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TRCM - Comité permanent

Transports et communications

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Transports et des communications

Fascicule 12 - Témoignages du 2 décembre 2014


OTTAWA, le mardi 2 décembre 2014

Le Comité sénatorial permanent des transports et des communications se réunit aujourd'hui, à 9 h 30, pour continuer son étude sur les défis que doit relever la Société Radio-Canada en matière d'évolution du milieu de la radiodiffusion et des communications.

Le sénateur Dennis Dawson (président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président : Honorables sénateurs, je déclare cette séance du Comité sénatorial permanent des transports et des communications ouverte.

[Traduction]

Aujourd'hui, nous poursuivons notre étude sur les défis que doit relever la Société Radio-Canada en ce qui a trait à l'évolution du milieu de la radiodiffusion et des communications.

Notre témoin est M. Rodney Mercer, conseiller municipal de la Ville de Grand Falls-Windsor. M. Mercer nous livrera d'abord son exposé, puis les sénateurs pourront lui poser des questions.

Rodney Mercer, conseiller municipal, Ville de Grand Falls-Windsor : Bonjour. Je tiens avant tout à vous remercier de me donner cette occasion de témoigner dans le cadre de l'étude de votre comité concernant les défis que CBC doit relever en ce qui a trait à l'évolution du milieu de la radiodiffusion et des communications.

La Ville de Grand Falls-Windsor est une collectivité au passé riche unique en son genre. Cette ville magnifique du centre de Terre-Neuve a été fondée en 1905. Contrairement à la plupart des collectivités de la province, sa création s'est faite en un très court laps de temps. Une famille britannique qui craignait le déclenchement imminent d'une guerre en Europe est venue à Grand Falls-Windsor dans l'espoir de trouver une nouvelle source de papier journal pour ses activités dans le domaine de l'édition. Ce sont les riches ressources en bois, le potentiel hydroélectrique et la possibilité d'aménager un port en eau profonde à faible distance de la ville qui ont mené à la création de ce centre des pâtes et papiers.

La Ville de Grand Falls-Windsor est bien placée pour comprendre les défis auxquels CBC doit faire face. Selon nous, les changements qui se produisent aujourd'hui dans le monde de la radiodiffusion s'apparentent aux changements technologiques qui ont quasiment rayé notre ville de la carte il y a à peine six ans, soit quand l'Abitibi Mill a fermé ses portes pour de bon.

La Ville de Grand Falls-Windsor comprend très bien la dynamique des changements technologiques, et c'est pourquoi elle est en mesure de comprendre les défis auxquels CBC doit faire face. Forte de cette compréhension et pour aider la société d'État à renforcer sa présence dans le centre de Terre-Neuve, la Ville de Grand Falls-Windsor a donc invité la société à tirer parti des progrès technologiques. Plus précisément, dans le cadre de la Stratégie 2015, la Ville de Grand Falls-Windsor a présenté une offre de partenariat à CBC, offre qui mettait cependant l'accent sur le renforcement de la présence de la société dans l'ensemble des régions rurales de Terre-Neuve. Le partenariat proposé par la ville s'accompagnait de l'offre de bureaux dans un immeuble à vocation technologique que la plupart des gens du centre de la province connaissent sous le nom d'immeuble Excite. La construction de cet immeuble est le fait d'une initiative de la ville, qui cherchait en cela à diversifier de façon proactive son économie fondée sur les pâtes et papiers.

Or, dans le cadre de la Stratégie 2015, CBC a fait appel à SNC-Lavalin pour évaluer les biens immobiliers de la province de Terre-Neuve-et-Labrador et trouver un immeuble qui lui conviendrait. Cet examen a permis d'établir que l'immeuble de Grand Falls-Windsor était le plus avantageux sur le plan de la fonctionnalité et de la faible consommation en énergie.

En mai 2013, les responsables de notre ville ont rencontré la haute direction de CBC pour discuter de la possibilité de créer un partenariat aux termes duquel la société d'État aurait déménagé dans l'immeuble Excite si elle décidait de quitter ses locaux de l'époque. Cette possibilité avait capté l'attention de la haute direction, surtout qu'elle avait déjà indiqué qu'il serait plus efficace de regrouper ses activités dans le centre de Terre-Neuve que de les voir partagées en deux endroits. Du reste, le prix approximatif de la location dans le nouvel immeuble représentait une fraction des coûts que la société devait assumer à l'époque.

Mais, presque un an plus tard, l'espoir de créer un partenariat avec CBC s'est évanoui lorsque la haute direction de la société a fait savoir que Grand Falls-Windsor n'offrait pas de locaux correspondant à ses besoins.

Au terme de deux ans de discussion, la haute direction a informé la mairie qu'elle fermait ses bureaux de Grand Falls-Windsor, mais cela, seulement après qu'une copie du bail avec le locateur de Gander ait été divulguée par inadvertance. La CBC a en outre indiqué que la superficie de ses locaux pour le centre de Terre-Neuve allait passer d'environ 8 000 pieds carrés à 1 500 pieds carrés, et que cette réduction et la réduction des coûts d'entretien connexes allaient lui permettre de réaliser des économies.

Cependant, CBC n'a pas dit un mot sur les énormes coûts de location de ses nouveaux locaux, coûts consignés dans le bail de 15 ans qu'elle a consenti à signer. En effet, l'entente conclue avec le nouveau locateur fixait le coût moyen de location à 48 $ le pied carré, alors que l'offre faite par la Ville de Grand Falls-Windsor se chiffrait à 17 $ le pied carré. Notre ville a beaucoup de difficulté à avaler cette décision. La direction régionale a informé la ville que la Division immobilière de CBC n'avait pas visité Grand Falls-Windsor, et qu'elle n'y avait pas examiné l'offre de locaux disponibles, mais que cette décision avait été prise avec une diligence raisonnable. La CBC a insisté sur le fait qu'elle n'avait pas été en mesure de trouver de locaux convenables et concurrentiels à Grand Falls-Windsor, et qu'elle n'avait pas eu d'autre choix que de trouver un autre endroit.

À ma demande, le maire a téléphoné à tous les courtiers en immobilier du centre de la province. Or, ces appels nous ont permis d'apprendre qu'aucun d'eux n'avait été approché par la Division immobilière de CBC, ni par aucune autre entreprise qui aurait agi comme tiers à la recherche d'un espace de cette taille. Pour ajouter l'insulte à l'injure, il aura fallu que je commence à questionner la haute direction de la société d'État au sujet des résultats de ces appels aux courtiers pour qu'elle décide de faire un retour sur ses agissements et d'en chercher la trace sur papier. Or, il semble que la direction de la société avait confié à une entreprise tierce — en l'occurrence, SNC-Lavalin — de faire enquête à ce sujet et que la décision a été prise par un tiers décideur. Malheureusement, il semble que CBC n'avait pas fait un bon travail pour brouiller ses pistes, car la société immobilière indépendante n'a commencé à poser de questions aux propriétaires d'immeubles commerciaux locaux qu'en janvier 2014, soit cinq semaines après que le bail eut été signé pour les nouveaux locaux.

Les nouveaux locaux sont situés dans un centre commercial et ils coûtent un prix de fou. On allègue que ce nouvel endroit offrira une plus grande visibilité, mais comment peut-on penser cela lorsque le Central Morning Show — une émission du matin locale — est diffusé de 6 à 9 heures, du lundi au vendredi, et que le centre commercial n'ouvre qu'à 10 heures?

La « bonne solution » évoquée par CBC n'est pas bonne pour le contribuable canadien. Elle ne profite qu'au propriétaire.

CBC est l'un des organismes qui reçoivent le plus d'argent du gouvernement fédéral, mais, dans les faits, il n'a aucun compte à rendre à qui que ce soit. Je crois par ailleurs que l'on peut affirmer sans se tromper que la majorité des Canadiens — surtout ceux qui habitent en régions rurales — appuient CBC et le concept de la radiodiffusion publique. Cependant, comme le savent la plupart d'entre nous, ce ne sont pas des subventions directes de milliards de dollars ou un chèque en blanc d'Ottawa qui vont régler les problèmes actuels de l'organisme. Il s'agira plutôt de s'en tenir aux principes de base de pratiques commerciales éprouvées, pas nécessairement avec l'espoir de réaliser un bénéfice, mais, à tout le moins, de couvrir ses frais. L'histoire que j'ai racontée aujourd'hui permet de constater que CBC a lamentablement échoué à s'acquitter de sa responsabilité envers l'État et les Canadiens.

J'estime que notre système de radiodiffusion fonctionnerait mieux s'il était tenu de rendre des comptes et d'exercer une diligence raisonnable. Ce qui est arrivé à Grand Falls-Windsor est diamétralement opposé à ce qui devrait se passer. Et je me dis, si c'est ce qui se fait dans une petite ville rurale de Terre-Neuve, à quoi faut-il s'attendre dans de grands centres comme Toronto, Montréal ou Vancouver?

Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de me faire entendre.

Le président : Merci beaucoup, monsieur Mercer.

Le sénateur Plett : Merci de votre présence, monsieur. Vous êtes conseiller municipal pour la Ville de Grand Falls-Windsor. Comparaissez-vous au nom de la ville ou à titre individuel?

M. Mercer : Je comparais au nom de la ville.

Le sénateur Plett : Avez-vous participé de quelque façon que ce soit aux négociations avec CBC?

M. Mercer : Ces négociations ont commencé avant mon élection au conseil municipal. C'est le maire qui les a entreprises au nom de la ville. Les négociations se sont déroulées sur une période d'environ 18 mois, et c'est au moment où nous avons commencé à entendre des rumeurs sur l'intention qu'avait CBC de plier boutique que le maire m'a demandé de prendre soin de ce dossier.

Le sénateur Plett : Plier boutique? Mais CBC est toujours dans le centre commercial. Elle n'a pas plié boutique; elle quitte tout simplement l'endroit où elle était, n'est-ce pas?

M. Mercer : Il y a deux emplacements : l'un est à Gander et l'autre à Grand Falls-Windsor. Par souci d'économie, la société a décidé de tout regrouper en un seul endroit. La ville reconnaît le bien-fondé de cette démarche. Mais il semble que CBC a signé un bail pour de nouveaux locaux alors qu'elle occupe toujours ses anciens locaux de Gander et de Grand Falls-Windsor. Qui plus est, elle en loue aussi d'autres pour le côté technique de ses activités. La direction a commencé avec un plan visant à passer de deux locations à une seule, mais elle en a maintenant quatre. Nous avons beaucoup de difficulté à comprendre ce qui se passe, surtout si l'on considère que l'intention de la société d'État était d'économiser de l'argent et de surveiller ses dépenses de plus près. Or, dans les faits, c'est tout le contraire qui se produit.

Le sénateur Plett : Le président du conseil d'administration et le président-directeur général de CBC vont comparaître ici de nouveau. Nous devrions peut-être ajouter cela à la liste de questions que nous souhaitons leur poser.

Nous avons fait pas mal de chemin au cours de la dernière année et demie, et nous avons vu pas mal de pays. Nous ne sommes pas allés à Terre-Neuve, mais nous sommes allés à Halifax et nous avons discuté de ce qui se fait là-bas. Nous sommes aussi passés par Toronto. En gros, ce que l'on a appris, c'est que CBC est en train de vendre une bonne partie de ses infrastructures et qu'elle s'est mise à louer des locaux.

À Toronto, nous sommes allés visiter un immeuble de 10 étages qui lui appartient. La société reconnaît qu'elle n'en a pas besoin et qu'elle essaie de louer une bonne partie des locaux que l'immeuble abrite. J'ai demandé à la personne qui nous faisait visiter combien d'étages leur suffiraient s'ils avaient à refaire le même édifice aujourd'hui, et elle m'a répondu que cinq seraient suffisants. J'ose espérer que la raison en est, du moins en partie, que l'organisation est plus efficace qu'avant. Nous n'avons plus besoin de grands studios, car ils peuvent presque être remplacés par des iPad et des technologies semblables.

Est-ce aussi l'impression que vous avez à Grand Falls? Je comprends que CBC a opté pour des locaux plus grands, du moins, temporairement, mais croyez-vous que son objectif à plus long terme est de faire ce qu'elle dit vouloir faire, ou si vous pensez qu'elle va continuer dans cette voie?

M. Mercer : J'ose espérer qu'elle va s'en tenir à ce plan de réduire ses besoins en locaux, car, comme vous le dites, je crois que la technologie rend ces grands studios obsolètes. D'après ce que nous avons vu à Grand Falls-Windsor, la société a un plan, mais son exécution semble alignée sur quelque chose de complètement différent. Nous comprenons qu'elle veut réduire son occupation de 8 000 pieds carrés à 1 500 pieds carrés. Mais étant donné le coût de location énorme auquel elle a consenti... Il s'agit de 48 $ le pied carré dans leurs nouveaux locaux comparativement à 17 $ que leur garantissait la Ville de Grand Falls-Windsor dans son offre de partenariat. Je trouve consternant que la société d'État soit si large avec ses ressources. Ce n'est pas comme s'il n'y avait eu aucune proposition de partenariat sur la table. Notre maire et la haute direction de la ville ont communiqué sur une base régulière avec la société et ont eu des réunions avec ses représentants. Nous trouvons consternant que...

Le sénateur Plett : Les locaux à 48 $ le pied carré sont-ils dans le centre commercial dont vous parliez?

M. Mercer : Oui et, en toute honnêteté, je dois donner quelques précisions à cet égard. Le coût de base est de 24 $ le pied carré, mais avec tous les extras, l'électricité et les rénovations, le coût moyen revient à 48 $ le pied carré pour toute la durée du bail.

Le sénateur Plett : Vous avez parlé de l'émission du matin qui est diffusée de 6 heures à 9 heures, ce qui, de toute évidence, ne leur donne pas beaucoup de visibilité. Selon vous, est-il important que CBC ait de nouveaux locaux où elle pourra jouir d'une certaine visibilité? Si je veux voir ce que fait CBC, je vais regarder la télévision. Je ne vais pas aller regarder l'immeuble où elle produit ses émissions.

M. Mercer : Vous avez tout à fait raison. Je crois que le concept d'aller dans un espace public pour voir des personnalités dans le feu de l'action est un bon concept. Mais cela n'a aucune fonction particulière. C'est une bonne chose de faire de la publicité et cette façon de faire n'est pas sans attraits, mais si vous payez un loyer de cette taille, que votre émission passe le matin de 6 heures à 9 heures et que le centre commercial n'ouvre pas avant 10 heures, à quoi cela sert-il de louer ces locaux? Certainement pas à augmenter votre visibilité publique. On aurait les mêmes résultats avec un petit écriteau indiquant qu'il s'agit de CBC. À quoi cela sert-il?

Au final, la société se retrouve à payer des locaux à prix d'or dans un emplacement recherché, et je ne crois pas qu'elle ait besoin de faire cela.

Le sénateur Plett : Une dernière question si vous me le permettez, monsieur le président. À Grand Falls-Windsor, vous n'êtes pas contre l'idée que CBC essaie de rationaliser ses activités et d'adopter les nouvelles façons de faire de notre époque, n'est-ce pas? À l'évidence, elle a dû dire au revoir à de très importants revenus lorsqu'elle a perdu Hockey Night in Canada. C'est la même chose pour tous les contribuables du pays qui doivent se serrer la ceinture en raison des conditions économiques difficiles, et je suis convaincu que vous en savez quelque chose. Alors, êtes-vous d'accord avec ces réductions — le fait de passer de deux emplacements à un seul, et de, je ne sais pas, 4 000 pieds carrés à 1 500 pieds carrés — si, au final, cela fait économiser de l'argent aux contribuables, et que la société reste efficace et visible dans votre région?

M. Mercer : Nous appuyons sans réserve le plan de la société d'État de passer de 8 000 pieds carrés à 1 500 pieds carrés. Il n'y a aucun doute là-dessus. Mais nous craignons qu'elle perde sa présence dans le centre de Terre-Neuve. Ce que j'ai cherché à faire en vous présentant ces chiffres surprenants sur les coûts de location, c'était de vous faire part de l'importance que nous accordons au maintien de CBC dans notre région. La question n'est pas de savoir si elle va avoir des locaux de telle ou telle taille. Nous croyons que CBC a maintenu une présence historique dans la province, dans les régions rurales de Terre-Neuve, et nous voulons que cela continue. La CBC fait des miracles dans notre communauté lorsqu'il s'agit de communiquer et de diffuser l'information.

Les gens écoutent CBC. Ce n'est pas une station de radio de second plan. Elle rend un service formidable.

Le sénateur Plett : À ce propos, vous dites que les gens écoutent CBC, mais avez-vous des chiffres? Nous sommes nombreux à penser que la façon de jauger la réussite dans l'industrie de la radiodiffusion est de regarder la taille de l'auditoire. Certaines personnes nous ont dit que cela n'est pas vraiment important, que l'on ne mesure pas la réussite en fonction de la taille de l'auditoire, mais je ne vois pas comment on pourrait faire autrement.

On nous a rapporté que 5 p. 100 de la population regardent la CBC. Dans la province de mon collègue, en Alberta, on rapporte que seulement environ 2 p. 100 des gens regardent CBC. Avez-vous des chiffres à nous communiquer pour votre région? Combien sont-ils à écouter et à regarder CBC?

M. Mercer : Malheureusement, je n'ai pas ces statistiques pour notre région de la province. Je sais que CBC est concurrentielle à l'échelle provinciale, mais cela tient aussi compte du plus grand centre qu'est St. John's. Mais pour la région précise du centre de Terre-Neuve, je n'ai pas de chiffres à vous donner.

Le sénateur Plett : Merci, monsieur. S'il y a un deuxième tour de questions, j'aurai peut-être quelque chose pour vous.

Le sénateur Demers : Merci beaucoup d'être là, monsieur Mercer. Le comité s'est fait dire que CBC était trop centrée sur Toronto et Montréal. Avez-vous l'impression que les résidents de Grand Falls seraient d'accord avec cette affirmation? À votre avis, dans quelle mesure CBC représente-t-elle Grand Falls?

M. Mercer : Dans une perspective nationale, sénateur, nous avons l'impression d'avoir été négligés. Cela est probablement dû en grande partie à notre poids démographique. Nous ne pensons pas que nous avons besoin des services réservés à Toronto ou à Vancouver, mais nous sommes très contents d'avoir la CBC. Nous aimons les émissions du matin et les bulletins de nouvelles locales. Je crois que la société a fait du bon travail au fil des ans pour couvrir nos nouvelles et assurer une présence médiatique dans notre région. Mais notre crainte vient entre autres du fait que le bureau de la CBC de Grand Falls-Windsor a vu son effectif passer de six employés — des vidéojournalistes, des journalistes et les gens qui faisaient l'émission du matin — à un seul.

La sénatrice Unger : Merci, monsieur Mercer. Votre exposé était très intéressant. Selon vous, CBC a-t-elle négocié de bonne foi? Tout d'abord, pouvez-vous me dire depuis quand la société est à Grand Falls-Windsor?

M. Mercer : CBC est à Grand Falls-Windsor depuis plus longtemps que dans n'importe quelle autre région rurale de la province. Donc, essentiellement, elle est là depuis que Terre-Neuve s'est jointe au Canada, en 1949.

La sénatrice Unger : Durant cette période, la société louait-elle ses locaux de la municipalité?

M. Mercer : Non pas du tout. Elle disposait d'un immeuble relativement neuf bâti il y a 20 ou 25 ans, et qui, à l'époque, passait pour très moderne. Étant donné les changements technologiques dont nous avons été témoins, je comprends pourquoi l'organisation ne voulait plus de cet immeuble et pourquoi elle cherchait un emplacement optimal. Je pense néanmoins qu'elle n'a pas fait preuve de diligence raisonnable lorsqu'est venu le temps d'envisager Grand Falls-Windsor comme choix possible.

Je me demande si le choix de l'emplacement définitif — Grand Falls-Windsor ou Gander — ne s'est pas fait de manière aléatoire. Je pense qu'il est possible que la société n'ait pas fait les recherches qu'elle prétendait avoir faites. En effet, dans une perspective pancanadienne, si vous comparez Grand Falls-Windsor et le centre de Terre-Neuve avec Toronto, nous sommes peut-être une quantité négligeable, mais pour la population du centre de Terre-Neuve et de Grand Falls-Windsor, cette présence compte énormément.

La sénatrice Unger : Lorsque la Division immobilière de CBC s'est rendue dans votre ville, les élus municipaux ont-ils discuté avec ces représentants au sujet du nouvel immeuble? La Division immobilière n'a-t-elle jamais fait partie de ces discussions?

M. Mercer : La Division immobilière a fait l'examen de toutes les propriétés de CBC dans la province. C'était en 2012, je crois. Cela s'est fait au moment où ce plan a été révélé au sujet des meilleures propriétés dont la société était propriétaire. C'était au moment où l'on commençait à envisager la location. C'est dans ce contexte que l'immeuble construit à Grand Falls-Windsor il y a environ 20 ou 25 ans a été désigné comme étant le meilleur et le plus efficace de la province. Or, quand la Division immobilière est venue à Grand Falls-Windsor à la recherche d'un nouvel emplacement, absolument personne n'a été mis au courant de cette présence, ni les propriétaires d'immeubles commerciaux ni la ville. Nous étions ceux qui travaillaient à la création d'un partenariat avec CBC, partenariat qui visait à faire en sorte que la société reste à Grand Falls-Windsor.

La sénatrice Unger : Le problème est donc entre la direction de CBC et sa division immobilière. Vous étiez en train de négocier avec une partie de l'organisation alors qu'une autre est venue en ville et a décrété unilatéralement qu'il fallait quitter la ville.

M. Mercer : Oui. En plus de cela, lorsque j'ai hérité de ce dossier — et à la lumière de tous ces renseignements —, j'ai demandé au maire de contacter les propriétaires d'agences immobilières commerciales locales et de faire enquête auprès d'eux, ce qui était très possible puisque c'est une petite ville. Qu'il s'agisse d'un employé de CBC ou d'un représentant d'une entreprise privée, si une personne vient vous poser des questions ou demander des prix pour des locaux de 1 500 pieds carrés, il faut reconnaître qu'il s'agit là d'une information très précise. Or, aucun des propriétaires d'immeubles commerciaux de Grand Falls-Windsor ne s'est jamais fait approcher pour des locaux de cette nature.

La sénatrice Unger : On pourrait arguer que la société n'a jamais vraiment été intéressée par l'immeuble que vous lui proposiez, même si, selon vous, c'était un choix tout à fait logique.

M. Mercer : Je suis tout à fait d'accord avec vous. En plus de cela, lorsque j'ai commencé à demander pourquoi les propriétaires commerciaux de Grand Falls-Windsor n'avaient pas été approchés, la Division immobilière de CBC a engagé SNC ou l'une de ses divisions pour qu'elle aille poser ces questions sur le terrain. C'est à ce moment-là que la société d'État a commencé à envoyer des courriels aux propriétaires commerciaux pour leur poser ces questions. J'ai pu obtenir des copies de ces courriels afin de prouver que la société tentait de couvrir ses arrières. Ces démarches se sont produites au moins cinq semaines après la signature du bail pour le nouvel emplacement.

La sénatrice Unger : Avez-vous la moindre idée des motivations qui l'ont poussée à faire cela?

M. Mercer : J'aimerais bien en avoir une.

La sénatrice Unger : En plus d'être conseiller municipal, vous êtes enseignant. Remarquez-vous des différences dans la façon dont les différentes générations — les jeunes, les adultes et les aînés — se servent des médias et, notamment de CBC? Un autre de vos commentaires était que vous étiez « très contents d'avoir la CBC ». En ce qui concerne la question du sénateur Plett sur ceux qui écoutent et ceux qui regardent la programmation de la société d'État, quel est le sentiment dans votre ville? Est-ce que tout le monde l'écoute et la regarde, ou si l'on se contente d'écouter l'émission du matin? Est-ce une bonne chose d'avoir cette émission?

M. Mercer : C'est l'émission du matin, car c'est la seule option radio que nous avons à l'heure actuelle pour le centre de Terre-Neuve. Il y a bien quelques vidéojournalistes qui font des reportages, mais pour revenir à votre question sur les tranches d'âge — les étudiants, les personnes d'âge moyen et les générations plus âgées —, disons qu'il y a une variété. Serais-je prêt à dire que les jeunes n'écoutent que CBC? Non. Comme pour toutes les générations, le problème auquel la société d'État est confrontée aujourd'hui est lié à la technologie. Le problème le plus préoccupant ou le plus omniprésent que je peux voir chez les jeunes d'aujourd'hui est le téléchargement incessant de vidéos et de chansons sur leurs iPad et leurs iPhone. Les temps changent, c'est entendu. Nous comprenons cela et nous ne sommes pas réfractaires au changement.

La sénatrice Unger : Dans le monde d'aujourd'hui, il y a des satellites équipés de fibres optiques par milliers. Avec toutes les connexions qui sont possibles de nos jours, n'importe qui peut devenir journaliste. Croyez-vous que CBC sera toujours pertinente dans, disons, cinq ou dix ans?

M. Mercer : C'est une très bonne question. Compte tenu de ce que l'on peut faire avec la technologie, je présume qu'un vidéojournaliste de CBC qui est sur la route peut très bien envoyer ses reportages depuis son véhicule. Je ne crois pas que l'on ait absolument besoin d'un studio pour fabriquer des reportages, mais le fait d'avoir une présence, un personnel, un emplacement, c'est quelque chose de très important pour le Canada rural.

À Grand Falls-Windsor, par exemple, nous syntonisons l'émission du matin à CBC. On y parle d'enjeux locaux. Le contenu est axé sur ce qui se passe localement, mais après 9 heures, la station se branche à un réseau plus vaste, celui de St. John's. C'est quelque chose que nous apprécions. Nous comprenons très bien que notre station de la CBC ne peut pas émettre des émissions originales 24 heures sur 24, 7 jours par semaine. Mais nous aimons quand même le fait de cette présence dans le centre de Terre-Neuve.

Le sénateur Housakos : Merci à notre témoin d'être avec nous aujourd'hui.

Pardonnez mon retard de quelques minutes; j'ai manqué le début de votre témoignage. Il se peut que vous ayez déjà répondu à ma question. Votre principale préoccupation porte sur la gouvernance de CBC. Vous considérez que l'organisation n'est pas suffisamment transparente ou qu'elle n'est pas assez responsable pour gérer les avoirs des contribuables. Un certain nombre de témoins qui sont venus nous voir — tant des gens qui étaient pour CBC que d'autres qui étaient contre —, utilisaient constamment la BBC comme exemple du diffuseur public que CBC devrait prendre comme modèle.

La transparence de la BBC, sa gouvernance et la façon dont elle transmet l'information qui la concerne sont exemplaires. Comme cela a souvent été souligné dans le cadre des travaux du comité, il suffit d'aller sur le site web de la BBC pour trouver tous les renseignements possibles et imaginables sur ses dépenses et sa gestion. En comparaison, la CBC est loin d'en faire autant. En tant que contribuable et titulaire d'une charge publique, avez-vous quelque observation à formuler à ce sujet, du point de vue de votre région du pays?

M. Mercer : La divulgation publique est une mesure proactive pour n'importe quelle organisation, et en particulier pour une organisation qui reçoit chaque année d'importantes subventions du trésor public. Compte tenu des conditions économiques difficiles, je crois que les gens souhaiteraient que ces renseignements soient divulgués.

Dans notre cas, lorsqu'il a été question de savoir de quoi retournait cette décision de la société d'État de passer de deux emplacements dans le centre de Terre-Neuve à un seul, il a fallu faire enquête. J'ai été en mesure de mettre la main sur une copie du bail. J'étais estomaqué — qu'arriverait-il si le public apprenait que la CBC s'était vu offrir des locaux à 17 $ le pied carré tout inclus y compris les taxes, mais qu'elle avait préféré louer un autre emplacement à raison de 24 $ le pied carré, plus tous les extras, ce qui revenait à 48 $ le pied carré pour toute la durée du bail? Je ne crois pas que cela aurait pu se passer avec une divulgation proactive en place. On n'a qu'à comparer avec le secteur privé. Nous savons et comprenons tous que le secteur privé est axé sur le dollar tout-puissant et sur la réalisation de bénéfices. Nous reconnaissons le besoin de dépenser avec discernement, mais le fait de dépenser à tort et à travers, comme c'est le cas dans cette affaire, est quelque chose de complètement différent.

Le sénateur Housakos : Dans ce cas particulier que vous avez porté à notre attention, avez-vous fait quelque démarche que ce soit pour communiquer avec la direction de CBC? Avez-vous tenté d'écrire au ministre responsable du diffuseur et, le cas échéant, que vous a-t-on répondu?

M. Mercer : À vrai dire, nous avons envoyé une lettre à tous les députés, à tous les ministres et à tous les sénateurs du Parlement sans exception. Je remercie d'ailleurs tous ceux d'entre vous qui nous ont répondu. C'est un geste que nous avons apprécié. Or, la lettre que le ministre responsable m'a envoyée m'indiquait que c'était une affaire qui relevait du président de CBC, M. Lacroix.

Le sénateur Plett : Cette dernière observation est très intéressante. Comme je l'ai déjà dit, M. Lacroix comparaîtra de nouveau devant ce comité. Nous accueillerons M. Racine ici dans quelques jours. Je m'excuse; je n'ai pas répondu parce que je ne me souviens pas d'avoir reçu de lettre de votre part. Lorsque je retournerai à mon bureau, je vais fouiller dans mes affaires et essayer de la retrouver. J'ai effectivement l'habitude de répondre à des lettres de cette nature. Vous devriez peut-être vous assurer que vous en avez envoyé une à chacun d'entre nous, et je vais vérifier de mon côté si je l'ai reçue ou non.

Je ne sais pas si j'ai d'autres questions, monsieur le président, mais je sais que je veux faire une observation. Lorsque je suis arrivé ici aujourd'hui, j'avais parcouru rapidement votre exposé, et je croyais que vous étiez là pour nous dire que CBC réduisait trop ses dépenses, mais je constate que c'est en fait l'inverse. Par conséquent, sachez que j'ai accueilli très favorablement vos observations soulignant que la société d'État faisait montre d'inefficacité. Nous entendons sans arrêt des gens se plaindre de compressions exagérées. Je l'entends dans ma province, et je suis convaincu que c'est la même chose dans la vôtre : nous voulons réduire les dépenses, nous voulons que nos organismes réduisent leurs dépenses, pourvu que ce ne soit pas dans notre région. Vos observations sont donc des choses qu'il fait plaisir d'entendre.

Le sénateur Eggleton : Il a bel et bien dit que CBC réduisait ses dépenses.

Le sénateur Plett : Il a parlé de compressions et il a dit qu'il était d'accord avec ces compressions. C'était l'observation ou la question que je voulais formuler. Merci, sénateur Eggleton, c'est peut-être à vous que je devrais poser mes questions. Dans l'intervalle cependant, je vais interroger le témoin.

Vous avez parlé du fait que la station était passée de six employés à un seul. Combien d'employés CBC a-t-elle à Grand Falls-Windsor? Un seul? C'est ce que vous avez dit?

M. Mercer : Je pense que l'effectif complet de la CBC dans le centre de Terre-Neuve, qui comprend les vidéojournalistes, la radio et l'équipe technique, est de huit personnes. Je sais que si l'on compare cette situation avec celle de Vancouver, de Toronto ou de Montréal, huit employés à Grand Falls-Windsor, cela peut sembler bien peu.

Lorsque ce nouveau bail de location a été signé, nous avions six employés à temps plein à Grand Falls-Windsor et deux à Gander. Comme dans toute organisation, il y a des employés qui quittent leur emploi pour en décrocher un meilleur. C'est ce que nous avons observé à Terre-Neuve au cours des derniers mois, particulièrement à la lumière des nouveaux renseignements qui nous étaient transmis. Certains employés de la CBC ont fait leurs premières armes à Terre-Neuve-et-Labrador et ont ensuite fait le saut vers Toronto ou la scène nationale dans le but de progresser dans leur carrière.

Ce que nous avons remarqué ces derniers temps, c'est que les emplois ne sont pas comblés à Grand Falls-Windsor, mais plutôt à Gander. J'ignore si c'est à cause du nouvel emplacement à Gander, mais ils ont des nouveaux locaux depuis juillet 2014. Ils paient un loyer, et il n'y a pas eu de rénovations, pas de travaux, rien du tout. C'est un gaspillage total. Comme je l'ai dit plus tôt, on envisageait de passer de deux sites à un seul, mais on a plutôt fini avec quatre.

Le sénateur Plett : Je viens d'un village encore plus petit que votre ville, alors je comprends très bien ce que cela peut signifier que de perdre deux employés au sein d'une entreprise.

On m'a souvent dit de ne pas poser de questions lorsque je n'ai pas une bonne idée de la réponse, mais je vais tout de même poser ma question, suite aux propos du sénateur Eggleton.

Le gouvernement fédéral a clairement demandé à la CBC de réduire ses dépenses de quelque 100 millions de dollars cette année par rapport à l'an dernier, sans parler de toutes les coupes dont elle a fait l'objet, notamment en ce qui concerne la diffusion de Hockey Night in Canada. Nulle part dans votre exposé vous avez dit que le gouvernement ne devrait pas demander à CBC de se serrer également la ceinture et, qu'en fait, il se pourrait que ce soit une bonne chose. Quel est votre avis là-dessus?

M. Mercer : J'aimerais assurément que la CBC se serre la ceinture et dépense de façon plus modeste. À Terre-Neuve-et-Labrador, on n'a pas fait preuve de diligence raisonnable, et j'ai bien l'impression qu'on jette l'argent par les fenêtres. Si on peut économiser 1 million de dollars sur un bail de 15 ans dans le centre de Terre-Neuve, imaginez tout ce qu'on pourrait accomplir dans les grandes villes partout au Canada? Nous avons cerné des économies de 31 $ par pied carré. Dans le contexte global, on peut réaliser beaucoup d'économies, mais je me penche uniquement sur notre situation, dans le centre de Terre-Neuve.

Le sénateur Plett : Étant donné les compressions budgétaires de l'ordre de 115 millions de dollars, certains témoins nous ont dit qu'ils ont dû mettre à pied 1 500 employés. Je ne crois pas que ce soit réellement le cas, mais je trouve ironique — et la CBC n'est pas la seule à agir ainsi — que lorsqu'on abolit des postes au sein de grandes organisations, on licencie beaucoup de personnes au bas de l'échelle et personne aux échelons supérieurs. Sachez que si on mettait à pied une seule personne au sommet, on pourrait sauver 10 emplois. Avez-vous quelque chose à dire là-dessus? C'est ma dernière question, monsieur le président.

Le président : C'est ce que la majorité des juges appelleraient une question tendancieuse, mais je suis ici pour présider et non pas pour juger, alors je vais laisser le témoin répondre à votre question.

M. Mercer : Les mises à pied ne sont vraiment pas la solution. On a qu'à regarder le salaire que gagne un employé. Je sais qu'il y a certains moments où l'on doit réduire le personnel et être plus efficace, notamment en réaffectant des tâches et des responsabilités, mais je crois que la CBC emprunterait la mauvaise voie si elle commençait à sabrer dans les emplois. Il y a un tas de choses au sein de la CBC qui ont besoin d'être examinées, et ce ne sont pas tellement les emplois, ni la présence, ni les vidéojournalistes ou le salaire de Peter Mansbridge ou de Don Cherry. C'est plutôt l'exploitation qui doit être revue, car les salaires représentent une infime partie. On doit se pencher sur l'exploitation si on veut réaliser des gains d'efficience.

La sénatrice Unger : Monsieur Mercer, j'aimerais revenir aux services qui seront fournis. Supposons que la CBC va de l'avant et déménage à Gander, serait-elle en mesure de desservir l'ensemble de la province de Terre-Neuve à partir de cet endroit? Les services auraient-ils été meilleurs s'ils étaient restés à Grand Falls-Windsor?

M. Mercer : À l'heure actuelle, ils sont en train de regrouper toutes les activités à un seul endroit à Gander. Il y a un site semblable à Corner Brook et le grand centre à St. John's.

Pour ce qui est de couvrir l'actualité dans le centre de Terre-Neuve, compte tenu de la superficie de cette province, je ne crois pas que les journalistes puissent faire un travail adéquat.

Le sénateur Housakos : Je vais poser une question très brève, ce qui est contraire à mon habitude. Pourriez-vous nous dire si, selon vous, la CBC fait bien la promotion du contenu canadien et de la culture canadienne à Terre-Neuve?

M. Mercer : Pourriez-vous répéter la dernière partie de votre question?

Le sénateur Housakos : À votre avis, est-ce que la CBC joue bien son rôle, qui consiste à appuyer la culture canadienne et le contenu canadien?

M. Mercer : Personnellement, je considère que la société a très bien réussi ces dernières années avec l'émission Republic of Doyle. Avec un million de téléspectateurs en moyenne par épisode, on ne peut pas demander une meilleure publicité. On ne peut pas avoir une meilleure idée d'une province. Je sais que nous sommes situés à l'extrême est du pays, mais grâce à du contenu comme Republic of Doyle — je sais qu'il n'est pas question de l'aspect artistique ici —, je crois que la CBC fait du bon travail pour ce qui est d'offrir du contenu canadien et même du contenu en provenance de notre province.

Le sénateur Housakos : J'ai un point de vue très ferme là-dessus. Je suis d'avis que les nouvelles locales, les nouvelles nationales et les événements sportifs sont couverts en masse par divers autres diffuseurs partout au pays. Comme dans l'exemple que vous avez donné, j'ai toujours pensé que la société devrait se concentrer à créer des émissions canadiennes, des documentaires canadiens et des produits à l'intention des Canadiens. La CBC pourrait certainement produire ce type de contenu à l'aide de l'argent des contribuables, un contenu que les autres diffuseurs canadiens ne voudraient pas ou ne considéreraient pas suffisamment rentable, mais qui ferait la promotion de la culture canadienne, des artistes canadiens, et ainsi de suite.

Je l'ai déjà dit auparavant et je me suis fait attaquer par mes amis de la CBC, mais je pense que nous devrions diffuser moins de nouvelles comme le font les autres, et plus de ce que les autres n'offrent pas au public canadien. Qu'en pensez-vous?

M. Mercer : Je suis tout à fait d'accord. Grand Falls-Windsor et le Central Morning Show à Terre-Neuve en est un bon exemple. On a réduit le type de nouvelles dont vous parlez à trois heures par jour; on fait l'essentiel de six heures à neuf heures. Je ne sais pas si on peut le réduire davantage, car je considère qu'il y a des histoires et du contenu qui méritent du temps d'antenne et qui doivent être diffusées sur les ondes de CBC. Toutefois, on ne peut pas le faire à l'échelle de la province, depuis les grands centres. Si on n'a qu'une seule émission matinale pour toute la province, est-ce que le reportage qui devrait être diffusé dans le centre de Terre-Neuve le sera si l'émission est produite depuis un grand centre à St. John's?

Je suis sûr que lorsque les producteurs de l'émission à St. John's examinent leurs histoires et leurs options pour la journée, ils font également un tri. Étant donné la population et la dynamique de la province, surtout de par sa géographie, il serait injuste de garder uniquement le contenu de St. John's et d'éliminer tout ce qui vient d'en dehors, parce que tôt ou tard, c'est ce qui arrivera.

Le président : Nous allons maintenant poursuivre la séance à huis clos pour discuter de nos travaux futurs.

Monsieur Mercer, encore une fois, je vous remercie de votre présence.

Lorsque nous reprendrons nos travaux, seuls les membres du personnel seront autorisés dans la salle. Merci beaucoup.

(La séance se poursuit à huis clos.)


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