Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et
du commerce international
Fascicule no 53 - Témoignages du 8 novembre 2018
OTTAWA, le jeudi 8 novembre 2018
Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd’hui, à 10 h 31, pour son étude sur les relations étrangères et le commerce international en général, puis à huis clos, pour étudier un projet d’ordre du jour (travaux futurs).
La sénatrice A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Le comité est autorisé à étudier les questions qui pourraient survenir occasionnellement se rapportant aux relations étrangères et au commerce international en général. Dans le cadre de ce mandat, le comité a invité des fonctionnaires d’Affaires mondiales Canada à venir éclairer les membres du comité sur la situation au Brésil depuis la publication de notre rapport, en mai 2012, qui s’intitulait Intensifier les partenariats stratégiques avec le nouveau Brésil.
Avant de céder la parole à nos témoins, j’aimerais demander aux sénateurs de se présenter.
[Français]
Le sénateur Dawson : Dennis Dawson, sénateur du Québec.
[Traduction]
La sénatrice Bovey : Patricia Bovey, Manitoba.
Le sénateur Boehm : Peter Boehm, Ontario.
Le sénateur Dean : Tony Dean, Ontario.
[Français]
Le sénateur Massicotte : Paul Massicotte, du Québec.
[Traduction]
Le sénateur Ngo : Thanh Hai Ngo, Ontario.
Le sénateur Greene : Steve Greene, Nouvelle-Écosse.
Le sénateur Housakos : Leo Housakos, Québec.
La présidente : Je m’appelle Raynell Andreychuk, je suis une sénatrice de la Saskatchewan et la présidente du comité.
C’est avec plaisir que je souhaite la bienvenue aux représentants d’Affaires mondiales Canada : Cheryl Urban, directrice générale, Amérique du Sud et Affaires interaméricaines; Jean-Paul Lemieux, directeur, Relations avec l’Amérique du Sud; Glen McPherson, directeur adjoint, Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay; Jean-Luc Pilon, chargé de dossier principal, Brésil.
Je vous remercie d’avoir accepté notre invitation à venir nous parler de la perspective d’Affaires mondiales Canada sur le Brésil. Nous aimons faire le suivi de nos rapports. Nous faisons des recommandations au gouvernement, puis nous vérifions si elles demeurent d’actualité et si des mesures ont été prises pour leur y donner suite.
Madame Urban, à vous la parole.
Cheryl Urban, directrice générale, Amérique du Sud et Affaires interaméricaines, Affaires mondiales Canada : C’est un plaisir pour moi d’être ici ce matin pour faire un bref exposé sur les récentes élections au Brésil et ses conséquences pour le Canada, ainsi que pour répondre à vos questions.
Comme vous le savez, les Brésiliens se sont rendus aux urnes en octobre et ont élu un nouveau président, Jair Bolsonaro, ainsi qu’un nouveau Congrès, un nouveau Sénat et des gouverneurs dans tout le pays. Le résultat de ces élections représente probablement le changement politique le plus important dans ce pays depuis le retour à la démocratie en 1985.
Le Brésil est un partenaire important pour le Canada. Il l’a été et continuera de l’être. Le dialogue régulier, ouvert et constructif que nous entretenons avec nos partenaires du Brésil témoigne de notre préoccupation commune pour nos relations et pour la planète. Très souvent, nous avons une vision mondiale commune, plus particulièrement lorsque nous travaillons ensemble dans des forums multilatéraux. Nous présentons des similitudes en tant que gardiens de l’Arctique et de l’Amazone. Notre préoccupation pour les défis humanitaires et pour le développement démocratique signifie que nous continuerons à travailler ensemble pour résoudre les crises régionales, comme celle que nous connaissons actuellement au Venezuela. Le Canada et le Brésil comptent tous deux une population importante de nations autochtones, et nous nous sommes engagés à travailler avec les peuples autochtones sur une voie qui débute par la réconciliation et mène à la pleine expression de leur identité. Afin de comprendre la pertinence et l’impact de ces élections de 2018, il est important de comprendre le contexte politique, économique et de sécurité dans lequel elles se sont déroulées.
Les trois ou quatre dernières années n’ont pas été faciles pour les Brésiliens. De 2015 à 2017, le Brésil a connu sa pire récession économique, une période au cours de laquelle la plupart des autres pays du G20 ont entamé un cycle de croissance économique importante. Le taux de chômage élevé et la réduction des dépenses des administrations publiques, des consommateurs et des entreprises ont ravagé l’économie. Au même moment, le Brésil a commencé à mettre en lumière d’énormes affaires de corruption qui ont bouleversé le paysage politique du pays. La présidente Dilma Rousseff été destituée, l’ancien président Lula a été emprisonné, et des dizaines de dirigeants de toutes allégeances politiques ont été inculpés.
Dans le contexte du très grand succès de la Coupe du monde de 2014 et des Jeux olympiques et paralympiques d’été de 2016, les Brésiliens ont également été confrontés à d’importants problèmes de sécurité publique. Un certain nombre de villes brésiliennes figurent sur la liste des villes où le taux d’homicides est le plus élevé au monde.
C’est à la lumière de tous ces éléments que les Brésiliens ont élu Jair Bolsonaro à la présidence de leur pays il y a près de deux semaines. Axé résolument sur l’éradication de la corruption, la promotion de la croissance économique et l’amélioration de la sécurité publique, le programme électoral de M. Bolsonaro s’appuyait sur des propositions politiques qui ont séduit une majorité de Brésiliens. M. Bolsonaro a donc remporté le second tour des élections avec 55 p. 100 des suffrages exprimés.
Il s’agit de la première fois depuis plus de 30 ans où aucun des principaux partis politiques du Brésil ne remporte la course à la présidence. Malgré leur accès démesuré aux fonds publics et aux heures de télévision, ces partis ont eu beaucoup moins de succès que lors des dernières élections de 2014, tant au niveau national que régional. Les médias sociaux ont joué un rôle important et inattendu dans cette élection, ce que le président désigné Bolsonaro et sa campagne ont semblé comprendre plus tôt et mieux que quiconque.
Pour la première fois, l’Organisation des États américains a déployé une mission d’observation électorale au Brésil et a salué le succès de ces élections. La mission d’observation de l’OEA, dirigée par l’ancienne présidente du Costa Rica, Laura Chinchilla, a également mis en lumière le professionnalisme et l’expertise technique avec lesquels le processus électoral a été organisé et mené à bien.
L’OEA a également fait part de ses préoccupations au sujet de cet événement électoral, notamment sur l’agressivité de la campagne, le ton du discours à certaines occasions, les assauts physiques qui ont eu lieu, particulièrement l’attaque à l’arme blanche contre le candidat Bolsonaro alors qu’il faisait campagne en septembre. Le plus inquiétant, toutefois, fut la diffusion en ligne de désinformation et de fausses nouvelles. Ce phénomène n’est d’ailleurs pas propre au Brésil.
À quoi faut-il donc s’attendre du gouvernement Bolsonaro? Le président désigné Bolsonaro commence tout juste à former son cabinet et à coordonner la transition du gouvernement du président Temer à celui du nouveau président. L’inauguration du nouveau président aura lieu le 1er janvier 2019. Par conséquent, il serait prématuré de dire quelles seront ses priorités ou comment il compte gouverner efficacement. Ce que l’on sait à ce stade-ci, c’est qu’il doit faire face à une Chambre des députés et à un Sénat très divisés où pas moins de 30 partis politiques sont représentés. Aucun parti ne détient plus de 10 p. 100 des sièges à la Chambre des députés.
En outre, la Constitution du Brésil est extrêmement prescriptive et définit adéquatement les droits et les libertés et en priorise la protection. Cette Constitution est activement soutenue par un système judiciaire qui offre un sérieux contrepoids aux pouvoirs exécutif et législatif du gouvernement. Compte tenu de ces facteurs, gouverner exigera beaucoup de négociations tout en laissant très peu de marge de manœuvre au président désigné et à son parti.
Sur le plan économique, le président désigné Bolsonaro a fait campagne sur une plateforme économique libérale, promettant de résoudre la crise budgétaire actuelle par la privatisation de sociétés d’État et l’adoption de réformes bien nécessaires au régime de pension. En outre, il a promis de réduire la présence du gouvernement dans l’économie, de réduire les dépenses et d’alléger le fardeau administratif. Il a aussi proposé de se concentrer sur les partenariats avec les économies avancées dans les domaines du commerce et de l’investissement, plutôt que sur la collaboration Sud-Sud pour laquelle les précédents gouvernements étaient connus.
Il a nommé son principal conseiller économique, Paulo Guedes, à la tête d’un nouveau super ministère regroupant les actuels ministères de la Planification, des Finances et de l’Industrie. Les marchés réagissent pour l’instant favorablement à la perspective de la mise en œuvre de ces réformes, espérant qu’elles permettront de sortir le Brésil de la plus importante récession de son histoire.
Sur le plan de la sécurité, M. Bolsonaro a prôné la ligne dure pour résorber la crise actuelle dans le domaine de la sécurité, en assouplissant les restrictions imposées aux forces de police, en réduisant l’âge de la majorité au regard du droit pénal pour le faire passer de 18 à 16 ans et en levant les restrictions actuelles sur la possession d’armes à feu pour permettre aux citoyens de se défendre contre les criminels.
Sur le plan de la politique étrangère, le président désigné Bolsonaro a aussi promis de s’éloigner considérablement des politiques du passé, indiquant que la politique étrangère du Brésil ne serait plus assujettie à un biais idéologique. Il ne fait aucun doute que la politique étrangère du président désigné Bolsonaro se rapprochera beaucoup plus de celle des États-Unis, compte tenu, notamment, de la préférence qu’il accorde aux négociations bilatérales par rapport aux négociations multilatérales.
Traditionnellement, le premier voyage du nouveau président en Amérique du Sud est en Argentine voisine, mais le président désigné a annoncé qu’il préfère plutôt se rendre au Chili. Le président désigné a aussi exprimé une position plus ferme au sujet de la crise au Venezuela.
Enfin, on peut aussi s’attendre à ce que le soutien qu’accorde traditionnellement le Brésil aux institutions multilatérales dans des domaines clés comme le commerce, les droits de la personne et l’environnement soit mis à l’épreuve.
Qu’est-ce que cela signifie pour le Canada? Malgré les changements qui accompagneront certainement l’administration Bolsonaro, le Brésil demeurera durant de nombreuses années un acteur clé sur la scène internationale à l’instar d’autres nouveaux leaders comme la Chine, la Russie, l’Inde, et cetera. Le pays est toujours la neuvième économie au monde et un membre important de forums internationaux clés, dont les Nations Unies, l’Organisation des États américains et le G20.
Il convient aussi de souligner l’habileté du ministère brésilien des Affaires étrangères pour orienter les politiques et l’influence internationale qu’il exerce, notamment par la présence de ses citoyens dans des postes de direction au sein d’institutions internationales comme l’Organisation mondiale du commerce et de nombreuses institutions affilées à l’ONU, comme le Programme alimentaire mondial.
En ce qui concerne le Canada, nous avons résolu les différends commerciaux du début des années 2000, concernant les aéronefs et l’accès au marché du bœuf, pour accroître considérablement nos relations politiques et commerciales avec le Brésil dans les deux dernières décennies. Cela a été accompli au moyen de nombreuses visites de haut niveau et de la création de mécanismes bilatéraux comme le dialogue sur le partenariat stratégique à l’échelon des ministres des Affaires étrangères, qui s’est tenu récemment, et du comité mixte sur les relations économiques et commerciales, dont la dernière réunion s’est déroulée en 2017.
Concernant le commerce et les investissements, le Brésil demeure un pays important pour permettre au Canada d’atteindre ses objectifs de diversification du commerce. Il s’agit de la deuxième économie en importance dans les Amériques après les États-Unis et du plus important partenaire commercial du Canada en Amérique du Sud, les échanges de marchandises entre les deux pays se chiffrant à plus de 6,4 milliards de dollars. Ces échanges sont essentiels pour l’infrastructure de la chaîne de valeur du Canada. Par exemple, le tiers de la production canadienne d’aluminium est tributaire du commerce avec le Brésil. Actuellement, le Brésil est le cinquième investisseur étranger en importance au Canada.
Le resserrement de nos forts liens commerciaux dans le cadre de négociations d’un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur sera la priorité du Canada au cours des prochains mois. Le Mercosur est un bloc commercial et une union douanière composé de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay dont le PIB se chiffre à 3,6 billions de dollars et la population à 260 millions de personnes. Le Brésil est la première économie du bloc, comptant pour 72 p. 100 du PIB de ce dernier.
La conclusion d’un accord de libre-échange avec le Mercosur pourrait accroître l’accès au marché brésilien pour les exportateurs canadiens dans un certain nombre de secteurs. Elle pourrait aussi déboucher sur un accès accru et prévisible pour les investisseurs et fournisseurs de services canadiens. Les négociations avec le Mercosur avancent bien jusqu’à maintenant.
Il devrait aussi y avoir de nouveaux débouchés pour les entreprises canadiennes du secteur des sciences, de la technologie et de l’innovation. Le gouvernement entrant et son équipe économique ont exprimé la nécessité pour le Brésil d’améliorer son rendement et sa productivité dans ses industries de fabrication et de production de marchandises à valeur ajoutée. Le président désigné Bolsonaro semble tenir à l’internationalisation des entreprises brésiliennes et au resserrement des liens entre le secteur privé et la recherche, ce qui pourrait offrir l’occasion de positionner le Canada en tant que partenaire du Brésil sur le plan de l’innovation ainsi que comme destination pour les investissements directs des Brésiliens au Canada, en particulier pour permettre aux entreprises novatrices de s’étendre au-delà des frontières du Brésil. Il convient de souligner que le Brésil est l’un des cinq pays, seulement, avec lequel le Canada a un accord en matière de sciences, de technologie et d’innovation financé, dont on pourrait tirer parti pour accroître la collaboration.
En outre, le futur ministre des Sciences et de la technologie du gouvernement Bolsonaro, l’ancien astronaute Marcos Pontes, a déjà mentionné son intention d’accroître les échanges et la coopération avec le Canada dans le domaine technologique. Il est un ancien collègue de la gouverneure générale du Canada, la très honorable Julie Payette, car ils ont participé tous les deux à une mission d’exploration spatiale.
En matière d’éducation, le secteur canadien de l’éducation devrait demeurer attrayant, et des débouchés sur le plan de la formation technique ou de l’éducation personnalisée pourraient apparaître pour le secteur privé dans le contexte du rajustement des effectifs, principalement dans les secteurs liés à la fabrication. Selon les dernières données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, le Brésil est la septième source en importance d’étudiants étrangers au Canada. En outre, le Canada est la première destination des étudiants brésiliens qui souhaitent apprendre l’anglais et la deuxième destination des étudiants brésiliens qui veulent étudier le français.
Pour ce qui est de la sécurité et de la défense, les liens déjà étroits qui unissent le Canada et le Brésil sur le plan de la sécurité sont susceptibles de se resserrer sous le nouveau gouvernement. Compte tenu de l’importance du Brésil comme acteur régional, des étroites relations interarmées et du rôle accru du Brésil dans les opérations de maintien de la paix régionales, le Brésil est un pays prioritaire pour le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes dans l’hémisphère.
Les derniers pourparlers politico-militaires entre les deux pays, qui se sont déroulés au Brésil en juin 2018, ont mené à l’achèvement de la négociation d’un accord en matière de défense et à une collaboration accrue dans le dossier des femmes, de la paix et de la sécurité, y compris par la tenue d’un dialogue bilatéral. L’obtention de l’approbation par leur cabinet de la signature et de la ratification de l’accord en matière de défense sera une priorité pour le Canada et pour le Brésil.
Même s’il y aura de nombreuses occasions d’entretenir notre relation avec le Brésil sous le gouvernement Bolsonaro, nous devons reconnaître que certaines des promesses qu’il a faites pendant la campagne pourraient créer des différends s’il y donnait suite. Encore une fois, dans le cas d’une relation aussi complexe que la nôtre, les désaccords et les divergences d’approche sont inévitables.
Nous surveillerons de près les orientations de la politique étrangère du nouveau gouvernement dans les domaines des droits de la personne, de l’environnement et du changement climatique ainsi que du soutien aux institutions multilatérales. Les médias ont fait état des positions du nouveau président sur les droits de la femme, les droits des LGBTI et le changement climatique. Toutefois, l’ampleur du virage politique réel reste à voir.
Le président désigné Bolsonaro a déjà dit qu’il ne donnerait pas suite à sa promesse de retirer le Brésil de l’Accord de Paris sur le changement climatique. Il s’est aussi engagé à respecter la Constitution brésilienne. Il n’est pas clair comment son scepticisme à l’égard des institutions multilatérales se traduira dans les organismes liés au commerce, comme l’Organisation mondiale du commerce, le Brésil jouant un rôle clé dans la réforme de cette dernière.
Pour conclure, les récentes élections au Brésil déboucheront sans doute sur d’importants changements au chapitre de la politique intérieure et internationale. Certains de ces changements créeront probablement de nouvelles occasions pour le Canada de renforcer ses liens avec le Brésil tandis que d’autres déboucheront sur des différends que nous devrons nous employer à résoudre.
Comme dans le cas de tout nouveau gouvernement, il est trop tôt pour connaître l’ampleur des occasions ou des défis à venir. Il est toujours prématuré de tenter de déterminer si la rhétorique exprimée pendant la campagne politique va se traduire par un véritable virage politique. Ce qui demeure clair, peu importe les récents résultats électoraux, c’est que le Canada a d’importants intérêts au Brésil, que nos relations bilatérales sont profondes et complexes et que ces dernières s’étendent au-delà du gouvernement fédéral du Brésil. Nous travaillerons en étroite collaboration avec les États et les municipalités ainsi qu’avec la dynamique société civile du pays, y compris les ONG, les établissements d’enseignement et les groupes de réflexion. Ce sera toujours le cas, peu importe la dynamique politique à l’échelle fédérale. Merci.
La présidente : Cet exposé ratisse très large. Vous pouvez peut-être nous rappeler une chose. Dans notre rapport, deux secteurs ressortaient pour ce qui est des possibilités qu’ils présentaient pour le Canada. L’éducation était l’un deux, et je suis heureuse d’entendre qu’il y a des progrès à cet égard.
Quand le comité s’est rendu au Brésil, il a été intéressant de comprendre non seulement la dynamique des États et de leurs interactions dans le système fédéral, mais tout leur fonctionnement politique. Les contrôles en place ont vraiment des effets sur les parlements des États.
Après ces élections, y aura-t-il une transformation à ce second échelon ou comment la donne changera-t-elle dans le système fédéral global? Autrement dit, Bolsonaro aura-t-il plus ou moins de problèmes que l’administration précédente dans ses rapports avec tous les États?
Mme Urban : J’ai bien peur de ne pas disposer d’assez d’information pour répondre à cette question précise. Comme je l’ai déjà mentionné, le gouvernement se compose d’un grand nombre de partis politiques, donc je pense que ces relations demeureront difficiles. Je ne sais pas si mes collègues ont d’autres indications à vous donner.
Il est difficile, à ce stade-ci, de prévoir ce qu’il adviendra, mais nous pourrons garder un œil sur la situation et vous en reparler.
La présidente : Nous avions vraiment beaucoup de choses positives à dire dans notre rapport sur le Brésil, mais nous affirmions que tout était une question de gouvernance, et la gouvernance a été problématique après la publication de notre rapport, particulièrement pour la population du Brésil. Les choses prendront une toute autre tournure maintenant, que nous devrons suivre de près.
La sénatrice Bovey : J’ai trouvé votre exposé très intéressant, surtout que je me trouvais en Argentine, il y a une semaine, et que j’y ai parlé de certains des enjeux que vous avez mentionnés de cette perspective.
Notre comité s’est penché sur la question de la diplomatie culturelle et de l’incidence de la diplomatie culturelle sur le Canada en général. Vous avez parlé d’éducation, une question qui me semble vraiment importante. Cependant, lorsque vous entrevoyez l’avenir, si vous aviez une boule de cristal, comment verriez-vous les rôles que pourront jouer les relations diplomatiques parallèles, comme la diplomatie culturelle ou les échanges culturels, pour créer une meilleure compréhension, stimuler le commerce, intensifier nos échanges et créer d’autres débouchés?
Je parle d’échanges d’œuvres historiques et d’œuvres de jeunes artistes contemporains dans toutes les disciplines. Je m’intéresse à l’ensemble du secteur. J’aimerais savoir quelles sont vos impressions, en cette ère de changement, sur la façon dont nos interprétations culturelles peuvent approfondir nos relations.
Mme Urban : Je peux vous assurer que la diplomatie culturelle est un volet important de la politique étrangère de ce gouvernement et de nos relations diplomatiques en général. Le gouvernement y voit une dimension importante de nos relations.
Certaines activités relèvent du mandat d’un autre ministère, mais je pourrais faire parvenir au comité les plans futurs que le Canada envisage pour les prochaines années en matière de diplomatie culturelle.
La sénatrice Bovey : J’aimerais pousser la question encore plus loin. Compte tenu de vos connaissances en la matière, quelle serait, d’après vous, la compréhension du Canada? En ce qui concerne les futurs accords commerciaux ou les futurs accords de toutes sortes, voyez-vous la nécessité de renforcer les valeurs canadiennes et les compréhensions canadiennes?
Mme Urban : Comme je l’ai mentionné dans ma déclaration préliminaire, il y a des similarités notables entre le Canada et le Brésil, notamment le fait que nous avons de vastes territoires, comme l’Amazonie et l’Arctique. Nous entretenons également des liens très étroits avec nos populations autochtones. Il y a, bien sûr, des traits communs entre le Canada et le Brésil qui ouvrent la porte à de nombreuses occasions de diplomatie culturelle et à la possibilité pour le Canada de faire connaître ses pratiques exemplaires. Lors des échanges diplomatiques auxquels j’ai participé, le gouvernement du Brésil s’est dit intéressé à des échanges avec le Canada dans ces domaines.
La sénatrice Bovey : Dans vos comparaisons entre l’Amazonie et l’Arctique, pourriez-vous nous parler un peu des changements climatiques? Nous sommes bien au fait des travaux réalisés dans l’Arctique canadien à l’heure actuelle, mais savez-vous ce qui se fait en Amazonie?
Mme Urban : En fait, lorsque nous avons discuté de nos partenariats, les changements climatiques ont toujours été à l’ordre du jour. Comme je l’ai mentionné un peu plus tôt, nous travaillons avec le gouvernement du Brésil dans le dossier de l’intendance environnementale. Nous avons vu récemment que le gouvernement s’est engagé à respecter l’Accord de Paris. Selon nous, il a proposé également d’accueillir une future conférence des parties.
Une question demeure, toutefois, puisque le gouvernement du Brésil veut assouplir certains règlements et privatiser des entreprises publiques. Certains ont manifesté publiquement leurs craintes des répercussions que cela pourrait avoir sur l’environnement.
Le Canada est conscient du fait que, par exemple, à la suite de la récente création du poste d’ombudsman canadien pour la responsabilité sociale des entreprises, toutes les entreprises canadiennes qui mènent des activités au Brésil devront bien s’acquitter de leurs responsabilités sociales et d’entreprise et respecter de bons principes en la matière, et assurer une bonne intendance environnementale. Le Canada a déjà coopéré avec le Brésil dans divers domaines apparentés. En juillet 2017, le Canada a accueilli la deuxième édition des jeux internationaux des peuples autochtones.
Nous avons aussi de petits programmes. Nous avions un programme de développement qui a pris fin en 2011, mais nous avons maintenant un modeste fonds canadien d’initiatives locales qui nous permet d’appuyer des activités, dont certaines concernent les populations autochtones. Nous avons utilisé de petits programmes pour contribuer à la création d’un documentaire sur les femmes autochtones au Brésil. C’est un autre outil de collaboration dans ces domaines.
L’ambassade et notre présence au Brésil nous permettent d’entretenir un dialogue continu avec les intervenants sur la responsabilité sociale des entreprises et l’intendance environnementale. Le Canada et le Brésil disposent de nombreux canaux pour échanger sur des sujets importants.
Le sénateur Boehm : Je viens d’arriver au Sénat, mais je connais bien le Brésil, alors j’aimerais que vous nous en parliez un peu plus.
Dans mon ancienne carrière, je trouvais que les relations bilatérales entre le Canada et le Brésil zigzaguaient beaucoup, que ce soit dans un dossier consulaire compliqué, dans le différend entre Embraer et Bombardier, ou lors des accusations liées à la maladie de la vache folle, et cetera, même si nous travaillions en très étroite collaboration. En fait, lorsque j’étais représentant permanent auprès de l’Organisation des États américains, nous étions assis par ordre alphabétique, si bien que le représentant du Brésil se trouvait toujours à ma gauche et nous avions l’occasion de discuter. Comme vous l’avez mentionné dans votre déclaration préliminaire, leur service extérieur est très professionnel et très dévoué, mais le gouvernement Bolsonaro pourrait mettre ses représentants à l’épreuve.
Ma question porte plus précisément sur le rôle du Brésil et du Canada comme acteurs régionaux. Le Canada est membre du Groupe de Lima, comme on l’appelle, qui se penche sur la situation au Venezuela. M. Bolsonaro a mentionné qu’il suivrait de très près les agissements du président Maduro. Il y a aussi l’autre voisin, la Bolivie, où le président Morales est en poste depuis longtemps. C’est un homme très à gauche, et les questions autochtones sont très importantes dans ce pays. Puis il y a aussi l’Organisation des États américains dont vous avez parlé également.
Travaillez-vous à l’élaboration d’une stratégie globale à laquelle participeraient nos missions? Lorsque le cabinet aura été créé, allons-nous communiquer avec la nouvelle administration pour discuter des questions urgentes qui déstabilisent la région et qui créent des flots de réfugiés qui se dirigent vers la Colombie, le Brésil, et d’autres régions des Caraïbes? Si vous avez une stratégie, comment comptez-vous la mettre en place?
Mme Urban : C’est une question à plusieurs volets. En effet, lorsque plus de gens auront été nommés au cabinet, l’ambassade communiquera certainement de manière proactive avec les nouveaux venus pour organiser des réunions et créer des liens avec eux dans le cadre d’une stratégie globale.
Pour ce qui est du rôle du Brésil dans la région, il est trop tôt pour émettre des hypothèses. Sans trop m’avancer, je dirais que les premiers signes pointent en direction d’une position ferme sur des enjeux comme le Venezuela. Actuellement, le Brésil et le Canada sont tous les deux membres du Groupe de Lima, formé de ministres des Affaires étrangères, et se sont penchés sur la situation au Venezuela au cours de la dernière année. Il est possible que le gouvernement du Brésil joue un rôle plus actif à cet égard, mais nous n’avons pas de détails sur la façon qu’il procédera. Il se pourrait qu’il y ait plus de collaboration au sein du Groupe de Lima avec le Brésil sur cette question.
En plus de l’intérêt du Groupe de Lima pour la situation politique au Venezuela, il y a aussi la migration des Vénézuéliens vers d’autres pays d’Amérique du Sud. Le Brésil a, bien sûr, dû s’occuper des migrants vénézuéliens qui arrivaient à sa frontière. Le Canada collabore déjà avec le gouvernement du Brésil et lui apporte son soutien, comme je l’ai mentionné, dans le cadre du modeste fonds du Canada pour les initiatives locales, afin d’aider le Brésil à gérer la situation des migrants vénézuéliens. La plupart des observateurs sont toutefois d’avis que la situation continuera à se dégrader.
Le Canada a déjà apporté son soutien, par exemple, en finançant des programmes d’aide humanitaire et dans le cadre de divers programmes sur la sécurité et la paix dans la région. Nous aidons ces pays financièrement à gérer la crise migratoire. La situation va se poursuivre au cours des prochains mois.
Nous allons aussi continuer de suivre la conjoncture politique dans les autres pays de la région. Les Boliviens iront aux urnes dans un avenir rapproché. Nous devons également examiner ce que nous pouvons faire au sein de l’Organisation des États américains pour collaborer avec le Brésil et les autres pays. L’Organisation des États américains a adopté des résolutions et s’est penchée sur les éléments préoccupants dans ces pays, notamment le Nicaragua. Nous prévoyons pouvoir travailler avec le Brésil.
Vous avez tout à fait raison. Le Brésil occupe le siège à côté du nôtre à l’Organisation des États américains et cela nous donne l’occasion d’entamer des discussions bilatérales au sein de ce forum multilatéral.
Le sénateur Boehm : Reparlons un peu de la situation économique et commerciale. Lorsque le gouvernement Bolsonaro tournera son regard vers le nord, il ne nous verra pas. La courbe de la terre fera en sorte que son regard s’arrêtera sur les États-Unis, et c’est ce qui retiendra son attention. Par ailleurs, nous sommes en train de négocier un accord de libre-échange avec le Mercosur. Si cela se concrétise, ne serait-ce pas là une occasion de resserrer nos liens, et de faire avancer les autres discussions dont vous avez parlé?
Mme Urban : Oui, tout à fait. Le Mercosur présente beaucoup de potentiel et est extrêmement important pour le Canada pour diverses raisons commerciales. C’est également une bonne organisation régionale. Les organisations régionales en Amérique latine et dans les Caraïbes sont en train d’évoluer. Certaines deviennent plus solides, d’autres sont en perte de vitesse.
Toutefois, on trouve au sein de l’Alliance du Pacifique et du Mercosur une solide collaboration régionale et des occasions de dialogue. Dans ses négociations avec le Mercosur, le Canada apporte à la discussion l’idée d’une approche inclusive pour les échanges commerciaux et les investissements internationaux. C’est un exemple de la façon dont nous pouvons procéder.
Le Venezuela n’étant pas membre du Mercosur, c’est un exemple d’organisation régionale au sein de laquelle le Canada peut travailler et mettre à profit sa relation avec le Brésil. Le potentiel est énorme. Comme je l’ai mentionné, c’est une grande priorité pour le gouvernement du Canada, mais nous savons aussi que c’est une grande priorité pour le gouvernement du Brésil.
Le sénateur Housakos : Ma question porte sur le fait que le Canada a de toute évidence des intérêts au Brésil. Nous sommes en concurrence avec les États-Unis pour l’établissement de cette relation potentielle, mais le fait est qu’entre le Canada et le Brésil se trouve le plus grand marché du monde. Les commerçants aiment toujours aller là où les volumes sont importants et où le rendement est intéressant.
En plus du Mercosur et des autres liens que nous essayons de renforcer avec le Brésil, sur quels autres éléments particuliers devons-nous miser pour avoir un avantage sur les États-Unis, qui ont, bien sûr, l’avantage géographique et des économies d’échelle? Quels autres éléments de notre économie peut-on mettre en valeur pour nous donner un avantage concurrentiel par rapport aux États-Unis au Brésil?
Mme Urban : Nous avons un service des délégués commerciaux très dynamique au Brésil pour aider les entreprises canadiennes. Le Canada peut miser sur divers créneaux qui sont des priorités pour le Brésil, notamment la recherche et la science. Nous pouvons miser sur le fait que nous avons un accord de financement pour l’innovation, la technologie et la science et en tirer le maximum. Il semble que ce soit un secteur prioritaire pour le Brésil, ce qui coïncide bien avec ce que le Canada a à offrir. Nous avons des exportateurs et des entreprises qui ont un intérêt au Brésil, notamment dans les secteurs de la recherche sur les énergies propres et l’agriculture. Il existe des liens importants entre le Canada et le Brésil dans ces secteurs. La technologie et l’innovation sont des secteurs sur lesquels nous pouvons mettre fortement l’accent.
Dans le domaine de l’éducation, il y a beaucoup de collaboration entre les établissements d’enseignement brésiliens et canadiens dans le domaine des sciences, de la technologie et de l’innovation. Nous pouvons miser sur les liens qui existent déjà et les approfondir. Je mentionne en passant que le gouvernement brésilien vient d’annoncer qu’il a choisi 25 projets pour son programme d’internationalisation. Parmi ces 25 projets, 22 ont des établissements d’enseignement canadiens comme partenaires. Cela aidera les entreprises canadiennes et nous donnera un avantage concurrentiel.
J’ajouterais qu’il se pourrait également qu’une collaboration accrue entre le Brésil et les États-Unis aide les entreprises canadiennes à faire plus facilement des affaires au Brésil. Les progrès dans les négociations Brésil-États-Unis ne sont pas nécessairement synonymes d’occasions ratées pour les entreprises canadiennes et l’économie canadienne. Le Brésil et les États-Unis ont des différends commerciaux. Si des progrès sont réalisés ou s’ils sont réglés, cela pourrait être utile au Canada.
Le sénateur Housakos : Un secteur qui m’inquiète est celui des services. Le secteur des services au Canada est celui qui a connu la croissance la plus rapide dans l’économie dernièrement. Les échanges ont beaucoup augmenté dans ce secteur avec nos principaux partenaires commerciaux, mais quand il s’agit de pays comme le Brésil et d’autres petits partenaires commerciaux, j’ai l’impression que nous ne sommes pas concurrentiels ou que nous n’arrivons pas à percer le marché.
Existe-t-il une raison à cela? Est-ce que le Parlement et le gouvernement peuvent faire quelque chose pour lever les obstacles, à moins que je ne me trompe?
Mme Urban : Nous sommes en train de moderniser nos services de délégués commerciaux pour nous concentrer davantage sur les petites et moyennes entreprises. Le gouvernement et Affaires mondiales Canada s’emploient à rendre nos services de délégués commerciaux plus accessibles aux entreprises canadiennes afin qu’elles puissent profiter des services que le gouvernement du Canada leur offre. Les services seront donc plus facilement accessibles en ligne, plus accessibles dans les médias sociaux, et les délégués seront plus présents auprès des entreprises canadiennes. On a l’impression que le gouvernement pourrait faire davantage pour aider les entreprises canadiennes qui s’intéressent à développer d’autres marchés.
Le Brésil est effectivement un marché fermé, si bien qu’il est difficile d’y avoir accès. Il y a de l’espoir, selon la façon dont la situation évoluera au cours des prochaines années. Le Brésil se concentre actuellement sur la corruption et sur sa plateforme économique libérale pour réduire le fardeau administratif et assouplir la réglementation. Cela pourrait être utile aux entreprises canadiennes et leur ouvrir de nouvelles possibilités d’affaires.
La présidente : Pour approfondir un peu ce point, nous avons appris, dans le cadre de notre étude, à quel point le commerce intérieur était développé. Le pays est grand et diversifié. Le marché est fermé, mais les échanges entre les régions est un moyen pour eux de survivre.
La Chine était en train de devenir un facteur important. Sous le président Lula, et ensuite sous la présidente Rousseff, et sous la toute dernière présidence, la Chine était un facteur important à divers égards. Le nouveau président a fait quelques commentaires au sujet de la Chine. Est-ce que ce sera un facteur important? La situation du BRICS ne l’enchante pas tellement.
Est-ce que cela pourrait nous ouvrir des possibilités commerciales? Vous avez déjà mentionné que les échanges Sud- Sud ne seraient pas un enjeu dans les échanges Nord-Sud. Il y a des possibilités, je présume, mais pourriez-vous nous parler de cette situation?
Mme Urban : Nous suivons la situation, parce que la Chine est le plus important partenaire commercial et d’investissements du Brésil. Nous sommes également conscients que le candidat Bolsonaro, pendant la campagne électorale, a soulevé diverses questions sur l’étendue des investissements chinois au Brésil, mais il a précisé néanmoins qu’il avait l’intention d’avoir des rapports amicaux avec le gouvernement chinois.
Il est encore trop tôt pour émettre une opinion sur l’orientation future des relations diplomatiques et commerciales entre le Brésil et la Chine, mais le Brésil a toujours accordé beaucoup d’importance à sa participation au sein du BRICS, et on s’attend à ce qu’il soit l’hôte du sommet du groupe en 2019.
Le sénateur Dawson : Au début de votre exposé, vous avez parlé de la question autochtone. Parmi les déclarations scandaleuses du nouveau président, il était notamment question de la quasi-élimination des droits des autochtones dans son nouveau Brésil. On parlait de leur enlever leurs terres et leur droit à la protection.
Quelle est la part faisant partie de la rhétorique électorale? Je n’aime pas le mot exécuter parce qu’il a une connotation très négative, mais en Chine c’était scandaleux. Je pense que cela représente un danger pour les communautés autochtones. J’aimerais savoir si vous avez des informations sur la question. Nous ne traitons pas toujours très bien nos gens.
Mme Urban : C’est exact. Pour répondre à ce que vous venez de dire, le soir de son élection, le président désigné Bolsonaro s’est engagé à respecter la Constitution brésilienne, qui contient un cadre juridique progressiste et qui protège très bien les droits de la personne. Le système brésilien prévoit des mesures de contrôle à cet égard.
Le Canada et le Brésil collaborent étroitement dans le dossier des droits de la personne, y compris les droits des autochtones, bilatéralement et multilatéralement, au sein des organisations multilatérales. Nous avons eu des consultations dernièrement avec le Brésil. Nous en avons eu en 2014 sur des questions humanitaires. En 2017, nous avons eu des consultations bilatérales sur les droits de la personne. Le Canada entretient un dialogue ouvert avec le Brésil sur ces questions. J’ai aussi parlé des négociations au sein du Mercosur. Dans le cadre de ces négociations, l’approche du Canada consiste à mettre l’accent sur les éléments inclusifs, y compris ceux qui touchent les populations autochtones. Le gouvernement est au début de son mandat. Sans présumer de rien, je dirais que la Constitution brésilienne et l’appareil gouvernemental sont constitués de sorte à pouvoir offrir un cadre solide pour protéger les droits de la personne. Le Canada demeure attentif à la question et en fera une priorité dans ses discussions avec le gouvernement.
La présidente : Je vous remercie et remercie vos collègues d’avoir accepté notre invitation à venir faire le point avec nous. C’est très utile de nous rappeler l’importance du Brésil et le fait que le pays se trouve dans notre hémisphère. Il est également utile de souligner les occasions qui se présentent de renforcer nos liens avec ce pays et, à tout le moins, de surveiller les changements qui pourraient se produire. On ne peut qu’espérer qu’ils soient positifs pour la population du Brésil et pour la collaboration future du pays avec le Canada.
Si vous avez d’autres éléments dont vous aimeriez nous faire part, n’hésitez pas à le faire. Vous pouvez les faire parvenir à la greffière de la façon habituelle.
Mesdames et messieurs les sénateurs, nous allons suspendre la séance pendant deux minutes et poursuivre à huis clos.
(La séance se poursuit à huis clos.)