Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et
du commerce international
Fascicule no 39 - Témoignages du 15 février 2018
OTTAWA, le jeudi 15 février 2018
Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd’hui, à 10 h 45, pour étudier l’impact et l’utilisation de la culture et des arts canadiens sur la politique étrangère et la diplomatie du Canada et d’autres questions connexes.
La sénatrice A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Honorables sénateurs, le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international est prêt à poursuivre son étude sur l’impact et l’utilisation de la culture et des arts canadiens sur la politique étrangère et la diplomatie du Canada, et d’autres questions connexes.
En vertu de ce mandat, le comité est heureux de recevoir aujourd’hui Mme Mariya Afzal, directrice pour le Canada, British Council Canada, et M. Ronald Grätz, secrétaire général, Institut pour les relations culturelles avec l’étranger, qui est avec nous par vidéoconférence depuis Berlin, en Allemagne. Souhaitons que la connexion tienne le coup. Nous allons devoir reporter à un autre jour le témoignage de M. Carlos Enríquez Verdura, chargé d’affaires pour la culture, et directeur adjoint, Expositions et projets spéciaux au Secrétariat des Affaires étrangères du Mexique. Bienvenue à nos deux invités.
Le comité a entrepris cette étude en décembre 2017. Nous avons entendu les témoignages de divers représentants canadiens sur la diplomatie culturelle. Nous tâchons de dresser un portrait global de la situation afin de déterminer les éléments à inclure à la stratégie gouvernementale en matière d’arts et de culture, de façon à contribuer au succès de la politique étrangère et de la diplomatie du Canada. Nous explorons les nouvelles technologies et de nouvelles solutions afin de remédier aux difficultés cernées.
Dans l’optique de gagner du temps, nous avons déjà fait circuler au comité les biographies fournies par les deux témoins.
Avant de céder la parole à nos invités, je demanderais à mes collègues de se présenter. Je vais commencer à ma gauche, avec la sénatrice Bovey.
La sénatrice Bovey : Pat Bovey, sénatrice du Manitoba.
Le sénateur Dawson : Dennis Dawson, du Québec.
[Français]
La sénatrice Saint-Germain : Raymonde Saint-Germain, du Québec.
[Traduction]
La sénatrice Cordy : Jane Cordy, de la Nouvelle-Écosse.
Le sénateur Massicotte : Paul Massicotte, du Québec.
Le sénateur Ngo : Sénateur Ngo, de l’Ontario.
Le sénateur Oh : Victor Oh, de l’Ontario.
Le sénateur Housakos : Leo Housakos, du Québec.
Le sénateur Greene : Steve Greene, de la Nouvelle-Écosse.
La sénatrice Ataullahjan : Salma Ataullahjan, Ontario.
La présidente : Et je m’appelle Raynell Andreychuk, de la Saskatchewan, et je suis présidente du comité.
Nous allons commencer par M. Grätz, tandis que la connexion est bonne. Vous êtes le secrétaire général de l’Institut pour les relations culturelles avec l’étranger, et vous vous joignez à nous en direct de Berlin.
Comme je le mentionnais, notre étude vise des modèles canadiens, mais nous avons entendu dire que d’autres pays avaient décidé d’accorder une attention particulière à la diplomatie culturelle, dont l’Allemagne. Vous avez entrepris un tel exercice ou avez déjà mis en œuvre des programmes en ce sens. Vous êtes donc bien placé, monsieur Grätz, pour nous en parler. Bienvenue à cette séance du comité.
Ronald Grätz, secrétaire général, Institut pour les relations culturelles avec l’étranger, Allemagne : Merci beaucoup. C’est un plaisir et un honneur pour moi de m’adresser à vous et de vous parler des principes, des stratégies, des expériences et des instruments relatifs aux relations culturelles et à la politique en matière d’éducation de l’Allemagne.
D’abord, permettez-moi un petit rappel historique. Après la Seconde Guerre mondiale, un important principe politique a été mis en place en Allemagne. Le gouvernement n’a aucun accès direct à la culture et à l’éducation, tant à l’échelle nationale qu’internationale. C’est pourquoi l’Allemagne n’a pas de ministère voué à l’éducation ou à la culture. Cela découle de la conviction que le dialogue culturel doit être indépendant du pouvoir politique, qui ne peut ainsi se permettre d’instrumentaliser la culture. Les politiques culturelles relèvent donc des 16 États fédéraux du pays, et les relations étrangères, culturelles et académiques sont assurées par un grand nombre d’organisations dites intermédiaires en collaboration avec le service extérieur fédéral.
Les relations culturelles extérieures sont considérées comme le troisième pilier des relations étrangères, aux côtés de la diplomatie ou de la politique de sécurité, et de la politique de commerce international. La déléguée du gouvernement fédéral pour la Culture et les Médias est l’autorité fédérale suprême, et a son propre secteur de responsabilité, mais il ne s’agit pas d’un ministère. Son portefeuille comprend la promotion d’institutions culturelles d’importance nationale et l’amélioration de la condition générale de l’art et de la culture en Allemagne.
Les organisations intermédiaires, comme l’Institut Goethe et l’ifa — c’est le titre que nous utilisons —, n’appartiennent ni à l’État ni à la société civile. Ce sont plutôt des associations sans but lucratif qui ont conclu une entente-cadre avec la République fédérale d’Allemagne, représentée par l’office des Affaires étrangères, qui promeut et finance leurs activités à l’étranger. Les modalités de l’entente-cadre servent à l’établissement d’accords cibles, qui sont convenus par les deux parties et qui s’échelonnent sur trois à cinq ans. Et il s’agit vraiment d’un consensus de part et d’autre, puisqu’aucune directive n’est donnée.
La relation avec l’office des Affaires étrangères est en une de confiance, de collaboration et d’ouverture. C’est pourquoi nos institutions sont dites indépendantes.
Ce concept a plusieurs conséquences. Les relations culturelles étrangères ne sont pas vues comme une façon de faire rayonner le pays ni de favoriser son développement économique; et il n’est pas question de mesures gouvernementales. En 2014, dans une importante allocution sur les programmes du gouvernement, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, qui est aujourd’hui président, a déclaré que les relations culturelles étrangères ne servaient pas à la promotion du pays, mais que c’était une façon de se montrer responsable aux yeux du monde. Dans ce contexte, il n’est pas question de l’État, mais de la société; et les relations culturelles sont fondées sur le principe du dialogue et de l’équivalence, dans le but de favoriser la confiance du monde entier à l’égard de l’Allemagne.
La création d’espaces ouverts est au cœur du dialogue, du travail créatif et de la compréhension.
Par exemple, l’ifa présente aujourd’hui des œuvres en provenance de l’Allemagne, pas de l’art allemand. Il participe ainsi à une vingtaine d’expositions présentant les œuvres d’artistes aux origines diverses, et à plus d’une centaine d’inaugurations artistiques internationales chaque année. Le travail de cette organisation intermédiaire n’est donc pas axé sur la diplomatie culturelle, mais sur les relations culturelles ou le dialogue culturel. Les expositions sont flanquées d’un important programme parallèle, qui sert de plateforme à la réflexion critique sur les opinions des uns et des autres. L’image véhiculée veut que les principaux acteurs des relations culturelles extérieures soient les sociétés civiles, les villes et les régions; pas le gouvernement.
La notion de culture qui sous-tend cette approche couvre tous les volets de la vie sociale, de la religion au sport, des droits de la personne à la prévention des conflits, du développement à l’art.
Au cours des dernières années, le dialogue a changé pour préconiser une collaboration accrue, mais surtout pour mettre l’accent sur la coproduction, c’est-à-dire la négociation d’enjeux artistiques et sociaux de concert avec des intervenants issus d’autres sociétés.
Selon notre vision des choses, les projets culturels internationaux permettent de défendre la liberté d’opinion, de la science et des arts.
Depuis quelques années, la promotion de l’allemand à titre de langue étrangère s’étend à tous les secteurs d’éducation.
La présidente : Monsieur Grätz, on m’informe que les interprètes ne vous entendent pas; encore un pépin technique. Vous parlez d’un monde moderne, mais il semble que la vidéoconférence n’ait pas eu le mémo. Nous recevons l’audio en anglais seulement, puisque les interprètes ne vous entendent pas.
Le sénateur Dawson : Si mes collègues francophones sont d’accord, nous pourrions faire une exception…
La présidente : Non, j’ai bien peur que ce ne soit pas possible. Nous sommes tenus de travailler dans les deux langues. La séance est télévisée, alors nous devons respecter cette règle. C’est dans l’intérêt de tous d’offrir les délibérations dans les deux langues officielles. C’est ce que veut la règle, et elle nous a bien servis jusqu’ici.
Les techniciens proposent de suspendre votre exposé le temps de régler le problème. Nous allons donc céder la parole à notre autre invitée pour permettre à l’équipe technique de trouver ce qui cloche. Si elle n’y arrive pas, je crains que nous devions vous réinviter pour que vous puissiez nous présenter l’intégralité de votre exposé.
Il est extrêmement important pour nous que la population canadienne puisse entendre vos commentaires dans les deux langues officielles. Le comité serait certainement prêt à faire entorse au règlement pour vous éviter ce désagrément, mais dans l’intérêt de la bonne gouvernance, nous nous devons de procéder de cette manière. J’espère que vous comprenez notre position.
M. Grätz : Bien sûr.
La présidente : Si je peux abuser de votre patience un moment, je vais céder la parole à Mme Mariya Afzal, directrice du British Council Canada. Je crois que la technologie fonctionne de ce côté. Bienvenue au comité. Nous sommes heureux d’avoir le point de vue du British Council.
Mariya Afzal, directrice, British Council Canada : Merci beaucoup de votre accueil et de m’avoir invitée à participer à votre étude. Je suis très heureuse de me joindre à vous.
Permettez-moi d’abord de vous parler brièvement du British Council en tant que tel. Le British Council est l’organisation responsable des relations culturelles au Royaume-Uni.
La présidente : Oh là là. Ce n’est pas notre jour de chance. On me dit que les interprètes peuvent probablement vous entendre, mais qu’ils doivent tout de même changer d’équipement.
Mme Afzal : Pas de problème.
La présidente : Je crois que le Comité de la régie interne devra examiner ce système de vidéoconférence.
Je suis sur le point d’abdiquer. Nous devrions peut-être lever la séance et réinviter les témoins lorsque nous aurons eu la confirmation que tout fonctionne parfaitement. Êtes-vous d’accord?
Monsieur Grätz, je prends la décision unilatérale de vous réinviter, car nous éprouvons encore des problèmes techniques. Ce serait injuste de vous faire attendre inutilement. J’implore donc votre indulgence. Votre opinion compte beaucoup pour nous, alors nous aimerions vous réinviter, au moment qui vous conviendra, pour que vous nous présentiez l’ensemble de vos arguments et que nous puissions en discuter sans contrainte avec vous. Il est très important que nous entendions bien ce que vous avez à dire, et que vos commentaires figurent dans nos délibérations. Nous sommes désolés pour cette interruption, mais d’après ce que nous avons déjà entendu, je peux vous assurer que vos commentaires nous seront très utiles. Nous vous serions donc grandement reconnaissants si vous acceptiez de remettre votre témoignage. Merci, monsieur Grätz, de votre compréhension.
M. Grätz : Merci.
La présidente : Madame Afzal, désolée de vous avoir fait attendre. Nous sommes maintenant prêts et nous avons hâte de vous entendre.
Mme Afzal : Merci. Le British Council est l’organisation responsable des relations culturelles au Royaume-Uni. Il a été fondé en 1934 et constitué aux termes d’une charte royale en 1940.
Notre mandat est de promouvoir les relations culturelles à l’échelle du globe. Nous encourageons la coopération entre le Royaume-Uni et d’autres pays relativement aux arts, à l’éducation et aux enjeux de société. Nous voulons favoriser une plus grande connaissance de la langue anglaise et faisons la promotion des tests normalisés. Notre travail ne consiste pas qu’à créer des plateformes propices aux discussions productives, mais aussi à prendre part à des projets d’intérêt commun avec nos pays partenaires. Il est important pour nous de veiller à ce que tous nos projets entrepris à l’étranger aient des retombées mutuellement positives.
Sur le plan de la culture, nous avons recours aux technologies numériques et à diverses plateformes pour faire la promotion d’artistes et d’œuvres avant-gardistes et contemporaines, et ce, dans différentes parties du monde. Du côté de l’éducation, nous aimons faciliter l’utilisation de nouvelles technologies de pointe et pouvoir prendre part à la recherche.
Le British Council croit fermement que la collaboration est un gage de réussite, et c’est la philosophie qui guide les projets que nous entreprenons avec nos pays partenaires.
Nous tâchons de joindre l’acte à la parole en échangeant connaissances et idées sans contrainte. Nous aimons donner libre cours à la créativité. Nous misons beaucoup sur les nouvelles technologies dans le but de permettre aux jeunes d’utiliser ces plateformes pour échanger des idées nouvelles et innovatrices. Nous faisons la promotion de ces outils afin qu’il y ait un vrai dialogue.
Compte tenu des défis propres au XXIe siècle que nous voyons à notre époque, il est de plus en plus important d’être en mesure de créer de tels réseaux dans le monde. C’est en gros l’essentiel de ce que nous faisons.
Pour ce qui est de notre structure officielle, notre marraine est Sa Majesté la reine Elizabeth II. Notre vice-parrain est Son Altesse Royale, le prince de Galles. L’organisation a été constituée par charte royale en 1940. Nous sommes un organisme public non ministériel du ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth, ce qui signifie que nous sommes un organisme indépendant du gouvernement. Nous sommes indépendants sur le plan du fonctionnement, ce qui nous permet de mettre l’accent sur les relations culturelles dans notre travail.
Depuis maintenant plus de 80 ans, nous avons réussi à mobiliser de nombreuses personnes partout dans le monde. L’une des plus récentes données concernant cette participation chiffrait ce nombre à plus de 500 millions de personnes, et nous en sommes très fiers. Nous espérons être en mesure de continuer d’accroître ce nombre, parce que je répète que la meilleure façon dont je peux décrire les relations culturelles est que, pour nous, c’est une devise mondiale qui ne se déprécie pas.
Voilà mon introduction.
La présidente : Merci beaucoup. Je connais très bien le British Council dans tous les pays où j’ai travaillé ou que j’ai visités. C’était vraiment un centre d’éducation, en grande partie, en particulier en ce qui a trait à tous les aspects que j’ai vus en Afrique. Cet organisme était la seule source d’information pour les habitants, et c’était particulièrement le cas dans les pays plus limités. À mon avis, l’accent était davantage mis à l’époque sur l’éducation que la culture.
Les gens ont maintenant leurs propres appareils et ils ont accès au monde numérique et à des stations de télévision. À l’époque, il était possible de se rendre dans des pays où il n’y avait qu’une société nationale de radiodiffusion qui contrôlait la radio et la télévision. De nos jours, les gens ont pratiquement accès à tout ce que nous produisons.
Le volet éducatif, soit les bibliothèques que je voyais à l’époque, est maintenant passé à l’ère numérique. L’accent n’est-il plus mis sur cet aspect?
Mme Afzal : Non. Nous mettons encore énormément l’accent sur cet aspect. Ce que nous ferons en matière d’éducation varie d’un endroit à l’autre dans le monde. Par exemple, dans certains pays, comme en Amérique latine et en Asie du Sud-Est, nous avons encore des bibliothèques, et nous essayons de rester vigilants aux besoins des gens.
Il est vrai que nous avons mis sur pied des bibliothèques numériques. Il y a des endroits, comme au Pakistan, où nous avons fermé les bibliothèques, mais ces bibliothèques ont récemment rouvert leurs portes il y a peut-être un an. Nous y avons greffé une toute nouvelle gamme de services numériques.
Bref, nous en avons encore, et nous mettons encore énormément l’accent sur l’éducation, mais la façon dont la prestation du volet éducatif se fait varie d’une région à l’autre. Le British Council adopte une approche adaptée à la région dans ces quelque 200 bureaux répartis dans plus de 100 pays. Cela ne signifie pas que nous avons une stratégie pour l’ensemble d’une région donnée.
Par exemple, au Canada, nous faisons partie de la région des Amériques, mais le Canada en soi est unique comparativement à bien d’autres pays d’Amérique latine et aux États-Unis. Il y a des points communs, mais nous sommes aussi uniques de bien des façons.
Nous nous fondons énormément sur les renseignements sur le terrain et nous déterminons ce que nous pouvons offrir pour créer une plateforme en vue de faire des échanges éducatifs qui profiteront à la fois au Royaume-Uni et au pays où nous sommes. Je confirme que cela varie, mais c’est encore vraiment un élément central.
La sénatrice Bovey : Merci de votre présence parmi nous, en particulier après avoir connu un début de réunion pour le moins difficile.
J’aimerais revenir un peu sur ce que notre présidente a dit au sujet de la grande priorité accordée à l’éducation. Je suis bien consciente que c’est l’un des volets très importants. Toutefois, comme j’ai travaillé dans le milieu des arts au Canada toutes ces années, je crois que c’est la contribution du British Council dans le monde culturel canadien qui a été très enrichissante pour les Canadiens. Toutes les régions canadiennes ont profité des expositions qui s’y sont arrêtées et des écrivains et des artistes de tout acabit que vous avez invités ici.
Vous avez mentionné adopter différentes approches selon les régions. J’ai quelques questions, mais voici la première. Je vais étirer le sens du mot « éducation » pour inclure le « développement professionnel ». Pouvez-vous nous dire quelques mots au sujet du travail que le British Council a fait dans le monde en vue de rassembler sur la scène internationale des gens, des dirigeants de la communauté culturelle, des artistes émergents et du personnel de la communauté culturelle?
Mme Afzal : Oui, avec plaisir. Je peux vous en donner des exemples, et je vais commencer par le Canada. Par exemple, pour souligner l’année dernière le 150e anniversaire du Canada et le 375e anniversaire de Montréal, nous avons participé à de nombreux programmes de résidence.
Nous avons collaboré avec notre siège social à Londres pour trouver des artistes en fonction de thèmes précis que nous jugions comme pertinents pour nos partenaires au Canada. La littérature était certainement l’un de ces domaines. Nous avons réalisé un programme de résidence ici et un programme de littérature. La musique était aussi l’un de ces domaines. Nous travaillons normalement de concert avec des organismes locaux pour jumeler des artistes qui souhaitent collaborer entre eux, et nous les laissons établir les objectifs à atteindre dans le cadre de ce projet.
Nous n’établissons en aucun cas des balises rigides que les participants doivent respecter. Nous leur donnerons un thème général et nous leur demanderons de trouver l’axe créatif qu’ils adopteront dans leur travail. Voilà l’une des approches que nous avons.
En ce qui a trait aux autres occasions de développement professionnel, nous cherchons souvent dans le monde des occasions où des organismes nous ont fait part de domaines où ils pensent qu’ils pourraient tirer avantage de certains programmes d’échange pour travailler avec un organisme du Royaume-Uni, et nous jumellerons ces artistes et ces réalisateurs pour qu’ils collaborent. Un exemple récent de cela est le laboratoire pour les réalisateurs qui se déroulera à Toronto plus tard cette année. De nombreux commissaires et réalisateurs viendront au Canada. Nous avons délibérément essayé de trouver le type de réalisateurs qui, selon nous, contribueront efficacement au dialogue ici au Canada, et nous les inviterons ici.
Du côté du volet du développement professionnel, nous avons des programmes et nous offrons des cours. Si cela vous intéresse, je peux en parler un peu plus.
La sénatrice Bovey : Si vous pouviez nous fournir la liste de ces programmes, cela nous serait utile dans notre étude. J’en ai profité, et je crois que c’est un aspect important de ce que fait le British Council dans le monde.
J’aimerais maintenant parler des avantages. Nous examinons évidemment cet aspect du point de vue de la diplomatie culturelle canadienne et nous essayons d’en évaluer les avantages et d’étudier les divers mécanismes permettant de le faire efficacement.
Nous avons entendu jusqu’à maintenant les témoignages de nombreux groupes et artistes canadiens qui ont pu participer à divers festivals et se produire en spectacle lors de festivals internationaux. Je présume que le Saint-Graal pour de nombreuses personnes est le Festival d’Édimbourg. Le British Council a aidé financièrement bon nombre d’artistes, de musiciens, et cetera, à participer à ce festival.
Pouvez-vous nous dire les avantages que retire le British Council de la création de ces plateformes permettant la collaboration de ces artistes et de ces interprètes de partout dans le monde?
Mme Afzal : Tout d’abord, cela vise la création de tels réseaux et l’occasion d’échanger des connaissances et des idées. C’est essentiel pour nous. J’aimerais revenir à mon premier point. Personne ne peut arriver seul à faire de grandes choses. Pour nous, cela vise à créer ces liens et à pouvoir donner aux représentants canadiens l’occasion non seulement de vivre une expérience sur la scène internationale, mais aussi de rencontrer des artistes du Royaume-Uni et de partout dans le monde, et vice versa. Nous voulons donner à nos artistes, à nos commissaires et à nos réalisateurs britanniques l’occasion de rencontrer des pairs de partout dans le monde qui ont des vues similaires et de participer à un événement, comme le Festival d’Édimbourg. Lorsque nous envoyons des artistes canadiens participer à un tel événement, tout le monde y gagne. Cela crée des occasions incroyables d’entretenir les relations. C’est le début de nouveaux partenariats. Nous leur donnons beaucoup plus qu’une simple occasion de se réunir pendant sept jours. Cela vise la façon dont ils tissent des liens, ce qu’ils font avec ce temps et la manière dont ils passent à la prochaine étape.
À l’instar de tout autre organisme, l’évaluation représente une partie très importante de notre travail. Nous essayons de surveiller ou de soutenir ces relations pour voir ce qui en a découlé et ce qui pourrait en découler ensuite. Dans les domaines où nous sommes d’avis que nous pourrions aider les participants à passer à la prochaine étape, nous serons un peu plus présents. Nous essayons de rester en contact le plus possible avec les gens avec lesquels nous collaborons. Voilà l’un des principaux avantages.
En ce qui a trait aux occasions de se produire en spectacle, lorsque nous envoyons des artistes d’ici au Royaume-Uni, nous leur donnons l’occasion de rencontrer des organismes centraux, dont des théâtres au Royaume-Uni, qui souhaiteraient peut-être travailler avec eux à un autre moment dans un autre contexte. Lorsque nous envoyons des artistes du Royaume-Uni au Canada, nous leur organisons des rencontres et nous leur donnons des occasions de travailler directement avec certains centres qui les inviteront peut-être à un autre moment à se produire sur scène ou à faire un atelier quelconque.
Il y a aussi cette approche qui vise à leur fournir une plateforme qui les aide à faire la promotion de leur travail, si cela tombe sous le sens.
La sénatrice Bovey : Faites-vous partie d’organisations internationales de conseils des arts, à l’instar du Conseil des arts du Canada? Faites-vous partie d’organisations internationales de conseils des arts qui comparent les politiques et qui se penchent sur les politiques et les directives financières?
Mme Afzal : C’est une bonne question. Je sais que le Conseil des arts de l’Angleterre en fait partie, mais le British Council a un rôle légèrement différent dans ce contexte. Je n’en suis pas certaine à 100 p. 100. Je peux vous revenir avec une réponse à ce sujet.
La sénatrice Bovey : Ce serait intéressant, parce que le Conseil des arts du Canada, avec sa nouvelle plateforme, propose des renseignements intéressants ici.
La sénatrice Ataullahjan : Merci de votre présence ici ce matin. En grandissant au Pakistan, j’étais bien au courant du rôle que jouait le British Council. Il y avait un bureau à Peshawar, à Rawalpindi et à Lahore. En plus des bibliothèques, qui étaient une excellente source d’information pour tout le monde, en particulier à Peshawar... Tous les jeunes visitaient les bibliothèques. Lors de certains événements, vous visiez tous les groupes d’âge. Il y avait des événements pour les jeunes et les moins jeunes, et ces événements attiraient beaucoup de participants.
Je suis heureuse d’entendre que les bibliothèques ont rouvert leurs portes, parce que beaucoup de personnes en dépendaient.
Des parlementaires participent-ils à ces activités de rayonnement ayant trait à la diplomatie culturelle? Lorsque vous dites « diplomatie culturelle », que cela veut-il dire pour le British Council? Comment cela a-t-il évolué au fil des ans?
Mme Afzal : Pour nous, cela concerne vraiment les échanges culturels. C’est vraiment ce que cela signifie pour nous. Cela vise à présenter ce que le Royaume-Uni a de mieux à offrir et à être en mesure d’appuyer notre priorité globale d’accroître les occasions dans les domaines des arts et de l’éducation, d’établir un dialogue et de créer des occasions de réseautage. Voilà ce que cela signifie pour nous. Nous voulons améliorer nos relations. C’est aussi simple que cela pour nous.
En ce qui concerne le soutien des gouvernements, des ministres et des députés, nous en sommes évidemment à l’affût. Lorsqu’il y a une bonne occasion de collaborer avec une personne du ministère des Affaires étrangères qui se trouve à venir ou quelqu’un d’une circonscription donnée ou d’un domaine précis et que ces personnes pourraient tirer avantage d’une certaine relation, nous examinerons le tout et nous prendrons des mesures en ce sens. Étant donné que nous sommes un organisme indépendant, je rappelle que nous mettons énormément l’accent sur l’établissement de relations entre les gens, entre les artistes, entre les jeunes et entre les pairs. Lorsqu’une occasion se présente de mobiliser des intervenants clés des secteurs public ou privé, nous essayons de le faire.
Vous avez parlé du travail que nous faisons au Pakistan. J’ai travaillé au British Council au Pakistan durant 10 ans, et nous avons collaboré avec le gouvernement dans une grande partie de ce que nous y avons fait, en particulier dans les régions au nord, où la sécurité peut également être difficile. Nous avons demandé de l’aide aux représentants locaux où nous en avions besoin. Je présume que ce que j’essaie vraiment de dire est que, lorsque notre organisme cherche à offrir une occasion d’échanges culturels, nous ferons ce que nous pouvons pour y arriver. Nous devrons peut-être composer avec une situation ou un contexte où le climat est instable; je pense notamment à ce qui se passe en Syrie. Nous essayons tout de même de collaborer avec des artistes sur le terrain dans ces pays. Nous collaborons avec notre centre de téléenseignement pour enseigner l’anglais aux réfugiés partout dans le monde. Lorsque nous trouvons des solutions créatives, nous essayons de les mettre en œuvre. J’espère que cela répond à votre question.
La sénatrice Ataullahjan : Certainement. C’est un peu comme développer une sensibilité culturelle pour s’adapter à ce qui se passe dans différents pays. Le British Council est une belle réussite.
Le sénateur Housakos : J’aimerais souhaiter la bienvenue à notre témoin.
J’ai trois questions. Elles seront concises. La première concerne votre planification stratégique. La planification stratégique du conseil est-elle axée sur la compétition ou est-elle axée sur l’inter-coopération lorsque vous menez vos activités, bien sûr, à l’échelle mondiale?
Vous avez également mentionné que la structure de votre organisme est organisée en fonction des régions. Comment décidez-vous quelles régions du monde obtiendront davantage de ressources que d’autres?
Enfin, et troisièmement, j’aimerais savoir comment le conseil évalue son rendement sur les investissements. Quels baromètres utilisez-vous pour mesurer les réussites?
Mme Afzal : Notre planification est très axée sur la coopération. Lorsque nous effectuons une planification stratégique, peu importe le contexte, nous collaborons avec des partenaires locaux pour déterminer les types de besoins existants, les choses qu’ils aimeraient faire et les choses qu’ils souhaitent faire davantage et nous adaptons nos plans pour chaque pays en fonction de ces renseignements. Nous collaborons avec des partenaires locaux, car la plupart des projets que nous menons sont axés sur les partenariats avec des organismes locaux.
En ce qui concerne la façon dont nous menons nos activités à l’échelle régionale, le modèle de financement peut varier. En effet, nous pouvons investir davantage de financement dans certaines régions du monde, et ce, pour diverses raisons. Par exemple, dans des pays comme le Pakistan ou le Bangladesh, où se trouve un grand nombre de nos programmes scolaires, nous exécutons de multiples programmes liés à l’enseignement scolaire et aux échanges en matière d’arts et de culture. Nous faisons passer une série d’examens là-bas. Il se peut qu’il y ait davantage de budgets pour mener ce type d’activités, mais dans des pays qui sont déjà développés dans de nombreux domaines, le British Council se concentre sur d’autres domaines sur lesquels ses membres croient avoir un impact plus important. Au Canada, nous nous concentrons beaucoup sur les arts, car le Canada a beaucoup à offrir dans le domaine des arts et de l’éducation. Le Canada est une nation tellement diversifiée. Le pays a beaucoup à offrir grâce à sa diversité, sa matrice, ce qui compose la nation et les apprentissages qu’il peut partager avec le reste du monde. Nous examinerons ces occasions pour déterminer ce que nous pouvons bâtir, en collaboration avec le Royaume-Uni et des organismes aux vues similaires qui pourraient en profiter des deux côtés de l’Atlantique, dans ce cas-ci.
C’est la façon dont nous abordons notre planification stratégique. Toutefois, nous tenons manifestement compte de l’ensemble du mandat de notre organisme, qui vise à promouvoir les arts et la culture et l’éducation et à présenter ce que l’Angleterre a de mieux à offrir, ainsi que les éléments mutuels qu’offre le pays dans lequel nous menons nos activités, et nous adoptons nos stratégies en conséquence.
Pourriez-vous répéter votre dernière question?
Le sénateur Housakos : Comment mesurez-vous les rendements sur l’investissement? Quel baromètre utilisez-vous pour mesurer la réussite?
Mme Afzal : Le suivi et l’évaluation sont des éléments très importants pour nous, et dans tous les programmes auxquels nous participons, nous réservons habituellement une certaine partie de notre financement, si le budget le permet, pour l’investir dans des activités de suivi et d’évaluation. Nous parlons aux partenaires. Nous recueillons des témoignages. C’est la façon dont nous menons habituellement une évaluation. En ce qui concerne l’ensemble du rendement sur les investissements, grâce à l’organisation du British Council, nous pouvons offrir nos relations culturelles. Nous faisons aussi la promotion de l’anglais et nous offrons des cours d’anglais partout dans le monde. Nous calculons les niveaux de participation. Nous déterminons combien de personnes participent à nos cours. Nous calculons combien de personnes utilisent également nos produits et nos services. Cela nous donne un très bon indicateur du rendement de nos investissements.
Le sénateur Housakos : Selon votre expérience liée au modèle du Canada, que réussissons-nous très bien? Que ne faisons-nous pas suffisamment bien, selon vous? Vous n’avez pas à donner une réponse diplomatique. Vous pouvez répondre de façon très directe. Nous devons obtenir des réponses directes et utiles à cette question. J’aimerais également savoir si le financement de votre organisme provient principalement du gouvernement. Provient-il entièrement du gouvernement?
Mme Afzal : Je répondrai d’abord à la question sur le financement. Environ 80 p. 100 de notre financement provient de nos cours d’anglais, de nos examens et de nos contrats. Seulement environ 20 p. 100 ou moins proviennent du gouvernement. C’est la raison pour laquelle j’ai mentionné plus tôt que notre rendement sur les investissements est lié à ce que nous offrons en matière de cours et d’examens d’anglais à l’échelle mondiale.
Pourriez-vous répéter la première partie de votre question?
Le sénateur Housakos : Selon vos expériences, que réussissons-nous très bien, au Canada, sur le plan culturel, et que devrions-nous améliorer?
Mme Afzal : Je travaille au Canada pour le British Council depuis environ deux ans, mais je suis au Canada, c’est-à-dire à Toronto, depuis environ sept ans. Avant d’occuper mon poste au sein du British Council, j’étais responsable du développement à la galerie d’art contemporain Power Plant. J’ai donc eu l’occasion de travailler un peu partout dans le secteur des arts, et je peux dire en toute confiance que le Canada a beaucoup à offrir. J’ai rencontré certains des meilleurs artistes et auteurs canadiens et j’ai eu l’occasion de travailler avec des personnes de divers milieux au Canada et avec des collectivités autochtones. Ces gens ont tellement à offrir, c’est incroyable. Je dois dire que j’ai été très heureuse lorsque j’ai appris l’existence de cette étude, car cela démontre qu’il existe une merveilleuse occasion à saisir pour le Canada et que vous pensez à ce que nous pouvons offrir, ou à ce que le Canada peut offrir, au reste du monde, car au bout du compte, un pays de cette taille, un pays aussi diversifié, peut partager tellement de choses dans différentes régions du monde.
Prenez par exemple la conversation sur la façon dont le Canada gère l’immigration et le programme des nouveaux arrivants. J’ai récemment eu l’occasion de rencontrer les intervenants de l’ISSofBC, à Vancouver. Ce qu’ils font pour les nouveaux arrivants est tout simplement extraordinaire.
Je crois que le Canada a beaucoup à offrir. En ce qui concerne les améliorations qui pourraient être apportées, à mon avis, je crois que c’est ce que nous faisons maintenant. En effet, ce processus de consultations, en lui-même, est une chose qui devrait se produire et il se produit en ce moment. Je crois que cela établit un très bon précédent, car cela démontre non seulement la volonté du gouvernement canadien d’examiner ce domaine pour déterminer ce que le Canada pourrait faire et comment le Canada pourrait faire progresser sa diplomatie culturelle à l’avenir, mais je crois également que cela offre aux gens comme vous une occasion en or d’entendre des intervenants locaux parler de leurs ressources et de ce qu’ils peuvent apporter à la conversation.
La sénatrice Bovey : C’est très intéressant, et je crois que vous avez raison lorsque vous dites que cela pourrait engager notre pays dans une certaine voie. Mais vous avez dit que le British Council interagit directement avec les parlementaires du Royaume-Uni, et je présume que cela se fait par l’entremise du Groupe parlementaire multipartite du British Council. Vous avez également précisé que les parlementaires du Royaume-Uni se déplacent à l’occasion pour participer aux activités menées par le British Council à l’étranger.
Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet? De plus, ai-je raison de présumer que toutes les dépenses engagées par les parlementaires qui collaborent avec le British Council sont publiées sur le site web du British Council?
Mme Afzal : Permettez-moi d’apporter quelques précisions. Ces personnes ne se déplaceraient pas nécessairement pour nos travaux, car nous cherchons des occasions où elles sont déjà en déplacement dans une certaine région du monde et nous profitons de notre visite dans cette région pour tenter d’obtenir leur participation à l’un de nos programmes.
Si un parlementaire se rend au Canada pour une raison quelconque, et que nous nous rendons compte qu’il serait pertinent de l’inviter à participer à l’un de nos programmes, nous le ferons. Ensuite, nous demandons à notre haut-commissariat s’il est possible d’inviter ces personnes à dire quelques mots dans le cadre d’un programme. C’est la façon dont nous fonctionnons. Étant donné que ces personnes ne viennent pas au pays à la suite d’une invitation directe du British Council, nous ne couvrons pas nécessairement leurs coûts. En effet, leur participation coïncide habituellement avec une visite déjà organisée dans le pays. C’est la façon dont nous fonctionnons habituellement. Je peux tenter de trouver des exemples dans lesquels ces gens ont voyagé directement pour le British Council, mais en général, c’est la façon dont nous procédons.
La sénatrice Bovey : Je crois que certains renseignements à cet égard seraient très utiles, car vous décrivez le British Council comme étant un organisme indépendant, et je peux vous dire que le Conseil des arts du Canada est un organisme indépendant. Toutefois, leur degré d’indépendance est peut-être différent.
La présidente : Je crois que la participation des parlementaires est également importante, car de nos jours, nous parlons de plus en plus de la diplomatie parlementaire. Dans l’ancien temps — je fais référence à mon temps —, les parlementaires se rendaient dans d’autres pays pour s’éduquer. Ils arrivent maintenant munis de plus de connaissances sur des enjeux précis et ils échangent avec les parlementaires d’autres pays.
Il s’agit d’une toute nouvelle conception de la diplomatie. J’aimerais donc savoir si le British Council approche les parlementaires ou si les parlementaires approchent le conseil. Nous parlons certainement de diplomatie parlementaire par l’entremise de notre Sénat et du Parlement, et vous dites que vous approchez les parlementaires, car vous croyez qu’ils peuvent être utiles.
Justement, les parlementaires tentent de s’intégrer davantage dans la structure d’un monde international. Cela ne signifie pas qu’ils font le travail du gouvernement ou autre chose de ce genre, mais dans le monde d’aujourd’hui, on ne peut pas se contenter d’être un parlementaire de circonscription. En effet, toutes les activités ont maintenant un volet international. Il serait donc intéressant de voir comment cette notion a été créée. Était-ce un pur hasard qu’on a décidé de pousser toujours plus loin?
Autrement dit, j’aimerais que vous nous parliez de la valeur des parlementaires. Soyez directe, d’une façon ou d’une autre.
Mme Afzal : Je présume que cela dépend de la situation, car le British Council fonctionne de nombreuses différentes manières. Il m’est donc difficile de donner un exemple particulier, car mon expérience au sein du British Council se limite à mes travaux au Pakistan et maintenant au Canada.
Toutefois, pour répondre à votre question, je présume que lorsque les membres du British Council considèrent qu’il pourrait s’agir d’une bonne occasion pour eux de rencontrer certaines personnes avec lesquelles il pourrait être pertinent de discuter lors d’un certain événement, cela peut être avantageux.
Par exemple — et il s’agit d’un exemple plus ancien qui pourrait vous aider à comprendre —, lorsque David Miliband était ministre des Affaires étrangères, il a effectué une visite officielle au Pakistan. À l’époque, nous exécutions un programme axé sur la participation des jeunes, et nous lui avons demandé de rencontrer certains de ces jeunes, car ils étaient en communication avec des jeunes du Royaume-Uni dans le cadre d’un excellent atelier. Étant donné que cette relation produisait de nombreux avantages, nous avons pensé qu’il serait approprié que le ministre leur dise quelques mots dans le cadre de ce grand événement que nous avions organisé. Il a été très généreux. Son bureau nous a aidés à obtenir sa participation pendant un certain temps. Il a rencontré ces jeunes sur le terrain.
Dans des cas comme celui-là, il est très agréable et motivant pour les jeunes de voir que leurs activités et leurs idées sont reconnues dans le cadre de ce programme auquel ils participent. Je peux dire en toute confiance que c’est un exemple de projet qui a très bien fonctionné.
Étant donné que nous sommes un organisme axé sur les relations culturelles et que nous n’intervenons pas sur le plan politique, car cela ne fait pas partie de nos activités, nous travaillons de façon indépendante. Toutefois, comme je l’ai dit, s’il existe une occasion véritable de communiquer avec ces personnes et d’établir des liens, cela fonctionne bien, si ces personnes ont le temps. En effet, dans de nombreux cas, lorsque nous les approchons, nous recevons une réponse négative, car elles sont très occupées. Elles se sont déplacées pour d’autres raisons et elles n’ont pas de temps à nous consacrer. Mais si elles ont le temps et que nous établissons des liens véritables, cela fonctionne très bien.
Cela peut être positif, mais seulement si le contexte est approprié.
La sénatrice Ataullahjan : En ce qui concerne la participation des jeunes et les politiciens qui viennent leur parler, je crois qu’une partie de cette réussite tient également au fait qu’un grand nombre d’étudiants se rendent en Grande-Bretagne, car ils ont vu et entendu beaucoup de choses sur ce pays et ils ont l’impression de le connaître. Cela encourage de nombreux étudiants. Nous avons tous des gens dans notre famille qui sont allés étudier en Grande-Bretagne, car le British Council leur a fait connaître et comprendre la culture et la société de ce pays. À votre avis, une solide diplomatie culturelle peut-elle contribuer à encourager les étudiants à se rendre dans ces autres pays?
Mme Afzal : Certainement. Lorsqu’on interagit à différents niveaux avec des jeunes ou qu’on entretient des relations intergénérationnelles avec différents pays, cela crée non seulement une occasion pour les habitants de ces différents pays d’apprendre des choses sur un autre pays, mais également de voir les forces de ce pays ou ce qu’il a à offrir en matière d’éducation, dans ce cas-ci. Oui, cela fait certainement une différence.
Les examens administrés par le British Council dans différentes régions du monde aident les jeunes à découvrir d’autres voies qu’ils pourraient emprunter pour atteindre un niveau d’éducation plus élevé. C’est donc un soutien à de nombreux égards. Mais encore une fois, j’aimerais revenir sur notre plus grande motivation, c’est-à-dire la mise sur pied de réseaux et de programmes qui donnent aux gens l’occasion d’interagir et d’établir des liens avec des habitants du Royaume-Uni, ce qui leur permet d’avoir de réelles conversations avec ces gens lorsqu’ils participent à différents projets et programmes.
Par exemple, le British Council a un programme appelé « school links ». Je crois que nous avons en moyenne, dans certains pays, plus de 150 programmes « school links ». Ils visent particulièrement à aider les jeunes à ajouter un volet international à leurs propres travaux. Les projets ont donc le même thème, mais chaque participant a sa propre perspective dans son propre pays. Au moment de partager les résultats de ces projets par vidéoconférence, les étudiants peuvent constater qu’on n’aborde pas des sujets semblables de la même façon dans toutes les régions du monde. C’est le partage de ces points de vue qui permet cette collaboration. Je crois que c’est l’une des choses dont notre organisme est très fier.
La sénatrice Cools : J’aimerais remercier notre témoin d’être ici aujourd’hui. J’aimerais également la remercier, en quelque sorte, d’avoir ravivé mes souvenirs du monde britannique. En fait, je me vois comme étant une Britannique. Ou plutôt une Canadienne britannique. Peu importe. Vous pouvez choisir.
Lorsque j’étais enfant, nous allions souvent… Ma mère aimait beaucoup le théâtre et les films, et elle m’amenait toujours avec elle. J’ai donc assisté à d’innombrables pièces de Shakespeare jouées au British Council.
J’aimerais rafraîchir la mémoire de mes collègues sur les appellations « British Council » et « Conseil des arts du Canada », car l’appellation « Conseil des arts du Canada » est fondée sur celle du « British Council ». Nous devons remonter dans le temps, vers 1950 ou 1951, je pense, lorsque Vincent Massey a mis sur pied l’énorme Commission royale sur… Elle s’appelait la commission Massey ou la Commission royale d’enquête sur l’avancement des arts, lettres et sciences au Canada. Cela a donné naissance au Conseil des arts du Canada. Nous avons oublié tout cela.
Le Conseil des arts du Canada, comme nous le savons, a été nommé le Conseil canadien pour la promotion des arts, des lettres, des sciences humaines et des sciences sociales. Nous observons donc un flux et un développement cohérents dans la diplomatie culturelle de la sénatrice Bovey et le développement de la culture et des arts.
J’ai donc pensé qu’il serait souhaitable d’ajouter au compte rendu des renseignements sur les origines de ce que vous faites et des notions dont la sénatrice Bovey fait la promotion. Je sais que la sénatrice Bovey est extrêmement heureuse que le comité ait entrepris cette étude. Je le sais de source sûre, car elle me l’a dit.
D’une façon ou d’une autre, cela vous permet de voir plusieurs facettes de l’exploration perpétuelle menée par les êtres humains pour trouver les meilleures choses, car cela fait partie de l’âme et de la personnalité humaines. C’est la raison pour laquelle le théâtre, les films et tous ces types d’activités culturelles sont importants. Au bout du compte, il s’agit d’êtres humains qui s’expriment, et je crois que ce développement est très précieux.
Je vous remercie.
Mme Afzal : Merci.
La présidente : C’était une bonne déclaration pour le compte rendu. Je donne maintenant la parole au sénateur Housakos pour la deuxième série de questions.
Le sénateur Housakos : J’aimerais revenir un peu sur les commentaires de la sénatrice Cools. Au bout du compte, le Canada est un pays qui a été créé par deux peuples fondateurs, les Français et les Anglais, et ces temps-ci, des parlementaires et des gouvernements tentent de l’oublier, mais c’est une réalité que nous devons accepter.
Nous sommes un membre actif du Commonwealth et de la Francophonie, mais parfois, être un membre actif signifie que nous assistons à des réunions où nous avons de belles grandes discussions, mais nous terminons ces réunions avec de grandes déclarations qui ne veulent rien dire.
Toutefois, sur le plan culturel, que peut faire de plus notre pays, à titre de membre du Commonwealth, en collaboration avec le Royaume-Uni et nos autres alliés du Commonwealth, pour développer un contexte artistique et culturel commun? Comment pouvons-nous encourager cela? Bien honnêtement, je ne sais pas si vous serez d’accord avec moi, mais je ne crois pas que nous avons fait suffisamment d’efforts à cet égard. Je crois humblement qu’en ce qui concerne la Francophonie, les gouvernements et le Parlement n’ont rien fait, sur le plan culturel, au cours de la dernière décennie.
Mme Afzal : En fait, une très bonne occasion se présentera bientôt, et je peux vous en parler. En effet, la réunion des chefs de gouvernements du Commonwealth se tiendra en avril, je crois. Je ne me souviens pas des dates exactes. Nous espérons que nous aurons notamment la possibilité de trouver des idées avec des partenaires locaux pour célébrer et parler des notions que vous venez de décrire.
Je suis d’accord avec vous, car je crois aussi que c’est très important. Je pense aussi que nous avons une excellente occasion de parler de cela, de proposer des idées et de faire le bilan de la situation. Je reviens aux défis du XXIe siècle, car ils sont très réels et ils éclairent une grande partie de nos activités. Il faut penser à la sécurité, à la prospérité et au terrorisme et se demander, dans ce contexte, quel type de monde nous léguons à nos jeunes dans le cadre de notre avenir commun.
Dans le cadre de cet avenir commun et des plateformes comme le Commonwealth, je crois que nous pourrions aborder de nombreux enjeux en vue de déterminer les éléments que nous pourrions créer et célébrer afin d’inspirer les gens, non seulement dans les États du Commonwealth, mais aussi à plus grande échelle.
Je présume que j’essaie de dire que je suis d’accord, et je crois qu’une telle occasion se présente dans ce cas-ci. En effet, étant donné que cette réunion se tiendra à Londres, en avril, nous menons actuellement un processus de consultation. Je suis en communication avec quelques partenaires locaux du Canada et je leur demande ce qu’ils aimeraient faire. Comme je l’ai dit, nous trouvons qu’il est très important que nos partenaires nous communiquent leurs idées. Notre organisme n’aime pas imposer sa vision et demander ensuite à ses partenaires de la concrétiser. Nous leur offrons plutôt une plateforme et une chance de s’exprimer. Nous leur demandons s’ils ont un projet intéressant à concrétiser et nous leur offrons notre aide.
Nous menons donc ce processus de consultation. Je crois que nous récolterons quelques idées. Le temps presse, car nous sommes déjà en février, et la conférence est en avril.
Oui, je crois donc que nous avons certainement la possibilité d’examiner de nouvelles idées créatives à notre époque. Nous n’avons qu’à penser aux médias sociaux et à toutes ces plateformes qui se développent rapidement. Il faut profiter de cette plateforme de la bonne façon et participer aux efforts sur le plan culturel. En même temps, il faut se demander si nous sommes suffisamment actifs dans les autres domaines. J’espère que c’est sensé. Je deviens un peu passionnée lorsque je parle de relations culturelles.
Le sénateur Housakos : Je crois que c’est très sensé. J’aimerais formuler un commentaire plutôt qu’une question. Notre comité doit trouver une façon de transformer cela en mesure concrète. Le Sénat enverra des représentants à la réunion du Commonwealth qui se tiendra en avril, comme nous le faisons pour toutes les autres réunions parlementaires du Commonwealth.
Toutes les personnes qui représentent le Sénat à ces réunions devraient comprendre qu’il s’agit d’une priorité et elles devraient avoir effectué tous les travaux préliminaires nécessaires. Nous savons qu’au bout du compte, c’est le gouvernement et le pouvoir exécutif qui prennent les décisions liées aux éléments politiques ou commerciaux de haut niveau. Toutefois, je crois que les parlementaires peuvent jouer un rôle important dans la création de liens entre les gens, la diplomatie parlementaire et la diplomatie culturelle.
Encore une fois, madame la présidente, nous pourrions peut-être intégrer dans notre rapport ou dans notre examen des moyens de sensibiliser les gens qui nous représenteront aux réunions du Commonwealth pour qu’ils tiennent compte de ces éléments et qu’ils établissent également des liens avec des partenaires d’autres pays du Commonwealth.
Manifestement, ce n’est pas le rôle de notre comité de gérer les détails. Je ne saurais pas comment m’y prendre, mais la présidente qui a une plus grande expérience que moi pourrait peut-être faire quelques suggestions.
La présidente : C’est sensé. À mon avis, l’expérience du Commonwealth, à la fois au niveau des gouvernements — autrement dit, de la RCGC — ou de l’assemblée parlementaire, offre aux pays hôtes l’occasion de souligner leurs propres cultures lors des conférences et des réunions.
Ce qui m’attire dans ce cas-ci, c’est qu’on tente d’établir un échange culturel plus commun et plus universel, ce qu’on ne faisait pas auparavant, car à ses débuts, je crois que le Commonwealth a mis l’accent sur l’éducation — et avec raison. En effet, le Commonwealth a eu toutes sortes de structures liées à l’éducation, et elles existent toujours.
Je crois que nous aurions dû conserver une plus grande partie de ces structures. En effet, nous avons éliminé certaines d’entre elles. Toutes les gouvernances du Commonwealth sont liées à une expérience éducative ou à une bourse du Commonwealth. Je crois que vous dites tous les deux que nous devrions mettre sur pied un type de plateforme qui favorise la croissance et les échanges culturels, au lieu de nous contenter de souligner nos cultures, et de trouver ainsi une façon de progresser vers un avenir commun. Je crois que ces très bonnes paroles sont les vôtres, madame Afzal.
La sénatrice Bovey : J’aimerais revenir sur les commentaires du sénateur Housakos. Je suis certainement d’accord, mais j’ajouterais qu’il ne s’agit probablement pas seulement du Commonwealth. Lorsqu’une personne est en déplacement, que ce soit pour la Francophonie ou les Amériques, je crois que cette personne doit mettre davantage les cultures — au pluriel — à l’avant-plan.
Mais en ce qui concerne ce point très précis, je comprends que des gens assisteront aux réunions du Commonwealth, mais je crois que vous parlez de ce qui peut être fait sur cette plateforme, au Canada, en avril.
Voici une question très concrète. Existe-t-il un centre d’échanges sur les événements culturels de tous les domaines, populistes ou autres, et sur tout ce qui se passe au Canada relativement aux artistes canadiens et britanniques, sur les orchestres qui invitent des chefs d’orchestre britanniques pendant le temps de la réunion du Commonwealth ou sur les auteurs de pièces de théâtre qui collaborent?
Existe-t-il un centre d’échanges pour ces activités? Si nous voulons pousser cela plus loin, nous devons faire le bilan de la situation.
Mme Afzal : Un projet de cette nature est en cours. Nous tentons de créer ces liens. Nous avons peu de temps pour mettre cela sur pied, mais je pourrais probablement vous en parler un peu vers la fin février.
La sénatrice Bovey : Ce serait formidable.
Mme Afzal : Oui, je pourrais certainement faire cela.
La sénatrice Bovey : Je crois que j’aimerais revenir sur ce qu’a dit le sénateur Housakos plus tôt dans notre discussion, c’est-à-dire lorsqu’il a demandé ce que nous faisions pour faire connaître le profil aux gens. Il se passe probablement plus de choses que nous le savons et si nous ne sommes pas au courant, il est impossible d’intensifier les efforts à cet égard.
Mme Afzal : Oui. Je peux vous parler d’un exemple précis qui se déroulera le Jour du Commonwealth, c’est-à-dire le 12 mars. C’est une coïncidence. L’un de nos projets s’appelle Citoyens actifs; plus de 300 jeunes Canadiens participent à ce projet sur les compétences en matière de leadership. En fait, un événement se déroulera sur la Colline du Parlement. On nous a généreusement prêté un espace sur la Colline pour que ces jeunes puissent communiquer leurs idées sur les entreprises sociales. C’est donc l’un des événements que nous avons organisés dans cette optique. Je peux certainement vous envoyer une liste de quelques autres projets.
La présidente : Madame Afzal, vous avez certainement abordé de nombreux sujets, y compris l’histoire du British Council et de ses projets, ce qui nous aide énormément à établir une comparaison avec la manière dont le Canada aborde ces enjeux. Vous connaissez aussi certainement très bien le contexte canadien, ce qui nous a également été très utile.
Je vous remercie de votre patience, car vous avez dû attendre en raison de tous les problèmes techniques que nous avons éprouvés aujourd’hui. Toutefois, je peux vous assurer que votre témoignage a été très utile pour le comité. Je vous remercie donc de votre contribution. J’espère que vous pourrez retourner à Toronto, car on me dit qu’il y a de la pluie verglaçante partout. Je tenais à vous dire que le fait que vous ayez pris la peine de venir nous voir en personne et d’avoir une discussion avec nous est extrêmement utile.
Si vous souhaitez nous communiquer autre chose, les éléments culturels nous intéressent beaucoup. Si vous avez d’autres réflexions ou d’autres idées ou si vous entendez parler d’autres événements ou plateformes, veuillez nous le faire savoir.
Mme Afzal : Certainement.
La présidente : Au nom du comité, je vous remercie de votre comparution.
Mme Afzal : Je vous remercie de m’avoir accueillie.
(La séance est levée.)