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SOCI - Comité permanent

Affaires sociales, sciences et technologie

 

Délibérations du comité sénatorial permanent des
Affaires sociales, des sciences et de la technologie

Fascicule 36 - Témoignages du 3 juin 2015


OTTAWA, le mercredi 3 juin 2015

Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui, à 16 h 19, pour poursuivre son étude de l'incidence croissante de l'obésité au Canada : ses causes, ses conséquences et les solutions d'avenir.

Le sénateur Kelvin Kenneth Ogilvie (président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président : Je vous souhaite la bienvenue au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie.

[Traduction]

Je m'appelle Kelvin Ogilvie. Je suis de la Nouvelle-Écosse et je préside ce comité. J'invite maintenant mes collègues à se présenter à tour de rôle.

Le sénateur Eggleton : Art Eggleton, Ontario, vice-président du comité.

La sénatrice Raine : Nancy Greene Raine, Colombie-Britannique.

Le sénateur Enverga : Tobias Enverga, Ontario.

La sénatrice Nancy Ruth : Nancy Ruth, Ontario.

La sénatrice Stewart Olsen : Carolyn Stewart Olsen, Nouveau-Brunswick.

La sénatrice Seidman : Judith Seidman, Montréal, Québec.

Le président : Pour la gouverne de ceux qui nous regardent, je rappelle que nous poursuivons notre étude sur l'incidence croissante de l'obésité au Canada, ses causes, ses conséquences et les solutions d'avenir.

Nous recevons aujourd'hui deux groupes de témoins. Ils ont convenu entre eux de l'ordre dans lequel ils vont nous présenter leurs exposés. J'invite donc Craig Larsen, directeur exécutif de l'Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada, à prendre d'abord la parole. Il est accompagné de Manuel Arango, membre du conseil d'administration.

Craig Larsen, directeur exécutif, Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada : Bonjour à tous. Merci de nous avoir invités à comparaître devant vous pour discuter de cet important sujet. L'obésité est en effet l'un des principaux facteurs de risque pour bon nombre de maladies chroniques.

Notre alliance regroupe 12 organisations nationales du secteur de la santé qui font la promotion de modes de vie sains pour la prévention des maladies chroniques. En nous appuyant sur le constat que les principaux facteurs de risque étaient les mêmes pour la plupart des maladies chroniques, nous avons commencé à travailler ensemble il y a environ 12 ans pour nous attaquer aux causes profondes du problème. Nous nous employons surtout à préconiser la mise en œuvre de politiques et de programmes fondés sur des données probantes, principalement à l'échelon fédéral. Nous tenons également des conférences nationales et des cyberséminaires pour mettre en commun les pratiques qui ont fait leurs preuves afin de pouvoir déployer des projets et des interventions en conséquence.

J'aimerais vous parler aujourd'hui de trois aspects aux titres desquels l'action gouvernementale pourrait le plus contribuer à la lutte contre l'obésité.

Le premier aspect est celui de la concertation. Notre alliance offre une tribune de collaboration entre les principales ONG du secteur de la santé et les regroupements de fournisseurs de soins, mais nous sommes conscients que nous ne pourrons pas régler à nous seuls les enjeux complexes liés aux problèmes de poids. On ne peut pas considérer un trouble aussi épineux que celui de l'obésité comme un problème personnel simplement attribuable à un manque d'information ou de volonté.

Il y a 25 ans déjà, la Charte d'Ottawa recommandait une concertation de toutes les instances gouvernementales et sociales pour mettre en place des conditions nécessaires à une bonne santé.

Plus récemment, la Déclaration sur la prévention et la promotion des ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de la santé insistait sur l'importance d'une telle approche intégrée au sein des gouvernements et de l'ensemble de la société.

Freiner l'obésité juvénile : Cadre d'action fédéral, provincial et territorial pour la promotion du poids santé met clairement l'accent sur la collaboration multisectorielle.

En outre, la Déclaration des Nations Unies sur les maladies non transmissibles, qui a été adoptée à l'unanimité par les pays membres en 2011, recommande aussi une action globale et intégrée de tous les intervenants, y compris l'industrie.

Je pourrais vous citer deux très bons exemples de réussite à ce chapitre. Il y a d'abord l'approche des partenariats multisectoriels pour le financement qui a été mise en place par l'Agence de la santé publique du Canada. Pour sa part, Santé Canada finance, par l'entremise du Partenariat canadien contre le cancer, un programme de subventions sans équivalent à l'échelle planétaire, la COALITION — Connaissances et action liées pour une meilleure prévention. Si la chose vous intéresse, je pourrai vous donner tout à l'heure de plus amples détails sur ces initiatives très fructueuses.

Il y a trois obstacles importants à une meilleure intégration des efforts déployés pour lutter contre des problèmes comme l'obésité. Notre alliance estime que les gouvernements pourraient jouer un rôle clé dans l'élimination de ces trois obstacles. Premièrement, les différents secteurs ne s'entendent pas quant à la mesure dans laquelle leurs actions, politiques et programmes respectifs contribuent à la création d'un environnement obésogène. Deuxièmement, très peu de gouvernements au Canada tiennent compte systématiquement des impacts sur la santé dans la planification, la mise en œuvre et l'évaluation de leurs politiques et programmes. Troisièmement, les modes de fonctionnement des gouvernements ne sont pas généralement propices à une normalisation de la collaboration intersectorielle.

En outre, il nous faudrait vraiment une plateforme où tous les gouvernements pourraient définir un objectif commun et progresser plus rapidement dans la lutte contre l'obésité. Les provinces et les territoires ont toute une gamme de politiques et de programmes fondés sur des données probantes qui visent à favoriser des modes de vie sains ou un poids santé, mais il n'y a pas de coordination nationale dans la conception de ces mesures. Comme les différents gouvernements travaillent en vase clos, il y a dédoublement des efforts et manque d'uniformité, ce qui peut créer de la confusion au sein de la population et parmi les groupes d'intervenants qui doivent travailler dans plus d'une province ou d'un territoire. Le gouvernement fédéral devrait agir à titre de facilitateur et de catalyseur pour les interventions proactives et dynamiques d'équipes spécialisées mobilisant tous les paliers de gouvernement.

La publicité destinée aux enfants est le deuxième aspect que je souhaitais aborder avec vous. Les données scientifiques à ce sujet ne laissent planer aucun doute. La vaste majorité des aliments et des boissons commercialisés auprès des enfants ont une forte teneur en gras, en sucre et en sel; la publicité destinée aux enfants a effectivement une influence sur leurs préférences et leurs choix en matière d'aliments et de boissons; la consommation d'aliments et de boissons néfastes pour la santé contribue à l'obésité juvénile; et un surplus de poids à l'enfance a toujours des répercussions à l'âge adulte.

La Loi sur la protection du consommateur du Québec est la seule au Canada à interdire la publicité destinée aux enfants. Elle s'est révélée efficace dans les collectivités francophones, mais beaucoup moins dans les régions anglophones qui demeurent exposées à la publicité en provenance des États-Unis.

On ne peut pas se contenter de l'Initiative canadienne pour la publicité sur les aliments et les boissons destinée aux enfants (IPE), l'approche d'autoréglementation adoptée par l'industrie. Les critères nutritionnels normalisés qui seront mis en œuvre d'ici la fin de l'année toucheront moins de 2 p. 100 des produits dont on fait actuellement la promotion auprès des enfants. En outre, l'initiative ne prévoit aucune mesure vraiment concrète pour surveiller la publicité visant les enfants via Internet, le canal désormais privilégié pour la plus grande partie des efforts publicitaires ciblant cette clientèle.

Toutes les mesures prises pour protéger les enfants contre la publicité doivent pouvoir suivre l'évolution rapide des techniques de marketing numérique utilisées par les entreprises vendant de la malbouffe, des grignotines et des boissons gazeuses pour cibler les enfants. De toute évidence, c'est là un défi de taille qui exigera sans doute des efforts coordonnés non seulement à l'échelle nationale, mais aussi dans une perspective internationale. C'est un problème trop grave pour que l'on puisse se permettre de demeurer les bras croisés. Le gouvernement du Canada ne pourrait-il pas se positionner comme un chef de file mondial en la matière?

J'en arrive au troisième aspect dont je voulais traiter aujourd'hui. Il s'agit des boissons sucrées et de leur incidence sur l'obésité juvénile. Étant donné la vigueur de l'industrie des boissons et la forte consommation de sucre au sein de notre société, c'est un autre problème crucial qui ne se règlera pas facilement. Voici à cet égard quelques points importants à considérer, dont certains ont déjà été soumis au comité par mon collègue, M. Arango, lors d'une comparution précédente.

Nous disposons de plus en plus d'éléments établissant un lien probant entre le sucre et l'obésité et d'autres effets indésirables sur la santé. Les boissons sucrées représentent la plus importante source de sucre au sein de notre régime alimentaire. Elles procurent beaucoup d'énergie, mais ont une valeur nutritionnelle faible ou nulle. Les efforts publicitaires des industries des boissons et de la restauration rapide ont fait en sorte que la consommation quotidienne de boissons sucrées de grand format est devenue chose courante. Les boissons sucrées sont désormais considérées comme une cause importante d'obésité.

Notre alliance estime qu'une intervention gouvernementale sur le plan financier, par exemple via le prélèvement d'une redevance auprès des fabricants de boissons sucrées, pourrait générer des recettes contribuant au financement de mesures de prévention, comme les campagnes de sensibilisation en faveur de modes de vie plus sains.

En conclusion, la publicité destinée aux enfants les incite à faire des choix nocifs pour leur santé. La surconsommation de boissons sucrées est un élément qui contribue grandement aux surplus de poids. L'obésité est un phénomène complexe qui exigera une intervention multisectorielle de la part de tous les gouvernements et de la société dans son ensemble, sous la direction du gouvernement fédéral.

Le président : Merci, monsieur Larsen.

Nous allons maintenant entendre, de Québec en Forme, M. Sylvain Deschênes, directeur, Mobilisation, Mobilisation et gestion des connaissances.

[Français]

Je vous invite à faire votre présentation, monsieur Deschênes.

Sylvain Deschênes, directeur, mobilisation, Mobilisation et gestion des connaissances, Québec en Forme : Bonjour, et merci d'avoir invité Québec en Forme à venir vous rencontrer. C'est un privilège pour nous de venir vous parler d'une initiative qui est née en 2002 au Québec, qui s'appelle Québec en Forme. Québec en Forme est un projet assez innovateur et unique au Canada, et même dans le monde.

Vous avez deux documents devant vous, le grand document est une plateforme qui contient beaucoup de renseignements, et dont vous avez une version en anglais. Cependant, je me concentrerai sur les documents écrits, qui sont en français seulement.

Québec en Forme est issu d'un partenariat avec le gouvernement du Québec et la Fondation Lucie et André Chagnon. En 2002, il y a eu une première étape, un projet expérimental de 2002 à 2006. Ensuite, de 2007 jusqu'en 2017, un mandat de 10 ans, dans lequel on devait travailler avec les enfants de la naissance jusqu'à l'âge de 17 ans sur deux saines habitudes de vie : la saine alimentation et le mode de vie actif, donc au-delà de l'activité physique, faire bouger les enfants.

La mission de Québec en Forme est de mobiliser toute la société québécoise pour agir en faveur de l'adoption et du maintien d'un mode de vie physiquement actif et d'une saine alimentation, qui sont essentiels pour favoriser le plein développement des jeunes Québécois.

Notre vision : nous voulons voir des jeunes Québécois qui ont une saine alimentation et un mode de vie physiquement actif; deux habitudes de vie reconnues par les communautés locales et toute la société comme étant des éléments essentiels sur le plan du développement et de la réussite éducative. Je vais parler des collectivités locales un peu plus loin.

Nous avons trois orientations chez Québec en Forme; la première étant la mobilisation des communautés. Dès le départ, en 2002, notre objectif était de mobiliser la communauté pour faire face à l'obésité et au surpoids chez les jeunes. C'est un problème de société, et nous connaissons tous le proverbe africain selon lequel pour élever un enfant, il faut une société. Pour faire face à un problème aussi important que l'embonpoint et la sédentarité chez les jeunes, il faut une société.

Nous avons misé sur la mobilisation des communautés et, pour ce faire, nous avons parlé des quatre pattes d'une chaise, qui représentent le milieu de la santé, le milieu de l'éducation, le milieu municipal, et les gens qui travaillent sur le volet communautaire et de la petite enfance.

Dès le départ, nous avons mis en place des tables de concertation, des regroupements locaux de partenaires qui peuvent regrouper 10, 30 ou 40 partenaires, provenant du milieu municipal, de la santé, de l'éducation, donc des directeurs, des professeurs d'éducation physique, et cetera. Ces gens se mobilisent pour mettre en place différentes actions pour les jeunes de zéro à 17 ans, en lien avec les saines habitudes de vie. Pour nous, la mobilisation des communautés est un ancrage essentiel qui est relié à l'OMS, selon laquelle c'est sur le terrain que les choses se passent, et qu'il faut mobiliser les gens sur le terrain si on veut opérer un changement de société.

Le deuxième élément était de modifier les environnements. On parle d'environnement physique, socioculturel, politique et économique. C'est vraiment important et, chez Québec en Forme, avec toute la société québécoise, nous parlons d'environnement favorable. Qu'est-ce qu'un environnement favorable? C'est donner la chance aux gens de faire des choix santé. Si une personne est devant une distributrice et qu'il n'y a aucun choix santé, elle choisira le Coke ou la boisson sucrée, alors que s'il y a des choix santé, soit du jus de pomme ou du jus de légumes à taux réduit en sodium, la personne aura l'occasion de faire un choix santé. Si je vais à la municipalité les fins de semaine, toutes les portes sont fermées, donc il n'y a pas d'accessibilité; je ne peux pas faire des choix santé. Lorsqu'il est question d'environnement favorable, il est essentiel d'amener les gens à travailler dans ce sens et, pour cela, nous travaillons avec les décideurs. Le maire d'une municipalité, ou un conseiller municipal, par exemple, ont le pouvoir de changer des choses; la direction d'une école, le directeur général d'une commission scolaire ont la possibilité de faire des changements; ou encore une organisatrice en famille.

Pour parler d'environnement favorable, nous avons embauché, il y a plusieurs années, une ambassadrice sur les saines habitudes de vie au Québec, Mme Sylvie Bernier, ancienne championne olympique en plongeon, que vous connaissez sûrement. Elle est notre porte-parole au Québec pour promouvoir les saines habitudes de vie, et elle visite les différentes régions pour rencontrer les décideurs et permettre d'amener des changements aux politiques et aux façons de faire, pour rendre les environnements plus favorables.

La troisième orientation de Québec en Forme, c'est la question de la transformation de la norme sociale et, tel que mentionné ici, dans le fond, c'est passer de l'attitude selon laquelle « Il faut bien manger et bien bouger » à l'attitude que « C'est normal de bien bouger et de bien manger. » Depuis 2002, et après plus de 13 ans de travail, nous pouvons constater beaucoup de changements au niveau de la norme sociale, où les gens bougent beaucoup plus, mangent mieux et font attention à leur alimentation. Ce n'est pas gagné; il reste encore beaucoup de travail à faire, mais c'est une orientation fondamentale.

Je vous parle rapidement des approches et je vous présenterai des statistiques un peu plus tard. Nous sommes partout au Québec, donc, nous avons une approche populationnelle qui rejoint les jeunes. Une approche écologique : l'enfant est important, mais sa famille et sa communauté sont également importantes, et il faut être capable de travailler avec les jeunes, avec leur famille et l'environnement. Encore une fois, il s'agit d'une approche par et pour la communauté. Nous appuyons fortement le volet de l'Organisation mondiale de la Santé pour mobiliser les communautés.

Si vous passez à la prochaine page de votre document, vous verrez les statistiques. Québec en Forme implique 164 communautés au Québec, réparties dans toutes les régions de la province. Il y a plus de 30 communautés autochtones, inuites, cries et des Premières Nations un peu partout au Québec. Québec en Forme, c'est présentement près de 5 500 actions de recoupement et 4 000 organisations partenaires qui sont mobilisées au Québec. Ce sont aussi 17 plans d'action régionaux. Chez Québec en Forme, nous investissons beaucoup au niveau local, soit près de 24 millions de dollars par année, sur le terrain. Nous avons des partenaires régionaux, ce qui représente près de 4 millions de dollars qui sont investis pour des tables régionales à l'appui de nos partenaires locaux, tant au chapitre de la formation, du développement de l'expertise, de l'évaluation et de la communication. Nous avons également près de 32 projets nationaux; à la fin du document, vous trouverez tous les projets nationaux qui sont financés par Québec en Forme.

Une campagne de société a été mise sur pied par et pour les jeunes de 9 à 13 ans sous le nom de WIXX, un nom inventé par les jeunes eux-mêmes. Nous constatons que le taux de décrochage chez ces jeunes de 9 à 13 ans diminue beaucoup. De plus, le magazine WIXX s'adresse aussi aux parents et aux partenaires. Cette campagne incite beaucoup les jeunes à bouger davantage et elle est financée depuis quelques années par Québec en Forme. Elle se terminera avec la fin du mandat en 2017.

Nous avons aussi un site web, veilleaction.org, qui contient beaucoup d'informations pour les communautés, ainsi que les volets axés sur l'expertise, la santé, la science, et l'action. Vous trouverez les informations sur la page suivante de votre document, ainsi que des renseignements sur les projets nationaux.

Je le répète, nous avons un mandat de 2007 à 2017, et nous sommes présentement en 2015, donc il nous reste deux ans. L'objectif est que les saines habitudes de vie restent ancrées et se poursuivent une fois que le mandat de Québec en Forme sera terminé. Nous croyons beaucoup à la pérennité en amenant les regroupements locaux, les régions, et nos partenaires nationaux et provinciaux à faire en sorte que les saines habitudes de vie demeurent une priorité au Québec. Il y a d'ailleurs un descriptif sur la pérennité, un élément sur lequel nous travaillons très fort. Nous souhaitons que la mobilisation reste forte et solide après la fin du mandat de Québec en Forme et qu'elle soit prise en charge par d'autres « bailleurs de fonds » pour faire en sorte que les saines habitudes de vie demeurent une priorité au Québec.

Au nom de tous les partenaires qui se mobilisent quotidiennement pour les jeunes du Québec afin qu'ils adoptent de saines habitudes de vie, je vous remercie de votre écoute, et je serai heureux de répondre à vos questions.

[Traduction]

Le président : Je vais maintenant donner la parole à mes collègues en commençant avec le sénateur Eggleton.

Le sénateur Eggleton : Monsieur Larsen, j'aurais d'abord une question au sujet de votre exposé. Vous nous avez dit une chose que j'ai trouvé fort intéressante, à savoir qu'il ne fallait pas se contenter de l'Initiative canadienne pour la publicité sur les aliments et les boissons destinée aux enfants — l'approche d'autoréglementation adoptée par l'industrie. Les critères nutritionnels normalisés qui seront mis en œuvre d'ici la fin de l'année dans le cadre de cette initiative toucheront moins de 2 p. 100 des produits dont on fait actuellement la promotion auprès des enfants. Voilà une action qui ne m'apparaît très efficace.

Vous avez ensuite parlé des boissons sucrées et de leur incidence sur l'obésité juvénile. Vous avez en outre suggéré le paiement d'une redevance par les fabricants de boissons sucrées. Est-ce que la redevance que vous proposez s'appliquerait à l'échelon fédéral?

M. Larsen : Je pense que cela pourrait se faire à plusieurs niveaux, aussi bien au fédéral que dans les provinces.

Manuel Arango, membre du conseil d'administration, Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada : Pour les boissons sucrées, on pourrait instaurer une taxe d'accise ou une taxe sur les ventes des fabricants, tant au niveau provincial qu'à l'échelle fédérale. Nous encourageons tous les ordres de gouvernement à envisager de telles mesures.

Le sénateur Eggleton : Comment détermineriez-vous ce qui serait visé exactement par cette taxe? Serait-ce la quantité de sucre ajouté, ou bien utiliserait-on une autre méthode de calcul?

M. Arango : Il y a différentes façons de procéder. Il pourrait s'agir d'une taxe sur le volume en fonction de la quantité de sucre que contient le produit. Il serait toutefois plus facile de déterminer la taxe qui s'applique à tous les produits faisant partie des « boissons sucrées » suivant la définition que l'on établirait pour cette catégorie.

À notre avis, cette définition de « boissons sucrées » pourrait englober les boissons édulcorées, celles qui sont prêtes à servir, le café, les boissons gazeuses, le jus, les boissons énergisantes et les eaux vitaminées, soit toutes les boissons renfermant des sucres libres. Nous souhaiterions que la taxe puisse s'appliquer à ces produits-là.

Le sénateur Eggleton : D'autres témoins nous ont parlé d'une interdiction de la publicité, mais il n'en est pas question dans votre mémoire. J'aimerais aussi avoir le point de vue de M. Deschênes, car cela existe déjà sous une certaine forme au Québec.

Êtes-vous favorable à l'interdiction de la publicité destinée aux enfants? Je ne vois rien à ce sujet. Je sais que vous avez dit que notre volonté de protéger les enfants doit passer par un constat de l'évolution constante de la gamme des techniques de marketing numérique. Ainsi, on ne se limite plus à la télévision; il y a toutes les autres plateformes électroniques. Pouvez-vous nous en dire plus long à ce sujet?

M. Larsen : Certainement. Depuis de nombreuses années, nous réclamons dans nos discussions avec les hauts fonctionnaires du ministère de la Santé et de l'Agence de la santé publique du Canada une interdiction de la publicité destinée aux enfants. Nous sommes donc tout à fait favorables à une mesure semblable.

Je n'y ai pas trop fait allusion car, si une telle intervention est nécessaire, elle ne va pas sans de nombreuses complications. Comme je l'indiquais, la Loi sur la protection des consommateurs a été efficace en milieu francophone au Québec. Malheureusement il ne suffit pas simplement de reproduire cette approche dans les autres provinces et territoires. Le problème est notamment attribuable à la diffusion des publicités qui nous viennent des États-Unis en langue anglaise. C'est pour cette raison que la loi a été moins efficace dans les régions anglophones.

Quand on pense à l'Internet — et au fait que les enfants sont exposés à la publicité dans les jeux vidéo, sur l'écran de leur téléphone et un peu partout —, on se rend bien compte que la tâche ne sera pas facile, mais il y a certains exemples de situations où l'on est parvenu à contrôler l'Internet au sein de notre société. Il y a des moyens d'y parvenir.

Le sénateur Eggleton : J'aimerais savoir ce que M. Deschênes pense de l'efficacité du régime en place au Québec. Toutes les publicités destinées aux enfants sont interdites. Certains font valoir que l'on vise les boissons sucrées ou la malbouffe, mais la loi québécoise interdit bel et bien toutes les formes de publicité destinée aux enfants de moins de 13 ans.

Est-ce que c'est efficace? Les fabricants veulent faire la promotion de leurs produits et ils s'efforcent de trouver des moyens de contourner la réglementation. Ils vont trouver une façon de s'y prendre autrement. Pouvez-vous nous dire ce que vous en pensez?

[Français]

M. Deschênes : À mon avis, la loi a des effets bénéfiques en interdisant de faire de la publicité auprès des enfants. Malheureusement, comme l'a affirmé mon collègue, M. Larsen, les jeunes ont toutes les occasions possibles d'être influencés par de telles publicités, notamment sur les réseaux sociaux. Selon moi, c'est là que doit commencer l'éducation. Il est essentiel d'impliquer le milieu scolaire. L'enfant est bombardé de nombreuses publicités, mais il doit être capable de faire des choix santé. Nous ne sommes pas contre les McDonald's de ce monde ni la poutine. Dans notre jargon, on parle de mets d'exception. De temps en temps, c'est correct. Le problème, c'est lorsque les jeunes en consomment tous les jours. Il faut les amener à faire des choix santé et, à ce titre, la loi est très bénéfique.

Au Québec, nous avons la Coalition québécoise sur la problématique du poids, qui fait beaucoup de lobbying pour taxer les boissons sucrées, qui sont très populaires auprès des jeunes adolescents. Cette coalition travaille très fort sur le zonage. Au Québec, lorsque la politique interdisant la vente d'aliments qui ne sont pas santé est entrée en vigueur, de nombreux restaurants-minute ont vu le jour près des écoles secondaires, particulièrement dans les milieux défavorisés. Il faut sensibiliser les jeunes en milieu scolaire aux effets bénéfiques de manger sainement en mettant l'accent sur l'aspect attrayant et la diversité des aliments santé. Il s'agit d'adopter une approche multistratégique. Nous ne pouvons disposer d'un seul créneau. Il faut une loi, des gens qui font des moyens de pression et qui font de la sensibilisation auprès des enfants, des parents et des partenaires. C'est ce qui va mener à des résultats concrets. La loi aide à restreindre cet aspect.

[Traduction]

La sénatrice Seidman : Monsieur Larsen, vous représentez une alliance regroupant quelques-unes des organisations les plus influentes au pays. Vous avez indiqué que vous vous employez notamment à préconiser la mise en œuvre de politiques et de programmes fondés sur des données probantes. Vous vous efforcez en outre de mettre en commun les connaissances au sujet des pratiques qui ont fait leurs preuves. J'aimerais justement savoir quelles sont ces pratiques, car nous voudrions bien sûr en tenir compte dans les recommandations que nous allons formuler. Pouvez-vous nous donner des exemples de ce que vous avez pu observer? Après tout, votre alliance existe depuis 2001. Que pouvez-vous nous dire au sujet des mesures qui produisent des résultats?

M. Larsen : Certainement. L'Agence de santé publique du Canada a sans doute mis au point l'un des outils les plus précieux à notre disposition en créant le Portail canadien des pratiques exemplaires. L'agence a fait le nécessaire à cette fin en parcourant les provinces, les territoires et les municipalités à la recherche de pratiques dont elle a évalué l'efficacité pour pouvoir mettre en vitrine les mesures prises à l'échelle communautaire et provinciale en vue de favoriser des modes de vie plus sains, une activité physique accrue et une meilleure alimentation. On peut maintenant se rendre sur le portail pour savoir ce qui se fait de mieux au Canada.

C'est donc une ressource intéressante à consulter, même si toutes les initiatives menées au pays n'y sont pas nécessairement recensées. Je peux vous donner quelques exemples de ce qu'on peut y trouver.

En Colombie-Britannique, le gouvernement provincial a financé la mise en œuvre d'un programme conçu pour inciter les enfants à se méfier du sucre. Je ne sais pas si vous avez entendu parler de cette initiative qui s'intitule Sois futé, bois santé! L'un des témoins que vous avez entendu dans le cadre de la présente étude, Tom Warshawski, de la Colombie-Britannique, a joué un grand rôle dans la création de ce programme qui produit vraiment de bons résultats. Il vise à sensibiliser les élèves de la quatrième à la sixième année à l'omniprésence du sucre dans de nombreux aliments. Il arrive que l'on ne se rende même pas compte qu'une boisson gazeuse type peut renfermer de 9 à 13 cuillerées à thé de sucre. Ne seriez-vous pas étonné de voir votre voisin de table au Starbucks ajouter de 9 à 13 cuillerées de sucre à son café? Mais nous n'y pensons même pas en buvant une boisson gazeuse de taille régulière, et je ne vous parle pas des formats géants. Sois futé, bois santé! est un bon exemple de programme amusant qui permet de sensibiliser les enfants de façon concrète et durable.

Grâce au financement obtenu du Partenariat canadien contre le cancer, notre alliance a créé un programme connexe intitulé Sois futé, écran fermé! Ce programme qui ciblait également les jeunes de la quatrième à la sixième année voulait les sensibiliser à l'importance de l'activité physique. Ainsi, si Sois futé, bois santé! visait les boissons sucrées comme apport énergétique, Sois futé, écran fermé! était axé davantage sur la dépense énergétique. Nous voulions que les enfants se rendent compte du peu d'énergie qu'ils dépensent en restant assis devant un écran. Ce ne sont là que deux exemples des excellentes mesures que l'on peut retrouver sur le Portail canadien des pratiques exemplaires.

Je tiens d'ailleurs à féliciter les responsables du portail qui ont ouvert au cours des derniers mois une nouvelle section sur les Méthodes autochtones éprouvées. On y recense toutes sortes d'interventions particulièrement efficaces dans les communautés autochtones.

La sénatrice Seidman : Merci beaucoup.

Monsieur Deschênes, j'aimerais que vous nous expliquiez comment Québec en Forme a vu le jour. Qu'est-ce qui est à l'origine de cette initiative? Le programme fait assurément partie des mesures efficaces dont M. Larsen vient de nous parler en ce sens qu'il est multisectoriel et qu'il fait intervenir l'ensemble de la société.

Comment a-t-il vu le jour? Qu'est-ce qui a mené à sa création? Il s'agit peut-être d'une pratique efficace dont les autres provinces ou les autres régions du pays pourraient s'inspirer.

[Français]

M. Deschênes : C'est un amalgame intéressant. Il faudrait parler de M. André Chagnon, le président de la Fondation Lucie et André Chagnon, l'ancien propriétaire de Vidéotron. Lorsqu'il a vendu Vidéotron, il a réalisé des profits de 1,8 milliard de dollars. Il a consacré 1,4 milliard de dollars pour créer une fondation afin de venir en aide aux jeunes démunis du Québec.

Selon eux, si on veut travailler sur la pauvreté, il faut que les enfants restent à l'école et bougent plus. Si on parle de persévérance scolaire et de réussite éducative, il faut que les enfants aient de saines habitudes de vie. L'amalgame est parti de cet esprit. Il y a eu le rapport Perreault et la charte d'Ottawa. Il est important de parler de la charte d'Ottawa.

Il y a eu ensuite le rapport Perreault, fait avec la collaboration de M. Chagnon. Ils ont conclu qu'un fléau était présentement en train de s'installer au Québec en ce qui touche l'obésité et l'embonpoint et se sont demandé s'ils pouvaient faire équipe ensemble, soit le gouvernement du Québec et une fondation privée. Il faut dire qu'à ce moment-là. M. Charest était le premier ministre du Québec, et qu'il y a eu le plan d'action gouvernemental. On s'apercevait que ce n'était pas juste le ministère de la Santé qui pouvait s'occuper des saines habitudes de vie, que c'était multiministériel.

Dans le plan d'action gouvernemental de 2006-2012 se retrouvaient 75 initiatives, concernant tant le ministère des Transports, pour les pistes cyclables, que d'autres ministères comme le MAPAQ, pour toute la question de l'alimentation, ou le ministère de la Famille; sept ministères à l'époque étaient impliqués dans le plan d'action gouvernemental. Cela est arrivé au deuxième mandat; pour le premier mandat, soit de 2002 à 2006, il s'agissait vraiment d'une expérimentation. Mais à partir de 2007, il s'agissait quand même de 400 millions de dollars; le gouvernement a investi 200 millions de dollars dans le projet et, la fondation, 200 millions de dollars, pour une période de 10 ans.

C'était vraiment intéressant, parce qu'on se disait que ce n'était pas seulement quelque chose qui était envisagé à court terme, qu'on était capable de faire un changement échelonné sur 10 ans. On sait que, pour faire un changement dans une société, cela prend environ 20 ans, selon des études. On est là depuis presque 15 ans, donc c'est déjà beaucoup, et on est très choyé d'avoir eu un tel mandat. La genèse est donc partie de là; c'est à l'initiative d'un entrepreneur qui croyait beaucoup aux saines habitudes de vie, et c'est aussi en lien avec la pauvreté.

Au départ, on ne se retrouvait que dans les milieux défavorisés; par la suite, on est devenu populationnel avec le gouvernement du Québec, mais on a toujours eu un intérêt pour les communautés défavorisées du Québec afin de favoriser la réussite éducative.

[Traduction]

La sénatrice Seidman : Je vous remercie. Je présume que vous mesurez d'une manière ou d'une autre les répercussions de ce programme. Vous devez recueillir des données au fil des ans pour témoigner des changements qui interviennent en espérant qu'ils soient permanents, comme vous l'avez indiqué. Est-ce bien ce que vous faites?

[Français]

M. Deschênes : Oui. On a recueilli pendant toutes ces années beaucoup d'informations. Nous en sommes maintenant, comme je le disais, à la dernière phase du projet Québec en Forme, donc on veut colliger tout cela pour en connaître les retombées.

En ce qui a trait à l'évaluation, des gens travaillent chez nous, en collaboration avec le gouvernement et la fondation, afin de connaître la plus-value de tout cela, afin de préciser ce qu'on pourrait retirer de ces apprentissages et afin de faire des recommandations pour faire les choses différemment.

Au début, c'était expérimental et on a fait des essais-erreurs; c'était vraiment un projet d'innovation. Les communautés ont fait beaucoup d'essais-erreurs. On a développé des projets, par exemple, en ce qui a trait à la motricité chez les jeunes enfants de 4 à 6 ans; des projets sur le leadership des jeunes des cycles secondaire et primaire. On a étudié toute la saine alimentation des marchés publics. On a plein de projets provinciaux, comme le programme Jeunes pousses, à savoir comment on parle des pousses avec les jeunes à l'école; le programme Les ateliers cinq épices; le programme La Tablée des Chefs qui est fait avec de jeunes adolescents et qui vise à savoir comment préparer de la nourriture.

Concernant toute la question de la sensibilisation et de la formation, nous avons capté plusieurs choses et nous disposons de plusieurs éléments. Certains parlent d'un livre. On travaille à colliger le tout dans la dernière phase du projet, soit d'ici les deux prochaines années, afin de voir les retombées et de déterminer s'il y aura des suites.

L'objectif initial n'était pas d'investir autant d'argent à long terme; c'était de partir une machine. Elle est bien partie, et les communautés sont solides. La question est de savoir comment on peut maintenant donner de l'oxygène à ces communautés par la suite; cela coûtera beaucoup moins cher,selon nous, mais nécessitera tout de même des sommes d'argent afin d'appuyer cette mobilisation au Québec, tant au niveau local, régional que national.

[Traduction]

La sénatrice Seidman : Avez-vous des données provisoires ou des résultats que vous pourriez nous communiquer ultérieurement?

[Français]

M. Deschênes : Je ferai un suivi à ce sujet. Dans le document que je vous ai offert, on retrouve plusieurs pistes, mais le document date de 2008-2009. On pourrait donc trouver d'autres éléments, et je me ferai un plaisir d'envoyer l'information à qui de droit.

[Traduction]

Le sénateur Enverga : Merci pour vos exposés. Il est beaucoup question des boissons sucrées, et on suggère à cet effet toutes sortes de mesures comme la réduction de leur taille, l'augmentation des taxes ou l'interdiction de la publicité visant les enfants à cet égard.

Quelqu'un m'a déjà demandé pourquoi on n'adoptait pas de mesures législatives obligeant les fabricants à réduire la teneur en sucre de ces boissons. Croyez-vous que cela soit possible? Pensez-vous que cela fonctionnerait? Ainsi, au lieu d'ajouter 13 cuillérées de sucre, on pourrait n'en mettre qu'une ou deux.

M. Arango : C'est assurément une approche envisageable. Tant pour les aliments que pour les boissons, nous pourrions certes obtenir des résultats en obligeant les fabricants à revoir la teneur de leurs produits lorsque cela est possible. L'exemple des gras trans est révélateur. De nombreux pays ont réglementé la quantité maximale de gras trans dans les aliments. Cette façon de procéder s'est révélée efficace. On pourrait faire la même chose avec le sucre.

Le sénateur Enverga : C'est formidable.

Monsieur Deschênes, vous avez dit avoir travaillé avec les Premières Nations et les Autochtones. Est-ce que les résultats que vous obtenez dans ces communautés sont comparables? Est-ce que les enfants autochtones risquent davantage d'être obèses? Comment se compare la situation de ces enfants à celle des autres Canadiens de leur âge?

[Français]

M. Deschênes : Dans le cas des Premières Nations, des études prouvent la prévalence du diabète de type 2 et de l'embonpoint. On remarque beaucoup d'embonpoint dans plusieurs communautés autochtones; la sédentarité y est très forte, surtout pour la jeune génération. L'approche est la même. La seule différence, c'est qu'il faut constamment adapter nos façons de faire avec eux.

Je sais, pour avoir œuvré sur le terrain avec les Inuits, les Cris et les Premières Nations, que le langage doit être différent. Le sentiment de communauté, ils l'ont déjà, et ils reconnaissent l'importance des jeunes. Il faut tabler là-dessus. Comment peut-on offrir de l'aide? Avec la même approche, celle de la communauté. Les problèmes sont énormes. Souvent, l'enjeu, c'est que le fait de parler de saines habitudes dans un milieu où les problèmes sociaux sont importants n'est pas toujours évident et que ce n'est pas facile de placer ces préoccupations dans l'échelle des priorités. Mais quand on s'aperçoit que cela peut être préventif en ce qui concerne les jeunes, cela devient très gagnant.

Nous avons vraiment adapté notre approche pour les Premières Nations. On travaille beaucoup avec les organisations autochtones, comme la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador. On travaille beaucoup avec les Inuits et les Cris, et avec les organisations qui nous aident à faire en sorte de mener des actions porteuses dans ces communautés.

En ce qui a trait à la problématique de l'obésité, c'est la même chose. La seule différence est liée à la façon de le faire avec la communauté et comment on y travaille. Pour les communautés autochtones, il est certain qu'il faut adapter notre approche. Nous l'avons fait, et cela donne des résultats intéressants pour eux également.

[Traduction]

Le sénateur Enverga : Pouvez-vous nous parler des résultats de vos études?

[Français]

M. Deschênes : Par exemple, il y a trois communautés cries près de Chibougamau où des camps de leadership sont organisés pour les jeunes. Ce sont de jeunes autochtones avec lesquels on travaille et qui en deviennent les futurs animateurs. Dans leur formation d'animateur, on parle des saines habitudes de vie. On veut qu'ils deviennent des leaders, des modèles dans leur communauté. Si ces jeunes deviennent des modèles, un jour ils seront des parents et des leaders dans leur communauté.

Il y a aussi l'aspect touchant tout le développement moteur dans les centres de la petite enfance. On y fait de la psychomotricité et du développement moteur chez les jeunes. Il a y a donc de la formation auprès des éducatrices et de la direction pour qu'elles mettent en place des façons de faire. Le but n'est pas de changer les choses, mais quelquefois d'ajouter des éléments en lien avec les saines habitudes de vie, comme la saine alimentation. Pour les enfants, on appelle cela le jeu libre, comme des activités permettant de faire la découverte des goûts et d'amener les jeunes à découvrir d'autres goûts que le sucre. Les enfants sont très attirés par le sucre, mais est-ce qu'on peut développer d'autres goûts? À ce moment-là, encore une fois, je le répète, c'est en lien avec l'éducation des jeunes et avec une structure qui fait en sorte qu'on aide ces jeunes à se positionner dans des environnements favorables aux saines habitudes de vie.

[Traduction]

M. Arango : J'ajouterais qu'il est bien évidemment important de favoriser des modes de vie sains en s'attaquant aux facteurs de risque dans les collectivités autochtones, mais que bon nombre d'entre elles vont vous dire que leur plus gros problème, c'est la pauvreté.

Il est vraiment primordial d'agir sur les déterminants sociaux de la santé. Si vous êtes pauvres et n'avez pas assez d'argent pour acheter des aliments sains, c'est problématique. Nous devons bien sûr d'abord nous assurer que des produits alimentaires sont effectivement accessibles, un élément qui peut être problématique dans les collectivités éloignées du Nord. Il faut adopter des politiques en ce sens, mais il faut aussi intervenir au niveau des déterminants de la santé et de la pauvreté.

La sénatrice Raine : Un grand merci pour votre présence aujourd'hui et votre contribution à notre étude.

Monsieur Larsen, j'aimerais me faire une idée plus générale des efforts déployés par l'Agence de la santé publique du Canada depuis toutes ces années pour promouvoir des modes de vie plus sains dans le cadre des partenariats plurisectoriels. Est-ce que tous les groupes préconisant une vie plus active participent à ces partenariats? J'aimerais aussi en savoir plus long au sujet de la COALITION dont vous nous avez parlé. Pouvez-vous nous donner des détails sur ces deux programmes?

L'Agence de la santé publique du Canada répète à qui veut bien l'entendre qu'elle est l'instance fédérale qui devrait être responsable de la prévention en matière de santé.

M. Larsen : C'est exact. Je vais d'abord vous parler de la COALITION — Connaissances et action liées pour une meilleure prévention. C'est une plateforme vraiment novatrice que le Partenariat canadien contre le cancer a établie il y a environ six ans et demi dans le but de mettre en commun les connaissances, les données et l'expérience pratique quant aux mesures qui produisent des résultats de manière à rendre le tout accessible aux décideurs, aux chercheurs et à tous ceux qui peuvent en faire bon usage.

C'est dans cette optique que l'on a créé la COALITION afin de mobiliser chercheurs, décideurs, praticiens et membres de la collectivité aux fins de la planification des interventions et du déploiement des méthodes qui ont fait leur preuve. C'est une initiative qui n'a pas son équivalent ailleurs dans le monde. On a même fait une recherche planétaire sans trouver un endroit où l'on avait mis à l'essai une approche semblable.

Les résultats ont été vraiment probants. Sauf erreur de ma part, on a ainsi financé au départ cinq projets COALITION, et notre alliance était responsable de l'un deux, tout comme la Fondation des maladies du cœur. Notre projet misait sur la collaboration aux fins de toute une gamme d'activités visant à lutter contre l'obésité juvénile, alors que celui de la Fondation des maladies du cœur portait sur l'environnement bâti.

La démarche s'est révélée vraiment efficace en mobilisant tous ces secteurs pour une action concertée, une mise en commun des connaissances, une planification conjointe et un travail avec les collectivités qui ont été à l'origine du déploiement des mesures dont l'efficacité avait été établie.

Chose intéressante, ce succès a incité l'Agence de la santé publique du Canada à se pencher sur la façon dont elle finançait différentes interventions. On a amorcé le processus avec ce qu'on a appelé la Stratégie d'innovation dont le modèle de financement, croyez-le ou non, s'inspirait grandement de celui de la COALITION en misant sur la mobilisation des chercheurs, des décideurs et des praticiens.

Il y a un détail important que j'ai négligé de vous donner concernant la COALITION. Les efforts déployés devaient viser plus d'une province ou d'un territoire, ce qui n'allait pas sans certaines complications. Lorsque le modèle de la COALITION a été conçu, je ne travaillais pas encore pour l'Alliance. J'étais alors consultant et, comme le hasard fait parfois bien les choses, j'avais un contrat avec le Partenariat canadien contre le cancer qui a contribué à la conceptualisation du modèle de la COALITION.

Partout au pays, on soutenait qu'il était impossible de travailler dans plus d'une province ou d'un territoire à la fois. On disait que c'était trop compliqué. Il est déjà difficile pour des universités ayant chacune leur culture propre de collaborer à des travaux de recherche, alors vous pouvez imaginer à quel point il peut être compliqué pour deux provinces de travailler ensemble à une telle initiative. Les gens disaient qu'ils ne pouvaient tout simplement pas le faire. C'est pourtant bel et bien ce que nous avons fait, et les résultats sont excellents.

Une approche similaire a donc été adoptée pour la Stratégie d'innovation, un programme de financement de l'Agence de la santé publique du Canada pendant que la COALITION reconduisait les projets initiaux avec du nouveau financement pour deux années additionnelles. On vient tout juste d'octroyer des fonds pour toute une série de nouveaux projets qui en sont rendus à la moitié de leur mandat de trois ans.

Est-ce que cela répond assez bien à votre question?

La sénatrice Raine : Oui, mais cela m'amène à m'interroger sur un autre point. Vous dites qu'ils en sont à la deuxième année d'un projet de quatre ans alors que, si j'en crois M. Deschênes, il faut compter de 15 à 20 ans. Je vois sans cesse de ces programmes efficaces qui ont à peine le temps de se mettre en marche et de prendre leur vitesse de croisière que le moment est déjà venu de penser aux mesures qui les remplaceront. C'est sans cesse à recommencer, et on perd toute l'énergie accumulée. Il y a pourtant des tas de gens très compétents qui aimeraient bien pouvoir travailler ensemble tant et aussi longtemps que l'on ne sera pas venu à bout de ce fléau. Comment pourrions-nous rendre cela possible?

J'ai l'impression que Québec en Forme profite d'une plus grande marge de manœuvre grâce à cette fondation du secteur privé qui travaille dans une perspective à long terme.

M. Larsen : Je suis heureux que vous posiez la question, car c'est une autre des caractéristiques uniques et importantes du modèle de la COALITION, de la Stratégie d'innovation et des partenariats multisectoriels de l'Agence de la santé publique du Canada. Ainsi, la planification, la mise en œuvre et la présentation de rapports doivent se faire dans une optique de viabilité à long terme. Il y a un vieil adage qui dit que le Canada est un pays de projets pilotes. Nous ne voulons pas que l'histoire retienne de nous que nous avons réalisé toute une série de projets pilotes qui ont semblé efficaces pendant trois, quatre ou cinq ans avant de disparaître.

Dès le départ, les équipes de projet, y compris celle dont je faisais partie, ont dû mettre en place les conditions nécessaires pour s'assurer que ces initiatives puissent un jour voler de leurs propres ailes. Il est possible qu'elles n'aient plus alors accès aux millions de dollars qui ont été investis dans leur démarrage, mais une fois qu'elles se sont assuré le soutien des chefs de file locaux et que les administrations municipales et provinciales ainsi que les autres bailleurs de fonds ont pu constater leur efficacité, le coup de pouce nécessaire ne manque pas d'être donné.

Encore une fois, il s'agit d'une autre initiative à laquelle tous se sont opposés. Ils ont dit : « Ce sera difficile. Je ne crois pas que l'on puisse faire cela, car il faut beaucoup d'argent. Il nous faut beaucoup d'argent, sinon rien ne sera fait. » Nous savons que ce n'est pas toujours le cas. Dès que vous faites la démonstration que c'est possible, les bailleurs de fonds se manifestent.

[Français]

M. Deschênes : Le fait qu'il y ait eu une collaboration avec l'entreprise privée, et un bailleur de fonds privé a eu deux avantages, selon moi. Ils ont apporté l'élément visant à arriver à des résultats sur une période de 10 ans. Le fait de disposer de 10 ans, dès le départ, était un atout. Nous n'aurions pas pu faire ce que nous avons fait jusqu'à présent en deux ou trois ans. Il aurait été impossible de mettre en place les choses prend environ cinq ans. Entre la cinquième et la huitième année, il s'agit de placer les ancrages comme il se doit, et c'est entre la huitième et la dixième année que nous évaluons ce que nous pouvons léguer. Il y aura peut-être quelque chose qui suivra, mais pas avec la même intensité que nous vécue pendant 10 ans.

La période de dix ans était stratégique. Lorsque j'ai signé le contrat, je savais qu'il y allait avoir une fin. Je n'aurais pas travaillé de la même façon si j'avais su qu'un jour je ne serais plus présent. Dès le départ, je me suis demandé comment je pouvais rendre les gens, les communautés et les autres partenaires responsables. Dans mon attitude et ma façon de travailler, je n'étais pas là pour faire grossir mon organisation, mais pour donner plus de possibilités. Toute la stratégie était axée en ce sens, afin de renforcer la capacité d'agir des communautés et les décisions. Comme M. Larsen le soulignait, il s'agit d'outils pédagogiques, d'outils offerts sur le Web, et de campagnes, toujours dans l'esprit de renforcer la capacité d'agir pour que, le jour où nous ne serons plus là, d'autres puissent prendre la relève. Il y aura probablement autre chose, mais peut-être pas à la même hauteur que maintenant, sinon c'est comme une routine, ce qui n'est pas toujours gagnant.

Il y avait des visionnaires à l'époque, et il faut dire que le gouvernement était visionnaire également, comme en témoigne son investissement sur 10 ans. Les gens à l'époque avaient une belle vision selon laquelle ils voulaient mettre quelque chose en place pour 10 ans, en sachant qu'il faudrait de 15 à 20 ans pour faire un changement de société, mais ils ont décidé de donner un élan pour 10 ans, après un projet pilote de quatre ans. Or, nous en constatons les résultats aujourd'hui, qui sont tangibles. Je crois que l'idée n'est pas de rendre le projet permanent, mais d'en faire durer les effets le plus longtemps possible, avec un objectif de transfert et de capacité d'agir. Dès le départ, notre mentalité était de donner du pouvoir aux gens, et c'était à nous de leur donner des outils pour faire leur travail.

La sénatrice Chaput : Monsieur Deschênes, je regardais le document, la plateforme. Si je comprends bien, il y a deux piliers sur lesquels vous avez construit votre stratégie, qui sont l'alimentation et l'activité physique des jeunes.

M. Deschênes : Oui.

La sénatrice Chaput : Ensuite, on développe les stratégies et les intervenants. Est-ce que vous seriez d'accord pour dire que ce sont aussi deux piliers très importants?

M. Deschênes : Ce sont deux piliers essentiels. De là à savoir si ce sont les seuls, peut-être pas; il y a d'autres piliers importants.

La sénatrice Chaput : Diriez-vous qu'ils sont essentiels pour combattre l'obésité?

M. Deschênes : Oui, parce que le niveau d'embonpoint d'un enfant qui bouge et qui mange bien est moindre.

La sénatrice Chaput : Il existe au Québec une loi qui interdit les annonces publicitaires qui s'adressent aux enfants de moins de 13 ans. Existait-elle au début de votre mandat en 2007?

M. Deschênes : De mémoire, oui.

La sénatrice Chaput : Donc, vous pouviez déjà travailler avec cette loi.

M. Deschênes : Oui

La sénatrice Chaput : Si j'ai bien compris, vous avez dit que le gouvernement du Québec avait un plan.

M. Deschênes : Oui.

La sénatrice Chaput : Le plan que vous avez développé avec la fondation était-il basé sur le plan du Québec, ou avez-vous développé le vôtre pour faire autre chose ensuite?

M. Deschênes : Non. Le plan d'action gouvernemental date de 2006 à 2012. Le deuxième mandat de Québec était en 2007 et il était directement appuyé sur la base d'un plan d'action gouvernemental, à l'époque où M. Couillard était ministre de la Santé. M. Couillard avait signé au nom de tous les ministères le plan d'action gouvernemental, et cette loi qui instituait le fonds Québec en Forme avait été adoptée à l'unanimité. C'était directement appuyé par cette loi et ce partenariat avec la fondation.

La sénatrice Chaput : D'accord. J'aimerais pousser votre réflexion plus loin maintenant. Vous avez dans votre document les objectifs et les stratégies, et ensuite vous avez les volets local, régional et provincial. Admettons qu'on ajoute un volet fédéral. Nous sommes au comité sénatorial, donc au palier fédéral, et nous tentons de voir quelle serait la responsabilité du gouvernement fédéral et de quelle façon on pourrait appuyer le combat de l'obésité au Canada.

Comment le gouvernement fédéral pourrait-il venir s'ajouter à une stratégie quelconque pour combattre l'obésité?

M. Deschênes : C'est une très bonne question. Comme on parlait tantôt de l'accessibilité aux denrées, dans certaines communautés à l'époque, que ce soit sur la Côte-Nord, avec les Inuits, il y avait eu un financement du gouvernement fédéral en faveur de l'accessibilité des aliments; lorsque deux litres de Pepsi coûtent moins cher qu'un litre de lait, il est évident que certaines familles choisiront les deux litres de Pepsi. À une époque, au gouvernement fédéral, il existait une loi qui aidait les communautés à obtenir des aliments à moindre coût. Donc, en ce qui a trait à toute la question de l'accessibilité, aux politiques, aux lois et à la réglementation, peut-être dans certains endroits publics, comme on l'a vu au Québec. Au départ, certains hôpitaux n'avaient pas de politique de saine alimentation.

Donc, y a-t-il des politiques à mettre en place dans les organisations gouvernementales fédérales où on préconise de saines habitudes de vie? Lorsqu'on parle de saines habitudes de vie, pour les adultes, le fait d'avoir une douche dans le milieu de travail aide les gens à faire de l'activité physique pendant les heures de bureau. Beaucoup d'entreprises québécoises ont mis en place ce genre d'installations pour aider les travailleurs. Si un travailleur se met en forme, et qu'il est parent, ses enfants verront qu'il s'entraîne. C'est cette société qui peut faire quelque chose. Encore une fois, est-ce que les institutions fédérales auraient une politique au niveau des saines habitudes de vie? Les cafétérias au sein des organisations ne sont peut-être pas toujours des plus favorables. Il s'agit encore une fois d'une question d'image.

Alors, je vous répondrai spontanément avec toute ma naïveté que, selon moi, il y aurait plusieurs choses pour appuyer tout cela. Comme je le disais, le Canada est une société globale. Alors, comment le gouvernement fédéral peut-il appuyer ce qui se passe dans les provinces, et les provinces dans les municipalités et les localités, et cetera.

La sénatrice Chaput : Monsieur Larsen, avez-vous quelque chose à ajouter au sujet de ce que le gouvernement fédéral pourrait faire pour combattre l'obésité?

[Traduction]

M. Arango : Notre collègue de Québec en Forme a soulevé plusieurs choses, notamment les restrictions en matière de publicité. C'est un dossier dans lequel le gouvernement pourrait intervenir. Il pourrait faire en sorte que les aliments malsains soient moins attrayants et moins abordables et que les aliments sains soient plus abordables en adoptant des politiques fiscales à cet égard ou en offrant des subventions agricoles.

Mon collègue a également parlé des politiques en matière d'approvisionnement alimentaire. Une coalition à laquelle je me suis joint a demandé au gouvernement fédéral d'adopter une politique en matière d'approvisionnement d'aliments sains pour les institutions fédérales. Évidemment, cela ne toucherait que les fonctionnaires fédéraux et non tout le pays, mais c'est un bon début.

Le gouvernement pourrait adopter plusieurs mesures, notamment pour influencer les prix, et faire la promotion — il pourrait faire ce genre de choses.

La sénatrice Chaput : Merci.

La sénatrice Nancy Ruth : J'aimerais vous poser à tous une question au sujet de l'influence, notamment dans le Canada anglais, des publicités à la télévision américaine et de leur impact sur la situation. Vos organisations ou les provinces où vous êtes ont-elles eu des discussions avec des agences américaines à cet égard? Quelles ont été les conclusions? Quel est le processus auquel vous participez?

M. Arango : La publicité transfrontalière se fait partout dans le monde, que ce soit pour les produits du tabac ou les aliments malsains, les aliments et les boissons. Toutefois, en ce qui a trait aux produits du tabac, dans le cadre d'un traité international, une entente a été conclue sur la façon d'aborder les publicités transfrontalières. Les pays peuvent conclure des ententes bilatérales pour contrôler ce genre de publicité.

Il serait possible de faire quelque chose de semblable en ce qui concerne la publicité sur les aliments et les boissons qui ciblent les jeunes. Au bout du compte, malgré les publicités et les promotions qui viennent d'ailleurs, il est possible d'adopter des mesures nationales pour limiter la promotion d'aliments et de boissons sur nos propres chaînes.

Il faut attaquer la question sur deux fronts : mettre en place des mesures de contrôle nationales et conclure des ententes visant à limiter les publicités étrangères.

La sénatrice Nancy Ruth : J'aimerais également vous poser une question au sujet du rendement, notamment sur vos efforts au Québec en ce qui a trait aux sexes. Quel est l'écart entre le taux de réussite chez les jeunes hommes et les jeunes femmes et aussi dans les collectivités autochtones? Compilez-vous ce genre de statistiques? Avez-vous une ventilation des taux de réussite? Avez-vous une ventilation selon les sexes?

[Français]

M. Deschênes : Pas vraiment, dans le fond. On pourrait avoir le nombre d'activités qui se font dans les communautés autochtones. On a toutes les statistiques des actions, le nombre de participants, et cetera. Mais de là à savoir le nombre de filles ou de garçons, les études ne sont pas aussi pointues. Par contre, on sait que 10 p. 100 des jeunes filles de 12 ou 13 ans qui ne sont pas actives le deviendront à 25 ans. C'est pour cette raison que l'on soutient Fillactive, une organisation québécoise qui fait beaucoup de sensibilisation auprès des filles. On sait que ce n'est pas toujours évident pour les adolescentes, surtout dans des groupes mixtes. Il y a un travail à faire pour les filles. C'est essentiel. Cependant, nous n'avons pas de statistiques spécifiques pour les Autochtones, en ce qui concerne les filles par rapport aux garçons.

[Traduction]

La sénatrice Frum : Monsieur Deschênes, dans le document impressionnant que vous nous avez fourni, vous soulignez deux statistiques intéressantes. D'abord, vous dites qu'un enfant sur deux au Québec est inscrit à un programme de garderie où les enfants passent 89 p. 100 de leur temps à participer à des activités sédentaires. Vous dites également que les enfants plus âgés, après l'école, soit entre 15 heures et 18 heures, passent 92 p. 100 de leur temps à participer à des activités physiques d'intensité légère. Ces deux statistiques couvrent toute une journée, soit la période où les enfants sont sédentaires à l'école et celle où ils sont sédentaires après l'école.

D'un point de vue stratégique, sur quoi les gouvernements ou les organismes devraient-ils se concentrer : la période de la journée où les enfants sont à l'école ou à la garderie ou les programmes parascolaires? Qu'est-ce qui est le plus important?

[Français]

M. Deschênes : Je ne crois pas qu'il y en ait un qui soit plus important qu'un autre. Comme je le disais, au départ, il faut une multistratégie, c'est-à-dire que durant les heures de cours, l'enfant peut être sensibilisé aux saines habitudes de vie, alors que durant les récréations et l'heure du dîner, il peut bouger.

Selon l'OMS, un enfant devrait bouger une heure par jour, donc sept heures par semaine. Quand j'étais sur le terrain, je posais la question suivante à nos partenaires : si l'enfant bouge deux heures par semaine dans ses cours d'éducation physique, que peut-on faire de plus? La réponse la plus simple : marcher pour se rendre à l'école.

À l'époque, tout le monde marchait pour aller à l'école; aujourd'hui, très peu d'enfants marchent pour aller à l'école. Pourquoi? Parce que les parents craignent pour la sécurité de leurs enfants. Les municipalités pourraient créer des trajets sécuritaires en déblayant la neige adéquatement, par exemple. Au Québec, il y a une organisation qui s'appelle Trottibus. C'est comme un autobus, mais en marchant. Des personnes âgées ou des bénévoles marchent avec les enfants jusqu'à l'école pour les sécuriser. Si l'enfant marche 15 minutes le matin et le soir, c'est 30 minutes par jour.

En outre, dans plusieurs services de garde au Québec, à l'époque, avant l'arrivée de Québec en Forme et d'autres partenaires, les enfants faisaient du bricolage en attendant que les parents arrivent, alors qu'on aurait pu les faire bouger au gymnase ou dans la cour d'école. Il y avait des surveillants et non pas des animateurs. N'aurions-nous pas pu aider ces surveillants à devenir des animateurs?

On a aussi mis en place dans les écoles des leaders — on les appelle des acti-leaders. Ce sont des jeunes qui font de l'animation auprès des enfants après les heures de classe. Bref, pour répondre à votre question, il n'y a pas un endroit plus stratégique qu'un autre. L'idée, c'est d'offrir plusieurs possibilités pour faire bouger les jeunes durant le jour.

On peut aussi faire des activités dans la classe. Il n'y a pas que le professeur d'éducation physique qui peut faire bouger les enfants. Ce n'est pas vrai. En Abitibi, ils font des pauses actives. Un jeune se lève durant la classe et déclare une pause active, il met de la musique et les jeunes bougent durant cinq minutes. Après on reprend les cours.

C'est l'amalgame de tout cela, la multiplicité de toutes ces actions qui donnera des résultats. Il faut offrir plusieurs possibilités de bouger aux jeunes. Pour résumer : se rendre à l'école à pied; et que l'école soit animée durant les récréations, la pause-repas, pendant et après les heures de classe.

On parle beaucoup de l'école — et c'est important —, mais une année scolaire comprend 180 jours de classe. Il y a 365 jours dans une année, donc il reste 185 autres jours où l'enfant évolue dans la municipalité, dans les camps d'été ou avec ses parents. Donc, comment créer des environnements favorables aux saines habitudes de vie? C'est un travail collectif, autant de la part de l'école, de la municipalité, du système de santé que des organismes communautaires. C'est ce travail collectif qui fera en sorte que, plus on offrira d'activités aux enfants, plus ils bougeront.

[Traduction]

M. Larsen : Je suis tout à fait d'accord avec M. Deschênes. À l'APMCC, nous ne nous sommes pas concentrés sur un âge ou une fourchette d'âge en particulier. Nous avons choisi de travailler en grande partie avec les enfants et les jeunes, car, selon nous — et les données le démontrent —, plus on commence jeunes à leur inculquer des connaissances et à développer leurs compétences, meilleures sont les chances que celles-ci prennent leur importance à l'âge adulte.

Dans le cadre de mon exposé, j'ai omis de parler de la santé mentale. Je me rends compte que le sujet n'a pas encore été abordé aujourd'hui. Peut-être d'autres témoins l'ont-ils souligné, mais il s'agit d'un autre facteur important concernant les connaissances que nous inculquons aux jeunes et les compétences que nous les aidons à développer. Les jeunes doivent se sentir bien sur le plan psychologique et développer une force de caractère pour pouvoir composer avec le stress qui fait de plus en plus partie de notre vie dans ce monde moderne.

La sénatrice Frum : Je suis heureuse que vous ayez parlé de marcher vers l'école. Comme l'ont souligné plusieurs intervenants, nous tentons de comprendre quelle pourrait être la contribution du gouvernement fédéral dans ce dossier. Vous avez mentionné l'initiative du Mois international Marchons vers l'école dont personne d'autre n'a parlé, à ma connaissance. D'autres témoins sont venus défendre l'idée de marcher vers l'école, une idée que j'appuie, mais cette initiative est nouvelle. Elle est de plus en plus populaire au Québec. En tant que parent, je n'en ai jamais entendu parler en Ontario. Pourriez-vous nous en dire davantage sur cette initiative?

[Français]

M. Deschênes : Dans le fond, le projet que Québec en Forme a financé durant plusieurs années, c'était Trottibus, un organisme provincial qui fait la promotion de marcher sainement à l'école. Il y a aussi l'organisation Vélo Québec qui a créé Ville active — à l'époque, c'était Mon école à pied, à vélo, et qui est devenu Ville active.

Encore une fois, comment valorise-t-on les jeunes pour qu'ils se rendent à l'école à pied? Avec les écoles, on fait un plan de déplacement pour les rendre sécuritaires. Par exemple, on met des balises sur la rue. Il y a donc Trottibus, qui est un organisme provincial au Québec, et Vélo Québec qui a mis en place des projets pour aider les communautés à mettre en place des corridors sécuritaires.

Un bel exemple : à Laval, les six regroupements, en collaboration avec la ville, on fait des plans de déplacement sécuritaire qui servent pour se rendre à l'école toute l'année, mais aussi pour aller au parc les fins de semaine. Ainsi les parents sont rassurés. C'est moins passant pour les autos. On peut sécuriser les transports piétonniers à ce moment-là. Certaines villes ont imprimé des traces de pas sur les trottoirs pour montrer aux jeunes qu'ils peuvent suivre ces trajets de façon sécuritaire. Les enfants peuvent aller sonner aux portes s'ils se sentent en danger. Ce sont des communautés qui prennent soin de leurs enfants.

Je vous dirais que Vélo Québec et Trottibus sont les organisations qui existent au Québec.

[Traduction]

M. Arango : J'aimerais ajouter qu'en Ontario, on travaille à établir des trajets actifs sécuritaires vers les écoles. Il est important d'adopter de bonnes politiques pour s'assurer que le transport des enfants vers les écoles se fait en toute sécurité, mais, pour ce faire, il faut également investir dans les infrastructures.

Plusieurs organisations nationales membres de la Federal Active Transportation Coalition ont demandé au gouvernement fédéral d'investir dans les infrastructures visant à faciliter les déplacements à pied, à vélo ou en transport en commun. En l'absence de trottoirs et de couloirs permettant aux jeunes de se rendre directement aux écoles, les gens seront plus susceptibles d'utiliser leur voiture. Oui, les politiques sont importantes, mais il faut absolument investir dans les infrastructures.

Cette coalition demande au gouvernement d'investir 250 millions de dollars sur trois ans pour l'aménagement de trottoirs et de pistes cyclables, notamment. Nous aimerions que le gouvernement adopte quelque chose de similaire au programme Infrastructure de loisirs du Canada. Un programme semblable pour le transport actif serait fantastique.

Le sénateur Enverga : Monsieur Larsen — et M. Deschênes aussi pourra répondre —, vous avez parlé de la déclaration des Nations Unies sur les MNT — une déclaration adoptée à l'unanimité par les pays membres, en 2011. Dans cette déclaration, l'ONU demande à tous les intervenants, y compris l'industrie, d'adopter des mesures exhaustives et intégrées. Connaissez-vous cette déclaration? Quelles mesures les pays ont-ils adoptées? Y a-t-il des histoires à succès?

M. Larsen : Ce n'est que tout récemment que nous avons commencé à entendre parler de certains progrès dans ce dossier, principalement au Canada. Nous commençons à voir des progrès ici, mais également ailleurs. Très peu de détails ont été partagés pour le moment, mais je suis heureux que vous ayez souligné que la déclaration précise que l'industrie doit faire partie de la solution. Cela me ramène à une de vos questions, sénatrice Raine.

Je n'ai pas entièrement répondu à votre question concernant le mode de financement du partenariat multisectoriel de l'Agence de la santé publique du Canada. L'élément important de cette approche, c'est qu'elle exige un financement équivalent, c'est-à-dire que le secteur privé doit investir la même somme que le gouvernement fédéral. Le Trottibus est un exemple de ce genre d'initiatives multisectorielles.

Pour répondre à une question posée plus tôt sur ce que le gouvernement peut faire pour aider en matière d'obésité, il serait bien de poursuivre sur cette lancée et de continuer à encourager le secteur privé à participer et à faire partie de la solution.

Le président : Monsieur Larsen, pourriez-vous nous expliquer ce que signifie l'acronyme MNT?

M. Larsen : Pardonnez-moi. Les Nations Unies et plusieurs pays européens utilisent l'expression maladies non transmissibles, alors que nous parlons de maladies chroniques.

Le président : Il était important de préciser le contexte.

La sénatrice Raine : Dans l'équation, il y a les calories ingérées et les calories dépensées ainsi que toutes sortes d'interventions nécessaires. Nous connaissons tous quelles sont ces interventions, mais nous ne savons pas vraiment qui est censé les réaliser. Ce que nous savons, c'est que tout le monde doit participer. Je suis heureuse d'apprendre que l'Agence de la santé publique du Canada propose ses pratiques exemplaires — quel est le titre encore?

M. Larsen : Le Portail canadien des pratiques exemplaires.

La sénatrice Raine : Donc, si je tape sur Google « pratiques exemplaires ASPC », je devrais pouvoir trouver le site et obtenir des réponses?

M. Larsen : Oui.

La sénatrice Raine : Il faudrait tout mettre sur un grand mur, toutes les différentes interventions, qui fait quoi, à quel endroit, afin de bien évaluer ce que l'on a. Je me demande toujours comment faire comprendre aux parents qu'il est plus dangereux pour leurs enfants de manger de la malbouffe, de boire des boissons gazeuses et de regarder la télé que d'aller jouer au parc. Ce n'est pas considéré comme de la négligence de la part du parent. Toutefois, si un parent laisse son enfant de sept ans aller jouer seul au parc, ce que je faisais lorsque j'étais jeune, on lui demandera probablement de s'expliquer. Il faut changer cette mentalité.

Il faut rendre les parcs sécuritaires. Peut-être devrait-on embaucher des gardes de parcs pour encourager les jeunes à jouer dans les parcs ou installer des machines à crème glacée qui n'offrent pas de crème glacée pour les attirer. Comment faire pour que les jeunes recommencent à jouer dans les parcs? Que pouvons-nous faire pour les inciter à jouer dehors?

Pendant un vol, j'ai eu une discussion avec un autre passager. Nous avons parlé de nos petits-enfants. Il m'a dit qu'il avait été scandalisé lors d'une visite avec son petit-fils. Il lui a demandé s'il voulait aller jouer dans la cour et son petit-fils lui a répondu : « Je suis un garçon d'intérieur. » Il a refusé d'aller jouer dans la cour. Que peut-on faire pour motiver les gens, notamment les parents?

Le président : Nous voulons entendre votre réponse, mais je tiens à souligner aux membres du comité que le groupe ParticipACTION viendra témoigner mercredi prochain. Je vais vous permettre de répondre à la question de la sénatrice, et nous pourrons poursuivre la discussion mercredi prochain.

M. Larsen : La première chose qui me vient à l'esprit, c'est que l'on commence de plus en plus à se concentrer sur le milieu de travail des adultes en ce qui concerne un mode de vie sain. On sait qu'il s'agit d'un élément important, car nous sommes beaucoup à passer plus de temps au travail qu'à la maison avec nos familles. Selon nous, il s'agit de milieux importants.

Un peu plus tôt, M. Deschênes a parlé de l'importance d'adopter une approche écologique. Nous devons examiner tous les groupes d'âge et tous les milieux et adopter une approche à volets multiples. Le milieu de travail est plutôt important; c'est un milieu où nous pouvons communiquer avec les parents. Je suis heureux de voir qu'il se passe de plus en plus de choses dans les milieux de travail.

[Français]

M. Deschênes : Quand on travaille avec les communautés locales, une fois tous les partenaires réunis autour de la table, on est capable de faire un bon portrait de ce qui se passe dans leur communauté. Vous parliez tantôt du parc, mais est-il accessible et est-il utilisé par les enfants? Souvent, le conseiller municipal tient pour acquis que puisqu'il a installé un parc, les enfants devraient y aller. Les enfants n'y vont pas, peut-être parce que des adolescents s'y tiennent et font parfois des choses plus ou moins catholiques.

Il faut regarder le portrait global : comment les rues et les parcs sont-ils utilisés? Quand j'étais jeune, je jouais au hockey dans la rue. Aujourd'hui, certaines municipalités interdisent de jouer dans la rue. Il y a même des municipalités qui interdisent aux jeunes de jouer avec un panier de basketball, parce que c'est trop bruyant pour les voisins. Donc, quand on parle d'environnement favorable, c'est un peu cela. Il faut changer ces lois et ces politiques. Les conseillers et les maires travaillent toujours de bonne foi, mais ils ont parfois beaucoup de plaintes et, pour éviter la problématique, ils font une politique.

Dans certaines écoles, vous ne pouvez pas lancer une balle de neige ou lancer une balle sur le mur. Ou bien, si vous désirez vous rendre à l'école en vélo, il n'y a aucun endroit pour garer les vélos de façon sécuritaire.

Encore une fois, il ne s'agit pas de blâmer qui que ce soit, la question c'est qu'une fois qu'on s'assoit ensemble et qu'on regarde ce qui se passe avec les enfants, on fait un portrait. Ensuite, on fait un bon diagnostic et on décide ce qu'on pourrait faire. Peut-être pourrait-on améliorer l'accessibilité au parc ou à l'école? Un gardien de parc ne pourrait-il pas être remplacé par un animateur de parc? Dans le Bas-Saint-Laurent, certaines municipalités régionales de comté ont mis des bacs remplis de matériel sportif pour les enfants dans tous les parcs. Des ballons se font voler parfois, ou des cerceaux, mais ce n'est pas grave, on en rajoute. On rend le lieu attrayant, et les enfants ont du plaisir à aller au parc.

Dans certains endroits, on a retiré les fontaines, car les adolescents les brisaient et les municipalités ne les réparaient pas, parce que cela coûtait trop cher. Si les enfants n'ont pas d'endroit pour boire de l'eau, cela ne fonctionnera pas. Comment rendre les environnements favorables? Pour changer cela, il faut des partenaires et des gens de l'administration municipale qui militeront. Tous ces petits ingrédients mis ensemble donnent des résultats. Ce n'est pas toujours parfait, mais quelque chose se fait en ce sens et on voit de beaux résultats au Québec à l'heure actuelle. Des communautés se prennent en main et prennent des décisions.

On parlait tantôt des boissons énergisantes et gazeuses, que certaines municipalités ont interdites sur leur territoire. Encore une fois, qui peut faire cela? Ce sont des maires, des préfets de MRC qui peuvent prendre ce genre de décision. La population demande à ce que les choses soient faites différemment.

On a financé un projet pour valoriser les marchands d'alimentation. Loblaws offre des aliments du Menu bleu qui sont meilleurs pour la santé. On commence à voir une transformation dans la société. Il faut simplement persévérer en ce sens. On connaît la loi de l'offre et de la demande. Si les gens en demandent, s'ils sont bien éduqués face à l'alimentation, les marchands devront s'adapter. C'est un travail de longue haleine qui demande une mobilisation de la part de la communauté et de la société au complet.

[Traduction]

Le président : J'essaie encore d'apprivoiser l'expression « enfant d'intérieur. » C'est fascinant : il y a l'animal d'intérieur, et maintenant, l'enfant d'intérieur. C'est intéressant comme concept.

Je tiens à vous remercier pour votre contribution aujourd'hui. Vous avez suivi la même orientation que nous. Dès le début, nous avons compris qu'il s'agissait d'une question complexe, mais il faut trouver des façons de réunir les différents éléments, de l'alimentation à l'exercice, en passant par la communauté et l'infrastructure.

Monsieur Arango, lorsque vous parliez d'infrastructure, je me suis rappelé que de nombreuses collectivités utilisent avec imagination certains programmes d'infrastructure fédéraux. Par exemple, je sais qu'un village en Nouvelle-Écosse a jumelé deux petits programmes d'infrastructure fédéraux, un pour les trottoirs et l'autre pour les aires récréatives, pour créer un parc dédié à la marche. Les responsables ont refait le trottoir dans le village et l'ont prolongé aux extrémités du village. Un des sentiers passe derrière l'école dans un très beau secteur naturel et, à l'autre bout du village, le sentier longe la rivière et se termine dans un parc communautaire qui existait déjà.

Je trouve fascinant de voir combien de gens empruntent ce sentier sur toute sa longueur. On peut y voir de jeunes femmes d'affaires le matin faire leur jogging. J'oublie exactement quelle est la distance, mais c'est au moins 2 km ou plutôt 4 km en tout. Toute la journée, on voit des gens emprunter ce sentier. Les étudiants le prennent pour se rendre au village pour s'acheter de la nourriture plutôt que de s'acheter quelque chose dans les machines distributrices à l'école.

Il s'agit d'un exemple simple qui confirme ce que vous disiez plus tôt, soit qu'il n'est pas toujours nécessaire que ce soit complexe. Cet exemple tient compte de l'élément sécurité, puisque le sentier a été aménagé au sein de la collectivité. On y trouve des espaces naturels bien situés. Enfin, ils y étaient déjà, mais, par chance, ils sont situés tout juste à l'extérieur du village et passent derrière l'école.

Votre témoignage nous incite à poursuivre notre réflexion pour trouver des façons dont le gouvernement fédéral pourrait participer et formuler des recommandations à cet égard. Il n'est pas nécessaire que le gouvernement fédéral fasse tout, mais, par l'entremise de certains programmes, il peut encourager plusieurs activités, si les lignes directrices sur la façon dont les dépenses doivent être structurées sont claires.

J'ai aussi écouté attentivement vos commentaires au sujet de la durée de vie d'une organisation. Nous savons que certaines choses sont de courte durée, mais il faut se méfier de la bureaucratie, car elle a tendance à nuire à l'innovation. Vos commentaires sur la façon de structurer une organisation sont très utiles. Grâce à la participation du secteur privé, il est possible de fixer des objectifs et d'établir des règles pour s'assurer d'aller dans la bonne direction et d'avoir le temps d'atteindre les objectifs en question.

Vos exposés et vos réponses nous aideront à rédiger notre rapport. Cela dit, la séance est levée.

(La séance est levée.)


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