Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et
du commerce international
Fascicule no 35 - Témoignages du 7 décembre 2017
OTTAWA, le jeudi 7 décembre 2017
Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd’hui, à 10 h 32, afin d’étudier l’impact de la culture et des arts canadiens sur la politique étrangère et la diplomatie du Canada ainsi que leur utilisation dans ces domaines, et d’autres questions connexes.
La sénatrice A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Honorables sénateurs, je déclare cette séance du Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international ouverte.
Avant de commencer, permettez-moi de me présenter. Je m’appelle Raynell Andreychuk, je suis une sénatrice de la Saskatchewan et présidente de ce comité. Je demanderais aux sénateurs de bien vouloir se présenter.
La sénatrice Ataullahjan : Salma Ataullahjan, de l’Ontario.
Le sénateur Greene : Stephen Greene, de la Nouvelle-Écosse.
[Français]
La sénatrice Saint-Germain : Raymonde Saint-Germain, du Québec.
Le sénateur Massicotte : Paul Massicotte, du Québec.
Le sénateur Dawson : Dennis Dawson, du Québec.
[Traduction]
La sénatrice Bovey : Patricia Bovey, du Manitoba.
La présidente : Le comité a reçu l’autorisation du Sénat afin d’étudier l’impact de la culture et des arts canadiens sur la politique étrangère et la diplomatie du Canada, ainsi que leur utilisation dans ces domaines, et d’autres questions connexes. C’est en vertu de ce mandat que le comité recueillera aujourd’hui les témoignages des hauts représentants du ministère du Patrimoine canadien.
Avant de vous les présenter, je tiens à vous rappeler que les représentants d’Affaires mondiales Canada étaient ici hier. Ils nous ont dit que les représentants du ministère du Patrimoine canadien seraient mieux placés pour répondre à bon nombre de nos questions. Nous avions déjà prévu de vous inviter de toute façon, mais selon eux, certaines questions relèvent davantage de votre champ d’expertise. Je présume que vous avez eu des discussions à ce sujet et que vous saurez nous fournir des réponses aujourd’hui.
Je suis heureuse de vous présenter Jérôme Moisan, directeur général, Politique, planification et recherche stratégiques. Nous accueillons aussi Michel Sabbagh, directeur, Commerce international. Tous deux représentent le ministère du Patrimoine canadien. Je ne sais trop qui fera la déclaration liminaire. Quoi qu’il en soit, après la déclaration, nous vous poserons nos questions. Je suis sûre que vous êtes habitués à témoigner devant un comité, que ce soit au Sénat ou à la Chambre des communes.
Bienvenue au Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international.
[Français]
Jérôme Moisan, directeur général, Politique, planification, et recherche stratégiques, Patrimoine canadien : Merci au comité de nous avoir invités. Nous sommes heureux de comparaître devant vous.
Nous avons écouté avec attention la comparution de nos collègues du ministère des Affaires mondiales, hier. Nous nous sommes préparés à répondre aux questions qui ont été portées à notre attention.
L’objectif principal de mes observations aujourd’hui sera de vous fournir un aperçu des différents outils et des initiatives du ministère du Patrimoine canadien qui contribuent à la diplomatie culturelle. Comme vous le savez tous, la diplomatie culturelle est fondée sur l’utilisation de la culture d’un pays pour atteindre d’importants auditoires étrangers, y compris des gouvernements, des particuliers et des communautés.
Le ministère des Affaires mondiales est surtout responsable des relations étrangères et diplomatiques. Le ministère du Patrimoine canadien est toutefois responsable d’encourager et de promouvoir l’identité et les valeurs canadiennes, le développement culturel et le patrimoine. Notre ministère possède une grande expérience dans l’utilisation de la culture comme outil diplomatique pour appuyer un large éventail d’objectifs.
En 2016 et 2017, la ministre du Patrimoine canadien a entrepris des missions à l’étranger en Chine, au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, en Belgique et au Mexique. Elle a rencontré ses homologues pour discuter de questions prioritaires comme la promotion de la diversité du contenu culturel à l’ère numérique et le commerce culturel. Ces missions ont favorisé une discussion stratégique plus poussée au sein même du ministère du Patrimoine canadien. Elles ont amélioré les relations bilatérales et le dialogue avec ses homologues politiques, tout en renforçant l’image du Canada comme pays diversifié, inclusif, progressif et novateur.
La ministre a également fait la promotion de la diversité culturelle à l’ère numérique sur d’importantes tribunes multilatérales comme le Forum économique mondial de Davos et l’UNESCO où le ministre du Patrimoine canadien, par exemple, est responsable du statut du Canada en tant que partie prenante à la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de 2005.
Au cours de la toute première réunion des ministres de la Culture du G7 en Italie, en mars 2017, la ministre a profité de l’occasion pour discuter avec ses homologues de la question du contenu culturel à l’ère numérique, soit un nouveau sujet au programme qui allait au-delà de l’orientation de la présidence italienne axée davantage sur la conservation du patrimoine culturel.
Le soutien et la participation du Canada à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) reflètent aussi les efforts plus poussés de promotion de l’image du Canada sur la scène internationale. Patrimoine canadien, par exemple, est responsable de la contribution du Canada au partenariat TV5MONDE, un des opérateurs de l’OIF. La programmation télévisuelle canadienne est diffusée sur TV5MONDE dans le monde entier. Un solide partenariat de plus de 30 ans s’est développé entre les gouvernements du Canada, du Québec, de la France, de la Suisse et de la Communauté française de Belgique.
Les organismes du portefeuille de Patrimoine canadien appuient aussi la diplomatie culturelle. Le programme « Rayonnez à l’international » du Conseil des arts du Canada, par exemple, aide les artistes, les professionnels, les groupes et les organisations artistiques à accroître leur visibilité internationale, à entreprendre une exploration ou des échanges artistiques avec des collègues étrangers, ainsi qu’à soutenir leur accès à des marchés artistiques nouveaux ou existants dans un contexte mondial. Les musées nationaux du Canada créent de nombreux partenariats internationaux et expositions chaque année qui servent d’outils en matière de diplomatie culturelle à l’étranger. Bibliothèque et Archives Canada a signé plusieurs protocoles d’entente avec des établissements étrangers, afin de faire valoir des connaissances et son expertise en vue de promouvoir l’image du Canada à l’échelle internationale.
Le ministère du Patrimoine canadien travaille de près avec le ministère des Affaires mondiales et participe à ses missions à l’étranger afin de promouvoir la culture canadienne dans le monde entier. Par exemple, avec l’appui de la mission à Oslo, le ministère a participé en juin 2017 au Sommet des arts de l’Arctique — le premier du genre — organisé par la Norvège. Le sommet a réuni des responsables politiques, des ONG, des artistes et des intervenants culturels du monde circumpolaire pour discuter des possibilités et des défis communs eu égard à la promotion de la diversité des arts et de la culture de l’Arctique. Grâce à la collaboration du Conseil des arts du Canada, notre pays a été en mesure de présenter de nombreux artistes autochtones du Nord pendant toute sa participation au sommet.
La coopération entre Patrimoine canadien, Affaires mondiales Canada et le Conseil des arts du Canada a été officialisée par un groupe de travail axé sur leur collaboration en matière de diplomatie culturelle.
[Traduction]
Le Canada créatif a été lancé en septembre dernier. Il présente une vision pour l’avenir des industries culturelles et créatives du Canada et, par l’entremise de ses investissements, il peut contribuer aux efforts diplomatiques culturels futurs du pays afin de projeter une image unique du Canada sur la scène mondiale. Dans le cadre de cette vision, notre pays participe à deux piliers importants de la diplomatie culturelle canadienne.
Tout d’abord, le Canada créatif investit dans les créateurs canadiens et leurs récits en, par exemple, accordant un financement supplémentaire au Fonds des médias du Canada pour aider les créateurs et les entrepreneurs culturels canadiens à donner vie à leurs histoires.
Ensuite, dans le cadre du deuxième pilier, le gouvernement fera la promotion de la découverte et de la distribution de ces récits au pays et à l’étranger. Cette initiative soutiendra la création de contenu canadien à l’ère numérique. De plus, elle soutiendra également les entrepreneurs dans l’atteinte de leurs objectifs internationaux de manière à ce que ce contenu soit facilement découvert par des auditoires du monde entier.
La promotion du commerce du contenu créatif canadien renforce nos efforts de diplomatie culturelle. Au-delà des retombées économiques, l’augmentation du commerce international des industries culturelles assure une plus grande visibilité et suscite de l’intérêt pour les œuvres créatives canadiennes dans nombre de pays à l’étranger. La distribution de ces œuvres à l’international augmente la portée des histoires canadiennes qui font connaître nos valeurs et notre identité dans le monde. En retour, la diplomatie culturelle peut attiser l’intérêt et la demande pour les œuvres créatives canadiennes, ce qui susciterait des conditions propices pour nos entrepreneurs créatifs désirant exporter leurs produits vers des marchés étrangers.
Le gouvernement investira 125 millions de dollars supplémentaires sur cinq ans au titre de la Stratégie d’exportation créative pour aider les industries créatives canadiennes à rejoindre de nouveaux auditoires internationaux. En 2018, un nouveau fonds d’exportation créative sera lancé afin de prêter main-forte aux créateurs canadiens pour qu’ils puissent atteindre leurs objectifs commerciaux internationaux.
La mise en œuvre de la Stratégie d’exportation créative misera sur les investissements faits depuis 2016, lorsque le gouvernement a consenti une première somme de 35 millions de dollars afin de promouvoir les industries culturelles canadiennes dans le monde entier.
[Français]
Concrètement, comme vous l’avez entendu hier, Affaires mondiales Canada et Patrimoine canadien collaborent depuis 2016 pour soutenir l’exportation créative. À Patrimoine canadien, nous avons appuyé l’exportation créative également au moyen d’un financement additionnel dans le cadre de certains de nos programmes. Ces investissements ont permis, par exemple, l’atteinte de nouveaux marchés en Afrique anglophone et l’ajout de dates aux tournées internationales de certains de nos artistes du domaine de la musique. Ce sont ces investissements qui permettent au Canada d’être l’invité d’honneur de la Foire du livre de Francfort en 2020 et pays partenaire officiel de Gamescom 2017, deux tremplins majeurs pour l’exportation créative canadienne qui offrent une vitrine internationale pour le Canada, ses créations et ses valeurs.
Au ministère des Affaires mondiales, le soutien sur le terrain a été accru par l’ajout de personnel additionnel et des ressources dédiées à l’appui aux artistes et aux entrepreneurs du secteur créatif canadien, et ce, dans un ensemble de missions diplomatiques à l’étranger.
[Traduction]
Dans le secteur audiovisuel, les traités de coproduction permettent aux réalisateurs canadiens et étrangers de mettre en commun leurs ressources créatives et financières, afin de créer des coproductions qui stimulent l’investissement étranger, créent des emplois et donnent lieu à des échanges culturels mutuellement avantageux. Les traités de coproduction du Canada avec 55 pays ont donné lieu, au cours des 10 dernières années, à 600 coproductions avec des budgets totalisant près de 5 milliards de dollars. Bien que les traités de coproduction soient surtout des instruments économiques, ils peuvent également améliorer les relations diplomatiques et culturelles, en plus de promouvoir un meilleur accès au contenu culturel canadien pour les auditoires canadiens et étrangers.
J’aimerais terminer mon exposé avec deux exemples de recoupement des efforts de promotion de la diplomatie culturelle, du commerce et de la collaboration d’Affaires mondiales et des organismes du portefeuille de Patrimoine canadien.
Notre ministère se sert de la culture afin de renforcer les liens entre les peuples du Canada et de la Chine, mais aussi pour favoriser le développement du commerce dans les secteurs créatifs et culturels. Suite à la signature d’un programme de coopération culturelle Canada-Chine renouvelé en 2016, la ministre Joly a dirigé une mission en Chine en janvier 2017. Au cours de cette mission, la ministre a convenu avec le ministre de la Culture de la Chine d’établir un comité mixte Canada-Chine sur la culture. Le comité servira de plateforme pour un dialogue de haut niveau portant sur des enjeux d’intérêt mutuel axés sur la culture, les industries créatives, le patrimoine et les arts.
La réunion inaugurale de ce comité aura lieu au Canada au début de l’année 2018 et les dirigeants des organismes clés du portefeuille se joindront à la ministre Joly. Lors de cette réunion, il y aura des discussions reliées aux mandats des deux ministres de la Culture, mais ce sera aussi l’occasion pour les représentants des industries créatives des deux pays de discuter et de créer une dynamique pour la mission commerciale sur les industries créatives en Chine en 2018.
De plus, la ministre a dirigé une mission réussie au Mexique le mois dernier qui a abouti, entre autres, à la création d’un groupe de travail sur la créativité et la culture dans le cadre du Partenariat Canada-Mexique. Ce forum de haut niveau, qui prévoit des projets coopératifs à phases multiples, vise à améliorer la coopération, le développement des marchés et l’investissement dans les industries créatives, en plus du renforcement de la contribution du secteur créatif au développement socioéconomique.
Je m’arrêterai là. Nous avons hâte de lire le rapport de votre comité alors que nous poursuivons nos efforts visant à promouvoir le Canada et ses créateurs sur la scène mondiale. Nous sommes prêts à entendre vos commentaires et à répondre à vos questions.
La présidente : Merci.
[Français]
La sénatrice Saint-Germain : Bienvenue. J’ai trouvé très intéressante votre présentation. Je suis parmi les grands partisans de cette étude lancée par notre collègue, la sénatrice Bovey. Je sens le besoin de vous le dire pour mieux vous expliquer le contexte de ma question.
C’est souvent le domaine de la culture et des arts qui est ciblé lorsqu’il est question d’effectuer des compressions budgétaires. On doit alors négocier avec le Conseil du Trésor. Vous devez négocier avec le Conseil du Trésor.
Vous affirmez dès le début que les différentes actions menées, notamment des missions, ont favorisé une discussion stratégique plus poussée au sein même du ministère du Patrimoine canadien, ont amélioré les relations bilatérales et le dialogue avec ses homologues politiques, tout en renforçant l’image du Canada comme pays diversifié, inclusif, progressif et novateur. Je constate que des initiatives intéressantes existent, notamment le programme Un Canada créatif. Vous affirmez qu’en 2018 il y aura un nouveau fonds destiné à l’exportation créative.
Lorsque viendra le temps pour nous de faire des recommandations, nous devrons trancher : faut-il faire plus que ce que nous faisons déjà, soit accorder plus de crédits pour faire davantage avec les fonds que nous avons, ou penser et voir les choses autrement? Ma question, qui est précise, est la suivante : quels sont vos indicateurs de mesures du succès, le cas échéant, des programmes et des investissements que vous faites en matière de diplomatie culturelle?
M. Moisan : Merci de votre question.
Au cours des dernières années, nous nous sommes dotés d’un cadre de mesures de la contribution de la culture à l’économie canadienne. En collaboration avec Statistique Canada, nous avons maintenant un compte satellite sur la culture qui nous permet de quantifier la contribution de l’ensemble des activités culturelles par rapport à l’économie canadienne. Les dernières mesures représentent environ 3 p. 100 du PIB et 3,5 p. 100 des emplois au Canada sont reliés à la culture.
Cela dit, nous sommes en train d’améliorer ces initiatives pour capturer tout l’aspect relatif aux exportations et au commerce afin d’être en mesure de quantifier l’impact de certaines de nos initiatives sur le commerce et les échanges commerciaux en matière de culture avec certains pays.
Nous serons donc en mesure, à terme, de constater quel sera l’impact. Je serai modeste parce qu’on ne peut pas uniquement lier l’augmentation du commerce avec un pays à une initiative, aussi importante et brillante soit-elle. Nous devons tenir compte du contexte global dans lequel le commerce international se déroule. Nous nous sommes donné de nouveaux outils pour quantifier et mesurer cette composante.
Comme vous l’avez déjà entendu dire par des experts, il y a toute une composante qualitative — la qualité de nos relations avec les autres pays — qui est très difficile à chiffrer et où on cherche davantage d’autres indicateurs, d’autres sources d’information moins du domaine quantifiable par des statistiques.
La sénatrice Saint-Germain : Vous avez deviné ma question complémentaire. Dois-je déduire de votre dernier commentaire que les indicateurs qualitatifs, pour l’instant, il y en a peu ou pas du tout?
Michel Sabbagh, directeur, Commerce international, Patrimoine canadien : Il s’agit d’une question dont on devrait discuter avec nos collègues d’Affaires mondiales Canada. Je sais que du travail est fait depuis plusieurs années de leur côté pour mieux mesurer les impacts de la diplomatie culturelle. Cela représente toujours un défi puisque, comme M. Moisan l’a dit, ce sont des indicateurs qualitatifs. Je crois, toutefois, que cette question devrait être posée à Affaires mondiales Canada.
Le sénateur Dawson : Je suis désolé d’avoir été absent hier. Ce n’est pas par manque d’intérêt. Je devais être présent au Conseil interparlementaire mixte (CIM).
[Traduction]
J’ai assisté à une réunion du CIM hier. Tout comme la sénatrice Saint-Germain, ce sujet m’intéresse grandement. J’ai d’ailleurs lu tout ce qui s’est dit hier, et puisque le sénateur Housakos n’est pas ici aujourd’hui alors que certaines de ses questions hier n’ont pas obtenu de réponses, car les témoins ont dit que les représentants du ministère du Patrimoine canadien…
[Français]
Les gens de Patrimoine canadien ont dit qu’ils répondraient demain, soit aujourd’hui. L’une des questions du sénateur Housakos concernait M. Chrétien et l’Équipe Canada. Pourrait-on envisager une Équipe Canada culturelle avec M. Trudeau? Plutôt que d’y aller à coup de petites initiatives, on pourrait réaliser quelque chose de grandiose. Je comprends que Mme Joly est allée en Chine et qu’on a fait des efforts à l’échelle internationale, mais je me demandais si, en concentrant nos efforts, cela aurait une plus grande valeur.
Je ne veux pas vous blâmer pour la comparaison entre le 100e anniversaire du Canada et le 150e, mais on se rappelle de 1967 comme étant un boom culturel. On se rappellera de 2017 pour la patinoire artificielle aménagée sur la Colline du Parlement. Si on regarde le Centre national des Arts et le Grand Théâtre de Québec, qui sont des souvenirs du 100e, le 150e n’aura pas cette marque d’honneur.
Un événement grandiose qu’on pourrait réaliser serait un voyage avec une Équipe Canada culturelle, accompagnée de la ministre et du premier ministre. Est-ce une initiative qu’on pourrait réaliser conjointement avec Patrimoine canadien et les Affaires étrangères?
M. Sabbagh : Pour l’instant, une mission commerciale est prévue en Chine au printemps 2018, telle qu’annoncée par la ministre cet automne. C’est la mission sur laquelle on travaille, mais à plus long terme, la stratégie d’exportation créative prévoit d’autres missions dans un proche avenir. On a certains pays sur notre radar, des pays prioritaires, dont le Mexique. On devra se pencher sur l’implication du premier ministre dans le cadre de ces missions. On connaît le modèle de l’initiative d’Équipe Canada qui a eu lieu par le passé. On travaille déjà étroitement avec Affaires mondiales Canada et d’autres partenaires des agences du portefeuille, les provinces également dans certains cas, sur ces missions commerciales. Cela fait partie de nos plans.
[Traduction]
Le sénateur Dawson : Il arrive que la présidente donne des devoirs aux témoins lorsque vient le temps pour eux de retourner à leurs ministères respectifs. Unissons nos efforts, madame la présidente.
Si vous avez des recommandations, vous pouvez nous en faire part de façon discrète et non publique. Notre étude dépasse certes le mandat du ministère du Patrimoine canadien, puisque ce sont des enjeux concernant notre pays et ses affaires étrangères. Cela étant dit, si vous avez des recommandations, qui, selon vous, devraient se retrouver dans notre rapport, je vous encourage à nous en faire part, que ce soit de façon publique par l’entremise de la greffière ou autrement, pour vous assurer que nous avons des recommandations utiles et pertinentes si vous ne voulez pas mettre dans l’embarras votre ministère ou le ministère des Affaires étrangères.
Je leur donne des devoirs à mon tour, madame la présidente. Si ce que vous avez à dire concerne votre ministre et que vous ne souhaitez pas l’admettre, je suis prêt à vous rencontrer de façon privée. Cela ne me pose aucun problème.
La présidente : Devrait-on rayer cette offre du compte rendu?
Le sénateur Dawson : Trop tard, c’est enregistré sur vidéo.
La présidente : Souhaitez-vous réagir?
M. Moisan : Nous étudierons cette option.
La présidente : Devrions-nous procéder d’une autre façon qui pourrait vous être plus utile? Vous êtes un dirigeant au sein du ministère que tout le monde considère comme étant la source d’information en matière de culture. Ce que nous souhaitons savoir, c’est quelles sont, selon vos expériences, les lacunes et les difficultés relatives à la prestation de ces programmes et quelles sont, selon vous, les possibilités d’expansion.
Si nous le jugeons nécessaire, nous formulerons des recommandations au ministère ou au gouvernement, mais, sur le plan opérationnel, ceci est votre responsabilité. Pourriez-vous nous dire quels sont les obstacles?
J’aimerais savoir, par exemple, si c’est un problème au sein de votre ministère ou si c’est plus général. Est-ce un problème au sein de la communauté culturelle, parce que celle-ci est si diverse et difficile à gérer?
Nous souhaitons nous appuyer sur vos expériences pour formuler nos recommandations. C’est ce que nous faisons avec d’autres ministères. J’arrive d’une séance du Comité des finances. Nous recueillons les témoignages des gens du ministère. Il y a des difficultés relatives à la mise en œuvre de programmes, notamment, et ces informations nous sont très utiles pour nos études. Nous souhaitons recueillir le même genre d’information.
Pas la peine de discuter de façon confidentielle avec le sénateur Dawson, à moins que vous le souhaitiez. À mon avis, je crois sérieusement que ces informations devraient figurer au compte rendu.
M. Moisan : Oui.
La présidente : Sénateur Dawson, auriez-vous quelque chose à ajouter?
Le sénateur Dawson : Ça va.
La sénatrice Bovey : Merci pour cet exposé. J’aurais des questions plus précises à vous poser. Comme j'ai travaillé dans le domaine pendant de nombreuses années, je peux regarder la situation avec du recul, mais j’espère que ce comité fera preuve de créativité dans ses prochains travaux. Nous disposons de nouveaux outils et les artistes créent et présentent leur art de nouvelles façons.
Certaines choses me tracassent et j’aurais besoin de votre aide. J’aime beaucoup l’idée de mettre l’accent sur le monde numérique. Je ne suis pas convaincue que le monde numérique ne fait pas partie du patrimoine culturel; le patrimoine culturel est la base sur laquelle s’appuie une grande partie du monde numérique.
Dans ce contexte, je trouve intéressant de constater qu’il y a peu d’activités entourant les musées virtuels, un programme amorcé il y a 15 ou 20 ans. D’ailleurs, la première exposition numérique internationale a été une collaboration entre le Musée des beaux-arts de Winnipeg, le Smithsonian et le musée national du Mexique. Ce programme en ligne de cinq ans a beaucoup fait en matière de développement d’idées pour les artistes. Je trouve intéressant de voir qu’il y a peu de collaborations internationales du genre. Peut-être que je ne l’ai pas remarqué parce que je me suis concentrée sur autre chose, alors vous me corrigerez si j’ai tort.
L’autre chose qui nous a été beaucoup soulignée, et vous le constaterez en lisant les témoignages que nous avons entendus hier, c’est que les grandes collections, comme celle d’Affaires mondiales, ne sont pas numérisées et publiées en ligne. Encore une fois, cela remonte à la fin des années 1980. Beaucoup d’efforts ont été déployés à l’époque à l’échelle du pays pour mettre en ligne ces collections, afin que des chercheurs internationaux et institutions puissent y avoir accès dans le but de collaborer à l’organisation d’expositions internationales. Ce qui a été publié il y a 10 ans n’est plus en ligne. Je ne crois pas que ce soit en raison des droits d’auteur, puisque ceux-ci ont été vérifiés avant même que ces travaux soient mis en ligne.
Nous mettons l’accent sur la numérisation et les plateformes numériques, mais je trouve étrange que nous accusions du recul, à bien des égards, par rapport aux années 1990 et au début des années 2000.
C’est ma première question. Peut-être aurais-je le temps de vous en poser une autre.
M. Moisan : Merci, sénatrice, pour cette excellente question. Je ne crois pas avoir eu le temps d’aborder la question dans mon exposé. Je tenterai, par l’entremise de la greffière, de vous fournir des réponses précises sur la situation relative aux musées virtuels.
Je sais, par contre, que certains de nos musées nationaux ont beaucoup fait dans ce domaine. Je pense, notamment, au Musée des sciences et de la technologie du Canada qui est demeuré accessible et dont la popularité a augmenté lorsque ses portes étaient fermées en raison de sa présence sur le web, de la numérisation étendue de sa collection et de sa grande collaboration.
Je sais également que Bibliothèque et Archives est très actif dans le monde numérique et qu’il l’est probablement encore davantage, mais je recommande au comité d’en discuter directement avec Bibliothèque et Archives en raison de sa grande expérience dans le domaine.
Nous vous ferons parvenir des informations plus précises sur ce que fait le ministère pour soutenir les musées et sur la situation relative aux musées virtuels, car je me souviens que beaucoup de collections ont été numérisées au début des années 2000.
La sénatrice Bovey : J’aimerais savoir ce que fait le ministère dans les établissements nationaux, car certaines de nos collections les plus riches et les plus importantes au pays demeurent inconnues faute de fonds pour les numériser. On parle ici du ministère du Patrimoine canadien. J’ose espérer que les programmes que vous allez développer seront créatifs et qu’ils s’appliqueront à tout le pays.
Il y a une autre chose qui me dérange quelque peu. Je n’ai aucun problème avec l’imagerie numérique. J’aime bien ce concept. C’est une excellente façon pour le public de voir ou d’entendre un concert, mais toutes sortes d’études nous apprennent que ce sont les galeries et musées auxquels les sociétés contemporaines font le plus confiance, car ils traitent de choses concrètes. Tout est concret dans ces établissements.
Nous savons également que ceux qui participent à des événements artistiques en personne ont une espérance de vie plus élevée de deux ans, coûtent moins au système de santé et quittent plus rapidement les hôpitaux après une intervention chirurgicale élective.
Je trouve intéressant de voir qu’à l’échelle mondiale, les établissements canadiens participent très peu à des projets de recherche importants dans le domaine. J’aimerais connaître la position du ministère quant à la valeur de l’expérience concrète et des objets concrets pour contrebalancer le numérique.
M. Moisan : Tous les deux ans, nous menons un sondage dans le domaine, notamment en ce qui concerne les arts et les arts de la scène, afin d’obtenir des données précises sur l’impact des sorties au théâtre et de la participation à des activités des arts de la scène. Je serai heureux de vous faire parvenir les données que nous avons recueillies récemment. Ces données nous donnent une certaine idée de la situation.
La sénatrice Bovey : J’ai déjà ces données. Je les recherche toujours.
La présidente : Peut-être que vous pourriez les fournir au comité.
La sénatrice Bovey : Ma question concerne la communauté médicale.
M. Moisan : J’ignore s’il y a des données relatives à la communauté médicale, mais je tenterai de trouver une réponse pour vous.
La sénatrice Bovey : Il y a des choses intéressantes qui pourraient appuyer davantage les efforts du Canada à l’étranger.
La présidente : À ce propos, je sais que vous avez beaucoup d’informations sur le sujet, mais si le témoin pouvait nous faire parvenir ces documents par l’entremise de la greffière, cela nous serait utile.
Pendant que j’y suis, sénatrice Bovey, vous nous avez fourni des statistiques intéressantes sur l’espérance de vie, notamment. Il serait intéressant d’identifier ces rapports et de les inclure dans nos documents.
La sénatrice Bovey : La première étude importante a été réalisée conjointement par la Grande-Bretagne, la Suède et des médecins de New York. Je vous la ferai parvenir.
La présidente : Cela fera partie de vos devoirs.
La sénatrice Bovey : Il sera important d’avoir des chiffres sur l’impact économique et l’incidence sur l’emploi si nous souhaitons être créatifs, mais je crois qu’il y a beaucoup d’autres incidences plus difficiles à mesurer concernant les arts et la culture à l’échelle internationale, tant pour les artistes canadiens que pour les publics.
La sénatrice Ataullahjan : J’aimerais en savoir davantage sur votre relation de travail avec Affaires mondiales. Entretenez-vous une relation étroite? Est-ce que vous jouez un rôle dans la promotion de la culture canadienne au sein des missions canadiennes à l’étranger?
M. Moisan : Je vais vous parler brièvement de l’un des éléments de votre question et laisserai Michel vous parler de ce que nous faisons à l’étranger.
Nous entretenons une relation très étroite avec Affaires mondiales, avec certains de nos collègues que vous avez rencontrés hier, mais aussi avec les missions à l’étranger.
On nous informe parfois de possibilités qui existent à l’étranger. Le meilleur exemple serait l’Arctic Art Summit dont nous a informés la mission à Oslo qui a conclu qu’il serait très important de participer à cet événement. Nous avons ensuite travaillé avec AMC au bureau central et réussi à participer à l’événement, à assurer une présence canadienne importante, à apprendre certaines choses et à assurer la participation d’artistes autochtones du Nord du Canada. Il s’agit d’un bon exemple de collaboration. Nous avons souvent ce genre d’échanges avec les missions à l’étranger qui attirent notre attention à certaines possibilités.
Parfois, les rôles sont inversés. Par exemple, si nous savons que la ministre souhaite participer à certaines missions, dans certaines villes, nous travaillons étroitement avec les missions non seulement pour nous assurer qu’il y a des contacts politiques avec la ministre, mais également pour qu’elle puisse rencontrer des artistes et entrepreneurs culturels canadiens dans ces villes. Il s’agit d’une relation très étroite.
Nous travaillons également avec le Conseil des arts du Canada, car il est très présent et joue un rôle très important dans le soutien des artistes en tournée. Nous profitons au maximum de l’occasion lorsque certains artistes, orchestres ou groupes théâtraux se trouvent à l’étranger afin qu’ils puissent tirer le maximum de leur tournée.
Je vais maintenant laisser Michel vous parler plus précisément du fonds de la mission.
M. Sabbagh : Concernant l’aspect commercial, depuis l’annonce dans le budget de 2016 de la mise en vitrine à l’échelle mondiale des industries culturelles canadiennes dont nous avons parlé plus tôt, nous travaillons en étroite collaboration avec Affaires mondiales, le Conseil des arts du Canada et d’autres organisations du portefeuille.
Nous travaillons avec Affaires mondiales afin de trouver des possibilités sur le terrain et des contacts pertinents, par exemple, qui pourraient s’avérer utiles ou pertinents pour des artistes et organisations culturelles.
Nous tentons également d’obtenir le soutien du ministère pour organiser des missions commerciales et participer à des événements majeurs. Nous avons parlé de la participation du Canada au Salon du livre de Francfort 2020. Évidemment, nous travaillons à cet égard en étroite collaboration avec Affaires mondiales.
Je vous donne un autre exemple. L’été dernier, le Canada a participé à gamescom, l’une des plus importantes foires commerciales de jeux vidéo au monde. Cette participation a aussi été rendue possible grâce à l’aide de nos ambassades et consulats en Allemagne.
Cette relation existe depuis longtemps. Elle a été renouvelée et renforcée au cours des dernières années avec les annonces que nous avons faites.
La sénatrice Ataullahjan : Lancée en septembre 2016, l’initiative Canada créatif a d’abord reçu un investissement de 35 millions de dollars. Comment ces fonds ont-ils été distribués et quels critères ont été utilisés?
M. Sabbagh : Vous voulez parler du fonds culturel de la mission? Nous pourrons faire parvenir au comité les critères précis qui ont été utilisés, mais, de façon générale, nous avons tenté de trouver un juste équilibre entre l’aspect commercial et celui de la diplomatie culturelle. Nous étions à la recherche de projets faisant la promotion de possibilités commerciales et culturelles à court, à moyen et à long terme pour des artistes ou entrepreneurs culturels et qui contribuaient à la diplomatie culturelle et à l’avancement des objectifs de politique étrangère tout en protégeant les valeurs canadiennes à l’étranger.
Cette année, nous nous sommes concentrés sur Canada 150, comme vous l’ont souligné nos collègues d’Affaires mondiales hier. Nous travaillons ensemble afin de définir les priorités, qui peuvent changer d’une année à l’autre, tant du point de vue géographique que du point de vue du contenu, en fonction des possibilités que nous tentons de définir à l’avance.
La sénatrice Ataullahjan : Pouvons-nous nous attendre à ce que d’autres ententes comme celles signées avec Netflix soient conclues avec d’autres entreprises étrangères?
M. Moisan : Nous n’avons aucune information à ce sujet.
La sénatrice Ataullahjan : Peut-être en privé, comme le proposait le sénateur Dawson?
M. Moisan : Même en privé, nous n’avons aucune information sur le sujet.
La présidente : Nous avons amorcé cette étude sur la diplomatie culturelle. Nous utilisons ce terme, mais celui-ci semble vouloir dire différentes choses pour différentes personnes. Les artistes et groupes canadiens parlent de diplomatie culturelle lorsqu’ils souhaitent vivre une expérience internationale. Pour le gouvernement, la diplomatie culturelle semble être un outil utile. Elle met en lumière le Canada à l’échelle internationale et explique ce qu’est le Canada. Cela peut être avantageux pour le pays, que ce soit sur le plan commercial, pour faire comprendre l’aspect politique de notre pays, pour déboulonner certains mythes et peut-être pour moderniser l’image du Canada.
Nous avons mené des études bilatérales et découvert que les renseignements que nous avions sur le pays que nous examinions n’étaient pas à jour, mais que l’inverse était également vrai. Certaines des images selon lesquelles le Canada est un pays froid persistent.
Nous sommes conscients qu’il s’agit d’un outil précieux. Nous tentons d’étudier cet outil. Mais, pour ce faire, nous devons saisir ce que tout cela signifie du point de vue fédéral, mais aussi du point de vue provincial et municipal.
Je ne suis pas une artiste, mais j’ai travaillé dans le domaine des affaires étrangères pendant un certain temps. Donc, je comprends certains concepts de transparence et de reddition de comptes. Ce que je tente de savoir, c’est ce que fait le gouvernement fédéral en matière de diplomatie culturelle. À cet égard, vous êtes la meilleure ressource.
Il y a deux secteurs dont j’aimerais parler. J’ignore quel est votre mandat et comment vous procédez, si vous agissez à titre de dépôt pour tous les fonds qui seront ensuite distribués, mais, prenons par exemple, le Conseil des arts du Canada. Le conseil reçoit-il ses fonds de vous ou du Conseil du Trésor? Il y a beaucoup de questions semblables dont nous devons avoir les réponses.
Lorsque les artistes reçoivent des fonds pour aller à l’étranger… Je comprends comment fonctionne Affaires mondiales et comment les fonds sont remis; cela nous a été expliqué, mais lorsque l’argent est distribué ailleurs, est-ce le Conseil du Trésor, le ministre des Finances ou la ministre du Patrimoine qui contrôle cette distribution de fonds? Ce sont des informations que nous devons avoir.
Vous dites utiliser maintenant une matrice pour juger de la valeur de vos activités. J’imagine que nous pouvons prendre connaissance de cette matrice. Est-elle réservée à votre ministère?
Nous avons besoin de votre aide afin de comprendre exactement ce qui se passe. Il y a d’autres activités. Des foires sont organisées par l’entremise d’Agriculture Canada. Nous mettons en vitrine nos aliments, nos capacités et nos produits. Beaucoup d’efforts sont déployés pour ces foires. Je considère qu’il s’agit également d’une activité culturelle. Lors de foires commerciales, nous mettons en vitrine nos produits et nos capacités. Lors d’activités culturelles, nous mettons en lumière nos aliments. Nous utilisons la diversité canadienne. Nous avons plus d’un aliment qui permet d’identifier le Canada, contrairement à certains autres pays qui n’en ont qu’un seul. Tout cela fait partie de l’activité culturelle.
Comme on dit, nous devons prendre la situation en main. Nous devons savoir combien d’argent est dépensé. Nous devons savoir de combien de fonds votre ministère dispose, quels sont vos programmes et où nous pouvons trouver cette information. Devons-nous nous informer auprès du Conseil des arts du Canada ou auprès d’un autre ministère pour savoir où les autres fonds sont affectés et dépensés?
Si nous ne comprenons pas certains des concepts, notre tâche sera immense. Nous pourrons alors nous concentrer à maximiser nos efforts, à mettre certaines choses en lumière, à préciser d’autres choses et à formuler des recommandations. Grâce à nos séances télévisées et à nos rapports, nous pourrons également fournir des informations sur ce qui se fait. Je ne crois pas que ces informations soient connues.
Avez-vous des sites web que vous combinez qui sont coordonnés entre différents ministères?
M. Moisan : Si vous le permettez, en réponse à votre premier point sur le Conseil des arts du Canada, il y a un certain nombre d’organismes du portefeuille — comme le Conseil des arts du Canada, nos musées nationaux et la CBC — qui font rapport à la ministre du Patrimoine canadien mais qui sont indépendants du ministère. Ils reçoivent du financement directement du Parlement et rendent des comptes au Parlement par l’entremise de la ministre.
Pour le Conseil des arts du Canada, par exemple, nous pouvons fournir les renseignements sur le site web, mais vous devriez probablement rencontrer ses représentants. Le conseil est complètement indépendant. Les fonds ne proviennent pas de Patrimoine canadien. Il reçoit du financement directement du Parlement. Il prend des décisions indépendantes au sujet des artistes et de la répartition des fonds, surtout pour appuyer des tournées internationales, et ces fonds ont augmenté considérablement avec le gouvernement actuel. Le conseil est très actif dans ce secteur. Je vous encourage donc de rencontrer les représentants du conseil.
Nous pouvons essayer de…
La présidente : Sur ce point, vous dites que les fonds proviennent du Parlement. Je comprends. Ce sont des crédits du budget. Mais de quel ministre le conseil relève-t-il?
M. Moisan : De la ministre du Patrimoine canadien.
La présidente : Soumet-il son budget à la ministre du Patrimoine?
M. Moisan : Oui, mais les décisions concernant les artistes et les arts sont prises de façon complètement indépendante.
La présidente : Je comprends.
M. Moisan : C’est ce qui est prévu dans la loi.
Il y a un certain nombre d’autres établissements qui sont présents à l’étranger. Je pense à nos musées nationaux et aux expositions qu’ils échangent avec d’autres pays, au Musée des beaux-arts du Canada. Tous ces établissements reçoivent des crédits du Parlement. Ils font rapport au Parlement par l’entremise de la ministre, mais ils ont un budget qu’ils gèrent eux-mêmes.
Je me ferais un plaisir de fournir des renseignements à la greffière pour vous donner une idée, car c’est compliqué avec Patrimoine canadien. La ministre est responsable d’un ministère qui compte un ensemble de programmes, mais une vingtaine d’organisations du portefeuille font rapport par l’entremise de la ministre, et certaines d’entre elles sont très actives sur le plan de la diplomatie culturelle. Nous travaillons en collaboration avec ces organisations, mais pour aider le comité dans le cadre de son étude, je vais travailler avec votre greffière pour vous donner un aperçu de la situation, et je suggérerai probablement quelques sources d’information et organisations du portefeuille qui sont aux premières lignes pour appuyer les artistes qui vont à l’étranger ou pour favoriser une présence culturelle du Canada à l’étranger. Vous aurez ainsi une meilleure idée de la situation.
Nous n’avons pas de site web qui précise les différentes sources pour obtenir ces renseignements.
En ce qui concerne Patrimoine canadien et ses programmes, le secteur le plus important est celui que Michel dirige pour promouvoir les exportations. Hormis cela, nous n’avons pas de division, de programme ou de budget pour la diplomatie culturelle. Nous travaillons en partenariat avec les programmes existants. Nous n’avons pas une source de fonds unique, mais c’est ainsi que nous fonctionnons depuis longtemps.
La présidente : Vous avez dit que c’est par l’entremise des programmes existants avec lesquels vous travaillez. Pouvons-vous obtenir une liste de ces programmes?
M. Moisan : Absolument.
La présidente : Et peut-être du financement qu’ils reçoivent?
M. Moisan : Très certainement.
La présidente : Y a-t-il un mécanisme de reddition de comptes pour tous ces programmes, ou est-ce seulement les nouveaux programmes qui ont été mis en place en 2016 qui sont visés?
M. Moisan : Je ne suis pas certain de comprendre votre question.
La présidente : Comment évaluez-vous ces programmes? C’est ce que je veux savoir.
M. Moisan : Ils sont tous évalués périodiquement aux cinq ans, conformément au règlement du Conseil du Trésor. Nous les examinons tous régulièrement. Il faudrait que je me renseigne pour savoir comment les examens sont effectués pour les organismes du portefeuille et à quelle fréquence, mais ils sont tous évalués. Ils ont tous des critères clairs quant aux objectifs qu’ils tentent d’atteindre, et nous évaluons ces critères.
La présidente : Qui les évalue?
M. Moisan : Nous avons des évaluateurs dans tous les programmes qui effectuent les évaluations. Toutes les évaluations sont rendues publiques. Elles font partie des activités régulières des ministères et des organismes.
La présidente : Puisque j’ai mentionné le ministère de l’Agriculture, il y a tous ces autres ministères pour qui, de nos jours, tout est à l’échelle internationale. Vous pourriez parler d’initiatives à l’échelle nationale et régionale, mais vous devez également parler d’initiatives à l’échelle internationale car il y a tellement de traités et de conventions, et le monde est très mobile. Les entreprises sont interreliées, et ces changements à la valeur ajoutée que nous étudions touchent un grand nombre d’industries culturelles également.
Devrons-nous écrire à tous les ministères pour leur demander comment ils participent, le cas échéant, à la diplomatie culturelle? Où y a-t-il une façon centralisée de recueillir ces renseignements? J’imagine que ce que je veux savoir, c’est si quelqu’un a recueilli ces données.
M. Moisan : Madame la présidente, vous soulevez un point intéressant en présentant une définition large de la diplomatie culturelle. Vous avez inclus les aliments et des façons de concevoir notre approche à l’égard des technologies et de tout. Ce n’est pas exactement la façon dont nous envisageons la diplomatie culturelle. Nous examinons la culture, les artistes et le reste. Vous aborderiez une question très compliquée.
Nous avons été confrontés à cette situation avec la stratégie en matière de tourisme. Le Canada a une stratégie en matière de tourisme, et c’était une question. Où les aliments cadrent-ils dans notre secteur du tourisme? Ils en font partie. Où un certain nombre d’autres aspects cadrent-ils dans ce secteur?
Pour les besoins du comité, je pense que nous devrons inclure ces aspects dans une définition large, car je pense que de nombreux ministères seront perplexes et se demanderont si la promotion du secteur agricole à l’étranger fait vraiment partie de la diplomatie culturelle.
Mes collègues des Affaires étrangères pensent peut-être que cela fait partie de la diplomatie publique, mais nous n’avons jamais été saisis dans le passé de cette notion globale qui inclut les aliments et tout le reste.
La présidente : Je comprends que vous devez respecter les directives et les mandats de votre ministère. Je faisais appel à votre expertise et vous avez partagé vos connaissances avec nous en démontrant que la définition est peut-être plus large pour d’autres raisons, mais vous avez votre mandat.
M. Moisan : Exactement.
La sénatrice Bovey : Si vous me permettez de poser quelques questions complémentaires, je vous en serais reconnaissante. Madame la présidente, j’ai posé la dernière question à un groupe d’étudiants diplômés il y a quelques années et ils m’ont fourni la réponse en l’espace d’une demi-heure. Il était intéressant de voir comment ils percevaient la dimension internationale de la politique culturelle canadienne. La réponse existe. C’est un bon point.
En ce qui concerne la question sur les évaluations, je suis très heureuse d’entendre que les évaluations des programmes sont du domaine public. Je ne sais pas si bien des gens le savent.
Je vous poserais la question complémentaire suivante : le ministère assure-t-il un suivi de ces évaluations dans l’élaboration de programmes?
M. Moisan : Oui. Le suivi est un élément très important. Lorsqu’on apporte des ajustements et qu’on met au point de nouveaux programmes, par exemple, on doit prendre en considération les leçons tirées des évaluations précédentes. C’est un élément normal du processus.
Lorsqu’on nous demande d’apporter des ajustements immédiatement, c’est une pratique courante au sein des ministères.
La sénatrice Bovey : Je vais seulement dire que dans le cadre d’une conversation que j’ai eue hier, j’ai appris que le Programme d’aide aux musées et son volet international n’ont pas assuré de suivi après les évaluations. Je tenais à le signaler.
Vous avez mentionné l’UNESCO, et je pense que la politique culturelle internationale vise à échanger les connaissances. À la lumière d’accords de l’UNESCO voulant que les pays qui ont l’expertise nécessaire doivent contribuer à protéger les trésors dans les régions dévastées par la guerre dans le monde, et à la lumière de l’important travail qu’ils ont fait à Palmyre et en Égypte, je pense qu’il serait utile pour cette étude si vous pouviez nous expliquer le rôle que le Canada a joué dans le cadre de l’accord de l’UNESCO et sa participation. Je pense que ce pourrait être intéressant, et c’est un autre aspect important de la politique culturelle canadienne à l’étranger.
Le Canada a la réputation d’avoir de grands chanteurs et auteurs. Les chanteurs parcourent le monde pour chanter, mais nos auteurs ont tendance à écrire dans l’une des deux langues officielles, et il existe des programmes de traduction de l’anglais vers le français et du français vers l’anglais.
Je me demande ce que nous faisons pour faire connaître les œuvres de nos auteurs de renommée internationale et les faire traduire dans d’autres langues.
J’ai eu une rencontre avec un ambassadeur japonais à la retraite il y a un certain nombre d’années. Il est venu en visite et m’a demandé de l’amener à une libraire où il a acheté deux grandes boîtes de livres en deux exemplaires de tous les grands auteurs qu’il croyait que le Canada a, allant de Margaret Atwood à Alice Munro en passant par Margaret Lawrence, car à l’époque, un seul livre canadien avait été traduit en japonais et c’est, bien entendu, Anne… la maison aux pignons verts.
Il était d’avis que la littérature canadienne excédait largement les normes de nombreux autres pays. À la retraite, il allait traduire des livres. Malheureusement, je ne sais pas ce qui s’est passé avec les traductions. Je sais que je lui ai envoyé des livres pendant un certain temps.
Puisque nous sommes sur le sujet des plateformes créatives, relèvent-elles de Patrimoine canadien, ou incombe-t-il à d’autres pays de s’en occuper?
M. Sabbagh : En ce qui concerne l’édition de livres plus précisément, j’ai mentionné la Foire du livre de Francfort de 2020. Nous travaillons avec le Conseil des arts du Canada pour créer un programme de traduction.
La sénatrice Bovey : Vers l’allemand?
M. Sabbagh : C’est exact. Nous pouvons fournir les détails à ce sujet à mesure que nous recevrons des renseignements.
De façon générale, nous savons que les éditeurs de livres devront conclure des ententes lorsqu’ils échangent leurs droits, par exemple, à la Foire du livre de Francfort ou à d’autres foires du livre. C’est assurément une préoccupation pour nous pour ce qui est de faire connaître leurs œuvres et de les distribuer dans un certain nombre de pays, outre les marchés anglophones et francophones.
La sénatrice Bovey : Et en ce qui concerne l’UNESCO, pouvez-vous nous fournir…
M. Moisan : Absolument.
La sénatrice Bovey : Votre dernière réponse au sujet de la littérature soulève toute la question des droits d’auteurs, qui est un sujet de discussion pour un autre jour. Je sais que la loi fait l’objet d’un examen mais, madame la présidente, puis-je dire aux fins du compte rendu que les droits d’auteurs seront extrêmement importants lorsque nous étudierons cette sphère de la diplomatie culturelle sur la scène internationale?
La présidente : Cela fait certainement partie des accords commerciaux.
La sénatrice Bovey : Tout à fait.
La présidente : J’ai quelques questions supplémentaires, que vous voudrez certainement prendre en note.
Vous ne pensez pas que nous devrions élargir la diplomatie culturelle autant que je vous invitais à l’envisager, mais vous avez créé, si je comprends bien, un cadre stratégique pour un Canada créatif, coprésidé par la ministre du Patrimoine canadien et le ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, pour élaborer des stratégies afin de coordonner la présence et l’image de marque du Canada à l’échelle internationale. Vous ne prenez pas ces mesures seulement au sein de votre ministère. Pouvez-vous nous dire où vous en êtes et dans quelle mesure les deux ministères collaboreront en ce sens?
M. Moisan : Madame la présidente, je ne dis pas que c’est une mauvaise idée, mais que c’est une idée difficile.
La présidente : Nous avons un bon débat. Merci.
M. Sabbagh : Le 28 septembre, on a annoncé que le conseil des industries créatives, comme vous l’avez mentionné, faisait partie de l’initiative pour Un Canada créatif. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos collègues du ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique à trouver des idées pour la composition du conseil. Comme on l’a mentionné durant l’annonce, il sera coprésidé par la ministre de Patrimoine canadien et le ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique.
Nous le considérons comme étant un outil pour cibler les barrières à la croissance au pays et à l’étranger. Ce pourrait être des politiques nationales ou des caractéristiques du marché dans certaines industries créatives sur lesquelles nous devons travailler, mais aussi des obstacles auxquels sont confrontés des entrepreneurs créatifs lorsqu’ils tentent de percer les marchés étrangers. Il y a des marchés qui sont plus difficiles que d’autres pour un certain nombre de raisons, et nous voulons certainement que le conseil des industries créatives se penchent sur ces questions et trouvent peut-être des solutions auxquelles ils participeront également. Nous y travaillons.
La présidente : La ministre a relevé quelques pays avec lesquels vous travaillez — Mexique, Chine, et cetera. Comment cette liste a-t-elle été dressée? Pourquoi nous limiterions-nous à ces pays? Est-ce une élimination progressive, ou cela cadre-t-il avec d’autres intérêts et activités du gouvernement canadien?
M. Sabbagh : Je peux parler du commerce. Comme mon collègue l’a mentionné plus tôt, les données que nous avions sur les exportations culturelles ont cessé d’être recueillies aux alentours de 2009-2010. Nous n’avons que des données vieilles de sept ou huit ans, et nous travaillons avec Statistique Canada pour recommencer à les recueillir. Nous aurons des données mises à jour sur les exportations et les importations par pays et par industrie créative probablement au milieu de 2018. Nous avons bien hâte de les recevoir.
Lorsqu’on examine les principaux pays vers lesquels nous exportons, ce sont les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, et il y en a d’autres, mais la majorité de nos exportations sont concentrées dans ces pays.
Nous savons qu’il y a des pays qui présentent des possibilités émergentes en croissance, qui ont une classe moyenne qui demande du contenu culturel de qualité élevée, dont la Chine. Cela nous amène à prêter plus attention à ces marchés. Nous savons qu’il y a des défis particuliers associés à ces marchés, où nous portons une partie de notre attention à l’heure actuelle.
La présidente : Vous faites un lien avec le commerce. À Statistique Canada, nous avons mené une étude sur le commerce et les accords commerciaux existants. L’un des enjeux que Statistique Canada a relevés, c’est qu’ils se concentrent énormément sur les biens. On se concentre sur les services et la chaîne de valeur mondiale également. Nous ne nous concentrons pas sur nos affaires, que ce soit dans les industries créatives ou autres. Nous n’obtenons que ces données brutes, ce qui complique beaucoup les choses. Il a été recommandé que Statistique Canada devrait changer la façon dont il recueille les statistiques sur le commerce, ce qu’il a commencé à faire.
Est-ce ce dont vous discutez avec Statistique Canada, pour faire le point, afin de vraiment commencer à suivre les entreprises que nous avons à l’heure actuelle et la façon dont ils progressent, et non pas de suivre ce qui entre au Canada et ce qui en sort? Il y a de nombreuses importations et exportations avant d’obtenir un produit final.
M. Sabbagh : C’est exact. Le commerce des produits et services culturels est de plus en plus numérique, comme nous le savons, ce qui crée des défis liés aux mesures sur lesquels nous travaillons avec Statistique Canada. Nous avons pu mieux évaluer les importations et les exportations de produits et services créatifs.
Comme première étape, le relevé des statistiques culturelles aura un module consacré au commerce, aux importations et aux exportations pays par pays, mais nous travaillons également avec Satistique Canada pour nous assurer d’intégrer le volet numérique qui est si important pour nos créateurs.
Le sénateur Oh : J’ai une question semblable à celle que la présidente vient de poser. Le village mondial international connaît du Canada ses ours polaires, la Gendarmerie royale du Canada, ses magnifiques couleurs automnales et sa feuille d’érable.
En ce qui concerne la diplomatie culturelle, l’une des pratiques exemplaires consiste à créer l’image de marque du Canada à l’aide de notre feuille d’érable. C’est un excellent symbole de qualité et de culture de nos produits de qualité supérieure. Que fait le gouvernement pour promouvoir notre image de marque que représente la feuille d’érable? C’est un symbole important dans l’économie mondiale.
M. Moisan : À Patrimoine canadien, et certainement au Conseil des arts du Canada, nous appuyons une vision du Canada comme étant un pays très diversifié, inclusif et novateur à bien des égards en faisant connaître de nombreux artistes à l’étranger. Nous ne leur demandons pas forcément, si c’est votre question, d’arborer le drapeau. Ils disent qu’ils sont Canadiens. Ils présentent toute la diversité du Canada.
C’est une question dont nous avons discuté avec Affaires mondiales : quelle est l’image de marque du Canada et dans quelle mesure est-elle répandue? On en revient à ce que madame la présidente disait : quand on parle du Canada, comment faire pour le commercialiser et montrer de façon simple, mais véridique, en quoi il consiste? Le Canada est un pays doté d’une grande diversité. C’est un défi que nous avons toujours eu.
Même dans les industries créatives et les films, nous ne demandons pas à nos artistes et à nos réalisateurs de ne livrer qu’un seul récit sur le Canada. En fait, ils livrent une multitude de récits à son sujet. Préférons-nous une image de marque qui privilégie la qualité plutôt que le contenu? C’est un monde qui présente de nombreux défis, et nous discutons avec Affaires mondiales de la manière de façonner cette image de marque.
Une partie de cette image de marque a été façonnée cette année avec Canada 150, mais créer l’image de marque d’un pays représente un véritable défi. Nous avons vu l’exemple d’activités très efficaces de promotion de l’image de marque au Royaume-Uni, au Japon et dans d’autres pays — les témoins nous en ont d’ailleurs parlé. Nous ne l’avons pas fait au Canada, et il est clair que nous en discutons avec Affaires mondiales.
Le sénateur Oh : La feuille d’érable sur nos emballages d’aliments a créé un symbole très important. Les Canadiens produisent des aliments salubres de qualité.
M. Moisan : C’est vrai.
Le sénateur Oh : Les produits marqués de la petite feuille d’érable se vendent très bien en Asie et en Europe. Comme le kiwi qu’ont créé les Néo-Zélandais, nom qu’ils ont même donné à un fruit. C’est important pour accroître les débouchés économiques.
La présidente : Merci. Cela nous ramène à ma question. Je l’abordais sous un autre angle : que font les ministères? Le sénateur Oh veut savoir si vous vous penchez sur la signification d’une image de marque et si nous l’utilisons. Ensuite on s’adresse aux autres ministères. Vous avez un rôle à jouer auprès d’eux si vous comptez envisager une nouvelle vision du Canada. Où en êtes-vous dans la discussion concernant l’image de marque?
M. Moisan : Je dirais que c’est une discussion que nous avons entamée avec nos collègues d'Affaires mondiales, qui parlent à chaque ministère. L’argument du sénateur Oh concernant le symbole de la feuille d’érable sur les emballages d’aliments témoigne de la portée de ce que signifie la valorisation d’une image de marque, car celle-ci concerne la salubrité des aliments, et non leur valeur. C’est une question de salubrité; on peut faire confiance à cette marque.
Vous pouvez vous imaginer être assis à une table avec les représentants d’Affaires mondiales et ceux d’un certain nombre de ministères qui leur demandent en quoi consiste l’image de marque. En gros, c’est une discussion très difficile. Nous travaillons avec Affaires mondiales à déterminer la façon de valoriser l’image de marque du Canada à l’étranger.
Oui, nous avons un rôle à jouer, et nous sommes responsables des volets culturel, créatif et artistique des choses, mais d’autres ministères ont différentes vues sur ce en quoi devrait consister l’image de marque.
La présidente : Je pense que la nourriture est un bon exemple, car c’est une question de salubrité. Elle représente les valeurs que le Canada défend, la nature de nos agriculteurs, la diversité de nos exploitations agricoles et les changements qu’ils ont faits, ainsi que la valeur ajoutée en fonction des habitudes de consommation dans le monde entier.
Je suis originaire de la Saskatchewan, où on avait l'habitude de cultiver le blé, l’orge et l’avoine. Maintenant, on produit des pois chiches, des lentilles, des graines de moutarde, de l’huile de colza, et cetera. Cela montre un nouveau Canada, un Canada différent, mais c’est vraiment une question de salubrité. Ce type d’image de marque a une dimension culturelle. C’est ainsi que nous avons fait prospérer et que nous avons protégé nos exploitations agricoles. Je pense que cet élément a une dimension culturelle et que peut-être que Patrimoine canadien peut songer à l’importance qu’il accorde à cette question.
La sénatrice Bovey : J’allais simplement dire que les œuvres — réalistes ou abstraites — que nos artistes créent, écrivent, peignent, sculptent et filment donnent les récits qui se cachent derrière la feuille d’érable. Si je me fie à ma connaissance de l’image de marque, je pense qu’il y a lieu de dire que celle-ci se trouve dans toutes les publications et tout ce qui accompagne ces échanges culturels.
J’espère que, par l’intermédiaire des œuvres de créateurs d’ici, les citoyens canadiens et internationaux seront en mesure de voir, d’entendre et de comprendre que les messages qu’ils transmettent font partie de notre identité.
La présidente : Comme vous pouvez voir, nous entamons un dialogue. Nous ne vous laissons pas vous en tirer. Nous cherchons à découvrir ce qui existe sur le plan de la diplomatie culturelle au Canada et la perception du gouvernement canadien à son égard. Nous voulons rejoindre un public plus vaste et nous aimerions savoir sur quelles mesures les Canadiens estiment que nous devrions miser davantage ou moins, selon le cas. Nous tenterons d’en faire une politique gérable qui sera peut-être assortie de recommandations.
C’est le début d’un dialogue. J’espère qu’on retiendra certaines de nos questions pour bien y réfléchir et voir si on souhaite y répondre plus en détail. Je peux vous assurer que nous allons probablement vous inviter de nouveau dans le cadre de notre étude pour faire un autre bilan et formuler d’autres suggestions et idées, et peut-être que vous en aurez à nous transmettre, comme le sénateur Dawson l’a fait remarquer.
Sur ce, mesdames et messieurs les sénateurs, en votre nom, je remercie les deux témoins d’aujourd’hui pour une discussion franche dans laquelle nous avons abordé une vaste gamme de sujets. Je pense qu’elle nous a été utile pour nous aider à cibler notre étude, que nous venons à peine d’entamer. Il nous reste donc encore beaucoup de temps pendant lequel nous entendrons une multitude de commentaires. Nous savons que vous nous accompagnerez dans cette démarche. Merci d’avoir été des nôtres aujourd’hui.
(La séance est levée.)