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ENEV - Comité permanent

Énergie, environnement et ressources naturelles

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles

Fascicule n° 2 - Témoignages du 23 février 2016


OTTAWA, le mardi 23 février 2016

Le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd'hui à 17 heures pour étudier de nouvelles questions concernant son mandat.

Le sénateur Grant Mitchell (vice-président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le vice-président : Je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles.

[Français]

Je m'appelle Grant Mitchell et je représente la province de l'Alberta au Sénat. Je suis vice-président du comité. Le sénateur Richard Neufeld, président du comité, regrette de ne pouvoir assister à la réunion aujourd'hui.

[Traduction]

Je souhaite la bienvenue aux honorables sénateurs et aux membres du public qui sont dans la pièce avec nous, ainsi qu'aux téléspectateurs d'un bout à l'autre du pays qui nous regardent à la télévision. Comme rappel à ceux qui nous regardent, nos audiences sont ouvertes et vous pouvez aussi y avoir accès par webdiffusion à l'adresse sen.parl.gc.ca. Personne ne voudra manquer la webdiffusion de nos audiences. Vous pouvez aussi trouver davantage d'information sur les dates auxquelles les témoins comparaîtront devant les comités sur le site web sous la rubrique Comités sénatoriaux.

J'aimerais maintenant que nous fassions un tour de table afin que les sénateurs puissent se présenter. Mais avant de commencer, j'aimerais présenter le personnel qui est avec nous aujourd'hui et qui joue un rôle essentiel pour la réussite de nos délibérations. Commençons avec la greffière, Lynn Gordon, à ma gauche et nos deux analystes de la Bibliothèque du Parlement, Marc LeBlanc et Sam Banks. Maintenant, chers sénateurs, je pense que vous pouvez commencer à vous présenter.

La sénatrice Seidman : Je suis Judith Seidman de Montréal, au Québec.

[Français]

Le sénateur Rivard : Je m'appelle Michel Rivard, sénateur des Laurentides, au Québec.

La sénatrice Bellemare : Je m'appelle Diane Bellemare, sénatrice de Montréal, au Québec.

[Traduction]

La sénatrice Eaton : Je suis Nicky Eaton, sénatrice de l'Ontario.

Le sénateur MacDonald : Je m'appelle Michael MacDonald et je suis sénateur de la Nouvelle-Écosse.

[Français]

Le sénateur Massicotte : Je m'appelle Paul Massicotte, sénateur de Lanaudière, au Québec.

[Traduction]

La sénatrice McCoy : Elaine McCoy de l'Alberta.

[Français]

La sénatrice Ringuette : Je m'appelle Pierrette Ringuette, sénatrice du Nouveau-Brunswick.

[Traduction]

Le président : Le mandat de notre comité consiste à examiner la législation ainsi que les questions touchant l'énergie, l'environnement et les ressources naturelles en général. Aujourd'hui, je suis heureux de souhaiter la bienvenue, par vidéoconférence de Calgary, à M. Tim McMillan, président et chef de la direction de l'Association canadienne des producteurs pétroliers. Je vous remercie d'être des nôtres aujourd'hui, monsieur McMillan, afin de faire le point et de nous donner un aperçu du secteur des hydrocarbures au Canada. Comme vous le savez, nous vous avons invité pour que vous nous parliez des principaux défis dans ce secteur, y compris des projets proposés concernant des exportations de gaz naturel liquéfié et les pipelines de pétrole brut. Le point de vue de votre organisation sur le prix de l'énergie, et les changements de la demande internationale en ressources, les engagements mondiaux en matière de réduction des gaz à effet de serre et la façon dont l'industrie s'ajuste nous intéressent aussi et j'imagine, en fait je suis certain que c'est également des questions d'intérêt pour les Canadiens.

Si vous voulez bien passer à votre déclaration préliminaire, monsieur McMillan; lorsque vous aurez terminé, nous aurons une séance de questions et réponses. Je vous souhaite la bienvenue et vous remercie d'être là.

Tim McMillan, président et chef de la direction de l'Association canadienne des producteurs pétroliers : Je vous remercie beaucoup, monsieur le président, ainsi que les sénateurs, pour l'intérêt que vous m'accordez aujourd'hui.

Je comptais faire quelques observations dès le début en réponse à vos questions, mais je me réjouis aussi de pouvoir répondre à vos questions directement après ma déclaration préliminaire.

Je suis le représentant de l'Association canadienne des producteurs pétroliers. Nous représentons 90 p.100 des hydrocarbures qui sont produits au Canada aujourd'hui. Nous avons des installations qui vont de la Colombie- Britannique à Terre-Neuve — côtières et infracôtières, conventionnelles ou non conventionnelles, certaines destinées à la fracturation hydraulique en plusieurs étapes avec du forage horizontal, sables bitumineux —, et notre association représente ce qu'il y a en amont. Nous ne représentons pas les pipelines. Nous ne représentons pas les raffineries ni plus que les entreprises de gaz naturel liquéfié. Cela étant dit, nous travaillons de très près avec ces groupes. Nous comptons énormément sur eux et les défis que nous affrontons en tant qu'entreprise en amont sont tout à fait liés à la capacité d'acheminer notre produit vers les marchés.

Nos ressources sont de calibre international. Nous disposons de la troisième réserve mondiale de pétrole et de gaz et notre entreprise fait face à une demande croissante, mais dans de nouveaux endroits. Auparavant, nous n'avions qu'un client, les États-Unis, vers qui nous exportions presque 100 p.100 de nos produits.

Aujourd'hui, et au cours des dernières années, les États-Unis, grâce à de nouvelles technologies — très semblables à celles que nous utilisons ici —, sont passés de notre plus important client à l'un de nos principaux concurrents. La demande mondiale de pétrole et de gaz naturel augmente. Cette demande n'augmente pas dans des pays comme les États-Unis. Elle ne connaît pas non plus de croissance en Europe. Toutefois, pour des pays comme la Chine et l'Inde, et les autres qui veulent sortir leur population de la pauvreté et lui permettre d'atteindre la classe moyenne, lui offrir un meilleur régime alimentaire et davantage de liberté de mouvement, voilà ce qu'offrent nos produits. Le défi auquel nous faisons face aujourd'hui consiste à acheminer nos produits aux marchés.

Votre question sur les pipelines et le gaz naturel liquéfié est très à-propos. Et je serai heureux d'aborder ces sujets un peu plus tard.

Voici quelques faits sur l'industrie des hydrocarbures. Nous sommes le plus important investisseur dans l'économie canadienne. En 2014, nous avons investi environ 81 milliards de dollars en dépenses d'immobilisations dans l'économie canadienne. En raison du déclin des prix de nos produits l'an dernier, ces chiffres ont été réduits d'environ 45 p.100, pour passer à 48 milliards de dollars. Cette réduction de 81 milliards à 48 milliards de dollars serait l'équivalent de la disparition de l'ensemble des secteurs forestiers et manufacturier de l'économie canadienne. Dans cette perspective, il s'agit donc d'une réduction énorme.

Nous nous attendons à ce que cette tendance se poursuive cette année, puisque les prix n'ont pas connu de regain. Cela se reflète dans les emplois, c'est-à-dire 40000 emplois directs — 100000 si on compte les emplois directs et indirects — qui en ressentiront les contrecoups d'un bout à l'autre du Canada dans les régions où nous sommes installés et où nous produisons du pétrole et du gaz, dans nos réseaux de fournisseurs qui se déploient aussi sur l'ensemble du pays et dans notre effectif qui travaille dans le secteur des hydrocarbures. Il y avait 550000 Canadiens qui travaillaient dans ce secteur. Aujourd'hui, nous estimons que ce chiffre se situe plutôt à 450000, et les conséquences se font sentir à l'échelle du Canada.

Pour répondre brièvement à vos questions, je note que les installations d'exportation du gaz naturel liquéfié sont essentielles pour notre industrie. Puisque le transport du pétrole fait l'objet d'un commerce mondial, l'expédition du pétrole par navire-citerne est chose courante. Mais le Canada ne dispose pas d'une installation importante de gaz naturel liquéfié, pas plus que les États-Unis, de sorte que nous avons dû vendre notre gaz naturel dans le marché nord- américain. Avec l'avènement du forage horizontal et de la fracturation hydraulique en plusieurs étapes, nous disposons aujourd'hui d'une ressource considérable — c'est-à-dire un approvisionnement potentiel de quelques centaines d'années. La technologie actuelle, et celle-ci continue d'évoluer, a révolutionné et changé notre perspective de sorte que nous croyons maintenant que le Canada et l'Amérique du Nord devraient être en mesure de fournir de l'énergie à divers pays et pourraient potentiellement remplacer l'utilisation du charbon pour le chauffage, le transport et l'amélioration des régimes alimentaires. Mais pour ce faire, notre gaz naturel doit être acheminé vers ces marchés émergents.

Nous avons constaté que le Canada était un chef de file dans le mouvement vers la construction d'installations de gaz naturel liquéfié. Nous avons environ 20 projets qui sont à divers stades de développement. Cependant, nous avons probablement été dépassés par les États-Unis, qui se sont peut-être tournés vers le potentiel du gaz naturel liquéfié après nous. Aujourd'hui, je dirais qu'ils nous ont dépassés. En fait, je crois que la première installation de GNL des États-Unis est sur le point de charger son premier navire ou est en train de le faire. Tandis que nous n'avons même pas obtenu une décision d'investissement final pour un projet canadien.

Cela étant dit, je crois qu'il y a environ 20 projets à différentes étapes de préparation. Ils seront très importants pour nous.

Il est important pour le secteur en amont, que je représente, d'avoir accès à d'autres marchés du gaz naturel que celui de l'Amérique du Nord. Si ce secteur a les devants, aux États-Unis ou au Canada, ce sera bon pour notre industrie. Certains projets sont en cours d'élaboration sur la côte Ouest des États-Unis, et s'ils vont de l'avant, ils utiliseront presque certainement du gaz canadien. Nous serions leur principal fournisseur. Ces projets n'ont pas encore démarré, ni ceux sur la côte Ouest et sur la côte Est du Canada, qui seront également importants s'ils prennent forme.

Vous m'avez demandé de vous parler des pipelines. C'est l'un des secteurs où nous développons notre capacité de production. Grâce à la nouvelle technologie, le Canada est un pays de plus en plus important dans l'industrie pétrolière mondiale. Nous avons accru notre capacité de plus d'un million de barils par jour au cours des cinq ou six dernières années. Il s'agissait essentiellement d'augmentations marginales, d'améliorations de nos systèmes et de mesures de désengorgement. Cependant, nous avons plusieurs grands projets à différentes étapes d'examen, comme le projet de Kinder Morgan, Northern Gateway, Énergie Est, Trans Mountain, Keystone XL, pour lequel, comme vous le savez sans doute tous, le président a refusé d'accorder un permis au début de l'année. Ces projets sont d'une importance cruciale également. Plus le Canada développera son potentiel en amont, plus il sera important d'avoir accès aux marchés existants et émergents.

Les conséquences économiques ont été énormes au Canada : pertes d'une centaine de millions, voire de milliards, de redevances pour les gouvernements, pertes d'emploi et pertes d'occasions d'investissement. Le différentiel de prix, c'est- à-dire l'écart entre ce que nous obtenons pour nos ressources comparativement à ce que reçoivent d'autres pays, continue de défavoriser le Canada sur le plan des investissements. Il est essentiel de permettre qu'aillent de l'avant de bons projets qui respectent les normes environnementales canadiennes élevées. Les Canadiens peuvent être très fiers du fait que nous avons un des régimes de réglementation les plus robustes au monde. J'invite les sénateurs à consulter le rapport WorleyParsons publié à la fin de 2014, qui classait notre régime de réglementation parmi les meilleurs au monde. Le Canada était tout au haut de la liste. Les auteurs de ce rapport ont examiné de nombreuses méthodes, et les Canadiens peuvent être très fiers du régime de réglementation des secteurs en amont et en aval ainsi que des pipelines.

Le comité m'a également demandé de dire quelques mots au sujet des prix de l'énergie. C'est une des questions sur lesquelles, en tant qu'association industrielle, nous évitons délibérément de nous prononcer pour plusieurs raisons; nous laissons cela aux grandes banques. Aujourd'hui, le prix du pétrole est d'environ 30$ et cela a une incidence énorme sur les investissements, ici, au Canada.

Nous constatons également un ressac des investissements ailleurs dans le monde. Les entreprises pétrolières et gazières s'abstiennent d'investir en raison de la faiblesse des prix, mais je pense qu'il est important que vous sachiez que le Canada s'est retiré plus rapidement que les autres pays producteurs, et la baisse des investissements a été plus forte ici que chez nos voisins et compétiteurs, soit les États-Unis et bon nombre des autres grands producteurs pétroliers du monde. Il faut en être conscient et chercher les moyens de nous repositionner afin d'être plus concurrentiels, pas seulement dans la conjoncture actuelle, mais pour l'avenir aussi.

Vous aviez également des questions au sujet de la demande mondiale de pétrole et de gaz. Notre meilleure source est l'Agence internationale de l'énergie, dont le siège est à Paris, en France. Elle prépare des prévisions annuelles de la consommation de pétrole et de gaz pour les 25 prochaines années. Son apport indique qu'elle s'attend à ce que la demande de pétrole et de gaz naturel augmente jusqu'à la fin de la période couverte par son rapport. Elle prévoit une légère croissance annuelle d'un peu moins d'un million de barils par jour. D'après l'AIE, les pays qui ont la capacité de répondre à cette demande sont le Brésil, le Canada et l'Irak. Et, bien entendu, si le Canada veut devenir ce fournisseur, nous devons relever les défis que pose l'accès au marché et voir à l'approbation des pipelines.

Je crois fermement que le Canada devrait s'efforcer de devenir le fournisseur de choix. Les 10 grands pays exportateurs qui répondent aujourd'hui à la demande sont l'Arabie saoudite, la Russie, les Émirats arabes unis, le Canada, l'Irak, le Nigeria, le Koweït, l'Angola, le Kazakhstan et le Venezuela. Si je devais choisir parmi ces 10 pays celui en qui j'ai le plus confiance pour relever ces défis environnementaux, utiliser la technologie, investir dans la recherche pour que son secteur pétrolier et gazier soit le plus responsable possible et qu'il améliore constamment sa performance environnementale, je choisirais sans hésiter le Canada. Il est possible pour nous de continuer à être un chef de file sur la scène mondiale.

Le comité a également soulevé la question de la réduction des gaz à effet de serre que la planète s'est engagée à réaliser dans l'entente que près de 200 pays ont signée à Paris. Comment le Canada se compare-t-il et quel est le rôle de l'industrie pétrolière et gazière à cet égard?

Je pense que notre industrie a été un chef de file dans ce domaine. L'Alberta et la Colombie-Britannique, les deux provinces où nous produisons beaucoup, ont établi un prix pour le carbone il y a déjà longtemps — bien avant les autres régions qui produisent et exportent également du pétrole et du gaz naturel.

Notre industrie continue à améliorer son rendement en adoptant de nouvelles technologies et en investissant dans la recherche. Depuis 1990, nous avons pu réduire d'environ 30 p.100 par baril les gaz à effet de serre provenant des sables bitumineux. Les entreprises continuent à investir des sommes importantes pour améliorer leur rendement individuellement, mais aussi collectivement par l'entremise d'organismes comme la COSIA, Canada's Oil Sands Innovation Alliance. La COSIA a été créée par, je crois, 13 grandes sociétés qui exploitent les sables bitumineux pour mettre en commun leurs efforts de recherche et développement. Elles ont déterminé qu'elles peuvent se faire concurrence pour la main-d'œuvre, des ressources et des terres, mais que sur le plan de l'environnement, c'est dans l'intérêt de tous de partager la technologie; cela contribue à améliorer le rendement de notre industrie et celui du pays.

Par l'entremise de la COSIA, elles partagent 814 brevets d'une valeur d'environ 1,3 milliard de dollars. À l'heure actuelle, il y a environ 150 projets en cours, d'une valeur d'environ 500 millions de dollars et qui visent, je le répète, à améliorer constamment notre rendement environnemental. Cela concerne la terre, l'eau, l'air et les gaz à effet de serre.

Monsieur le président, cela met fin à mon exposé préliminaire. Je serai maintenant heureux de répondre à toutes les questions du comité sur ce que je viens de dire et sur d'autres sujets qui pourraient vous intéresser.

Le vice-président : Merci pour cet exposé très complet. Nous allons donc passer aux questions.

Le sénateur MacDonald : Il y a de nombreuses questions que nous pourrions aborder, mais je voudrais parler du gaz naturel, plus particulièrement de l'approvisionnement en gaz naturel dans l'est du Canada. Lorsque, je l'espère, le pipeline Énergie Est sera construit, le gaz de l'Ouest ne pourra plus être acheminé vers l'Est, de sorte que le Canada central dépendra entièrement du gaz américain.

Il semble qu'il y a beaucoup de mythes au sujet de la production de gaz américaine. Bon nombre d'experts en ce moment analysent la production de gaz aux États-Unis et affirment que la production va atteindre un sommet en 2020, et que de tous les gisements, seul le gisement Marcellus va continuer de produire un bon rendement. Ils mettent sur pied toutes sortes d'usines de gaz naturel liquéfié en vue de l'exportation du gaz naturel. Il semble que dans l'est du Canada, l'accès au gaz naturel dépende entièrement des Américains, et que ce gaz sera très cher dans environ une décennie.

Pourtant, dans l'est du Canada, dans les provinces des Maritimes seulement, nous comptons sur terre environ 135 mille milliards de mètres cubes de gaz. Or, le plus grand gisement aux États-Unis, le bassin de schiste Marcellus, compte 88 mille milliards de mètres cubes.

Les efforts de fractionnement dans l'est du Canada ont échoué, même s'il y a un moratoire sur le fractionnement. J'estime que ce moratoire est en quelque sorte inutile, car le fractionnement ne permettait pas de libérer le gaz.

L'Association canadienne des producteurs pétroliers a-t-elle pris position par rapport au potentiel d'exploitation du gaz sur la terre ferme dans l'est du Canada, et êtes-vous au courant de la quantité de gaz qui se trouve dans l'est du Canada, sur la terre ferme?

M. McMillan : Oui, absolument. Certains de nos producteurs se trouvent dans l'est du Canada et sont touchés par la loi actuelle.

Nous croyons qu'il y a un potentiel substantiel dans l'est du Canada, ainsi qu'au Québec, pour exploiter les ressources actuellement en place, tant au large que sur la terre ferme. Je ne suis pas un expert du projet TransCanada, mais s'agissant de la conversion d'un gazoduc en oléoduc, il y a de nombreuses conduites qui forment la ligne principale. Il y aurait donc un accès au marché de l'est pour le gaz de l'Ouest canadien.

Toutefois, cela dépasse mon domaine d'expertise. TransCanada pourrait vous décrire exactement quelle partie de son pipeline serait convertie dans le cadre de sa proposition.

Pour revenir à votre question, je dirais qu'il y a une occasion substantielle qui se présente au Québec et dans l'est du Canada pour exploiter des ressources canadiennes et répondre à la demande canadienne.

Le sénateur MacDonald : Oui. Revenons sur le sujet. Vous avez mentionné la rencontre à Paris où nous avons convenu de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le Manhattan Institute a rapporté la semaine dernière que 20 p.100 des réductions d'émission aux États-Unis ont été attribuées à la substitution du mazout et du charbon par du gaz naturel. Donc, la réduction des gaz à effet de serre a été réalisée grâce au gaz naturel. Le secteur de l'énergie solaire ne compte que pour 1 p.100 de la réduction.

D'après moi, si nous cherchons à atteindre nos objectifs en matière de réduction de gaz à effet de serre, l'une des façons les plus faciles, rapides, et efficaces de procéder consisterait à recourir au gaz naturel dans la mesure du possible pour remplacer d'autres sources émettrices de carbone, comme le charbon et le mazout de chauffage.

Si vous tenez compte de la production de gaz naturel dans l'est du Canada, et du gaz en général, connaissez-vous les différences géologiques de l'est du Canada? Il s'agit uniquement de schiste de lac. Quant aux États-Unis, sur le plan géologique, on constate qu'il s'agit de schiste d'océan, y compris le gisement Marcellus. En fait de différence de forage, cela revient en quelque sorte à comparer une gaufrette aux arachides à du beurre d'arachides.

Le message que je tiens à vous transmettre, c'est que j'aimerais voir l'ACPP assumer un rôle plus actif pour essayer d'acheminer de nouvelles technologies dans l'est du Canada afin de libérer ses ressources gazières, car je doute que le pays se retrouve en bonne posture dans une décennie s'il dépend totalement du gaz américain qui, peut-être, sera moins abondant et par le fait même, plus cher, surtout si les ressources qui restent seront exportées en format liquéfié.

M. McMillan : Tout d'abord, je vous dirais que l'aspect géologique ne correspond pas vraiment au mandat de l'Association, mais nous avons des sociétés membres qui sont en activité dans l'est du Canada.

Les développements technologiques qui nous ont permis de libérer le schiste continuent d'évoluer. Nous devenons de plus en plus efficaces et efficients. Chaque façon de faire est différente, mais je crois que cela demeure important de le faire. Je suis entièrement d'accord avec vous, lorsque vous affirmez que nous avons des possibilités qui nous permettraient d'être autosuffisants est de ne pas dépendre de nos voisins, et que ces occasions doivent être saisies. Si une constatation peut être tirée de l'affaire Keystone XL par rapport à notre plus grand partenaire commercial, c'est que, malgré une longue période de temps et un travail substantiel, nous n'avons pas été en mesure de faire approuver le pipeline.

Je crois que cela sert un peu de sonnette d'alarme et nous incite à prendre en main notre propre destin, de sorte que nous trouvions nos propres marchés vers lesquels acheminer nos produits. Le gaz naturel est un exemple type : nous avons le potentiel d'exploiter du gaz naturel dans l'est du Canada pour approvisionner l'est du Canada.

Il faut également mentionner que, s'agissant du pétrole, le Québec et l'est du Canada importent 80 p.100 du pétrole qui entre dans leurs raffineries. Dans cette région, on paie une prime mondiale, alors que dans l'ouest du Canada, on a droit à un rabais. Le pétrole de l'Ouest canadien ne peut atteindre l'Est canadien, de façon à relier les Canadiens grâce à des produits canadiens. Si c'était possible, tout le monde s'en tirerait mieux. Que nous exploitions des ressources dans l'est ou dans l'ouest du Canada, c'est le pays en entier qui en bénéficie.

Le sénateur Massicotte : Je vous remercie d'être des nôtres aujourd'hui. Manifestement, il s'agit d'un sujet d'importance au pays, pour toutes sortes de raisons, y compris des raisons économiques. Vous avez parlé de l'Agence internationale de l'énergie, et si je ne m'abuse cette agence a sorti un rapport la semaine dernière qui indiquait la projection suivante : outre les projets d'exploitation de sables pétrolifères en cours de construction, appelons-les ainsi, il n'y aura pas d'autres projets d'exploitation des sables bitumineux, et dans deux ans, la hausse de la production plafonnera à environ 200000 barils de plus qu'à l'heure actuelle. Êtes-vous de cet avis? Cette agence a manifestement beaucoup de crédibilité. Désirez-vous remettre cette projection en perspective?

Le ministre de l'Énergie de l'Arabie saoudite a participé à une conférence au Texas ce matin, et il a exprimé une intransigeance à l'égard du cours du pétrole. Il espère que les producteurs à charge élevée disparaissent du marché le plus rapidement possible.

M. McMillan : Je ne peux pas me prononcer directement sur la partie du rapport produit par l'Agence internationale de l'énergie. Cette agence s'est penchée sur la croissance qu'elle projette pour les 25 prochaines années et a indiqué que le Canada serait probablement l'un des trois grands producteurs qui contribueront à la croissance accrue.

J'en fais une interprétation, mais je crois qu'il est reconnu que notre structure de coûts rend la situation difficile aujourd'hui, et que la révolution du schiste qui s'est produite aux États-Unis et au Canada, et à laquelle les pays de l'OPEP ont fait allusion, car elle influence leurs décisions quant au marché, aura des répercussions à long terme.

La sonnette a été tirée pour le Canada et pour le secteur des sables pétrolifères, qui doit se doter d'une exploitation des plus efficaces et efficientes, s'il veut livrer une concurrence compte tenu de la nouvelle fourchette de coûts, en reconnaissance du fait que le phénomène pourrait ne pas être à court terme. Si la technologie a fondamentalement changé, le prix a probablement fondamentalement changé également. Il peut être d'environ 30$, allez savoir, mais s'il remonte à 50$, 60$ ou 70$, dans quelle mesure le Canada et ses sables pétrolifères seront-ils concurrentiels? Historiquement, ce sont dans des circonstances similaires que nous nous sommes pris en main, nous nous sommes mis au travail et avons découvert des façons plus efficaces de travailler. Nous avons mis au point des technologies, construit des pipelines pour dégager l'accès à nos marchés et nous avons livré une bonne concurrence. Nous devons livrer concurrence sur le marché.

Je crois que c'est l'un des PDG d'une entreprise qui exploite des sables pétrolifères qui a déclaré que l'espoir ne constitue pas une stratégie. Cela n'est certainement pas le cas. Nous devrons travailler très fort pour retrouver notre compétitivité. Nous avons des ressources de calibre mondial, nous devons donc être plus efficaces pour acheminer ces ressources jusqu'au marché.

Ce qu'on a entendu dire à Houston — je crois que c'était l'un des conférenciers de la semaine CERAWeek de IHS qui s'exprimait ainsi —, c'est que l'on ne peut contrôler le cours du pétrole. Nous ne savons pas ce qui se passe dans les coulisses des autres pays producteurs. Ce sur quoi nous pouvons exercer un contrôle, c'est sur nos coûts et notre compétitivité. Je présume que personne dans notre industrie ne s'assoit sur ses lauriers et attend que les prix s'améliorent. Tout le monde avec qui je travaille s'acharne à rendre les entreprises concurrentielles, à protéger le personnel et à prendre de l'expansion.

Le sénateur Massicotte : Il y a le problème des gaz à effet de serre. C'est probablement l'un des plus grands enjeux auquel le monde soit confronté. D'après moi, jusqu'à présent nous avons échoué à cet égard, et j'espère que nous allons trouver une solution, car nos petits-enfants vont nous demander à quel endroit nous nous trouvions au moment où nous nous sommes si lamentablement fourvoyés.

L'une des meilleures solutions qui s'offre à nous, et je crois que votre organisation l'appuie, c'est la tarification du carbone. Cela revient en quelque sorte à établir un prix sur les coûts indirects de la pollution, de l'atmosphère et de la planète. Vous y avez fait référence et avez appuyé cette proposition publiquement. Si vous pouviez en arriver à une solution où tout le monde sera taxé à même hauteur, en tiendriez-vous compte? Si ce coût était appliqué équitablement, j'imagine qu'il serait refilé au consommateur, ce qui est l'objectif visé. Mon hypothèse est-elle juste?

M. McMillan : Ce que vous voulez savoir, c'est si l'on appliquait le même régime à tous, est-ce que cela finirait par rétablir l'équilibre pour les projets et les entreprises les plus concurrentielles? Je crois que ce serait effectivement le cas.

Pour ce qui est des 10 pays principaux exportateurs, dont l'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, le Koweït, l'Angola, le Kazakhstan et le Venezuela, ce serait trop demandé. Le Canada n'attend pas que les autres se joignent à lui. Nous avons été des chefs de file pendant une décennie, et nous avons investi pendant des décennies dans des technologies qui améliorent notre rendement.

Je m'attends à ce qu'il n'y ait pas de taxe sur le carbone substantielle dans les neuf autres pays exportateurs, mais cela ne nous a pas empêchés d'aller de l'avant par le passé. Nous avons investi dans la technologie. Nous avons réduit nos gaz à effet de serre de 30 p.100 par baril. De nos jours nous avons recours à des solvants plutôt qu'à de la chaleur pour séparer le sable du pétrole, et il y a aussi la possibilité d'avoir recours à des satellites de l'espace pour analyser les émissions de méthane dans les bassins de décantation. N'oublions pas que la COSIA et NRG ont reçu un prix XPRIZE pour leur façon d'utiliser le carbone extrait dans la fabrication de produits utiles, plutôt que de le libérer dans l'atmosphère. Par ailleurs, Shell vient tout juste d'ouvrir son installation de stockage Quest.

Les projets permettant d'améliorer notre rendement sont différents et nombreux. Nous n'allons pas attendre que quelques-uns des grands pays exportateurs mettent en œuvre des projets et nous rattrapent.

Le sénateur Massicotte : Vous avez fait référence au prix du pétrole et essentiellement, vous affirmez que lorsque les temps sont durs, étant donné que votre industrie est mise au défi, c'est dans ces circonstances que vous trouvez des solutions réelles et des façons efficientes de travailler. Vous vous prononcez en faveur d'une taxe sur le carbone. Je crois que vous vous fondez sur un prix de 10 à 15$ la tonne, car ce sont des taux qui ont été avancés dans la discussion.

En théorie, le prix du carbone devrait être le plus élevé possible pour inciter l'entreprise à trouver une solution de remplacement ou pour inciter un autre joueur dans l'échiquier mondial qui consomme moins de carbone à faire des échanges, de sorte qu'on en arrive à une neutralité. Si l'on tient compte des possibilités d'innovation, le prix du carbone qui permettrait d'atteindre cet équilibre devrait être de près de 100$ la tonne. Vous dites que votre industrie est novatrice et qu'elle trouverait des solutions, or, si le gouvernement devait imposer un taux de 100$ la tonne, seriez- vous aussi déterminé à vous montrer novateur pour trouver des solutions et réduire vos émissions de CO2 et ainsi tout le monde serait heureux?

M. McMillan : Cela revient à votre question de tout à l'heure. Si le Venezuela, l'Angola, le Kazakhstan, le Koweït et l'Irak se faisaient concurrence dans un même cadre réglementaire, ce serait différent de ce que nous avons aujourd'hui. De nos jours, nous exportons, et nous affrontons ces pays sur les marchés. Nous le faisons de façon novatrice, et avec l'appui de la technologie, et aussi dans un monde où le carbone a un prix. Ce n'est pas le cas des autres pays qui nous font concurrence.

Même nos voisins du sud, et d'ailleurs, la Californie a plusieurs champs de pétrole qui émettent plus de carbone que nos sables bitumineux, et bien que la Californie impose une taxe sur le carbone, l'industrie gazière et pétrolifère en est exonérée. L'Alberta a aussi une taxe sur le carbone, qui ne s'applique, elle, qu'aux grands émetteurs, c'est-à-dire les exploitants des sables bitumineux et quelques autres industries. Ce sont là deux paradigmes distincts, même comparativement à notre plus important partenaire commercial, les États-Unis.

Qu'est-ce qu'une taxe de 50$ par tonne de CO2 pour le consommateur, à la pompe? C'est combien par litre? Qu'est- ce que cela signifie?

M. McMillan : Je ne pourrais pas vous dire au pied levé ce que cela signifie pour le consommateur et si cela s'applique au prix de l'essence à la station-service ou au baril exporté. Il me semble qu'il serait bon d'y réfléchir. C'est le baril destiné à l'exportation qui fait directement concurrence au Venezuela. Pour ce qui est du prix du carbone pour les consommateurs du Canada, c'est un modèle un peu différent.

La sénatrice McCoy : Je vous remercie, monsieur McMillan d'être des nôtres et de nous faire un tableau si instructif de la situation qu'affronte une importante industrie du Canada.

Revenons à votre proposition de ce qui, en vérité, est un plan d'accès au marché. Je pense, comme vous, que nous avons été lents à réagir. D'autres se sont unis et ont réussi à intégrer leurs produits aux marchés internationaux beaucoup plus rapidement et efficacement que nous avons pu le faire jusqu'à maintenant.

En guise de préambule, je voudrais souligner que le comité a publié une étude sur l'énergie. Quand était-ce encore, en 2012? Ce n'est que l'année dernière ou l'année précédente, ou peut-être les deux que la stratégie canadienne en matière d'énergie a été décidée entre les premiers ministres lors du conseil de la fédération.

Je me demande s'il ne serait pas utile maintenant, pour une organisation comme la vôtre, de rassembler des gens dans le but de faire une analyse plus pratique, point par point, de ce qu'il faudrait pour que nous dressions un plan d'accès au marché ensemble, et si vous seriez favorable à une démarche de ce genre.

M. McMillan : J'appuierais quiconque s'efforcerait de façon positive de faire avancer le dossier de l'accès au marché. Je pense que le travail qu'a fait votre comité, dans le cadre de ces rapports, s'inscrit dans la démarche menée jusqu'à maintenant, de même que ce qu'ont fait les premiers ministres, avec la stratégie énergétique énoncée l'année dernière, dans laquelle on souligne encore une fois l'importance d'intégrer nos produits au marché. Tout le monde, jusqu'aux Canadiens qui sont membres du forum «les citoyens pour l'énergie du Canada» (Canada's Energy Citizens) qui ont parlé des enjeux liés aux pipelines avec leurs amis et leurs voisins. Je pense que tout le monde devrait se mobiliser si nous voulons avoir cette discussion nationale. C'est une démarche d'édification du pays, et personne ne devrait la prendre à la légère. Ce sont là de grands projets qui bénéficieront aux Canadiens pendant des dizaines, voire des centaines d'années. Donc, l'appui et la contribution que peut y faire votre comité seraient les bienvenus.

La sénatrice McCoy : Il me semble très avantageux de réunir des gens, comme vous le dites, pour dialoguer et déterminer ce que chacun de nous peut tirer de projets d'édification du pays de ce genre.

Une chose que je devrais tout de même mentionner, par exemple, c'est que nous avons été frappés par les commentaires négatifs qu'a faits la Ville de Montréal sur Énergie Est il y a deux semaines. Ce qui se sait peu, c'est que 59 p.100 des Québécois, des citoyens du Québec, sont en fait en faveur de l'implantation de pétrole de l'Ouest canadien. Donc, s'il se tenait un forum auquel les citoyens ordinaires du Québec pouvaient venir l'exprimer, ainsi que des sénateurs de la belle province qui pourraient nous dire ces choses, ce serait magnifique au Canada dans son ensemble. Peut-être voudrez-vous ajouter quelque chose?

M. McMillan : Absolument. Compte tenu des responsabilités que vous assumez au Sénat, vous avez là une occasion unique, à mon sens, de mobiliser tous les Canadiens. À ce propos, je suis heureux que vous ayez parlé du sondage qui a été publié la semaine dernière, parce que j'estime cette question importante. Nous nous efforçons tous de consommer moins, d'utiliser des carburants à plus faible teneur en carbone dans notre vie quotidienne, mais nous savons qu'il faudra des dizaines d'années ou plus avant que nous puissions ne plus utiliser de gaz naturel pour chauffer nos maisons ou le pétrole pour le transport routier ou aérien.

Donc, si nous devons continuer de consommer du pétrole et du gaz naturel, quelle en serait la source la plus probable, serait-ce l'Angola et le Nigeria, ou la Saskatchewan, l'Alberta et la Colombie-Britannique? Le sondage a conclu que 59 p.100 des répondants voulaient des produits canadiens, et seulement 13 p.100 voulaient des produits étrangers. J'ai trouvé que c'était une question importante à poser et qui a reçu réponse, alors je vous remercie de l'avoir soulevée.

Le vice-président : Je dois souligner que nous avons commencé vers 17 h 10. Normalement, nous aurions une heure. Peut-être pourrions-nous prendre cinq minutes, mais vous pouvez constater, monsieur McMillan, la longueur des préambules, car les membres de ce comité s'intéressent profondément à cette question. J'encourage donc tout le monde à avoir des préambules plus courts et à passer plus rapidement à la question.

[Français]

Le sénateur Rivard : Monsieur McMillan, je vous rassure, je fais partie de la proportion des 59 p.100 de Québécois qui sont en faveur de l'importation du gaz de l'Alberta et de la Saskatchewan.

Ceci étant dit, j'examine le document devant moi dans lequel on parle des gaz naturels liquéfiés, les GNL, et je me rends compte qu'il n'y en a qu'un seul terminal maritime au Canada. Cela veut donc dire que nous importons et que nous ne produisons pas de GNL, à ma connaissance — vous me corrigerez si je me trompe. Est-ce bien cela?

[Traduction]

M. McMillan : Je crois que nous avons une toute petite usine de GNL qui n'est pas appropriée pour l'exportation. C'est la question de production à grande échelle. De fait, il y a une dizaine d'années, nous nous étions demandé comment nous pourrions implanter du gaz naturel liquéfié, car aucune technologie n'avait été développée pour nous permettre d'accéder à nos propres ressources, et maintenant, nous cherchons un moyen de l'exporter. Nous créerons de nouveaux terminaux.

Pour ce qui est de la Nouvelle-Écosse, c'est l'un des endroits ayant des installations d'importation que l'on avait envisagé. Maintenant, ils étudient plutôt le potentiel d'exportation.

Vous avez donc raison, nous n'avons pas d'installations importantes d'exportation.

[Français]

Le sénateur Rivard : Il y a beaucoup de joueurs dans le domaine de l'énergie : le gaz naturel, le pétrole conventionnel, l'huile de schiste et l'électricité. Qui sont les consommateurs de gaz naturel liquéfié? Il est certain que ce ne sont pas les résidences ou les petites usines. Qui sont les gros consommateurs — commerces ou industries — de gaz naturel liquéfié?

[Traduction]

M. McMillan : Pour la plupart des marchés du gaz naturel liquéfié, il serait chargé sur des navires et emporté vers la Corée et le Japon. Les pays moins riches en ressources veulent avoir un approvisionnement diversifié. Certains ont largement recours à la Russie, mais souhaitent avoir la possibilité de le faire venir par bateau. Cela leur donne des choix. Il y a aussi la Chine. Il servirait surtout à remplacer les usines au charbon. Le gaz naturel liquéfié peut être utilisé là-bas. Il présente un avantage économique et environnemental, et nous avons donc certaines possibilités.

Cela dit, voilà l'occasion, potentiellement, de fournir du gaz naturel aux collectivités qui, actuellement, n'ont pas accès au gaz naturel. Ce peut être des collectivités du Nord ou des endroits très isolés qui doivent chauffer leur maison au diesel ou au mazout. En liquéfiant le gaz naturel, on en réduit le volume au point qu'il devient plus économique à transporter. Bien des entreprises s'y intéressent, de même que des collectivités qui souhaiteraient avoir cette possibilité.

[Français]

Le sénateur Rivard : J'aimerais poser une dernière question, rapidement.

À titre de président de l'Association canadienne des producteurs pétroliers, et dans le contexte actuel de la faible consommation de ces produits, avez-vous une idée des pertes encourues par les sociétés pétrolières pour l'année 2015? Comme il s'agit de sociétés cotées à la bourse et que nous en sommes à la mi-février, avez-vous une idée des pertes globales encourues par ces dernières pour l'année 2015 : est-ce 200 millions de dollars, 300 millions ou 400 millions?

[Traduction]

M. McMillan : Nous ne nous penchons pas précisément sur les aspects économiques des compagnies membres. Notre expertise, c'est dans les dépenses en capital, la quantité de projets de forage et de développement au Canada, et nous avons constaté une chute de moitié de ce chiffre comparativement à 2014. On constate une réduction plus importante de l'activité du côté conventionnel que du côté des sables bitumineux, mais pour ce qui est des budgets de chaque société, nous n'examinons pas cela.

La sénatrice Eaton : Merci. Je suis heureuse que vous ayez souligné que le pétrole brut de la Californie est tout aussi sale ou même beaucoup plus sale que le pétrole des sables bitumineux. Ceci m'amène à ma question.

On dirait que nous avons perdu la partie non pas parce que nous ne sommes pas novateurs ou par manque de savoir-faire, mais plutôt parce que l'industrie, dans son ensemble, n'a pas fait de démarches politiques auprès des collectivités qui longent le trajet des pipelines. Le secteur énergétique, dans son intégralité, n'a pas répliqué. Quand quelqu'un comme, qui l'eut cru, Nancy Pelosi, la représentante de la Californie, vient chez nous lever le nez sur les sables bitumineux en disant «moche, moche, dégoûtant», et que Leonardo DiCaprio et tous ces gens-là, débarquent d'on ne sait trop où, on a l'impression d'être mis au pied du mur. On a laissé les militants nous mettre dans l'impasse.

Si ce n'est pas l'Association canadienne des producteurs pétroliers et les sociétés elles-mêmes, qui devrait s'embarquer dans le débat politique? m. Coderre a fait sa déclaration, mais j'ai entendu dire que TransCanada n'allait pas lui accorder d'audiences. Comment pouvons-nous être aussi sots, sur le plan politique, et si rétrogrades sur celui des relations publiques quand des pays — vous avez parlé du Venezuela, du Nigeria, de l'Angola — sont si épouvantables? Ils ont un bilan désastreux en matière de droits de la personne, et si on y regarde bien, leur production n'est pas bien plus propre que celle des sables bitumineux, et pourtant, on ne semble pas prêts à se battre contre eux.

M. McMillan : Je pense que vous avez présenté là des arguments très valides.

Le vice-président : Je vais devoir reporter la suite de la réunion en raison de problèmes techniques. Espérons que m. McMillan pourra accepter une invitation ultérieure — j'aimerais qu'il puisse m'entendre, mais il ne le peut pas. Nous le rappellerons et nous nous assurerons d'inviter encore la sénatrice Eaton, parce que nous voulons obtenir une réponse à ses questions, c'est certain. Nous reprendrons cette réunion avec m. McMillan à un autre moment.

Je déclare la séance levée. Je suis désolé que nous ayons ces problèmes techniques.

(La séance est levée.)

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