Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Énergie,
de l'environnement et des ressources naturelles
Fascicule nº 6 - Témoignages du 19 avril 2016
OTTAWA, le mardi 19 avril 2016
Le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd'hui, à 17 h pour étudier les effets de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.
Le sénateur Grant Mitchell (vice-président) occupe le fauteuil.
[Français]
Le vice-président : Bienvenue à cette séance du Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles.
[Français]
Je suis Grant Mitchell, je représente la province de l'Alberta au Sénat, et je suis viceprésident de ce comité. Le sénateur Richard Neufeld, le président du comité, regrette de ne pouvoir assister à la réunion d'aujourd'hui.
[Traduction]
Je souhaite la bienvenue aux sénateurs, aux membres du public qui sont dans la salle, ainsi qu'à nos téléspectateurs de tout le pays. Bien entendu, je rappelle aux téléspectateurs que ces séances de comité sont intéressantes à regarder et ouvertes au public. On peut également les regarder en baladodiffusion sur le site web sen.parl.gc.ca. Pour plus de détails sur le calendrier de comparution des témoins, consultez le site web à la rubrique « Comités du Sénat ».
Je vais maintenant demander aux sénateurs assis autour de la table de se présenter.
Le sénateur Mockler : Percy Mockler, sénateur du Nouveau-Brunswick.
La sénatrice Johnson : Janis Johnson, sénatrice du Manitoba.
Le sénateur Massicotte : Paul Massicotte, du Québec.
Le vice-président : J'aimerais présenter notre personnel, tout d'abord la greffière, Lynn Gordon, et nos deux analystes de la Bibliothèque du Parlement, Sam Bank et Mark Leblanc. C'est aujourd'hui la quatrième séance que nous consacrons à l'étude des effets de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, rendue nécessaire pour atteindre les cibles du gouvernement du Canada en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
J'ai le plaisir d'accueillir Jacob Irving, président de l'Association canadienne de l'hydroélectricité qui va nous parler au nom du Conseil canadien sur l'électricité renouvelable. Monsieur Irving, merci d'être venu aujourd'hui. Veuillez commencer par votre déclaration préliminaire après quoi, nous passerons comme d'habitude à la période de questions.
Jacob Irving, président, Association canadienne de l'hydroélectricité, Conseil canadien sur l'électricité renouvelable : Merci beaucoup, sénateur Mitchell et merci à tous de m'avoir invité à venir vous parler aujourd'hui des possibilités qu'offre la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Je m'appelle Jacob Irving. Je suis président de l'Association canadienne de l'hydroélectricité.
Fondée en 1998, l'Association canadienne de l'hydroélectricité, l'ACH, est l'association nationale chargée de représenter les intérêts de l'industrie de l'hydroélectricité. Elle regroupe une cinquantaine de membres provenant de tous les secteurs de l'industrie et comprend des producteurs d'hydroélectricité, des fabricants, des promoteurs, des firmes d'ingénierie, des organisations et des particuliers intéressés par le domaine de l'hydroélectricité. Les membres de l'ACH représentent plus de 95 p. 100 de la capacité hydroélectrique du Canada.
Aujourd'hui, je représente le Conseil canadien sur l'électricité renouvelable dont l'ACH est membre fondateur. Créé l'an dernier, en 2015, le Conseil canadien sur l'électricité renouvelable est une organisation non partisane permettant aux principales associations de l'industrie de l'électricité renouvelable du Canada de collaborer, d'éduquer et de réaliser des opportunités communes en tant que fournisseur de solutions au défi critique de la décarbonisation du système énergétique nord-américain tout en renforçant la croissance économique.
[Français]
Le conseil est engagé dans des initiatives de recherche, de collaboration et de communication visant à encourager le dialogue et à renforcer le soutien des Canadiens en faveur d’une utilisation accrue des ressources abondantes du Canada en électricité renouvelable, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant de la production d’électricité en Amérique du Nord. Le conseil vise aussi à permettre l’électrification croissante d'autres secteurs avec de l'électricité propre, par exemple les transports, les bâtiments et l'industrie lourde, et à capitaliser sur la réputation du Canada et sur son expertise technologique en matière d'économie verte au pays, en Amérique du Nord et dans le monde.
[Traduction]
J'aimerais aujourd'hui vous parler des conclusions du premier rapport publié par le conseil en novembre dernier, intitulé Alimenter la prospérité climatique : L'avantage canadien en matière d'électricité renouvelable. Le rapport s'est penché sur deux questions principales : Comment le Canada peut-il atteindre les cibles de réduction des GES conformément aux engagements pris à Copenhague et au sein du G7? Quel est le rôle de l'électricité renouvelable?
Notre recherche a utilisé des données et la modélisation provenant du Deep Decarbonization Pathways Project for Canada. Ce travail a été réalisé par une équipe canadienne de chercheurs dans le cadre d'un partenariat mondial de recherche sur l'énergie. Les équipes ont modélisé 16 scénarios de politique propres à des pays différents en vue de décarboniser l'économie tout en s'assurant que la hausse mondiale moyenne de la température ne dépasse pas deux degrés Celsius.
Notre recherche figure également dans un recueil de documents comprenant des analyses de l'Agence internationale de l'énergie, de la Banque mondiale, de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables, de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie et du Conseil des académies canadiennes. Qu'avons-nous découvert?
Tout d'abord, il faut noter que le Canada possède le système de production d'électricité le plus propre et le plus renouvelable de tous les membres du G7 et qu'il se situe au quatrième rang en matière de capacité de production d'électricité renouvelable dans le monde. Plus de 65 p. 100 de notre électricité provient de l'énergie renouvelable; et cela n'est qu'un début. Des études récentes révèlent que l'exploitation de la biomasse, de l'énergie éolienne, de l'hydroélectricité et de l'énergie solaire, à la fois thermique et photovoltaïque, serait suffisante pour assurer une fois et demie les besoins énergétiques du Canada, d'après les chiffres de 2010.
Prenant à témoin la proportion globale relativement élevée d'électricité renouvelable du Canada, certains prétendent que d'autres efforts et d'autres appuis ne sont pas justifiés. En fait, c'est tout le contraire, surtout lorsqu'on considère la filière énergétique dans son ensemble.
Si vous allez à la troisième illustration dans votre documentation, vous constaterez qu'en 2010, les énergies fossiles fournissaient 70 p. 100 de l'énergie primaire utilisée au Canada. Il est clair que nous avons encore beaucoup de chemin à faire pour réduire nos émissions de carbone, ce qui nous amène au projet Deep Decarbonization Pathways for Canada.
Sur la quatrième diapositive, les pistes indiquées ne sont pas des prévisions, mais des scénarios s'appuyant sur une série d'hypothèses mondiales et nationales concernant les facteurs principaux d'émissions de carbone, la technologie existante et l'activité économique. L'équipe du projet canadien de décarbonisation a découvert que si notre pays mettait en œuvre une décarbonisation profonde, nous serions en mesure, d'ici 2050, de réduire de 80 p. 100 nos émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 2010. Cela est conforme à nos engagements en vertu de l'Accord de Copenhague et nous place en bonne voie pour atteindre les engagements pris récemment par le G7 de décarboniser d'ici 2100. Ces stratégies sous-tendent le scénario visant à remodeler la filière énergétique canadienne et à atteindre des réductions de cet ordre. Pour les besoins de notre discussion, nous les appellerons les trois piliers : le premier consiste à accroître l'efficacité énergétique; le deuxième à décarboniser les réseaux électriques; le troisième mise sur l'électricité pour tout alimenter.
Passons à la cinquième diapositive qui concerne le premier pilier que nous avons mentionné : accroître l'efficacité énergétique. Tout effort crédible visant à décarboniser l'économie canadienne doit commencer par l'optimisation de nos façons d'utiliser l'énergie. S'appuyant sur la quantité d'énergie que nous consommons pour développer notre économie, les scénarios du projet Deep Decarbonization Pathways for Canada prévoient une diminution de l'intensité énergétique du Canada de plus d'une moitié, soit 57 p. 100, entre 2010 et 2050.
En d'autres termes, l'économie afficherait la même croissance qu'aujourd'hui en utilisant deux fois moins d'énergie. C'est une bonne nouvelle, mais ce n'est pas tout. Cette amélioration qui consiste pratiquement à doubler la productivité de l'énergie est conforme à la trajectoire déjà établie par les règlements existants et à venir en matière d'énergie.
La diapositive 6 se rapporte au deuxième pilier : décarboniser les réseaux électriques. Comme l'ont noté les auteurs du rapport Deep Decarbonization Pathways for Canada, la conversion à l'électricité décarbonisée est la piste la plus importante pour atteindre à l'échelle mondiale des réductions profondes des émissions. Cela permet aux secteurs de demande de réduire leurs émissions liées à la consommation finale en passant des produits pétroliers raffinés tels que le gaz naturel et les autres carburants fossiles, à l'électricité propre. Cette réduction est rendue possible seulement grâce à la décarbonisation de la production existante de l'électricité, d'une part, et grâce à l'accroissement important des nouvelles sources d'électricité non polluantes, d'autre part.
Comme nous l'avons fait remarquer un peu plus tôt au sujet de la production existante et du potentiel non encore exploité, le Canada possède un avantage enviable en matière d'électricité renouvelable. Les ressources renouvelables, essentiellement l'hydroélectricité, sont prédominantes dans les réseaux énergétiques au Québec, au Manitoba, en Colombie-Britannique et à Terre-Neuve. D'autres provinces, comme l'Ontario et la Nouvelle-Écosse, ont déployé d'importants efforts en vue de rendre moins polluants leurs réseaux énergétiques. Cependant, il reste encore beaucoup de façons de rendre les réseaux existants moins polluants. En Alberta, en Saskatchewan et en Nouvelle-Écosse, les services publics continuent encore à produire de l'électricité à partir du charbon. D'autres provinces, dont l'Ontario, dépendent encore beaucoup du gaz naturel. Dans d'autres régions encore, on continue à produire de l'électricité à partir du mazout ou du carburant diesel, des processus coûteux et extrêmement polluants.
Selon le rapport Deep Decarbonization Pathways for Canada, ces installations cesseront leurs activités au cours des décennies à venir ou adopteront des procédés de captage et stockage du dioxyde de carbone, et la production d'électricité renouvelable augmentera considérablement. Cela aura pour résultat que l'intensité carbonique moyenne de la production d'électricité passera de 170 grammes de dioxyde de carbone par kilowattheure, tel qu'enregistrée en 2010, à un simple 4,3 grammes en 2050. Dans le modèle illustré à la figure 5, on voit que la production d'électricité à partir de sources renouvelables contribue en grande partie à fournir l'énergie de remplacement qui infléchit cette courbe. En 2050, la production d'électricité à partir de sources renouvelables représentera les trois quarts de l'offre en électricité au Canada puisque la production d'énergie à partir de sources renouvelables sera pratiquement trois fois plus élevée qu'en 2010.
Diverses sources d'électricité d'origine renouvelable viendraient s'ajouter à l'hydroélectricité pour constituer ce nouvel approvisionnement. Ainsi que l'Agence internationale de l'énergie l'a souligné, les pays comme le Canada qui produisent de grandes quantités d'hydroélectricité peuvent plus facilement intégrer de grandes quantités d'énergies renouvelables variables dans leurs réseaux électriques sans faire face à d'importants défis opérationnels. Le Conseil des académies canadiennes fait écho à ces conclusions dans son récent rapport intitulé Solutions technologiques et politiques pour un système énergétique à faibles émissions au Canada où il note que l'électricité provenant de sources à faibles émissions constitue le fondement des réductions des émissions dans l'ensemble de l'économie, que ce soit dans le secteur du transport, des immeubles ou des industries. Le Canada produit déjà de l'électricité avec des émissions relativement faibles, mais il faudra remplacer certaines centrales produisant des émissions élevées. Toutes les provinces devront augmenter leur capacité à produire de l'électricité à faibles émissions afin de répondre à la demande croissante et de permettre de plus grandes réductions.
Cela nous amène au troisième pilier, qui est particulièrement important pour le Canada parce qu'il nous permet de vraiment capitaliser sur nos abondantes ressources énergétiques renouvelables. Ce troisième pilier consiste à convertir la plus grande partie de notre économie à l'électricité.
La diapositive 7 porte sur les immeubles qui sont un bon point de départ. Dans les immeubles, le gaz naturel sert en général à chauffer les espaces résidentiels et de travail, ainsi que l'eau chaude. Des technologies établies, rentables et disponibles permettent de faire la même chose avec de l'électricité propre. L'équipe de décarbonisation profonde considère que l'électricité offre un potentiel important de réduction des émissions.
Comme le montre l'illustration, l'électricité passe de 36 à près de 100 p. 100 pour répondre aux besoins dans le secteur des immeubles. En réglementant l'intensité de l'énergie et des gaz à effet de serre dans les immeubles, le Canada pourrait avoir des immeubles résidentiels à consommation nulle d'énergie d'ici 2025 et des immeubles commerciaux après 2035.
La diapositive suivante montre l'évolution de l'utilisation de l'énergie dans les transports. Il est question ici de véhicules passagers légers. Comme on peut le voir à la figure 7, les véhicules passagers légers, les véhicules de transport de marchandises légers et moyens ainsi que les transports ferroviaires sont d'excellents candidats à l'électrification. L'équipe prévoit en effet que d'ici 2050, pratiquement tous les véhicules passagers légers circulant sur les routes du pays, seront électriques.
La diapositive 9 nous montre qu'il faudra déployer beaucoup plus d'efforts et faire appel à des technologies de la prochaine génération pour décarboniser le secteur industriel du Canada; cependant, l'effort est essentiel. Comme l'indique le rapport sur les pistes de décarbonisation, l'industrie lourde est actuellement le point faible du dossier de décarbonisation du Canada, mais cela pourrait être un avantage, en raison de l'abondance des énergies renouvelables pour la conversion de l'industrie à l'électricité et pour le stockage du carbone.
Il existe de multiples procédés techniques pour virtuellement décarboniser l'industrie lourde; mais jusqu'à présent, ils n'ont pas donné lieu à d'importantes innovations. Cela doit changer, car il faut absolument que ce domaine adopte des technologies nouvelles et transformatrices. Dans l'industrie légère et la production pétrolière et gazière, les chaudières électriques et les pompes à chaleur peuvent répondre à de nombreux besoins de fabrication faisant appel à la chaleur. Le changement des procédés de fabrication, tels que la production d'acier par four à arc électrique et la fabrication d'oxygène pour la production de vapeur par contact direct et dans l'exploitation des sables bitumineux, peut répondre à d'autres besoins. La figure 9 montre qu'en faisant plus que doubler l'utilisation de l'électricité pour les activités industrielles, l'intensité carbonique du secteur peut diminuer de près de 85 p. 100 entre 2010 et 2050, tout en tenant la cadence sur le plan de la production matérielle.
La diapositive 10 récapitule les points principaux. Le Canada dispose d'une généreuse réserve d'énergies renouvelables répartie dans les diverses régions du pays. Malgré notre position de chef de file mondial, ces ressources sont largement sous-utilisées. Nous concluons que si le Canada veut faire sa part pour empêcher l'augmentation moyenne des températures à l'échelle mondiale au-dessus de deux degrés Celsius d'ici le milieu du siècle, il doit intensifier ses efforts en vue de réduire le gaspillage d'énergie dans tous les secteurs de l'économie, minimalement doubler ses capacités de production d'électricité renouvelable et accroître le recours à l'électricité, l'énergie propre par excellence, pour alimenter l'activité économique. En privilégiant les énergies propres et renouvelables pour alimenter notre réseau électrique, nous offrons une solution capitale au problème des changements climatiques.
Mais il ne s'agit pas uniquement de rendre notre réseau électrique moins polluant : il faut substituer l'électricité au gaz naturel, à l'essence et au carburant diesel. L'électricité renouvelable devra répondre à une plus grande proportion de nos besoins énergétiques primaires au cours des décennies à venir si nous voulons atteindre nos objectifs climatiques. Plus nous convertirons notre économie à l'électricité, dans les immeubles, l'industrie et les transports, à partir de sources renouvelables, et plus vite nous pourrons diminuer en profondeur la pollution par les gaz à effet de serre et nous assurer que le Canada s'impose comme un leader dans la lutte au changement climatique.
Pour ce faire, nous devrons doubler notre production et notre utilisation d'électricité et peu de pays sont aussi bien placés que le Canada pour utiliser des sources d'énergie propres et renouvelables. Tel est l'avantage canadien en matière d'électricité renouvelable.
Je vous remercie encore d'avoir pris le temps de m'écouter aujourd'hui. Je suis prêt à répondre à vos questions.
Le vice-président : Merci, monsieur Irving. Votre présentation était très convaincante. Nous allons passer aux questions.
Le sénateur Massicotte : Merci d'être venu, monsieur Irving. J'ai lu la documentation et j'ai écouté votre discours, mais il me semble que je ne suis pas assez intelligent pour comprendre. Reprenons le tout de façon plus simple. D'après les informations que j'ai — et que vous connaissez probablement aussi — selon les prévisions actuelles et les mesures prises par tous les gouvernements aujourd'hui, les GES vont augmenter chaque année d'environ 0,71 p. 100, compte tenu des programmes en place et des décisions qui ont déjà été prises. D'ici 15 ans, selon l'engagement que nous avons pris à Paris, nous devrons diminuer les émissions de GES de 60 p. 100 par rapport aux projections actuelles.
Vous affirmez que l'électricité est une solution. Nous reconnaissons tous que nous sommes très chanceux : nous sommes un des rares pays du monde à disposer d'un tel potentiel d'hydroélectricité. Nous avons un bon potentiel d'énergie éolienne et nous avons éventuellement l'énergie nucléaire.
D'après votre plan, nous aurons réduit nos émissions de GES de 60 p. 100 d'ici 15 ans. Si c'est le cas, quels sont les moyens précis que vous prendrez pour y parvenir? Quelle forme d'énergie électrique proposez-vous et à quel prix?
M. Irving : Il est certain que c'est un défi important à relever pour respecter nos engagements et tenter de ne pas dépasser la limite de deux degrés Celsius — voire 1,5 degré Celsius, comme il en a été question à Paris.
Selon les trois piliers, il faut avant tout mettre en place des politiques et des incitatifs plus convaincants pour faire en sorte que nous utilisions l'énergie de manière plus avisée afin de renforcer la conservation et l'efficience.
Le sénateur Massicotte : Dans la pratique, cela revient à augmenter le prix de l'énergie.
M. Irving : Il faut prendre des mesures encourageant l'utilisation des nouvelles ampoules plus efficientes en appliquant de telles mesures et en effectuant ce type de transition pour faire en sorte que nous disposions de plus d'électricité et que nous utilisions ce que nous avons de manière plus judicieuse, sans avoir à construire autant d'installations.
Nous avons beaucoup à gagner par de telles mesures.
Le sénateur Massicotte : Combien? Donnez-nous des chiffres précis. La réduction de 60 p. 100 que nous devons réaliser, que représente-t-elle?
M. Irving : Je ne peux pas vous dire. Les informations que nous vous présentons illustrent les résultats que l'on peut obtenir, mais n'indiquent pas les mesures détaillées.
Le sénateur Massicotte : Mais vous êtes convaincu que si nous allons dans ce sens-là, nous pourrons réaliser une réduction de 60 p. 100?
M. Irving : Oui, en combinaison avec les autres éléments.
Le sénateur Massicotte : Vous proposez essentiellement de rendre le secteur du transport plus vert. Dans quelle proportion? Si nous cessions toute activité — si nous interdisions toutes les voitures, et cetera — je crois que le secteur des transports utilise 18 p. 100 de l'énergie. Évidemment, il est impossible d'interdire aux gens de conduire.
La conversion à l'électricité, de quoi parle-t-on? N'oubliez pas que dans notre pays, une bonne partie de la production d'électricité se fait dans des centrales au charbon ou utilisant d'autres carburants fossiles. Par conséquent, ce ne serait pas une économie totale.
Quel pourcentage pourrait-on atteindre en prenant les mesures que vous proposez? Donnez-nous des détails à ce sujet.
M. Irving : D'après les projections que j'ai pu examiner au sujet des transports, selon l'angle que l'on prend, ce secteur est la plus grande source d'émissions de gaz à effet de serre au pays. C'est la plus grande source, mais il faut ajouter tout le reste. D'ailleurs, la situation au Canada est assez particulière. Dans la plupart des autres pays du monde, la source principale d'émissions de gaz à effet de serre est la production d'électricité.
Le sénateur Massicotte : Exactement, la production d'électricité.
M. Irving : Chez nous, c'est vraiment différent. Par comparaison aux autres pays du monde, le secteur des transports produit plus d'émissions que la production d'électricité.
Le sénateur Massicotte : Si la production des émissions se situe actuellement à 18 p. 100 et que nous prenons des mesures pour que le transport soit plus vert, est-ce que le pourcentage passera à 12 ou 15 p. 100?
M. Irving : Dans cette projection particulière, l'objectif est assez ambitieux, puisqu'il est question de convertir toute la flotte de véhicules légers à l'électricité d'ici 2050.
Le sénateur Massicotte : Oui, mais cette électricité vient bien de quelque part. Il ne sera pas possible de réduire le pourcentage de 18 à 0, mais peut-être plutôt de 18 à 12.
Je pense à une réduction de 60 p. 100. Que proposez-vous? L'hydroélectricité a une capacité limitée, n'est-ce pas? Le Québec a une certaine capacité; la Colombie-Britannique aussi. Nous pourrions probablement utiliser l'énergie éolienne. L'énergie solaire? Que proposez-vous exactement? Envisagez-vous d'augmenter le recours à l'énergie nucléaire?
M. Irving : Il faudrait pouvoir utiliser toutes les énergies renouvelables. Un des scénarios illustrés ici envisage une utilisation radicale de toutes les énergies renouvelables telles que l'hydroélectricité, l'énergie éolienne, l'énergie solaire et l'énergie marine.
Le sénateur Massicotte : Quel que soit le coût?
M. Irving : Le coût dépendra également de l'application des mesures de tarification du carbone. C'est une des conséquences importantes. Il est clair que si l'on n'applique aucune mesure de tarification du carbone à la production d'électricité à partir du charbon ou du gaz naturel, que ces productions ont souvent un avantage concurrentiel à court terme par rapport aux énergies renouvelables. C'est assez clair.
Le sénateur Massicotte : Dans ce cas, ne trouvez-vous pas que c'est un grand problème? Nous n'allons pas du tout dans la bonne direction. Vous nous dites que nous devons appliquer des mesures de tarification du carbone, sinon, ce n'est pas le plein prix? C'est le prix global. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Irving : Oui, la tarification du carbone est très importante, quelle que soit la valeur qui lui est attribuée, au niveau provincial ou au niveau fédéral, par un système de plafonnement et échange ou par l'application d'une taxe sur le carbone.
Le sénateur Massicotte : D'après vous, quel est le prix par tonne qui devrait être fixé?
M. Irving : Nous n'avons pas calculé cela sous la forme d'un coût global.
Par ailleurs, ce coût est actuellement examiné dans le cadre de discussions fédérales-provinciales. C'est un des éléments qui doit être fixé par les dirigeants politiques du pays.
Ce que nous disons, c'est que lorsque cet incitatif sera appliqué, si c'est le cas un jour, nous serons prêts à mettre en place l'électricité renouvelable pour remplir ce créneau.
Le sénateur Massicotte : Votre document se contente de proposer des idées. Il n'indique pas que dans 15 ans, si nous adoptions ces mesures, nous aurons réduit les émissions de 60 p. 100.
M. Irving : Malheureusement, il ne donne pas ce genre de détail.
Le sénateur Massicotte : Vous vous contentez d'espérer que nous atteindrons cet objectif.
M. Irving : Nous montrons ce que nous pouvons faire si nous utilisons ce que nous avons.
En fait, cette étude est assez conceptuelle. Je reconnais qu'elle pourrait fournir plus de détails et préciser plus clairement les pourcentages, comme vous le demandez.
Cette étude vise à démontrer que si nous poursuivons les bons objectifs de politique, le résultat est à portée de la main.
Vous avez mentionné un peu plus tôt les énergies renouvelables. Le Canada dispose d'un potentiel extraordinaire et inexploité dans le domaine des énergies renouvelables. Dans le secteur de l'énergie hydroélectrique à lui seul, nous sommes au troisième rang des grands producteurs du monde. C'est assez important quand on pense que le premier producteur est la Chine, avec 1,3 milliard d'habitants. Le deuxième producteur est le Brésil avec 230 millions d'habitants. Nous sommes le troisième producteur avec 35 millions d'habitants.
Plus extraordinaire encore, alors que nous sommes déjà un grand producteur d'hydroélectricité, le troisième en importance, nous pourrions plus que doubler notre capacité actuelle. Ce potentiel non exploité existe un peu partout au pays. Des provinces comme le Québec ont une capacité encore plus grande, mais chaque province a sa part. Chaque province a la capacité d'exploiter cette énergie si les politiques appropriées sont mises en place.
Le sénateur Massicotte : Sur le plan de l'énergie pure — sans parler de l'électricité, quel est le volume total d'énergie que nous consommons chaque année au pays? Quel est le pourcentage de l'hydroélectricité? Vous dites que vous allez doubler le pourcentage. Donnez-moi une idée de ce que cela signifie pour le secteur énergétique, si vous comptez doubler le pourcentage.
M. Irving : Je ne peux pas vous donner les détails en joules, et cetera, mais la troisième diapositive peut répondre partiellement à votre question. Elle indique l'énergie primaire totale que nous consommons au Canada. Vous pouvez constater que le plus gros pourcentage provient des combustibles fossiles non renouvelables.
Le sénateur Massicotte : Si les énergies renouvelables et la biomasse représentent 21 p. 10, je suppose que l'hydroélectricité représente probablement 15 p. 100. Le pourcentage est assez élevé.
M. Irving : Oui, l'hydroélectricité représente la plus grosse part de ces 21 p. 100.
Le sénateur Massicotte : Par conséquent, on passerait probablement de 15 à 30 p. 100. Vous pourriez augmenter ce chiffre de 15 p. 100 et économiser si vous éliminiez le charbon et un pourcentage des produits pétroliers.
M. Irving : Oui. L'idée est d'éliminer les centrales qui fonctionnent encore au charbon, puis, dans les secteurs qui consomment du gaz naturel et de pétrole, de réduire cette consommation grâce à la conversion à l'électricité. Cela contribuerait à augmenter considérablement cette part de 21 p. 100. Les possibilités sont nombreuses et certaines d'entre elles concernent les immeubles et les véhicules, comme vous l'avez mentionné.
La sénatrice Johnson : Merci. Je viens de la province du Manitoba qui est, comme vous le savez, une grande productrice d'hydroélectricité propre. Nous exportons l'équivalent d'environ 500 millions de dollars d'électricité par année dans diverses régions des États-Unis et du Canada. C'est une importante source d'énergie propre au pays, mais il y a encore des problèmes au niveau de la régulation du niveau de l'eau. Je vis au bord du lac Winnipeg et je connais bien la situation. Les problèmes relatifs à la qualité de l'eau et à l'érosion des rives sont très graves actuellement autour du lac Winnipeg.
À mesure que le Canada continue d'accroître sa capacité de production d'énergie électrique dans des projets comme le barrage du site C au nord-est de la Colombie-Britannique, quelles sont les mesures d'atténuation environnementales que l'industrie adopte pour protéger des écosystèmes fragiles et très sensibles?
M. Irving : Depuis environ 130 ans, l'industrie hydroélectrique se développe en quelque sorte parallèlement à la réglementation provinciale et fédérale qui s'est elle-même adaptée à l'évolution de l'énergie hydroélectrique.
Tous les projets d'hydroélectricité mis en œuvre dans le pays de nos jours visent avant tout à éviter les impacts environnementaux, deuxièmement à les atténuer et troisièmement à offrir des compensations afin de dédommager les victimes des impacts environnementaux. Je pense que les responsables des projets hydroélectriques savent mieux où implanter leurs barrages, mais également comment prendre des mesures d'atténuation. Nos projets privilégient une approche de communication plus détaillée et plus approfondie avec le public. Longtemps avant que les projets soient envisagés, nous consultons les Autochtones et les Premières Nations en particulier, ainsi que toutes les autres personnes concernées.
La conception et la taille des installations peuvent avoir une grande incidence. Il est arrivé que nos promoteurs aient proposé des installations d'une certaine taille et qu'après consultation avec la communauté locale et après les audiences réglementaires, ils aient dû changer la taille des installations pour répondre aux souhaits de la population. Cela fait partie des mesures d'annulation et d'atténuation des impacts. Certains problèmes sont réglés dès le stade de la conception.
En matière d'annulation des impacts, nos membres mettent beaucoup l'accent sur les passes à poissons et les nouvelles approches de cette nature ainsi que sur les mesures de remise en état et de restauration des habitats et des terres humides associés aux projets. Il y a plusieurs choses que nous pouvons faire pour atténuer les divers impacts, en plus d'annuler certains d'entre eux.
La sénatrice Johnson : Êtes-vous satisfait de la conduite de l'industrie hydroélectrique que vous représentez?
M. Irving : Je suis satisfait de l'approche plus consultative que jamais qu'adopte l'industrie hydroélectrique et par son attitude beaucoup plus ouverte en matière de consultation des personnes concernées et des collectivités de tous genres. J'ai constaté que nos membres adoptent une approche d'amélioration constante pour développer leurs projets et on peut observer au fil des années les changements et les améliorations qui ont été apportés. Beaucoup de ces changements ne sont pas dus aux promoteurs eux-mêmes, mais aux modifications apportées aux projets à la suite d'une écoute active et d'une interaction avec les autres collectivités et personnes intéressées.
La sénatrice Johnson : Alors, vous êtes optimiste? Je ne me sens pas optimiste sur les rives du lac Winnipeg. Je ne suis pas très emballée par les modifications du niveau de l'eau du lac et par l'érosion de la rive provoquée par la compagnie hydroélectrique. Cela provoque d'énormes problèmes dans les collectivités installées sur le bord du lac et cela n'a pas l'air d'émouvoir la compagnie. C'est une préoccupation pour tous les riverains.
M. Irving : Dans un tel cas, vous devriez probablement vous adresser aux responsables, à ceux qui exploitent ces installations et règlent les niveaux de l'eau.
Je sais que nos membres consultent régulièrement les organes de réglementation du gouvernement, les collectivités et leurs clients et qu'ils cherchent constamment à s'améliorer et à répondre aux différentes demandes adressées aux entreprises d'aménagement hydroélectrique.
La sénatrice Johnson : C'est énorme, en effet.
M. Irving : Oui. La régulation et le contrôle des niveaux de l'eau sont liés, bien entendu, à la production d'électricité qui est considérée généralement comme une valeur sociale primordiale. Si l'électricité est indispensable pour les consommateurs, sa production doit néanmoins satisfaire à d'autres demandes telles que la gestion de l'eau et le contrôle de l'érosion comme vous l'avez mentionné, mais également la gestion des terres inondables, l'irrigation et beaucoup d'autres aspects que les entreprises hydroélectriques doivent prendre en compte dans leurs activités de production d'électricité.
La sénatrice Johnson : Monsieur Irving, certaines options, comme l'accroissement de l'efficacité énergétique et la réglementation de l'énergie utilisée par les bâtiments peuvent relever des provinces et territoires. Quelles mesures votre organisation prend-elle à l'échelle provinciale et territoriale pour accroître l'utilisation d'électricité renouvelable?
M. Irving : Notre organisation, le Conseil canadien sur l'électricité renouvelable, a essentiellement une mission d'éducation. Nous ne sommes pas un groupe de lobbyisme; nous ne faisons pas de lobbyisme auprès des gouvernements fédéral et provinciaux. Notre rôle consiste essentiellement à faire état des possibilités qui existent et à permettre à d'autres de les exploiter.
Je pense que notre volonté première est de faire savoir qu'il existe différentes façons de procéder, de les comparer aux méthodes anciennes. Nous sommes en mesure d'utiliser de plus en plus l'électricité dans notre réseau énergétique et cette électricité peut être propre et renouvelable parce que cette capacité existe.
La sénatrice Johnson : Étant donné que la demande totale d'énergie augmente, quel est l'état actuel des infrastructures électriques au Canada et quels investissements seront nécessaires pour faciliter la transition vers un avenir à faibles émissions de carbone?
M. Irving : Le réseau électrique canadien dans son ensemble requiert des investissements importants. Nous avons une infrastructure vieillissante et la demande est à la hausse. Je sais que l'Association canadienne de l'électricité, par exemple, connaît bien les besoins en matière d'investissement pour l'agrandissement du réseau : on parle d'investissements de l'ordre de 300 milliards de dollars au cours des 50 prochaines années.
En plus de changer les méthodes de production d'électricité et de privilégier de plus en plus les sources d'énergie renouvelable, à mesure que d'autres sources seront abandonnées ou peut-être même remplacées, nous devrons nous assurer que nos systèmes de transport et de distribution seront prêts à répondre aux besoins toujours changeants.
La sénatrice Johnson : Merci. Je suis heureuse d'avoir eu l'occasion de poser ces questions.
Le sénateur Mockler : Merci. Je vois que vous avez plusieurs partenaires. J'ai plusieurs questions à vous poser, mais je vais commencer par un commentaire.
Le budget fédéral déposé en mars 2016 contient plusieurs mesures visant la réduction des émissions, notamment la création du « Fonds pour une économie à faibles émissions de carbone » et le financement des projets d'investissement, de recherche, de développement et de démonstration dans le domaine des technologies propres. Je vois notamment certains de vos partenaires.
Votre organisation ou vos organisations membres ont-elles participé aux consultations prébudgétaires? Dans l'affirmative, dans quelle région du pays?
M. Irving : Je ne peux parler qu'au nom de l'Association canadienne de l'hydroélectricité : nous n'avons pas participé aux consultations prébudgétaires. Quant à nos autres partenaires, je crois que vous devrez leur poser vous- même la question. Je ne suis pas certain de pouvoir parler en leur nom.
Je crois qu'il est important pour nous tous de nous assurer, par différents canaux et moyens, que le gouvernement fédéral est conscient des possibilités qui s'offrent à lui en matière d'électricité propre et renouvelable. Après avoir examiné le budget, il nous apparaît que le gouvernement a saisi bon nombre de ces possibilités et qu'il progresse dans la bonne direction.
Le sénateur Mockler : Par conséquent, vous n'avez pas été consultés. Savez-vous pourquoi vous n'avez pas été consultés? Est-ce parce que vous avez décidé de ne pas participer?
M. Irving : Oui. Notre association n'a pas cherché activement à participer aux consultations budgétaires. Je dois dire également que l'Association canadienne de l'hydroélectricité n'a pas pour habitude de présenter des propositions en vue du budget. Cela est dû en partie au fait qu'au niveau national, notre industrie, contrairement à d'autres, peut-être, n'a pas demandé de financement au gouvernement fédéral.
Au Canada, l'hydroélectricité relève en grande partie du ressort provincial.
Le sénateur Mockler : Monsieur Irving, j'ai écouté attentivement votre exposé et j'ai regardé les différents graphiques que vous avez présentés. Êtes-vous satisfait du financement offert? Quelles autres mesures, le cas échéant, sont nécessaires pour que le Canada atteigne ses cibles de réduction des émissions, en particulier à la lumière des commentaires que vous avez faits au sénateur Massicotte?
M. Irving : Comme dans le cas de toutes les annonces de financement, il faudra probablement attendre un certain temps et observer les résultats avant de savoir exactement si les montants alloués sont suffisants. Il est important de noter que de nombreux secteurs ont obtenu un financement plus grand qui leur servira à faire la promotion de l'électricité propre et renouvelable.
Je pense que tous les membres du Conseil canadien sur l'électricité renouvelable sont encouragés par les annonces qui ont été faites.
Nous nous réjouissons particulièrement que des fonds soient consacrés à l'étude d'éventuels partenariats plus larges pour l'électricité propre à l'échelle de tout le pays, afin de voir ce qui pourrait être fait pour connecter différentes parties du pays qui ne le sont pas actuellement ou pas suffisamment pour permettre la synergie de leurs énergies renouvelables propres. Cela en soi nous intéresse beaucoup car, grâce à cette information, nous avons une idée de ce que nous pouvons faire de plus au cours des années à venir.
Le sénateur Mockler : À propos, il y a une question que je voulais poser. Quelles sont les régions du Canada, d'est en ouest et du sud au nord, qui sont les plus progressistes selon votre vision, selon la direction que vous souhaitez voir le Canada prendre?
M. Irving : Le réseau électrique est très intéressant au Canada et en Amérique du Nord en particulier. De manière générale, le réseau de distribution est plutôt orienté du nord au sud que d'est en ouest. C'est particulièrement vrai au Canada, mais aussi aux États-Unis. L'orientation est aussi la même entre le Canada et les États-Unis.
Les interconnexions sont extrêmement solides au Manitoba, comme on l'a dit plus tôt, au Québec, en Colombie- Britannique, en Ontario; prochainement entre Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse. Le Canada produit beaucoup d'électricité propre et renouvelable qui prend actuellement la direction des États-Unis.
Le Canada est un exportateur net d'électricité vers les États-Unis et cette électricité est propre et renouvelable de manière générale. L'électricité que nous fournissons aux États-Unis provient pour la plupart du Manitoba, du Québec, de la Colombie-Britannique et même de l'Ontario, et elle est d'origine hydroélectrique à 80 p. 100. Aux États-Unis, pays où la production d'électricité repose encore plus sur les sources fossiles, surtout le charbon et le gaz naturel, chaque térawatt-heure d'hydroélectricité que nous fournissons aux États-Unis a pour effet de déplacer entre un demi- million et un million de tonnes de carbone. Cela peut aussi faciliter la production d'énergie renouvelable aux États- Unis.
Le Manitoba est un excellent exemple. L'énergie hydroélectrique du Manitoba a servi essentiellement à faire naître l'énergie éolienne au Dakota du Nord et à distribuer l'électricité au Wisconsin et au Minnesota.
Voilà, comme je le dis souvent, un exemple assez extraordinaire de deux pays, trois États et deux provinces qui conjuguent leurs efforts pour que leurs énergies propres et renouvelables s'appuient mutuellement. C'est un processus de pointe.
Il existe déjà d'intéressantes connexions nord-sud de ce type et je peux en imaginer d'autres. C'est une réelle opportunité pour le Canada d'exporter de plus grandes quantités d'électricité propre et renouvelable aux États-Unis.
Dans le sens est-ouest, il y a aussi des opportunités. Par exemple, deux provinces qui s'appuient surtout sur les combustibles fossiles pour la production d'électricité — l'Alberta et la Saskatchewan — sont entourées d'autres provinces qui disposent d'importantes ressources d'hydroélectricité : le Manitoba et la Colombie-Britannique. Même au nord, les Territoires du Nord-Ouest disposent d'un grand potentiel inexploité.
Ce qui est intéressant et que beaucoup de gens ignorent, c'est que la Saskatchewan et l'Alberta ont toutes deux un immense potentiel inexploité. L'Alberta dispose d'un potentiel hydroélectrique inexploité qui figure au quatrième rang en importance au Canada. L'Alberta a un plus grand potentiel technique non développé que le Manitoba. Certains potentiels sont passés inaperçus au fil des années, parce qu'on s'est appuyé sur d'autres formes de production d'électricité.
La sénatrice Johnson : Où se situe ce potentiel en Alberta?
M. Irving : Le nord de l'Alberta possède un bon potentiel. Pour produire de l'hydroélectricité, il suffit d'avoir de l'eau et une certaine dénivellation. L'Alberta a les deux.
La province de l'Alberta n'a pas beaucoup développé l'hydroélectricité parce qu'elle s'est appuyée trop longtemps sur d'autres sources d'énergie. Cependant, ce n'est pas parce que le potentiel n'est pas exploité qu'il n'existe pas. Le potentiel est là.
Les provinces environnantes disposent également d'un énorme potentiel inexploité. La Saskatchewan dispose d'un tel potentiel dans le nord également.
Le sénateur Mockler : Certains diront qu'il faudra bien que quelqu'un paye. Si notre président, le sénateur Neufeld était ici, il dirait : « Qui va payer? C'est monsieur et madame Tout-le-Monde. »
Si c'est le cas, pensez-vous que ces mesures visant à atteindre les cibles de réduction des émissions que nous avons fixées, devraient être financées par les fonds publics?
M. Irving : Dans le cas de l'hydroélectricité, nous avons prouvé au fil des années que nous sommes capables de construire des installations qui fonctionnent de manière satisfaisante et qu'elles sont financées par la base tarifaire sur le long terme.
Ce que je veux dire par là, c'est que l'hydroélectricité exige souvent, à court terme, une assez forte intensité de capital. Il faut de 8 à 14 ans pour construire une centrale hydroélectrique. À elle seule, la durée d'un tel projet est tout un investissement. Une fois que la centrale est construite, la rentabilité dépend de tarifs plus ou moins prévisibles.
Le sénateur Massicotte : Est-ce exact que, selon votre scénario, vous ne sollicitez aucune aide gouvernementale?
M. Irving : Pour l'hydroélectricité, non. De manière générale, les projets s'autofinancent et remboursent les frais engagés au fil des années.
Le sénateur Massicotte : Et les autres frais?
M. Irving : Pour beaucoup d'entre eux, c'est une opération à long terme. J'aime souvent prendre l'exemple de la centrale hydroélectrique de la chute des Chaudières, sur la rivière des Outaouais. On peut la voir depuis la Tour de la Paix. De là-haut, on peut voir l'ancien barrage-voûte qui date de 1910. La roue hydraulique qui fonctionne depuis 1891 produit toujours de l'électricité.
Il y a belle lurette que les coûts en capital de cette centrale ont été remboursés, alors qu'elle continue à produire de l'électricité. Voilà l'avantage à long terme de l'hydroélectricité. Si l'on pense à court terme ou en fonction d'un cycle court, le financement peut paraître très difficile, mais dès lors qu'on comprend que l'investissement est à long terme, la production d'hydroélectricité offre les meilleurs avantages sur le plan du cycle de vie et des coûts.
Le sénateur Mockler : Au Canada, les tarifs de l'électricité résidentielle et commerciale sont parmi les moins élevés du monde. Je l'ai constaté au Nouveau-Brunswick et au Canada atlantique. En tant que représentant de l'industrie, croyez-vous que nous devrions, afin d'atteindre nos cibles en matière d'émissions, proposer des programmes visant à aider les familles à faible revenu ou à revenu fixe à faire face à la hausse des prix de l'énergie?
M. Irving : C'est une question intéressante. Selon moi, c'est une décision qui appartient à nos dirigeants politiques.
Ce sont là des aspects qui me touchent et m'intéressent personnellement, mais je dois me rappeler que les opinions personnelles que je peux avoir sur le sujet ne sont pas particulièrement utiles en la matière. Une fois que l'on a réglé les questions sociales comme celles-là et que l'on a réglé les aspects d'ordre environnemental et économique qui découlent de la production d'énergie, notre travail consiste à aller de l'avant et à obtenir des résultats.
Le message essentiel que je cherche à faire passer par cette présentation média, c'est que si nous voulons opter pour une électricité propre et renouvelable et si nous sommes prêts à effectuer les changements nécessaires pour la produire, nous disposons d'une abondante capacité en matière d'énergie hydroélectrique. Pour ce qui est de la façon de procéder, des coûts, des considérations sociales et des compensations éventuelles, les choses se compliquent. Je laisse à des organes comme le Sénat, la Chambre des communes et autres le soin de se pencher sur ces aspects. Tout ce que je veux vous dire, c'est que nous disposons de ce potentiel et qu'à long terme, nous avons intérêt à l'exploiter.
Le sénateur Massicotte : Vous avez répondu partiellement à la question. Vous avez parlé de l'hydroélectricité et vous avez dit que les subventions et les aides gouvernementales ne sont pas nécessaires. Qu'en est-il des autres aspects? Que proposez-vous? Qu'attendez-vous du gouvernement?
M. Irving : À ce sujet, malheureusement, je ne peux pas me prononcer au nom du Conseil canadien sur l'électricité renouvelable. Il faudra poser la question directement à ses représentants. Je sais qu'ils ont des idées très précises à ce sujet.
Le sénateur Massicotte : Mais vous êtes ici pour les représenter. Quelle est la réponse de votre association?
M. Irving : Malheureusement, je ne pense pas pouvoir les représenter sur ce point précis. Ce sont eux les experts et ils peuvent présenter eux-mêmes leur argumentaire.
Le sénateur Massicotte : À votre avis, tous les autres aspects sont d'ordre économique. Est-ce exact de dire que les subventions ou l'aide gouvernementale ne sont pas nécessaires?
M. Irving : Vous pourrez peut-être leur poser la question directement afin de connaître leurs arguments et leurs plans. D'après ce que je crois comprendre, le déploiement de ces ressources peut varier énormément d'une région à l'autre, d'une province à l'autre, en fonction de l'importance de la ressource et de la conception du réseau de distribution. Il y a toutes sortes de facteurs.
Le sénateur Massicotte : Dans votre scénario, quelle est la place du nucléaire?
M. Irving : Ce secteur représente environ 14 p. 100 de la production globale.
Le sénateur Massicotte : Dans la solution que vous proposez, est-ce que vous envisagez plus de nucléaire ou est-ce que vous plafonnez ce secteur à 14 p. 100?
M. Irving : En tant que promoteurs de l'électricité propre et renouvelable, nous considérons que c'est là une force du Canada.
Le sénateur Massicotte : Ce secteur est-il essentiel à notre plan visant à réduire les émissions de GES de 60 p. 100? Est-ce qu'il fait partie de votre solution?
M. Irving : Selon nos estimations, la croissance du secteur nucléaire n'est pas nécessaire. À la page 6, vous pouvez constater que l'on note une croissance importante des énergies renouvelables. Je pense que cela inclut le maintien de la production d'origine nucléaire à son niveau actuel.
Le sénateur Massicotte : J'aimerais avoir votre opinion sur une question technique. Un peu plus tôt, vous avez parlé d'exportation d'énergie et cela m'a fait penser à la façon dont on mesure les GES. Le calcul se fait en fonction du volume de GES que nous produisons en tant que pays. Si j'étais le seul habitant d'un pays qui était suffisamment avisé et bien organisé pour construire de nombreuses centrales hydroélectriques afin d'exporter toute ma production d'électricité, mes besoins personnels étant très minimes, je serais probablement considéré comme un des pays les plus pollueurs du monde, à cause de la façon dont les calculs sont faits, puisque le degré de pollution est calculé en fonction du nombre d'habitants ou du PIB. Et pourtant, toute l'énergie exportée serait de source hydroélectrique propre. Autrement dit, faisons-nous le bon calcul quand on évalue la quantité de GES sans tenir compte du fait que notre production d'énergie est exportée ou distribuée dans d'autres pays?
M. Irving : Je crois comprendre la question. Dans votre scénario, vous produisez beaucoup d'énergie propre et renouvelable destinée uniquement à l'exportation, mais vous utilisez pour vos propres besoins un type différent d'énergie.
Le sénateur Massicotte : Peu importe. Tous les types d'énergie produisent des GES, même l'hydroélectricité, bien que la proportion soit minime.
L'Alberta est un bon exemple. Nous produisons de l'énergie qui émet beaucoup de GES, mais nous exportons près de 4 millions de barils par jour. Il est clair que quelqu'un d'autre utilise ce carburant, mais pourtant, nous sommes accusés de produire des GES sans tenir compte des quantités de pétrole que nous exportons. Est-ce que le calcul est juste ou est-ce qu'il n'est pas assez précis pour évaluer correctement notre responsabilité et notre contribution à l'énergie propre ailleurs?
M. Irving : Je pense que la meilleure façon de procéder consiste à faire une évaluation ou des calculs sur l'ensemble du cycle de vie et je pense que, dans bien des cas, ce type d'évaluation est favorable au Canada et contribue à révéler la véritable nature de notre système énergétique.
Comme nous l'avons dit, nous disposons des réseaux électriques les plus propres et les plus renouvelables du monde, grâce en partie à l'hydroélectricité et aux autres formes d'énergie renouvelable qui se développent de plus en plus. Je sais que dans le secteur de l'énergie éolienne, par exemple, le Canada arrive au septième rang parmi les producteurs de ce type d'énergie dans le monde. C'est impressionnant, compte tenu d'où nous venons.
Notre production d'électricité, en particulier, est propre. Cela nous place déjà dans une position avantageuse. Quand on me dit qu'il est difficile pour nous de respecter nos engagements, je m'empresse toujours de rappeler que la bonne nouvelle est que nous avons une bonne avance dans le domaine.
Le sénateur Massicotte : Je suis d'accord.
M. Irving : Essayons d'imaginer où nous en serions si nous n'avions pas opté par le passé pour l'hydroélectricité et si nous avions plutôt décidé de construire des centrales thermiques et d'importer du charbon de Virginie pour produire notre électricité. Si nous nous étions liés à ce type de production d'électricité, où en serions-nous sur le plan des émissions et quels seraient les efforts que nous devrions déployer pour y remédier?
Le sénateur Massicotte : Le problème, c'est que tout le monde joue avec les chiffres. Les pays qui utilisaient le charbon, comme c'était le cas pour une grande partie des États-Unis, calculent leurs réductions en fonction d'une certaine année et peuvent réduire assez rapidement leurs émissions en éliminant tout simplement le charbon. Nous ne pouvons pas le faire, puisque nous n'utilisions pas beaucoup le charbon. Par conséquent, nos chiffres de réduction paraissent moins spectaculaires. En tout cas, c'est mon explication.
Le vice-président : Tous les foyers du pays utilisent sans doute l'électricité, mais tous ne font pas appel au gaz, au mazout ou au charbon. Pour quelle raison? Est-ce tout simplement à cause du prix — est-on tenté d'utiliser le gaz, le mazout ou le charbon parce que c'est moins cher que l'électricité qui sert à nous éclairer?
M. Irving : Je pense que c'est vrai pour certains foyers. Cela soulève la question de l'offre et de la demande. La situation varie aussi selon les régions qui ont des forces différentes et veulent s'en prévaloir.
Au Québec, par exemple, une grande partie des ménages utilisent le chauffage électrique. Les plinthes électriques sont courantes dans toute la province et assez économiques, en raison du faible coût de l'hydroélectricité. Au Québec, les tarifs de l'électricité sont les plus bas d'Amérique du Nord. Cela est dû au fait que le Québec a opté pour l'hydroélectricité assez tôt dans son histoire et qu'il a maintenu sa décision. Les énormes investissements en capital qui ont été faits au début ont été amortis et permettent d'entreprendre les nouveaux projets qui peuvent avoir ce type de structure de coût. L'électricité ainsi produite est tout à fait abordable et d'un tarif raisonnable. Dans beaucoup de régions, les gens ont le choix d'opter pour le gaz naturel ou l'électricité. Beaucoup d'entre eux choisissent en fonction du prix.
Dans d'autres régions, les tarifs de l'électricité sont plus élevés, alors que ceux du gaz naturel sont comparativement plus faibles.
Le vice-président : Tout d'abord, dans le domaine de la voiture électrique, par exemple, sommes-nous à la veille d'une percée qui donnerait aux véhicules une autonomie de 400 à 600 kilomètres? Pouvez-vous nous éclairer à ce sujet? Deuxièmement, dans combien de temps pourrons-nous disposer de batteries très puissantes que l'on peut recharger rapidement? Pouvez-vous répondre à ces deux questions?
M. Irving : Je ne suis pas un expert des véhicules électriques, mais je sais que les membres de Mobilité électrique Canada connaissent bien la question. Il est très intéressant de leur en parler. Ils suivent de près les changements très rapides dans le secteur de l'innovation et du développement des véhicules électriques. Je crois que la nouvelle Chevrolet Volt qui sortira bientôt aura une plus grande autonomie. Je ne peux pas vous en parler en détail maintenant, mais je pourrais trouver les informations pour vous. La technologie de la batterie a fait énormément de progrès et, à titre d'exemple, on pourrait parler de la batterie Powerwall de Tesla.
J'ai tendance à prendre un peu de recul. Au tournant du siècle dernier, je crois que les voitures sans chevaux, comme on les appelait alors, étaient alimentées aussi bien par l'électricité que par une nouvelle substance que l'on appelait « l'huile de roche » découverte en Pennsylvanie. Pendant un certain temps, les deux types de véhicules se sont côtoyés, mais personne ne savait exactement quelle serait la source d'énergie choisie. Tout le monde aimait l'idée de la voiture sans chevaux, mais on ne savait pas exactement quel était le meilleur moyen de la propulser.
L'histoire a montré que les découvertes de pétrole et de gaz ont augmenté de manière exponentielle. Les possibilités d'entreposage et la puissance qu'offrait l'huile de roche ou pétrole, étaient si exceptionnelles que l'on a opté pour ce type d'énergie pour la propulsion des véhicules sans chevaux. Voilà ce qui s'est passé au cours des 100 dernières années. L'infrastructure et les comportements se sont adaptés à cette réalité.
Aujourd'hui, nous nous tournons vers l'autre type de véhicule qui utilise l'énergie électrique. À mesure que nous lui consacrons plus de temps, de réflexion et d'attention, nous constatons que les possibilités d'innovation et de changement sont énormes. Au cours des 100 dernières années, ces possibilités ont été délaissées parce qu'on s'est intéressé presque uniquement à l'autre type d'énergie. Malheureusement, je n'ai pas de boule de cristal pour révéler quelles seront ces grandes innovations, mais je suis très optimiste à propos des recherches et des diverses possibilités qui s'offrent à nous pour construire ce type de véhicules.
La sénatrice Martin : Merci beaucoup. Je vous prie d'excuser mon retard. J'étais à la Chambre. J'ai parcouru votre documentation.
Je suppose que le CCER réunit toutes ces sociétés et associations parce que le Canada est un pays varié et complexe. Le conseil en vient-il à appliquer une certaine norme commune dans les différentes régions? Quels sont les défis auxquels vous faites face? Ma question est peut-être redondante.
M. Irving : Je vous remercie de votre question. Le conseil existe seulement depuis 2015.
La sénatrice Martin : Il est donc tout à fait nouveau.
M. Irving : Nous sommes en train de nous organiser. Nous réalisons que nous avons des forces énormes dans le domaine de l'électricité renouvelable grâce à l'hydroélectricité, l'énergie éolienne, l'énergie solaire, l'énergie marine et l'énergie marémotrice naissante. Si l'on pouvait les réunir, on créerait une synergie qui serait profitable à l'ensemble des énergies. On parlait un peu plus tôt de l'énergie hydroélectrique qui soutient l'énergie éolienne. Un des plus grands problèmes que rencontrent quelques-unes des nouvelles énergies renouvelables est lié à la nature de leur variabilité. Toutes les énergies renouvelables sont variables, mais la variabilité horaire quotidienne relève de la nature même des énergies éoliennes et solaires. L'électricité doit continuer à circuler même quand le soleil ne brille pas et que le vent arrête de souffler. Par conséquent, il faut disposer d'une source d'alimentation de secours. C'est à ce moment-là que s'impose l'avantage de l'hydroélectricité au Canada.
L'avantage indéniable de l'hydroélectricité est qu'elle est l'énergie la plus facile à « acheminer ». C'est la forme d'énergie la plus rapide à allumer et éteindre. Nous pensons que si nous pouvons nous unir, nous serons en mesure d'offrir une solution plus grande que chacune de nos composantes. Voilà ce que le conseil s'efforce de faire.
La sénatrice Martin : J'aime cette réponse.
Le vice-président : Merci, monsieur Irving. Nous avons beaucoup apprécié votre présentation.
(La séance est levée.)