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SOCI - Comité permanent

Affaires sociales, sciences et technologie

 

Délibérations du comité sénatorial permanent des
Affaires sociales, des sciences et de la technologie

Fascicule 28 - Témoignages du 26 février 2015


OTTAWA, le jeudi 26 février 2015

Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui, à 10 h 27, pour examiner, afin d'en faire rapport, l'incidence croissante de l'obésité au Canada : ses causes, ses conséquences et les solutions d'avenir.

Le sénateur Kelvin Kenneth Ogilvie (président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président : Je vous souhaite la bienvenue au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie.

[Traduction]

Je m'appelle Kelvin Ogilvie; je représente la Nouvelle-Écosse; et je suis président du comité. Je vais demander à mes collègues de se présenter, en commençant par les sénateurs à ma droite.

La sénatrice Seidman : Judith Seidman, de Montréal, au Québec.

La sénatrice Stewart Olsen : Carolyn Stewart Olsen, du Nouveau-Brunswick.

Le sénateur Enverga : Tobias Enverga, de l'Ontario.

La sénatrice Frum : Linda Frum, de l'Ontario.

La sénatrice Merchant : Pana Merchant, de la Saskatchewan.

Le sénateur Moore : Wilfred Moore, de la Nouvelle-Écosse.

Le sénateur Eggleton : Art Eggleton, sénateur de Toronto et vice-président du comité.

Le président : Merci, chers collègues. Nous poursuivons notre étude en vue d'examiner, pour en faire rapport, l'incidence croissante de l'obésité au Canada : ses causes, ses conséquences et les solutions d'avenir.

Je souhaite la bienvenue à nos témoins. Étant donné qu'il n'y a pas de préférence, je vais les inviter à prendre la parole en fonction de l'ordre du jour. Après vos déclarations, les membres du comité vous poseront des questions.

Nous commencerons par Clifford Maynes, directeur exécutif de Green Communities Canada, Canada Walks.

Clifford Maynes, directeur exécutif, Green Communities Canada, Canada Walks : Merci, monsieur le président. Bonjour à vous et aux membres du comité; je vous remercie de l'occasion que vous nous offrez de vous adresser la parole au sujet d'un enjeu important.

Notre message est simple : la marche est le médicament miracle du XXIe siècle, ou la pénicilline de l'épidémie d'obésité. Aucune autre intervention ne saurait avoir un impact plus grand ou plus durable sur l'obésité et l'inactivité à l'échelle de la population. Aucune autre intervention n'est aussi peu dispendieuse et ne comporte autant de bienfaits secondaires.

Si la marche était une pilule, nous nous empresserions d'en prescrire à tout le monde. Nous en entendrions parler à Oprah. Nous vous pressons de ranger la marche parmi les moyens prioritaires de lutte contre l'obésité et de favoriser les moyens de rétablir la culture de la marche quotidienne dans ce pays. Je vais prendre quelques instants pour m'expliquer.

En guise d'introduction, Green Communities Canada a été fondé en 1995 et est un organisme national qui fait la promotion de mesures favorables à l'économie, à l'environnement, à l'infrastructure et à la santé. Nos programmes novateurs répondent à des priorités, dont l'efficacité énergétique, la bonne gestion des puits privés et le rétablissement du cycle de l'eau en milieu urbain.

Nous faisons de la marche notre priorité depuis le milieu des années 1990; nous sommes poussés par la vision et la persévérance de Jacky Kennedy, le directeur de la division Canada Walks. Canada Walks est la seule entité nationale vouée exclusivement à la promotion de la marche. Avec nos partenaires, nous sommes à l'avant-garde du mouvement pour renverser des décennies de négligence et redonner à la marche ses lettres de noblesse.

Nous rêvons d'un pays où tout le monde peut se rendre à pied à l'école, au travail, à ses activités, aux commerces et au transport en commun, et ce, agréablement, facilement et sans danger. Je parle ici de la marche utilitaire de tous les jours et non seulement de la marche d'agrément.

Nous nous employons à sensibiliser les gens, à inspirer et à célébrer les réussites, à accroître les compétences et les connaissances et à mobiliser de nombreux partenaires pour atteindre un objectif commun, soit de créer une culture de la marche au Canada.

Au cours des 20 dernières années, nous avons élaboré et soutenu à l'échelle nationale l'initiative Écoliers actifs et en sécurité, d'où est issu un modèle canadien de planification du transport scolaire largement adopté dans toutes les provinces et tous les territoires. La planification du transport scolaire est une démarche communautaire globale qui met l'accent sur la mobilité des enfants et qui, à partir du trajet scolaire quotidien, élabore et met en œuvre des stratégies visant à encourager le transport scolaire actif.

Nous avons accueilli pour la première fois au Canada la conférence internationale Walk21 à Toronto en 2007.

Nous avons aussi fracassé le record Guinness pour le plus grand nombre de personnes marchant un kilomètre en même temps. Plus de 200 000 personnes ont répondu aux critères, et nous détenons toujours ce record. Le Canada est toujours le chef de file mondial en la matière.

Nous avons donné des ateliers de « marchabilité » dans plus de 50 localités canadiennes.

Nous avons lancé le programme de désignation des collectivités-amies des piétons, qui reconnaît et récompense les progrès véritables à l'égard d'une « marchabilité » accrue. Nous avons huit collectivités en Ontario, et nous comptons étendre le programme à l'échelle nationale.

Nous avons rendu disponibles d'innombrables ressources et maintenu une forte présence sur Internet. Certains liens se trouvent dans le document que je vous ai remis.

Il faut que la marche soit au cœur de la stratégie nationale contre l'obésité et voici pourquoi. La marche compte déjà parmi les activités les plus populaires chez les adultes canadiens. Voilà un bon point de départ. Presque tout le monde peut marcher, n'importe où, n'importe quand. C'est gratuit, et nous n'avons pas besoin d'appartenir à un club ou d'avoir un équipement dispendieux. Comme la marche peut s'intégrer à la vie de tous les jours, c'est une habitude que peuvent avoir les jeunes comme les moins jeunes. Pour une population sédentaire, la marche est l'activité d'introduction par excellence à une vie beaucoup plus active.

Les bienfaits avérés de la marche pour la santé — une demi-heure par jour de marche intensive pour les adultes et une heure pour les jeunes — sont étonnants. La marche brûle plus de gras que la course; elle améliore la santé du cœur et la tension artérielle; elle réduit les risques de glaucome; elle limite le cancer du côlon; elle réduit de moitié les chances d'attraper le rhume; elle réduit de moitié l'incidence de la maladie d'Alzheimer sur cinq ans; et elle contribue à réduire de moitié les nouveaux cas de diabète, à gérer les cas existants et à même en réduire les symptômes. La marche quotidienne nous rend plus heureux, améliore la force mentale, y compris les résultats scolaires, et peut même être bénéfique en cas de problèmes sexuels.

Enfin, la marche contribue à retarder les déficiences liées à la vieillesse en maintenant la force des muscles, l'équilibre et la santé des os; c'est un sujet de préoccupation pour nous tous qui serons bientôt des septuagénaires ou des octogénaires, soit les décennies à risque. La marche quotidienne est une mesure de prévention avérée contre les pertes de mobilité et d'autonomie.

Comment inciter les Canadiens à la marche? Il faudra entre autres une large campagne de sensibilisation dont le slogan serait quelque chose comme « La santé et le bonheur par la marche ». Les professionnels de la santé doivent comprendre les bienfaits de la marche et prescrire la marche à leurs patients. Les collectivités doivent promouvoir la marche par des festivals, des fermetures de rue et des campagnes. Les jeunes doivent acquérir l'habitude de la marche pour la vie en planifiant leur transport scolaire au lieu de rester accros au transport motorisé que leur offrent des adultes bien intentionnés.

Cependant, il faut en faire davantage. Au fil des dernières décennies, nos villes ont été conçues et aménagées en fonction de la voiture, et cette situation a éliminé la marche de nos vies. C'est ce que la regrettée médecin hygiéniste en chef de l'Ontario, Sheela Basrur, appelait un « environnement obésogène ».

Les villes doivent devenir plus accueillantes pour les piétons grâce à des lieux où il est commode, agréable et sans danger de se déplacer à pied quotidiennement. Il faut des rues dynamiques et plaisantes, des réseaux de parcours piétonniers, des passages pour piétons pratiques, des mesures de sécurité pour les piétons et leur application, comme la diminution des limites de vitesse qui sont maintenant imposées dans des quartiers résidentiels, et des zones d'aménagement mixte pour que des destinations soient accessibles à pied.

L'expérience démontre que les initiatives d'encouragement à la marche augmentent rapidement le nombre de piétons. La « marchabilité » marche.

Les quartiers « marchables » sont des quartiers en meilleure santé, comme le démontrent des recherches sur le diabète menées à l'hôpital St. Michael de Toronto. Les quartiers « marchables » sont plus sûrs et ont une meilleure cohésion sociale. La qualité de l'air y est meilleure et les transports en commun fonctionnent mieux, parce que chaque déplacement débute et se termine par une marche.

Enfin, la « marchabilité » pousse à la hausse la valeur du parc immobilier et les ventes au détail; c'est un véritable moteur. Les entreprises des quartiers « marchables » sont plus en mesure d'attirer les employés qu'elles recherchent. Prenons l'exemple de Coke, qui a déménagé son siège social au centre-ville de Toronto, parce que l'entreprise avait l'impression qu'elle serait ainsi mieux placée pour attirer le type de personnes qu'elles souhaitaient embaucher que si elle se trouvait dans un parc industriel suburbain.

En conclusion, la marche est le médicament miracle du XXIe siècle et a de nombreux bienfaits. C'est une activité que nous pouvons pratiquer toute notre vie et que la plupart d'entre nous peuvent intégrer dans la vie de tous les jours. Le revenu n'y est pas un obstacle. En outre, nous savons comment augmenter de manière durable la pratique de la marche en créant des collectivités-amies des piétons qui ont des bienfaits sur la santé, l'environnement et l'économie.

Nous exhortons donc le comité à incorporer dans ses constatations les éléments suivants. La marche et la « marchabilité » doivent compter parmi les grandes priorités de la stratégie nationale contre l'obésité, et la stratégie devrait avoir l'ambitieux objectif de doubler la pratique de la marche quotidienne d'ici 2025. Il faudrait intégrer cet élément dans le plan d'action lié à la Journée nationale de la santé et de la condition physique.

Il faudrait investir des fonds fédéraux dans les infrastructures piétonnières, et nous pourrions le faire à l'occasion du 150e anniversaire du Canada en 2017. Nous sommes tous favorables au Sentier transcanadien, mais il est ici question des rues dans les collectivités et de la marche utilitaire quotidienne.

De plus, le gouvernement fédéral doit soutenir l'organisation d'une grande campagne de sensibilisation aux bienfaits de la marche et participer à un collectif pancanadien de mise en œuvre d'une stratégie piétonnière nationale.

À cet égard, nous trouvons inspirante la campagne américaine Every Body Walk! qui est coordonnée par America Walks. À l'instar de cette campagne, le Canada a besoin d'une collaboration multisectorielle efficace en vue de lancer un appel à l'action et d'accélérer les progrès.

La marche mène loin. Le moment est venu de hâter le pas et de prendre le train en marche. L'heure de la révolution piétonnière a sonné. Nous vous demandons de nous aider à la concrétiser.

Le président : La parole est maintenant aux représentants de YMCA Canada. Scott Haldane est président-directeur général, et Jennie Petersen est directrice générale des Programmes de bien-être à YMCA Calgary.

[Français]

Scott Haldane, président-directeur général, YMCA Canada : Merci, honorables sénateurs. Bonjour, je suis le président-directeur général de YMCA Canada.

[Traduction]

M'accompagne aujourd'hui ma collègue Jennie Petersen, qui est directrice générale des Programmes de bien-être à YMCA Calgary. Au nom de tous les YMCA au Canada, nous tenons à vous remercier de cette occasion de venir vous partager nos connaissances et notre expérience dans la lutte contre l'obésité en aidant les Canadiens de tout âge à avoir des styles de vie plus sains et les moyens de maintenir un tel style de vie dans leur collectivité.

[Français]

J'aimerais vous dire quelques mots au sujet de la présence de YMCA au Canada. Il y a plus de 160 ans, l'organisme YMCA a été fondé à titre d'organisme de bienfaisance voué à favoriser la santé des particuliers et des collectivités. Nous faisons partie maintenant d'un vaste réseau à l'échelle internationale, bien ancré localement et dans quelque 119 pays dans le monde.

[Traduction]

Aujourd'hui, il y a 45 YMCA et 5 YMCA/YWCA au Canada dans lesquels travaillent 28 000 bénévoles et 22 000 employés en vue d'offrir des programmes et des services à plus de deux millions de Canadiens par année dans plus de 1 000 endroits partout au Canada dans des installations de YMCA et ailleurs.

Nos installations — par exemple, nos 125 centres de santé et de conditionnement physique — servent à offrir des services essentiels des YMCA aux personnes et aux familles, mais elles deviennent également l'endroit où se réunissent les collectivités, où se tissent des relations et où les Canadiens deviennent plus forts ensemble. Il s'agit d'un réseau national grandissant de centres communautaires.

Nous appuyons le développement personnel, à savoir ce que nous appelons le développement spirituel, mental et physique de la personne, grâce à nos programmes de santé et de bien-être, de conditionnement physique, d'activités aquatiques, de services de garde, de camps, de logements, d'éducation et de formations, à nos services d'emploi et d'immigration, à nos programmes destinés aux jeunes, aux occasions de développement du leadership et à bien d'autres choses.

Bon nombre de nos associations assurent la prestation de programmes en vue de prévenir et de gérer une vaste gamme de maladies chroniques, notamment le cancer, le diabète, l'hypertension, l'ostéoporose et les maladies pulmonaires. Nous le faisons en grande partie en partenariat avec le système de soins de santé.

Même si de nombreuses organisations s'attaquent à ces questions, il y en a peu ou pas qui offre une telle gamme de programmes communautaires de santé et de bien-être à l'échelle nationale pour les personnes de tout âge et à toute étape de leur vie, peu importe leur capacité de payer. Nous mettons l'accent sur l'inclusion et l'accessibilité, ce qui a permis, par exemple, à plus de 270 000 Canadiens de profiter l'an dernier d'un accès gratuit à nos services ou d'un tarif réduit, soit une valeur d'environ 36 millions de dollars offerts par l'intermédiaire des programmes d'aide financière de YMCA.

Au lieu de répéter des renseignements que d'autres témoins vous ont peut-être déjà dits, j'aimerais souligner trois principaux aspects du travail de YMCA en vue de promouvoir un poids santé et de nous attaquer à l'obésité. Des pratiques fondées sur des données probantes encadrent les solutions d'avenir et les mesures pour nous attaquer, en tant que pays, à ce problème de santé de plus en plus critique et dispendieux.

Premièrement, nous mettons de plus en plus l'accent au sein de YMCA sur le savoir-faire physique et la saine alimentation à un très jeune âge; nous croyons que c'est à cette étape que nos mesures peuvent avoir le plus d'effets. Cela se veut un moyen de renforcer la conscience de soi et la confiance en soi grâce à l'activité et à une saine alimentation et de créer des ambassadeurs dans les milieux familiaux quand les enfants retournent chez eux.

Deuxièmement, nous mettons l'accent sur la compréhension des déterminants généraux de la santé comme moyen de traiter de l'ensemble des facteurs qui influent sur la capacité d'une personne d'atteindre et de maintenir un poids santé et un style de vie sain. Nous ne pouvons pas sous-estimer l'importance de certains éléments, comme le revenu, l'égalité et l'accès à la nourriture, dans cette équation.

Troisièmement, nous mettons l'accent sur la création du soutien social et communautaire qui est essentiel au maintien à long terme des changements comportementaux; c'est un élément important du problème complexe lié à la santé et au bien-être, et les efforts de notre personnel et des bénévoles visent à encourager les Canadiens à se mettre en forme ensemble. Autrement dit, les gens qui se regroupent créent le soutien qui rend possibles les autres changements.

Pour me faire l'écho de ce que certains témoins ont déjà dit, l'obésité est un problème complexe. À l'instar d'autres problèmes sociaux complexes, la meilleure façon de nous attaquer à l'obésité, c'est de le faire en même temps sur plusieurs fronts — ce que nous appelons le développement spirituel, mental et physique — grâce à des mesures concertées et coordonnées qui s'attaquent aux multiples dimensions du problème et qui tirent parti des partenariats et de la collaboration sur la scène communautaire.

Je laisse maintenant la parole à Jennie qui vous donnera des exemples.

Jennie Petersen, directrice générale, Programme de bien-être, YMCA Calgary, YMCA Canada : Permettez-moi de prendre quelques instants pour illustrer les trois points qu'a fait valoir M. Haldane. Le premier point est de donner des moyens aux enfants et aux adultes grâce au savoir-faire physique et à de saines pratiques alimentaires.

Nos recherches démontrent que les gens de tout âge se tournent de plus en plus vers les YMCA pour obtenir des renseignements fiables sur les styles de vie sains. Nous fournissons de plus en plus de renseignements, mais nous sommes également actifs en vue d'améliorer le savoir-faire physique et les connaissances en nutrition grâce à nos programmes; c'est un élément clé en vue d'intéresser les gens et les collectivités à leur propre santé.

Le savoir-faire physique concerne notamment la motivation, la confiance, la capacité physique, les connaissances, la compréhension de la valeur de l'activité physique et l'engagement à cet égard pour la vie. Cela doit débuter très tôt, étant donné que bon nombre des complications physiques et psychologiques et des comorbidités liées à l'obésité débutent à l'enfance.

Aux YMCA de Calgary et d'Edmonton, nous intégrons le concept du savoir-faire physique dans nos camps de jour, nos programmes parascolaires et nos programmes destinés à la petite enfance et même aux adultes. Cela fait partie de notre stratégie en vue d'encourager les collectivités à être actives pour la vie, soit un objectif important du mouvement Au Canada, le sport c'est pour la vie.

En Colombie-Britannique, nos YMCA collaborent avec le gouvernement provincial pour assurer la prestation d'un programme britannique fondé sur des données probantes pour les jeunes de 7 à 13 ans n'ayant pas un poids santé. Il s'agit du programme MEND — le mental, l'exercice, la nutrition, fais-le!

L'autre aspect est de regarder au-delà de l'obésité d'une personne en vue de comprendre les facteurs globaux qui créent des comportements malsains. Nos recherches et notre expérience nous permettent de dire que les principaux déterminants de la santé interagissent de manières complexes. Nous nous attaquons donc à cette complexité en offrant une vaste gamme de programmes et de services personnalisés qui ciblent la personne entière en fonction de son milieu pour avoir une plus grande incidence. Nous comptons également sur nos partenariats sur les scènes nationale, provinciale et communautaire. Nous jouons souvent le rôle d'intégrateur dans les interventions concertées.

Parmi les mesures concertées auxquelles nous participons, il y a le YMCA du South Health Campus qui se trouve dans le Centre de mieux-être du nouvel hôpital South Health Campus à Calgary. Il y a bon nombre d'exemples de programmes hospitaliers qui sont offerts dans les YMCA partout au Canada, mais c'est le premier YMCA intégré dans un milieu hospitalier. L'un des principaux objectifs stratégiques du YMCA du South Health Campus et du Centre de mieux-être, c'est d'améliorer le processus décisionnel et la participation active dans la santé des membres de la collectivité, des patients et du personnel de l'hôpital.

Le troisième aspect sur lequel nous travaillons est l'édification de la persistance, laquelle dépend grandement des liens qui rattachent les personnes à leurs communautés. Avec les programmes d'amaigrissement, la difficulté pour les participants est d'arriver à ne pas reprendre le poids perdu. Nous savons que la recette pour rester sur la voie des comportements santé consiste en une interaction complexe entre la personne concernée et le soutien qu'elle peut aller chercher autour d'elle. Il s'agit donc des relations qu'elle aura avec le personnel et les bénévoles du YMCA, de celles qu'elle pourrait avoir avec un groupe de pairs ainsi que des liens qu'elle parviendra à nouer avec d'autres partenaires et les intervenants d'autres ressources communautaires.

Ce travail avec les participants prend de plus en plus d'importance à nos yeux, et c'est pourquoi nous offrons à nos employés des programmes de formation axés sur la théorie du changement comportemental. Nous avons aussi fait des travaux d'évaluation qui ont mis en évidence l'importance cruciale d'avoir des relations significatives avec les participants pour les aider dans leur cheminement. Ce travail de soutien passe aussi par la prestation du programme d'adhésion à l'intention des élèves de 6e année, lequel est offert en partenariat avec la Calgary Flames Foundation for Life et que de nombreux YMCA du Canada ont repris. Il faut aussi mentionner le partenariat alliant le YMCA du nord de l'Alberta et le programme Prescription to Get Active — finaliste du défi national du Jeu d'échange —, une initiative qui s'adresse aux adultes sédentaires.

Comme vous avez pu l'apprendre dans le reportage de la CBC, la dimension sociale de l'activité est très importante pour aider les participants à respecter leurs objectifs. Je serai heureuse de donner plus d'information à ce sujet lorsque nous arriverons à la période des questions.

M. Haldane : En plus des importants dividendes que le YMCA génère pour aider le Canada à améliorer ses perspectives sur le plan de la santé, de l'éducation et des emplois, le réseau de nos centres communautaires offre à nos partenaires gouvernementaux une plateforme communautaire nationale et un terrain propice pour la mise à l'essai de nouveautés en matière de politiques et de programmes. Nous recherchons les occasions d'étoffer nos relations avec tous les gouvernements et les partenaires communautaires afin d'être mieux en mesure de stopper la croissance de l'obésité et des maladies chroniques au Canada, notamment par la promotion d'habitudes de vie saines et de collectivités en santé.

[Français]

Merci de nous avoir donné l'occasion de vous présenter les préoccupations et les recommandations du YMCA. Nous sommes à votre disposition pour répondre à vos questions et commentaires. Merci.

[Traduction]

Le président : Merci à tous.

Je vais maintenant laisser la parole à mes collègues, en commençant par le sénateur Eggleton.

Le sénateur Eggleton : Merci de vos exposés.

Nous parlons parfois des calories, de celles que l'on emmagasine et de celles que l'on élimine, et de l'équilibre entre les deux. Hier, nous avons reçu ceux de l'industrie des calories emmagasinées, et aujourd'hui, c'est au tour de ceux qui défendent les calories éliminées. Vous nous tirez davantage sur l'aspect « exercice » de la question.

Monsieur Maynes, les intervenants du monde médical et beaucoup d'autres personnes nous ont affirmé que la marche est une chose formidable. Ma femme et moi sommes d'ailleurs de grands marcheurs. Je me dois donc de vous saluer pour vos efforts de promotion à cet égard.

À vrai dire, je n'ai pas entendu grand-chose au sujet de votre organisme. Autrefois, nous avions cette initiative appelée ParticipACTION. Le programme a eu passablement de succès à l'échelle nationale pendant un certain nombre d'années, mais nous n'en entendons plus beaucoup parler. Vos démarches et vos efforts visent-ils une reconnaissance publique de cette envergure? Diriez-vous que votre organisme est de taille modeste, sans plus?

M. Maynes : Nous sommes un organisme de taille moyenne. Nous sommes constitués de membres. Étant donné que nos membres sont des organismes communautaires sans but lucratif, le gros de la prestation des programmes se fait sur le plan communautaire. Il est plutôt difficile d'arriver à la reconnaissance nationale que nous avons avec les revenus et les ressources disponibles à l'heure actuelle.

Nous avons toujours travaillé avec de nombreux organismes. Les organismes du domaine de la santé sont importants. Bien sûr, les intervenants du monde de l'assurance sont interpellés en raison des effets que cette activité peut avoir sur leurs coûts. Nous faisons des exposés auprès des conférences régionales pour l'amélioration des affaires, car les parties prenantes sont désormais très intéressées par l'incidence que la création de districts propices aux déplacements piétonniers peut avoir sur leurs ventes, et cette incidence est considérable. C'est notre façon première de fonctionner, soit par des partenariats et des alliances.

Le sénateur Eggleton : Ciblez-vous des gens qui souffrent d'obésité ou d'embonpoint, ou des organismes qui s'attaquent à ces problèmes, qui essaient d'aider les personnes qui ont ce genre de problèmes? Mettez-vous l'accent sur ces questions, ou vos interventions sont-elles d'ordre plus général?

M. Maynes : Oui, nous cherchons à promouvoir la marche en tant que routine, comme activité quotidienne pour tous. Comme je l'ai dit, les bienfaits sont loin de se limiter à combattre l'obésité et d'autres choses du genre. Notre approche pourrait être décrite comme holistique. Nous regroupons toutes les motivations de tous les intervenants et nous essayons le mettre le feu à la mèche.

Le sénateur Eggleton : Bien sûr, le YMCA a une réputation enviable dans tous les domaines dont vous avez parlé dans votre exposé. Vous abordez la question sous l'angle de l'exercice ou de l'aspect physique ainsi que du point de vue de la nutrition, car cela concerne à la fois ce que vous mangez et l'exercice que vous faites ensuite.

J'aimerais que vous me parliez d'un programme fédéral qui existe depuis un certain temps. En 2006, le gouvernement a instauré le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants, qui fait partie des crédits d'impôt non remboursables. Et j'insiste sur l'aspect non remboursable, puisque cela signifie que les gens à faible revenu — une tranche de la population où l'obésité est assez fréquente — ne sont absolument pas en mesure d'en profiter. J'aimerais que vous nous disiez comment vous croyez que les gens ont pu profiter de cet arrangement. Avez-vous quelque information à nous communiquer en la matière?

M. Haldane : Michael Weil, qui m'a précédé à la tête de YMCA Canada, a fait partie du groupe d'experts qui s'est penché sur le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants, alors je peux dire que nous avons joué un rôle actif dans ce processus. Ce groupe était présidé par la ministre Kellie Leitch. Bien entendu, nous avons appuyé sans réserve cette recommandation. Le crédit est comme un reçu aux fins d'impôt d'un organisme de bienfaisance : il est très important et il motive les gens, mais il ne suffit pas en lui-même à inciter les gens à donner. Alors, je dirais que c'est la même chose avec le crédit d'impôt pour la condition physique — qui inclut maintenant les arts. C'est une mesure très utile parmi toutes celles qui encouragent les gens à bouger, mais en elle-même, je ne crois pas qu'elle aura grand effet pour contrer l'obésité.

Tous les efforts comptent, mais si l'on insinue que ce crédit d'impôt va renverser ce phénomène aux proportions épidémiques, je crois que nous nous leurrons. Je n'ai pas de données sur l'utilisation de ce crédit d'impôt, mais nous savons d'expérience qu'il motive nos membres.

Nous travaillons actuellement sur quelque chose d'autre avec Air Miles pour le progrès social, et nous collaborons sur des programmes de fidélisation afin de vérifier si des mesures incitatives peuvent aider à modifier les comportements.

C'est au Canada que les cartes de fidélité sont le plus utilisées. Je fais toujours des farces au sujet du fait que c'est ma femme qui les a toutes dans son sac. Nous y avons recours plus que quiconque, et nous savons qu'elles influencent le comportement des consommateurs. Nous commençons à comprendre qu'elles pourraient aussi avoir une incidence sur nos habitudes de vie. Nous avons encore travaillé avec Air Miles pour le progrès social. Nous avons réalisé un projet pilote dans quatre de nos YMCA, et nous avons constaté que la possibilité de recevoir des points Air Miles avait provoqué une augmentation de la fréquence d'utilisation et du nombre d'inscriptions à nos programmes récréatifs pour enfants. Cela peut sembler étrange, mais il s'agit d'une nouvelle approche : nous ne nous contentons plus de sensibiliser et de promouvoir, mais nous donnons des avantages aux gens pour les inciter à choisir des comportements sains.

Je crois que cette approche alliée à un crédit d'impôt a des chances d'influencer le comportement des gens d'une autre façon.

Le sénateur Eggleton : Savez-vous si ce programme a déjà été évalué?

M. Haldane : Nous n'avons fait aucune évaluation de notre côté. Je présume que le gouvernement fait un certain suivi. Je pense que l'Agence du revenu du Canada pourrait répondre à cela.

Le sénateur Eggleton : Elle doit savoir combien de personnes s'en prévalent.

J'aimerais savoir quel rôle vous croyez que le gouvernement fédéral devrait jouer en ce qui concerne les enfants, et notamment en ce qui concerne le système d'éducation, qui est une compétence provinciale. Les gouvernements provinciaux peuvent faire beaucoup pour promouvoir l'activité physique, y compris dans les cours d'éducation physique. Croyez-vous que le gouvernement fédéral devrait jouer quelque rôle que ce soit quant à ces programmes? Comment croyez-vous que le gouvernement pourrait se rendre utile, attendu qu'une bonne partie de ces questions relèvent des provinces ou des autorités locales? L'action doit se jouer dans les collectivités. Quelle aide le gouvernement fédéral peut-il apporter?

M. Haldane : L'une des choses clés que je veux porter à votre attention est cette dynamique très problématique qui fait que nous employons 96,5 p. 100 de nos ressources financières en santé pour soigner des gens qui sont déjà malades. Or, nous savons — surtout avec quelque chose comme l'obésité — que tout est dans la prévention et qu'il faut intervenir en amont, soit le plus tôt possible dans la vie des enfants.

D'un point de vue systémique, l'Agence de la santé publique du Canada pourrait jouer un rôle beaucoup plus grand au chapitre de la prévention. Où le gouvernement fédéral peut-il intervenir? Il lui serait difficile d'intervenir sur le plan des soins de santé puisque cela relève assurément des provinces, mais il pourrait certainement le faire au chapitre de la prévention. Il y a un tel déséquilibre dans l'affectation des ressources qu'il n'est pas surprenant que nous ne fassions pas de progrès sur le plan des maladies chroniques : nous n'y consacrons pas d'argent.

Permettez-moi de vous donner un exemple. Au cours des 10 dernières années, le YMCA des États-Unis a recueilli des données qui prouvent sans conteste que le programme national américain de prévention du diabète a donné plus de résultats que n'importe quelle intervention pharmaceutique. Un article a été publié à ce sujet dans The New England Journal of Medicine. L'Agence de la santé publique du Canada nous a dit qu'elle voulait reproduire ce programme du YMCA au Canada. À l'évidence, les États-Unis ont des mesures incitatives tout à fait différentes des nôtres. Ils peuvent se servir des compagnies d'assurances privée pour inciter les gens à suivre le programme. Nous essayons d'instaurer quelque chose de semblable.

Nous sommes très heureux de pouvoir travailler avec l'Agence de la santé publique du Canada. Or, l'agence nous a lancé le défi suivant : elle assumera la moitié du coût du programme si nous pouvons amasser les fonds suffisants pour financer l'autre moitié. Nous avons accepté. Soit dit en passant, je crois que c'est ainsi que certaines personnes définissent le financement social : nous vous donnerons la moitié de l'argent au lieu de tout l'argent.

Nous avons tenté d'amasser des fonds. Nous visons la somme de 10 millions de dollars. À vrai dire, les choses n'ont pas été faciles jusqu'ici. Il s'agit en effet de reproduire un programme national de lutte au diabète qui s'est avérée efficace aux États-Unis, et non de procéder selon l'approche « voilà quelque chose que nous devrions faire, alors affectons-y les fonds nécessaires ».

Ainsi, le YMCA, un organisme sans but lucratif, doit-il s'efforcer d'amasser des fonds dans un marché hautement compétitif afin d'investir dans un programme de prévention du diabète, alors que, bien franchement, c'est le gouvernement fédéral qui devrait assumer une bonne partie des coûts de ce programme.

Je crois que la rectification de ce déséquilibre — c'est-à-dire de focaliser sur la prévention plutôt que sur le traitement — est un aspect où le gouvernement fédéral pourrait intervenir.

M. Maynes : L'exigence d'un financement en contrepartie dont parle M. Haldane a été un obstacle important pour nous aussi. Ce financement en contrepartie doit venir de sources non gouvernementales, sans oublier qu'il n'est pas facile de développer ce type de relations à cette échelle.

En ce qui concerne le rôle du gouvernement fédéral, le simple fait que ce comité se soit réuni à ce sujet prouve que l'on reconnaît qu'il s'agit d'un enjeu national, d'une crise nationale, et que le gouvernement fédéral a un très important rôle de direction à jouer dans ce contexte de collaboration.

Une partie de ce que nous avons demandé ici consiste en un appel à l'action et à l'établissement de cibles nationales pour augmenter la marche. Nous avons aussi besoin d'une aide pour veiller à ce que tout le réseau des fournisseurs de soins de santé comprenne l'importance de cela et épouse la cause. De plus, nous demandons un soutien pour promouvoir les excellents outils qui existent déjà, comme l'appellation particulière pour les collectivités amies des piétons et l'indice de développement santé qui aident les municipalités à transformer leurs quartiers en des endroits où les gens veulent marcher et où ils prendront plaisir à le faire plutôt que des endroits où il est désagréable, dangereux et peu pratique de marcher.

Nous savons comment procéder, mais nous avons besoin d'aide pour le faire. Il s'agit vraiment d'un travail colossal : il nous faut renverser une tendance lourde qui va dans la même direction depuis des décennies. Nous voyons beaucoup de signes qui indiquent que l'heure est venue, mais nous croyons que le gouvernement fédéral a un très grand rôle à jouer pour donner l'impulsion initiale.

La sénatrice Seidman : Il ne fait aucun doute que ce que vous nous dites là est très intuitif, mais vous avez tous les deux parlé de preuves à de nombreuses reprises. Bien entendu, si vous voulez que les gens embarquent, il leur faut des preuves. Les médicaments qui sont mis au point passent habituellement par des essais cliniques. C'est une façon claire et nette d'établir s'ils font ce que l'on attend d'eux ou non.

Où est la preuve scientifique indiquant que la marche ou toute autre forme d'activité physique — et je ne parle pas de style de vie santé, mais seulement de l'activité physique de quelque forme que ce soit — aura une incidence directe sur la prévalence d'affections cardiovasculaires ou de toute autre maladie?

Mme Petersen : Vous demandez des preuves des bienfaits de l'activité physique, notamment en ce qui concerne les problèmes de santé chroniques? Il y a une pléthore de preuves à ce sujet. Sur le plan physiologique, il y a un certain nombre de bienfaits différents, comme l'amélioration de la santé cardiovasculaire, l'amélioration de l'apprentissage, que vous parliez de...

Le président : Permettez-moi de vous interrompre. Je crois que la sénatrice veut savoir d'où viennent les preuves de ces bienfaits. Vous parlez des effets. La sénatrice demandait précisément quelle est la preuve fondamentale qui permet de tirer ces conclusions.

La sénatrice Seidman : Oui. Par exemple, existe-t-il des tests cliniques qui testent tel ou tel type d'activité physique et son effet sur les patients qui ont des problèmes cardiaques? Je parle en termes très généraux, plutôt que d'aller dans les menus détails. Quelle est cette preuve tangible dont vous parlez? Vous avez utilisé le mot « preuve », mais sur quoi se fonde-t-elle?

Mme Petersen : Surtout lorsqu'il est question d'activité physique, la quête de preuves se fait parfois par le biais de programmes de recherche et d'évaluation procédant d'interventions dans la collectivité. C'est un peu différent des essais contrôlés randomisés. Il y a néanmoins une pléthore de preuves provenant des essais contrôlés randomisés qui démontrent les effets des différents bienfaits associés à l'activité physique.

Mais dans le contexte d'interventions dans la collectivité, il existe un certain nombre d'études qui montrent que les bienfaits de différentes interventions dans la collectivité comportent maints volets, touchent à plusieurs niveaux et procèdent d'une approche plus holistique et plus globalisante que les approches formelles, comme autant de façons d'appuyer les changements de comportement. Il y a un certain nombre d'interventions dans la collectivité qui s'appuient sur des preuves.

M. Haldane : Il y a deux études particulières dont je veux vous faire part. La première est cette étude américaine dont j'ai brièvement parlé tout à l'heure. Le YMCA s'est associé à l'Université de Pittsburgh et au Centers for Disease Control d'Atlanta. Il y avait un certain nombre de partenaires de renom.

Ils ont fait une étude contrôlée sur les effets ressentis par les personnes qui adhéraient au programme du YMCA. Ledit programme consiste en une intervention de 16 semaines axée sur la nutrition et l'exercice. L'intervention comportait aussi un groupe de soutien et une période de suivi d'un an, période durant laquelle le soutien se faisait plus discret. Je ne connais pas le nom exact du médicament, mais je sais qu'ils ont comparé ces résultats avec ceux obtenus pour le médicament le plus en vue pour la prévention du diabète. Les personnes suivies étaient en phase prédiabétique. Or, il a été démontré que le programme du YMCA était passablement moins coûteux et considérablement plus efficace pour la perte de poids et le maintien du nouveau poids que le médicament utilisé comme point de comparaison.

Le YMCA a élargi ce programme au cours des dix dernières années. Il est maintenant offert dans quelque 300 YMCA aux États-Unis. Le niveau d'efficacité ne s'est pas tout à fait maintenu au fil du déploiement du programme. Il fallait sans doute s'y attendre, car les efforts sont nécessairement moins ciblés, et il est plus difficile d'atteindre un niveau semblable à grande échelle. Reste quand même que c'était beaucoup plus efficace que le médicament.

Autre exemple, le travail de l'unité de recherche sur l'utilisation des soins de santé à l'Université McMaster. La recherche ne portait pas précisément sur l'obésité; elle visait à évaluer l'efficacité de différentes mesures d'intervention auprès des mères seules vivant de l'aide sociale. L'incidence de l'obésité et des autres problèmes de santé est plus forte au sein de cette cohorte que dans la population en général. C'est ce qu'indiquent les recherches portant sur les déterminants sociaux de la santé.

Nous avons noté une utilisation plus fréquente des programmes de répit par ces mères. En l'espace d'une année, ces programmes de loisirs où les enfants sont pris en charge, notamment dans une perspective de vie plus saine et d'activité physique, ont fait en sorte que les mères participantes ont été deux fois plus nombreuses à s'affranchir de l'aide sociale. Même si ce n'est pas directement lié à l'obésité, c'est une façon d'amener les enfants à comprendre l'importance d'une bonne alimentation.

Les progrès sont difficiles du fait que les investissements consentis par un ordre de gouvernement produisent des bénéfices à un autre palier. Nous devons donc faire des pieds et des mains pour convaincre les différents gouvernements de travailler de concert en leur montrant les avantages manifestes d'un investissement de la sorte.

Il y a différents exemples de programmes semblables toujours offerts dans les régions de Sarnia—Lambton, Niagara et Halton en Ontario. Le YMCA joue un rôle de courtier en la matière. Les services sociaux nous fournissent les noms des mères qui sont intéressées, et nous trouvons une place pour leurs enfants dans les divers programmes de loisirs. C'est un pas de plus dans leur cheminement vers un mode de vie plus sain.

C'est donc le genre de travaux de recherche auxquels nous contribuons, et nous pourrions certes vous fournir de plus amples détails au sujet de ces études.

Le président : Merci, monsieur Haldane. Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir transmettre ces renseignements à notre greffière.

M. Maynes : J'ai eu connaissance de nombreuses études à ce sujet. Je vous parlais tout à l'heure du travail effectué par l'hôpital St. Michael's de Toronto qui a évalué le potentiel piétonnier de différents quartiers de la ville parallèlement à d'autres facteurs comme le revenu. On a d'abord constaté que les gens étaient plus nombreux à marcher lorsque le quartier était propice à cette activité, mais on a aussi noté une corrélation très étroite avec l'incidence du diabète. Ce serait donc une étude qui pourrait être intéressante.

Pas plus tard que ce matin, je suis tombé sur un document d'analyse de 70 pages intitulé Healthy Streets qui vient d'être approuvé par le Service de santé publique de Toronto lors de sa réunion de janvier. Je n'ai pas encore eu le temps d'en prendre connaissance, mais on y trouve certes de nombreuses références utiles. Je vous le transmettrai en même temps que les autres renseignements pertinents.

Bon nombre des constats que j'ai cités découlent de la campagne Every Body Walk! aux États-Unis, qui est réalisée avec l'appui de Kaiser Permanente, la plus importante organisation de services de santé intégrés. Le président de Kaiser Permanente, George Halvorson, a d'ailleurs été très clair : « La marche est le seul moyen à notre disposition pour contrer l'épidémie de maladies chroniques. » C'est la conclusion à laquelle on en est arrivé. L'organisation a donc convenu de concentrer ses efforts sur la marche, tant à des fins de promotion de la santé que pour ses propres résultats financiers.

La sénatrice Seidman : Tout cela nous sera vraiment très utile, monsieur Haldane, surtout avec les études que vous allez nous transmettre, car je souhaite disposer d'éléments qui font la preuve non pas d'une corrélation, mais bien d'un lien direct entre l'activité physique et la baisse d'incidence des maladies.

Comme le YMCA est très actif auprès des enfants, j'aimerais savoir si vous êtes au fait d'études portant sur leur situation particulière, la contribution du système scolaire et les autres avenues possibles pour l'élaboration de politiques.

M. Haldane : Si vous le permettez, je vous communiquerai ultérieurement certains travaux menés sur ces questions.

Nous ne sommes pas un institut de recherche; nous offrons directement des programmes. Nous sommes conscients qu'il vous en faut davantage que ces simples cas que nous pouvons vous citer, même s'ils sont importants; vous avez aussi besoin des résultats de recherche. Nous sommes un organisme caritatif qui fournit des programmes, et nous essayons de trouver les moyens de financer les efforts de recherche nécessaires parallèlement à nos activités. Nous avons besoin de données probantes montrant qu'une intervention peut produire un certain résultat, et nous devons ensuite veiller à ce que cela se traduise dans nos activités. L'effort de recherche peut donc varier en fonction du programme offert.

Par ailleurs, nous nous efforçons d'intégrer l'aspect recherche à la prestation du programme. Ainsi, nous évaluons la situation au départ pour servir de base de comparaison avec les résultats obtenus à l'issue du programme. Pour ce faire, il y a certaines informations qu'il nous est possible de recueillir lorsqu'une personne s'inscrit. Pour ce qui est des changements intervenus entre le début et la fin du programme, les efforts de recherche du YMCA de Kitchener—Waterloo se distinguent par leur intérêt particulier.

J'ajouterais, si vous me le permettez, que j'ai lu le compte rendu des dernières séances de votre comité. Il en ressort un débat incessant entre les partisans de l'activité physique et ceux de l'alimentation saine. Chacun essaie de faire valoir que les efforts devraient être concentrés de son côté de l'équation. J'ai l'impression que ces discussions ne nous mèneront nulle part, car les deux aspects sont importants. C'est le mode de vie des gens qui est déterminant. Surtout dans le cas des enfants, il est bon d'être actif et de bien s'alimenter non seulement pour prévenir l'obésité, mais aussi pour avoir une meilleure qualité de vie. Nous ne faisons pas de distinction entre ces deux aspects et nous ne souhaitons pas participer aux discussions quant à la valeur relative de l'un et de l'autre. Nous estimons que ces éléments s'inscrivent dans un mode de vie sain, et nous les intégrons à tous nos programmes.

La sénatrice Seidman : C'est excellent; je vous remercie.

Le président : Je demanderais à mes collègues sénateurs de bien vouloir cibler leurs questions et à nos témoins d'éviter de répéter les réponses déjà données en se contentant d'y faire référence. Je vais limiter le temps alloué à chacun de telle sorte que tous les sénateurs aient la chance de poser leurs questions.

La sénatrice Stewart Olsen : Je suis du Nouveau-Brunswick et je vis dans une collectivité rurale. Vous parlez de ce programme et des mesures pouvant être prises en ville, mais j'aimerais savoir si vous avez des programmes qui peuvent être utilisés en milieu rural.

M. Haldane : Le YMCA est d'abord et avant tout une organisation urbaine.

La sénatrice Stewart Olsen : Oui, je sais.

M. Haldane : Nous avons toujours cherché le moyen d'être plus utiles dans les collectivités rurales.

Je vais vous mentionner deux choses que nous faisons. Premièrement, nous avons établi un modèle de partenariat avec de très petites localités, dont certaines comptent moins de 1 000 habitants, où nous intervenons en mode de rayonnement. Par exemple, si une municipalité décide d'ouvrir un petit centre, le YMCA prend en charge son fonctionnement. Nous y offrons nos programmes à valeur ajoutée, notamment pour le développement en leadership.

C'est ce que fait avec beaucoup de succès le YMCA de Sarnia-Lambton auprès de différentes collectivités rurales.

Dans votre province, le YMCA de Moncton a maintenant un programme de rayonnement à Campbellton. Je ne sais pas si on peut considérer Campbellton comme un milieu rural, mais c'est assurément à distance. Nous misons donc sur cette approche permettant d'optimiser l'efficacité des petits centres grâce à l'apport d'un centre plus important situé à proximité.

Deuxièmement, nous travaillons auprès des collectivités des Premières Nations, et l'un de nos bénévoles est à la tête d'un projet intitulé Spirit Runner. L'été prochain, ce grand-papa va faire le trajet en vélo depuis l'établissement le plus au nord au Canada jusqu'à la pointe Pelée, celui situé le plus au sud, afin de recueillir des fonds pour sensibiliser les gens à l'importance des loisirs chez les enfants et les jeunes. Grâce à l'application Spirit Runner qui est adaptée aux particularités culturelles des jeunes des Premières Nations, il souhaite les encourager à être plus actifs.

Nous pouvons donc offrir nos programmes de façon plus active dans un environnement rural en misant sur la technologie et en faisant montre de créativité.

La sénatrice Stewart Olsen : C'est exactement ce que je recherche. Merci.

M. Maynes : Jusqu'à maintenant, un certain nombre des localités qui ont été désignées dans le cadre de notre programme des collectivités amies des piétons sont de taille plutôt réduite et pourraient être qualifiées de rurales. Nous avons adapté nos modalités pour tenir compte de la situation des petites localités. Il y a donc assurément des possibilités pour les collectivités de toute taille.

La sénatrice Stewart Olsen : Est-ce que toute l'information est accessible sur vote site web ou est-ce qu'il faut communiquer directement avec vous?

M. Maynes : Je ne sais pas si on peut trouver sur notre site les documents guidant la mise en œuvre dans une localité plus petite, mais je me ferai un plaisir de transmettre le tout au comité.

La sénatrice Stewart Olsen : Merci beaucoup.

Le président : Je rappelle à nos témoins de ne pas hésiter à communiquer à notre greffière tous les renseignements qu'ils jugent pertinents à la lumière des questions posées.

La sénatrice Merchant : Merci à tous les trois pour le travail que vous accomplissez.

Si vous n'y voyez pas d'objection, je vais essayer de m'en tenir au sujet de notre étude qui porte sur l'incidence croissante de l'obésité. Je m'interroge sur les moyens que nous pourrions prendre pour amener les Canadiens à comprendre que c'est vraiment un problème que nous devons éradiquer.

Il y a quelques mois, j'étais à bord d'un autobus à Vancouver et le chauffeur se plaignait des voies réservées aux cyclistes qui accaparent une partie de la rue, comme c'est le cas dans bien d'autres villes canadiennes. Il déplorait le fait qu'il n'était désormais plus possible pour les véhicules de circuler librement dans le centre-ville de Vancouver. Il y a donc assurément un facteur de démobilisation qui entre en jeu.

Est-ce que vos programmes, au YMCA par exemple, ciblent les gens obèses? Je sais que vous travaillez auprès des jeunes, ce qui est une très bonne chose en soi compte tenu de votre mission éducative, mais il demeure plus difficile d'inciter les gens déjà aux prises avec un problème à participer à des activités semblables. Il n'est pas facile pour eux d'en visualiser les avantages. Ils se sont retrouvés dans cette situation en raison d'un manque d'activité physique ou à cause de mauvais choix en matière d'alimentation, peut-être simplement parce qu'ils n'avaient pas les moyens de consommer certains produits ou qu'il était plus facile pour eux d'acheter des mets préparés. Comment arrivez-vous à motiver ces gens-là à faire le nécessaire pour améliorer leur sort? Je ne pense pas qu'il soit suffisant de leur dire qu'ils vont souffrir du diabète dans 30 ans. Ils ne peuvent pas s'imaginer que cela pourrait leur arriver.

Le président : Je crois que la sénatrice veut surtout savoir si vous avez des mesures ciblant expressément le problème du diabète.

La sénatrice Merchant : Le problème de l'obésité. Pas seulement le diabète, je dis...

Le président : Merci, sénatrice. Je vous prie de m'excuser. C'est bien le problème de l'obésité.

M. Haldane : Je vais débuter et Jennie pourra peut-être compléter.

Vous avez mis le doigt sur un aspect très problématique. Lorsque votre médecin vous annonce un diagnostic de maladie chronique comme le diabète, votre motivation devient plus élevée, car vous savez que vous avez un problème à régler. Même avec cette motivation supplémentaire, les résultats ne sont cependant pas toujours au rendez-vous.

Nous essayons d'intervenir au stade prédiabétique auprès des gens qui présentent tous les facteurs de risque sans toutefois avoir reçu le diagnostic. C'est très difficile. Nous explorons différentes avenues pour y parvenir, surtout au moyen de partenariats. Nous avons notamment discuté à cet effet avec les pharmaciens de quartier. Je ne sais pas si vous connaissez leur association, mais nous collaborons avec eux. Ainsi, les pharmaciens vont procéder à un tri préliminaire au moyen du questionnaire CANRISK, un outil du gouvernement du Canada, avant de diriger les gens vers le YMCA, ordonnance en main, pour ainsi dire.

Le programme d'ordonnance pour l'activité physique qui a été finaliste au concours national Jeux d'échange de CBC est un bon exemple des mesures qui peuvent être prises. Les YMCA du Nord de l'Alberta ont travaillé en partenariat avec le réseau de soins primaires de la province, Santé Alberta et d'autres intervenants pour mettre en œuvre ce programme de prescriptions santé. Des recherches menées en Nouvelle-Zélande ont révélé qu'une ordonnance écrite est nettement plus efficace qu'un simple avis verbal. Si quelqu'un vous dit seulement que vous devriez aller au YMCA, ce n'est pas du tout la même chose que de recevoir une ordonnance écrite par un médecin.

En Alberta, on a décidé d'offrir une carte de membre sans frais à ceux qui se présentent avec une telle ordonnance. Cela ne se limite pas au YMCA; tous les autres centres de loisirs sans but lucratif du Nord de l'Alberta participent à l'initiative. Nous constatons donc qu'il y a de l'engouement pour ce programme tout à fait novateur. Il a fallu un certain temps pour que les choses se mettent en branle, mais après deux mois d'activité, on recense 175 participants, dont 25 p. 100 ont poursuivi au-delà de la période initiale. Autrement dit, ils étaient prêts à payer pour continuer. On a signalé en outre d'importantes pertes de poids.

Les gens ne savent pas nécessairement qu'ils ont besoin d'aide et se disent, comme nous le ferions tous, qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Nous devons faire preuve de créativité.

Les programmes de récompense comme les Air Miles offrent une autre piste de solution.

Il y a les gens qui sont déjà en forme et ceux qui sont sensibilisés du fait qu'ils ont reçu un diagnostic de maladie, mais il faut être vraiment créatif pour mobiliser ceux se situant entre ces deux extrêmes.

M. Maynes : Nos efforts pour créer des collectivités plus propices à la marche ne ciblent pas expressément les personnes obèses. Il s'agit d'interpeler tous les citoyens pour transformer les comportements d'ensemble, ce qui va contribuer à la prévention de l'obésité.

Nous considérons que la marche est une activité quotidienne qui convient très bien aux gens qui ont un surplus de poids. Je ne sais pas si vous avez vu le film Fat, Sick & Nearly Dead. C'est l'histoire d'un chauffeur de camion qui souffre d'obésité morbide. Au début, on a l'impression de regarder une infopub de centrifugeuse à jus de légumes, mais on met rapidement l'accent sur l'activité physique. Au départ, la marche était la seule activité possible pour cet homme. En fin de compte, il a fini par travailler pour le YMCA.

M. Haldane : Ce n'était pas arrangé entre nous!

M. Maynes : Il a travaillé pour le YMCA parce qu'il était devenu l'exemple parfait d'une transformation réussie. Il avait perdu la moitié de son poids pour passer de plus de 400 livres à 200 livres.

Cela montre surtout que la marche peut être un outil très précieux pour la prévention et le traitement de l'obésité.

La sénatrice Frum : Je veux remercier tous nos témoins pour leur excellent travail. Tout cela est très positif.

Monsieur Maynes, j'aimerais revenir à une chose que vous avez dite, car il s'agit d'une véritable obsession pour moi. Vous avez indiqué qu'il fallait aider les enfants à acquérir des habitudes de marche, plutôt que de compter uniquement sur les déplacements motorisés que peuvent leur offrir des adultes bien intentionnés.

Ma question porte sur les interactions de votre organisation avec les écoles. Pour ma part, j'ai permis à mes enfants de marcher jusqu'à l'école à compter de la troisième année. Cela n'a pas incité les gens à me considérer pour autant comme une bonne mère, bien au contraire. Les autres parents croyaient que j'étais complètement insouciante et négligente, et les écoles de mes deux enfants m'ont fait signer un document indiquant que j'étais responsable de ce qui pouvait leur arriver sur le chemin de l'école. Il était donc très clair que l'école n'encourageait pas un comportement semblable. C'est une mentalité qui perdure : la marche est dangereuse. Est-ce que votre organisation s'emploie à contrer cette façon de voir les choses?

M. Maynes : Oui, c'est un aspect important de notre travail. Je dois d'abord dire que nous appuyons vos efforts pour faire comprendre aux gens ce que ça signifie vraiment d'être une bonne mère.

Lorsque Jacky Kennedy a parti le bal en 1996 avec trois écoles de Toronto, il y avait toute une série de mesures ciblées comme le Pédibus, les mercredis piétonniers et la Journée internationale Marchons vers l'école. Ces activités existent encore dans plusieurs écoles ontariennes et se sont étendues à la grandeur du pays.

Il y a quelques années, elle s'est dit qu'il fallait institutionnaliser toutes ces mesures et changer la culture, comme vous l'indiquiez. Elle a donc adapté au contexte canadien une approche de planification des déplacements vers l'école qui mobilise toute la communauté scolaire. Il s'agit pour les parents, l'école, la municipalité et les autres intervenants de travailler ensemble pour éliminer les obstacles pouvant se dresser sur le chemin de l'école en prévoyant notamment des traverses plus sécuritaires pour les enfants. On peut miser à cet effet sur des programmes permanents comme celui du Pédibus.

Le ministère de l'Éducation de l'Ontario nous a fourni du financement pour un projet pilote de déploiement dans l'ensemble d'une collectivité. Nous avons ainsi à Ottawa un programme très dynamique réalisé avec l'appui de l'agence s'occupant du transport scolaire. Il faut savoir que l'Ontario dépensera bientôt pas moins de 1 milliard de dollars par année pour le transport des écoliers. Cette agence de transport devrait aussi contribuer à la coordination des efforts globaux de planification multipartite visant à mettre en œuvre et optimiser le transport actif entre la maison et l'école.

Il y a bien des détails dont on pourrait discuter, mais disons simplement que c'est l'une des cibles principales de nos interventions auprès de toutes les provinces et tous les territoires canadiens. Nous poursuivons les efforts en ce sens dans le cadre d'un projet d'envergure financé par l'Agence de la santé publique du Canada.

La sénatrice Frum : Dans un autre ordre d'idées, vous aviez indiqué que la marche brûle davantage de gras que le jogging. La marcheuse en moi a trouvé cela formidable, mais j'ai tout de même de la difficulté à le croire.

M. Maynes : C'est un exemple des données qui nous viennent de la campagne Every Body Walk! menée aux États- Unis par Kaiser Permanente. C'est le Dr Bob Sallis qui en est responsable. Je vais chercher les références précises pour vous les transmettre.

La sénatrice Frum : Madame Petersen, vous avez piqué ma curiosité avec ce programme dans le cadre duquel le YMCA se retrouve à l'intérieur même du South Health Campus, un hôpital de Calgary. Est-ce que ce programme cible certains types de patients? À qui s'adresse-t-il? Qui est visé?

Mme Petersen : Disons d'abord et avant tout que le South Health Campus est un nouvel hôpital dont les modes de fonctionnement s'inspirent d'une philosophie différente. On s'efforce de mettre davantage l'accent sur l'intervention en amont et la prévention. La présence du YMCA à l'intérieur des murs de l'hôpital est un élément clé de cette approche.

Quant à la clientèle visée, différents groupes de patients peuvent se présenter au YMCA. Comme l'hôpital a ouvert ses portes il y a quelques années à peine, soit en septembre 2012, on en est encore aux premières étapes du processus, mais différents programmes ont été mis en œuvre pour répondre aux besoins particuliers des groupes de patients.

Nous travaillons notamment beaucoup auprès des patients en santé mentale et en toxicomanie. Il y a eu certes aussi d'autres groupes de patients comme ceux souffrant de problèmes cardiovasculaires, et même des nouvelles mamans. Mais nous avons surtout travaillé auprès des patients en santé mentale et en toxicomanie. Nous avons établi un programme d'aiguillage en collaboration avec les praticiens de telle sorte que ces patients puissent visiter le YMCA avant de quitter l'hôpital et avoir ainsi la chance de bénéficier des différents programmes et services pour se faire une idée des perspectives de mieux-être qui s'offrent à eux.

C'est vraiment important, surtout que les praticiens viendraient visiter le YMCA et rencontreraient le personnel, qui aurait l'occasion de collaborer avec eux. C'est très important. Il est très intimidant, pour une personne qui commence à faire de l'exercice physique ou qui a peut-être un problème de santé, d'aller dans une installation et d'essayer d'utiliser l'équipement, de monter le mur d'escalade ou de suivre un cours. Le travail que nous avons entamé est donc important.

Nous avons désormais un programme qui est très semblable à une ordonnance de faire de l'exercice physique dans le cadre duquel nous offrons une carte de membre gratuite aux patients pendant leur séjour à l'hôpital. Nous pouvons également leur fournir une aide financière après qu'ils ont reçu leur congé de l'hôpital.

La sénatrice Frum : Ce travail semble merveilleux et important, mais ne vise pas forcément les personnes qui ont des problèmes de poids.

Mme Petersen : Ce programme ne cible pas ces personnes en particulier, mais il existe d'autres programmes et initiatives qui sont en cours d'élaboration pour cibler différents groupes, et plus particulièrement ceux qui ont différents problèmes de poids.

Je sais qu'il y a une clinique sur place où nous avons commencé à travailler avec des gens qui ont des affections métaboliques telles que le diabète et différentes maladies qui peuvent également être liées à des problèmes de poids. L'un de nos employés prend part aux réunions de cette clinique, y fait des exposés et discute avec les patients qui sont en attente d'une intervention chirurgicale et qui ont reçu ou reçoivent des traitements. C'est une clinique externe. Nous offrons également à ces gens la possibilité d'utiliser les différents programmes et services du YMCA. Cette initiative est assez récente.

Nous travaillons également avec les réseaux de soins primaires à Calgary plus particulièrement pour mettre sur pied un autre système d'aiguillage, ce qui représente une possibilité pour les gens, et surtout pour ceux qui souffrent d'embonpoint ou d'obésité.

M. Haldane : Pour vous donner un autre exemple très brièvement, il y a les programmes hospitaliers du YMCA de Hamilton Mountain, dans le cadre desquels il existe des initiatives pour les patients obèses et d'autres patients qui souffrent de maladies chroniques. Ils sont offerts au YMCA, et si vous vous y rendiez, vous ne pourriez pas faire la distinction entre le personnel du YMCA et le personnel de l'hôpital et entre les patients et les membres du YMCA. C'est un environnement complètement homogène et intégré qui fonctionne très bien.

Le sénateur Enverga : Merci de vos exposés. Nous avons beaucoup entendu parler de l'exercice physique, de ses bienfaits et de ce que nous prévoyons faire. C'est parfois la personne qui est le problème. Il est difficile d'inciter les gens à faire de l'exercice physique, surtout lorsque l'on vit à Toronto et qu'on passe la majeure partie de son temps à conduire et à être assis à rien faire, mais en même temps, on court pour se rendre au travail pour s'asseoir de nouveau.

Lorsque je faisais mes études supérieures, toutes les quelques heures, un instructeur d'aérobie venait nous dire que nous devions faire de l'exercice. Elle mettait de la musique forte et tout le monde faisait ce qu'elle nous disait de faire pendant une quinzaine de minutes.

À cet égard, pensez-vous qu'il serait bon d'obliger les bureaux — comme le Sénat peut-être — à mettre en œuvre ce genre de pratique où les employés font une pause toutes les heures ou aux quelques heures pour faire des exercices obligatoires?

Le président : Il faut se demander si ce devrait être « obligatoire ».

M. Haldane : Je pense qu'il est très difficile de rendre quoi que ce soit obligatoire. Nous avons des impôts sur le revenu obligatoires, mais il y a de nombreuses autres mesures qui fonctionnent bien. Ce n'est pas le cas pour ce qui est de changer les comportements. Je pense surtout qu'il faut faciliter la tâche aux gens et faire les liens nécessaires pour eux. Je pense que des mesures incitatives seront efficaces.

Pour revenir à votre exemple plus particulièrement, je pense que les employeurs commencent à beaucoup s'inquiéter des effets des maladies chroniques de leurs employés sur la productivité. Donc, je pense qu'intégrer l'exercice dans le milieu de travail contribuera en grande partie à la solution. Quant à savoir si l'on rend l'exercice obligatoire, je pense que ce sera difficile.

Le président : Monsieur Maynes, on vous écoute sur la question de rendre l'exercice obligatoire.

M. Maynes : Nous ne cherchons pas à rendre quoi que ce soit obligatoire. Nous créons des conditions pour que ce soit naturel pour les gens de faire de l'exercice.

Le sénateur Enverga : J'espérais qu'on puisse rendre cette pratique obligatoire. Si vous pouviez parler aux dirigeants d'entreprise et leur dire que cela favorisera la productivité et contribuera à réduire l'absentéisme, ce serait formidable.

Le président : Nous vous avons lancé le défi de vous adresser aux entrepreneurs canadiens.

Le sénateur Wallace : Monsieur Haldane, je pense au YMCA. Quand j'étais jeune, le YMCA occupait une place importante dans ma vie. L'activité, la camaraderie avec les autres, les sports — j'avais du plaisir. J'en garde d'excellents souvenirs.

Comme vous le savez sans doute, il y a un nouveau YMCA. Je vis dans la grande région de Saint John, au Nouveau- Brunswick, où un projet de 25 millions de dollars est en cours pour bâtir un nouveau YMCA, qui n'est toutefois pas terminé. Je vous en félicite. C'est un ajout bienvenu à la communauté.

M. Haldane : Merci.

Le sénateur Wallace : Le rôle du YMCA est différent de ce qu'il était lorsque j'étais enfant. Vous offrez maintenant de nombreux autres services, dont des services d'établissement des immigrants. Il y en a tout un éventail. Pour revenir au rôle du YMCA lorsque j'étais jeune, qui consistait à offrir des activités et un esprit de camaraderie et à amener les jeunes à être actifs, conservez-vous des données ou des statistiques pour les jeunes et les adultes pour voir quelle est la tendance à vos YMCA? Par exemple, je sais qu'il y a de nombreuses autres activités au YMCA, mais seulement pour les activités physiques qui sont encouragées et favorisées par le YMCA, gardez-vous des statistiques sur les taux de participation chez les jeunes et les adultes?

M. Haldane : Oui, nous en avons. Nous surveillons le niveau de participation. Nous sommes un organisme de bienfaisance, mais nous avons un rôle très axé sur le marché car bien des gens choisissent d'aller au YMCA et de payer pour nos services. Lorsque vous êtes dans ce genre d'environnement, le marché est éloquent. Si les gens ne veulent pas de ce que vous offrez, ils iront ailleurs ou arrêteront de fréquenter votre installation. Nous avons une idée assez claire des fluctuations, des tendances, des intérêts, et cetera.

Il ne fait aucun doute que l'utilisation accrue de la technologie d'écran tactile a eu une incidence sur les niveaux d'activité des jeunes qui se rendaient autrefois au YMCA les samedis matins pour se livrer à des activités physiques. La tentation de passer du temps devant leur écran d'ordinateur — pas tant devant l'écran de télévision, mais certainement devant l'écran d'ordinateur — est un grand compétiteur du YMCA, pour ainsi dire, plus que d'autres organismes qui offrent des services semblables. À vrai dire, ce n'est qu'une distraction.

Nous avons dû mettre sur pied des initiatives telles que des zones jeunesse dans nos YMCA. La majorité de nos YMCA ont désormais des zones jeunesse qui utilisent la technologie, mais les technologies actives. Pour ma part, je ne les utilise pas, mais on retrouve maintenant des machines de danse virtuelle et d'autres types de technologies actives dans nos YMCA car nous croyons également qu'une grande partie du système de soutien offre ces services en collaboration — pas seulement dans nos foyers, mais dans les YMCA. Nous essayons d'avoir des jeux vidéo actifs, pour ainsi dire, afin que les jeunes puissent profiter de ce qu'ils sont habitués d'avoir et qu'ils trouvent amusants, mais dans un cadre où ils auront ces soutiens et auront du plaisir avec d'autres. Nous surveillons cela.

Il y a certaines activités traditionnelles que nous offrons depuis très longtemps : nous avons inventé le basket-ball, qui attire encore beaucoup de gens, surtout dans les milieux urbains. Certaines de ces tendances ne changent pas. En fait, le basket-ball est probablement plus populaire que jamais. Ce ne sont pas des ligues organisées, mais plutôt des matchs improvisés, dans un endroit sécuritaire. C'est l'autre élément clé. Nous offrons, pas seulement dans les installations du YMCA, mais avec d'autres partenaires également, des endroits sécuritaires où les jeunes peuvent aller.

Nous sommes très emballés par le nouveau YMCA à Saint John, soit dit en passant.

Le sénateur Wallace : C'est grâce au YMCA que je suis devenu adepte du basket-ball dans mon enfance; c'est indéniable.

Si vous conservez ces données, pourriez-vous nous les transmettre? La participation aux activités physiques est-elle en hausse, en baisse ou pareille chez les jeunes et les adultes de différents âges?

Le président : Monsieur Haldane, l'incidence de l'obésité a augmenté considérablement au cours des 30 dernières années. Donc, ce serait bien si vous pouviez nous montrer, comme le sénateur en a fait la demande, s'il y a eu des changements statistiques au cours de cette période, ou nous faire part de certaines données que vous avez.

M. Haldane : Oui, nous obtiendrons des renseignements pour vous. Je pense que les faits montrent que l'activité physique est en baisse à un rythme effarant.

Le président : Nous allons attendre d'avoir les statistiques.

Mme Petersen : J'ai une autre observation à faire en réponse à votre question. Je voulais ajouter que l'un des programmes que j'ai mentionnés tout à l'heure s'adresse aux élèves de 6e année. Je voulais en parler car les taux de participation à cet âge-là ont tendance à changer pour ce qui est de l'inscription des enfants à certaines activités. À cet âge-là, les enfants ont tendance à s'inscrire davantage à des activités sportives ou à arrêter de fréquenter nos installations, car ils ne veulent pas participer à ce type d'activités récréatives structurées. Nous avons donc mis en œuvre l'initiative destinée aux élèves de 6e année, qui est un jalon important dans la vie des enfants, pour essayer d'offrir à ces jeunes ces zones jeunesse ou des activités spéciales le vendredi soir, ou encore des activités adaptées aux jeunes de 11 et de 12 ans.

La sénatrice Nancy Ruth : Je veux enchaîner sur ce que vous avez dit au sujet des activités pour les jeunes de 11 et 12 ans ou moins. Il y a de nombreuses études sur les jeunes filles qui ont tendance à abandonner le sport lorsqu'elles atteignent la puberté ou avant la puberté. Quel type de données fondées sur le genre recueillez-vous dans le cadre de vos évaluations, et comment adaptez-vous vos programmes pour contrer ce phénomène au Canada?

Mme Petersen : C'est une excellente question. J'ai une très bonne statistique : parmi les filles qui ne font pas de sport avant l'âge de 10 ans, seulement 10 p. 100 d'entre elles deviendront actives avant d'atteindre l'âge de 25 ans. C'est donc un problème de taille. Je dirais qu'il y a certainement des différences entre les sexes pour ce qui est de la participation aux sports, et je pense qu'en tant que société, nous encourageons certainement plus les garçons à pratiquer le sport que les filles.

Nous avons des programmes dans l'Okanagan, où nous offrons une initiative destinée précisément aux filles. Nous avons essayé de cibler ce programme sur les filles pour faire en sorte qu'elles se sentent plus à l'aise. Il est très important, surtout pour les filles de cet âge-là, de 11 et de 12 ans, de créer un environnement où elles se sentent à l'aise et veulent être actives.

La sénatrice Nancy Ruth : Qu'en est-il des autres YMCA ailleurs au Canada? Une partie de la question que je pose également est la suivante : quelle a été l'incidence des YWCA qui ont dû fermer leurs portes à de nombreux endroits et être absorbés par votre organisation? Comment la division selon le sexe a-t-elle été acceptée ou intégrée? Qu'avez-vous fait à cet égard?

M. Haldane : Je pense qu'il est important de mettre l'accent plus particulièrement sur les filles et les jeunes femmes, car il y a d'énormes différences entre les sexes. Au YMCA, nous offrons habituellement des programmes pour les deux sexes dans un environnement intégré. Il y a des exemples, comme dans l'Okanagan et ailleurs, où des programmes plus ciblés sont offerts, et c'est certainement le cas avec les YWCA.

Pour votre information, le YWCA est une organisation distincte du YMCA. Je tiens à préciser que certains YMCA/ YWCA se sont désaffiliés du YWCA et sont devenus des YMCA, seulement parce qu'il est difficile de continuer de cibler les femmes et les filles dans une organisation qui a un vaste mandat. C'est une décision qu'ils ont prise. Le YWCA cible plus particulièrement les femmes et les filles. Je pense que c'est important car il y a des différences entre les hommes et les femmes au niveau du mode de vie, des comportements et ainsi de suite.

Le sénateur Nancy Ruth : Ce n'est pas intégré dans vos programmes?

M. Haldane : Les programmes du YWCA?

Le sénateur Nancy Ruth : Ce n'est pas le YWCA; ce sont des données générales qui existent dans le milieu universitaire au sujet des problèmes auxquels sont confrontés les jeunes filles.

M. Haldane : Généralement, notre rôle consiste à offrir des programmes dans un environnement intégré. Nous avons certains YMCA qui ont choisi de faire ce travail dans leurs collectivités, en partenariat avec d'autres organismes, mais ce n'est pas généralement un rôle que nous jouons. Le YWCA joue ce rôle dans une plus large mesure.

Le président : Je présume, monsieur Maynes, que les vôtres ne sont pas adaptés en fonction du sexe.

M. Maynes : Ils ne le sont pas. Il faudrait que je me renseigne pour savoir si des recherches ont été réalisées sur le sujet, mais je doute qu'il y ait des différences dans les taux.

Le président : Je croyais que c'était évident dans votre cas, mais merci de le confirmer.

Le sénateur Moore : Je veux remercier les témoins d'être ici.

Monsieur Haldane, vous avez dit que le YMCA est le plus grand fournisseur de services de garde d'enfants au Canada. Vous assurez des services de garde à combien d'enfants par jour?

M. Haldane : J'ai déjà été le PDG du YMCA de la région du Grand Toronto. Les données sur le YMCA de la région du Grand Toronto sont un peu plus exactes, mais le YMCA de Toronto compte environ 250 garderies autorisées. Dans l'ensemble du Canada, je pense qu'il y a environ 900 garderies autorisées, ce qui représente aux alentours de 75 000 enfants.

Pour être précis, nous sommes le plus grand fournisseur de services de garde d'enfants autorisés à but non lucratif. Je ne pense pas qu'il y ait un fournisseur à but lucratif qui soit plus grand que nous, alors je pourrais retirer « à but non lucratif » et ma déclaration serait toujours exacte.

Le sénateur Moore : Vous avez mentionné trois aspects clés de votre travail pour promouvoir un poids santé et lutter contre l'obésité. L'un de ces aspects, c'est que l'on met de plus en plus l'accent sur l'apprentissage du savoir-faire physique, et nous commençons à un très jeune âge. Que fait le YMCA au quotidien pour essayer d'enseigner ces notions aux jeunes? À quel âge commencez-vous, et quelle est la participation des parents, ce qui est crucial, à mon avis?

M. Haldane : Nous commençons avec les enfants de quelques semaines. Nous avons donc des programmes pour les nourrissons dans nos centres de garderie, et nous faisons de la sensibilisation auprès des jeunes adultes. Nous avons des programmes pour tous ces groupes d'âge.

Nous avons un programme au YMCA intitulé Jouer pour apprendre, qui est un programme axé sur le jeu dans le cadre duquel nos travailleurs en garderie cherchent à intégrer des possibilités d'apprentissage dans les activités des enfants, soit le jeu. Les enfants jouent de diverses façons, à l'aide de toutes sortes de soutiens, et les travailleurs en garderie chercheront des façons de parler de nutrition, d'activités physiques, et cetera. C'est entièrement intégré dans les activités au quotidien dans les centres de services de garde du YMCA.

Nous avons un certain nombre de programmes, comme nous l'avons mentionné tout à l'heure, tels que le programme MEND et le programme CATCH. Ils intègrent l'activité physique et la nutrition dans les programmes parascolaires. Ce qu'on nous raconte, c'est que l'enfant devient un porte-parole dans sa famille. C'est comme les lois sur le port de la ceinture de sécurité et les lois antitabac. L'enfant est exposé à ces connaissances. Lorsqu'il est à la table à dîner à la maison — vous l'avez vécu —, il dira : « Tu sais, maman, ce ne sont pas des aliments sains et nous devrions manger autre chose. » Nous créons un porte-parole dans la famille, ce qui est très efficace. Comme nous tous ici qui sommes parents, si notre enfant nous dit quelque chose à la table à dîner, nous devons y porter attention car ils nous donnent le bon exemple. On nous dit que les enfants vivent des expériences dans nos programmes de garderie, retournent à la maison et influencent leur famille de façon très positive.

Le sénateur Moore : Les moniteurs remettent-ils du matériel aux parents? Lorsque les parents viennent chercher leurs enfants à la fin de la journée, y a-t-il quelque chose que vous pouvez leur remettre afin de renforcer ce qu'ont vécu leurs enfants au YMCA?

M. Haldane : Un des principaux éléments du curriculum Apprendre en jouant du YMCA — soit dit en passant, l'apprentissage par le jeu pour les enfants d'âge préscolaire est maintenant très commun dans le système d'éducation, mais nous faisons cela depuis plus de 25 ans —, c'est une stratégie importante en matière de communication avec les parents. Ceux qui travaillent avec les enfants disent que la principale doléance des parents, c'est qu'ils ne savent jamais ce que font leurs enfants. Ils leur posent la question, et ceux-ci leur répondent : « Rien. » Nous avons une stratégie de communication très rigoureuse et pratique qui impose à nos moniteurs d'écrire quotidiennement une note aux parents pour leur dire ce que leur enfant a appris et comment, soit par le jeu. L'alimentation et l'activité physique sont parmi les sujets qu'abordera le moniteur. Grâce à cette note, les parents réalisent que leur enfant a acquis des connaissances en matière d'alimentation, de vie saine et d'activités saines, notamment.

Le sénateur Moore : Depuis combien de temps le YMCA offre-t-il un programme de littératie physique?

Mme Petersen : Je peux ajouter quelque chose à ce sujet.

Le sénateur Moore : Vous avez parlé de 25 ans, mais je ne crois pas que c'est ce que vous vouliez dire.

M. Haldane : Nous offrons des soins aux enfants depuis 25 ans.

Mme Petersen : Je dirais que nous avons amorcé nos activités en littératie physique il y a trois ou quatre ans. Les YMCA de la région d'Edmonton sont probablement les premiers à avoir lancé cette initiative. Ils ont d'abord introduit des activités de littératie physique dans leurs camps de jour. Ce concept cadre avec l'idée générale de la littératie, soit l'apprentissage de la lecture. Donc, il s'agit de l'apprentissage d'habilitées motrices essentielles pour devenir un adulte actif. Ce concept nous permet d'offrir des programmes qui visent davantage à enseigner aux enfants ces compétences importantes. Il n'est pas uniquement question ici de compétences physiques. Il y a aussi le côté affectif ou émotionnel, c'est-à-dire apprendre aux enfants à avoir du plaisir à bouger et les encourager à participer à des activités physiques. C'est le but de la littératie physique. Il s'agit d'une approche qui vise à enseigner aux gens comment bouger.

Au YMCA d'Edmonton, ces activités ont d'abord été introduites aux camps de jour et ensuite aux autres programmes pour les enfants. Nous sommes sur le point d'entreprendre la même démarche à Calgary.

Le président : Monsieur Haldane, j'aimerais que vous puissiez influencer le système scolaire. Si j'ai bien compris, les parents ont beaucoup de difficultés à obtenir un rapport annuel qui explique clairement les activités du YMCA. Je n'irai pas plus loin.

La sénatrice Raine : Merci d'avoir accepté notre invitation. Ce que vous faites est très positif, et nous vous en remercions.

J'aurais quelques questions à vous poser. J'aimerais d'abord revenir sur l'ordonnance pour l'activité physique. Les médecins canadiens sont-ils formés pour donner de telles ordonnances? S'ils n'ont pas reçu de formation à ce sujet, comment, selon vous, comment ce processus fonctionnera-t-il? De toute évidence, si un médecin n'est pas à l'aise à prescrire de l'activité physique, il ne le fera pas. Je sais très bien que ce sont les sociétés pharmaceutiques qui financent une grande partie de l'éducation post-diplôme au pays. Ma question est la suivante : qui devrait payer pour la formation des médecins relativement aux ordonnances pour l'activité physique?

Ma deuxième question s'adresse davantage au représentant de Canada Walks. Auriez-vous des renseignements à nous fournir au sujet des bidules, des Fitbits et autres podomètres? Ces appareils aident-ils à motiver les gens qui pratiquent la marche à se fixer des objectifs personnels?

M. Haldane : Je vais répondre à votre première et troisième question. La deuxième est plus difficile. Je dois y réfléchir.

Il est difficile d'influencer les médecins pour qu'ils motivent leurs patients à changer leur style de vie au lieu de leur prescrire des médicaments. Nous avons rencontré des représentants de l'Association médicale canadienne pour leur demander s'ils pouvaient nous aider à cet égard, notamment en ce qui concerne les patients prédiabétiques. Ils nous ont dit qu'ils ne pouvaient pas vraiment influencer leurs médecins en ce sens. J'ai trouvé intéressant de voir que même l'AMC ne peut pas faire cela. C'est donc difficile.

À Edmonton, les responsables du YMCA ont sollicité la participation des réseaux primaires de soins de santé, soit les médecins de famille et autres fournisseurs de soins de santé. Une partie de l'éducation des médecins porte sur l'importance de prescrire l'activité physique et l'impact d'une telle ordonnance par opposition à simplement dire au patient qu'il doit être plus actif.

Je ne crois pas que cet enseignement se fasse dans le système d'éducation officiel. Les médecins ne sont pas nécessairement prêts à prescrire l'activité physique et n'ont pas nécessairement reçu une formation en ce sens. À mon avis, lorsque ce genre de réseau sera établi, ce sera plus facile.

Pour répondre à votre troisième question au sujet des bidules — M. Maynes voudra peut-être intervenir sur le sujet —, ce programme d'incitatifs avec des sociétés de fidélisation dont nous parlons sera fondé sur des bidules. Il s'agira d'un système qui interagira avec les téléphones intelligents et permettra aux utilisateurs d'enregistrer leurs bons comportements. Ils pourront ensuite choisir la façon dont ils désirent utiliser leurs points accumulés. Ceux qui accumulent des points Air Miles et des points Optimum, par exemple, pourront choisir de les convertir en Air Miles.

Peu importe, lorsque les utilisateurs enregistrent un bon comportement, ils accumulent des points. Nous travaillons avec une coalition d'organisations afin de trouver une façon d'utiliser un programme d'incitatifs fondé sur des bidules afin d'encourager l'adoption de comportements sains.

M. Maynes : Au sujet de l'intégration de l'activité physique au système médical, Kaiser Permanente, qui compte 9,1 millions de membres aux États-Unis, a fait de l'activité physique un des principaux signes vitaux que les professionnels des soins de santé doivent vérifier, en plus du poids, des antécédents familiaux et de la tension artérielle. Voilà un exemple où l'activité physique a été intégrée à un système, même si c'est par l'entremise de fournisseurs de soins de santé du secteur privé.

Nous aimons tous les Fitbit et podomètres. Ils sont très utiles. Toutefois, là où je veux en venir, c'est qu'il faut changer l'environnement des gens si l'on veut les encourager à marcher. Les podomètres, les programmes promotionnels et les festivals de rue, notamment, peuvent devenir des incitatifs. Mais, s'il n'est pas agréable de se promener dans son quartier ou si les gens ne s'y sentent pas en sécurité, aucune solution technologique ne les fera sortir.

J'encourage fortement le comité à jeter les bases permettant à tous les citoyens d'adopter un style de vie sain afin de prévenir ou de réduire l'obésité.

Mme Petersen : J'aimerais ajouter une chose au sujet de la référence. Selon notre expérience, un des aspects les plus importants, c'est que la relation entre le patient et le fournisseur de soins de santé en Alberta soit transférée au YMCA ou aux installations récréatives où le patient pourrait se diriger. Il est difficile de diriger les gens vers de telles installations simplement en leur donnant un bout de papier, mais celui-ci renforce la recommandation verbale du médecin. Je sais que certains professionnels de la santé, comme des ludothérapeutes, travaillent beaucoup à soutenir les patients dans les activités de bien-être qui les intéressent. Ça, c'est une chose.

Concernant votre question sur l'utilisation des bidules, parmi les programmes offerts dans nos établissements, il y a le Fit Links, un système de suivi électronique. Selon notre expérience, certaines personnes aiment beaucoup ce programme et sont très attirées par les bidules, alors que d'autres y sont indifférents. Ça ne leur convient pas. C'est aussi une question de personnalité; il n'y a pas de solution unique. Cependant, certaines personnes s'intéressent à ce genre de programme. C'est ce que nous avons constaté.

La sénatrice Raine : Selon mes observations, les jeunes mères cherchent activement les meilleures options pour leurs enfants. Il vient un moment où elles se disent qu'il est temps pour elles d'agir et sortent pour pratiquer certaines activités, comme la marche. Mais, j'ai l'impression que les hommes choisissent d'autres genres d'activité. Selon vous, les hommes et les femmes sont-ils attirés par des activités différentes?

Mme Petersen : Dans nos établissements, les femmes participent davantage aux cours de conditionnement physique de groupe que les hommes. Les hommes se tournent davantage vers la salle de musculation ou ils pratiquent d'autres types d'activité. Cela souligne vraiment l'importance du soutien social pour les femmes. Elles aiment se retrouver entre amies et participer en groupe. Vous soulevez un très bon point.

La sénatrice Raine : Est-ce qu'on court le risque de perdre des hommes si l'on met trop l'accent sur les cours de conditionnement physique de groupe? Les hommes ont-ils plus tendance à se tourner vers les sports d'équipe, par exemple, les ligues pour adultes?

M. Haldane : Nous tentons d'offrir une grande variété de programmes pour satisfaire aux intérêts des gens afin de ne perdre personne. Ce n'est pas uniquement une question de sexe. Les gens sont attirés par différentes choses. Donc, nous tentons, dans la mesure du possible, d'offrir quelque chose pour tout le monde.

Les hommes ont tendance à se tourner davantage vers les sports individuels et les activités sportives spontanées de groupe.

Aussi, les gens sont attirés par un aspect particulier. Pour beaucoup, c'est l'élément social. L'activité physique et l'élément social vont de pair, notamment pour le maintien d'un style de vie ou le maintien du poids. Le réseau social est un élément clé. On le retrouve parfois dans les cours de conditionnement physique de groupe ou dans le vestiaire où des amis se rencontrent tous les jours.

La sénatrice Seidman : Monsieur Haldane, si j'ai bien compris, vous comptez 75 000 enfants dans vos programmes préscolaires.

M. Haldane : Il faudrait que je vérifie, mais je crois que c'est assez juste.

La sénatrice Seidman : C'est une cohorte immense; vous pourriez mener une excellente étude.

M. Haldane : Si quelqu'un veut la financer, nous serons heureux de la mener.

La sénatrice Seidman : Je n'irai pas plus loin.

Vous en avez peut-être déjà parlé, mais sinon, je vous en donne l'occasion. Vous dites que les YMCA travaillent en collaboration avec la province de la Colombie-Britannique dans la prestation d'un programme britannique fondé sur des données probantes nommé MEND, qui signifie Mind, Exercise, Nutrition, Do It!. Ce programme ne porte pas uniquement sur l'activité physique; il enseigne les modes de vie sains aux enfants âgés de 7 à 13 ans qui ont un surpoids. Pourriez-vous nous donner plus de détails sur ce programme et sur son taux de réussite?

Mme Petersen : Je ne pourrais pas vous fournir de détails sur le taux de réussite. Je crois que le programme connaît du succès auprès des enfants et des jeunes et qu'il est de plus en plus populaire. Il cible les enfants qui se situent dans le 85e percentile pour leurs catégories de poids. Ce sont des enfants obèses ou qui ont un surpoids. Les parents et les soignants sont invités à participer aux séances avec les enfants au cours desquels tous acquièrent des connaissances en matière d'activité physique et d'alimentation saine. Il s'agit d'une approche plus holistique pour cibler les parents et les enfants, notamment ceux qui ont des problèmes de poids.

M. Haldane : Nous ferons parvenir à la greffière d'autres renseignements au sujet du programme.

Un des avantages d'être établis dans 119 pays, c'est que nous partageons continuellement nos pratiques exemplaires avec le reste du monde. Nous avons plusieurs exemples de programmes à succès qui ont été offerts dans d'autres régions, notamment en Grande-Bretagne. Je ferai parvenir ces informations au comité.

La sénatrice Seidman : Ce serait gentil. Merci.

La sénatrice Merchant : Je crois qu'un de vous, dans son exposé, a parlé de l'âge critique ou dangereux, les sexagénaires et septuagénaires. Nous nous concentrons sur la participation des enfants dès leur jeune âge pour qu'ils développent de bonnes habitudes de vie, mais que font les sexagénaires et septuagénaires? Je sais qu'à Régina, par exemple, les centres commerciaux offrent des programmes de marche pour inciter les retraités à sortir, puisqu'ils ont un peu plus de temps libre qu'avant. Ils ont besoin d'interaction sociale et vont marcher dans les centres commerciaux.

Pourriez-vous nous dire ce que font les sexagénaires et septuagénaires? Sont-ils encore actifs? Que faites-vous pour les encourager à participer à vos programmes? J'ignore si le YMCA offre des programmes pour ces gens ou s'il offre un programme de marche.

M. Maynes : En fait, je parlais des septuagénaires et octogénaires. Les recherches démontrent que l'incidence d'invalidité liée à l'âge diminue beaucoup chez les personnes qui étaient actives et qui continuent de marcher régulièrement. Si elles se blessent en tombant ou qu'elles ont un problème qui les empêche de bouger, elles sont plus susceptibles de reprendre l'activité une fois guéries. Ça n'a peut-être rien à voir avec l'obésité, mais c'est certainement un coût énorme en matière de soins de santé et un coût personnel important pour les victimes qui perdent leur indépendance ou qui se retrouvent dans l'impossibilité de bouger. C'est probablement un indicateur d'autres problèmes de santé à venir.

C'est ce que l'on remarque chez les personnes âgées qui mènent une vie saine. Elles ont sans doute maintenu une routine quotidienne pendant des décennies, y compris la marche.

M. Haldane : Comme je l'ai dit, nous offrons nos programmes dans un environnement intégré, dont des programmes conçus spécialement pour les personnes âgées. En nous appuyant sur les tendances démographiques, nous croyons qu'il faudra offrir plus de programmes semblables à l'avenir, mais toujours dans un environnement où les gens de tous âges peuvent participer.

Je dirais que le réseau social est un élément important, même très important, pour les personnes âgées. Outre peut- être la baisse de l'activité physique pour des raisons de vieillesse et une moins grande participation aux activités de la collectivité, l'isolation sociale est un problème important chez les personnes âgées. Ce qui les incite à participer n'est pas nécessairement l'activité physique, mais la possibilité d'être avec d'autres, et pas seulement des gens de leur âge, mais des gens de tous les âges. Elles ont l'impression de faire partie de la collectivité, d'y être liées. L'activité physique, c'est ce qui survient lorsqu'elles se retrouvent dans cet environnement. Je crois qu'il s'agit d'un facteur important.

Mme Petersen : Je pourrais citer d'autres programmes en exemples. Nous offrons un programme qui s'appelle Healthy Living conçu spécialement pour les personnes ayant des affections chroniques. Habituellement, ce sont des personnes âgées qui y participent. Elles se réunissent pour faire de l'exercice et organisent même des activités sociales en parallèle. Certaines ont même suivi une formation pour pouvoir enseigner nos cours, car elles ont aimé leur expérience. Leur appuie en tant que bénévole est essentiel pour inspirer d'autres gens du même âge à être actifs.

Le président : Ce fut une discussion fascinante et vous avez abordé beaucoup d'aspects vraiment importants des liens entre l'exercice et les comportements relatifs au développement social. J'ai particulièrement aimé les approches que vous avez décrites, c'est-à-dire celles de prendre d'abord la collectivité dans son ensemble et d'ensuite prendre l'individu comme une personne à part entière au lieu de s'attacher uniquement à une maladie en particulier.

Je vais simplement formuler deux ou trois commentaires précis. J'ai été fasciné par les premiers exemples que j'ai vus dans la documentation publique concernant l'activité physique que les médecins prescrivent. Une étude initiale a fait le suivi d'un groupe de personnes à qui on avait ordonné de faire de l'activité physique à cause de leur hypertension artérielle et d'un certain nombre de raisons connexes; il ne s'agissait pas d'un véritable essai clinique comme celui dont le sénateur Seidman a parlé. Elle a révélé, après une certaine période, que les caractéristiques physiques pouvant être surveillées avaient considérablement changé.

En outre, comme vous l'avez fait remarquer, lorsqu'on nous prescrit de fréquenter un centre d'activité physique particulier ou d'autres endroits du genre — je ne mentionnerai pas le YMCA —, on est disposé à le faire. J'ai pensé que c'était un excellent concept. Je peux voir pourquoi les médecins le feraient volontiers, car il faut peu de temps pour rédiger une ordonnance. Ils n'ont aucun mal à le faire, mais c'est bien différent pour les médecins de famille de prendre le temps de prescrire un changement de style de vie global. C'était un bon concept, et je pense que l'on verra rapidement les résultats dont vous avez parlé.

J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt vos réponses concernant l'exercice et les questions sexospécifiques. Je fais de l'activité physique depuis toujours, habituellement près de l'université. Je ne ferai pas d'observations sur ce que j'ai vu, mais il existe des différences sexospécifiques claires dans la façon dont les gens se comportent dans des installations de ce type. Ces personnes obtiennent probablement des résultats semblables, mais leur approche à l'égard de ces centres est nettement différente.

J'ai remarqué une réelle incidence sur les activités sociales, exactement comme vous l'avez décrite. Je ferai allusion à mon université locale, Acadia University. Elle offre un certain nombre de programmes pour les personnes qui ont reçu un diagnostic de troubles cardiaques, pour prendre un exemple typique. Si une personne fait une crise cardiaque, elle peut suivre un programme adapté à sa condition. Ce qui est chouette, c'est que les personnes qui suivent le même programme finissent par former un club. Elles n'aiment pas que l'université ferme, par exemple, pendant les vacances. Elles sont si attachées à leur programme qu'elles veulent y aller.

Ce que je trouve intéressant c'est que les gens ont tendance à suivre scrupuleusement le programme puisqu'il est adapté à une condition médicale précise, même si, en réalité, bien des personnes à qui on l'a prescrit n'ont pas de troubles cardiaques. On leur a délivré cette ordonnance parce qu'elles faisaient de l'embonpoint ou étaient obèses — cela dit, elles ont des points communs avec les personnes souffrant de troubles cardiaques. C'est un très bon programme, et elles le suivent activement.

Je ne veux pas me lancer dans une longue discussion à ce sujet, monsieur Haldane, mais auriez-vous un commentaire bref à formuler?

M. Haldane : Le YMCA à Burlington a offert le premier programme communautaire aux personnes ayant subi un arrêt cardiaque — il a commencé en 1966. J'ai rencontré un homme vers la fin des années 1990. Je lui ai demandé à quand remontait sa crise cardiaque et il m'a répondu qu'il l'avait eue en 1967. Il continuait de suivre le programme tous les jours, car il était membre du club.

Le président : Un franc succès. Je veux dire aux deux groupes, à M. Maynes et à vous autres, que ce que vous avez dit aujourd'hui rejoint mon expérience. Je pense que vous accomplissez des choses qui profitent énormément à notre société. Je vous en félicite. Les orientations et changements apportés par le YMCA sont évidents dans les collectivités où il y a des centres.

Monsieur Maynes, il est évident que votre programme est excellent. Mes collègues ont soulevé des questions comme la difficulté que les gens ont à trouver des endroits où marcher. Nous vivons dans un pays nordique. Même s'il y a des trottoirs, ils ne sont pas toujours sécuritaires pour les personnes de tous âges. S'il est difficile pour la société en général de trouver des endroits sécuritaires où marcher, ce l'est encore plus pour les personnes du troisième âge; nombre d'entre elles sont toujours capables de pratiquer cette activité, mais elles ont du mal à trouver des endroits où le faire.

Je vis à la campagne, en Nouvelle-Écosse. Comme les deux groupes l'ont mentionné, il est beaucoup plus difficile pour les personnes en région rurale de trouver des occasions de pratiquer ces activités. Cependant, si elles rencontrent un groupe de personnes qui partagent leurs intérêts et qu'il y a des clubs dans leur région, elles auront tendance à rester actives.

J'ai apprécié vos témoignages et vos réponses à nos questions. Je tiens à remercier mes collègues de vous avoir posé des questions qui vous ont aidés à bien expliquer les points à l'étude ainsi que leurs avantages potentiels.

(La séance est levée.)


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