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SOCI - Comité permanent

Affaires sociales, sciences et technologie

 

Délibérations du comité sénatorial permanent des
Affaires sociales, des sciences et de la technologie

Fascicule 28 - Témoignages du 25 février 2015


OTTAWA, le mercredi 25 février 2015

Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui, à 16 h 16, pour examiner, afin d'en faire rapport, l'incidence croissante de l'obésité au Canada : ses causes, ses conséquences et les solutions d'avenir.

Le sénateur Kelvin Kenneth Ogilvie (président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président : Je vous souhaite la bienvenue au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie.

[Traduction]

Je m'appelle Kelvin Ogilvie, je viens de la Nouvelle-Écosse et je suis président du comité. J'invite mes collègues à se présenter, en commençant à ma gauche.

Le sénateur Eggleton : Art Eggleton, de Toronto. Je suis vice-président du comité.

La sénatrice Merchant : Pana Merchant, de la Saskatchewan.

Le sénateur Enverga : Tobias Enverga, de l'Ontario.

La sénatrice Seidman : Judith Seidman, de Montréal, au Québec.

Le président : Notre poursuivons notre étude sur l'incidence croissante de l'obésité au Canada. Selon l'ordre qui a été convenu, le premier témoin que nous entendrons aujourd'hui est Sandra Marsden, présidente de l'Institut canadien du sucre, qui est accompagnée de Mme Flora Wang, gestionnaire, Nutrition et affaires scientifiques.

Madame Marsden, allez-y, s'il vous plaît.

Sandra Marsden, présidente, Institut canadien du sucre : Monsieur le président, mesdames et messieurs les sénateurs, je vous remercie.

Depuis 1988, l'Institut canadien du sucre offre un service d'information scientifique sur la nutrition qui a été créé pour suivre de près la documentation scientifique traitant des sucres et de la santé et pour collaborer avec des groupes du milieu universitaire et de professionnels de la santé, de même qu'avec d'autres organisations en vue de faire la promotion de l'information scientifique. Ce service est géré par des professionnels de la santé compétents, notamment Mme Flora Wang et des diététistes autorisés. Pour ma part, je suis présidente de l'institut et diététiste autorisée.

Depuis des siècles, le sucre occupe une place naturelle et sans danger dans l'alimentation de l'être humain. Il fait partie intégrante de notre alimentation et de l'approvisionnement alimentaire. Il existe à l'état naturel dans les fruits, les légumes et les produits laitiers; on l'ajoute aux aliments pour changer leur goût, il joue un rôle fonctionnel et il possède des propriétés sur le plan de la salubrité des aliments, raison pour laquelle on l'ajoute, par exemple, aux confitures et aux gelées.

Malheureusement, au cours des dernières années, il y a eu une multiplication de fausses informations et d'allégations infondées à propos de l'incidence du sucre sur la santé. Vous avez tous lu dans des publications scientifiques et des médias de grande diffusion des éditoriaux, des commentaires et des lettres ouvertes laissant entendre que notre consommation de boissons et d'aliments sucrés est excessive. Certains ont même avancé que les sucres sont dangereux, voire toxiques, et que les autorités de la santé publique doivent prendre des mesures strictes à cet égard. Cependant, les données qui sont à la disposition du public en ce qui concerne la consommation des Canadiens et l'examen des données scientifiques probantes de haute qualité n'appuient pas de telles allégations. J'aimerais que nous passions en revue quelques-unes des raisons pour lesquelles ces informations erronées sont si couramment diffusées.

Penchons-nous d'abord sur la terminologie. Les termes « sucre », « sucre ajouté », « sucres libres » et « sucres d'origine naturelle » suscitent énormément de confusion, ce qui a créé quelques malentendus pour ce qui est des niveaux réels de consommation de sucre.

Tout d'abord, le sucre est du saccharose. C'est cette denrée que je représente. Le saccharose est une composante naturelle des fruits et des légumes, et on l'ajoute aux aliments. Il est présent en grande quantité dans la canne à sucre et la betterave. Qu'on le consomme en mangeant une banane ou qu'on l'ajoute à son yogourt ou à ses céréales, il est métabolisé de la même façon dans l'organisme.

Si la terminologie revêt de l'importance, c'est que, dans certains rapports, on a utilisé le terme « sucre » pour décrire tous les sucres, et nous savons que les sucres se trouvent à l'état naturel dans les fruits et les légumes. Le lait contient du sucre, et les sucres ajoutés aux aliments comprennent le sirop d'érable et le miel, de même que le sirop de maïs à haute teneur en fructose qui est ajouté dans les boissons gazeuses. Il est donc important de comprendre la différence. Bien souvent, les propos tenus sur le sucre dans les médias sont fondés sur une mauvaise utilisation de rapports où il est question, en fait, de la quantification des sucres totaux.

En 2011, Statistique Canada a publié un rapport sur la consommation de sucre fondé sur les données de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes. Hélas, dans ce rapport, on utilise le terme « sucre », alors que, en fait, il est question des « sucres totaux ». Par conséquent, les médias, qui n'étaient pas nécessairement outillés pour comprendre les subtilités de ce rapport, ont utilisé le terme « sucre » pour décrire l'ensemble des sucres contenus dans nos régimes.

Au Canada, la consommation de sucres totaux représente environ 21 p. 100 de l'apport énergétique, et les sucres ajoutés constituent environ la moitié de notre apport en sucres totaux. Ainsi, tous les sucres ajoutés aux aliments, par exemple le sucre, le saccharose, le sirop de maïs à haute teneur en fructose, le miel et le sirop d'érable comptent pour la moitié environ de notre apport en sucres totaux, soit approximativement 11 p. 100 de l'apport énergétique. Je vous ai fourni un document qui comporte des renvois aux sources de quelques-unes de ces données. Ainsi, les termes que nous employons sont importants.

Les statistiques, qui sont aussi très importantes, sont très fréquemment mal utilisées, et cela donne lieu à des affirmations selon lesquelles la consommation de sucre est à la hausse, monte en flèche ou prend des proportions excessives. On utilise parfois des données sur la disponibilité alimentaire recueillies à l'échelle mondiale, lesquelles donnent lieu à une surestimation de la consommation puisqu'elles ne tiennent pas compte des déchets et des pertes à l'échelon des entreprises ou des consommateurs.

Les données relatives à la disponibilité sont utiles au moment d'étudier les tendances, mais elles ne reflètent pas la consommation réelle. Contrairement à la croyance populaire, la consommation au Canada est à la baisse. Au cours des 30 années où les taux d'obésité ont doublé, la consommation de sucres ajoutés et de sirops a diminué d'à peu près 20 p. 100. Là encore, si nous examinons les données fournies par Statistique Canada, nous pouvons constater que les faits ne concordent pas avec l'information diffusée dans les médias.

Ce recul de la consommation de sucres ajoutés a également été observé dans d'autres pays industrialisés, par exemple l'Australie, les États-Unis et bon nombre de pays européens.

Un troisième problème tient à l'utilisation inappropriée de données recueillies aux États-Unis afin de définir la consommation au Canada. Ici, notre consommation de sucres ajoutés est inférieure à celle observée aux États-Unis, et nos taux d'obésité sont aussi un peu plus faibles que les leurs. À titre d'exemple, je peux mentionner que les Américains consomment deux fois plus de boissons gazeuses que les Canadiens. Cela peut sembler incroyable, mais c'est ce que nous apprennent l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes et nos rapports sur la disponibilité alimentaire. En outre, l'apport total en sucres ajoutés au Canada est d'environ un tiers inférieur à celui observé aux États-Unis.

Cela dit, en ce qui a trait à la nutrition, en tant que diététiste, je suis préoccupée lorsque j'entends affirmer que les calories ne sont pas toutes semblables ou que les calories provenant du sucre sont différentes des autres. Toutes les calories sont semblables; le sucre fournit quatre calories par gramme, qu'il s'agisse d'un sucre d'origine naturelle ou d'un sucre ajouté, et cela vaut également pour tous les glucides. Cela a été confirmé par un certain nombre d'importantes revues systématiques, entre autres une revue parrainée par l'Organisation mondiale de la santé. Le Dr Sievenpiper, de l'hôpital St. Michael's, à l'Université de Toronto, a également effectué un certain nombre de revues systématiques afin d'établir cela.

Au Canada et aux États-Unis, des gens ont proposé, en se fondant sur une foule de renseignements erronés sur les sucres, d'ajouter de l'information relative aux « sucres ajoutés » dans les tableaux sur la valeur nutritive. Je vous ai transmis de l'information qui met en évidence la manière dont ces renseignements peuvent induire les consommateurs en erreur.

À mon avis, il est extrêmement important que, au moment de prendre des décisions stratégiques, les gouvernements et les responsables des politiques s'appuient, en général, sur des études fondées sur des données probantes, et non pas des études où les auteurs établissent un lien entre les sucres et la maladie sans procéder à un examen ou une analyse systématique de qualité supérieure de données provenant d'essais cliniques. Selon ces études, le principal facteur de la prise de poids et d'autres troubles métaboliques tient aux calories excédentaires plutôt qu'aux sucres ou au type de sucre. Au Canada, selon des estimations récentes, les sucres ajoutés comptent pour environ 11 p. 100 de l'apport énergétique, ce qui correspond de très près à la recommandation de l'Organisation mondiale de la santé, qui se chiffre à 10 p. 100.

Nous recommandons donc vivement au comité de ne pas se préoccuper des croyances populaires, qui visent des éléments nutritifs ou des aliments isolés, et de plutôt prendre conscience du fait que les régimes — comme l'obésité en général — sont des questions très complexes, et que les attaques visant tel ou tel aliment ne régleront pas le problème.

Nous plaidons vivement en faveur du financement de la recherche de façon à ce qu'un plus grand nombre d'analyses fondées sur des données probantes soient menées à l'appui des décisions stratégiques. L'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2015 est en cours de réalisation, et il est aussi très important que nous puissions comprendre ce qui a changé depuis la dernière enquête, qui remonte à 2004. Il s'agira d'une autre occasion de nous pencher sur la consommation de sucres totaux. Nous espérons que les termes utilisés dans les rapports de Statistique Canada seront exacts, et que les médias ne les utiliseront pas de façon inappropriée.

Enfin, nous souhaitons que l'étiquetage nutritionnel et les allégations concernant la valeur nutritive soient examinés minutieusement de manière à ce qu'on puisse s'assurer qu'ils sont fondés sur des données probantes.

Je vous remercie.

Le président : Merci beaucoup, madame Marsden.

Je cède maintenant la parole à Jim Goetz, président de l'Association canadienne des boissons.

Jim Goetz, président, Association canadienne des boissons : Merci, monsieur le président. Si vous le permettez, j'aimerais d'abord vous dire que je vous suis reconnaissant de m'avoir invité à me présenter ici aujourd'hui. Je m'appelle Jim Goetz, et je suis président de l'Association canadienne des boissons. Comme je dispose d'un temps limité, je vais vous présenter quelques éléments clés concernant l'industrie des boissons au Canada.

Notre industrie compte plus de 220 installations réparties dans toutes les provinces du pays. Elle emploie directement ou indirectement plus de 59 000 Canadiens, lesquels touchent, en moyenne, des salaires de 26 à 38 p. 100 plus élevés que ceux des employés du secteur manufacturier. Elle génère une valeur ajoutée de 6,6 milliards de dollars pour l'économie canadienne, et elle verse plus de 892 000 millions de dollars aux gouvernements chaque année. Une proportion de 88 p. 100 du PIB générée par l'industrie demeure au sein de l'économie canadienne, ce qui représente une proportion de 10 p. 100 plus élevée que celle observée, en moyenne, dans l'ensemble du secteur manufacturier. En outre, les sociétés membres de l'Association canadienne des boissons participent partout au pays à des programmes de nutrition communautaires, à des programmes de construction de terrains de jeux et à des programmes environnementaux.

Nous sommes fiers de l'apport de notre industrie à l'économie canadienne et du rôle qu'elle joue en son sein, mais ce qui nous rend le plus fiers, c'est le fait que les produits de nos sociétés membres se retrouvent chaque jour sur la table de millions de Canadiens.

Nous savons que bon nombre d'organisations et de personnes nous dépeignent comme une industrie nocive, et nous savons qu'ils vous ont dit que l'interdiction ou la taxation de nos produits aura des répercussions spectaculaires sur l'obésité au Canada. Hélas, c'est faux.

Les causes de l'obésité sont multiples, et nous ne pouvons pas en imputer la responsabilité à un seul méchant coupable. Un aliment, une boisson, un groupe socioéconomique ou un style de vie ne peuvent pas porter à eux seuls la responsabilité de l'obésité, et c'est pourquoi il est extrêmement difficile de trouver une solution. En fait, Statistique Canada a publié en octobre 2009 une étude sur les données recueillies par le gouvernement lui-même dans le cadre de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes et qui visait à déterminer s'il existait un lien entre l'obésité et les pourcentages relatifs de lipides, de glucides, de protéines et de fibres dans le régime alimentaire. Les auteurs du rapport ont tiré la conclusion suivante :

[...] c'est non pas la nourriture proprement dite, mais plutôt la quantité de nourriture que l'on mange — l'apport calorique total — qui contribue de manière significative à l'obésité.

Cela est illustré de façon éloquente par le fait que, depuis 2002, malgré que les ventes totales de boissons sucrées ont diminué de 13 p. 100, le nombre de Canadiens de 12 ans et plus atteints d'obésité ou présentant un surpoids a augmenté de 21,5 p. 100. Le taux d'obésité n'aurait-il pas dû diminuer en même temps que les ventes de boissons sucrées? La réalité, c'est que ces deux variables ne sont pas liées, et qu'il n'existe malheureusement aucune solution miracle au problème de l'obésité.

Le fait d'imputer la responsabilité de l'obésité à un aliment ou une boisson en particulier est une solution vouée à l'échec. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à songer à ceux qui proposent des régimes faibles en gras, faibles en glucides et hyperprotéinés et qui affirment que le fait de cesser de consommer un seul produit permet de perdre du poids. Nous avons tous pu constater que de telles solutions simplistes ne fonctionnent pas.

Cela dit, notre industrie a fait figure de chef de file en s'attaquant au problème par la création de nouveaux produits, par la mise en vente de produits en formats réduits et par l'élaboration de lignes directrices et d'initiatives qui lui sont propres. Si nous voulons que les Canadiens prennent les décisions les plus éclairées pour eux-mêmes et les membres de leur famille, nous croyons que nous devons les éduquer, les informer et leur offrir des choix.

En fait, il y a près de 10 ans, en 2006, l'industrie des boissons a élaboré de son propre chef un document intitulé Directives de l'industrie relatives à la vente de boissons dans les écoles. Ces directives, dont la mise en œuvre a été parachevée en 2009, ont été créées pour offrir aux parents une plus grande emprise sur les produits que consomment leurs enfants au cours d'une journée. Nos sociétés membres ont volontairement retiré des écoles primaires, intermédiaires et secondaires de toutes les régions du pays leurs boissons gazeuses à teneur normale en calories, et elles les ont remplacées par des boissons moins caloriques et plus nutritives, ou par de plus petites portions.

Nos membres ont également élaboré les Directives sur le marketing destiné aux enfants, lesquelles interdisent les publicités portant sur des boissons autres que les jus de fruits purs à 100 p. 100, le lait et l'eau et s'adressant aux enfants de moins de 12 ans. De plus, bon nombre de nos membres se sont engagés à respecter des normes nationales et mondiales de nature semblable en ce qui concerne la publicité destinée aux enfants.

À ce jour, ces directives ont remporté un franc succès au sein de l'industrie des boissons — nos sociétés membres qui ont participé à l'Initiative canadienne pour la publicité sur les aliments et les boissons destinées aux enfants ont respecté en tous points leur engagement.

Ces résultats ont été étayés par une recherche présentée dans le cadre de la conférence de l'APMCC de 2014 selon laquelle l'industrie des boissons a complètement retiré ses publicités des stations de télévision pour enfants.

En 2011, nos membres ont pris l'initiative de fournir aux Canadiens de plus amples renseignements sur leurs boissons en lançant le programme Les calories, nous en faisons une chose claire visant à fournir sur le devant de l'emballage des produits de l'information destinée à aider les Canadiens à comprendre le nombre de calories contenues dans leurs boissons. Nous divulguons le nombre de calories en l'inscrivant sur le devant des bouteilles ou des canettes de boisson. Pour contribuer à dissiper la confusion, nous avons établi que notre bouteille de 591 millilitres constituait une portion, et l'information calorique et nutritionnelle que nous fournissons est fondée sur le contenu d'une bouteille complète. Nous indiquons clairement les portions déterminées et le nombre de calories par portion sur le devant des contenants renfermant plusieurs portions.

En quoi consisteront les prochaines étapes? Le comité a déjà entendu un grand nombre de témoins proposer une multitude de solutions. L'une des solutions qui reviennent souvent est celle de la taxation. Tout d'abord, soyons clairs : les boissons gazeuses sont déjà assujetties aux taxes de vente provinciales.

En outre, les recherches montrent que la taxation n'est pas une solution efficace. En fait, le gouvernement du Manitoba s'est récemment penché sur la possibilité de taxer les boissons sucrées, mais il a déterminé que cela ne lui permettrait pas de réaliser son objectif de s'attaquer à l'obésité et que cette solution serait très difficile à administrer.

À l'heure actuelle, l'Association canadienne des boissons fait tout son possible pour continuer à jouer son rôle de chef de file en aidant les consommateurs à gérer leur régime alimentaire et leur poids. Tout juste l'automne dernier, l'American Beverage Association a lancé, en collaboration avec l'Alliance for a Healthier Generation, une initiative visant à réduire la part des boissons dans l'apport calorique des Américains. Au Canada, nos membres mènent actuellement des travaux en vue de lancer une initiative semblable sur le marché canadien.

Les initiatives dont j'ai parlé aujourd'hui illustrent clairement la volonté des membres de l'industrie des boissons de faire partie de la solution. Ils savent qu'ils peuvent jouer un rôle important, et ils prennent la question très au sérieux. Cependant, nous devons veiller à ce que tous les efforts que nous déployons s'appuient sur des données scientifiques probantes, et que toutes les mesures proposées auront des effets concrets sur les consommateurs canadiens.

Nous nous réjouissons à l'idée de collaborer avec le comité et avec les gouvernements en général pour faire en sorte que cela se produise.

Merci beaucoup.

Le président : Merci, monsieur Goetz.

Je cède maintenant la parole à Morton Satin, vice-président du Salt Institute.

Morton Satin, vice-président, Salt Institute : Je vous remercie de l'invitation. Je vous ai fourni un document d'information sous forme de diapositives, mais en raison du temps dont je dispose, je ne l'utiliserai pas. Il comporte toutes les références utiles, de sorte que vous pourrez le consulter lorsque vous aurez le temps de le faire. Avant d'aborder le sujet de l'obésité, j'aimerais vous fournir quelques renseignements généraux à propos du sel.

Le sel, aussi appelé chlorure de sodium, est un nutriment essentiel, et comme tous les autres nutriments essentiels qui ne peuvent pas être synthétisés ils doivent être ingérés. Après l'eau, il s'agit de l'ingrédient alimentaire le plus consommé depuis les débuts de l'humanité.

Le sodium et le chlorure constituent respectivement les principaux ions positifs et négatifs, et ils sont responsables d'un grand nombre de fonctions physiologiques principales. Les quantités excédentaires de sel que nous consommons sont éliminées par notre organisme. Deux reins humains normaux peuvent filtrer 50 000 millimoles de sodium, soit l'équivalent de 3 kilos de sel par jour.

Lorsqu'un organisme manque de sel, plusieurs mécanismes de réaction innés s'associent afin de conserver le sel dont dispose l'organisme et pour l'inciter à s'approvisionner en sel et à consommer davantage. Ces mécanismes ne sont pas propres aux humains — on les trouve dans l'ensemble du règne animal, et plus particulièrement chez les mammifères.

Les animaux disposent d'un mécanisme inné qui suscite leur envie de sel de manière à les amener à en consommer davantage. Une telle chose ne devrait guère nous surprendre, vu que cela cadre tout à fait avec notre compréhension physiologique de la notion d'homéostasie, la capacité d'un organisme de conserver son équilibre, souvent désignée sous l'appellation de sagesse du corps.

Ce phénomène est utilisé à des fins commerciales dans l'alimentation des animaux, par exemple les bovins. En réduisant la teneur en sel des aliments donnés aux animaux, on les incite à manger davantage afin de satisfaire leur envie de sel. Ainsi, ils mangent jusqu'à temps que leur organisme ait ingéré suffisamment de sel. Lorsqu'on parvient à la coûteuse étape du régime de finition au sein d'un parc d'engraissement, on ajoute du sel à la nourriture des animaux de façon à ce qu'ils satisfassent rapidement leur appétit et évitent de consommer une quantité excessive de calories à coût élevé. Je sais que tout cela semble très commercial, mais il s'agit du système de gestion qui est utilisé dans l'industrie de l'alimentation animale.

Chez les humains, bien que l'on dispose d'exemples bien établis de consommation plus élevée d'aliments à faible teneur en gras ou de bière plus faible en alcool — j'ai travaillé pour John Labatt pendant de nombreuses années —, la question demeure : est-ce que l'envie de sel stimulerait une plus grande consommation d'aliments faibles en sel? Il s'agit d'une question valable.

La population a l'impression de consommer plus de sel que jamais auparavant. Il s'agit là d'un mythe qui découle de notre mauvaise compréhension des aliments transformés. La transformation des aliments est l'une des plus vieilles activités de l'humanité, et aucune société n'a jamais évolué sans transformer ses aliments en vue de les conserver. Il n'y a là rien de nouveau. Depuis l'aube des temps, le sel est le principal agent de conservation des aliments. Cela dit, nous consommons aujourd'hui moins de sel que jamais, ou, à tout le moins, nous n'en avons jamais aussi peu consommé au cours de l'histoire connue à ce sujet, c'est-à-dire depuis 200 ans. Cette information a été attestée au moyen de documents militaires concernant les rations distribuées aux soldats et aux prisonniers de guerre depuis la guerre de 1812 jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

En fait, notre consommation actuelle de sel représente environ la moitié de ce qu'elle était jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et cela s'explique simplement par le fait que la réfrigération a remplacé le sel en tant que principal moyen de conservation des aliments. De 1945 à 1957 — cela a varié d'un pays à l'autre —, par suite de l'adoption de la réfrigération et de la chaîne de froid, notre consommation de sel a rapidement diminué de moitié, et ce, sans qu'on ait à mener la moindre campagne publicitaire, sans qu'un gouvernement n'ait à formuler des recommandations et sans les messages des alarmistes en matière d'alimentation. Nous avons simplement commencé à nous approvisionner en aliments plus frais et plus savoureux. Toutefois, nous n'avons réalisé aucun progrès à ce chapitre depuis 1957. Il s'agit d'un exemple remarquable de sagesse du corps.

À l'heure actuelle, les recommandations alimentaires en matière de consommation de sel posent des problèmes. En fait, le département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis procède actuellement à un examen des apports nutritionnels de référence sur lesquels ces recommandations sont fondées puisqu'il s'est révélé très clairement qu'ils n'avaient pas été formulés en conformité avec les protocoles applicables.

Si vous jetez un coup d'œil aux diapositives, vous constaterez que les données de l'Organisation mondiale de la santé indiquent que, en fait, la recommandation actuelle aboutit à une longévité ou une durée de vie plus courte et — croyez- le ou non — des taux plus élevés d'hypertension artérielle et de diabète. Ces renseignements sont contenus dans les diapositives. L'unique pays du monde où la quantité de sel consommé s'approche de celle recommandée — quoiqu'elle ne soit pas aussi faible — est le Kenya, où l'espérance de vie est de 49 ans. Aucun pays n'affiche une consommation qui s'approche de celle du Kenya.

Les renseignements dont nous disposons à propos des liens entre le sel et l'obésité sont tout sauf cohérents. Nous savons que les mécanismes physiologiques suscitent la consommation d'aliments et de sel jusqu'à ce que l'envie de sel soit satisfaite. Par conséquent, nous consommons en plus grande quantité les aliments à teneur réduite en sel. Comme je l'ai mentionné, on utilise ce phénomène dans le contexte de l'alimentation des animaux.

Dans certaines publications, il a été avancé qu'il existait un lien épidémiologique — non pas physiologique, mais épidémiologique — entre une consommation élevée de boissons et une consommation élevée de sel. Cependant, d'autres recherches ont réfuté cette affirmation. Je vous fournirai ce soir une série de publications récentes à l'appui de ces deux thèses relatives au lien entre consommation de sel et consommation de boissons.

Au cours des 40 dernières années, l'obésité a atteint des proportions épidémiques en Amérique du Nord, mais il s'est révélé extrêmement difficile de mettre le doigt sur les causes profondes de ce phénomène. Les solutions simplistes, surtout celles visant le secteur de l'approvisionnement alimentaire — qu'on dénigre couramment en affirmant qu'il n'agit pas de façon responsable à l'égard des consommateurs — ont fait long feu. En effet, d'aucuns ont pris des décisions précipitées par suite des recommandations alimentaires; cette interprétation forcée d'un nombre limité d'éléments probants s'est traduite par une surabondance de produits transformés à faible teneur en gras auxquels on a imputé la responsabilité de l'actuelle épidémie d'obésité.

Nous savons tous que l'obésité n'est pas le résultat d'un facteur unique. Aucune solution miracle ne pourra régler ce problème. La solution, de nature multidimensionnelle, doit combiner des éléments liés au régime alimentaire, à la dépense énergétique et à des facteurs de nature sociale, économique et technologique.

Cela ne veut pas dire que le problème nous dépasse. Bien au contraire, nous pouvons nous employer à le résoudre si nous nous y prenons de manière objective en mettant l'accent sur de véritables données scientifiques plutôt qu'en nous en remettant à la recherche d'un bouc émissaire. Les consommateurs et le pays ont tout intérêt à ce que nous trouvions une solution, tout comme l'industrie a intérêt à ce que les citoyens et ses employés soient en santé.

Une analyse exhaustive et avisée des questions en jeu pourrait aboutir à des programmes axés sur des mesures incitatives mettant à profit la technologie disponible et mieux à même d'équilibrer notre style de vie intégré en cette époque marquée par d'énormes changements et de grandes fluctuations.

Merci beaucoup.

Le président : Merci beaucoup, monsieur Satin.

Je vais maintenant céder la parole à mes collègues.

Le sénateur Eggleton : Ma première question porte sur le sucre, et ma seconde, sur le sel.

Selon une estimation de la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC, une proportion de 13 p. 100 de l'apport calorique des Canadiens provient de sucres ajoutés, c'est-à-dire de sucres qui ne sont pas d'origine naturelle. Toujours d'après cette fondation, l'obésité, les accidents vasculaires cérébraux, les maladies du cœur et le diabète sont directement liés à la consommation excessive de sucre. Ce point de vue est étayé par des données scientifiques recueillies par diverses organisations, par exemple les Centers for Disease Control, l'Organisation mondiale de la santé, l'Université Harvard, les National Institutes of Health, et l'Université d'Oxford, de même que par un certain nombre de publications comme le British Medical Journal. De surcroît, selon la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC — et je souligne au passage qu'il s'agit d'une organisation canadienne —, la majeure partie du sucre que renferment nos régimes alimentaires provient des boissons sucrées. Des chercheurs de l'Université Harvard affirment que la consommation croissante de boissons est la principale cause de l'épidémie d'obésité. Là encore, cette affirmation est confirmée par de nombreuses études.

L'une d'entre elles, par exemple, a été menée par l'organisation Union of Concerned Scientists. Dirigée par un professeur de l'Université Harvard, cette étude révèle que les entreprises du secteur des aliments et des boissons rendent inintelligibles les données scientifiques et portent atteinte aux politiques en matière de santé publique visant le sucre au moyen de toutes sortes de mesures, par exemple en s'attaquant à la science, en se servant des associations professionnelles pour diffuser de fausses informations, en détournant le langage scientifique afin de promouvoir leurs produits, en finançant des recherches à l'appui de leurs intérêts et en payant des scientifiques universitaires pour qu'ils influencent les gens sur divers sujets, notamment le sucre.

J'aimerais entendre ce que vous avez à dire à propos de toutes ces données scientifiques qui semblent aller à l'encontre de ce que vous nous dites ici aujourd'hui.

En outre, M. Satin, je crois, a dit que nous étions en présence d'une épidémie d'obésité. En effet, une épidémie d'obésité sévit depuis 30 ans. Si le sucre, le sel, les aliments transformés et les autres choses du genre ne contribuent pas à cette épidémie, à quoi est-elle attribuable? Quelle est l'origine du problème et quelles solutions s'offrent à nous? Ne vous bornez pas à me dire que le problème est complexe et qu'une multitude de facteurs entrent en ligne de compte. Si le problème ne peut pas être mis sur le compte du sucre et du sel — et j'aimerais avoir d'abord une réponse en ce qui a trait au sucre —, quelle en est la cause, et que pensez-vous des études scientifiques que j'ai mentionnées?

Mme Marsden : Il y a une question que je n'ai pas abordée, et c'est celle de la hiérarchie de la preuve, laquelle est très importante puisqu'elle nous aide à comprendre comment interpréter les diverses études dont on entend parler.

Au bas de la hiérarchie se trouvent les études de qualité inférieure comme celles qui sont fondées sur des modèles animaux ou des observations et qui portent sur des changements globaux au sein d'une population — en ce qui a trait, par exemple, à la disponibilité du sucre ou d'un autre aliment à un moment donné — et sur les résultats qui peuvent être observés à peu près 30 ans plus tard. Ce pourrait être une maladie du cœur ou la mort. Ainsi, le fait d'examiner des statistiques 30 années après avoir étudié le régime alimentaire d'une personne donne lieu à des conclusions qui ne sont pas très fiables.

À un stade supérieur de la hiérarchie se trouvent les études cliniques, qui peuvent être randomisées au sein d'un groupe témoin et d'un groupe expérimental, et qui donnent lieu à une évaluation plus indépendante.

Au sommet de la hiérarchie se trouve ce qu'on appelle les revues systématiques et les méta-analyses. Dans le cadre d'études de ce genre, on regroupe toutes les données existantes et on les évalue en fonction de principes et de critères en vigueur à l'échelle internationale.

Ainsi, au moment de s'engager dans le débat, on doit s'en remettre aux études qui figurent au sommet de la hiérarchie, et c'est ce qu'a fait tout récemment l'Organisation mondiale de la santé au moment d'effectuer sa revue systématique sur l'obésité. Cette revue n'a pas permis de faire ressortir un effet propre au sucre, et a révélé que, lorsque d'autres sources de glucides étaient substituées au sucre, on obtenait le même effet. Par conséquent, il est tout à fait possible de consommer trop de calories. Cela fait partie du problème de l'obésité. Parmi ces calories, on trouve celles liées aux sucres, mais pas uniquement. Il se peut donc qu'une personne consomme trop de gras, trop de sucre et trop de protéines. Tous ces éléments fournissent de l'énergie. C'est le régime alimentaire global qui constitue un facteur prédictif. C'est difficile à mesurer, mais il est absolument essentiel qu'on le fasse.

Oui, il s'agit d'un phénomène complexe, mais il est important qu'on examine tous les facteurs. Un examen très minutieux des données probantes n'étaye pas l'hypothèse selon laquelle le sucre aurait un effet tout à fait particulier sur l'apport calorique.

M. Goetz : Je ne m'engagerais pas trop avant dans ce débat sur le regroupement d'études et la manière dont on les analyse, mais je mentionnerai que nous devons également tenir compte des données liées au contexte canadien contenues dans quelques-unes de ces études. J'ajouterais à la liste d'études qui ont été mentionnées la plus vaste étude canadienne jamais menée sur la consommation de boissons sucrées. Cette étude, qui date de 2011, a été menée sans intervention ni financement de l'industrie par des chercheurs de l'Université de la Saskatchewan. Ces chercheurs ont tiré un certain nombre de conclusions.

Ils ont notamment conclu qu'il n'y avait aucun lien entre la consommation de boissons sucrées par des enfants canadiens et l'obésité. Le lien le plus solide entre les deux en est un de probabilité, et il a été relevé au sein d'une cohorte d'enfants âgés de 11 et 12 ans, si je ne m'abuse — je n'ai pas les renseignements pertinents sous la main. Toutefois, les chercheurs ont également souligné que les enfants de ce groupe étaient particulièrement inactifs.

Je ne veux pas passer en revue chaque étude, mais celle-là est la plus récente et la plus vaste étude canadienne sur la question des boissons sucrées, et la conclusion de cette étude est celle que j'ai mentionnée.

Le sénateur Eggleton : Je crois comprendre qu'on a fait passer la teneur en sucre du Coke de 10,5 à 9,7 cuillères à thé. Cela demeure une quantité astronomique de sucre. Il semble que ce soit là la teneur en sucre qu'on trouve dans cette boisson partout dans le monde. Cela demeure une très grande quantité.

J'aimerais maintenant poser des questions à propos du sel. Là encore, d'après un certain nombre d'organisations — l'Organisation mondiale de la santé, l'Université Harvard, la clinique Mayo et la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC — une consommation excessive de sodium a un effet négatif sur la santé. Cela a été confirmé par des études scientifiques menées sur une longue période, par exemple l'étude INTERSALT, lancée dans les années 1980; les deux essais liés aux études de prévention de l'hypertension artérielle menés de la fin des années 1980 jusqu'au début des années 1990; et les essais de lutte contre l'hypertension artérielle axés sur des approches diététiques menés à compter de 1994. En outre, une étude a récemment permis d'établir un lien entre l'apport en sel, la consommation de boissons gazeuses et l'obésité chez les adolescents.

Monsieur Satin, je sais que vous mentionnerez probablement l'étude épidémiologique menée l'an dernier par des chercheurs de l'Université McMaster dans des régions urbaines et rurales. Toutefois, des membres de la communauté scientifique — notamment l'American Heart Association et le Libin Cardiovascular Institute of Alberta — ont rejeté cette étude au motif qu'elle comportait des failles.

En ce qui concerne le sel, il semble exister une foule de recherches et de solides éléments probants qui vont à l'encontre du point de vue que vous venez d'exposer. J'aimerais que vous fassiez des commentaires là-dessus. Je voudrais également que vous nous précisiez à quels problèmes nous devrions nous attaquer pour contrer l'épidémie d'obésité si nous avons tort de nous en prendre au sel.

M. Satin : Il s'agit vraiment d'une bonne question. Je pourrais vous présenter des éléments probants et des publications qui contredisent chacune des études que vous avez mentionnées, mais cela reviendrait à opposer des faits à d'autres faits.

En fait, je ne travaille pas depuis très longtemps dans le domaine. J'ai décidé de le faire quand j'ai commencé à constater la manière dont les données probantes étaient interprétées. Je suis sorti d'une retraite confortable pour faire ce que je fais présentement. Je me suis engagé là-dedans pour la seule raison que j'avais l'impression que de l'information erronée était transmise aux consommateurs et que je ne comprenais pas véritablement pourquoi il en était ainsi. Les faits sont les faits. Nous devrions comprendre et tout le monde devrait comprendre que, chaque fois qu'un avis est formulé, au bout du compte, quelqu'un en profitera ou en pâtira.

Si mon bilan ne vous convainc pas, je vous dirai que, à ce moment-ci, les ventes de sel ne me préoccupent pas du tout. Les membres de l'industrie disposent de leurs propres vendeurs. Ce sont de grandes personnes qui peuvent s'occuper elles-mêmes de cette facette de leurs activités. Dès que j'ai commencé à travailler dans le secteur de l'alimentation du Canada, à la fin des années 1960, j'étais d'avis que les consommateurs devraient prendre leurs propres décisions en se fondant sur des données probantes et de l'information, et non pas sur de l'absence d'information. Malgré le respect que j'éprouve à l'égard des militants du secteur de l'alimentation, j'estime que leur succès pose un véritable problème, car il est malheureusement fondé sur de l'information erronée.

Au fil des ans, notre point de vue sur l'alimentation a été complètement faussé. Il y a 40 ans, nous disposions d'un moins grand nombre d'informations sur l'alimentation qu'aujourd'hui, mais notre point de vue à ce sujet était plus éclairé. À l'heure actuelle, nous sommes assaillis de données fournies sans le moindre contexte, ce qui est extrêmement regrettable puisque nous sommes en train de perdre notre culture alimentaire. En Italie, les gens consomment autant de sucre et de sel qu'ils le veulent, et ils sont tout de même en excellente forme. Ils en connaissent un petit bout à propos de l'alimentation, ils réfléchissent à leur alimentation et ils comprennent qu'elle doit être équilibrée.

Ici, le principal problème tient non pas uniquement à notre consommation d'aliments en tant que telle, mais aussi au fait que, au cours des 30 dernières années, l'alimentation, la technologie et notre économie ont changé. Il y a 30 ans, est-ce que quiconque mangeait son dîner assis devant un moniteur? Notre époque est marquée par des fluctuations considérables. Toutes sortes de choses se produisent, nous sommes influencés par cela, et puis, tout à coup, des gens montrent du doigt tel ou tel élément de l'industrie alimentaire, par exemple le sel.

C'est ce qui s'est passé dans le dossier du gras. Les alarmistes vont dire que le problème c'est le gras. Comme ils sont très convaincants, des lois ont été adoptées en ce sens, et des recommandations touchant la réduction de la teneur en gras ont été formulées.

L'industrie, de manière générale, n'est pas contre. Ils sont les meilleurs amis que l'industrie ait jamais eus, parce qu'ils lui inspirent toutes leurs idées de nouveaux produits : vous voulez des aliments à faible teneur en gras? Jusqu'à quel point voulez-vous réduire la teneur en gras? Nous allons le faire... bien sûr. Vous voulez des aliments à faible teneur en sel? Nous allons même fabriquer des aliments à faible teneur en sucre.

Plutôt que de prendre ses ordres des consommateurs, et cela est décourageant, à mon sens, l'industrie prend ses ordres des alarmistes. Le lien entre l'industrie et les consommateurs s'est brisé.

Lorsque je travaillais chez Steinberg, nous avions l'habitude de rencontrer les consommateurs et de discuter avec eux. Que voulez-vous? Vous n'aimez pas les hot dogs. Expliquez-nous pourquoi les hot dogs sont mauvais. Si nous n'arrivons pas à les justifier, nous ne pourrons pas en vendre. Mais cela a changé, au fil des années.

Nous faisons maintenant face à un grand problème, celui de l'obésité, c'est un problème majeur. Comment nous y prenons-nous? Encore une fois, il y a plusieurs facteurs en cause.

Nous devons composer avec le problème des dépenses énergétiques moindres; plus personne ne fait du vélo, plus personne ne fait de l'exercice. Personne n'a le temps. Lorsque je travaillais pour la FAO, à Rome, il y a 20 ans, nous faisions une promenade d'au moins une heure tous les jours, au dîner. Nous travaillions un peu plus tard, mais nous dépensions ces calories. Cela n'arrive plus, de nos jours.

Nous devons également, dans ce contexte, chercher un moyen d'inciter les gens à équilibrer ce qu'ils mangent et ce qu'ils dépensent. Le gouvernement pourrait proposer un programme et des outils, qu'il s'agisse du dispositif Fitbit ou de quoi que ce soit d'autre, il pourrait proposer des outils à un travailleur, en lui disant que, s'il fait une promenade de tant de kilomètres par semaine, il aura droit à un repas gratuit. Dans la mesure où ce serait un repas santé.

Je suis désolé d'avoir parlé si longtemps.

La sénatrice Seidman : Il est indiscutable que votre exposé est révélateur de toute la confusion qui règne dans le domaine de l'épidémiologie nutritionnelle. La confusion, dans l'esprit des consommateurs, est énorme, puisque les éléments de preuve changent d'une décennie à l'autre.

Madame Marsden, monsieur Satin, vous avez tous deux parlé du mandat de votre association respective. Madame Marsden, vous avez dit que l'Institut canadien du sucre « offre un service d'information sur la nutrition, qui a été créé pour suivre de près la documentation scientifique traitant des sucres et de la santé et pour collaborer avec des groupes du milieu universitaire, de professionnels de la santé et d'enseignants afin de leur donner accès à des programmes et à de l'information scientifique ».

Monsieur Satin, vous avez dit à peu près la même chose relativement au but et à la mission du Salt Institute. Il est même écrit, sur votre site web, que le Salt Institute analyse des rapports de recherche et des politiques publiques et qu'il vise à respecter les principes scientifiques éprouvés pour augmenter les connaissances sur les nombreux avantages du sel pour les personnes et pour l'environnement. J'aimerais savoir comment vous vous y prenez. Que faites-vous, par exemple, avec le milieu universitaire ou avec les consommateurs?

Mme Marsden : Tout d'abord, nous sommes tous soit des diététiciens, soit des chercheurs, alors nous faisons partie du même milieu que nos collaborateurs. Nous ne faisons pas de promotion ou de publicité. Nous faisons partie de différents groupes avec lesquels nous travaillons et échangeons de l'information. Il existe un Conseil consultatif scientifique, qui réunit les universitaires de tout le pays. Nous rencontrons ces membres deux fois par année, et ils nous donnent des conseils touchant nos publications. Ils examinent nos publications et nous suggèrent d'autres auteurs, par exemple pour la publication intitulée Pleins feux sur les glucides et la nutrition.

Nous sommes tous membres de l'association Les diététistes du Canada et, à ce titre, nous pouvons échanger nos opinions et apprendre de cette grande organisation.

Nous sommes également membres de la Société canadienne de nutrition, qui rassemble principalement des chercheurs en nutrition. Nous menons parfois des études sur les produits offerts sur le marché. Par exemple, nous examinons les allégations figurant sur les étiquettes et nous demandons à des professionnels de la santé de nous expliquer comment ils voient ou comment ils comprennent ces allégations. Nous vérifions que les allégations respectent les lignes directrices canadiennes, puis nous organisons des présentations par affiches dans le but de diffuser cette information.

Nous avons mené des analyses supplémentaires au sujet des données sur les sucres recueillies par Statistique Canada dans le cadre de son Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, car le gouvernement ne disposait pas d'un financement suffisant pour le faire. À partir de ces données, nous avons réalisé des analyses statistiques afin d'obtenir une estimation relative aux sucres ajoutés. Nous avons eu la chance que d'autres chercheurs soient prêts à collaborer avec nous et à publier ces données.

Notre travail est en majeure partie fondé sur la collaboration et des efforts d'éducation, et nous comptons sur nos publications et notre site web pour vulgariser ou communiquer les informations probantes dont nous assurons le suivi.

M. Satin : Notre organisation est très petite. Je suis, dans le fond, le responsable technique. Notre organisation ne compte que quatre responsables. C'est drôle, on nous appelle parfois « La grosse industrie du sel ».

Notre travail concerne bien davantage le sel de voirie que le sel de table. Le sel de table n'est qu'une petite partie de l'industrie du sel. En Amérique du Nord, 5 p. 100 seulement du sel produit est du sel de table. En Chine, c'est différent.

Dans la mesure où notre budget le permet, nous effectuons des études, la plupart du temps au Canada, qui a plus d'expérience du sel de voirie que d'autres pays.

Nous faisons quelques études sur le sel servant au conditionnement de l'eau, qui représente un marché beaucoup plus important que le sel de table. Pour ces études, nous travaillons habituellement en collaboration avec l'Institut Battelle. Nous collaborons aussi, par exemple, avec la Water Quality Association.

Nous menons aussi quelques petites études sur le sel de table, en général avec l'aide des universités. C'est très simple : voici l'argent, voici ce qui nous intéresse. Ne nous dites rien tant que les résultats ne seront pas publiés car nous ne voulons influer d'aucune façon sur les résultats. C'est parfois une loterie, et nous nous demandons bien ce que ça donnera.

Il y a toujours eu des gens qui se demandaient si les enfants devraient saler leurs légumes. La question est la suivante : mangeront-ils leurs légumes sans sel? Nous avons commandé à l'Université de l'Ohio une étude dans le but de déterminer combien de sel utiliseraient les jeunes enfants. C'était intéressant, car ils ont tous pris l'étude au sérieux. Ils ne pourront pas profiter des avantages de légumes amers comme le brocoli, s'il n'y a rien pour atténuer cette amertume, par exemple un tout petit peu de sel. Les enfants ne salent pas énormément. Il s'agissait en quelque sorte d'une étude du niveau de la maîtrise. Nous parlons de budgets de 13 000 $, de 15 000 $, de très petites études.

Nous essayons ensuite de diffuser cette information avec le reste. Nous essayons de composer avec les deux aspects de la chose, car il y a toujours des publications négatives, pas autant qu'il y en a au cours des cinq dernières années qu'au total, en ce qui concerne les résultats sur la santé et le sel. Nous n'avons rien à voir avec ces publications-là. Nous lisons tout ce qui est publié au sujet du sel, mais des études cliniques sont bien trop coûteuses pour nous, nous n'y pensons même pas.

La sénatrice Seidman : Monsieur Satin, vous avez très bien expliqué la situation.

J'aimerais revenir à Mme Marsden, un moment, pour essayer de comprendre. Vous avez dit, en fournissant quelques détails, que vous avez même mis sur pied un service d'information sur la nutrition. Donc, quand vous dites que vous travaillez en collaboration, vous dites que vous travaillez surtout en collaboration, est-ce bien cela? Vous collaborez avec des associations professionnelles et le milieu universitaire?

Mme Marsden : La majeure partie de notre travail est effectué au bureau; il s'agit de lire des documents, et c'est la tâche de Mme Wang. Nous lisons tous les rapports de recherche, nous les critiquons, nous surveillons les données scientifiques, de manière à bien comprendre les enjeux. Ensuite, nous élaborons des documents éducatifs afin de communiquer ces résultats, par exemple le bulletin Pleins feux sur les glucides et la nutrition, pour notre site web.

Nous sommes également une très petite organisation, et nous n'avons pas les moyens de nous financer nous-mêmes. Nous travaillons en tant que membre de la World Sugar Research Organisation, qui est également un organisme de contrôle. Il finance quelques recherches, mais vraiment pas beaucoup.

Essentiellement, nous communiquons les données scientifiques grâce à nos publications et à notre site web, surtout, et nous organisons des présentations et des vitrines, dans le cadre de conférences. Nous avons présenté un exposé sur la confusion dans les médias en compagnie d'un scientifique, qui était responsable du volet scientifique. Nous nous efforçons de stimuler le débat et l'examen dans le domaine scientifique.

M. Goetz : Madame la sénatrice, vous avez parlé des consommateurs et du choix. Les représentants de notre industrie sont très fiers de pouvoir dire que de 40 à 46 p. 100 des produits que nous mettons sur le marché ne contiennent aucune calorie ou n'ont qu'une faible teneur en calories. Aucune autre industrie n'offre aux consommateurs autant de choix que l'industrie des boissons. Nos membres n'ont pas hésité, comme je l'ai dit plus tôt, à lancer l'initiative Les calories, nous en faisons une chose claire! Elle vise à afficher les informations sur les calories sur le devant des étiquettes des boissons, d'une manière standard, de façon que les consommateurs puissent en prendre connaissance et choisir la boisson qui convient le mieux à leur style de vie.

En ce qui concerne les études scientifiques, notre association n'en mène aucune, elle n'en parraine aucune. Nous nous appuyons sur l'ensemble des données probantes accessibles au Canada. Ce qui nous intéresse, c'est l'environnement du Canada et les études publiées au Canada au sujet de la consommation de boissons sucrées, et j'en ai mentionné quelques-unes ici aujourd'hui.

La sénatrice Seidman : Merci. Merci de cette information.

La sénatrice Merchant : Ma première question s'adresse à Mme Marsden et à M. Goetz.

Vous êtes nutritionniste, madame Marsden, et c'est pourquoi j'ai été légèrement surprise. Il y a une grande confusion. Les consommateurs sont très mêlés. Je crois que nous avons besoin d'un peu de connaissances sur l'alimentation, à l'intention des consommateurs, parce que vous nous parlez ici, par exemple, de calories. Vous dites qu'une calorie, c'est une calorie, mais il existe quelque chose que nous appelons des calories vides. Si vous dites aux gens qu'ils doivent se limiter à 1 200 calories par jour, puis qu'ils peuvent consommer deux, voire cinq boissons gazeuses, peu importe, ce type d'information n'est pas utile pour les consommateurs. Je dois pouvoir penser que la nutrition a quelque chose à voir. Et, comme vous êtes nutritionniste, je suis quelque peu en désaccord.

Monsieur Goetz, bien que je reconnaisse tout à fait que votre entreprise est socialement responsable, vous nous avez fait un assez long boniment, au début, au sujet des impôts et de ce que vous versez, mais cela n'est pas vraiment le sujet qui nous intéresse, ici. Nous étudions la question de l'obésité, et j'aimerais mieux obtenir de l'information à ce sujet plutôt qu'à propos des événements que vous commanditez. Les cigarettiers ont fait la même chose, pendant des années et des années, ce n'est donc pas nouveau.

Les consommateurs sont très mêlés. Les étiquettes sont une grande source de confusion. Des témoins ont dit à notre comité que, dans certains pays, les produits placés sur les tablettes portaient des codes de couleurs, ce qui permettait aux consommateurs de faire leurs choix un peu plus rapidement.

Que faites-vous pour nous aider, nous, les gens qui doivent acheter vos produits, à comprendre la valeur nutritionnelle? Je ne sais si vous contribuez ou non au problème de l'obésité, étant donné que vous nous avez donné quelques informations et que ces informations ne sont pas toutes semblables. Différentes études disent différentes choses. Mais est-il bon que les gens puisent dans le sucre tout leur apport calorique, que vous soyez ou non socialement responsables? Que faites-vous pour aider les gens à faire de meilleurs choix?

Mme Marsden : Il est évident que je reste une diététiste, même quand je suis au travail. Je fais partie d'un collège professionnel et j'en respecte toujours les principes; donc, fondamentalement, je suis convaincue de l'importance d'un régime alimentaire de qualité et du fait qu'il faut promouvoir de bonnes et saines habitudes en matière d'alimentation.

Je ne suis pas venue faire la promotion d'une grande consommation de sucre, d'une diète sucrée, au détriment de tout le reste. Bien sûr que non. Tout le matériel que nous produisons est conforme aux conseils du Guide alimentaire canadien, et ce guide alimentaire s'attache aux quatre groupes d'aliments et aux nutriments qu'ils fournissent. Il encourage l'adoption d'un régime de grande qualité dans le respect de l'apport calorique permis. Cela ne veut pas dire qu'il est interdit de manger des aliments contenant du sucre. En fait, la grande majorité des sucres ajoutés aux produits de consommation se retrouvent dans les quatre groupes alimentaires définis par le guide. Environ 7 p. 100 des calories consommées, en moyenne, n'en font pas partie. Mais cela ne veut pas dire que certaines personnes consomment davantage de ce type d'aliments et qu'elles devraient en consommer moins pour mieux contrôler leur poids. Tout cela fait partie d'un régime global, et tous les documents que nous produisons le reflètent.

La raison pour laquelle je comparais aujourd'hui, c'est que je veux aider les membres du comité et les consommateurs à comprendre que, pour vraiment comprendre globalement la question du régime, il n'est pas vraiment utile de se concentrer sur un ingrédient, les sucres contenus dans un ingrédient. Ce qui est important, c'est la quantité de nourriture, le moment où les repas sont pris, la taille des portions, la façon dont les aliments sont servis, c'est le fait de s'asseoir pour déjeuner ou non. Toutes ces choses sont importantes et, oui, il faut aussi tenir compte des quatre grands groupes alimentaires. Il faut limiter les calories supplémentaires, ce qui inclut les aliments contenant des sucres, des gras et d'autres sources de glucides et de protéines. La qualité du régime est très importante, cela ne fait aucun doute.

Les consommateurs sont mêlés. Tous les jours, les médias font état de documents scientifiques que nous n'avons pas encore vus et que nous n'avons pas encore pu évaluer. Chaque fois, Flora reçoit immédiatement un courriel lui demandant d'évaluer ce dont il est question. Mais l'information circule déjà. Comme vous le savez, nous devons tenir compte de l'examen systématique de ces centaines, de ces milliers d'études, pour nous faire une opinion. Je crois qu'il s'agit là d'une bonne partie du problème.

Le président : Monsieur Goetz, il ne s'agissait pas d'une question précise, mais auriez-vous rapidement quelques commentaires à faire sur la question que la sénatrice Merchant a soulevée?

M. Goetz : Oui. Pour notre industrie, encore une fois, et nous soutenons des initiatives volontaires, quand il s'agit de la confusion qui règne dans l'esprit des consommateurs, l'information calorique est d'une importance incroyable. Toutes les études, en particulier les études commandées par le gouvernement du Canada, affirment que tout tient aux calories ingérées et aux calories dépensées. Notre industrie appuie l'éducation en matière de calories, et nous croyons que cela favorise la modération dans la consommation d'aliments et de boissons et du volume qu'il convient de consommer.

Personne ne remet en question le fait que la surconsommation de certains produits peut contribuer à l'obésité, mais si on équilibre la consommation de calories et qu'on éduque les gens au sujet d'un régime équilibré, les problèmes liés à l'obésité vont être beaucoup moindres.

M. Satin : En ce qui concerne l'étiquetage, les étiquettes, aujourd'hui, sont la chose la plus compliquée du monde, et c'est très malheureux, car le code universel des produits institué en 1973 était l'idée de M. Steinberg, de Montréal, et de personne d'autre. Ce n'était pas l'idée d'un Américain. À l'époque, l'objectif était de créer un système entièrement ouvert, permettant de scanner un produit pour tout connaître sur ce produit, car il est impossible de tout afficher sur une étiquette.

Une étiquette à code de couleur, ce serait la pire des solutions, car elle ne vous donne pas de choix. Elle vous donne des directives. C'est vert, vous devez choisir le vert. Vous n'avez aucun choix à faire. Le céleri est vert. Mais vous ne pouvez pas vivre uniquement de céleri.

C'est une façon par trop simpliste de présenter les choses, qui, en outre, fait en sorte que les gens n'ont plus confiance dans leurs propres connaissances de ce que devrait être un régime équilibré, étant donné qu'on peut associer quelque chose de vert avec quelque chose de rouge et quelque chose d'orange. C'est possible, mais se faire dire que c'est vert ou que c'est orange, c'est beaucoup trop simple. Mais si vous mangez du céleri, tout ce que vous mangez en même temps, en passant, y compris des protéines, passera tout droit, étant donné que le céleri est surtout composé de fibres.

Ce que je veux dire, c'est que c'est un peu plus compliqué que cela. Certaines personnes pourraient croire que c'est une façon de faire une faveur aux consommateurs, mais ce n'est vraiment pas le cas. Nous privons le consommateur de la chose la plus importante qui soit, c'est-à-dire son sens inné et sa connaissance de ce qu'un régime équilibré doit être.

La sénatrice Merchant : Je pose la question à vous tous : pensez-vous que ce soit une bonne chose que Santé Canada fasse des recommandations touchant les quantités? Nous avons le Guide alimentaire canadien, et il nous dit que nous devons consommer neuf fruits et quatre types de protéines. C'est un guide.

Êtes-vous d'accord pour que Santé Canada, qui dispose de tous ces articles scientifiques et peut examiner toutes ces choses, présente une recommandation quant aux quantités de sel ou de sucre, dans le cas qui nous occupe, à titre de représentants de ces deux organisations?

Mme Marsden : Au Canada, nous respectons les apports nutritionnels de référence établis par le Canada et les États- Unis, et certains de ces nutriments font l'objet d'examens constants. Il se peut que les sucres fassent l'objet d'un examen, à un moment ou à un autre, mais ce sont là les données probantes sur lesquelles Santé Canada s'appuie; donc, dans ce rapport, le ministère n'a pas établi un lien entre les sucres et l'obésité et n'a pas trouvé de données probantes suffisantes justifiant l'imposition d'un niveau maximal. Il a suggéré une limite maximale de 25 p. 100.

Cela ne veut pas dire qu'il nous suggère d'aller jusqu'à cette limite de 25 p. 100. Il s'agit d'une limite maximale suggérée, car lorsque les niveaux approchent des extrêmes, et c'est vraiment beaucoup, les chercheurs ont constaté que l'absorption de micronutriments — c'est-à-dire les vitamines et les minéraux — était compromise, à des niveaux élevés. De la même façon, à de très faibles niveaux, inférieurs à 5 p. 100, l'absorption des micronutriments peut être compromise.

Fondamentalement, les sucres ne sont pas un bon facteur de prédiction de la qualité d'un régime. Les chercheurs n'ont pas trouvé de données probantes suffisantes pour chiffrer la quantité de sucres adéquate.

M. Satin : Sénatrice, ma réponse ne va pas vous plaire.

La sénatrice Merchant : Je ne pensais pas à une réponse en particulier.

M. Satin : S'il existait un moyen pour nous de promouvoir la notion d'équilibre pour tous les aspects du style de vie, si nous pouvions nous asseoir, devant un comité formé de personnes sachant réellement ce que les gens pensent, pour faire circuler cette idée, sans viser quoi que ce soit de précis, je pourrais croire que les gens réfléchissent à ce qu'ils mangent et qu'ils ne se contentent pas de consommer tout ce qui leur tombe sous la main.

J'ai eu la chance de vivre à bien des endroits dans le monde, dans des endroits où il existe une véritable culture alimentaire. Ces gens-là n'ont pas les mêmes problèmes que nous. Ils consomment dans certains cas des quantités énormes de calories, mais ils les brûlent; ils comprennent tout ce concept d'équilibre.

Donc, s'il existait un moyen pour nous de rappeler aux consommateurs le concept de l'équilibre — pas seulement le mot, ce mot « équilibre », est trop général et il est ennuyeux —, le concept étant que l'équilibre est bon pour la santé, pour la santé de la famille et des enfants, qu'ils doivent réfléchir à ce qu'ils font, s'il était possible de faire passer ce message aux consommateurs, si quelqu'un savait comment, ce serait notre point de départ, plutôt que toutes ces études épidémiologiques.

Comme je l'ai déjà dit, toutes les études sont contredites par une autre étude, et les études jugées fantastiques il y a 40 ans perdent tout leur intérêt. En fait, elles n'étaient pas toujours fondées, au départ. C'est une chose que la plupart des gens réunis ici aujourd'hui ne comprennent pas.

La sénatrice Merchant : Je vous remercie.

Le président : Revenons à notre première question : est-ce que Santé Canada devrait s'en occuper?

M. Goetz : Je n'ai pas grand-chose à ajouter à ce que Mme Marsden a déjà dit, sauf en ce qui concerne l'apport quotidien de référence, sur lequel est fondé le Guide alimentaire canadien. Il recommande de limiter à 25 p. 100 la consommation de glucides provenant de sucres ajoutés. On estime que les Canadiens ne vont pas au-delà de 11 p. 100; nous sommes donc loin de cette limite. Ce sont des informations qui circulent déjà.

Le sénateur Enverga : Merci de votre exposé. J'ai pris connaissance, ici, de nombreuses statistiques, et je constate que, selon la plupart d'entre elles, le problème de l'obésité diminue au fil des ans. J'aimerais discuter des statistiques. Tiennent-elles compte des groupes d'âge? Tiennent-elles compte du sexe des personnes obèses ou de l'origine ethnique des personnes dites obèses? Comment les statistiques sur l'obésité sont-elles classées? Est-ce qu'il se peut que les statistiques ne soient pas les bonnes, que les exposés ne soient pas les bons? Est-ce qu'une étude supplémentaire sur l'obésité en général pourrait nous fournir de meilleures informations?

Le président : Sénateur, je crois que vous vouliez dire que les statistiques montrent que l'obésité va en augmentant.

Le sénateur Enverga : Non, selon eux, selon leurs statistiques sur le sucre, selon lesquelles l'obésité diminue.

Le président : Écoutez, nous devons savoir de quelles statistiques vous parlez, parce que, depuis 30 ans, le taux d'obésité a nettement augmenté. De quel déclin parlez-vous?

Le sénateur Enverga : Il semble, d'une certaine façon, qu'il existe une corrélation entre l'obésité et...

Le président : En effet. Il ne s'agit pas d'experts du domaine de la santé, mais ils pourraient peut-être commenter la question de savoir si les études appropriées sont menées, à leur avis, ou quelque chose comme cela.

Vous avez posé une bonne question, mais vous pourriez peut-être parler de cet enjeu fondamental avec certains autres témoins. Sur la question de savoir si des études pertinentes sont menées, ce que les témoins pensent.

Le sénateur Enverga : Vous pouvez répondre à cette question.

Mme Marsden : Il existe de très bonnes données statistiques sur l'obésité, tirées de renseignements fournis ou de mesures. Les statistiques touchant les données fournies sont plus nombreuses. Il y a aussi des données mesurées, mais la tendance est la même, c'est que les taux d'obésité sont en augmentation.

Il y a moins d'informations sur les enfants, et il est certainement donc possible... Comme vous le dites, je ne suis pas une experte des statistiques en matière d'obésité, mais nous pourrions faire un suivi.

En ce qui concerne les sucres, ou le sucre, nous disposons de bonnes données sur les tendances, provenant de Statistique Canada, touchant l'offre alimentaire compte tenu des pertes, qui révèlent une tendance à la baisse, et cela confirme d'autres observations sur la diminution des ventes de boissons gazeuses et de sucres.

L'Enquête sur la santé dans les collectivités nous fournira en 2015, pour la première fois, des données comparatives sur le régime alimentaire. Nous n'avons en main à l'heure actuelle que les données de 2004, ce qui fait que nous ne pouvons pas évaluer les changements entre les deux études diététiques. Nous avons bien hâte de voir, lorsque les données de 2015 seront publiées, les changements des modèles touchant l'apport calorique, les sucres, les gras, le régime. Cela sera très utile.

Le sénateur Enverga : Vous dites que la consommation de sucre a diminué. Cependant, est-ce que cela pourrait être dû au fait qu'il y a moins d'adultes, aujourd'hui, qui consomment du sucre et beaucoup plus d'enfants qui en consomment? La consommation aura baissé chez les adultes, par exemple les citoyens âgés, les personnes âgées. Toutefois, il y a une augmentation du côté des enfants. Tout cela est présenté dans une médiane; voilà d'où nous tirons nos statistiques.

Mme Marsden : Nous n'avons pas de données canadiennes qui nous permettraient de l'évaluer, étant donné que nous n'avons qu'une seule étude diététique; il y a des écarts au sein de la population, tout à fait, mais il y a des études diététiques portant sur d'autres pays. Nous nous ferons un plaisir d'assurer un suivi et de présenter des informations sur les tendances selon les différents groupes d'âge, dans ces pays.

Le président : Merci. Nous allons vous demander de transmettre ces informations à la greffière.

Mme Marsden : Absolument.

Le sénateur Enverga : Monsieur Satin, vous avez dit que, si nous consommons beaucoup de sel, il s'élimine immédiatement. Vous dites qu'un organisme peut se débarrasser très rapidement de jusqu'à trois kilogrammes de sel. Est-ce que cela fonctionne de la même manière chez les enfants et les personnes âgées?

M. Satin : Il s'agit là des chiffres publiés qui concernent un rein normal chez l'adulte. Personne ne pourrait en manger autant. Ce n'est pas seulement le volume qui fait que c'est toxique, en passant. Je crois qu'un kilogramme par jour, c'est toxique. Encore une fois, les études portent habituellement sur les adultes. Il s'agit de la façon normale dont nous évacuons le sel.

En passant, toutes les études portant sur la relation entre la consommation de sel et une maladie quelconque ont été déclarées nulles parce que, il y a deux semaines, seulement, à La Nouvelle Orléans, on a établi que l'organisme emmagasinait le sel et l'utilisait selon les besoins. Les données sur le sel contenu dans l'urine, dont toutes les études se sont servies pendant 40 ans, n'ont plus aucun sens aujourd'hui. Les chercheurs prélèvent des échantillons d'urine « de 24 heures ». Il semble que le sel qui se retrouve dans notre urine n'est pas le sel consommé la veille. Il peut s'agir du sel consommé la semaine précédente.

Voilà la différence entre les études épidémiologiques et les études physiologiques. Le sel emmagasiné par la peau, le plus grand de nos organes, est utilisé au fil de nos besoins, et, dans certains cas, lorsqu'il y a une inflammation ou une infection. Ainsi, nos données sur les échantillons d'urine de 24 heures ayant trait à autre chose, à tout autre problème de santé, ce sont de fausses données.

Nous pensions autrefois que le rappel alimentaire n'avait pas d'incidence, et que la règle d'or, c'était les échantillons d'urine de 24 heures. Eh bien, l'article qui sera publié dans deux ou trois semaines dans Cell Metabolism montre que le sel est emmagasiné.

Ce que je veux dire, c'est que nous pouvons éliminer bien davantage que ce que nous ne pourrions jamais consommer. Il est impossible que quelqu'un consomme une telle quantité.

Le président : Merci.

Monsieur Goetz?

M. Goetz : J'aimerais simplement faire un commentaire à propos des données disponibles. Je ne peux commenter les études sur l'obésité. Il est évident que l'obésité représente un problème. Je ne crois pas que quiconque dirait le contraire.

J'aimerais seulement rappeler que l'information que nous recevrons en 2015, dans les données à jour sur la consommation, sera très utile. Comme nous devons nous appuyer sur les données de 2004, il nous est difficile de faire des prédictions sur ce qui se passe.

Je dirais que, si nous avons hâte de voir ces données, c'est que, comme je l'ai déjà dit, nous avons constaté une diminution des ventes des boissons caloriques et sucrées. C'est que, un nombre croissant de produits nouveaux et différents sont maintenant offerts sur le marché, tandis que les taux d'obésité ont continué d'augmenter.

En ce qui concerne l'apport calorique, ce qui est intéressant — et je peux vous transmettre cette information, si vous le désirez —, c'est que les données sur la consommation de 2004 montraient que les Canadiens puisaient 2,5 p. 100 de leurs calories quotidiennes dans les boissons gazeuses et 2,1 p. 100 dans des vinaigrettes. Ce sont donc, en gros, les mêmes chiffres exactement. Nous parlons des produits et des calories consommés par rapport aux causes de l'obésité, et je crois que cette statistique est assez intéressante. Encore une fois, il s'agit de données de 2004, et nous avons hâte de connaître les données de 2015.

La sénatrice Raine : Merci beaucoup. C'est très intéressant. J'ai beaucoup de questions.

Pour commencer, monsieur Goetz, pourriez-vous clarifier quelque chose? Vous avez dit que le sucre ne pouvait dépasser la limite de 25 p. 100, et je n'ai pas bien compris. Je crois qu'il s'agissait d'une limite maximale, non pas de la limite recommandée.

M. Goetz : Oui, et je crois que Sandra l'a également mentionné; la limite de 25 p. 100 est la limite maximale. Selon les estimations, les sucres ajoutés représentent environ 11 p. 100 de l'apport, chez les Canadiens.

La sénatrice Raine : Et cela correspond à 11 p. 100 de l'apport calorique?

M. Goetz : Oui.

La sénatrice Raine : Je suis en train de regarder les lignes directrices de l'Organisation mondiale de la santé, qui datent de 2002, qu'ils recommandent de modifier. Selon les anciennes lignes directrices, la limite était de 10 p. 100 de l'apport calorique total quotidien, et, dans les nouvelles lignes directrices, ils recommandent que la limite soit de 5 p. 100 de l'apport calorique total. Pourriez-vous commenter cette information?

M. Goetz : Je me reportais aux apports nutritionnels de référence sur lesquels sont fondées les lignes directrices du Guide alimentaire canadien. Nous ne devons pas perdre de vue le fait que le Canada est assez différent d'autres pays du monde et que l'Organisation mondiale de la santé doit également en tenir compte au moment de formuler ses recommandations.

L'Organisation mondiale de la santé recommande... les recommandations n'ont pas encore été publiées, en passant. Elles en sont à l'étape de la consultation. Elles ne sont pas officielles. Selon l'extrait qui circule, les limites sont de 10 p. 100 et de 5 p. 100, mais la limite de 5 p. 100 est grandement liée à des problèmes de santé dentaire qui touchent d'autres régions du monde, qui ne constituent pas un problème répandu ici, au Canada.

Je me reporte tout simplement au Guide alimentaire canadien. Les modèles de consommation sont différents au Canada et ailleurs dans le monde. Nous avons également des modèles de consommation très différents de ceux des États-Unis, par exemple.

Mme Marsden : Les lignes directrices de l'Organisation mondiale de la santé, les 10 p. 100 et les 5 p. 100, sont liées au problème de la carie dentaire, non pas de l'obésité. Encore une fois, il existe une grande confusion, étant donné qu'une version provisoire des lignes directrices a été publiée et que les médias l'ont reprise sans attendre le rapport complet. Toutefois, nous avons transmis nos commentaires scientifiques. Mme Wang a pu examiner le rapport complet de même que toutes les données probantes qui y sont reprises, et ces deux cibles ont été établies en relation avec la carie.

La limite de 5 p. 100 est une ligne directrice conditionnelle, établie à partir de données probantes de très mauvaise qualité, comme l'OMS l'a elle-même reconnu. En fait, il s'agit de trois études portant sur le Japon d'après la Deuxième Guerre mondiale, menées dans trois écoles et liées à la disponibilité du sucre dans ce pays. Il est donc peu probable qu'il s'agisse d'une cible raisonnable pour la population mondiale, mais, quoi qu'il en soit, la limite était liée à la carie dentaire, non pas à l'obésité.

Comme je l'ai dit plus tôt, un examen systématique n'a pas permis d'établir de relation quantitative entre les sucres et l'obésité.

La sénatrice Raine : J'imagine que cela ne fait que mettre en relief le fait qu'il existe de très nombreuses études ainsi qu'un grand nombre d'organisations, comme l'Organisation mondiale de la santé, qui semblent jouir d'une très grande crédibilité, mais que, dans le cas qui nous occupe, c'est erroné.

La deuxième question que je voulais poser, et vous pourriez probablement y répondre tous les deux, est la suivante : quand vous dites que le sucre est en fait du saccharose, et puis, il y a du sirop de maïs à haute teneur en fructose, pourriez-vous nous expliquer la différence métabolique en ce qui a trait à la façon dont ces deux types d'édulcorants ont un impact sur le corps? Vous dites que les sucres ajoutés comprennent habituellement tous les différents types de sucres. Croyez-vous qu'ils devraient être limités ou définis d'une autre façon qu'en tant que sucres?

Mme Marsden : Il y a de nombreux différents types de sucre. Le saccharose est composé de glucose et de fructose. Le sirop de maïs à haute teneur en fructose est produit à partir de fécule de maïs contenant une quantité un peu plus élevée de fructose, mais n'est probablement pas très différent que les autres sucres sur le plan métabolique.

Flora est une experte du métabolisme. Elle pourrait vous répondre plus précisément sur l'aspect métabolique. Je ne me souviens plus de la seconde partie de votre question.

La sénatrice Raine : Personnellement, quand je regarde les sucres, je tente d'éviter le sirop de maïs à haute teneur en fructose. Selon tout ce que j'ai lu à son sujet, il n'est pas vraiment bon pour nous, et, donc, je préfère boire de l'eau. J'aimerais que vous nous expliquiez la différence entre ces différents types de sucres, puisque le public ne la fait pas. Devrait-il faire la différence?

Flora Wang, gestionnaire, Nutrition et affaires scientifiques, Institut canadien du sucre : Merci d'avoir clarifié la différence, ou plutôt l'absence de différence métabolique, entre le saccharose et le sirop de maïs à haute teneur en fructose. Le saccharose est composé d'un ratio égal de glucose et de fructose. Pour ce qui est du sirop de maïs à haute teneur en fructose, comme Mme Marsden vient de le dire, la différence de proportion est négligeable. Quand on parle d'un niveau de consommation, on n'a pas à en tenir compte, donc, on peut toujours considérer que le ratio est toujours à peu près égal. Le corps métabolise les sucres de la même façon, qu'il s'agisse de saccharose ou de sirop de maïs à haute teneur en fructose.

Bon nombre d'inquiétudes concernant le sirop de maïs à haute teneur en fructose sont en fait liées à une idée erronée ou une confusion concernant le métabolisme du fructose. Il y a de nombreuses études sur des animaux utilisant des doses élevées de fructose. Des conséquences sont liées à ces doses extrêmement élevées, mais elles ne sont pas pertinentes au niveau de consommation humaine.

Des études bien contrôlées réalisées chez l'humain utilisant des quantités normales de consommation de fructose ont été effectuées. Quand on consomme une dose normale, le fructose ne se transforme pas en gras. Il sert à la synthèse du glucose. Il peut être directement utilisé pour créer de l'énergie ou être converti en lactose. Toutefois, une quantité minimale de ce fructose est convertie en gras ou est, comme il est indiqué, emmagasinée sous forme de graisses. C'est la principale différence entre les données animales et les données humaines. Notre corps ne fait pas la différence et ne métabolise pas les sucres différemment.

La sénatrice Raine : C'est aussi clair que de la vase.

Monsieur Goetz, vous avez parlé du fait qu'entre 40 et 46 p. 100 des boissons au Canada contiennent peu ou pas de calories. Comment choisissez-vous le type d'édulcorants artificiels à utiliser?

M. Goetz : Les entreprises prennent ces décisions de façon individuelle. Nous ne prenons pas cette décision. Nous suivons la ligne de produits et les produits qui sont offerts aux consommateurs. Nous avons reçu des données hier. Très près de 46 p. 100 des produits sur le marché contiennent maintenant peu ou pas de calories.

Une diversité d'édulcorants hypocaloriques est utilisée dans les produits de nos membres. Une fois encore, ce sont les entreprises membres qui décident, par l'entremise de leur processus de formulation, quels édulcorants leur conviennent.

La sénatrice Raine : Monsieur Satin, comme vous le savez, il y a de nombreux différents types de sel, et le sel est un produit assez populaire actuellement. Vous pouvez obtenir votre sel de l'Himalaya ou du désert de l'Utah. Y a-t-il une réelle différence entre ces sels?

M. Satin : Non. Le sel est composé de chlorure de sodium. C'est aussi simple que ça. Le reste, ce n'est que du marketing.

J'aime l'idée que les gens consomment tous ces différents aliments pour une seule raison : cela démontre un intérêt pour la nourriture. Cela attise la curiosité des gens, et c'est correct. Tant que les gens s'intéressent à la nourriture, je suis heureux, parce qu'ils réfléchissent à ce qu'ils font.

Mais du sel, c'est du sel. J'ai entendu parler de sel de mer himalayen, mais il y a bien longtemps que l'Himalaya n'est plus près de la mer.

Le président : Vous pourriez admettre que certains de ces sels contiennent davantage d'impuretés que d'autres.

M. Satin : Si vous voulez la réalité crue, la seule différence entre du sel de mer et du sel de table tient à tous les détritus que vous retrouverez dans le sel de mer — des particules de baleines mortes, et cetera.

Le président : Nous avons saisi.

M. Satin : La seule raison pour laquelle je dis cela, c'est parce que cela me dérange que les gens croient réellement — c'est assez de simplement avoir quelque chose de bon. Il ne faut pas penser que ces aliments ont tous ces effets sur vous, parce que ce n'est vraiment pas le cas.

Le seul danger du sel de mer est le fait qu'il ne contient pas assez d'iode pour nous protéger contre les troubles dus à la carence en iode, malgré ce que de nombreuses personnes croient.

Le président : Vous avez raison à 100 p. 100. Sous n'importe quel angle, même si vous voulez vous fonder sur des croyances et des faits scientifiques, du chlorure de sodium, c'est du chlorure de sodium. Les différents produits contiennent d'autres éléments qui sont en fait des impuretés, et c'est l'enjeu. Il y a des différences dans les produits, comme vous l'avez souligné, mais ce n'est pas parce que le chlorure de sodium est différent.

M. Satin : Excusez-moi pour les détails.

Le président : Vous avez bien expliqué la situation.

La sénatrice Stewart Olsen : Je veux simplement vous demander si l'industrialisation du sucre ou du sel a causé des changements importants dans le produit lui-même. En d'autres mots, le sucre contenait-il le même nombre de calories il y a 100 ans? Était-il produit de la même façon? J'aimerais en apprendre plus sur le processus et sur le produit que vous produisez.

Mme Marsden : Le raffinage du sucre est un mauvais terme, parce qu'il suppose que quelque chose a été fait au sucre quand il s'agit plutôt d'un processus de purification. Ce processus est plus perfectionné et plus efficace aujourd'hui, puisqu'il se fait dans une raffinerie, mais, fondamentalement, il s'agit de laver les cristaux de sucre, de les faire fondre et de retirer la mélasse et les autres impuretés. Le sucre cristallisé ne contient que très peu d'impuretés et est de couleur très claire, qui provient de la mélasse. Fondamentalement, le procédé est le même. Comme pour le chlorure de sodium, on ne modifie pas la molécule du saccharose en la raffinant. C'est exactement la même chose.

La sénatrice Stewart Olsen : Ce serait impossible de faire cela. La seule chose qu'on peut se demander, c'est pourquoi les gens utilisent davantage de sucre quand ils transforment des aliments? En ajoutent-ils davantage, et cela se reflète-t-il sur la valeur que je lirais sur l'étiquette? Je sais que vous diminuez la quantité de sucre dans les boissons gazeuses. Il y a quelque chose d'étrange, et nous tentons de comprendre quoi.

Vous vous souvenez peut-être du fiasco de l'industrie du tabac quand on a découvert qu'il y avait des additifs dans le tabac — il y a eu un changement. Ils ont même changé la formule du Coca-Cola. Je ne souhaite pas entrer dans des théories conspirationnistes, mais il est facile de se demander pourquoi les gens aujourd'hui en veulent plus. En ce qui a trait au sel, les gens savent qu'il est mieux d'en utiliser moins. Pour ce qui est du sucre, je n'en suis pas aussi certaine.

Mme Marsden : Les aliments ne sont pas du tabac. Le sucre est un ingrédient dans un large éventail d'aliments, et il est produit de façon naturelle. Le saccharose, comme je l'ai déjà dit, se retrouve dans tous les fruits et légumes. Il est extrait de la canne à sucre et de la betterave à sucre. Le saccharose est exactement pareil. Votre corps le traite de la même façon. C'est la première chose à savoir.

Aucun additif n'est ajouté au moment de la purification du sucre.

La sénatrice Stewart Olsen : Et il n'y a pas de différences de fabrication.

Mme Marsden : La seule différence est la grosseur du cristal et la quantité de mélasse qui est retenue. Vous pouvez acheter du sucre brun foncé, du sucre biologique, du sucre brut, et c'est pour la saveur. Les oligo-éléments associés seraient très petits; et vous n'avez pas l'intention de manger des tasses de sucre.

L'autre idée erronée commune est celle selon laquelle on dit aux fabricants de retirer le gras pour ensuite bourrer leurs produits de sucre. C'est tout simplement faux. Nous savons que la consommation de sucre diminue, ainsi que son utilisation dans l'approvisionnement alimentaire. Le sucre a d'autres propriétés fonctionnelles que le gras, alors on ne peut pas simplement remplacer le gras par du sucre. Ils se retrouvent dans différents aliments.

Nous savons aussi que les fabricants produisent des aliments sans sucre ajouté et réduits en sucre en utilisant davantage d'édulcorants artificiels. Il existe une très grande variété d'aliments. Il n'y a pas d'augmentation de la disponibilité du sucre dans l'approvisionnement alimentaire. Il y a certaines idées erronées communes que l'on entend encore et encore dans les films et dans les documentaires, mais elles sont simplement fausses.

M. Goetz : J'ajouterais aussi pour les fins du compte rendu que l'ensemble des produits de nos membres est réglementé par Santé Canada en tant qu'aliments, par la FDA en tant qu'aliments et par l'Autorité européenne de sécurité des aliments en tant qu'aliments, par conséquent, les comparaisons avec les produits du tabac ne sont pas vraiment appropriées.

La sénatrice Stewart Olsen : Vous m'avez mal comprise.

Le président : Elle tentait de demander si des additifs étaient ajoutés de façon délibérée.

La sénatrice Stewart Olsen : J'essayais de donner un exemple, mais ce n'était pas un bon exemple. J'essayais de comprendre si, dans la transformation du produit de base, il y avait eu des changements au cours des 100 dernières années qui auraient fait en sorte qu'un gramme de sucre aujourd'hui est équivalent à 10 fois ce qu'il était il y a 100 ans. C'est ce que je tentais d'aborder.

Mme Marsden : Deux de nos raffineries au Canada ont été construites dans les années 1800, donc, le procédé est le même. C'est un procédé de purification.

Le président : Cela est peut-être plus effrayant que la question elle-même. Je ne crois pas que nous voulons poursuivre davantage à ce sujet.

La sénatrice Frum : Monsieur Satin, j'ai cru comprendre que vous êtes sceptique concernant les effets néfastes qu'a le sel sur la santé en général. Au sujet précis de l'obésité, je m'intéresse au rôle du sel en tant qu'accélérateur de l'appétit. Je ne crois pas que vous ayez parlé de cela, ou peut-être en avez-vous parlé brièvement quand vous avez dit avoir travaillé pour John Labatt Limitée. Les gens qui aiment les arachides salées ou les croustilles boivent davantage de bière et finissent par consommer beaucoup plus de calories. Qui n'est jamais allé voir un film pour ensuite être étonné d'avoir mangé un sac complet de maïs soufflé alors qu'il n'avait même pas faim? Le maïs soufflé était si salé qu'ils ont voulu manger le sac en entier. Cela n'est-il pas un facteur?

M. Satin : C'est intuitif de penser de cette façon, mais, en fait, plus un aliment est salé, plus la personne est rapidement satisfaite, selon les études sur les animaux utilisées aujourd'hui dans le secteur commercial. Plus on ajoute de sel dans les aliments, moins les animaux vont manger. Si vous voulez qu'ils mangent davantage, il faut retirer le sel des aliments. C'est contraire à l'intuition, mais c'est ce qui est utilisé dans le secteur commercial. Il s'agit d'un commerce d'un million de dollars.

Pour ce qui est du goût, c'est plutôt intéressant, parce que vous dites que plus un aliment est goûteux, plus les gens en mangeront, et je suis d'accord avec vous. Je ne sais pas à quoi cela équivaut sur le plan du volume. L'objectif est de fabriquer un produit goûteux. Vous faites la même chose à la maison, bien sûr. Les Italiens consomment bien plus de sel que nous n'en consommerons jamais — environ 40 p. 100 plus. Le grand secret de l'alimentation méditerranéenne dont personne ne parle est la haute teneur en sel. Nous vivons avec ces stéréotypes.

Le problème avec les stéréotypes, c'est qu'ils ne vous indiquent pas très bien où aller avec cela. Notre consommation de sel n'a pas augmenté depuis 1960. Elle n'a pas augmenté. Nous présumons qu'elle a augmenté, mais ce n'est pas le cas. Selon la façon dont nous transformions les aliments dans le passé, il y avait des aliments beaucoup plus salés et beaucoup plus d'aliments conservés dans le sel qu'aujourd'hui.

Je ne sais pas exactement quoi dire. Ce qui m'inquiète, c'est qu'ils vont tenter d'aller de l'avant et tenter de tromper les sens parce que, comme je l'ai dit, l'industrie alimentaire souhaite toujours faire quelque chose pour réagir aux dernières critiques. Quand j'ai donné une conférence à Nestlé en Suisse, ils m'ont tous dit : « Nous savons que le sel n'est pas mauvais, mais le service de marketing veut que nous agissions. » Le problème, c'est que nous pouvons nous retrouver avec un mélange de produits chimiques synthétiques pour remplacer quelque chose que nous avons consommé durant des milliers d'années et dont les effets néfastes n'ont jamais vraiment été prouvés. Sans aucun doute, rien n'indique clairement que le sel est lié à l'obésité.

Je vais fournir des publications sur les deux côtés de la question, mais ce ne sont que des données épidémiologiques, ce qui ne permet certainement pas d'établir une relation de cause à effet.

La sénatrice Frum : Je crois que la chose la plus surprenante que j'ai apprise aujourd'hui, c'est votre affirmation selon laquelle, en fait, une faible teneur en sel constitue un accélérateur de l'appétit. Donc, cela me donne envie de vous demander : comme nous l'avons vu avec le mouvement « faible en gras », les gens sont maintenant de plus en plus conscients du fait que quand un aliment est faible en gras, ils vont en manger davantage parce qu'ils pensent...

M. Satin : Quand nous avons réduit la quantité de nicotine dans les cigarettes, les gens ont fumé davantage. Quand nous avons produit des bières légères, ils ont bu davantage de bière. Quand nous avons fait des aliments faibles en gras, ils ont mangé davantage.

Il y a deux choses associées à cela. Il y a l'aspect de la culpabilité. Je n'ai pas vu d'étude mesurant l'aspect de la culpabilité, donc, c'est un aspect auquel je pense, mais sur lequel je n'ai aucune donnée. Je ne sais pas si des données ont été publiées. Il y a certainement des preuves claires du fait que, quand vous commencez à cerner des nutriments particuliers dans les aliments, cela n'empêche pas qui que ce soit de les consommer. Dans certains cas, les gens en consomment davantage. Ce sont les faits de la vie.

En passant, dans certains cas, nous nous prescrivons du sel à nous-mêmes — peut-être est-ce la meilleure façon de le dire —, les femmes plus que les hommes, puisque plus nous consommons de sel, plus notre niveau de cortisol en circulation diminue. Les femmes s'autoprescrivent du sel. Quand elles sont déprimées, les femmes consomment davantage de sel. Nous avons des études là-dessus, que je n'ai pas apportées avec moi, mais il y a de nombreuses publications là-dessus. Les hommes font cela dans une moindre mesure parce qu'ils consomment déjà plus de sel que les femmes. Donc, vous vous prescrivez du sel dans certains cas, quand les femmes subissent du stress.

Quand les enfants grandissent, ils consomment davantage de sel, en passant. Une fois encore, nous avons des études, provenant toutes de la base de données du NHANES, qui indiquent que les enfants qui consomment du sel grandissent plus vite et ont un meilleur taux de croissance. Je ne peux pas dire si un taux de croissance plus rapide est bon ou non, pour être honnête, mais ce sont les faits.

Quand je faisais des études, dans les années 1970, sur les aliments à forte teneur en protéines, si vous regardez les études à la toute fin, les animaux qui grandissaient le plus rapidement n'étaient pas ceux qui vivaient le plus longtemps. Nous ne pouvons en conclure que certaines choses, mais ce sont les faits dont nous disposons, soit que les gens s'autoprescrivent parfois du sel afin de traiter un problème. Quand vous prenez un verre et que vous consommez une collation salée à la fin de la journée, je ne suis plus certain si c'est la boisson que vous désirez, ou le sel que contient la collation. Je suis très sérieux. Je ne le sais vraiment pas. Mais, une fois encore, c'est de la conjecture de ma part. Il n'y a aucune donnée à ce sujet.

La sénatrice Frum : Pour être claire au sujet de la boisson ou du sel à la fin de la journée, vous dites que le fait que le corps a envie de sel à la fin de journée est lié au niveau de cortisol. Quel est l'effet du sel sur le niveau de cortisol?

M. Satin : Plus vous consommez de sel, plus votre niveau de cortisol diminue. Votre stress va diminuer. Quand nous avons eu des problèmes économiques il y a quatre ou cinq ans, les ventes des collations salées ont explosé. Ça a été la période la plus importante pour les ventes de collations salées selon Mintel, une très grande entreprise de marketing britannique. Ce ne sont que des choses que nous observons. Cela ne nous dit pas grand-chose sur les effets généraux du sel dans l'alimentation.

Le sénateur Eggleton : Nous entendons beaucoup d'arguments défendant le sel et le sucre, et nous ne sommes toujours pas parvenus à comprendre ce qui a causé cette épidémie d'obésité. J'ai entendu, par contre, quelques suggestions. L'une était la surconsommation, et l'autre était le manque d'équilibre entre les calories consommées et les calories brûlées.

Vous avez peut-être lu un livre que j'ai lu, le livre de Michael Moss sur le sel, le sucre et le gras. On se rapproche des conspirations ici. Il parle de la façon dont l'industrie tente d'atteindre le point d'équilibre parfait, afin d'arriver à utiliser le sucre, le gras, le sel ou une quelconque combinaison de ces aliments pour rendre leurs produits irrésistibles : il est impossible de manger une seule croustille; il faut en manger une autre et une autre. Cela signifie davantage de ventes.

En fait, tout cela vise à exploiter les points faibles des gens. Cela commence apparemment à un jeune âge. Il est prétendu que l'industrie alimentaire, en particulier, souhaite cibler les enfants puisqu'une exposition répétée à des aliments hautement transformés et à des boissons sucrées, même durant la petite enfance, établit les préférences de goût et mène en fin de compte à une loyauté envers la marque et à des profits plus élevés. Tout cela est présumé.

L'une des suggestions qui ont été faites en ce qui concerne le fait de commencer à un jeune âge a été de bannir les publicités s'adressant aux enfants. Le Québec a banni la diffusion de ce type de publicités, mais, bien sûr, il existe d'autres plateformes, d'autres moyens de faire de la publicité auprès des enfants. Que pensez-vous de la possibilité d'interdire la publicité visant les enfants, de l'établissement d'une loyauté et du facteur du point d'équilibre parfait?

M. Goetz : Il y a des initiatives volontaires au sein de notre industrie, mises en place par l'entremise de notre association, concernant la publicité visant les enfants. En outre plusieurs de nos entreprises membres, soit certains des joueurs les plus importants dans l'industrie des boissons au Canada, participent à l'Initiative canadienne pour la publicité sur les aliments et les boissons destinée aux enfants. Comme je l'ai dit plus tôt et comme cela a été confirmé par l'Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada, l'industrie des boissons au Canada a réduit ses publicités destinées aux enfants, par exemple à la télévision, à néant.

Nous avons un code de conduite volontaire, qui peut être consulté sur notre site web, canadianbeverage.ca, dans le cadre duquel nos membres se sont engagés à respecter des normes relatives à la publicité destinée aux enfants, et non seulement à la télévision. L'APMCC a fait directement référence aux enfants, mais à d'autres médias aussi — la publicité imprimée, la publicité en ligne, et cetera. C'est notre industrie, et c'est ce que nous faisons.

Mme Marsden : Je ne commenterai pas au sujet de la publicité. Nous ne faisons pas de publicité en tant qu'industrie, et il ne s'agit certainement pas de notre secteur d'études.

Je ferais remarquer que je n'ai vu aucun élément de preuve scientifique témoignant d'un point d'équilibre parfait en ce qui concerne la consommation de sucre. Le livre de Michael Moss constitue certainement une lecture intéressante, mais il n'est pas vraiment fondé sur des données probantes.

Nous sommes nés pour aimer le goût du sucre, et on croit que cela sert à nous protéger contre les goûts amers qui pourraient être ceux d'un poison, donc il y a une certaine logique derrière cela. De nombreuses études se penchent sur la diversité des préférences de goût en ce qui a trait au sucre et au gras. Adam Drewnowski a effectué un grand nombre de bonnes recherches dans ce domaine, et je serais heureuse de les mentionner. Toutefois, je n'ai vu aucune donnée probante qui indique qu'il est possible de forcer les gens à consommer davantage de sucre et davantage d'aliments.

Le sénateur Eggleton : Merci.

Je vais parler très rapidement de l'étiquetage. Nous avons pu entendre le Dr Lustig, de Californie, ici. Vous le connaissez peut-être. Il croit que les composantes des édulcorants devraient toutes être nommées sur l'étiquette. L'étiquette ne devrait pas simplement indiquer l'édulcorant que vous utilisez, mais aussi ce qu'il contient. Il y a aussi eu des idées d'étiquetage allant à l'avant de l'emballage comme Visez santé, un programme créé par la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC. Sur le plan commercial, le Menu bleu de la marque le Choix du Président, de Loblaws, tente d'utiliser l'étiquetage sur le devant de l'emballage. Pouvez-vous commenter cette situation et nous indiquer si cela est utile, selon vous?

Finalement, il y a toute la question de la simplification de l'étiquetage, du concept des panneaux indicateurs qu'ils ont utilisés au Royaume-Uni. Monsieur Satin, j'ai trouvé vos remarques à propos de la nature simpliste du concept du feu rouge, vert et jaune convaincantes, mais existe-t-il une autre manière de simplifier les étiquettes? Vous ne serez peut- être pas d'accord, mais si la consommation de sodium ne devrait pas dépasser 2 300 mg, comment peut-on calculer combien on en consomme quand on regarde des aliments transformés? Ce n'est que de l'étiquetage. Avez-vous des commentaires à ce sujet?

Le président : Des réponses précises, s'il vous plaît. La fin de la séance approche, et cela pourrait continuer très longtemps.

Monsieur Satin, je vais commencer par vous et je serai strict.

M. Satin : Pour ce qui est de l'étiquetage, nous arrivons enfin à un point où nous aurons — il ne fait aucun doute que le concept original, au moment où le CUP a été inventé en 1973 et nous a permis d'identifier le produit et d'obtenir tous les renseignements, s'est solidement implanté. Il est maintenant possible de lire ces codes à l'aide d'un téléphone intelligent. Il s'agira là de la réponse ultime. Vous pourrez notamment savoir si votre thon provient d'un endroit où il n'y a pas de phoques, puisqu'Internet représente une source illimitée d'information, contrairement aux étiquettes qui sont limitées par leur taille, dans la réalité. Cela a toujours été le problème. C'est pourquoi l'étiquetage n'a jamais été et ne sera jamais un succès, puisqu'il ne tient pas compte de l'ensemble du repas, de l'alimentation et du mode de vie dans lesquels s'inscrit le produit.

Le sénateur Eggleton : Vous allez au magasin, et vous balayez le code à l'aide de votre téléphone intelligent.

M. Satin : Vous le balayez, tout simplement. J'ai fait une présentation à ce sujet en 1993 quand Internet a pris de l'ampleur.

Mme Marsden : On ne peut pas avoir trop d'attentes en ce qui a trait à l'étiquetage alimentaire, il n'y a pas assez d'espace, surtout au Canada. Nous avons deux langues officielles.

Pour ce qui est d'ajouter des symboles, de nombreux fabricants le font, mais le problème, c'est qu'ils ne se retrouvent pas sur tous les aliments. Devrions-nous mettre un feu de circulation sur chaque aliment? Il est difficile d'établir un profil pour chaque aliment individuel. Ce n'est pas quelque chose que j'ai soutenu durant ma carrière, puisque notre régime alimentaire est important, et non seulement les aliments. C'est tout un défi.

Je crois que l'étiquette nutritionnelle est une partie très importante de la valeur de notre étiquetage. Si nous effectuons des changements, nous devons bien les faire et ne pas avoir trop d'attentes. Il s'agit d'un outil, et cet outil ne fera pas tout pour nous. Respectons des normes internationales comme le Codex, et tentons de nous aligner le plus possible sur les É.-U., étant donné l'importance de nos échanges commerciaux avec ce pays, mais reconnaissons que nous avons besoin d'une éducation de qualité sur la santé publique. La présence de nutritionnistes dans les épiceries est l'un de nombreux très bons exemples de choses à faire pour favoriser l'éducation.

M. Goetz : Notre industrie est en faveur d'un étiquetage scientifique et fondé sur des données scientifiques, et c'est pourquoi de nombreuses personnes sont en désaccord avec le concept du feu de circulation. Ce concept permet simplement d'étiqueter un produit comme étant bon ou mauvais. Un morceau de gâteau au fromage contient bien plus de sucre qu'une boisson gazeuse ordinaire, et on lui accorderait un feu de circulation rouge.

Je suis un peu déçu, sénateur. Je l'ai mentionné à trois reprises. Vous avez mentionné quelques autres systèmes d'étiquetage volontaires, et, une fois encore, si vous passez dans l'allée des boissons dans un Loblaws ou dans n'importe quelle épicerie, vous verrez notre programme d'étiquetage calorique, qui se retrouve sur la majorité des produits de nos membres, à l'avant des emballages. Il permet aux consommateurs d'avoir facilement accès aux renseignements sur les calories, soit l'information la plus importante quand on se fie aux recherches sur l'obésité.

Le président : Sénatrice Greene Raine.

La sénatrice Raine : On a répondu à mes questions.

Le président : Je ne poserai pas des questions approfondies. De nombreuses choses ont été dites ici, et il y a de nombreux aspects intéressants.

Madame Marsden, il y a une chose que je souhaite clarifier. Je crois que quand vous avez répondu à la question de la sénatrice Seidman sur la publication de l'information, vous avez dit que vous engagiez des universitaires pour écrire des articles.

Mme Marsden : Non. Il est possible que nous invitions un universitaire à contribuer à l'article. Nous ne les embauchons pas et nous ne les payons pas. Il est possible que nous ayons invité un auteur pour rédiger l'une de nos publications.

Le président : Vous invitez des auteurs à écrire des articles sur certains sujets.

Mme Marsden : Nous publions un bulletin d'information qui est distribué annuellement aux nutritionnistes.

Le président : Ce ne sont pas des articles qui sont destinés à être publiés dans des revues spécialisées.

Mme Marsden : Non, si nous publions, tout est fait de façon bénévole.

Le président : Je comprends. Vous pouvez comprendre le fondement de la question. Je voulais clarifier les choses puisque cela a été mentionné, et ce sera dans le compte rendu.

Mme Marsden : Je soutiens entièrement l'indépendance scientifique.

Le président : Merci beaucoup.

Monsieur Satin, vous avez parlé de la question générale de l'équilibre. Avez-vous vu ce qu'ils sont en train de faire au Brésil en ce qui a trait aux problèmes nutritionnels? Si ce n'est pas le cas, veuillez ne pas répondre.

M. Satin : Non.

Le président : Nous mentionnerons de nouveau cette question plus tard au sein du comité. C'est intéressant, et l'initiative traite de la question de l'équilibre.

J'étais intéressé par la réponse que vous avez donnée à la sénatrice Frum concernant sa question sur le fait d'acheter un gros sac de maïs soufflé au cinéma; tout d'un coup, il n'y en a plus, et vous n'avez aucune idée de la façon dont cela est arrivé. Le sel contribue à cette consommation. Vous avez dit que vous n'étiez pas certain que le fait d'ajouter du sel faisait en sorte que l'appétit des gens augmentait, et, pourtant, si je vous ai bien entendu plus tôt, vous avez dit que l'une des choses à faire afin que les gens mangent davantage de légumes est de les saupoudrer de sel.

M. Satin : C'est parce que la vaste majorité des légumes vert foncé contiennent des phytonutriments qui sont bons pour la santé, mais qui sont amers. Si on présente à quelqu'un un sac rempli de maïs soufflé qui n'est pas très salé, nous ne savons si cette personne mangera tout le maïs soufflé elle aussi. C'est difficile pour moi de commenter quelque chose comme cela; je ne sais pas.

Le président : Je ne m'attends pas à ce que vous donniez une réponse absolue. Je voulais clarifier ce qui semble être un contexte différent.

M. Satin : Cela ne me dérangerait pas de soutenir une étude qui découvrirait cela. Nous devons découvrir ce qui arrive aux gens.

Le président : Je voulais clarifier ce qui semblait être une incohérence dans votre réponse.

Monsieur Satin, je crois que vous nous avez donné une très bonne suggestion. Nous nous sommes penchés sur la question de la façon dont les gens peuvent rapidement discerner la valeur nutritionnelle et alimentaire générale d'un produit alimentaire quelconque. L'une des questions qui ont suscité beaucoup de discussions, qui a été soulevée ici à plusieurs reprises et qui a été rejetée à l'unanimité, c'est l'étiquetage simpliste des codes de couleur. Le problème, c'est que si le consommateur ordinaire doit composer avec l'information qui est fournie, il faudra une façon simple pour qu'il puisse le faire rapidement à mesure qu'il parcourt l'épicerie.

Monsieur Goetz, j'apprécie certainement le fait que vous avez parlé du degré d'étiquetage sur les produits de votre industrie, mais, dans les faits réels, la prochaine étape consiste à savoir comment on l'utilise. L'utilise-t-on de façon appropriée et peut-il être utilisé de façon appropriée?

Concernant l'idée d'un téléphone intelligent ayant l'application appropriée, nous savons qu'aux É.-U. du moins, et peut-être à certains endroits au Canada, vous pouvez apporter votre téléphone dans une quincaillerie, balayer un produit donné, et votre téléphone vous dira à combien ce même produit se vend actuellement chez plusieurs détaillants concurrents. C'est aussi intelligent que ça. C'est le genre de réponses qu'un consommateur recherche dans ce cas, soit la comparaison des prix.

Il me semble que le fait de prendre le concept du téléphone intelligent et d'être en mesure de balayer l'étiquette d'un produit — M. Goetz a décrit les produits de son industrie, et de nombreuses autres industries fournissent des étiquettes détaillées sur la valeur nutritionnelle et les ingrédients à l'arrière du produit — à l'aide de l'application appropriée, cela devrait donner instantanément certains renseignements au consommateur. Cela comprend le pourcentage de la consommation quotidienne recommandée de certains aliments dans cette catégorie, dans ce format particulier, et un certain nombre d'autres choses. En d'autres mots, il existe la possibilité que, par voie électronique, vous soyez en mesure d'interpréter les données concernant un produit sur la tablette et d'obtenir une interprétation qui fournit au consommateur soucieux une réponse rapide et fiable.

Je crois que votre commentaire contenait peut-être bien l'idée de base, parce que le fait d'être en mesure d'analyser un produit de quincaillerie donné et de savoir s'il est disponible dans une ville et dans plusieurs autres villes ainsi que l'ensemble des différents fournisseurs qui l'offrent afin de comparer les prix — et il est aussi possible de consulter les évaluations d'autres consommateurs afin de connaître la qualité du produit relativement à la qualité de certains autres produits qui sont disponibles dans le secteur — n'est pas à des années-lumière. Par conséquent, cela pourrait très bien régler le problème, et vous, une fois encore, avez cerné pour nous les préoccupations.

D'un côté, il y a le consommateur qui doit être en mesure de traiter très vite cette information. Je vais vous dire, franchement, je ne vais pas faire le tour du magasin et regarder — j'ai fait cela juste pour voir, et retourner les boîtes et les canettes afin de voir ce qu'on y trouvait. Je ne vais pas faire cela. J'espère que mon instinct me permet de savoir ce que je cherche. Les gens ne vont pas faire cela et obtenir cette comparaison générale.

Je crois que c'est absolument essentiel. Je crois que les choses que l'industrie de M. Goetz fait sont merveilleuses. Il faut que l'information soit là, mais il faut maintenant qu'il y ait une façon de l'interpréter d'une manière utile pour un consommateur.

J'ai trouvé que c'était une excellente suggestion. Je l'ai aimée parce qu'elle s'éloigne de l'idée de la prétendue vision simpliste, qui est trop simpliste. Elle ne dit pas aux gens ce qu'ils doivent faire, et, pourtant, elle n'exige pas que la personne fasse des analyses détaillées dans sa tête et qu'elle compare le produit à tous les autres produits qu'elle a déjà dans son panier.

J'ai quelque peu prolongé la séance, mais l'un des enjeux dont nous avons été informés et que nous connaissons, à la lumière de la littérature que nous avons lue en entamant l'étude, c'est le fait que donner aux consommateurs une façon d'obtenir une évaluation appropriée des produits qu'ils consomment contribuerait grandement à les aider à atteindre les objectifs que la majorité des consommateurs dit avoir, c'est-à-dire de manger santé et d'être en mesure de déterminer rapidement ce que sera l'aliment. Je ne lancerai pas un débat sur la question de savoir s'il s'agit d'une interprétation exacte de ce que les consommateurs font vraiment, mais, du moins, la partie théorique traite de cela.

Je veux vous remercier tous de vos commentaires initiaux et de vos réponses ici aujourd'hui. Je crois que cela a été une très bonne séance et que beaucoup d'éléments ont été soulevés. Je souhaite remercier mes collègues de leurs questions.

(La séance est levée.)


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