Délibérations du Comité sénatorial spécial sur le
Secteur de la bienfaisance
Fascicule n° 4 - Témoignages du 4 juin 2018
OTTAWA, le lundi 4 juin 2018
Le Comité sénatorial spécial sur le secteur de la bienfaisance se réunit aujourd’hui, à 16 heures, afin d’examiner l’impact des lois et des politiques fédérales et provinciales gouvernant les organismes de bienfaisance, les organismes à but non lucratif, les fondations et autres groupes similaires, et pour examiner l’impact du secteur volontaire au Canada.
Le sénateur Terry M. Mercer (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial spécial sur le secteur de la bienfaisance. Je suis le sénateur Terry Mercer, de la Nouvelle-Écosse, président du comité.
Tout d’abord, j’invite les sénateurs à se présenter, en commençant par la vice-présidente.
La sénatrice Omidvar : Ratna Omidvar, de l’Ontario.
Le sénateur R. Black : Rob Black, de l’Ontario.
La sénatrice Frum : Linda Frum, de l’Ontario.
Le sénateur Oh : Victor Oh, de l’Ontario.
Le président : Comme vous pouvez le voir, je vais attendre de présenter le reste du pays et nous allons nous arrêter à ces quatre représentants de l’Ontario. D’autres sénateurs sont en chemin et ils vont me prêter main-forte pour faire face aux hordes ontariennes. Merci, chers collègues.
Aujourd’hui, le comité va poursuivre son étude consistant à examiner l’impact des lois et des politiques fédérales et provinciales gouvernant les organismes de bienfaisance, les organismes à but non lucratif, les fondations et autres groupes similaires, et à examiner l’impact du secteur volontaire au Canada. Pour cette réunion, nous nous concentrerons sur le bénévolat, un volet très important de l’étude.
Nous accueillons, de Statistique Canada, Pamela Best, directrice adjointe, Division de la statistique sociale et autochtone pour qui c’est la deuxième comparution consécutive; elle aura bientôt droit à des primes de présence. Jusqu’ici, madame, vous devancez tout le monde. Mme Best est accompagnée de Patric Fournier-Savard, gestionnaire d’enquêtes et analyste, Division de la statistique sociale et autochtone. Je suis heureux de vous revoir tous les deux. De Service Canada, nous accueillons Alan Bulley, directeur général, Opérations de programmes du marché du travail et de développement social; et Brent Bauer, directeur, Service jeunesse Canada. Enfin, nous accueillons Debra Basil, professeure, Marketing, Université de Lethbridge. Merci à tous d’avoir accepté notre invitation.
J’invite les témoins à faire leur présentation et leur rappelle d’être brefs dans vos réponses aux questions. Honorables sénateurs, je surveillerai l'heure afin que nous puissions tous poser des questions et avoir une discussion juste et ouverte.
Pamela Best, directrice adjointe, Division de la statistique sociale et autochtone, Statistique Canada : Je remercie les honorables sénateurs d’avoir permis notre troisième comparution devant le Comité. En fait, la seconde pour moi.
La première fois que Statistique Canada a comparu, c’était pour présenter l’importance économique du secteur sans but lucratif et sa contribution au produit intérieur brut du Canada. La semaine dernière, nous avons décrit le comportement des Canadiens qui font des dons de bienfaisance.
Aujourd’hui, je vais résumer les principales constatations des rapports qui accompagnaient la récente diffusion de données de Statistique Canada sur le bénévolat. Ces statistiques proviennent principalement de l’Enquête sociale générale sur le don, le bénévolat et la participation de 2013. Nous commencerons à recueillir des données sur la prochaine phase de cette enquête à l’automne, et les nouvelles données seront diffusées en 2019.
Je commencerai ma présentation par un survol des principales constatations du sondage, du nombre et de la proportion de bénévoles, ainsi que du nombre d’heures de bénévolat. Je présenterai également le profil démographique et socioéconomique des bénévoles et l’évolution de cette situation au cours des dernières années. Je dresserai ensuite un portrait des principaux types d’organismes de bienfaisance et sans but lucratif pour lesquels les Canadiens font du bénévolat, et je terminerai par un examen des raisons pour lesquelles les gens font ou ne font pas du bénévolat.
[Français]
Avant de commencer la présentation des résultats et des statistiques, j’aimerais dire quelques mots à propos des définitions et des concepts utilisés dans le cadre de l’Enquête nationale sur le don, le bénévolat et la participation.
Il peut parfois exister une certaine confusion en ce qui a trait à la définition même du bénévolat. Certaines personnes peuvent considérer à tort que d’aider d’une manière informelle un voisin à réaliser des travaux d’entretien chez lui constitue du bénévolat. Dans l’Enquête sociale générale, on fournit au répondant une liste de quatorze activités auxquelles il pourrait participer, telles que faire du porte-à-porte, solliciter des fonds ou siéger à un comité ou à un conseil. Une personne est considérée comme bénévole dès qu’elle répond qu’elle a effectué au moins un de ces types d’activité sans rémunération et pour le compte d’un groupe ou d’un organisme.
[Traduction]
En 2013, 12,7 millions de Canadiens, soit 44 p. 100 des 15 ans et plus, ont fait du bénévolat au nom d’un groupe ou d’une organisation. Les femmes étaient plus susceptibles que les hommes de faire du bénévolat, à raison de 45 p. 100 contre 42 p. 100 pour les hommes.
Comme le montre l’infographie que vous devriez avoir dans votre trousse, les Canadiens ont consacré environ 1,96 milliard d’heures de bénévolat en 2013, ce qui équivaut à un million d’emplois à temps plein annuellement.
Les activités auxquelles les bénévoles ont participé le plus souvent étaient l’organisation, la supervision ou la coordination d’activités de financement pour un organisme ou un groupe, puis la participation à un comité ou à un conseil. Toutefois, de nombreux bénévoles ont participé à plus d’un type d’activité.
Les types d’activités ont varié également selon le sexe. Les femmes participaient davantage à la collecte de fonds, à l’organisation d’événements et à la prestation de soins de santé, tandis que les hommes étaient deux fois plus susceptibles d’offrir des services d’encadrement et d’entretien ou de réparation.
De nombreux bénévoles offrent leurs services pour réaliser des activités pour lesquelles ils ont déjà de l’expertise ou de l’expérience. Cependant, nous constatons également que les gens estiment que le bénévolat leur permet d’acquérir des compétences ou de se perfectionner.
Les compétences les plus souvent mentionnées que les gens cherchaient à améliorer ou à développer étaient les compétences interpersonnelles, suivies des compétences en communication et des compétences en organisation et en gestion.
Maintenant que nous avons une idée du temps que les bénévoles consacrent aux organismes et des activités qu’ils accomplissent, j’aimerais examiner les tendances du bénévolat entre 2004 et 2013.
En général, il est difficile d’identifier une tendance claire dans l’évolution de la proportion de bénévoles pendant cette période. Le taux de bénévolat a augmenté chaque année, passant de 45 p. 100 en 2004 à un sommet de 47 p. 100 en 2010.
Toutefois, cette proportion est revenue à 44 p. 100 en 2013. Nous devrons attendre que les résultats du prochain cycle de l’enquête soient disponibles pour déterminer si cette diminution de la proportion de bénévoles de 2010 à 2013 est une simple fluctuation ou si elle indique le début d’une nouvelle tendance.
La semaine dernière, nous avons discuté de l’incidence du vieillissement de la population, du profil des donateurs et des montants qu’ils donnent, les dons de bienfaisance des personnes de 75 ans et plus étant de 300 $ supérieurs à ceux des personnes de 35 à 44 ans en 2013.
Cette différence entre générations se reflète également, dans une certaine mesure, dans le secteur bénévole. Bien que les aînés soient moins susceptibles de faire du bénévolat en général, ils donnent plus d’heures à ce genre d’activité. C’est ce que vous pouvez également voir dans l’infographie. En 2013, 38 p. 100 des personnes âgées de 65 à 74 ans ont fait du bénévolat, comparativement à 48 p. 100 des personnes âgées de 35 à 44 ans. Par ailleurs, les personnes âgées de 65 à 74 ans ont consacré en moyenne 231 heures au bénévolat, soit près du double du nombre d’heures du groupe d’âge de 35 à 44 ans.
Comment cela influe-t-il sur les tendances que nous observons? Avec le vieillissement de la population, la part, de toutes les heures de bénévolat fournies par les Canadiens âgés, augmente également. Il y a moins de 10 ans, les personnes âgées de 35 à 44 ans constituaient le segment démographique qui offrait le plus d’heures de bénévolat. En 2013, il s’agissait surtout de personnes âgées de 55 ans et plus. Plus précisément, la proportion du nombre total d’heures de bénévolat effectuées par les personnes de plus de 55 ans est passée de 31 p. 100 à 39 p. 100 en 2013.
Comme vous pouvez également le voir dans votre infographie, la proportion de bénévoles âgés de 35 à 55 ans est demeurée relativement stable entre 2004 et 2013.
Les données ne nous permettent pas de faire une véritable analyse de cohorte, mais si vous regardez le pourcentage de bénévoles ventilé par plus petits groupes d’âge au cours des 11 années qu’a durée l’enquête, nous constatons qu’à mesure que ces groupes vieillissent, le taux de bénévolat diminue. Par exemple, 65 p. 100 des personnes âgées de 15 à 19 ans en 2004 ont fait du bénévolat, contre 37 p. 100 des personnes âgées de 24 à 28 ans. Cependant, sur les 11 années de l’enquête, le pourcentage de bénévoles de 15 à 19 ans est stable, entre 65 et 66 p. 100. Nous observons toutefois une plus grande variabilité dans la population âgée de 24 à 29 ans, avec un minimum de 35 p. 100 de ce groupe d’âge faisant du bénévolat en 2004 et un maximum de 41 p. 100 en 2010.
Nous pouvons également examiner l’effet du bénévolat à l’école secondaire sur la promotion des comportements de bénévolat à l’avenir. Environ 52 p. 100 des 18 ans et plus en 2007 ont déclaré avoir fait du bénévolat à l’école secondaire, comparativement à 37 p. 100 de ceux qui n’en avaient pas fait.
Je vais maintenant parler des types d’organismes ou de groupes pour lesquels les Canadiens sont les plus susceptibles de faire du bénévolat. Bien qu’il y ait certaines similitudes, les types d’organismes avec lesquels les Canadiens sont le plus susceptibles de faire du bénévolat ne sont pas toujours les mêmes que les organismes auxquels ils donnent le plus d’argent. Par exemple, dans le domaine des sports et des loisirs, ces organismes reçoivent moins de 200 millions de dollars en dons, ce qui est beaucoup moins que d’autres types d’organismes. Toutefois, du point de vue du bénévolat, les organismes de sports et de loisirs, ainsi que les services sociaux, sont ceux qui ont le plus bénéficié de la participation volontaire des Canadiens. Par exemple, en 2013, 18 p. 100 de toutes les heures de bénévolat effectuées au cours de l’année ont été consacrées à des organismes sportifs et récréatifs.
D’autre part, même si seulement 2 p. 100 des Canadiens se sont portés volontaires pour des organisations internationales, ils se classaient au quatrième rang pour ce qui est des dons.
Je vais maintenant parler des raisons pour lesquelles les gens ne font pas de bénévolat. En 2013, nous avons constaté que le manque de temps était le principal obstacle au bénévolat chez les hommes et les femmes, 66 p. 100 des répondants ayant invoqué cette raison. Même parmi ceux qui ont fait du bénévolat, le manque de temps était la principale raison pour laquelle ils n’ont pas donné plus d’heures. Plus de la moitié des non-bénévoles ont choisi de donner de l’argent à un groupe ou à un organisme de bienfaisance plutôt que de faire du bénévolat.
Les obstacles au bénévolat changent avec le temps. Chez les personnes de moins de 55 ans, le manque de temps était de loin le plus grand obstacle au bénévolat, cité par les trois quarts des non-bénévoles de ce groupe d’âge. Les personnes de plus de 55 ans étaient moins susceptibles de déclarer un manque de temps, mais étaient plus susceptibles de signaler des problèmes de santé ou de dire qu’elles préféraient donner de l’argent plutôt que du temps.
Les obstacles les plus courants au bénévolat sont demeurés relativement constants au fil du temps, bien que la proportion de non-bénévoles ayant déclaré ne pas s’intéresser au bénévolat soit passée de 23 p. 100 en 2004 à 29 p. 100 en 2013. De plus, il y a eu une augmentation de la proportion de non-bénévoles indiquant que personne ne les avait invités à faire du bénévolat, qui est passée de 40 p. 100 en 2004 à 49 p. 100 en 2013.
[Français]
Près de la moitié des Canadiens font du bénévolat. Ce faisant, ils contribuent au maintien et à l’amélioration du bien-être des collectivités. En plus d’un accord économique non négligeable, le bénévolat peut favoriser le renforcement du capital social, soit la confiance, la réciprocité et le sentiment d’appartenance dans une collectivité canadiennes.
En plus de profiter à la collectivité, le bénévolat peut avoir une incidence positive sur le bien-être des bénévoles en leur permettant d’améliorer leurs compétences et leurs connaissances et d’élargir leur expérience de travail. Pour toutes ces raisons, l’Enquête sociale générale de Statistique Canada continuera de suivre l’évolution de la participation du bénévolat des Canadiens. Comme vous le savez, les prochaines données seront collectées en septembre prochain.
Je vous remercie. C’est avec plaisir que mon collègue, Patric Fournier-Savard, et moi-même répondrons à vos questions.
Le président : Merci beaucoup.
Alan Bulley, directeur général, Opérations de programmes du marché du travail et de développement social, Service Canada : Nous vous remercions de votre invitation et de nous donner l’occasion de vous fournir des renseignements qui orienteront votre important travail dans le secteur de la bienfaisance et du bénévolat.
[Traduction]
À titre de directeur général, Opérations de programmes du marché du travail et de développement social à EDSC, je codirige la mise en œuvre du Service jeunesse Canada avec mes collègues responsables des politiques, au nom de ma ministre, la ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et du Travail, l’honorable Patty Hajdu, et du premier ministre et ministre de la Jeunesse, le très honorable Justin Trudeau.
Je suis accompagné de Brent Bauer, directeur du Service jeunesse Canada. Je suis heureux que nous comparaissions devant le comité en compagnie de représentants de Statistique Canada et de Bénévoles Canada, deux de nos partenaires dans la conception et la mise sur pied du Service jeunesse Canada.
J’aimerais utiliser le temps qui m’est alloué pour expliquer que Service jeunesse Canada est conçu pour aborder certaines des tendances et des défis liés au bénévolat chez les jeunes et au secteur bénévole dont vous avez peut-être entendu parler au cours de vos séances précédentes et dont ma collègue de Statistique Canada, Pamela Best, viens de vous parler.
L’élaboration d’un programme de services à la jeunesse a été incluse dans la lettre de mandat de la ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et du Travail, en collaboration avec le ministre de la Jeunesse. Le gouvernement du Canada s’est engagé à promouvoir une vision du Canada où les jeunes participent activement à la vie des collectivités et de la société, et ce, jusqu’aux étapes ultérieures de la vie, en appuyant une culture de service, de participation civique et de citoyenneté mondiale.
Le budget de 2016 proposait un engagement financier pour les services aux jeunes et celui de 2017 a confirmé le lancement de l’Initiative de services aux jeunes, ou ISJ, y compris un appel de propositions. L’ISJ a par la suite été rebaptisé Service jeunesse Canada, ou SJC.
Le 16 janvier de cette année, le premier ministre et le secrétaire parlementaire du premier ministre (Jeunesse), l’honorable Peter Schiefke, ont lancé une phase de conception de 18 mois pour Service jeunesse Canada en dialogue avec les chefs de file des services à la jeunesse de partout au pays, par l’entremise d’un événement en direct sur Instagram. Cette phase de conception vise à amener les jeunes Canadiens à explorer et à mettre à l’essai des approches novatrices pour accroître la visibilité et l’accessibilité des possibilités de services pour les jeunes. Il s’agit d’un programme conçu par des jeunes et pour des jeunes, notamment pour s’assurer qu’il réponde aux besoins des jeunes. À ce jour, nous avons mobilisé directement quelque 500 jeunes, voire beaucoup plus, pour établir ce qu’ils veulent voir dans le programme phare du premier ministre.
Service jeunesse Canada vise à créer une culture de service où les jeunes Canadiens ont accès à de véritables possibilités sur le plan des services. La vision du premier ministre pour Service jeunesse Canada est la suivante: que tous les jeunes désireux de servir leur pays aient la possibilité de le faire. Comme ce ne sont pas tous les jeunes Canadiens qui ont des chances égales de servir dans leur collectivité, Service jeunesse Canada se concentrera sur les jeunes ayant traditionnellement fait face à des obstacles à la participation, notamment les jeunes Autochtones, les jeunes handicapés, les jeunes des régions rurales et éloignées, les jeunes nouveaux arrivants et les jeunes LGBTQ2.
Je vais faire un temps d’arrêt pour faire une distinction importante entre les termes « bénévolat » et « service ». Le premier ministre a dit clairement que la notion de service est au centre de sa vision de Service jeunesse Canada. Autrement dit, les jeunes Canadiens doivent acquérir une solide expérience auprès de divers groupes de pairs, le plus souvent sur 6 à 12 mois, afin de mieux comprendre les dossier, d’établir des relations durables, d’apprendre de façon plus réfléchie et de veiller à ce que les collectivités profitent des services offerts aux jeunes.
De cette façon, les possibilités de service peuvent aider à promouvoir la réconciliation entre les jeunes autochtones et les jeunes non autochtones, par exemple, ou contribuer à donner aux jeunes ruraux la chance de comprendre les défis auxquels font face leurs homologues citadins et vice versa, et ainsi de suite.
Cela ne veut pas dire que le bénévolat, en tant qu’occasion plus ponctuelle et éventuellement davantage à court terme, n’a pas une grande valeur. Le bénévolat peut certainement être un élément précieux du cheminement d’un jeune vers l’âge adulte, qui se mettra ainsi plus longuement au service des autres.
Je vais maintenant vous donner un bref aperçu des trois principaux éléments de la phase de conception de SCC annoncé en janvier.
Le premier est un portail de services pour les jeunes, un guichet unique de services où les jeunes peuvent s’inscrire en ligne pour échanger leurs points de vue; ils y disposent d’un lien vers un service national de jumelage offert par Bénévoles Canada. Le service de jumelage de Bénévoles Canada offre maintenant quelque 80 000 possibilités à l’échelle du pays, et il continue de croître. Ce pourrait être le point d’entrée pour les jeunes dans leur parcours militaire. Depuis janvier, plus de 300 jeunes nous ont fait part de leurs commentaires par l’entremise de notre portail web sur ce que signifie le service pour eux. Il s’agit d’une rétroaction inestimable pour façonner le programme.
Le deuxième élément important de la phase de conception est celui des projets pilotes. Nous finançons de grands et de petits organismes pour qu’ils entreprennent des projets qui permettront aux jeunes de servir les collectivités partout au Canada et de mettre à l’essai des façons novatrices de mettre les jeunes, en particulier les jeunes les plus vulnérables, au service de la société.
Nos 10 organismes partenaires nationaux comptent plus de 300 jeunes qui, dans les 18 prochains mois travailleront à des projets de services partout au pays dans le cadre de la première cohorte de plus de 3 000 jeunes. Notre ministère a reçu plus de 500 demandes d’organismes partenaires locaux à la faveur de notre récent appel de propositions, qui a pris fin en avril. Nous aurons jusqu’à 100 autres projets dans le courant de l’automne.
Le troisième élément important de la phase de conception Service jeunesse Canada est celui des microsubventions. Nous finançons en effet les jeunes grâce à des microsubventions de 250 $, de 500 $ et de 1 500 $ par l’entremise d’un tiers organisateur, TakingITGlobal, pour lancer des projets dans leur propre collectivité. Ce pourrait être la première occasion pour un jeune de se passionner pour le service ou encore une façon de renforcer et de récompenser un engagement. Les 300 premières subventions ont été accordées, et TakingITGlobal a travaillé avec des jeunes pour produire des vidéos sur leurs idées de service.
EDSC continue de recueillir des données sur la base des trois éléments de la phase de conception ainsi que par d’autres moyens. Nous continuerons d’entendre nos partenaires nationaux et locaux, de même que TakingITGlobal et Bénévoles Canada. Nous effectuons auprès des jeunes participants, des sondages avant et après leurs projets, sondages portant sur leur expérience et leur point de vue sur le service. Nous sommes fiers d’élaborer, avec notre partenaire Statistique Canada, une enquête longitudinale pour suivre l’incidence de SJC sur les jeunes participants et les tendances dans les collectivités en ce qui concerne le programme phare national qui sera mis en œuvre en 2019. Nous consultons et établissons un programme de recherche avec des experts nationaux et internationaux, y compris les provinces et les territoires, ainsi que le secteur de l’enseignement postsecondaire. Nous avons mobilisé d’autres chefs de file en matière de programmes nationaux pour jeunes, comme AmeriCorps ou le corps européen de solidarité, afin de nous inspirer de leurs pratiques exemplaires et des leçons qu’ils ont apprises.
En résumé, à partir du résultat des séances de création conjointe avec les jeunes, nous disposerons de données très riches sur la phase de conception pour éclairer le développement de Service jeunesse Canada dans la durée.
Je vous remercie de votre attention. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Le président : Merci beaucoup, monsieur Bulley.
Debra Basil, professeure, Marketing, Université de Lethbridge, à titre personnel : Merci de m’avoir invitée ici aujourd’hui et sachez que j’en suis heureuse. On m’a demandé de présenter une étude menée avec ma collègue Mary Runte, également de l’Université de Lethbridge, ainsi que Cathy Barr d’Imagine Canada et M. Easwaramoorthy, anciennement d’Imagine Canada.
Ce que je vous présente aujourd’hui, c’est l’étude intitulée « Company Support for Employee Volunteering: A National Survey of Companies in Canada », qui a été publiée dans le Journal of Business Ethics en 2009.
Je tiens à souligner avec gratitude le financement que nous avons reçu d’Imagine Canada pour réaliser ce travail.
Dans cette étude sur les entreprises, nous avons tenté de voir comment elles appuient les efforts de bénévolat de leurs employés. Des entrevues téléphoniques ont été menées auprès d’un échantillon aléatoire de 990 entreprises au Canada, stratifiées selon la taille, et le taux de réponse a été de 25 p. 100. Nos résultats montrent que les entreprises appuient le bénévolat de bien des façons diverses. Près de la moitié des entreprises sondées ont déclaré encourager leurs employés à faire du bénévolat pendant leur temps libre. Plus de la moitié ont dit essayer de faciliter la tâche aux employés qui le font pendant les heures de travail ou même de les encourager, bien que certaines s’efforcent de les décourager. Environ les trois quarts des entreprises interrogées, certaines de grande taille et d’autres plus petites, ont dit accorder un certain niveau de soutien au bénévolat des employés. Parmi celles qui offrent un certain soutien, la plupart disent permettre aux employés de prendre un congé sans traitement pour faire du bénévolat et adapter leur horaire de travail en conséquence.
Une minorité importante accorde également des congés payés pour bénévolat. La plupart permettent aux employés d’utiliser les installations et l’équipement de l’entreprise, comme les salles de réunion et les photocopieurs. La plupart des entreprises n’accordent aucune reconnaissance officielle aux employés pour leur bénévolat, et moins d’un tiers d’entre elles diffusent de l’information sur le bénévolat des employés.
Si on considère les stratégies des entreprises et leur niveau d’encadrement, on constate que la majorité d’entre elles ciblent certaines causes. Les plus fréquemment citées sont liées à la santé. Certaines entreprises écartent aussi expressément certaines causes.
Les principaux avantages que perçoivent les entreprises sont l’amélioration de leur image publique et le renforcement du moral des employés. Moins de la moitié des entreprises signalent que l’appui accordé aux efforts de bénévolat de leurs employés occasionne des difficultés. Celles qui en relèvent parlent le plus souvent de la difficulté d’assumer la charge de travail.
Rares sont les entreprises qui déclarent un programme officiel de bénévolat, et seulement 3 p. 100 disent avoir une politique écrite sur le bénévolat de leurs employés. La majorité d’entre elles n’évaluent pas leur soutien global au bénévolat des employés et ne font aucun suivi. Une minorité importante d’entreprises disent qu’elles relient au moins une partie de leurs dons de bienfaisance et de leurs dons aux organismes sans but lucratif à leur soutien du bénévolat, de sorte que les mêmes organismes en profitent.
En général, nous constatons que les grandes entreprises ont tendance à donner un caractère officiel aux programmes de bénévolat des employés et à les utiliser de façon stratégique, et qu’il est plus probable que les programmes officiels soient assortis d’une politique écrite, ciblant et excluant des causes et établissant un lien entre les dons et les programmes de bénévolat.
Nous avons fait une étude de suivi également parce que nous voulions examiner d’un peu plus près l’autre côté, celui des employés. Nous avons sondé un échantillon représentatif à l’échelle nationale de plus de 2 000 Canadiens provenant d’un groupe de recherche en ligne pour évaluer leur participation et leur attitude à l’égard du bénévolat dans les entreprises. Nous avons constaté que le contexte du bénévolat et la personne qui le coordonne influent sur la façon dont ces employés perçoivent leur comportement de bénévolat. Plus précisément, les répondants ont dit qu’ils considéraient le bénévolat un peu moins comme une activité de bénévolat et un peu plus comme un travail lorsque leur employeur y participait de quelque façon.
Nous avons également constaté que ceux qui s’intéressent moins à la cause ont tendance à voir le bénévolat dans l’entreprise comme quelque chose de différent du bénévolat personnel, tandis que ceux qui s’y intéressent davantage estiment qu’il s’agit simplement de bénévolat dans les deux cas.
Ceux qui considèrent les deux activités comme des formes de comportement différentes plutôt que comme du bénévolat, simplement, ont dit que, dans une certaine mesure, ils seraient peut-être enclins à réduire leur bénévolat personnel s’ils augmentaient leur bénévolat pendant le temps de travail. Cependant, ceux qui étaient plus engagés et ne faisaient pas de distinction entre les deux n’ont pas cette tendance à réduire leur bénévolat personnel.
Nous avons également examiné les motifs qui incitent les employés à faire du bénévolat personnel et dans l’entreprise. Dans les deux cas, nous avons constaté que la volonté de soutenir une cause valable était le principal facteur de motivation. Par contre, et ce n’est guère étonnant, nous avons constaté que, pour le bénévolat dans une entreprise, le souci de servir sa carrière se classait plus haut que pour le bénévolat personnel. Nous n’avons pas été étonnés. Nous avons constaté que les employés demeurent motivés à faire du bénévolat pour les mêmes raisons, que l’entreprise participe ou non. Par ailleurs, nous avons également constaté que, dans l’ensemble, les motivations du bénévolat étaient quelque peu atténuées lorsque l’entreprise participait. Donc, l’ordre des motivations reste le même, mais le niveau est un peu plus faible lorsque l’entreprise est présente.
Enfin, nous avons consacré une modeste étude qualitative à un aspect particulier du bénévolat des employés appuyé par l’entreprise. Étant donné que les consommateurs s’attendent à ce que les entreprises adoptent un comportement socialement responsable — et de nombreuses recherches l’ont montré —, les entreprises peuvent présenter leur soutien au bénévolat des employés comme une manifestation de leur engagement social.
Dans cette étude, nous avons essayé de voir si les employés éprouvaient du ressentiment à l’égard des entreprises qui, essentiellement, s’attribuent le mérite de leur bénévolat. Nous avons mené des entrevues approfondies avec 25 participants de l’étude sur les employés que je viens de décrire. Les résultats donnent à penser que les employés tiennent compte de l’ampleur et de la nature de la contribution de l’entreprise et qu’ils souhaitent un juste équilibre si l’entreprise veut s’attribuer le mérite de leur travail de bénévoles.
S’ils ont l’impression que l’entreprise s’attribue injustement le mérite de leur bénévolat, les employés peuvent avoir une réaction négative et ressentir un sentiment d’aliénation et de l’animosité, ce qui peut les porter à se détourner du bénévolat.
Selon les principales conclusions de notre recherche, les entreprises canadiennes appuient les efforts de bénévolat des employés de diverses façons, ce qui peut entraîner un surcroît de bénévolat pour les organismes sans but lucratif et de bienfaisance au Canada. Il est possible également que, en en privilégiant certaines, les entreprises rendent des causes plus acceptables et les fassent mieux connaître.
Merci beaucoup de votre attention.
Le président : Merci beaucoup de votre exposé. Je vous remercie également de cette étude. Cela aurait dû être fait il y a longtemps, de l’avis de nombre d’entre nous, et je voulais connaître les réponses à vos questions. Que 990 entreprises et 2 000 Canadiens aient participé à votre sondage est un excellent début.
La sénatrice Omidvar : J’ai des questions à poser à chacun des témoins. Ma première s’adresse à Mme Best. Nous commençons à bien vous connaître. Merci d’avoir pris le temps de venir. Merci à tous les témoins d’être parmi nous.
Madame Best, ma question porte sur vos sources de données et vos analyses fondées sur l’Enquête sociale générale. J’aimerais revenir à la suppression du compte satellite des organismes sans but lucratif et du bénévolat. Quelle information la suppression de ce compte vous empêche-t-elle de fournir aux Canadiens?
Mme Best : Merci beaucoup de votre question. En fait, mon expertise porte sur les données que nous recueillons à la Division de la statistique sociale et autochtone. Je crains que les données sur les entreprises ne soient pas de celles que je peux vous fournir aujourd’hui. Je regrette de ne pouvoir apporter une bonne réponse à votre question sur l’abandon des comptes satellites.
La sénatrice Omidvar : Je vois. Quelqu’un d’autre pourrait-il répondre? C’est une question importante pour nous, car de nombreux intervenants nous ont dit que la source de données était riche et que la recherche était renouvelée chaque année. Nous avons donc perdu l’information de base dont nous avions besoin pour mieux comprendre le bénévolat. Peut-être pourrions-nous prendre note de la question et y revenir plus tard.
Monsieur Bulley, merci de votre exposé. J’ai remarqué avec un certain intérêt que vous avez dit que, d’ici la fin de 2020, Service jeunesse Canada aura attiré 2 000 jeunes. C’est un chiffre intéressant, mais il y a 2,2 millions de Canadiens âgés de 15 à 19 ans. Pensez-vous que 2 000, c’est un début et que le chiffre va augmenter? Est-ce trop modeste? Devrions-nous viser plus haut? Que pouvons-nous faire pour encourager plus de jeunes à faire du bénévolat, par opposition à ce chiffre repère de 2 000?
M. Bulley : Merci beaucoup de votre question. Cette question sur l’ampleur du programme est excellente, et la réponse la plus rapide consiste à dire que nous en sommes actuellement à l’étape de la conception de Service jeunesse Canada. Pendant 18 mois, nous avons pu mettre à l’essai des approches diverses pour voir ce qui fonctionne pour le recrutement des jeunes, les facteurs qui les attirent vers le service dans leur milieu et la compréhension qu’ils ont d’eux-mêmes, les services dont ils ont besoin et leur conception de leur participation à ces services, et pour en arriver à un programme conçu par et pour les jeunes.
La réponse la plus rapide serait que, effectivement, ce n’est qu’un début. Nous en sommes à la conception. Nous mettons des idées à l’essai. En ce sens, il s’agit d’une phase pilote. Nous avons hâte au lancement de l’initiative dans toute son envergure, en 2019. Il y aura alors plus de possibilités d’expansion, en fonction des enseignements que nous tirons de cette phase de conception.
Alors oui, vous avez tout à fait raison : les chiffres sont limités pour l’instant. C’est voulu, puisque nous sommes au stade de la conception.
La sénatrice Omidvar : J’ai noté avec intérêt que vous avez parlé de tirer parti de l’information recueillie à l’étranger et des pratiques exemplaires d’autres pays.
Selon vous, qui fait mieux que nous, et que pouvons-nous en apprendre?
M. Bulley : J’ai parlé par exemple de l’AmeriCorps, aux États-Unis, et de groupes européens, qui ont déjà une certaine expérience. L’AmeriCorps, en particulier, a une très longue histoire de plusieurs décennies. Je voudrais céder la parole à M. Bauer, qui connaît mieux ces organismes.
Brent Bauer, directeur, Service jeunesse Canada, Service Canada : Nous avons beaucoup travaillé avec AmeriCorps, ces derniers mois, pour apprendre ce qui se fait de bien de ce côté.
Votre question tombe à point, car nous venons d’apprendre aujourd’hui que le président Trump a émis une directive de l’exécutif ou du président pour fermer AmeriCorps. L’organisme a 25 ans d’histoire, depuis sa création sous le président Clinton, en 1993.
L’organisme a eu 25 ans pour établir une image de marque et sa structure de prestation de programmes. AmeriCorps est une très bonne marque aux États-Unis. Environ 80 000 jeunes y participent chaque année, et son budget dépasse légèrement le milliard de dollars par année.
Il a été fondé de façon très habile pendant les années Clinton. Comme nous, Americorps travaille directement avec des organismes sans but lucratif pour offrir des occasions de bénévolat ou de service sur le terrain. Il a une coalition nationale de partenaires, comme Service jeunesse Canada. Fait intéressant, le président Clinton a mis en place une réserve pour les gouverneurs des États, de sorte qu’une partie des fonds est dirigée vers les 50 États pour que les gouverneurs puissent affecter des fonds à des organismes sans but lucratif chez eux, dans leur milieu. Cela a valu à l’organisme l’appui des républicains et des démocrates au fil des ans et a été une bonne façon d’assurer sa pérennité.
Il sera très intéressant de voir ce qu’il adviendra du décret qui vient d’être pris.
La deuxième chose que l’organisme fait bien, et nous irons lui rendre visite cet été…
La sénatrice Omidvar : Avant sa fermeture.
M. Bauer : Oui. Il a établi une structure de gouvernance dans laquelle un organisme indépendant offre les occasions de bénévolat. AmeriCorps fait partie d’une société de service bénévole national qui relève directement de la Maison-Blanche. Cette formule garantit à l’entité un rôle quasi indépendant, un peu comme une société d’État ou un organisme distinct dans le contexte canadien.
C’est un modèle de gouvernance très intrigant auquel nous voudrons peut-être réfléchir.
La sénatrice Omidvar : Merci.
Le président : Vous devez savoir qu’AmeriCorps traite avec les gouverneurs de tous les États américains.
J’ai assisté à la réunion annuelle de la National Governors Association. C’est un élément important de leur conférence. Ils parlent de la réussite des programmes auxquels ils ont participé. C’est une excellente façon de faire participer ce segment des dirigeants américains à la discussion. Pour ma part, je suis désolé que cet organisme disparaisse, et je ne suis certainement pas le seul à le déplorer.
Le sénateur R. Black : Madame Best, le sondage se faisait plus régulièrement par le passé que maintenant. Y a-t-il lieu d’effectuer des sondages plus souvent pour avoir une idée de la situation sur une base annuelle, semestrielle ou autre, et non tous les cinq ou sept ans?
Mme Best : Je suis désolée de ne pas avoir pu parler des comptes nationaux. Je n’ai jamais voulu être comptable national auparavant, mais si j’avais pu être comptable il y a cinq minutes, cela aurait été utile.
Je vous remercie de votre question. L’enquête sur les dons, le bénévolat et la participation a évolué au fil du temps, et la façon dont Statistique Canada a recueilli ces données a changé. Au départ, il s’agissait d’un programme distinct qui relevait de la Division des enquêtes spéciales de Statistique Canada, puis il a été intégré au programme de l’Enquête sociale générale pour qu’il se situe dans un contexte statistique plus robuste.
Comme je l’ai dit la semaine dernière, nous sommes en train de réexaminer les données de l’Enquête sociale générale et de scruter toute l’information que nous recueillons dans le cadre de ce programme afin de pouvoir mieux répondre aux questions sur les délais. À l’heure actuelle, les données sont recueillies tous les cinq ou six ans. Est-ce suffisant pour suivre les tendances? Comme je l’ai dit la semaine dernière, certaines tendances évoluent plus rapidement et d’autres moins. Ce sont là les questions difficiles que nous nous posons dans le cadre de notre programme de modernisation.
Le sénateur R. Black : En ce qui concerne le Service jeunesse Canada, qui est une initiative extraordinaire — et vous avez fait appel aux 4-H du Canada, ce qui est une de mes passions, alors c’est bien —, l’échéancier est un programme de trois ans, n’est-ce pas? Donc, 18 mois pour un projet pilote, 18 mois pour faire certaines choses en plus du projet pilote, mais avons-nous des plans ou des idées sur ce qui se passera après ces trois ans?
M. Bulley : Nous suivons les ordres du premier ministre et ministre de la Jeunesse, et du ministre chargé de notre propre ministère. Il est certain que le but visé était d’avoir cette phase de conception comme préparation pour une annonce subséquente, ce qui nécessitera évidemment l’élaboration d’un mémoire au Cabinet et d’une présentation au Conseil du Trésor. Nous faisons donc tout notre possible pour constituer une base de données solide, mobiliser le plus grand nombre de jeunes possible, comprendre leurs motivations et leurs incitatifs et ensuite préparer la prochaine étape, quelle qu’elle soit.
Le sénateur R. Black : À l’heure actuelle, il s’agit d’un programme d’environ trois ans?
M. Bulley : C’est exact.
Le sénateur R. Black : Soit dit en passant, les microsubventions sont une merveilleuse occasion pour les collectivités. Dans la mienne, je connais une ou deux subventions qui ont été opportunes, utiles et merveilleuses.
En ce qui concerne les efforts de bénévolat des entreprises, madame Basil, compte tenu des chiffres et des statistiques que vous avez fournis — dans ce document et dans certains autres que nous avons reçus —, est-il envisageable, probable ou possible que nous puissions améliorer ces chiffres, ou s’agit-il des meilleurs résultats que nous puissions attendre des entreprises qui font du bénévolat en s’engageant avec leurs employés? Avons-nous atteint à peu près les meilleurs résultats possible? Selon vous, des améliorations sont-elles possibles?
Mme Basil : Merci de votre question. Bien sûr, je spécule, mais il y a place pour l’amélioration, et il me semble qu’elle est amorcée. Je tiens à souligner que nos recherches datent un peu. Il est temps de les mettre à jour. J’ai jeté un coup d’œil aux travaux d’autres chercheurs, et je n’ai pas vu d’information à jour pour le Canada. Toutefois, si je regarde ce qui se passe aux États-Unis et au Royaume-Uni, j’ai l’impression d’y discerner une progression, et je présume que c’est la même chose ici. Il y a une progression, et les entreprises vont continuer à s’occuper de bénévolat et même à intensifier leur action parce qu’elles se sentent poussées à manifester leur responsabilité sociale. Je crois également que leurs programmes seront plus encadrés.
Le sénateur Oh : Je remercie les témoins de l’excellente information qu’ils nous communiquent. Nous avons tous fait du bénévolat dans notre vie et on peut en faire à tout âge. Nous pouvons continuer et faire de notre mieux.
Quels sont les principaux facteurs qui contribuent à une expérience de bénévolat positive? Au lieu de faire régulièrement du bénévolat dans la collectivité, comment pouvons-nous offrir du bénévolat de qualité aux jeunes? Car nous façonnons leur avenir.
Mme Best : Je vais citer un article du Winnipeg Free Press qui a utilisé nos données la semaine dernière. On y lit que le bénévolat est un mécanisme qui permet aux gens de se prendre en main, surtout dans des domaines où ils auraient pu avoir l’impression de ne pas avoir un aussi grand contrôle qu’avant. Par exemple, s’ils ont perdu un être cher à cause d’une maladie, ou s’il s’est passé quelque chose dans leur vie et s’ils avaient le sentiment de pouvoir prendre le contrôle de la situation en donnant de leur temps, surtout dans des circonstances où ils n’auraient peut-être pas été en mesure de contribuer financièrement.
[Français]
Patric Fournier-Savard, gestionnaire d’enquêtes et analyste, Division de la statistique sociale et autochtone, Statistique Canada : Au fur et à mesure que Pamela commençait à répondre, je me suis rappelé un détail important qui est présent dans l’enquête. Les motivations pour effectuer du bénévolat sont très différentes dans les groupes d’âge plus jeunes versus les groupes d’âge plus vieux. Je crois que cela peut faire partie d’une réponse à votre question.
En ce qui concerne les groupes plus jeunes, les motivations vis-à-vis les gains d’expérience dans des milieux de travail non rémunéré en vue d’un travail rémunéré par la suite semblent être plus importantes que chez les groupes plus âgés qui veulent donner leur expérience et jouer le rôle de mentor ou d’enseignant. C’est peut-être une partie de la réponse qui peut nous intéresser aujourd’hui, à savoir les motivations différentes selon qu’on s’adresse à différents groupes d’âge. Certaines motivations viennent rassembler tout le monde pour le bien-être de la communauté.
[Traduction]
M. Bulley : Je suis très heureux d’entendre les observations de nos collègues de Statistique Canada, parce qu’ils sont tout à fait d’accord sur ce que nous disent les jeunes, à savoir que souvent, il s’agit simplement de saisir une occasion; ou, comme quelqu’un l’a dit plus tôt, je crois, les jeunes ont souvent l’impression qu’on ne les a jamais invités. Parfois, il s’agit simplement de la possibilité d’être pris au sérieux, d’avoir l’occasion d’agir de façon décisive dans sa collectivité; il y a donc cette notion d’engagement, d’harmonisation avec les valeurs aussi. Ce sont des choses importantes à mes yeux; ce sont les choses auxquelles j’aime contribuer dans ma propre collectivité.
M. Fournier-Savard a mentionné la possibilité de mentorat. Nous avons constaté qu’il s’agit d’un élément important du genre de travail que nous essayons d’accomplir — des possibilités de service communautaire pour les jeunes; l’occasion d’apprendre, le leadership, notamment; la chance d’être encadré par quelqu’un qui a parcouru un peu plus de chemin dans la vie. Nous avons également vu les possibilités de croissance personnelle. Même s’il ne s’agit pas d’un programme axé sur le marché du travail, il est toujours possible d’acquérir ce genre de compétences de base dont bénéficiera un jeune sur le marché du travail. C’est le genre de choses que nous constatons, c’est-à-dire le sentiment de donner en retour, de simplement contribuer à sa collectivité, d’être pris au sérieux et de pouvoir participer à quelque chose qui est destiné aux jeunes et qui émane des jeunes. Ce sont là certains des principaux éléments que nous avons vus, et ils concordent bien avec les commentaires qui viennent d’être faits.
Le sénateur Oh : Je considère vraiment le bénévolat comme une activité transfrontalière, comme Médecins Sans Frontières. Aujourd’hui, je vois de jeunes Canadiens qui voyagent partout. Mon fils s’est rendu au Guatemala pour participer à la construction d’écoles. Pendant l’été, il y a passé trois semaines. Je vois beaucoup de jeunes d’ici se rendre en Asie, dans les régions rurales de Chine, pour enseigner aux jeunes pendant quelques mois avant de revenir. C’est très bien. Merci.
La sénatrice Frum : Monsieur Bulley, j’aimerais parler un peu plus des microsubventions. Je vois que vous en avez versé 300. Vous dites que les montants varient entre 250 $ et 1 500 $, alors il est difficile d’avoir une idée du budget. Connaissez-vous le montant du budget annuel?
M. Bauer : Nous avons versé 3 millions de dollars à TakingITGlobal pour offrir le volet des microsubventions du programme.
La sénatrice Frum : J’aimerais en savoir davantage au sujet de TakingITGlobal, qui, selon vous, est un tiers organisateur. Qu’est-ce que TakingITGlobal? Pouvons-nous extrapoler quoi que ce soit à partir de leur nom? Je suppose que oui. Les critères qu’ils utilisent pour choisir les entités subventionnées sont-ils publics? Je pose la question dans le contexte du programme de subventions Emplois d’été Canada, qui obligeait les candidats à passer un test idéologique. Y a-t-il des attentes semblables pour ceux qui soumettent des demandes à TakingITGlobal?
M. Bauer : TakingITGlobal est une entreprise sans but lucratif établie à Toronto. Elle compte un peu plus de 20 ans d’expérience dans les services aux jeunes et le bénévolat, y compris un programme de microsubventions qu’elle gère elle-même. Elle a l’habitude de créer et d’offrir directement aux jeunes des programmes axés sur l’engagement civique.
Elle est aussi très à l’aise dans l’environnement numérique, et le ministère a donc été heureux qu’elle soit disponible pour mettre à l’essai les microsubventions de divers montants. Il existe un processus de demande établi pour TakingItGlobal, dans le cadre duquel les jeunes présentent une demande directement sur le site web qui est annoncé par l’entremise de celui de Service jeunesse Canada, ainsi que sur les plateformes de TakingItGlobal dans les médias sociaux et par contact direct.
Il y a donc des critères établis pour présenter une demande de microsubvention, y compris le fait qu’il faut faire participer des pairs dans la communauté des jeunes, qu’il faut inclure quelques chiffres sur la façon dont l’argent sera dépensé et qu’il faut respecter les critères généraux d’attestation d’Emplois d’été Canada. Il ne s’agit pas d’une attestation à proprement parler, mais les critères généraux s’appliquent, et le jeune signe une lettre d’entente avec TakingItGlobal, confirmant la conformité à la Charte canadienne des droits et libertés dans le cas des subventions de 250 $, et un contrat officiel directement avec TakingItGlobal, pour les montants de 750 $ et de 1 500 $.
La sénatrice Frum : Madame Basil, toujours au sujet des jeunes, votre étude s’applique-t-elle aux sentiments des gens concernant le bénévolat obligatoire en milieu de travail et son effet sur leur perception à l’égard du bénévolat? Pour ce qui est du bénévolat auprès des jeunes et des écoles, tous ceux qui ont des enfants ont fait l’expérience du bénévolat obligatoire. Comme parents et avec l’école, nous voulons leur enseigner cela, mais est-ce que le caractère obligatoire nuit à leurs dispositions favorables à long terme pour ce genre d’activité?
Mme Basil : Notre travail n’a pas porté directement là-dessus, et il s’agit donc en partie de ma propre spéculation et extrapolation. Pour ce qui est de certaines des choses que nous avons constatées dans notre travail, la première, que vous avez mentionnée au sujet du bénévolat forcé en milieu de travail, est qu’il engendre certainement du ressentiment, d’après ce que nous avons vu dans les réponses ouvertes, et que cela peut certainement avoir des répercussions et inciter des employés à faire moins de bénévolat.
Notre recherche n’a pas porté sur les jeunes et le bénévolat obligatoire. J’ai lu un peu à ce sujet. Je pense que les données sont légèrement contradictoires, mais j’ai vu des cas de personnes qui ont fait du bénévolat, sans nécessairement en refaire, surtout si c’était à un âge avancé la première fois, alors que si elles faisaient du bénévolat à un âge beaucoup plus jeune et que cela devenait un modèle de vie, elles avaient plus de chances de continuer au fur et à mesure qu’elles avançaient en âge.
La sénatrice Frum : J’ai lu dans les notes de la Bibliothèque du Parlement que l’Île-du-Prince-Édouard avait essayé d’accorder des bourses ou des incitatifs aux étudiants qui font du bénévolat.
Je pose la question aux témoins : compte tenu de votre expérience à ce sujet, encore une fois, cela va-t-il à l’encontre des principes du bénévolat?
M. Bulley : J’aimerais répondre à cette question. L’une des choses que nous avons constatées, c’est qu’il y a un réel souci de veiller à ce que le bénévolat ou les possibilités de service communautaire ne soient pas réservées aux personnes bien nanties. Il y a souvent un coût à prendre un congé, et on peut imaginer un jeune défavorisé qui l’est au point de ne pas être tout à fait certain de pouvoir participer si le repas n’est pas fourni ou de se demander comment il pourrait profiter de cette occasion s’il se trouve à l’autre bout de la ville et qu’il n’a pas de billet d’autobus, ou encore si d’autres compensations sont offertes.
Il ne s’agit pas tant de rembourser le service rendu, mais davantage d’une occasion pour nous de contribuer à l’uniformisation des règles du jeu, afin que tous les jeunes Canadiens qui veulent offrir leurs services aient la possibilité de le faire, comme le premier ministre le souhaite.
Le président : Monsieur Bulley, pourriez-vous nous en dire davantage à ce sujet? Le seul groupe mentionné par le sénateur Black était les 4-H Canada. Quels sont les autres groupes?
M. Bulley : Nous avons 10 partenaires nationaux. les 4-H Canada en est un, tout comme l’Apathie c’est plate, les Repaires jeunesse du Canada, les Chantiers jeunesse au Québec, la Fédération canadienne de la faune, le Prix international du Duc d’Édimbourg, Katimavik, mindyourmind, Ocean Wise et le YMCA.
Ceux-là se situent au niveau national, et nous avons un certain nombre de partenaires régionaux. Nous examinons actuellement les résultats d’une proposition dans le cadre de laquelle nous aurons des partenaires à d’autres niveaux partout au pays, afin de nous assurer d’avoir une bonne couverture géographique et des divers intérêts.
Le président : Y a-t-il une description en ligne des projets entrepris et des résultats?
M. Bulley : Oui.
Le sénateur Duffy : Monsieur Bulley, vous avez mentionné que votre travail, dont nous parlons aujourd’hui, n’est pas lié au développement de la main-d’œuvre, mais il me semble que mis à part ce que le comité étudie — et le bénévolat —, il existe aussi un problème de motivation chez les jeunes. Le taux de décrochage au secondaire est inquiétant. A-t-on songé à une façon de combiner le Service jeunesse et un moyen d’amener les jeunes à rester à l’école et à poursuivre leurs études?
Lorsque M. Chrétien a été élu pour la première fois, une étude a été menée sur la façon de motiver les jeunes garçons et les jeunes hommes en particulier, et on parlait à l’époque de camps. Pas des camps de punition, mais des endroits où les enfants pourraient aller passer une partie de leur journée à étudier et une autre partie de leur journée à faire de l’athlétisme et toutes sortes d’activités physiques pour ne pas s’ennuyer. En entendant parler du travail que vous faites, je suis un peu préoccupé par le fait que les jeunes qui font du bénévolat sont peut-être des enfants qui sont déjà motivés, qui ont déjà une certaine discipline dans leur vie et qui sont probablement de bons étudiants.
Comment pouvons-nous rejoindre les groupes à la dérive et les faire participer? Le service que vous représentez au gouvernement a-t-il envisagé des moyens de le faire?
M. Bulley : C’est une excellente question. Merci beaucoup. Cela touche le cœur de cette initiative. Comme je l’ai mentionné en réponse à la question de la sénatrice Frum au sujet de la notion d’incitatifs, il s’agit d’une partie du problème: comment pouvons-nous contribuer à uniformiser les règles du jeu, afin que quiconque souhaite participer puisse le faire? Nous avons constaté par le passé que le bénévolat peut souvent, si nous ne faisons pas attention, devenir un genre d’activité réservé à ceux dont la situation est déjà bonne ou qui réussissent déjà bien ou sont très motivés.
Ce que nous avons constaté, cependant, c’est que si nous allons un peu plus loin, c’est souvent une question d’opportunité. Nous abordons cette notion d’opportunité de plusieurs façons. La première consiste simplement à demander aux jeunes de participer ou à leur offrir des occasions de le faire. L’autre est d’uniformiser les règles du jeu.
Votre autre question sur le lien avec la population active ou le marché du travail rejoint les intérêts de ma ministre, la ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et du Travail. Il ne s’agit pas d’un programme déguisé destiné au marché du travail, mais d’une reconnaissance du fait que les types de compétences acquises par le bénévolat ou le service communautaire sont souvent directement pertinents pour le marché du travail, comme les notions de discipline, la possibilité de travailler avec les autres; il y a beaucoup de compétences à apprendre de cette façon.
Notre ministère s’intéresse non seulement au marché du travail, mais aussi au développement social, c’est-à-dire à la notion de citoyenneté ou de participation d’une personne à la vie de sa collectivité que pourraient également susciter les possibilités de service communautaire. Nous examinons les répercussions que cela pourrait avoir sur le bénévolat à long terme. Cette personne continuera-t-elle de servir sa collectivité tout au long de sa vie? Nous nous penchons sur un riche ensemble de domaines d’intérêt, qui ont un lien avec les questions que vous avez soulevées.
Le sénateur Duffy : Y a-t-il une possibilité que cela soit fusionné avec un volet éducatif, afin que ceux qui risquent de décrocher passent une partie de la journée à faire une chose et une autre partie de la journée à faire autre chose?
M. Bauer : Je crois, sénateur, qu’ils en sont à cette étape dans la conception, comme Alan l’a mentionné dans sa déclaration préliminaire. Avec nos partenaires nationaux et locaux, nous avons expressément prévu dans le programme qu’au moins 25 p. 100 et, nous l’espérons, jusqu’à 50 p. 100 des participants recrutés pour ces projets de service communautaire proviennent de cinq groupes défavorisés. Ces groupes comprennent les jeunes Autochtones, les nouveaux arrivants, les LGBTQ et les jeunes des collectivités rurales et éloignées. J’oublie le cinquième, mais c’est dans la déclaration préliminaire.
Il ne fait aucun doute que nos partenaires locaux à l’échelle du pays ont une longue tradition de sensibilisation auprès de ces jeunes défavorisés. C’est ce qui se passe actuellement.
Dans la démarche en vue de la mise en place de ce programme national de prestige du premier ministre, nous explorons avec le secteur de l’enseignement postsecondaire des moyens d’établir des liens avec leurs programmes d’apprentissage par le service communautaire, d’accréditation, et de renforcer notre univers d’apprentissage par le service communautaire.
Le sénateur Duffy : Excellent. Merci.
La sénatrice Omidvar : J’ai une question pour Mme Basil. Merci de votre excellent travail. Votre analyse et vos recherches vous amènent-elles à une conclusion concernant le rôle que le gouvernement fédéral pourrait jouer pour encourager le bénévolat dans les entreprises?
Mme Basil : Oui. Je vous remercie de votre question. D’après mon interprétation, et selon certaines recherches menées au Royaume-Uni avec lesquelles je suis d’accord, il serait merveilleux d’avoir une infrastructure pour créer un lien entre les entreprises et les secteurs caritatifs et sans but lucratif et favoriser la communication des pratiques exemplaires, en particulier pour les petits organismes de bienfaisance et organismes sans but lucratif, par exemple, qui sont peut-être laissés de côté, de même qu’une certaine orientation pour établir ces liens, ainsi que déterminer les pratiques exemplaires et la façon de négocier la structure des programmes pour que cela fonctionne pour eux. Parfois, ce que les entreprises veulent faire, ce sont des choses qui paraissent bien dans la presse et qui ne profitent pas tant que cela aux organismes de bienfaisance ou sans but lucratif. Il serait merveilleux d’avoir des conseils sur la façon de concevoir ces expériences de bénévolat, afin qu’elles soient réellement utiles pour les organismes de bienfaisance. Il s’agirait d’une sorte d’intermédiaire et de guide des organismes de bienfaisance.
La sénatrice Omidvar : Une connexion. Je suis curieuse de savoir ce que vous avez dit concernant les entreprises qui pratiquent l’exclusion.
Mme Basil : Oui. Certaines.
La sénatrice Omidvar : Pouvez-vous nous dire en quoi consistent certaines de ces exclusions?
Mme Basil : La gamme est variée. Il pourrait s’agir, par exemple, d’organisations religieuses, politiques et internationales.
Le président : Avant de poursuivre, j’aimerais vous raconter une anecdote qui pourrait vous aider à comprendre la dernière série de questions.
Dans le petit village où je vis en Nouvelle-Écosse, il y a une dizaine d’années, un conseiller municipal énergique et un capitaine de corvette à la retraite de la Marine royale canadienne pensaient qu’une des choses qui aideraient les jeunes de la communauté serait d’avoir un corps de cadets de la Marine royale canadienne. Il a donc fait des démarches en ce sens. Le corps de cadets a maintenant beaucoup de succès dans la communauté. J’étais président, et mon fils était commandant. Il ne l’est plus maintenant.
Dans le cadre de mes recherches, j’ai parlé à des responsables de la GRC locale qui assurent la surveillance de la collectivité. Je leur ai demandé quel effet cela avait eu sur elle. Ils m’ont dit que cela avait réduit de 45 à 65 p. 100 les appels concernant des méfaits, c’est-à-dire le flânage et les graffitis, les choses que les jeunes ont tendance à faire quand ils s’ennuient.
Le deuxième élément dont je veux parler est lié à la directrice de l’école — il n’y a qu’une école dans la collectivité; il s’agit d’une petite collectivité — qui utilise le corps de cadets pour aider les jeunes qui éprouvent des difficultés et qui en causent parfois. Elle leur suggère d’y participer. Beaucoup de ces jeunes l’ont fait et en ont beaucoup profité. Cela les a changés, et la directrice dit que l’école n’a plus de problèmes avec ceux qui font partie des cadets de la Marine, une sorte de bénévolat, surtout ceux qui posaient des problèmes auparavant. Il y a donc de très bonnes choses qui se produisent.
Je tiens à vous remercier tous d’être venus cet après-midi. Cela a été très instructif. Merci de votre travail.
Madame Best, je présume que nous nous reverrons la semaine prochaine. Je pense que c’est son fauteuil là-bas.
Au nom des Canadiens, nous tenons à vous remercier tous pour votre travail et pour les recherches que vous menez.
Nous allons maintenant entendre nos prochains témoins. Par vidéoconférence de Durham, en Caroline du Nord, nous accueillons Mme Femida Handy, professeure à l’University of Pennsylvania. Je crois comprendre également qu’elle est Canadienne, alors nous ratissons large. Nous accueillons Paula Speevak, présidente-directrice générale de Bénévoles Canada. Son visage est familier pour beaucoup d’entre nous sur la Colline du Parlement.
Nous allons commencer par Mme Handy. Après les deux exposés, nous aurons une série de questions. Je demanderais à tous de poser des questions et de fournir des réponses aussi succinctes que possible.
Madame Handy, vous avez la parole.
Femida Handy, professeure, University of Pennsylvania, à titre personnel : Je vous remercie de m’avoir invitée à témoigner devant votre comité. C’est un honneur pour moi. J’étudie la philanthropie et le bénévolat dans des perspectives internationale et locale depuis 20 ans.
J’aimerais vous donner un peu de contexte. Je suis arrivée au Canada il y a environ 30 ans. Je suis une fière immigrante au Canada et je suis diplômée de l’Université York. J’étais professeure à l’Université York avant de déménager aux États-Unis. Je n’ai quitté Toronto qu’à cause de mon mari; autrement, je serais restée.
Je suis maintenant professeure à l’University of Pennsylvania, et c’est l’une des premières universités aux États-Unis à offrir un programme d’études sur les organismes sans but lucratif, notamment. Jusqu’à tout récemment — et je crois que Susan Phillips a témoigné devant vous —, j’étais également rédactrice en chef de Nonprofit and Voluntary Sector Quarterly. Je viens donc de ce milieu, mais mon domaine d’étude englobe aussi la philanthropie.
Si je comprends bien, votre comité fait des recommandations au Parlement canadien concernant les politiques régissant les organismes à but non lucratif, et je suis heureuse d’avoir l’occasion de vous faire part de ce que j’ai appris au cours des 20 dernières années, grâce à mes recherches et à mon enseignement.
Le Canada a changé rapidement au cours des trois dernières décennies. Ces changements sont d’ordre démographique, technologique et économique, notamment, et ils ont beaucoup modifié le contexte traditionnel de la philanthropie, ainsi que du don de temps et d’argent. Par exemple, des tendances se dessinent en matière de bénévolat, qui n’existaient pas lorsque je suis arrivée au Canada, comme le bénévolat virtuel, qui fait référence à des tâches qui se font en ligne, un peu comme ce que je fais pour vous aujourd’hui par vidéoconférence. Cela comprend également le développement de sites web — toutes sortes de choses qui se font en ligne et qui ne nécessitent pas d’être présent sur place.
D’autres tendances se sont développées parce que la vie a changé pour les familles où les deux parents travaillent. Il s’agit du bénévolat épisodique. L’on assiste à la disparition des formes traditionnelles de bénévolat, où une personne était disponible quatre heures par semaine. Les bénévoles veulent désormais qu’on leur demande de faire ce qu’il y a à faire, plutôt que de dire qu’ils ne sont disponibles, par exemple, que les mardis de 15 à 17 heures, et qu’ils aimeraient travailler avec X, Y et Z.
Beaucoup de choses ont changé dans notre façon de faire du bénévolat et dans les objectifs des personnes qui font du bénévolat. Par exemple, les personnes âgées vivent ce que les gérontologues appellent le vieillissement productif. Ils sont très productifs et en bonne santé et veulent jouer un rôle dans la société. Ils sont à la retraite et veulent trouver des options pour actualiser leur mode de vie et exercer certains rôles. Ils cherchent des occasions de participer à des activités significatives qui contribuent à la société.
Il y a une autre cohorte, la génération des milléniaux, qui ne se contente pas de pratiquer la philanthropie comme l’ont fait les baby-boomers. Ils veulent qu’elle fasse partie de leur vie quotidienne, professionnelle et familiale. Ils cherchent à donner un but à leurs activités de consommation, pratiquent le réseautage, et très souvent, ils font du bénévolat avec leurs collègues et amis, font des dons en ligne, du bénévolat en ligne, s’engagent en ligne et participent à des initiatives promues par leurs employeurs. Les milléniaux veulent souvent participer à des activités de bénévolat dans leur milieu de travail.
Une autre tendance que nous commençons à peine à observer, mais qui existe depuis des millénaires, c’est l’idée que le bénévolat ne peut se faire que par l’entremise d’organismes. Nous avons oublié une grande partie du bénévolat qui se fait de façon informelle et non au sein d’organisations. Tous nos comptes rendus et statistiques sur le bénévolat renvoient en général à ce qui se passe dans un organisme officiel. C’est le bénévolat qui a été valorisé et légitimé.
Toutefois, il y a l’aide individuelle accordée à « l’autre » — et je ne parle pas des membres de votre famille ou de vos proches, mais plutôt de « l’autre ». La question est de savoir si nous voulons accorder autant d’importance au bénévolat encadré. C’est parfois le cas. Nous décernons des prix pour des actes d’héroïsme à des personnes qui ont sauvé des vies ou qui ont accompli des exploits exceptionnels, mais pas pour les actes quotidiens qui sont le ciment de notre société.
Le bénévolat non encadré, qu’il s’agisse de donner de la monnaie à des sans-abri ou d’aider des personnes âgées à traverser la rue, est tenu pour acquis, mais pas pour les bénéficiaires qui reçoivent cette aide. En fait, la vieille devise des scouts qui dit « faire une bonne action par jour » est pertinente pour nous aujourd’hui, à mon avis, tout comme les « actes de gentillesse aléatoires » que des gens font et qui ne sont plus passés sous silence.
À mesure que de nombreux changements démographiques, technologiques et autres se produisent, je ne doute pas que l’imagination humaine inventera aussi de nouvelles façons de donner et de faire du bénévolat. Je pense que la philanthropie est fermement enracinée dans notre ADN, et qu’elle n’attend souvent que l’occasion, par l’entremise d’organisations ou d’autres moyens, de se réaliser. C’est un point sur lequel je reviendrai à la fin de mon exposé.
Nous devons avoir une idée claire de ce que nous préconisons. Si nous voulons une société saine et heureuse pour nous tous, quelles sont les priorités, en matière de réforme des politiques et de la réglementation, qui concernent le secteur bénévole, et dont le résultat favorisera le bien-être collectif? Nous devons faire face à la réalité et à la mesure dans laquelle les politiques gouvernementales peuvent nous aider à réaliser nos objectifs. Pouvons-nous imposer certains comportements?
Récemment en Inde, la responsabilité sociale des entreprises a été imposée et l’on a obligé les grandes entreprises à donner 2 p. 100 à la société.
Le gouvernement peut appuyer ce mouvement et nous pouvons le favoriser au moyen de politiques fiscales, de la fiscalité et d’autres incitatifs. Nous pouvons faciliter les choses en aidant les intermédiaires, comme les organismes sans but lucratif, à offrir de la formation sur le bénévolat et ainsi de suite. Et nous pouvons aussi légitimer ce mouvement en le reconnaissant, en le célébrant et en le chiffrant. La mise en place de politiques ne coûte souvent pas cher, puisqu’il faut faire des choix de toute façon, et nous devons comprendre les raisons qui motivent ces choix.
Avant de pouvoir faire des choix, nous devons avoir des données concrètes sur le genre de politiques qui seront efficaces et sur ce qui pourrait ne constituer qu’une ponction sur nos ressources.
Ici, j’aimerais souligner certaines de mes recherches sur les incitatifs qui pourraient favoriser le bénévolat et la philanthropie.
Par exemple, est-ce que des incitatifs fiscaux ou tout autre type d’incitatifs pourraient avoir un effet dissuasif sur les motivations intrinsèques et auraient donc des conséquences imprévues dans le secteur du bénévolat? Je me souviens de mes propres enfants à la maison. Nous avions tous des tâches domestiques à accomplir parce que nous faisons partie d’une famille. Or, en ma qualité d’économiste, j’avais eu la brillante idée de payer les enfants pour laver la vaisselle ou tondre le gazon, mais à notre étonnement, la pièce de vingt-cinq sous ou le dollar n’avaient pas d’importance pour eux. Ils n’avaient pas besoin de ce que je leur offrais. Je ne pouvais donc plus promouvoir l’importance de faire sa part au sein d’une famille, parce que j’avais créé un incitatif et que j’avais complètement annulé les motivations intrinsèques.
C’est un exemple personnel, mais il y a beaucoup de recherches à l’appui. On y dit que le fait d’offrir des incitatifs peut parfois avoir l’effet contraire de celui que nous recherchons.
Cela dit, n’oublions pas le service communautaire. Je pense que vous avez déjà parlé du service communautaire qui était obligatoire dans certaines provinces du Canada, où les étudiants devaient faire 40 heures de service communautaire pour obtenir leur diplôme. Les recherches montrent les deux côtés de la médaille. Certaines ont montré que le service communautaire avait favorisé l’adoption de comportements prosociaux chez les étudiants après l’obtention de leur diplôme, d’autres qu’il ne l’avait pas fait.
L’un des facteurs pertinents est l’expérience vécue par les étudiants qui ont fait du service communautaire. De toute évidence, s’ils l’ont vécu de manière positive, ils ont continué de le faire, mais l’expérience n’a pas été positive dans tous les cas.
J’ai deux filles. L’une d’elles devait remplir des enveloppes dans un organisme sans but lucratif, mais elle ne s’y est jamais habituée; l’autre travaillait dans un théâtre pour enfants, a adoré cela et elle continue de faire du service communautaire. En conséquence, lorsque nous imposons un mandat, nous devons faire attention aux expériences que vivent nos jeunes lorsque nous les encourageons ou les obligeons à le faire.
L’autre recherche que j’aimerais partager avec vous est un livre que nous venons de publier sur la culture de la philanthropie dans 26 pays différents. Nous croyons que le réflexe philanthropique est dans notre nature. Partout dans le monde, les êtres humains veulent pratiquer la philanthropie. Qu’est-ce qui fait paraître certains pays plus portés sur la philanthropie que d’autres? Dans notre livre, nous avons examiné 26 pays différents, et je vais vous présenter les huit facteurs qui font, selon nous, la promotion de la philanthropie. En général, il était question de dons d’argent, mais cela s’applique aussi au bénévolat.
Le premier facteur est la culture de la philanthropie. Nous avons constaté que dans les pays où la philanthropie est célébrée, par exemple, s’il y a une célébration de la philanthropie et des bénévoles, cela est très visible et les gens en discutent ouvertement. La présence de bénévoles et de donateurs importants dans un pays motive d’autres personnes à suivre leur exemple. Le fait de rendre plus professionnelle la culture de la philanthropie est aussi une façon d’amener les gens à donner et à contribuer, en temps comme en argent.
Le deuxième facteur est la confiance du public, les questions de transparence, de reddition de comptes et d’efficacité. Nous avons constaté que dans les pays où la réglementation gouvernementale est plus stricte pour les organismes sans but lucratif, la confiance envers ces organismes a augmenté, les organismes sont devenus plus efficaces et les gens sont plus disposés à leur consacrer temps et argent. Les cadres réglementaires et législatifs sont également très importants, par exemple, en ce qui a trait au rôle des employés rémunérés et non rémunérés, au traitement syndical des bénévoles par rapport aux employés rémunérés, la façon dont les organisations traitent leurs bénévoles. Quand considère-t-on cela comme de l’exploitation et quand considère-t-on cela comme un rôle bénévole?
Il y avait aussi les incitatifs fiscaux, mais pour le bénévolat, cela n’avait aucune incidence. Essentiellement, l’on a constaté qu’il est plus efficace de parler davantage de philanthropie, d’en faire une activité plus courante et de l’encourager que de donner n’importe quel type d’incitatif, et que cette façon de faire rend également la philanthropie viable pour les dons futurs.
Cinquièmement, il y avait l’état du secteur sans but lucratif et la professionnalisation de la gestion des bénévoles dans les organismes sans but lucratif, ainsi que les bonnes relations entre l’État et le secteur sans but lucratif. Les gens seraient généralement plus enclins à faire du bénévolat lorsque les relations sont bonnes avec l’organisation, et lorsque les bénévoles sont gérés de façon professionnelle. Ce n’est pas un facteur ponctuel et l’on va toujours vous trouver quelque chose à faire, mais la façon dont les bénévoles sont formés, recrutés, retenus, appréciés et ainsi de suite est importante.
Il a été question du bénévolat des immigrants comme moyen de les intégrer dans la société. Nous avons fait cette recherche partout au Canada il y a quelques années. Nous avons constaté que la plupart des immigrants avaient de la difficulté à trouver un endroit où faire du bénévolat. Vous pouvez imaginer que si je ne parlais pas la langue, je ne pourrais pas me rendre au Musée des beaux-arts de l’Ontario et offrir mes services parce que c’est intimidant. La plupart des immigrants ont fait du bénévolat dans leurs congrégations religieuses. C’était un tremplin pour en apprendre davantage sur le bénévolat et sur la culture, et une occasion de faire du bénévolat pour des organismes.
Le défi, et ce qui manquait, consistait à trouver des organismes accueillant les immigrants pour qu’ils fassent du bénévolat au sein d’organismes laïques, et non religieux. Il s’agit donc d’avoir l’occasion de faire du bénévolat.
Le président : Madame Handy, nous sommes un peu bousculés par le temps. Nous avons un autre témoin à entendre.
Mme Handy : D’accord. Je vais laisser un peu de temps pour répondre aux questions.
Le président : Merci beaucoup.
Madame Speevak, la parole est à vous.
[Français]
Paula Speevak, présidente et chef de la direction, Bénévoles Canada : Je vous remercie, monsieur le président. Comme le président l’a dit, je suis de Bénévoles Canada.
[Traduction]
Je vais vous faire part de quelques idées sur la façon de favoriser le bénévolat, en commençant par présenter certaines tendances en matière de bénévolat, pour donner suite à ce dont Mme Handy a parlé.
Tout d’abord, je vais vous raconter une histoire qui se rapporte à certaines questions posées plus tôt. Qu’est-ce qui constitue une occasion de bénévolat significative, particulièrement pour les jeunes?
Lors d’une réunion en groupe de discussion où nous faisions des recherches sur l’engagement des jeunes, un jeune nous a dit qu’il avait vu quelqu’un trouver de la nourriture dans une poubelle en se rendant un jour au magasin. Il s’est dit très préoccupé par le fait que des gens n’avaient pas de nourriture. Il a découvert qu’un programme de repas était offert dans un centre communautaire local, et il a décidé d’y faire du bénévolat. On l’a installé dans une pièce à côté de la cuisine et on lui a demandé de plier les linges de table d’une certaine façon, en accord avec le motif floral.
Après environ deux heures de travail pendant lesquelles quelqu’un venait de temps en temps pour enlever de la pile les linges qui n’étaient pas pliés exactement comme ils auraient dû l’être, il a quitté la pièce. Tous les bénéficiaires du programme de repas étaient déjà partis et les employés faisaient le ménage. Il s’est alors senti tellement découragé.
Je donne cet exemple parce que, très souvent, la participation des jeunes souffre de problèmes d’âgisme. Quand les gens pensent à ce que les jeunes peuvent faire, ils n’ont aucune idée de l’énergie, de la perspicacité et de la compassion que nous avons tous, quel que soit notre âge.
Je vais commencer par parler un peu de Bénévoles Canada. Certains d’entre vous avez peut-être entendu parler de nous. Nous offrons un leadership et une expertise nationaux en matière de bénévolat afin d’améliorer la participation, la qualité et la diversité du bénévolat. Nous en avons en peu discuté.
Nous ne sommes pas seuls. Nous collaborons avec 220 centres locaux de bénévolat partout au pays. Vous connaissez peut-être le Volunteer Centre of St. Lawrence-Rideau, le Community Sector Council NL, Volunteer Victoria et ainsi de suite. Nous travaillons également avec le Corporate Council on Volunteering, un groupe de dirigeants d’entreprises qui encouragent leurs employés à faire du bénévolat et à créer certaines des ressources nécessaires pour assurer la réciprocité entre ce dont les collectivités ont besoin et ce que les entreprises recherchent. Nous travaillons avec l’Alliance canadienne pour l’apprentissage par le service communautaire et un certain nombre de ministères, y compris Statistique Canada, dont vous avez entendu parler à savoir Emploi et Développement social Canada et Sécurité publique Canada pour ce qui concerne les questions de dépistage et, bien sûr, le Service Jeunesse Canada, comme vous le savez.
Soit dit en passant, à propos des chiffres que vous avez demandés, 12 000 visiteurs ont cliqué en mai sur le bouton du site de Service Jeunesse Canada qui mène à des occasions de bénévolat. L’idée commence vraiment à faire son chemin.
Je sais que Statistique Canada vous a également donné un aperçu du bénévolat au Canada, mais je voulais souligner deux ou trois choses. Comme vous le savez, 47 p. 100 des Canadiens de 15 ans et plus ont fait du bénévolat en 2010. Lorsque j’étais à mon bureau — parce que je faisais partie du comité directeur avec les gens de Statistique Canada, en attendant les statistiques avancées pour 2013 —, je m’attendais assurément à ce que ce chiffre dépasse les 50 p. 100. Or, il n’était plus que de 44 p. 100 et je n’arrivais pas à le croire, parce que j’avais l’impression que tellement de gens faisaient de grandes choses.
Comme beaucoup d’entre vous l’avez souligné lors de séances précédentes, beaucoup de choses changent. J’étais préoccupée, mais aussi curieuse, à savoir s’il s’agissait d’une anomalie passagère ou d’une tendance inquiétante?
Premièrement, c’est une question de démographie. Si la population vieillit et si les personnes âgées affichent un taux de bénévolat moins élevé, ceci pourrait peut-être expliquer cela. Est-ce en raison de tous les besoins d’aidants naturels, ou est-ce plutôt parce que les gens font du bénévolat de différentes façons qui ne sont pas prises en compte? Je sais que Mme Handy a déjà signalé que de nombreuses statistiques ne tiennent compte que du bénévolat encadré.
En ce qui concerne les jeunes, tout le monde s’empresse de dire que le taux élevé de bénévolat chez les jeunes, qui est exceptionnel, est attribuable au fait qu’ils ont du travail communautaire obligatoire à faire, mais 80 p. 100 des jeunes font du bénévolat parce qu’ils le veulent bien. Ce bénévolat est distinct. L’autre chose à signaler, c’est que la moyenne se situe à 110 heures par année, comparativement aux 40 heures qu’il faut faire sur quatre ans. Il est important de le reconnaître et de ne pas minimiser la grande compassion qui règne.
C’était ce que j’avais à dire au sujet de l’engagement des jeunes.
Il y a quelques années, nous nous inquiétions de l’écart entre ce que les gens cherchaient à faire en matière de bénévolat et les occasions de bénévolat qu’offrent les organismes. Nous en sommes arrivés à cinq différentes lacunes qui contribuent à cet écart.
Premièrement, beaucoup de gens sont à la recherche d’activités de bénévolat en groupe. Nous sommes des êtres sociables, mais peu d’organisations sont créées pour faire participer les gens en groupes.
Deuxièmement, beaucoup de gens ont une expérience professionnelle, et certains d’entre eux veulent peut-être faire profiter des organismes de cette expérience et de ces compétences professionnelles, mais beaucoup de gens disent que la dernière chose qu’ils veulent faire, c’est ce qu’ils ont fait toute la journée au travail.
Une autre lacune réside dans le fait que l’on s’attend à ce que les organismes soient bien structurés, qu’ils définissent clairement les rôles et qu’ils rendent cette expérience de bénévolat très efficace. Beaucoup de gens veulent toutefois arriver dans un organisme et créer leurs propres possibilités, en s’imaginant savoir ce dont l’organisme a besoin, et c’est très courant dans de nombreux groupes d’âge en raison de notre nature autonome.
La quatrième lacune, c’est que les organismes sont toujours à la recherche d’engagements à long terme, et beaucoup de gens veulent des mandats plus courts.
La dernière lacune concerne le fait que les organismes se concentrent souvent sur ce dont ils ont besoin de la part des bénévoles alors que, comme vous l’avez entendu, bon nombre d’entre nous visons des objectifs personnels lorsque nous faisons du bénévolat. En plus d’aider la collectivité, nous pourrions vouloir éviter d’être isolés, acquérir des compétences et ainsi de suite. Il est important de développer une culture où il y a une relation de réciprocité.
C’est tout en ce qui concerne les tendances.
L’autre aspect dont je voulais parler concerne la croissance du bénévolat. Encore une fois, Mme Handy a évoqué l’idée du bénévolat non encadré. Ce que nous constatons dans le monde, c’est que beaucoup de gens qui observent les tendances du bénévolat constatent que le bénévolat encadré plafonne ou diminue, et que le bénévolat non encadré augmente pendant ce temps. Par exemple, si vous voulez recueillir des fonds pour un voisin dont l’enfant est handicapé afin de faire adapter sa fourgonnette, il y a des plateformes pour cela. Si vous voulez mobiliser les gens pour célébrer la Journée internationale des droits de la personne, vous pouvez le faire à l’extérieur d’un organisme. Il suffit de les mobiliser par les médias sociaux. Les gens font de la sensibilisation, recueillent des fonds, organisent des événements et font une différence à l’extérieur des organismes. Il nous incombe de dire que tout cela compte.
Il se passe beaucoup de choses. De plus, c’est un mouvement que nous observons partout dans le monde.
Pour ce que nous appelons le bénévolat, certains parlent plutôt de « participation citoyenne », car bon nombre de gens soutiennent que le mot « bénévolat » est un peu dépassé. Toutefois, du point de vue de Bénévoles Canada, nous estimons qu’il vaut mieux changer l’image de marque et élargir la notion de bénévolat plutôt que d’essayer de trouver un nouveau mot à un intervalle de quelques années. En même temps, nous devons reconnaître que les mots sont importants.
Quand il est question de responsabilité sociale des entreprises, cela couvre les pratiques d’embauche et d’achat d’une entreprise, ainsi que les dons et le bénévolat des employés.
C’est la même chose pour les personnes. L’on peut parler de responsabilité sociale individuelle. Il suffit de penser aux diverses façons d’exprimer nos valeurs, que ce soit en compostant nos pelures de banane, en achetant notre café d’une boutique socialement responsable ou en faisant du covoiturage. Ce sont des décisions que nous prenons tout au long de la journée qui ont une incidence directe sur la collectivité et qui pourraient être liées à la différence que nous voulons faire. Encore une fois, tout cela compte.
Pour ce qui est de la valeur du bénévolat, beaucoup de gens l’évaluent à 56 milliards de dollars, ou 2,5 p. 100 du PIB, et c’est probablement à peu près juste. Cependant, la véritable valeur du bénévolat ne se calcule pas en heures et en valeur économique, mais elle réside plutôt dans son impact. J’aimerais prendre quelques minutes pour me pencher sur cet aspect.
Premièrement, regardons le bénévolat et son impact sur les organismes. Quand on pense à la valeur des gestes d’un membre d’un conseil d’administration qui ouvre des portes, améliore l’image, réunit des fonds ou influe sur l’orientation stratégique d’un organisme, il faut admettre qu’elle est loin de se limiter au nombre d’heures qu’il a consacrées à lire les documents et à assister à une réunion du conseil. De même, si on regarde ce que ça représente pour les quartiers, là où il y a un niveau élevé de participation citoyenne, les quartiers ont plus de ressort et sont plus sûrs. Encore une fois, la valeur va au-delà du nombre d’heures ou du nombre de hamburgers retournés lors d’un barbecue, ce qui ne diminue en rien la valeur de ces efforts, car ils sont d’une importance vitale.
De même, on a dit que les entreprises trouvent que le bénévolat favorise entre autres le moral, la fidélisation et l’esprit d’équipe de leur personnel. Sur le plan social, quand on pense aux grands changements qui ont été apportés aux mesures d’intérêt public, qu’il s’agisse de la conduite avec facultés affaiblies ou du port de la ceinture de sécurité, ce sont des bénévoles qui les ont motivées. Sauver des vies a un impact plus important que, disons, le nombre de lettres écrites aux députés.
J’encourage tout le monde à une plus large conscience de la valeur du bénévolat.
Enfin, vous nous avez demandé de réfléchir à la façon de promouvoir et de favoriser le bénévolat. Premièrement, comme d’autres vous l’ont dit, l’un des principaux obstacles au bénévolat, c’est de ne pas savoir quelles formes il peut prendre. Pour ce qui est d’encourager et de mettre en relation les gens, les bureaux de bénévoles locaux s’en occupent. Comme vous le savez, nous travaillons avec le Service jeunesse Canada sur ce système pancanadien de jumelage des bénévoles. C’est une chose qui peut aider.
Deuxièmement, il faut étendre notre définition du bénévolat à tout ce que peuvent faire les gens, qu’il s’agisse de confectionner des costumes de théâtre ou de compter les têtards dans un cours d’eau à certaines heures pour en rapporter le nombre en ligne. Il y a beaucoup de choses intéressantes que les gens peuvent faire, et ils peuvent trouver eux-mêmes des idées.
Vous avez peut-être aussi entendu parler du bénévolat en fonction des compétences. Il s’agit d’un transfert de compétences: soit je transmets mes compétences, soit j’acquiers et je parfais mes compétences grâce au bénévolat, soit une personne d’expérience me sert de guide pour proposer et améliorer mes compétences. De toute façon, il faut établir un meilleur lien entre les compétences acquises grâce à l’expérience du bénévolat et la main-d’œuvre rémunérée.
Par exemple, si je vous dis que j’ai de l’expérience dans la vente de plats cuisinés maison, vous ne saurez peut-être pas ce que cela comporte. Par contre, si je vous dis que j’ai assuré la publicité, l’organisation, la formation des travailleurs en équipes pour un événement d’une durée de trois jours, que j’ai commandé fournitures et présentoirs, vous pourrez rapprocher ces activités des compétences essentielles définies dans la Classification nationale des professions et les relier ensuite à des emplois. Je pense qu’en encourageant les organismes à décrire les occasions de bénévolat en ces termes et en invitant les employeurs à reconnaître cette expérience de bénévolat, nous pourrons faire un meilleur travail de soutien.
Le filtrage est un problème, comme vous le savez peut-être. Il comprend 10 étapes, dont l’une concerne les secteurs vulnérables et la vérification du casier judiciaire. Ces démarches coûtent cher, prennent beaucoup de temps, varient d’un bout à l’autre du pays et sont très importantes dans certains cas. Nous devons trouver un moyen de rendre l’exercice plus uniforme et accessible.
Enfin, lorsque nous examinons les 17 objectifs de développement durable et le nombre de bénévoles qui contribuent déjà à leur réalisation, je pense que nous pouvons avancer des arguments irréfutables et exaltants en faveur du recrutement d’un plus grand nombre de personnes. Qui ne veut pas se porter volontaire pour éliminer la faim ou assurer l’accès à l’eau potable? En tant que citoyen du monde, l’idée de prendre part à quelque chose de plus grand que soi nous passionne. Lorsque le Canada fait rapport des progrès accomplis dans l’atteinte des objectifs de développement durable, ne serait-il pas formidable de véritablement comprendre l’apport des bénévoles et de savoir comment l’encourager?
Sur ce, je vous remercie.
Le président : Merci beaucoup de cet exposé détaillé. Nous allons passer aux questions.
La sénatrice Omidvar : J’ai énormément de questions pour vous deux, mais pour gagner du temps, parce que nous voulons tous poser une question, je vais en poser une seule en espérant que vous réussirez à y répondre brièvement toutes les deux. À l’heure actuelle, le Canada n’a pas de stratégie nationale sur le bénévolat. Nous avons une Stratégie emploi jeunesse, dont nous avons entendu parler, mais nous n’avons pas de stratégie nationale.
Nous en avions une en 1999, l’Initiative sur le secteur bénévole et communautaire, et le lancement en 2001 — j’oublie les noms, mais je me souviens de la date — puis, bien sûr, en 2006, tout a été aboli.
Si nous devions recréer une stratégie nationale sur le bénévolat, compte tenu de l’évolution des tendances que vous avez toutes les deux constatée, à quoi ressemblerait-elle? Quel serait le rôle du gouvernement fédéral?
Mme Speevak : Ce qui est formidable, c’est qu’il y a des provinces et des territoires qui ont une sorte de stratégie en place. Le Québec a une excellente stratégie en action bénévole élaborée au cours des dernières années, et je pense que c’est un modèle parfait. Au Québec, on reconnaît ce qu’on appelle l’action communautaire autonome et l’entraide, et on va vraiment en profondeur. Je lève mon chapeau au Québec pour cela et pour un bon modèle.
À mon avis, ce qui importe, c’est que la stratégie reconnaisse toutes les formes d’expression des valeurs et aide les gens à trouver des débouchés, à tirer parti de ces débouchés et leur donne l’occasion de réfléchir. Je pense que c’est une chose de vivre une expérience, surtout pour les jeunes bénévoles, mais qu’il est essentiel d’avoir l’occasion de réfléchir à ce qu’on apprend sur soi, sa collectivité et sa place dans la société.
Mme Handy : Notre pays compte une population diversifiée et un grand nombre est laissé à l’écart du bénévolat, donc la stratégie du gouvernement fédéral devrait faire connaître les options offertes aux diverses populations des différentes régions du pays pour faire du bénévolat. Cette stratégie devrait aider les organismes sans but lucratif à se faire connaître auprès des diverses communautés, de tous les groupes d’âge et des différents groupes ethniques et raciaux et à faire travailler tout le monde ensemble pour créer une citoyenneté à laquelle les gens sont très fiers d’appartenir afin d’y réunir la diversité sous un même toit.
Il faudra réfléchir aux rouages, mais ce serait un moyen d’inciter les organismes sans but lucratif à diversifier leur bassin de bénévoles plutôt que de se limiter aux jeunes, aux personnes âgées ou aux femmes. Il est important que la politique en place favorise la diversité et le bénévolat, tant chez les participants que dans les occasions offertes.
La sénatrice Omidvar : Madame Speevak, pouvez-vous m’aider à comprendre ce à quoi Statistique Canada n’a pas pu me répondre? Recommanderiez-vous que le compte satellite des institutions sans but lucratif et du bénévolat soit rétabli?
Mme Speevak : Je crois comprendre que le compte satellite visait à chiffrer la part du secteur dans le PIB du point de vue de l’emploi, des achats et ainsi de suite. C’était très important, alors je conviens qu’il est très important d’avoir une idée de notre contribution au PIB. Ce compte calculait aussi le nombre d’heures contribuées. Cette donnée est certainement importante.
L’information que nous fournit l’Enquête sociale générale sur le don, le bénévolat et la participation est probablement plus utile aux organismes qui cherchent à comprendre les formes de bénévolat, les motivations, les obstacles et ainsi de suite. Les deux rapports sont importants, mais pour ce qui est des organismes et de la mobilisation de bénévoles, l’Enquête sociale générale est probablement plus pertinente en effet, mais pour l’ensemble du secteur.
Le sénateur Duffy : Je tiens à remercier nos deux témoins de leur témoignage d’aujourd’hui.
Que pensez-vous de l’idée de créer un ministère chargé des organismes de bienfaisance et du bénévolat? Un champion pourrait parcourir le pays et réunir, avec l’aide d’un petit secrétariat, les enjeux, les obstacles et les choses qui freinent l’évolution du secteur, puis devenir un champion de ce secteur, non seulement au Cabinet, mais partout au pays. Ils parcourraient le pays pour rappeler aux gens l’importance du secteur et les encourager à participer.
Mme Handy : Je pense que c’est là que serait créée une plus grande culture du bénévolat, et l’idée d’informer un plus grand nombre de gens de l’état des lieux est excellente. Je crois également que nous avons besoin d’information et de données probantes avant de mettre des politiques en place. En ce qui concerne la question de l’accès à des données, c’est également très important.
Le sénateur Duffy : À quelles données pensez-vous?
Mme Handy : À celles de l’Enquête sociale générale et aux comptes satellites. Nous avons besoin de ces données pour comprendre quelles seront nos orientations, parce que nous devons baser notre politique sur des données probantes et ne pas se contenter de lui donner l’apparence d’être bonne.
J’aime aussi l’idée d’avoir un commissaire ou un ministre des organismes de bienfaisance et du bénévolat. À défaut de marquer le coup, de prendre acte et de le dire haut et fort, peu de gens se sentiront concernés par le bénévolat, alors que tout le monde doit savoir qu’il faut participer et s’engager.
Mme Speevak : Je pense que c’est une idée formidable d’avoir un lieu central et une personne motivée qui soit associée à la promotion, au bénévolat et à l’amélioration de l’image du secteur. La seule mise en garde que je formulerais, c’est qu’il faut s’assurer que le secteur soit de la partie. Je suis une partisane des initiatives conjointes, alors s’il y a un organe composé de chefs de file dans ce secteur ainsi que de fonctionnaires et des personnes en charge, je pense que l’impact sera percutant parce qu’on comprendra que la démarche est authentique, ce qui, à mon avis, serait très important.
La sénatrice Frum : Je regarde le tableau fourni par Statistique Canada dans lequel on peut voir le pourcentage de participation au bénévolat dans les divers groupes d’âge. Il va de 66 p. 100 pour le groupe des jeunes à 38 p. 100 pour les aînés, en termes d’heures de bénévolat.
Selon votre expérience professionnelle, quels sont les taux de participation auxquels il faut s’attendre pour être assuré que les choses vont bien dans une société? Quelle est la norme? Les chiffres fournis sont-ils positifs ou négatifs? Qu’en pensez-vous?
Mme Speevak : Je pense que ces chiffres sont excellents; comparés à d’autres endroits dans le monde, nous sommes au moins sur un pied d’égalité et, dans la plupart des cas, nous sommes plus nombreux.
Je tiens cependant à dire quelque chose de controversé. Vous pourriez faire valoir que, dans une collectivité où les gens ont des liens sociaux naturels, où les générations vivent ensemble et où les voisins s’entraident, on ne compte pas autant sur le bénévolat encadré et les organismes officiels. Vous pourriez faire valoir que, dans certains cas, un pourcentage plus faible de bénévoles reflète en fait une communauté plus soudée, et c’est ce que l’on constate à certains endroits lorsqu’on examine les données.
Je dirais donc que plus de bénévolat ne rend pas nécessairement la société meilleure. Cependant, un pourcentage de plus de 40 p. 100, à mon avis, devrait certainement nous réjouir.
Mme Handy : Oui, c’est vraiment important. En Europe, une grande partie du bénévolat ne se fait pas dans le genre d’organismes sans but lucratif auxquels nous sommes habitués. Il se manifeste plutôt dans les associations sportives et autres. L’idée, c’est que là où le gouvernement assure beaucoup de services sociaux, les organismes sans but lucratif, sous la forme qu’ils ont ici, ne sont pas nécessaires, puisque les banques alimentaires, les organismes de santé ou les organismes d’aide aux immigrants sont des services déjà fournis par l’État.
Je suis d’accord avec Mme Speevak lorsqu’elle affirme que le simple fait d’avoir un grand nombre de bénévoles ne veut rien dire; ce qui compte, c’est ce qu’ils font. J’ai l’impression que le fait de s’engager auprès d’autrui et d’avoir ces liens sociaux nous rend plus sereins, car en cas de malheur, nous faisons preuve d’une résilience beaucoup plus forte si ces liens mutuels existent que si nous sommes enfermés dans notre petit monde à faire nos petites choses. Les collectivités peuvent être saines grâce à ces liens sans pour autant avoir recours au bénévolat encadré, si vous voulez. Le genre de société, voilà ce qui compte. C’est un avant-propos à ce que j’ai dit plus tôt. Quels objectifs poursuivez-vous en faisant appel à des membres de la collectivité? Qu’il s’agisse de clubs sportifs ou de banques alimentaires, ça n’a pas d’importance. Vous avez des gens qui croient au bien public.
Le président : Chers collègues, merci beaucoup de vos questions.
Madame Speevak et madame Handy, je vous remercie beaucoup de votre participation. Nous avons beaucoup appris. Je vous répète ce que je dis chaque fois aux témoins: si vous pensez à quelque chose que nous avons oublié de vous demander ou que vous avez oublié de nous dire, n’hésitez pas à nous le communiquer par l’entremise du greffier, qui nous le remettra. Je sais que vous prêtez attention toutes les deux à nos travaux. Nous vous sommes reconnaissants de votre contribution. Je suis sûr qu’on se reparlera d’ici la fin des travaux. Je vous remercie une dernière fois.
(La séance est levée.)