3 000 personnes occupées à capturer le homard en mer. Les pêcheurs entretiennent et gèrent 45 ports de pêche par l'entremise des autorités portuaires. La province retrace les quais de débarquement du homard, donc cette information est passablement à jour. En 2012, on a débarqué 27 millions de livres de homard, soit une valeur de 113 millions de dollars. Le ministre vous a dit que ce secteur injecte presque 250 millions de dollars dans l'économie provinciale, ce qui est considérable pour une population de 140 000 personnes.
Nous récoltons le homard de trois ZPH : la 24 sur la côte Nord, la 26A dans le Sud-Est de l'Î-P.-É. et la 25, pour la pêche d'automne, dans le détroit de Northumberland.
En 2011, la valeur des débarquements par espèce à l'Î.-P.-É. s'élevait à près de 60 p. 100 de la valeur de toute l'industrie. Soulignons qu'en 2011, la valeur des débarquements de homard a été de 79,5 millions de dollars. Cela en dit long sur chaque 25, 50, 75 cents ou dollar par livre de la valeur des débarquements de homard qui ont d'énormes répercussions sur la valeur des débarquements et sur les dollars payés aux pêcheurs et qui se retrouvent dans l'économie. Dans le passé, la valeur de nos débarquements s'élevait à environ 100 millions de dollars et en un an, en 2009, elle a baissé à 75 millions de dollars. Il s'agissait de 25 millions de dollars en une année de valeur de débarquement de cette ressource que les pêcheurs qui la capturaient n'ont pas reçus, ce qui est très grave dans ces régions rurales.
La prochaine diapo présente la moyenne des débarquements sur 26 ans, de 1987 à 2012, ce qui indique qu'en principe, cette ressource est en bon état à l'Île-du-Prince-Édouard. Dans certaines régions les débarquements sont plus faibles, mais somme toute cette ressource est en bon état, et nous en sommes heureux et fiers.
La prochaine diapo montre le total cumulé du homard de conserverie, ce qui démontre que, comme l'a dit le ministre — et ce homard cette année va de 71 millimètres à 81 millimètres, l'année prochaine il passera à 72 —, le homard de conserverie est un élément très important des pêches à l'Île-du-Prince-Édouard. Bien des marchés se sont développés pour ce produit. Il représente environ 20 p. 100 des débarquements de homard canadien.
Le rôle principal du ministère est l'octroi de permis et l'inspection. C'est notre rôle traditionnel dès que le homard tombe sur le quai. On compte environ 48 entreprises qui achètent du homard. Nous délivrons chaque printemps environ 166 permis d'achat de homard, soit un permis par acheteur par quai, donc 166 endroits, et nous délivrons 23 permis d'achat de homard en automne. Nous comptons environ 19 usines de transformation qui ont l'autorisation de transformer le homard. Il y a un moratorium depuis 1994 sur la transformation et sur l'octroi de permis, mais 19 usines ont l'autorisation de transformer, et neuf d'entre elles environ sont actives dans la province.
Les gens vendent aussi le homard au bord des routes, et nous comptons 36 vendeurs. Notre gouvernement a modifié son règlement pour permettre aux principaux pêcheurs de vendre leurs propres prises, et ce règlement est en vigueur depuis 2008. Nous avons environ 19 pêcheurs titulaires d'un permis de vendre leurs prises cette année et environ 17 vendeurs de homard qui ne sont pas pêcheurs. Nous avons deux inspecteurs des pêches qui appliquent nos lois.
La prochaine diapo présente un programme que l'on ne trouve qu'à l'Île-du-Prince-Édouard. C'est un programme de surveillance de la ressource de homard. Nous recueillons des données sur l'état de la ressource de homard depuis 1998. Nous avons lancé ce programme en partenariat avec le MPO et avec l'industrie, et grosso modo, nous sommes toujours en partenariat. Plus de 100 pêcheurs récoltent de nombreux renseignements sur la ressource de homard, comme la taille des homards dans les casiers, l'abondance des homards dans les casiers, le type d'appâts utilisés, la température de l'eau, la capture ou non de femelles oeuvées, le nombre de homards que les pêcheurs rejettent à la mer. Les renseignements que les pêcheurs recueillent sur la ressource sont extrêmement précieux. C'est le seul programme qui récolte ces renseignements dans le sud du golfe. Si l'on ne comprend pas la ressource, il est inutile de prendre des décisions sur sa gestion sans disposer d'information.
En fin de compte, le ministère finance maintenant tout le programme, mais sans ce programme, nous n'aurions que très peu de connaissances sur la structure de cette ressource dans le sud du golfe.
Les représentants du Nouveau-Brunswick ont indiqué qu'en 2011, le total des débarquements de homard entre le Canada et les États-Unis s'élevait à près de 260 millions de livres. Si l'on remonte à 2007, cela représente presque une augmentation de 50 p. 100. Le ministre a parlé de développement des marchés, et nous avons ici une des raisons pour lesquelles il est important d'étendre les marchés et de développer de nouveaux marchés : l'augmentation des débarquements de homards entre les provinces canadiennes de l'Atlantique et l'État du Maine.
La prochaine diapo présente simplement les taux de change. Nous n'allons pas entrer dans les détails, mais soulignons que comme nos dollars sont à égalité, nos transformateurs sont désavantagés par rapport aux profits supplémentaires qu'ils faisaient sur ce produit quand ils l'exportaient il y a plusieurs années.
La prochaine diapo présente les prix du homard capturé au printemps. Nous voyons de nouveau la chute des prix en 2009 à cause de la récession aux États-Unis et en Europe. De plus, le taux de change à égalité a eu des retombées désastreuses sur les prix au quai. Les prix au quai ont quelque peu remonté lors de la pêche de printemps, et le ministre a mentionné une nouvelle faible amélioration au printemps de 2012, mais les prix ne sont pas remontés à 5 et 6 $ pour une livre de homard comme ils l'avaient été entre 2000 et 2007. Quand on entend dans les médias les pêcheurs dire qu'il leur faut cinq ou six dollars la livre de homard, c'est en fait le prix du homard entre 2000 et 2007.
Vous voyez ici les prix du homard capturé en automne. Les très bas prix de 2,50 $ et 2,75 $ cet automne n'ont certainement pas aidé les pêcheurs. Nous confirmons que les discussions se poursuivent sur la possibilité de modifier la saison de la ZPH 25, la pêche d'automne. On entend différents points de vue. Notre secteur, notre industrie à l'Î.-P.-É. accepte que le homard de conserverie passe à 72 millimètres, mais pas plus que ça. Nos coopératives ont développé des marchés pour ce homard de conserverie et elles veulent continuer à servir ces marchés, mais il serait utile de discuter d'un ajustement du jour de l'ouverture de la saison.
Je voudrais juste revenir à 2009. Lors de la crise du homard, la province a instauré un plan en cinq volets pour la pêche au homard. Ce plan comprenait plusieurs éléments destinés à soutenir le secteur. Je voudrais parler un peu du programme de prêts à faibles taux d'intérêt pour la commercialisation et pour la rationalisation, puis, nous mentionnerons une chose au sujet de l'AE.
Seule l'Île-du-Prince-Édouard offrait ce programme de prêts à faibles taux d'intérêt. En bref, les pêcheurs dont la trésorerie disponible ne dépassait pas un certain niveau, 40 000 $, pouvaient faire une demande auprès d'un établissement de crédit de l'Î.-P.-É. et recevoir des prêts de consolidation de la pêche à 4 p. 100 d'intérêt. Initialement, ce programme était offert aux pêcheurs des ZPH 25 et 26A, puis, on l'a étendu aux pêcheurs de la ZPH 24 quand les choses se sont effondrées en 2009. Jusqu'à présent, plus de 300 pêcheurs sur les 1 200 ont pris part à ce programme. Le taux d'intérêt de 4 p. 100 sur leurs prêts a été prolongé pour une période de six ans. Les économies à elles seules — parce qu'une grande partie de leurs dettes portaient des intérêts plus élevés, certaines à des institutions qui offraient 6 et 7 p. 100; d'autres finançaient leurs dettes sur leurs cartes de crédit à 18 et à 20 p. 100, d'autres avaient accumulé des comptes payables chez les transformateurs parce que parfois ils peuvent emprunter de l'argent des transformateurs à 18 et 20 p. 100 d'intérêt — ces économies s'élèvent à plus de 10 millions de dollars en intérêts, et nous avons octroyé des prêts pour plus de 47 millions de dollars à ce secteur.
En ce qui concerne la rationalisation des flottes, la province a joué un rôle clé en aidant les associations de la province à engager des experts-conseils pour élaborer des plans de durabilité afin d'obtenir du financement du Programme de durabilité pour l'industrie du homard de l'Atlantique du MPO. Dans la ZPH 25, l'Association de Prince County a emprunté trois millions de dollars de la province pour fournir la contrepartie de la subvention de trois millions de dollars du MPO et elle a retiré 34 permis. Dans la ZPH 26A, ils ont effectué une réduction permanente des casiers pour équilibrer le financement du programme du MPO et ils ont retiré 31 permis; ils ont le financement nécessaire pour deux autres permis qu'ils voudraient retirer. Dans la ZPH 24 ils n'ont pas retiré de permis et n'ont pas réduit le nombre de casiers, mais ils ont lancé un programme sur la qualité pour améliorer la manutention du homard de la capture à la transformation.
Le ministre a parlé d'activité des marchés. À l'Île-du-Prince-Édouard, nous dépendons beaucoup de l'exportation. Notre organisme, Innovation P.E.I., cherche avant tout à promouvoir les produits dans de nouveaux marchés et à accroître les volumes dans les marchés actuels. Nous avons beaucoup investi dans ce domaine et nous continuons à le faire à cause de son importance stratégique. Le ministre a mentionné nos promotions dans quelques villes canadiennes. Selon moi, il est important de faire la promotion du homard dans tout le Canada. Il s'est rendu dernièrement à Calgary et à Edmonton, et avant cela nous avons fait un peu de travail à Vancouver, à Ottawa et à Toronto.
En ce qui concerne les foires commerciales internationales, nous sommes très présents au Seafood Show de Boston et à la European Seafood Exposition de Bruxelles. Ces dernières années, nous avons collaboré de près avec le Nouveau- Brunswick afin d'accroître notre présence à la Seafood Expo en Chine. Le ministre revient d'une mission que l'Île-du- Prince-Édouard a menée en Chine. Il fera peut-être quelques commentaires à ce propos un peu plus tard.
Nous avons aussi accueilli des missions d'acheteurs et des acheteurs de partout au monde ainsi que de grands cuisiniers et des représentants des médias. Il est très important de faire connaître nos produits du homard par l'intermédiaire des grands cuisiniers et des médias, comme l'a indiqué le Nouveau-Brunswick dans son exposé. Nous avons accueilli des délégations de l'Inde, de la Chine, du Japon, des États-Unis et d'Europe qui ont pu observer directement en quoi consiste la pêche au homard et l'industrie du homard en général : sa manutention, sa durabilité et tout ce genre de choses.
Nous avons tenu à présenter une diapositive sur le Conseil canadien du homard. Il s'agit d'un groupe organisé de l'industrie qui comprend des acheteurs, des transformateurs et des pêcheurs. Il représente tous les secteurs. Il peut ainsi élaborer et coordonner l'approche canadienne ainsi que l'approche des provinces canadiennes de l'Atlantique à la commercialisation et aborder d'autres mesures du secteur de la pêche. Depuis trois ou quatre ans, les provinces s'entendent pour soutenir ce conseil du homard. Le gouvernement lui a apporté un certain appui bien qu'il ait eu de la difficulté à soutenir le conseil de façon durable; il faudrait vraiment qu'il examine cette question.
Nous tenions aussi à mentionner un programme très spécial de l'Île-du-Prince-Édouard, le Programme de pêcheurs du futur. Celui-ci s'adresse aux nouveaux pêcheurs qui achètent une flotte existante. Ce programme leur offre du mentorat et un certain appui financier pour qu'ils comprennent mieux les complexités du secteur du homard et qu'ils aient plus de chances de réussir. Depuis 2009, ce programme a approuvé plus de 74 nouveaux pêcheurs, hommes et femmes. Il offre plusieurs cours de formation sur la qualité de la manutention, la biologie des homards, la commercialisation, la transformation, la gestion de l'entreprise, la chaîne de valeur et la sécurité en mer. Les participants peuvent recevoir jusqu'à 10 000 $ en aide financière liée aux prêts qu'ils ont dans des institutions reconnues, mais ils ne reçoivent que 3 000 $ par année. Nous les encourageons ainsi à suivre les cours de formation du programme, à rencontrer des collègues et à connaître les acteurs du secteur du homard.
Nous avons une diapo sur quelques autres défis. Le ministre a parlé de la réforme de l'AE. Le Programme des travailleurs étrangers temporaires pourra faire preuve d'un potentiel réel suivant les répercussions que cette réforme de l'AE aura sur les travailleurs des bateaux, sur les pêcheurs et sur les travailleurs dans les usines. Nos usines dépendent aussi de quelques travailleurs de l'étranger à cause de notre démographie vieillissante et de l'augmentation du nombre de débarquements de homards. Nous avons besoin de travailleurs dans les usines pour transformer ces produits afin de les amener dans les marchés. Comme le Nouveau-Brunswick l'a expliqué, le marché du homard transformé s'accroît, donc il nous faut des travailleurs qui transforment ce homard d'une manière efficace.
Les changements que le MPO a apportés à ses programmes de gestion des pêches pourraient rendre la vie encore plus difficile. Je ne pense pas que nous nous opposions au changement, mais quand une industrie lutte pour se remettre à flot dans les marchés en rationalisant et en prenant ces autres mesures et que vous ajoutez des exigences d'octroi de permis, des étiquettes, des registres, des observateurs à bord et ainsi de suite, toutes ces choses s'accumulent et cela pourrait nuire au secteur.
Le ministre a mentionné le manque d'accès à d'autres espèces de fruits de mer tels que le flétan de l'Atlantique, le thon, le crabe des neiges et la crevette du Golfe dans les eaux de l'Î.-P.-É. Si nous ne réussissons pas à capturer assez de homard, nous n'aurons pas lutté assez fort pour obtenir l'accès à ces autres espèces pour aider les 1 225 pêcheurs qui récoltent le poisson dans nos eaux.
En résumé, le homard demeure l'espèce de fruit de mer la plus importante à l'Île-du-Prince-Édouard, et notre gouvernement continuera à collaborer avec l'industrie pour favoriser le développement des marchés, pour innover, pour renforcer nos organismes et pour améliorer la viabilité et la durabilité du secteur. Le gouvernement fédéral a un rôle clé à jouer lui aussi.
Le président : Vous nous présentez des suggestions et des conseils très précieux, et je me ferai un plaisir d'examiner certaines de ces choses.
Je voudrais parler un peu plus du programme de surveillance de la ressource de homard. Vous l'avez lancé en 1998, et il semble être très efficace. Je crois vous avoir bien compris quand vous avez dit que c'est un programme unique dans les provinces canadiennes de l'Atlantique. Voudriez-vous nous donner un peu plus de détails sur ce programme? Il s'agit d'un partenariat entre la province, le MPO et l'industrie. Je me demande seulement pourquoi il n'a pas été aussi efficace à d'autres endroits.
M. Gallant : Eh bien, je pense que la mention des provinces canadiennes de l'Atlantique... je sais que la Nouvelle- Écosse dirige maintenant un programme similaire. Dans le sud du golfe, c'est le seul programme qui recueille un tel volume d'information sur la ressource de homard. Je ne peux pas vous dire pourquoi l'on n'a pas mis en oeuvre des programmes similaires dans d'autres régions, mais un tel programme nécessite l'investissement de la province, un spécialiste en biologie du homard à temps plein, et nous avons un technicien spécialiste du homard à temps plein ainsi que deux employés occasionnels pour diriger le programme et recueillir, analyser et saisir les détails des données. La province doit s'y engager considérablement.
M. MacKinley : Si vous me permettez d'ajouter une chose...
Le président : Allez-y.
M. MacKinley : Depuis 2007, l'Î.-P.-É. a un ministre responsable à plein temps des pêches pour la province qui se consacre au poisson et à l'aquaculture. Il est plus facile de faire adopter les choses au Cabinet quand on les explique bien. Le gouvernement a eu une excellente idée quand il a nommé un ministre de l'Aquaculture, des Pêches et du Développement rural.
Le président : Est-ce que vous transmettez l'information recueillie au Conseil canadien du homard?
M. Gallant : L'information recueillie est saisie dans un ordinateur et nous la transmettons au MPO. Nous la présentons aussi chaque année à tous les groupes de pêcheurs qui la désirent, ce qui comprend le Conseil du homard. Avons-nous déjà fait des présentations au Conseil du homard dans le passé? Je ne crois pas, mais nous avons probablement utilisé des renseignements recueillis pour discuter de divers sujets ayant trait au homard avec le Conseil du homard.
Le président : Il semble y avoir quelque conflit en ce qui concerne l'ajustement de la journée d'ouverture et la durée de la saison entre ce que demandent les transformateurs et les pêcheurs. Quels commentaires votre gouvernement reçoit-il de tous les intervenants?
M. MacKinley : Pour les transformateurs ils ont fermé la saison trois jours plus tard je crois, n'est-ce pas? Est-ce qu'ils n'ont pas retardé le début de la saison de trois jours?
M. Gallant : Cette année.
M. MacKinley : Oui, et ils l'ont annoncé au dernier moment. Je sais qu'un grand transformateur a perdu beaucoup d'argent parce que son équipe était arrivée et ses congélateurs étaient en pleine réfrigération, et il a perdu trois jours qu'il a dû payer à tous ses gens sans leur donner de travail. C'est une des plaintes que nous avons reçues. Je n'ai rien entendu des pêcheurs. Avez-vous entendu quelque chose des pêcheurs?
M. Gallant : Oui, je crois que dans la saison d'automne, la ZPH 25, les pêcheurs en discutent. Je crois qu'ils vont présenter un exposé ici aujourd'hui. Ils ont parlé de laisser la saison telle quelle, ou alors d'en avancer l'ouverture et de commencer avant la mue. Ils craignent que s'ils la repoussent et qu'ils commencent à l'automne quand le homard reprend après la mue et que la viande commence à remplir la coque, la qualité des journées de capture sera limitée. Si la saison a lieu plus tard, et ceci est très complexe, les pêcheurs de certains endroits du détroit pensent que ces homards se seront déjà déplacés vers des eaux plus profondes, surtout dans les régions autour de la baie Egmont. Je le répète, nous n'avons pas assez d'information pour savoir où le homard se trouve à certaines périodes. C'est un sujet extrêmement complexe.
M. MacKinley : J'ai rencontré les pêcheurs, qui savent mieux s'il faut ou non ouvrir la saison. Je leur ai demandé : « S'il y a du bon homard au printemps, pourquoi est-ce que nous ne reprenons pas la saison? » Mais si vous reprenez la saison à l'automne, il n'y a plus de homards là où ils pêchent. C'est ce qu'ils m'ont répondu. Ils ne trouveraient pas de homards. Alors vous pouvez la reprendre pour un certain pourcentage, mais si vous revenez trop loin, il n'y a plus de homards. Ce n'est pas aussi simple qu'on ne le pense.
J'ai dit à quelques-uns d'entre eux qu'ils devraient peut-être aller pêcher ailleurs. Ils m'ont répondu que ce serait bien, mais que les pêcheurs de l'endroit ne les voudront pas là. Ce n'est pas aussi simple qu'on ne le pense. Quoi que nous fassions, il faudra avoir bien planifié. Les transformateurs pourraient perdre de 50 000 $ à 100 000 $, ou autre, et ce sont les pêcheurs qui devront payer parce qu'on ne pourra pas recouvrer ces sommes dans le marché.
Il faut absolument planifier mieux qu'envoyer une annonce de dernière minute. Si nous commençons la saison trop tard, ce n'est pas comme au Nouveau-Brunswick où ils sont plus abrités, nos eaux sont plus exposées et nous n'avons pas les journées de pêche. Ce n'est pas facile à décider. C'est pourquoi je dois suivre les conseils des pêcheurs, et ils vont en parler plus tard. Je ne vais définitivement pas écouter les conseils de mes bureaucrates là-dessus. Je vais écouter les pêcheurs.
Le président : Je suis sûr qu'ils sont très heureux de vous entendre dire cela.
Le sénateur Unger : En ce qui concerne votre programme de surveillance de la ressource de homard et de votre Programme de pêcheurs du futur, est-ce que vous les partagez avec d'autres provinces et sinon, pourquoi pas?
M. MacKinley : Eh bien, c'est que nous avons découvert un besoin. Nos pêcheurs vieillissent et nous avons vu la nécessité d'attirer des gens dans notre secteur des pêches. C'est toute une entreprise. Vous devez savoir tenir les livres, respecter l'environnement, vous devez savoir où se trouvent les poissons et ainsi de suite, alors nous avons fixé l'incitatif à 10 000 $ sur trois ans. En fait, il s'agit de 3 000 $ par année. Ce n'est pas beaucoup d'argent, mais cela a incité les pêcheurs à participer à la table et à acquérir de nouvelles technologies.
J'ai été très heureux de voir à notre dernière réunion qu'environ 40 p. 100 des nouveaux pêcheurs sont des femmes. Elles ont leurs propres bateaux, leurs propres capitaines, et c'est vraiment bien parce que c'est excellent d'avoir des pêcheurs qui viennent de toutes les couches de la société. Il y a 50 ou 30 ans, on ne voyait pas tellement ça, mais à l'heure actuelle c'est ce que nous observons. C'est un bon programme.
Si d'autres provinces veulent le faire, elles peuvent, mais nous ne collaborons pas avec d'autres provinces pour une chose comme celle-ci. Nous sommes la province de l'Î.-P.-É. C'est un peu comme l'Alberta qui ne peut pas collaborer avec la C.-B. pour installer le pipeline, c'est difficile.
Le sénateur Unger : Non, ce n'est pas tout à fait la même chose.
M. MacKinley : C'est assez semblable. Ils peuvent nous copier. Nous leur remettrons les plans s'ils nous les demandent. Dès que le ministre du Nouveau-Brunswick me demande les plans, je les lui enverrai. Ce n'est pas très loin.
Le sénateur Unger : Dans l'intérêt de toute l'industrie, et comme vous le savez certains sénateurs soutiennent une province...
M. MacKinley : Oui, mais pauvre sénateur, il n'est plus au courant des réalités de l'Î.-P.-É. depuis bien longtemps. Je le connais. C'est un monsieur très sympathique, intelligent, mais il a vécu toute sa vie loin de la province et il ne revient pas souvent chez lui, juste peut-être pour remettre un chèque de temps en temps. Il passe le plus clair de son temps à Ottawa. Il adore cette région et je l'attraperai cet été. En fait, je suis un de ses élèves. Quand je siégeais au Conseil canadien de l'horticulture, Duff, Bill McKnight et d'autres fréquentaient le Cercle national des journalistes. Je dis que j'étais en quelque sorte son élève, mais je vis à l'Î.-P.-É., alors je ne veux pas prendre le sénateur Duffy à rebrousse...
Le sénateur Unger : Excusez-moi d'avoir mentionné cela, mais malgré tout je trouve que la collaboration apporte de grands avantages. Ces programmes sont excellents, et si vous êtes vraiment la seule province qui les mette en oeuvre, alors je le répète...
M. MacKinley : Oui, et rien n'empêche les autres provinces de le faire aussi.
Le président : Il y a probablement différents types de programmes dans les différentes provinces. Votre programme s'intitule Pêcheurs du futur alors que dans d'autres provinces il y a peut-être des programmes similaires mais pas exactement la même chose.
M. MacKinley : Je ne sais pas. Il ne l'a probablement pas expliqué aussi bien que nous.
Le président : Le Nouveau-Brunswick a mentionné une chose un peu plus tôt ce matin, et il faudra peut-être allier toutes ces idées pour créer quelque chose qui réussisse à tout le monde.
En réalité, sénateur Unger, dans les provinces de l'Atlantique, et j'en sais quelque chose parce que je connais Terre- Neuve-et-Labrador, ce qui réussit à l'Î.-P.-É. ne réussira peut-être pas à Terre-Neuve-et-Labrador et vice versa, alors nous prenons les meilleures idées de chacun en espérant générer un programme efficace.
M. Gallant : Nous partageons ces deux programmes avec la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Le Programme pêcheurs du futur de l'Î.-P.-É. a été conçu à partir d'un programme intitulé Future Farmer qui est en oeuvre depuis plusieurs années, et la Fishermen's Association est venue nous dire que deux choses l'intéressaient : une rationalisation qui permettrait de retirer certains des pêcheurs les plus âgés de l'industrie, mais l'Association ne pouvait pas le faire à elle seule, et elle désirait soutenir certains des jeunes pêcheurs qui voudraient entrer dans le secteur. On ne pouvait pas uniquement rationaliser pour régler le problème; il fallait aussi attirer certains des plus jeunes et les aider. Comme dans notre province ils s'expriment très fort, nous avons vite mis en oeuvre un programme et c'est à peu près comment les choses se sont passées.
Le président : Vous constaterez que la même chose s'est passée dans le secteur de la pêche au crabe à Terre-Neuve. Je vis dans une région qui a presque 70 bateaux. On ne voit que très peu de gens de moins de 50 ans dans ces bateaux, et dans les usines nous avons le même problème. L'âge moyen des travailleurs est de 54 ans.
M. MacKinley : C'est là que nous avons des choses en commun.
Le sénateur Poirier : Ce programme dont vous parlez, ces 10 000 $, est-ce que c'est un prêt remboursable, ou une subvention?
M. MacKinley : Non. C'est un chèque de 3 000 $ par année.
Le sénateur Poirier : C'est une subvention?
M. MacKinley : Signé par le ministre et envoyé avec une lettre. Ce n'est pas une subvention. Une subvention, c'est quand vous donnez à quelqu'un quelque chose et il va développer quelque chose ou faire quelque chose ou ne rien faire. Dans notre programme, c'est obligatoire. Ils doivent assister à toutes les réunions et ils doivent apprendre. Il leur faut trois ans pour cela. C'est pourquoi ils reçoivent un chèque de 3 000 $ chaque année.
Le sénateur Poirier : Et ils n'ont pas à le rembourser?
Mr. MacKinley : Non. Vous n'allez pas les faire rembourser si vous les formez et que vous les attirez dans l'industrie. C'est très peu de donner 10 000 $ pour apprendre, pour venir dans le secteur et pour passer différentes journées et ensuite pour aller rencontrer d'autres jeunes pêcheurs pour leur parler. Ce n'est pas cher du tout pour la province, c'est un des meilleurs investissements que nous ayons faits.
Le sénateur Poirier : Je ne contestais pas ce que vous disiez.
M. MacKinley : Non, non.
Le sénateur Poirier : Je demandais juste un éclaircissement. Chaque province dirige des programmes différents qui répondent de façon particulière à ses besoins. Je demandais juste quelques précisions sur votre programme.
Barry MacPhee, directeur, ministère des Pêches, de l'Aquaculture et du Développement rural, gouvernement de l'Île-du- Prince-Édouard : Ces sommes de 3 000 $ par année s'élèvent en tout à 9 000 $. Le 1 000 $ qui reste vise les dépenses de voyage quand les participants doivent se rendre à des réunions pour y participer. Certaines ont lieu hors de la province, comme au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse.
Le sénateur Poirier : Est-ce que toutes les personnes qui reçoivent un permis doivent respecter ces conditions? Elles sont obligées de participer à ce programme de formation?
M. MacPhee : Non. Ce n'est pas pour les nouveaux permis, c'est une obligation dans le cadre du programme. Mais pour être admis au programme, vous devez être un nouveau titulaire de permis.
Le sénateur Hubley : Je vous remercie de vos exposés. Nous sommes ravis de revoir Ron MacKinley. Nous avons été députés en même temps à l'Assemblée législative et je crois qu'il est maintenant depuis de nombreuses années le doyen de l'Assemblée législative de l'Île-du-Prince-Édouard. Bienvenue à vous tous.
Sur l'île, le secteur de la transformation reçoit 65 p. 100 des homards.
M. MacKinley : Les conserveries représentent 65 p. 100.
Le sénateur Hubley : Les conserveries.
M. MacKinley : C'est une moyenne. L'an dernier, c'était peut-être 60 p. 100, une autre année ce sera 54 p. 100 et cela peut aller jusqu'à 70 p. 100, mais notre production totale l'an dernier a été de 65 p. 100.
M. Gallant : Il est probable que 95 p. 100 des homards débarqués sont transformés.
M. MacKinley : Oui, la majorité est transformée. Si c'était 100 p. 100 et si l'on perdait tout d'un coup les conserveries, on descendrait à 40 p. 100 des prises normales, et 40 p. 100 d'une industrie secondaire de 250 millions de dollars reviendrait à quelque chose comme 80 millions de dollars, et ce serait une catastrophe. Contrairement à nous, le Nouveau-Brunswick envoie 80 p. 100 de ses prises sur le marché du frais et 20 p. 100 aux conserveries, alors qu'à l'Île- du-Prince-Édouard, 40 p. 100 sont acheminés sur le marché et 60 p. 100 aux conserveries.
Le sénateur Hubley : Quel est le pourcentage approximatif des homards vendus sur le marché du frais et de ceux qui sont transformés, mis en conserve ou autre?
M. Gallant : Il est probablement de 90 à 95 p. 100, mais c'est un peu trompeur parce que le homard mis en conserve mesure entre 71 et 81 millimètres et que celui vendu sur le marché du frais est de 81 millimètres et plus, mais un grand nombre de homards de cette taille sont transformés. Ils peuvent donc être pris pour la queue et les pinces ou transformés en moitiés ou dans des emballages différents. La majeure partie de notre homard débarqué à l'Île-du- Prince-Édouard est transformée. Certaines usines transforment également le homard en provenance du Maine. Le homard du Maine est aussi très important pour l'Île-du-Prince-Édouard.
Le sénateur Hubley : Pour ce qui est du secteur de la transformation, puisque c'est une composante importante de l'industrie de l'Île-du-Prince-Édouard, quelles sont les innovations que vous avez constatées dans l'industrie ces derniers temps, que ce soit de nouvelles façons de manipuler le homard ou de nouveaux modes de transformation? J'aimerais également que vous nous parliez brièvement des besoins en travailleurs qualifiés dans nos usines de poisson et de l'incidence qu'aura le régime d'assurance-emploi à cet égard. Pouvez-vous nous dire également quel serait le pourcentage des travailleurs étrangers temporaires dans l'industrie du homard, en particulier dans les usines de transformation?
M. MacKinley : La prochaine fois que vous vous rendrez à l'Île-du-Prince-Édouard, nous pourrions visiter certaines de ces usines. N'étant ni un pêcheur ni un transformateur, je trouve que leur évolution depuis 10 ans est extraordinaire. Par exemple, il existe maintenant des machines qui tirent la chair des pattes des homards. Les segments sont automatiquement cassés par une machine. Toutes ces machines ont été inventées à l'Île-du-Prince-Édouard. Il en est de même pour notre industrie des moules. Il est tout simplement incroyable de voir à quel point les usines se sont adaptées pour le thon et d'autres produits.
Il y a cinq ou six ans, on traînait le thon alors que maintenant, on a des moyens qui permettent de prendre le thon au large avant qu'il ne touche la ligne. Ce sont des entrepreneurs et pour exploiter une usine de transformation ou même un bateau de pêche, il faut être aussi mécanicien, homme d'affaires et pêcheur. Bon nombre de ces usines sont gérées par des entrepreneurs qui ont de très bonnes idées. C'est incroyable.
Le sénateur Hubley : Quelles sont vos sources de financement? Recevez-vous des fonds à cet égard, monsieur le ministre? Y a-t-il des programmes qui vous permettent de donner suite à ces idées?
M. MacKinley : Nous recevons quelques fonds par le biais de l'APECA. La province n'a pas les moyens de financer quelque chose de ce genre.
M. Gallant : L'âge moyen des employés dans les usines de poisson est de 55 ans et plus. Le président a dit que c'est la même chose à Terre-Neuve et à l'Île-du-Prince-Édouard. Je suppose que c'est la même chose au Nouveau-Brunswick. On a souvent dit que nous en sommes à la dernière génération des travailleurs dans les usines de transformation. La jeune génération n'est pas intéressée par ce genre d'emplois.
Nous nous trouvons à la croisée des chemins et le secteur de la transformation doit s'orienter vers une plus grande automatisation. Certains progrès ont été accomplis, mais bon nombre des procédés qu'utilisent les usines n'ont pas changé depuis 25 ou 30 ans. On doit consentir d'importants investissements dans l'automatisation compte tenu du manque de main-d'oeuvre.
De nombreuses usines font appel de façon temporaire à des travailleurs de Terre-Neuve et du Cap-Breton et à des travailleurs étrangers. Ces travailleurs jouent un rôle inestimable en faisant ce travail, en transformant les homards débarqués de la façon souhaitée par le marché. Tout changement important de la situation pourrait complètement modifier la transformation des fruits de mer.
Ce sont des emplois saisonniers, largement tributaires de l'assurance-emploi. Les usines dépendent des travailleurs étrangers pour combler le vide laissé par les travailleurs qualifiés qu'elles ne peuvent pas obtenir. Des changements radicaux pourraient avoir une forte incidence sur le traitement des fruits de mer, ce serait des emplois non qualifiés et des emplois qualifiés. Si un ingénieur électricien dirige votre congélateur, s'il ne peut travailler que six ou huit mois dans l'année et si, avec ces changements, il est obligé d'aller dans l'Ouest pour trouver un emploi quelque part dans un autre domaine, où allez-vous trouver un nouvel ingénieur, si vous habitez à Tignish, dans l'Île-du-Prince-Édouard? Le secteur de la transformation des fruits de mer pourrait faire face à des problèmes bien réels.
Il faut investir dans l'innovation pour améliorer les procédés afin de ne pas dépendre autant d'une main-d'oeuvre âgée qui n'est pas remplacée par des jeunes travailleurs.
Le président : Ce sont de très bons points. Toute l'industrie de la pêche de nos provinces fait face à la même situation et le manque d'ingénieurs électriciens va devenir problématique à l'avenir.
Le sénateur Poirier : Je vous remercie de votre présence et de votre exposé. Dans votre documentation, il y a une diapositive intitulée « Permis et inspection ». Au troisième point, il est dit qu'il y a 36 colporteurs, 19 désignés et 17 non désignés. Qu'entendez-vous par colporteur? S'agit-il de pêcheurs de homard qui, au lieu de vendre à l'acheteur vend à l'industrie locale ou à la population locale? Si tel est le cas, quels sont leurs prix? Fixent-ils leurs propres prix ou doivent-ils suivre un cours qui est fixé? Reçoivent-ils le même prix que les acheteurs offrent aux autres pêcheurs?
M. MacKinley : Les colporteurs sont titulaires d'un permis. Nous avons un permis de colporteur avec la Nouvelle- Écosse, par exemple. Tous ceux qui se présentent font l'objet d'une inspection. Les colporteurs désignés sont les pêcheurs. Les 17 colporteurs non désignés peuvent être de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick ou de l'Île-du- Prince-Édouard. Ils peuvent vendre au prix qu'ils veulent.
Le président : Est-ce que vous voulez parler des gens qui vendent sur le bord de la route?
M. MacKinley : À l'arrière d'un demi-tonne sur le stationnement d'un K-Mart; nous leur accordons un permis et ils sont inspectés pour assurer le contrôle de la qualité. Nous devons nous assurer qu'ils ont de la glace et tout ce qui leur faut. Nous devons faire en sorte que les homards ne sont pas entassés. Lorsque je suis devenu ministre des Pêches, on m'a averti de ne pas acheter à moins que le vendeur ait un permis. Les homards de Nouvelle-Écosse étaient arrivés pour la période de Noël. Je suis allé en acheter et tous les gens qui étaient là m'ont vu. J'ai dit : « J'espère que vous avez un permis », et ils ont répondu : « Oui, le ministre vient de signer hier, c'est sur le tableau de bord du camion. » J'ai donc pu acheter les homards. Le permis de colporteur a simplement pour but de s'assurer que les homards sont vivants, qu'il y a de la glace et tout le reste.
Le sénateur Poirier : D'accord, mais vos 19 colporteurs désignés sont des pêcheurs? Ce sont des pêcheurs qui ont leur propre bateau; ils pêchent leurs propres homards?
M. MacKinley : Ils peuvent vendre leurs propres homards.
Le sénateur Poirier : Ces pêcheurs vendent-ils aux acheteurs?
M. MacKinley : Je ne dirais pas qu'ils ne vendent jamais à l'acheteur. Ils ne vendraient jamais la totalité de leur prise. Mais pendant un week-end, par exemple, ils s'installent sur le stationnement de Canadian Tire ou autre avec une caisse de homards et les vendent sur place, mais ils vendent aussi toujours à l'acheteur.
Le sénateur Poirier : Est-ce un désavantage pour eux d'une certaine façon?
M. MacKinley : Non. C'est un avantage parce qu'ils peuvent vendre leurs propres homards et plutôt que d'obtenir 3,50 ou 4 $ la livre au quai, ils obtiennent environ 5,50 ou 6 $. Ils reçoivent donc plus d'argent.
Le sénateur Poirier : Mais ils ne reçoivent pas leur assurance-emploi en vendant à l'acheteur?
M. MacKinley : Eh bien, l'AE est une assurance pour l'emploi. Il est possible que le pêcheur pêche d'autres produits. La personne qui se trouve sur le bateau ne vend par le homard, c'est le pêcheur lui-même. Ce pêcheur vend le homard et, effectivement, il ne recevrait pas ses prestations pour cette activité, mais compte tenu de la saison de pêche cette année avec 40 000 livres à 4,50 $ la livre, il n'a pas besoin de tant de homards pour être admissible.
Le sénateur Poirier : Le nombre de permis de colporteur désigné disponibles est-il limité ou les pêcheurs peuvent-ils tous procéder ainsi?
M. MacKinley : Non. On peut obtenir un permis n'importe quand à condition de suivre les détails.
M. Gallant : J'aimerais une précision. Jusqu'en 2008, tous les colporteurs de la province devaient acheter leur poisson d'une usine de transformation agréée, pour des raisons de contrôle de la qualité. Nous avons modifié les règles pour qu'un pêcheur désigné puisse vendre sa propre prise sans avoir à obtenir un permis, à condition de ne vendre que sa propre prise. Il peut vendre ses propres crustacés, homards, crabes ou poissons de fond éviscérés, mais rien d'autre. Cette mesure a un effet positif car les pêcheurs peuvent vendre leur prise et parler au consommateur. Ils ne vendent pas de grandes quantités. Les grandes quantités sont envoyées au transformateur et à l'usine de transformation. Mais ils peuvent parler aux clients et apprendre beaucoup sur la chaîne de valeurs, sur la valeur du homard et sur ce que les gens veulent vraiment.
Le sénateur Poirier : Les colporteurs non désignés ne sont donc pas des pêcheurs, ils achèteraient au transformateur, à l'acheteur?
M. MacKinley : Non, ils pourraient acheter au pêcheur.
M. Gallant : Ils doivent acheter au transformateur.
M. MacKinley : Eh bien, ils peuvent acheter aux pêcheurs s'ils ont un permis de pêcheur désigné. Je dirais que beaucoup d'entre eux achètent aux pêcheurs désignés ou à un transformateur. Ils peuvent également acheter sur le quai à l'acheteur de poisson qui augmente simplement le prix de 25 cents la livre environ. Il y a certains transformateurs qui achètent directement aux pêcheurs, mais il y a aussi ces acheteurs sur le quai et ils reçoivent environ 25 cents la livre pour acheter, attraper, manipuler et ramener les homards. Si ce n'est pas un pêcheur désigné, il achète sans doute aux acheteurs sur le quai à environ 25 ou 30 cents plus cher, peut-être 40 cents, quelque chose comme ça.
Le chômage est un aspect important de la vie des gens qui travaillent dans les usines de transformation, qui conduisent les camions ou qui forment les équipages sur les bateaux. Une fois que le pêcheur gagne un certain montant d'argent, il doit rendre ses prestations de chômage. L'assurance-chômage est destinée au pêcheur qui a une mauvaise année. Une fois qu'il gagne un certain revenu, la totalité de l'assurance-chômage est récupérée sous forme d'impôt sur le revenu.
Le sénateur Poirier : Ma question suivante porte sur la diapositive intitulée « P.E.I. Five Point Lobster Plan ». Vous avez parlé de cinq points, mais je ne vois pas d'explication pour le premier. J'aimerais en savoir plus sur l'achat et le stockage dans les conserveries de homard. Qui est l'acheteur et qui s'occupe du stockage, le gouvernement provincial?
M. Gallant : Oui. En 2009, les prises ont été très importantes, les marchés étaient déprimés et le prix à quai était inférieur à 3 $, 2,75 $. C'était le chaos. L'achat de homard de conserve a été une des initiatives de notre plan en cinq points. Il s'agissait d'un projet pilote qui prévoyait que la province achète 40 000 ou 50 000 livres de homard. Ce projet consistait à acheter les homards et à les stocker jusqu'en juin environ au moment où les débarquements diminuent et les transformateurs les rachètent. Il s'agissait d'alléger la pression car le nombre des homards augmentait dans les casiers et les transformateurs disaient qu'ils ne pouvaient pas les traiter tous. Ils ont dit aux pêcheurs de ne leur apporter que 500 livres par jour. Le gouvernement a décidé de se lancer dans ce secteur, de louer de l'espace et d'acheter les homards puis, lorsque les conditions sont favorables, de les vendre et de recouvrer ses coûts auprès du transformateur.
Le sénateur Poirier : Étaient-ils entreposés vivants?
M. Gallant : Ils étaient entreposés vivants.
M. MacKinley : Ce sont des viviers. Nous avons un programme intitulé Fonds communautaire de l'Île-du-Prince- Édouard qui prévoit que nous aiderons à hauteur d'environ 30 p. 100 une coopérative ou autre qui veut installer un vivier. Je connais un transformateur qui a des viviers. Il classe les homards, par exemple, une livre, éventuellement une livre et quart ou un peu plus et puis, une autre catégorie. Lorsque le téléphone sonne, surtout en été pendant la saison touristique — lorsque la saison du homard commence, les touristes ne sont pas nombreux — le nombre augmente en juillet, une période où nous ne pêchons pas — il puise dans les viviers. L'eau y est maintenue très froide pour éviter que les homards ne se détériorent. Ces viviers sont également utiles lorsque le marché est déprimé en permettant une meilleure gestion. Je crois que la Nouvelle-Écosse les utilise beaucoup. Dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, on utilise l'océan parce que l'eau est plus froide. Pour construire un vivier à l'Île-du-Prince-Édouard, il faut aller chercher de l'eau souterraine salée pour obtenir la bonne température. Si on prend de l'eau de la mer, il faut la refroidir, ce qui marche bien également.
Le sénateur Poirier : Est-ce la seule année où ce projet pilote a été utilisé ou l'a-t-il été à nouveau cet été avec les problèmes de la zone 25?
M. MacKinley : Non, mais M. Gallant pourra mieux vous renseigner à ce sujet.
M. Gallant : Dans sa présentation, le Nouveau-Brunswick a parlé de la nécessité d'un flux ordonné du produit vers les usines de transformation. Dans le secteur du homard, au printemps, on a de très gros débarquements pendant deux à trois semaines. Si les conditions sont bonnes et si l'eau est à la bonne température, les casiers se remplissent bien. On doit soit laisser le homard dans l'eau soit l'entreposer temporairement pour les emballer de la meilleure façon possible afin d'obtenir le meilleur prix sur le marché.
Oui, c'est arrivé cet automne. Une des coopératives de l'Île-du-Prince-Édouard a demandé aux pêcheurs de ne lui apporter que 800 livres par jour et de laisser des homards dans les casiers. On a ainsi créé un flux ordonné du produit vers l'usine. L'autre possibilité aurait consisté à amener tous les homards et de les entreposer, mais le homard d'automne, du fait qu'il vient d'une eau très chaude, ne s'entrepose pas aussi facilement qu'un homard de printemps. On ne les place pas dans un milieu humide à l'automne. Je crois que l'on a également imposé des restrictions sur certains bateaux au Nouveau-Brunswick.
Le sénateur Poirier : Je crois comprendre que cela a également créé d'autres problèmes parce que si on laisse un certain nombre de homards dans le casier, il faut le soulever et nourrir les homards parce qu'ils n'ont pas accès à de la nourriture. Certains pêcheurs m'ont dit que le fait de laisser certains homards dans les casiers faisait grimper leurs coûts. Que pouvez- vous nous dire à ce sujet?
M. MacKinley : Si le transformateur ne prend que 800 livres, il y a trois possibilités : trouver un autre acheteur, relâcher les homards à l'endroit de la capture ou les nourrir. Cela peut faire grimper le coût, mais au moins ils font un profit.
Le sénateur Poirier : C'est pourquoi je vous ai demandé si vous aviez repris ce projet pilote de 2009 de stockage des homards cet été, pendant cette période de crise.
M. Gallant : Nous ne l'avons pas fait cette année. Les homards sont des cannibales et se mangent entre eux si on ne leur attache pas les pinces. Ce n'est pas une solution parfaite. Le homard d'automne ne se prête pas aussi bien au stockage dans l'eau réfrigérée que le homard de printemps. C'est une méthode qui pose des problèmes.
M. MacPhee : J'aimerais intervenir à ce sujet. Ni les transformateurs ni les acheteurs n'ont demandé de l'aide cet automne à cet égard. Alors qu'au printemps 2009, les acheteurs et les transformateurs avaient dit qu'il y avait trop de homards et qu'il fallait faire quelque chose pour régler le problème.
M. MacKinley : Un transformateur a demandé des fonds pour stocker des homards congelés et nous avons refusé. Il voulait des fonds pour stocker les homards parce qu'il ne les vendait pas assez rapidement, mais nous avons dit non.
Le sénateur Poirier : Vous avez parlé d'une machine inventée à l'Île-du-Prince-Édouard pour faciliter le traitement des homards, ainsi que des segments des homards qui passaient par cette machine. Avez-vous envisagé de vendre cette machine ou de partager cette idée pour contribuer à l'économie? Est-ce que cela pourrait aider d'autres usines de transformation? Est-ce quelque chose de disponible?
M. MacKinley : Il faudrait d'autres usines de transformation; elles en disposent peut-être déjà. Je ne suis pas très au courant de ce qui se passe dans d'autres installations, elles ont peut-être leur propre machine. Lorsque j'ai visité l'Acadia Fishery avec le ministre fédéral, cette machine était utilisée. Royal Star l'avait pour retirer la chair. Dans d'autres usines de transformation dans l'Est, on fait passer le crabe dans une machine qui permet de les décortiquer et de faire sortir la chair à l'autre bout. Cette machine a été inventée dans le Canada atlantique. Cette machine qui décortique les segments a été inventée à l'Île-du-Prince-Édouard.
Quel est le nom de l'entreprise dans le parc industriel qui la fabrique?
M. Gallant : Charlottetown Metal Products.
M. MacKinley : Charlottetown Metal Products fabrique des machines qui sont vendues dans le monde entier. Je n'ai pas les détails car cela relève du développement, mais l'entreprise vend dans le monde entier.
Le président : De nombreuses usines de transformation font preuve d'innovation et les gens s'adaptent, tout comme les pêcheurs sur l'eau. Ils trouvent des moyens de s'adapter quand il le faut.
M. MacKinley : Je vais finir par cet exemple : un jeune homme de Terre-Neuve a travaillé pour moi dans une entreprise de déblaiement de la neige. Il attendait de suivre des cours d'électricien au Holland College. Quand on sait que quelqu'un vient de Terre-Neuve, on sait que l'on peut l'engager car je n'ai jamais vu de ma vie un paresseux venir de Terre-neuve. Une nuit, alors que j'allais dans le bâtiment à trois heures du matin, j'ai vu qu'il avait démonté tout le devant du chasse-neige. Je l'ai regardé et je lui ai demandé comment diable il savait faire ça. Et il m'a répondu : « Eh bien, d'où je viens à Terre-Neuve, si on ne sait pas réparer son matériel, on marche. » Il a démonté cette machine, l'a remontée et, une heure et demie plus tard, elle était sur la route. Il est maintenant à Moncton, un des responsables d'une entreprise d'installations frigorifiques.
Le président : Mon voisin travaille dans le secteur du homard à l'Île-du-Prince-Édouard depuis 12 ans.
Concernant les colporteurs, nous en avons à Terre-Neuve qui se débrouillent très bien, mais je ne vais pas en parler ici.
Le sénateur McInnis : Si la convention nationale des conservateurs se déroule à Calgary en même temps que le Stampede, serons-nous les bienvenus dans la grande tente?
M. MacKinley : Vous serez les bienvenus n'importe où.
Le sénateur McInnis : Tant mieux.
M. MacKinley : Ce n'est pas ma tente. C'est celle d'un restaurateur d'entreprises que nous avons rencontré quand nous sommes allés à Calgary. Je lui ai dit qu'il fallait 10 à 15 ans pour trouver une place au Stampede. Il m'a dit : « J'ai une tente d'entreprise. » Il me dit que Harper et tout un groupe mangent régulièrement à ce restaurant, vous n'auriez donc aucun mal à entrer.
Le sénateur McInnis : Comme vous le savez, nous allons remettre un rapport. L'Île-du-Prince-Édouard compte trois zones de pêche du homard, soit les zones 24, 25 et 26A. En regardant la carte qui nous a été remise, il me semble que la zone 25 recouvre une zone qui va du Nouveau-Brunswick aux côtes de l'Île-du-Prince-Édouard et qui touche même une partie du nord de la Nouvelle-Écosse. La zone 26 recouvre une partie de l'Île-du-Prince-Édouard et va jusqu'au nord de la Nouvelle-Écosse, vers le comté Pictou. Vous avez parlé des petits homards, mais je n'ai pas très bien compris ce que vous avez dit au sujet de l'augmentation de la taille par réglementation. Pourriez-vous expliquer? Si c'est une question entre vous et le Nouveau-Brunswick, comment faire sans que les deux provinces soient touchées, en particulier pour la zone 25?
M. MacKinley : Il faudrait tracer une ligne de séparation.
Le sénateur McInnis : Où se situerait cette ligne?
M. MacKinley : Ce serait difficile. Il faudrait regarder la totalité de notre production des zones 26B, 26A et 25. À la fin de l'année, environ 60 p. 100 des homards dans les casiers provenant de cette zone sont destinés aux conserveries.
Le sénateur McInnis : Sur quoi, 26?
M. MacKinley : Vingt-cinq, 26A et 26B, quand on les ajoute, on a le total des prises de toutes les zones.
Le sénateur McInnis : On est dans l'océan, comment va-t-on tracer une ligne quelconque?
M. MacKinley : Avec le GPS, on peut faire tout ce qu'on veut. Si le Nouveau-Brunswick veut des homards plus gros parce que c'est ce que veulent apparemment ses usines de transformation; c'est ce que j'ai lu, les transformateurs ont des problèmes à vendre ces homards. Par conséquent, s'ils ne veulent pas les petits homards de conserve au Nouveau- Brunswick, tout ce que les pêcheurs du Nouveau-Brunswick doivent faire, c'est d'utiliser des mailles plus larges pour que les homards s'échappent. Ils sortiront des casiers.
Le sénateur McInnis : Qu'en pensent les États-Unis, les pêcheurs de homard du Maine?
M. MacKinley : Nous n'en avons aucune idée. Ils pêchent toute l'année dans cette région.
Le sénateur McInnis : Oui.
M. MacPhee : Ce que M. MacKinley voulait dire en parlant d'une ligne ou de plusieurs, c'est qu'il faudrait modifier les règlements.
Le sénateur McInnis : Par le gouvernement fédéral, le MPO?
M. MacPhee : Oui, le MPO devrait modifier la réglementation, mais il existe un moyen plus simple qui permettrait de l'éviter. On a actuellement une taille minimum de 71 millimètres, qui sera de 72 en 2013. Rien n'oblige un acheteur d'acheter des homards de 72 millimètres. Il est libre d'acheter tous les produits qu'il veut. S'il ne veut pas un petit homard, il peut négocier avec les pêcheurs à qui il achète et leur dire qu'il n'achètera pas cette taille de homard, mais en achètera une autre. C'est une décision commerciale, un choix commercial. À l'Île-du-Prince-Édouard, les transformateurs et les acheteurs nous ont dit qu'ils vendaient tous leurs produits et n'avaient aucun problème à vendre les homards de 72 millimètres.
Ce qui fait la grandeur de notre pays, c'est que nous sommes tous différents, que nous venons de tous les horizons et que nous avons le choix de faire ce que nous voulons sans gêner d'autres personnes ou d'autres organismes. Si vous choisissez un modèle économique différent, vous êtes libre de le faire sans nuire à d'autres personnes dans le même domaine. Vous n'avez pas à modifier le cadre réglementaire pour que cette transaction se produise.
Le sénateur McInnis : Vous voulez dire que nous laisserions le marché s'en charger?
M. MacPhee : C'est exact. Le marché dictera ce qu'il veut. Si les entreprises du Nouveau-Brunswick indiquent que la compagnie ou les compagnies à qui elles vendent veulent des homards plus gros, elles peuvent les obtenir.
Le sénateur McInnis : Ces compagnies sont situées à 80 p. 100 où?
M. MacPhee : Surtout aux États-Unis, il me semble.
Le sénateur McInnis : Sont-elles d'accord?
M. MacPhee : Je ne peux pas répondre pour les transformateurs du Nouveau-Brunswick, mais d'après mes rencontres avec eux, comme M. LeBlanc l'a dit dans le groupe de travail sur la ZPH 25, je crois comprendre que leur principal acheteur a indiqué vouloir une queue de trois et quatre onces, ce qui correspondrait à une augmentation de la taille de la carapace. Encore une fois, c'est un choix commercial et ils sont libres de faire ce changement. Il n'est pas forcément nécessaire de modifier la réglementation pour obliger le reste de l'industrie à faire le même changement. Le modèle commercial de l'Île-du-Prince-Édouard fonctionne. Si à l'avenir, les clients disent aux transformateurs de l'Île-du-Prince- Édouard qu'ils ne veulent plus les homards de cette taille, je suppose qu'ils devront prendre une décision.
Le sénateur McInnis : Est-ce qu'une plus petite taille a un effet néfaste sur l'espèce?
M. MacPhee : Non. À 72 millimètres, la taille à maturité sera de 50 p. 100, c'est-à-dire que 50 p. 100 des homards pêchés à 72 millimètres se seraient déjà reproduits une fois. La taille de 50 p. 100 à maturité pour l'Île-du-Prince- Édouard est bien supérieure à celle d'autres régions.
Je ne veux pas opposer région contre région, mais différents types de pêche de différentes régions sont affectées par le climat, la météo. La taille de maturité dans la ZPH 34 est inférieure à 20 p. 100. Pourtant, c'est une pêche prospère. Il peut y avoir quelques problèmes, mais certainement pas un réel problème de stock. Dans la zone 25 à 72 millimètres, 50 p. 100 des homards ont la taille à maturité. De 72 à 81 millimètres dans la zone 34, le chiffre est à peu près de 20 p. 100. Ce n'est pas une question de durabilité de l'espèce, mais une question commerciale.
M. Gallant : Je voudrais ajouter quelque chose à ce qu'a dit M. MacPhee. Tout au long de l'histoire de la pêche au homard, en particulier dans le golfe du sud, la taille de la carapace a été une question extrêmement controversée. À l'appui de ce que le ministre du Nouveau-Brunswick a dit à ce sujet, en ce moment, tous les acteurs se parlent. Les pêcheurs et les transformateurs du Nouveau-Brunswick et le gouvernement provincial ont discuté avec nos transformateurs et nos pêcheurs, le gouvernement provincial, les intérêts de la Nouvelle-Écosse et le MPO. Ces discussions se déroulent actuellement. Nous savons tous que des choses se sont produites dans la ZPH 25 l'automne dernier et nous aimerions que des changements soient apportés pour que les choses soient un peu plus ordonnées. Ce qu'ils vont faire, nous ne le savons pas. On peut comparer avec les discussions sur la convention collective de la LNH où on ne sait pas non plus où ils vont, mais l'important est de se parler.
Le sénateur McInnis : Normalement, dans des secteurs qui chevauchent plus d'une province, on peut simplement recourir aux règlements. Je soupçonne que ce sera le marché qui décidera. C'est la précision que je voulais et c'est bien. Nous n'avons pas beaucoup entendu le Nouveau-Brunswick sur cette question.
On ne semble pas se préoccuper à l'Île-du-Prince-Édouard du retrait des permis et de la réduction des casiers, et cetera.
M. MacKinley : Nous l'avons déjà fait.
Le sénateur McInnis : Pas l'année dernière.
M. MacKinley : Non.
Le sénateur McInnis : Donc vous êtes satisfaits et il ne semble pas y avoir de problème à l'Île-du-Prince-Édouard à cet égard?
M. MacKinley : Si le gouvernement fédéral voulait nous donner de l'argent, nous l'accepterions probablement.
Le sénateur McInnis : C'est bien la question, n'est-ce pas?
M. MacKinley : C'est bien la question. Nous n'avons plus d'argent. Si on veut nous donner six ou sept millions de dollars de plus, nous ferions certainement un effort.
Le sénateur McInnis : Il me semble que dans le cadre de l'accord de durabilité, il y a un montant considérable qui va jusqu'en 2014. Je ne pense pas qu'il soit épuisé. Est-il épuisé?
M. Gallant : Les fonds reçus dans le cadre du programme du MPO ont été entièrement attribués. Les pêcheurs de la ZPH 25 à l'Île-du-Prince-Édouard ont été les premiers. Il s'agissait du premier plan approuvé au Canada atlantique et les 34 permis ont été retirés en 2010, je crois.
Le sénateur McInnis : Nos recherchistes devront mettre la date de 2012 et non 2014.
M. Gallant : Toutes les mesures approuvées doivent être appliquées avant le 31 mars 2014.
Le sénateur McInnis : Si vous aviez de l'argent, est-ce que vous continueriez les réductions?
M. MacKinley : Nous l'envisagerions, certainement. C'est le pêcheur titulaire du permis qui prendra la décision.
Le sénateur McInnis : Exactement.
M. MacKinley : Si vous pouvez demander à Harper qu'il nous envoie un autre chèque, allez-y. Nous lui offrirons même un dîner au homard à Calgary.
Le président : Le processus est terminé pour l'instant. Je crois savoir que ce processus a été très rigoureux et que tous ceux qui voulaient participer ont pu le faire. Ceux qui n'ont pas encore décidé de rester, je pense qu'ils ont atteint un niveau où tout le monde semble être satisfait à l'heure actuelle. Nous aimerions certainement une plus grande réduction des pêcheurs et des casiers, mais ce sont les gens qui décident de rester ou non. Ce n'est pas une retraite forcée, c'est complètement volontaire.
M. MacPhee : Monsieur le président, je voudrais apporter une précision. Vous avez posé une question un plus tôt au sujet du programme de surveillance des ressources de homard et le sous-ministre a dit que la taille de la carapace a toujours été une question controversée dans le golfe du sud. Ce programme a été lancé en 1998 en raison d'un projet d'augmentation de la taille de la carapace et du manque d'information offerte aux pêcheurs sur l'effet que cette augmentation aurait sur leurs prises. La province a demandé au MPO de faire quelque chose, de mettre un peu d'argent sur la table pour trouver des solutions. Voilà la genèse de ce programme.
Le président : Espérons qu'à l'avenir, nous serons plus proactifs que réactifs.
Le sénateur Poirier : Pour faire suite aux questions posées par le sénateur McInnis il y a un moment, nous parlions des zones 25, 26A et 26B.
M. MacKinley : Et 24.
Le sénateur Poirier : En effet. Quelqu'un a dit qu'une des solutions, étant donné que les gens veulent une certaine taille pour les queues de homard, serait de déplacer les lignes. Cette suggestion vient-elle des pêcheurs?
M. MacKinley : Je ne sais pas. Nous ne faisions qu'une suggestion.
Le sénateur Poirier : Je me demande si c'est une idée dont les pêcheurs vous ont fait part, quelque chose qu'ils aimeraient voir.
M. MacKinley : Je les ai entendus parler de cette question. Vous pouvez leur demander. Ils n'en veulent pas.
Le sénateur Poirier : Merci.
M. MacKinley : Ils seront ici cet après-midi.
Le sénateur Poirier : Oui, je voulais simplement vérifier.
M. MacKinley : Ils ne veulent pas entendre parler non plus d'une augmentation de la taille des carapaces.
Le sénateur MacKinley : Je n'en avais pas entendu parler de mon côté non plus et je me posais la question.
Le président : Je suis sûr que nous en entendrons parler cet après-midi.
Je vous remercie une fois de plus. Ce fut un autre groupe intéressant qui a présenté des perspectives différentes qui rendent notre étude d'autant plus intéressante. Je pense que nous avons tous le même but : tenter d'améliorer autant que possible l'industrie du homard, un secteur très important pour votre province et une composante nécessaire du Canada atlantique et du pays dans son ensemble.
M. MacKinley : Je tiens à vous remercier de nous avoir invités. Il s'agit d'un bel effort, très instructif pour moi aussi. Chaque fois que je vais quelque part, n'étant pas un pêcheur moi-même, j'apprends quelque chose. J'ai été ravi d'être parmi vous.
Le président : Nous devions avoir des exposés de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve ce matin, mais en raison d'un problème de vol, la délégation de Terre-Neuve n'a pas réussi à arriver à temps. Le vol a été annulé à St. John, et nous entendrons la Nouvelle-Écosse plus tard. Nous reprendrons la séance à deux heures.
(La séance est levée.)